D'encre et de sang

C'était donc comme ça que les alliances se faisaient dans les terres « civilisées » ? Avec de l'encre sur du papier et... une signature ? Voilà donc ce qu'il me demandait pour officialiser notre accord ? Une signature sur son parchemin. Soit. Il m'avait visiblement appelé juste pour ça d'ailleurs, au lendemain de notre retour. J'avais été convié à nouveau dans son bureau, je commençais à en avoir l'habitude décidément. Ça avait été rapide, après m'avoir fait relire le parchemin avec les modifications demandées, il me tendit une plume et de l'encre. Ce qui, je dois bien le dire, me mit dans une position un peu inconfortable. Voilà très longtemps que je n'avais pas écris quoi que ce soit et voilà que je devais ratifier quelque chose de très important, aux yeux des autres en tout cas.

Je me contentais donc de signer de mon initiale, pour ne pas en faire trop ni trop peu. Après quoi, je sortis tout aussi rapidement de son bureau. L'heure n'était pas à la conversation aujourd'hui, ce qui n'était pas pour me déplaire. Il avait aussi certainement mieux à faire après tout, nous avions déjà suffisamment discuter hier. Cependant, quelque chose me manquait, à moi, quelque chose d'important. Sans ça, notre accord à mes yeux valait trop peu. Un bout de papier, ça se brûle. J'avais besoin de faire les choses à ma manière.

J'attends donc le soir pour manœuvrer. Parce que ce que je souhaitais nécessitait de l'obscurité et du calme. C'est donc à la nuit tombée que je me présente aux devants de sa demeure. Là, évidemment, on me demande ce qui m'amène. Je me contente d'un « on m'a demandé, je dois voir le Comte ». Après m'avoir vu tant de fois passer les portes, les Gardes auraient pu me laisser entrer sans broncher mais visiblement, ils n'étaient pas si enclin à le faire. Je leur rappelais que plus tôt dans la journée, j'avais signé une alliance avec Lui et que de ce fait, si quiconque m'empêchait de le voir alors qu'il m'avait demandé, ça chaufferait certainement pour lui. Ils consentent donc finalement à me laisser passer. Il y a des avantages à avoir un souverain sans pitié, ça faisaient marcher ses hommes facilement.

Je passe alors le pont et entre dans la demeure, ouverte par l'un de ses serviteurs à qui je demandais de me dire où Il se trouvait. Il est visiblement un peu surpris de part le fait qu'Il soit en train de prendre un bain et qu'il n'aurait pas dû attendre de visite. Je laisse à ses doutes et à ses craintes avant de me lancer vers l'escalier qui me dirige vers le premier, puis le second étage indiqué juste avant. Arrivée aux quelques dernières marches, mes pas se font plus lents, plus légers, plus discrets. Il ne m'attendait pas non et j'avais bien pour intention de le surprendre. Mes pas me guident alors vers la porte de la salle de bain, derrière laquelle j'entends quelques bruissements d'eau. Un instant, je me demande si tout ça est une bonne idée. Le connaissant, je risquais gros à me présenter sans y être invitée, mais il y avait des choses avec lesquelles je ne voulaient pas négocier. Mes lois, mes traditions, mon clan et mes terres.

J'inspire alors, profondément avant d'attraper la poignet et de pousser la porte, sans frapper. De l'autre côté, une humidité qui vient réchauffer mes joues. Discrètement bien que pas silencieusement, je referme la porte derrière moi, me tenant devant elle avant d'observer la pièce dans son ensemble. Une vaste pièce dans la pénombre, à la lueur de plusieurs bougies. En son centre, un bain grand et long, plein d'eau dont jaillissait un peu de vapeur. Mes yeux bruns en parcourent la surface, je sens déjà ma blouse commencer à se coller à ma peau. Je plisse un peu les paupières et Le trouve, assis dans la chaleur de l'eau alors que son regard s'est déjà tourné vers moi. Qu'allait-il bien pouvoir dire ? Tout en écoutant, je cherche du regard ses affaires qu'il avait bien dû déposer quelque part avant de s'immerger. Sirk était régie par certaine lois, mais je doutais que pour l'une d'entre elle, en particulier, Il s'y pliait sans broncher. Quand on sait que sa Demi-Déesse à les droit de déambuler sous sa former originelle, contrairement à ce qu'interdis ces fameuses lois, j'avais tout pour penser que ce n'était pas un homme à rester sans arme à disposition.

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Lentement, ma tête se penche sur le côté, mon regard carnassier se posant sur cette main qui vint à l'encontre de ce qui semblait, à l'évidence, être une arme. Sur quoi aurait-elle pu se jeter d'autre qu'une lame en entendant quelqu'un entrer dans la pièce sans y être invité ? Je n'aurais donc pas à m'aventurer dans les cuisines pour trouver un couteau à viande. Mon sourcil se lève à sa question. Allons bon, me croyait-il vraiment capable de vouloir attenter à sa vie ? Maintenant ? Après tout ça ? Un léger rire narquois, discret, s'évince de mes lèvres.


Mon regard trouve le sien, malgré la pénombre, il se laisse aller à le fixer quelques instants. J'entame alors mon approche, juste après avoir retiré mes bottes que je laisse tomber sur le sol. Deux pas de plus pendant lesquels je soulève ma blouse avant qu'elle ne tombe, elle aussi, sur les carreaux quelques peu réchauffés par la température. Silencieuse, je continu, défaisant mon pantalon qui glisse, avec mon sous vêtement, sur mes cuisses et tombe à mes chevilles. D'un pas, je le surmonte alors que mes mains trouve ma poitrine bandé que je libère, le bandage trouvant le sol à son tour.

