Oblivion avait repris sa vie ordinaire après les événements qui étaient survenus le lendemain du Festival de Terra. Elle était retournée à la garnison dès le surlendemain de la visite du Conte Katar et s’était ensuite occupée d’escorter Mathieux à la Vallée Sereine, comme c’était prévu de longue date. Là voilà à présent de retour à Lüh un jour ou deux à s'entraîner avant qu’elle ne soit de nouveau, de beau matin, convoquée dans le bureau du Major Barkin.

Lissant un rien sa tenue d'entraînement, elle inspira brièvement, toqua, et une fois l’assentiment sec donné, entra. Comme d’habitude, ce qui avait quelque chose de rassurant, le Major ne lui adressa pas un regard avant de lui donner de façon succincte et concise son nouvel ordre de mission.

“El’Galas, vous êtes affectée à l’escorte d’un convoi de marchandise pour Havrejaune. Présentez vous à l’Adjudant Marthel dans la cours d’ici une heure.
- A vos ordres Major.
- De plus… Vos parents ont fait porter ceci pour vous ce matin. Veuillez veillez à ce qu’ils ne prennent pas trop l’habitude de prendre la Garde Dorée pour une société de courrier.
- Bien, Major.
- Disposez."

Oblivion récupéra l’enveloppe que son supérieur lui tendait, salua, puis sortit du bureau. Curieuse de savoir ce qui avait nécessité que ses parents fassent usage de leur influence pour lui faire parvenir un courrier, elle ne perdit pas de temps à découvrir le contenu du message.
La première feuille portait l’écriture de son père. Il l’informait que le Conte Katar avait émit le souhait de la revoir, et qu’il joignait son message original pour qu’elle puisse avoir tous les détails. Elle exhala doucement de gratitude envers son paternel tandis que la lettre concluait sur une mention qui lui signifiait qu’elle était libre de donner suite, ou pas, au Conte. Oblivion apprécia que ses parents lui laissent au moins ce choix, même si elle savait où était son intérêt.
Le second message, écrit d’une main qu’elle ne parvenait à identifier, indiquait que le noble attendrait trois jours durant la demoiselle à Havrejaune. La missive était datée de la veille, la Garde Dorée nota donc rapidement qu’elle disposait encore des trois jours pleins pour se décider.

Enfin, ça c’était dans l’idéal… Dans les faits, elle serait probablement à Havrejaune dans la seconde partie de la journée. Soupirant, elle se résigna à accéder à la requête du Conte, fustigeant en silence les Quatre et leur sens de l’humour particulier qui voulait qu’il lui donne, comme par hasard, rendez-vous sur le lieu de chute de sa prochaine affectation.
Fronçant les sourcils, prise d’un soudain doute quand à l’énormité d’une telle coïncidence, elle examina soigneusement l’enveloppe. Soupirant brusquement, elle grinça des dents. Un reste de cire tachait le devant du message qui lui était destiné. Il y avait donc eu un autre message enveloppant le sien, sans doute à destination de sa hiérarchie, suggérant probablement qu’un ordre soit… Agréablement bien situé et concordant avec le lieu de rencontre.

Fustigeant donc ses parents, sa hiérarchie, l’univers, quoique toujours en silence, Oblivion alla se préparer. Elle se changea, se parant habilement de sa robe bleue et de sa traditionnelle armure dorée, passant ses deux épées à sa ceinture, et attrapant sa besace de soins et de nourriture.
Elle en était là, à se dire qu’elle pouvait toujours ruser pour esquiver le noble, même s’ils se retrouvaient au même endroit, et ce jusqu’à la fin de sa mission, mais elle se pinça le bras en se traitant d’idiote immature.
Redressant fièrement la tête, décidée à garder son honneur en dépit de la situation qui se jouait sans elle, elle se résolut à aller à cette rencontre.

Après tout, elle devait quand même le reconnaître, le sombre noble avait suscité un peu de son intérêt en jouant cartes sur table lors de leur entrevue. Et puis, au pire, qu’avait-elle à perdre ? Une rupture de fiançailles ? Elle retrouvait alors momentanément sa liberté, alors au final, elle n’avait clairement rien à craindre.
Forte de cette constatation, elle s’autorisa un air satisfait et signa le registre de départ, se faisant attribuer un variquan. L’Adjudant Marthel lui donna son ordre de mission et lui donna une tape virile à laquelle elle répondit d’un hochement de tête avant de mettre pied à l'étrier et de se mettre en route.

Quelques heures plus tard, la voilà arrivée à Havrejaune, avec les convoi en un seul morceau. Elle fit tamponner son ordre de mission du sceau de la mission accomplie, et convint d’une heure pour repartir avec ses camarades avant de s’éloigner.
Ses collègues prendraient le temps de manger et de fainéanter un peu, si bien qu’elle devait bien avoir de quoi largement chercher et mettre la main sur le noble qui lui avait donné rendez-vous.

