L'aube d'un autre jour

Arrivées à l'écurie, je m'attèle à attacher le Variquan à la robe aussi noire que celle de Gyllir. Voilà bien la seule raison pour laquelle j'ai pris la peine de le garder, moi qui ai en horreur ces bêtes. Mais alors que je finis presque, Xion me pose une question plutôt surprenante, me stoppant dans mon élan. Mes yeux clignent frénétiquement en tournant pour visage vers elle d'un air déconcerté. Je bégaye et me reprends à plusieurs reprises avant de parvenir à vraiment répondre.


Je cherche finalement à développer, mon regard dérivant vers un point incertain.


Posant un doigt sur mes lèvres, la réflexion prend finalement une tournure presque personnelle puisque, tout compte fait, je ne m'étais absolument jamais posé la question. Puis finalement, reprenant un peu contenance, je pose à nouveau mon regard sur elle, simplement.


Sans trop insister sur le sujet, je vois au loin le reste du clan, alerté par Amalrik, se rapprocher de notre position. J'inspire profondément, comme si je m’apprêtais à m'engouffrer dans un conflit que je savais par avance très mal engagé. Celle qui prend la tête et qui accoure presque vers moi et évidemment Sig. Je grimace un peu, j'ai bien conscience d'avoir agis maladroitement et que les conséquences ne pouvaient être autre que leur inquiétude.

Mais il faut leur faire face alors, je m'avance, lentement, rejoignant Sig qui attrape mes mains, comme elle le fait habituellement quand elle s'inquiète.

❝ Où tu étais passé ? Je me suis fais du soucis... ❞
Elle me questionne encore un peu, sans que je ne parvienne à lui répondre, préférant même éviter son regard. J’aperçois, de ce fait, Amalrik arriver, Galifey miniaturisé sur son épaule. Son regard écarlate, bien que moins impressionnant de cette taille, plonge dans le mien. Pour lui, je ne ressens pas encore la culpabilité de l'avoir peut-être inquiété. Le sentiment est un peu différent, lié davantage à ce que je lui dois du fait de notre pacte. Quelque chose de plus formel en somme. Son regard est insistant, mais je l'affronte, sans pour autant me montrer agressive. J'inspire longuement et expire lentement et longuement, sans décrocher mon regard du sien qui ne me quitte pas non plus.

Et puis à quoi bon, j'ai aussi mal agis le concernant. Finalement, j'accepte de détourner mon regard, le posant finalement sur le Tréant qui arrive un peu plus lentement. J'incline respectueusement ma tête alors qu'il m'accorde un sourire léger. Rien ne le tracasse réellement et j'en avais conscience. J'entends alors Galifey saluer Xion, chaleureusement, bien plus chaleureusement qu'il ne l'a fait avec moi et pour cause.

Mes yeux virent eux aussi vers Xion avant de revenir vers la petite assemblée face à moi. D'un regard, je demande à Sig de me lâcher avant qu'elle ne fasse un pas en arrière. J'inspire à nouveau, comme pour m'alléger de la tension palpable qui pourtant ne me quitte pas si facilement. Je me tourne, suffisamment pour présenter la fille d'Aqua, pour qu'elle puisse faire face à son nouveau clan, sans en être séparé par ma présence.


Sig s'apprête à rétorquer, je le vois, sa bouche s'ouvre comme pour dire « mais pourquoi encore aller risquer ta vie ? ». Je le sais, mais je la coupe dans son élan en reprenant la parole.


J'inspire à nouveau. Ma voix est ferme, sûre. Ils devaient savoir qu'au delà d'un caprice, ça avait été aussi viscéral. Je m'aperçois alors que le Tréant me regarde avec beaucoup de douceur, comme s'il savait lui même les raisons qui m'avaient poussé à entrer, à nouveau, dans le temple de l'Eau. Mais même avec son soutien, il fallait que je leur présente des excuses, ou au moins qu'ils sachent que j'étais désolée. Mais alors que mon regard revient sur Galifey, je n'y parviens pas. Je préfère alors reprendre les présentations. M'adressant à Xion, je lui présente Sig, puis lui désigne le Tréant.


Celui-ci incline sa tête et la salue respectueusement. Je cherche une seconde Hedda du regard, mais ne la trouve pas.


Sig ne fait pas de commentaire à ce sujet, je suppose donc avoir raison et finis les présentations par le Griffon. Le désignant de ma main tendue, je m'arrête une seconde en le regardant avant de revenir sur Xion.


J'aurais pu dire qu'il avait "choisit" de me suivre, mais étrangement, en cet instant, ça sonnait faux dans mon esprit. Pour éluder cette réflexion désagréable, je me tourne vers Xion et lui accorde un regard doux, couplé d'un léger sourire presque imperceptible.