Grignotant une lamelle de viande séchée en guise de repas tardif, Oblivion se mit à déambuler dans le petit village, commençant par la taverne. N’y trouva pas quelqu’un correspondant à la description, elle tenta sa chance sur la place centrale… Jusqu’à entendre deux lavandières parler d’un air excité d’un bel homme mystérieux assis à l’extérieur des remparts, sur une butte qui donnait une vue pleine sur les champs de fleurs jaunes qui donnaient leur nom à l’endroit.
Esquissant un sourire mi-amusé, mi-agacé, roulant des yeux, elle se dirigea donc vers la sortie de la place forte et s’approcha d’un homme habillé sombrement qui correspondait sans aucun doute à la description du Conte.

Terminant sa lamelle de viande séchée, la demoiselle s’avança, fit une révérence au noble, quoique plus légère et moins formelle que l’exigeait l’étiquette de Lüh, et l’avisa un instant, donnant malgré elle raison aux descriptions frénétiques des deux lavandières quand à son physique. Toutefois cet aspect fut assez vite gommé par l’esprit acéré et impitoyable qu’elle avait discerné derrière son beau visage, lors de leur première entrevue.
Sa voix s’éleva après un instant, faisant fi de la bienséance qui voulait que le noble entame la conversation, une fois qu’elle se fut tournée elle-même vers les champs jaunes, profitant du temps clément et de l’ombre de l’arbre sous lequel ils étaient quelques minutes. Son ton était poli, quoique neutre, voir même prudent.

“Conte Katar, vous avez fait part à mes parents de l’espoir grandissant de me revoir, et, par un subterfuge pas si habile, ils se sont arrangés pour que mon ordre d’affectation m’amène à croiser curieusement votre route, conformément à votre souhait.”

Émettre cette constatation à voix haute l’amusa plus qu’elle ne l’agaça en réalité, car après tout, l’endroit était beau et paisible, et elle prenait toujours plaisir à quitter la capitale le temps de quelques heures. Il fallait aussi reconnaître que ses parents redoublaient d’efforts et d’ingéniosité pour l’aider à se faire valoir. Elle ne pouvait pas nier qu’ils se préoccupaient réellement d’elle, même si, à terme, cela servait leurs objectifs.
Apaisée par les lieux, elle enchaîna sur un ton un rien plus doux, bien que sa posture reste martiale et alerte.

“A part la quiétude de l’endroit, aviez vous une raison particulière de me faire venir ? Ou, oserais-je le penser, le simple plaisir de ma compagnie a-t-il suffit à vous inspirer une demande officielle de rencontre ?”

Le ton était un rien taquin, révélant que la demoiselle était dans de meilleures dispositions que la première fois, sans doute plus à l’aise dans son armure et dans son quotidien et donc mieux armée pour deviser avec son noble promis.

Oblivion avait été surprise par le sourire qui s’était peint sur le visage d’ordinaire si sérieux du conte Katar. Il lui avait parut sincère, et, si elle parvint avec brio à dissimuler la déstabilisation que cela avait causé en interne, elle ne put s’empêcher de sourire en retour, bien que cela ne soit que furtif.
Le conte perdit son sourire quand elle l’informa de ce que ses parents avaient fait, et elle s’interrogea soudain du pourquoi. Pourquoi réagissait-il ainsi ? C’était pour le moins étrange et malheureusement, son visage était trop imperméable pour qu’elle puisse tenter d’y lire autre chose. Ca aussi, ça la laissa perplexe, mais pas d’une manière aussi douce que précédemment. Elle fut tout à coup déçue d’avoir effacé son sourire, sans trop savoir pourquoi. Cela la dérangeait.

Si bien que quand il prit la parole, elle l’écouta avec une vive attention, presque soulagée. Elle fut encore un peu plus perdue et décida de s’asseoir, comme lui, pas trop près, ni trop loin, juste ce qu’il fallait pour maintenir les convenances correctes mais en grignotant un peu dessus pour ne pas sembler froide. Elle se découvrait habile à ce petit jeu, et elle ne savait pas trop si elle devait en être fière, ou pas vraiment.
Elle fut un rien chagrinée qu’il pense qu’elle le détestait encore, ou que le voir était une contrainte. Elle l’avait pensé, bien sûr, mais avec le recul elle se disait qu’elle aurait pu encore bien plus mal tomber, et que le marché qu'il lui avait proposé était honnête, sans faux-semblants, et avec des liens minimes, au regard de ce qu'un autre aurait pu exiger. Elle ne le haïssait pas, non, et se sentait bien, à l’instant présent, pas obligée d’être là. Là non plus, elle n’était pas sûre que ce soit une bonne ou une mauvaise chose, mais elle n’avait pas franchement le temps d’y réfléchir.

Quand il laissa sa phrase en suspend, elle tourna son visage vers lui, pour le regarder droit dans les yeux, contrairement à ce que l’étiquette imposait, et attendait patiemment quoiqu’avec une lueur d’intérêt mêlé de curiosité qu’elle ne pouvait dissimuler.
Il exhuma un parchemin de sa manche et lui tendit, elle s’en empara doucement, fixant toujours son visage, analysant déjà les informations dont il lui faisait part. Son faciès était terriblement sérieux et elle resta silencieuse un long, très long moment.
Alors il voulait l’aider ? Pour lui prouver que son marché n’était pas une tractation de dupe ? C’était tout à son honneur et cette fois, elle était sûre d’apprécier qu’il fasse cet effort. Il faudrait qu’elle songe plus tard à lui rendre la pareille, si elle le pouvait. Elle n’avait pas autant d’importance ni de pouvoir que lui, sans nul doute, mais elle pourrait bien se rendre utile, à l’occasion, n’est-ce pas ?

Après ce long moment ou elle le scruta attentivement, elle lui fit un sourire. Pas un vrai sourire, car elle avait perdu le mode d’emploi pour en faire, mais un sourire sincère, une ombre qui illumina brièvement son visage. Se relevant, elle épousseta sa robe là où elle s’était assise et prit, enfin, la parole. Sa voix avait ces accents de sympathie rares qu’elle adoptait quand elle était détendue.

“Le propos sur les manigances de mes parents n’avait pas pour but de vous signifier mon mécontentement d’être ici. Au contraire. Je vous remercie, ainsi qu’eux, de m’avoir fait sortir de la capitale. J’apprécie toujours une mission en extérieur.”

Elle inspira et croisa les mains sur son giron, le regardant de nouveau, elle poursuivit, un chouïa plus sérieusement.

“Concernant vos obligations envers moi… Votre sens du devoir vous honore de vouloir faire les choses comme il se doit, mais je ne suis pas noble, et vous ne me devez donc rien, si ce n’est le respect d’une personne envers une autre, sans prendre en compte les titres et les rangs.”

Elle ne se sentait pas en droit de demander qu’il la traite comme une Lady. Elle n’était ni Duchesse, ni Pupille Princière, à peine une fille de riche famille. S’il y avait des devoirs d’étiquette, c’était elle qui devait les appliquer - et depuis le début de cette conversation, elle n’était pas franchement bonne élève sur ce point -, et non l’inverse. Qu’il la traite comme une égale, et reconnaisse ses compétences serait déjà bien amplement suffisant.

Enfin elle déplia le parchemin, histoire d’en savoir autant que le noble, et nota le nom du marchand. Milher. Et celui du jeune garçon. Garry Hopson. Relevant le nez sur le conte, elle rangea le parchemin dans sa bourse, le pliant soigneusement, et, avec un nouveau sourire taquin, demanda :

“Et si nous allions essayer de parler à ce garçon, ou à ce marchand, histoire de savoir par où commencer ?”

C’était là sa manière d’accepter la proposition. Son visage avait repris un air sérieux et commençait déjà à réfléchir aux différentes options qu’ils avaient. Pour le moment, pas grand chose. Il leur fallait plus d’informations.
Sans se dire que, peut-être, dans ce cas de figure, il aurait fallut laisser le conte diriger l'enquête, elle redescendit de leur perchoir à un bon pas, prenant la droite direction d'Havrejaune, décidée à faire la lumière sur cette histoire qui titillait sa fibre de Garde Dorée.

En arrivant sur la place centrale, la jeune femme accosta la première personne qui lui parut abordable, une femme entre deux âges à l'air avenant, et lui demanda poliment où se trouvait l'échoppe du marchand Milher. Celle-ci leur indiqua une petite boutique d'air modeste à l'ouest de la place, et Oblivion nota avec satisfaction qu'elle ne semblait pas fréquentée outre mesure. Tant mieux, si la discussion débordait, ils ne risquaient pas d'attirer l'attention.
Remerciant la femme avec deux tsuris et un hochement de tête poli, elle s'avança vers l'échoppe sans plus tarder, vérifiant toutefois d'un coup d’œil que le conte suivait bien.

Ils arrivèrent bientôt dans une échoppe qui fleurait bon le bric-à-brac. Si elle n’avait pas été en mission improvisée, Oblivion aurait été charmée. Elle adorait ce genre de boutique où l’on pouvait trouver tout et n’importe quoi. La demoiselle entra dans son rôle de flâneuse et se pencha sur un bac de fruits ronds et verts, des Petits Soleils de toute évidence. Les fruits dorés étaient beaux et semblaient gorgés de jus, lui donnant tout de suite envie d’en acheter.
Elle ne refusa pas cette envie, laissant son visage se parer d’une fièvre commerçante, sans doute pour encore mieux donner le change quand au but réel de leur visite.

Elle se laissa charmer par d’autre produits, notamment quelques pierres d’ambre du Désert du même nom, puis s’approcha à la suite du premier client, avec un sourire poli pour le marchand, flânant ça et là et dressant mentalement une liste d’objets potentiellement acquérables.
Elle avait bien envie de prendre deux Petits Soleils. Elle avait également vu quelques Ravis dans un autre rayon et se demanda s’il serait avisé d’en prendre une demi-douzaine. Il faudrait qu’elle pense à demander au marchand combien de temps les tubercules pouvaient conserver leurs propriétés coagulantes. On en avait jamais assez, de ce produit.