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L'aube d'un autre jour

L'évolution de la situation permets à mes muscles de se détendre quelque peu. Xion semble elle aussi un peu plus détendu, tous autour de moi ont l'air d'être rassuré, même Galifey me permet de me détendre en s'éloignant du groupe pour presque nous tourner le dos. A la vue de son mouvement, d'ailleurs, je laisse s'échapper un soupire de soulagement. Je n'avais d'autres choix que de me rendre à l'évidence, son regard m'oppressait. De quelle manière cependant, ça je n'en étais pas certaine. Je ne saurais dire si son jugement m'oppressait tout bonnement, ou au contraire, m'importait plus que ce que je l'aurais imaginé.

Quoi qu'il en soit, son regard n'est plus sur moi et le poids sur mes épaules s'allège grandement. Je ravale ma salive et baisse les yeux un instant. Je crois que Sig remarque mon malaise et s'approche doucement de moi, m'accordant un regard inquiet. Je vois ses pieds se rapprocher des miens mais avant qu'elle ne prenne la peine de prendre mes mains dans les siennes, j'inspire profondément et me redresse, regardant mon clan et me confrontant à eux. Face aux plus sages et calmes d'entre eux, je mesure la chance que j'ai de me trouver devant ceux-là et non les plus colériques.

J'accorde alors un regard à chacun d'eux et même sur le dos de Galifey sur lequel je me pose quelques secondes avant de regarder Sig, très sérieusement.


Le moment semble se suspendre dans le temps. Tous me regardent surpris et quelques secondes de silence prennent place. Je reprends donc, simplement et peut-être un peu moins formellement. Ma gorge se serre un peu et ma voix si tord légèrement.


Mes yeux glissent une seconde vers Xion, avant qu'ils ne se baissent à nouveau. Oui, mon absence en avait valu la peine, sans ça je n'aurais pas pu rencontrer Xion et encore moins la sortir de sa cellule. J'avais aussi, pourtant, risqué ma vie sans en informer qui que ce soit. Sans en informer Galifey dont la « liberté » dépends de ma survie. Je me sens alors subitement idiote et contrarié. Je soupire alors à nouveau et reprends mon discours.


Leur surprise est palpable, tous me regardent d'un air ahurit. Je comprends, évidemment. Ils ont l'habitude de me voir autrement, fougueuse, impétueuse, irréfléchie. C'est différent aujourd'hui, je suis toujours la même mais je n'ai plus le même rôle auprès d'eux. Je suis leur cheffe et même s'ils ont déjà confiance en moi et je le sais, je leur dois plus que ce que je suis.

Le silence me permets de traverser le groupe pour rejoindre Galifey un peu plus loin. J'hésite, mais il faut que je le fasse. Arrivant alors à son niveau, je le regarde d'abord sérieusement, du haut de la taille que me procure sa petitesse du moment. Mon regard plonge dans le sien et je ne m'en détache pas. J'inspire à nouveau avant de m'agenouiller devant lui. Le moment me paraît long, éternellement long, avant que je me décide à lui présenter mes excuses. Ma gorge tordue par l'appréhension, je suis obligé de la racler avant de parler à nouveau.


J'avale à nouveau ma salive et avant qu'il ne puisse répondre quoi que ce soit, je reprends et finis.


Je baisse alors les yeux, attendant son jugement, qu'il se fasse ou nom. Il pourrait très bien rester complètement muet, ça ne m'étonnerait même pas. Ce qui m'étonnerait en revanche, c'est qu'il me pardonne. J'avais beau avoir quelques ressentiments à son égard, je n'avais pas le droit de l'évincer ainsi. Notre échange terminé, je me relève presque difficilement, dans un râle contraint. La fatigue me gagne un peu trop et je sens le besoin irrépressible de me coucher. Mon visage se décompose quelque peu d'ailleurs avant que Sig ne me rejoigne.


Je lui accorde un regard, un léger sourire et m'adresse ensuite à tout le monde.


Puis je me détourne, m'éloigne du groupe accompagnée par Sig qui me soutient, autant physiquement que moralement.

Amalrik hausse les sourcils et inspire profondément, son regard rivé sur le dos de Lagertha qui ne fait que s'éloigner.

❝ Et bien, je ne sais pas ce que tu lui a fais, Xion, mais ça à le mérite d'avoir de l'effet. ❞

Il se tourne un peu vers elle pour la regarder, un peu hébété par ce qu'il vient de se dérouler. Il sent alors la main du Tréant se poser sur son épaule, doucement, lui accordant un sourire comme pour lui signifier sa satisfaction. Falko demeure silencieux, lui qui ne semble surpris de rien, les bras croisés sur son torse, un peu en retrait.

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