Le premier client parti, elle s’avança au comptoir, se demandant tout à coup où avait bien pu disparaître le noble qui était censé l’accompagner. Elle se tourna un instant, puis, notant qu’elle ne le voyait pas, elle haussa un rien une épaule. Elle n’était pas plus inquiète que ça. Pourquoi donc ? Elle aurait bien été en peine de dire pourquoi. Peut-être le pressentiment qu’Akelar Katar n’était pas de ces nobles qui restaient à festoyer mais qu’il était plutôt un homme d’action, en témoignait son allure sportive et tonique.

Elle reporta alors son attention sur le marchand, qui n’avait rien de spécial, et lui adressa un sourire poli. Elle se complaisait dans son rôle de Garde en permission qui profitait de sa pause pour faire des achats. Il ne fallait surtout pas que l’homme se doute de quoi que ce soit… Pour le moment. Il serait bien temps dans quelques minutes de l’attraper fermement par-dessus le comptoir pour le faire avouer. Mais pour l’heure… Elle entama donc la discussion.

“Bien le bonjour monsieur ! Je profite de ma pause avant le retour à la capitale pour me faire plaisir. J’ai vu que vous aviez de magnifiques Petits Soleils mûrs. Je vous en prendrais bien deux. Et concernant les Ravis, combien de temps pensez-vous que les tubercules conservent leur propriétés coagulantes ? Parce que je n’en ai pas forcément besoin dans l’immédiat mais je me dis que, dans mon métier, c’est toujours utile vous comprenez ? Donc si ça se conserve disons… Un mois par là, ce serait vraiment idéal.”

Elle parlait à voix normale, assez fort pour que, si le noble était toujours dans l’échoppe, il l’entende et sache qu’elle avait l’attention du marchand. S’il lui prenait l’envie de fureter, ce qui semblait être le cas au vu de sa disparition momentanée, alors elle tentait sans aucun doute de lui faire gagner du temps en s’improvisant bavarde.

Curieusement, le ton était assuré et ne trahissait pas d’une quelconque difficulté à parler. Oblivion avait été bien éduquée. Elle savait badiner comme presque toutes les demoiselles de bonne famille. Ce n’était simplement pas dans sa nature.
Pour l’heure, elle avait typiquement le profil d’une demoiselle correcte et curieuse qui souhaitait de plus amples renseignements sur des produits tout à fait légaux.

Elle espérait juste qu’Akelar ne l’avait pas abandonnée là. Sinon tant pis, elle saurait bien se débrouiller seule. Quoi qu’il arrive, à présent qu’elle avait été mise sur cette mission, elle irait jusqu’au bout.

Oblivion était bien dans son rôle dimensionné presqu’à la perfection pour elle. Elle écouta attentivement les explications du marchand, opinant du chef avec un intérêt non feint, elle fut presque agacée quand celui-ci s’interrompit, à deux doigts de lui révéler le secret ultime de conservation des Ravis et de leur propriétés.
Pourtant, elle se reprit bien vite et fit un sourire poli au marchand quand celui-ci s’excusa. Un client normal n’aurait pas pu faire autrement, de toute façon.

Mais ce bruit dans l’arrière-boutique n’augurait rien de bon. Il y avait deux hypothèses. Soit le Conte Akelar était à l’origine de ce boucan alors qu’il avait farfouillé et dans ce cas, il ne fallait en aucun cas que le marchand lui mette la main dessus sinon tous les efforts de la Garde tomberaient à l’eau, soit il y avait un truc pas net derrière qui avait bougé et qui n’était pas censé le faire. Comme un couple de siamois par exemple. Dans ce cas, il fallait que le marchand s’approche et qu’elle lui mette la main dessus fermement, pour être sûr qu’il ne file pas sans avoir dit tout ce qu’il savait.
Et, bien entendu, ces deux options et leur potentielle résolution donnèrent à Oblivion une idée qu’elle s’empressa de mettre en oeuvre.

Un grand fracas de caisses brisées accompagné de ceux relatifs à des chutes nombreuses et à un cri de panique féminine parfaitement imité résonnèrent dans la boutique. Puis des gémissements de douleur et de désolation s’élevèrent ensuite avec pour point final à son stratagème des excuses horrifiées.

“Oh par les Quatre quelle maladroite ! Je suis navrée monsieur, je n’ai pas fait attention et mon fourreau à malencontreusement renversé une caisse… Ensuite j’ai glissé sur un… Une de ces choses et en voulant me rattraper… Oh miséricorde. Je suis terriblement désolée ! Je vais ramasser tout ça ! Je vous dédomagerais pour la marchandise gâchée… Ohlàlà…!”

La détresse d’Oblivion était à la limite de la sincérité. Elle était réellement honteuse d’avoir volontairement renversé autant de caisses - il y en avait au moins quatre par terre, le contenu vidé et tout mélangé au sol - pour le bien d’une mission. Sans attendre, elle s’était penchée pour commencer à ramasser les fruits renversés, les remettant fébrilement dans une des caisses qu’elle avait soigneusement reposé par terre. Son visage et son chignon défaits ajoutaient encore à la crédibilité de l’ensemble.

Dans tous les cas, le bruit produit avait été si énorme qu’il pouvait bien avoir dissimulé d’autres sons, ou le choc de la scène permis à un potentiel intrus, quel qu’il soit, d’avoir eu le temps de se cacher. Oblivion se mit à prier pour qu’elle n’ai pas fait tout ça en vain et se promis de houspiller le Conte si d’aventure il était responsable du bruit qui avait éveillé les soupçons du marchand.

C’est alors qu’elle remarqua que non contente d’avoir taché sa robe avec de belles taches de jus noirâtre, elle s’était écorchés la paume des mains en faisant trop bien la comédie. Décidément, si là elle n’arrivait pas à être crédible...

Oblivion était désormais concentrée sur le rangement de la boutique qu’elle avait dérangé. Le marchand s’était excusé un instant avant de partir dans son arrière-boutique, la laissant seule… Mais pas pour longtemps. Aussitôt arrivait Akelar Katar par la porte d’entrée, comme s’il n’avait jamais disparu, et il n’eut qu’à peine le temps de lui murmurer de feindre le fait qu’elle ne le connaissait pas, sans lui laisser le temps de répondre, qu’il faisait volte-face pour s’éloigner, la laissant perplexe.
Avait-il trouvé quelque chose ? Son attitude semblait le montrer, puisqu’il interpela le marchand, aussitôt celui-ci revenu dans la salle.

Bien la voilà qui se retrouvait simple spectatrice, l’espérait-elle, temporairement. Peut-être qu’après il lui ferait part de ce qu’il avait vu dans l’arrière-boutique mais l’attitude honnête du marchand suscitait de plus en plus de doute chez la jeune femme. Il n’avait vraiment pas l’air d’être un truand qui faisait de la contrebande… Et sa boutique, bien que modeste, était bien tenue et accueillante. Elle ne savait pas trop ce qu’elle imaginait d’une échoppe ayant une part d’ombre, mais l’arrière-boutique ne semblait pas bien grande, vu le temps que le marchand avait mis pour l’inspecter… Difficile de se dire qu’il s’y déroulait parfois des transactions suspectes.
Mais elle restait quand même dans le doute. Il pouvait aussi très bien jouer la comédie et apparaître aimable et sans reproches devant une Garde Dorée justement pour faire taire les éventuels soupçons… Pour le moment, les éléments étaient trop partiels pour qu’elle se soit forgé un avis.

Elle continua à ranger soigneusement ce qu’elle avait renversé, même quand le marchand s’y attela également, refusant de le laisser faire seul.
Elle lui tendait les fruits, lui laissant le soin de les redistribuer dans les caisses comme il le souhaitait, puis se redressa de concert avec lui, baissant les yeux sur ses mains. Elle s’apprêtait à protester pour lui dire qu’il n’était pas nécessaire qu’il s’en préoccupe, mais l’homme était déjà parti chercher de quoi et lui tendit avec un sourire qu’elle ne put s’empêcher de lui rendre, reconnaissante.
Alors qu’il s’éloignait vers le Comte, elle se débarbouilla les mains avec un tissu propre imbibé d’eau et se les sécha soigneusement avant d’ouvrir la boîte et d’en extraire un baume qui sentait plutôt bon les fleurs. Elle s’en appliqua en couche fine avant d’utiliser les bandages de son paquetage pour se couvrir les mains.

Une fois cela fait, elle reposa le coffret sur le comptoir avec soin, ainsi que les tsuris dûs suite à ses achats, ceux qu’elle avait annoncé vouloir faire et qu’elle comptait bien réaliser pour de bon. Elle ne savait pas le prix exact mais pour deux Petits Soleils et une demi-douzaine de Ravis, elle déposa vingt pièces.
Elle parcouru ensuite les allées de la boutique, sans prêter une seule fois attention à l’échange qui se déroulait plus loin entre les deux hommes, comme suggéré par le noble un peu plus tôt.

Elle finit par ressortir sur le seuil de la boutique et par s’asseoir dehors, sur un banc qui lui permettait de voir l’entrée mais aussi la ruelle qui bordait l’échoppe, et donc la porte de l’arrière boutique, et resta là, patientant le temps que le Comte finisse et qu’ils puissent mettre en commun ce qu’ils avaient découvert. Sortant un Petit Soleil de sa besace, elle commença à le manger, l’air de rien, comme une Garde en permission aurait pu le faire.

Oblivion essayait de manger son Petit Soleil avec la dignité d’une dame bien élevée mais le fruit était vraiment parfaitement mûr et dégorgeait à chaque bouchée de jus. Se penchant vivement en avant pour éviter de plus tacher sa robe, elle tâtonna dans sa besace et en sortit un mouchoir blanc pour s’essuyer le menton et les mains en grognant un peu de dépit, bien éloignée à cet instant d’une demoiselle de bonne famille.

Quand le Conte la rejoignit, elle se détourna légèrement, le temps que la roseur de la gêne qui avait fleuri sur ses joues ne disparaisse, non sans toutefois lui donner son accord d’un hochement de tête. Tout à coup, et bien que l’image qu’elle rendait ne l’avait jamais préoccupée outre mesure, sauf quand sa mère était là pour la juger, Oblivion se sentait un rien honteuse d’être là, les mains bandées, la robe tachée et le menton dégoulinant de jus de Petit Soleil.

Toutefois, quand le noble se mit à parler, elle se concentra sur ses propos en louant cette diversion bienvenue qui lui permettait de se recentrer sur ce qui était réellement important : la mission.
Quand il lui annonça que l’homme de la boutique n’était pas Milher, le marchand, elle en fut à la fois heureuse et agacée. Heureuse de ne pas s’être trompée quand à la sincérité de l’homme si gentil qui lui avait donné de quoi soigner ses mains, et agacée de n’avoir pas même une seconde envisagé cette possibilité.
En réaction pas forcément très logique, elle se surprit à en vouloir à Akelar Katar de n’y avoir pas pensé, avant de se morigéner en se rendant compte qu’elle aussi était au moins autant à blâmer sur ce coup-là.

Quand il lui exposa leurs options, elle se mit à réfléchir en finissant son fruit, s’essuyant machinalement les mains et le menton. Il était clair qu’encore une fois ils manquaient d’informations. A priori le remplaçant et les documents de l’arrière-boutique n’avaient rien donnés. Restait donc à interpeller les gens au hasard, ou à chercher Garry Hopson, comme l’avait suggéré le noble.
Le mieux était encore de se séparer un temps pour couvrir plus de terrain et se retrouver ensuite avec les informations récoltées. Idée qu’elle s’empressa d’exprimer :

“Nous devons nous séparer pour tenter ces deux pistes. Je suggère que vous vous occupiez des passants et que j’aille voir Garry. Mon armure dorée ne passe pas inaperçue dans la rue et il serait fâcheux que Milher ne se cache ou ne s’enfuie en apprenant que la Garde Princière le cherche… A moins que vous ne préfériez traiter avec un enfant. Comme vous voulez.”

Elle le regarda, un rien amusée à l’évocation d’un moment en compagnie du garçon, curieuse connaitre le rapport qu’avait le Conte avec les enfants. Bien qu’elle fût très loin d’en désirer un encore, elle avait toujours ouïe-dire que les hommes n’étaient pas à l’aise avec les jeunes, surtout quand ils n’étaient pas eux-mêmes pères. Et curieusement elle voulait vérifier si ce qui se disait était vrai aussi chez lui.

Passant son regard sur la place, elle remarqua que la femme entre deux-âges à qui elle avait demandé sa route précédemment était encore là. S’excusant brièvement auprès d’Akelar, elle se leva et se dirigea vers celle-ci, lui offrant un paisible sourire. Une fois assez proche, elle lui demanda de nouveau, poliment, où habitait un certain Garry Hopson. Devant l’air un rien inquisiteur de la dame, elle sortit de sa besace l’ordre de mission précédemment donné par le Conte et indiqua à l’inconnue qu’elle souhaitait juste le questionner au sujet de ce qu’il avait vu, pour une simple enquête de routine.
Ce faisant, elle avait prit son air le plus avenant et son ton le plus doux, apparaissant presque fragile et digne de son rang de riche bourgeoise. Ce nouveau visage lié à son armure dorée donna suffisamment confiance à l’inconnue pour qu’elle lui indique précisément le chemin jusqu’à la maison du garçon.
Remerciant de nouveau la dame, elle se délesta cette fois de cinq pièces supplémentaires tout en la couvrant de gratitude avant de revenir vers le sombre noble.

“Je sais où trouver le garçon, est-ce que vous vous êtes décidé ? Les passants ou l’enfant ?”

Croisant les mains devant elle, elle patienta en le regardant, léger sourire aux lèvres, quoique son regard reste incisif et sérieux, laissant facilement penser que l'esprit de la demoiselle était majoritairement tourné vers la réussite de sa mission.

Alors que le Conte Katar choisissait les passants, elle opina sans cacher un léger sourire amusé, pas franchement surprise, et se leva de concert avec lui. Sans s’attarder, elle s’engagea dans les rues d’Havrejaune et se retrouva bientôt devant la porte d’une maison modeste mais coquette, et toqua. Après quelques instants, une femme vint ouvrir, s’inclinant légèrement, Oblivion se présenta sur un ton courtoisement professionnel.

“Bonjour madame Hopson je suppose ? Garde Dorée El’Galas. Je suis ici pour parler à votre fils, Garry.
- Qu’à-t-il fait encore ce chenapan ?
- Rien, je vous rassure. Je suis ici à propose de ce qu’il pense avoir vu dans le chariot du marchand Milher. Je voudrais juste savoir s’il peut me donner plus de détails, ce ne sera pas long.
- Mais enfin m’dame, cet enfant s’imagine des choses, il voit des complots partout. La Garde Dorée à sans doute autre chose à faire que de s’inquiétant des histoires d’un enfant…
- Je vous en prie madame Hopson, nous voudrions juste nous assurer qu’effectivement tout est en règle. Nous prenons par ailleurs toutes les inquiétudes de la population à coeur.
- Hmpf. Bon. Entrez je vous prie, je l’appelle. GARRY ! GARRY VIENS ICI ! Ah te voilà. La dame voudrait t’parler. Alors tiens toi bien et ne mens pas d’accord ?
- Oui m’man.”

Oblivion s’accroupit alors devant le jeune garçon qui venait d'apparaître et s’efforça d’avoir un air un peu plus avenant que d’ordinaire, quoique sa rigueur martiale reste prégnante. Elle lui offrit toutefois un joli sourire un peu timide, n’ayant pas spécialement l’habitudes des enfants et n’étant pas sûre d’elle dans son interrogatoire. Elle avait d’ordinaire plus l’habitude des adultes et des interrogatoires… Musclés.
Faisant preuve de toute la diplomatie possible, elle lui demanda donc doucement :

“Garry, je prends très au sérieux ton histoire d’accord ? Donc tout ce que tu pourras me dire m’aidera énormément. Bien. J’aimerais que tu essaie de me décrire le marchand Milher et son chariot. Et aussi que tu essaie de te rappeler à quel endroit de la route tu l’as vu à peu près.
- J’lai pas vraiment vu en fait, que de dos. Un peu plus grand que vous et il avait une sorte de long manteau rouge et jaune. Pour le chariot... comme tous les autres chariots. Y avait un de ces gros monstres qui le tirait. On allait a Lüh, il était là un bonne partie du trajet. Je crois qu’il a changé de route pour aller vers Trare. Ou vers la Forêt de Jade je sais plus bien, j’osais plus regarder.
- Merci Garry, c’est déjà beaucoup.”

Pendant que le garçon donnait ses informations, elle sortit son calepin et nota tout scrupuleusement avec un air sérieux, en opinant, attentive. Une fois cela fait, elle se releva et s’inclina brièvement.

“Madame Hopson, jeune homme, je vous remercie pour votre temps et vos renseignements. Tiens Garry, pour ta peine. Sur ce, je vous souhaite une bonne journée.”

Elle glissa deux tsuris dans la main du garçon puis sortit, reprenant la route du banc sur lequel ils s’étaient assis un peu plus tôt avec le Conte, comme convenu. Les informations étaient maigres mais elle avait au moins une description du marchand relativement utile et une indication sur deux potentielles destinations.
Se frappant le front, elle grogna. Mince. Elle n’avait pas pensé à demander s’il avait des gardes ou une Invocation. Ce genre d’information aussi aurait pu être utile. Bon tant pis, plus de temps à perdre. Ils seraient bien capables de faire face le moment venu.

Elle rejoignit Akelar mais ne prit pas le temps de s’asseoir. Encore une fois elle ne respecta pas les usages et n’attendit pas que le noble parle en premier, délivrant ses informations avec assurance tout en se dirigeant d’office vers les écuries.
Elle ignorait ce que le Conte avait découvert, mais sans nul doute commencer à chercher le marchand là ou Garry lui avait indiqué semblait le plus avisé à faire. Et le temps jouait contre eux. Il faudrait sans doute le prendre la main dans le sac avec sa marchandise illégale pour boucler l’affaire, alors autant arriver à lui mettre la main dessus avant qu’il ne finisse ses transactions.

“Milher est un homme de votre stature à peu près, avec potentiellement un manteau rouge et jaune, s’il est habillé pareil que la dernière fois. Garry l’a repéré sur la route de Lüh mais il a bifurqué avant soit vers Trare, soit la Forêt de Jade..”

Récupérant son variquan d’emprunt scellé, elle l’enfourcha et attendit que le noble fut en selle pour s’engager sur la route de Lüh, en sens inverse de son sens d’arrivée. Regardant finalement le sombre Conte, elle lui demanda sur un ton sérieux :

“Et vous ? Qu’avez-vous appris ?”

Derrière son masque professionnel, l’observateur aguerri pouvait aisément deviner sa curiosité et d’arriver peut-être enfin au moment où il y a de l’action.

Oblivion laissait son variquan d'emprunt suivre la route sagement au pas, le chemin passablement encombré de tout un tas de gens, de marchands, de chariots, bref, impossible d’aller plus vite et finalement, si au début elle s’agaça de cette situation, le cours de ses pensées se mit rapidement à dériver sur des sujets aussi bien en rapport avec la mission que pas du tout.

Ce fut la question finalement posée par le conte qui la ramena à la réalité. Cette question, tout le monde lui posait. Ses supérieurs, les amis de ses parents, les jeunes filles qu’on lui imposait pendant les après-midi thé et biscuits. Elle sourit un peu, s’en amusant. Visiblement, le choix d’aller risquer sa vie alors qu’elle aurait pu rester sagement en sécurité à Lüh n’était pas compréhensible pour grand monde.
Après un moment de réflexion elle finit par répondre sur un ton sérieux quoique la rigueur martiale en avait disparu, trahissant un soupçon de détente chez la demoiselle.

“C’est mon propre choix. En tant qu’unique héritière El’Galas, vous imaginerez sans peine que mes parents n’étaient pas… Enthousiastes à l’idée de me voir courir partout dans l’île d’Arcane en risquant ma vie tous les jours ou presque pour une solde dont je n’ai pas besoin.”

Elle s’autorisa un regard vers le sombre noble, se demandant soudainement pourquoi il lui posait une telle question. Etait-ce pour apprendre à la connaître comme il l’avait affirmé au début de cette rencontre ? C’était un peu en contradiction avec le marché qu’ils avaient passé de n’avoir que des rapports strictement essentiels et presque professionnels… Mais elle devait reconnaître que les efforts qu’il fournissait pour l’aider dans cette mission, pour lui prouver qu’il ne se payait pas sa tête étaient réellement appréciés et même, agréables.
Soufflant discrètement, sentant sa rigueur et ses résolutions de rester seule et loin de toute tentation sentimentale fléchir, elle mit une nouvelle fois de côté ses interrogations sans réponse possible et reprit posément.

“Je ne voulais pas suivre la vie toute tracée que ma naissance m’avait octroyé. Bien sûr, j’ai conscience que seuls les riches ont le loisir de se rebeller contre ce genre de concepts, comme je vous l’ai déjà dit et comme vous semblez le penser. Mais je voulais simplement être autre chose qu’un investissement financier, ou une riche héritière. Prouver que je pouvais être utile ailleurs, autre part, et faire des choses à la seule force de mes bras, ça j’y tiens vraiment.”

Elle haussa une épaule pour dissimuler son malaise. Elle en avait trop dit. Il y avait une chance sur deux pour que le conte se moque d’elle, et l’autre chance résidait dans le fait qu’il trouve cette décision stupide et incompréhensible, comme tous les autres.
Elle se prit pourtant à espérer qu’il ne réagisse pas comme la première fois, et qu’il comprenne que réellement, elle avait choisi sa voie pour vivre sa vie. Même si son choix n’était pas le meilleur, et qu’elle aurait pu aller plus loin dans sa décision, en coupant réellement les ponts avec ses parents par exemple.

Fébrilement, déstabilisée par le cours fluctuant de ses pensées, et dans le silence qui s’étirait, elle chercha elle aussi une question à poser au sombre noble. Mais elle ne pouvait pas poser n’importe quoi comme question. Il ne fallait pas qu’elle perde de vue qu’elle devait rester intéressante. Un minimum attrayante. Sinon, Akelar Katar était toujours libre de rompre ses engagements si elle ne faisait pas l’affaire. Ses parents seraient tellement déçus. Elle pouvait au moins essayer de faire cet effort, puisque de toute façon, elle avait compris qu’elle arrivait à un âge limite pour un mariage et qu’elle finirait pas y passer.
Au final, elle se rendit compte qu’elle était soudain celle à qui profitait sans doute le plus cet arrangement que le conte lui avait proposé. Comme il le lui avait dit la première fois, il était fort probable qu’aucun autre noble ne soit si arrangeant. Elle avait donc tout intérêt à faire son maximum.

Finalement, elle se lança, avec la désagréable impression d’avoir la bouche pâteuse et la grâce d’une fillette, mais aussi une épée de Damoclès sur le crâne.

“J’aurais pensé que vous auriez compris cet intérêt pour la liberté, même illusoire. Après tout vous avez été vous même des années hors de la capitale, jusqu’à ce que vos obligations vous obligent à revenir, si je ne m’abuse ?”

Son ton n’était pas accusateur, tout au plus, prudent. Elle n’était pas sûre de bien réagir s’il prenait encore en ridicule ses aspirations. Elle n’avait toujours pas d’objectif grandiose comme Lagertha ou Simon, mais elle faisait de son mieux, et à ses yeux, cela méritait un peu de respect.

“Je n’ai pas encore eu l’occasion de visiter tout Arcane. Y a-t-il des endroits qui vous ont marqué plus que d’autres ?”

La question était sortie toute seule, une pointe de curiosité non dissimulée dans sa voix et tout à coup, Oblivion se rendit compte qu’elle voulait vraiment connaître la réponse. Qu’elle voulait en apprendre plus sur cet homme qui semblait si préoccupé par le bas peuple.
Le goût amer de la défait envahit sa bouche : elle n’avait plus vraiment envie que ses fiançailles tombe à l’eau désormais.