Mon regard n'avait pas quitté le sien jusqu'à ce que je me trouve au bord du bain. Sans attendre plus longtemps, j'amorce la descente des escaliers, immergeant mes chevilles, mes mollets, mes genoux puis mes cuisses. Dans la pénombre il pourrait peut-être voir les bougies se refléter sur le relief de mes cicatrices, parcourant tout mon corps.  L'eau arrive à mon bassin.


J'inspire lentement et expire de la même façon, ma marche ne s'étant nullement arrêté. Je m'approche de lui, le regard vissé dans le sien. La surface de l'eau glisse alors sur ma poitrine et la recouvre rapidement. Quelques pas de plus et je me trouve suffisamment près de lui, près du bord où il se trouve. Les pointes de mes cheveux relevés lévitent sur la surface de l'eau dont la chaleur commence à faire rosir ma peau et mes joues. Mon regard trouve ensuite ses affaires vers lesquelles j'amène ma main avant d'en déloger la fameuse dague qui aurait pu me tuer, si il n'avait pas fait le choix de m'épargner.


Le pommeau de la dague en main, je retrouve son regard qui était peut-être moins confiant, peut-être pas. Je m'étais après tout avancé jusqu'à lui et maintenant je tenais dans ma paume une lame qui pourrait très bien transpercer son cœur si je le voulais. Mais je ne le voulais pas et mon regard quelque peu défiant pourrait lui certifier qu'il n'était là que pour le défier de me faire confiance, juste à cette instant. J'en profitais, dans le même temps, pour l'observer de bas en haut, malgré le trouble de son corps que m'imposait l'eau. Du frisson dans mon dos, je savais qu'un jour j'aurais à assouvir les pulsions qu'ils m'évoquait. Mais pas tout de suite, j'avais plus important à faire. Sortant la dague de son fourreau, lentement, je me déplace jusqu'à me mettre face à lui.


J'inspire et ma poitrine se soulève, mon regard brun planté dans le sien, plus clair malgré la pénombre. Mes yeux traduisait quelque chose de particulier, mêlé entre une certaine excitation d'être là, une défiance espérant qu'il allait répondre à ma demande, un plaisir de ressentir cette chaleur sur ma peau, autant que la douceur de l'eau. Attendant sa réponse, je laisse l'eau me porter légèrement jusqu'à lui, un peu plus proche, pas suffisamment pour appeler ça autrement qu'un face à face. Il ne tenait qu'à lui d'accepter de donner une dimension plus grande à tout ça.

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Qu'il consente à me laisser faire aurait pu me réchauffer le cœur, si celui-ci n'était pas complètement glacé face à ce genre de ressentis. Néanmoins, la chaleur était bien là, car si l'eau réchauffait ma peau et troublait la silhouette de ma poitrine, elle dévoilait aisément son corps à lui, qui s'était élevé pour me faire face. A nouveau, alors, mes yeux bruns le parcourait, ses épaules, son buste, avec une avidité bien peu dissimulée. Le moment était mal choisit pour de tel pensées, mais il fallait que je l'admette, ces frissons d'excitation qui m'avaient foudroyé à sa rencontre étaient revenus sans crier gare. Ma mâchoire se décroche et mes babines dévoilent alors quelques crocs, comme une bête affamée face à une proie pleine de chair et de sang.


La dague en main, maintenue hors de l'eau, je pose un instant mon regard dans le sien, quelques secondes seulement, pour marquer le début des hostilités. Prenant la lame dans ma main droite, mon regard suivant mes gestes, j'ouvre la paume de l'autre au creux de laquelle se trouvait déjà une cicatrice. La lame s'en approchant, d'une geste vif, je viens trancher ma chair d'un sillon légèrement décalé du précédent, un léger rictus crispant mes babines. Du silence environnant ressortai le cri de la peau, du sang qui s'échappe rapidement, épais et chaud, dont le petit lac au creux de ma paume ouverte vers le ciel commence déjà à s'échapper et à glisser sur mon poignet, sur mon avant bras avant de rejoindre la surface de l'eau pour l'en teinter de rouge.

De cette même main, je l'invitais d'un regard à y déposer la sienne, la droite, ouverte elle aussi vers le ciel. Quand cela est fait, je soulève à nouveau cette lame qui opère de la même manière dans sa propre chair. Mes lèvres s'entre-ouvrent légèrement à la vision de son fluide sombre. Mes yeux suivent lentement chaque étape avec assiduité. Son sang commence à ruisseler, quelques gouttes rejoignent la surface de l'eau en de légers bruissements. Ma main se déplace, effleure sa peau, se positionne au dessus de la sienne ouverte à moi. Serrant le poing, je fais pleuvoir plusieurs perles de sang qui rejoignent le sien, s'y mêle, s'y ajoute.

D'un geste ample, ma main retrouve le dos de la sienne que je tiens avec une certaine fermeté. Avant d'entamer mon approche, je lui lance un regard, empli d'une intensité sombre, duquel je ne décroche pas en m'approchant de lui, guidant sa main jusqu'à mes lèvres. Le plat de ma langue se dépose, sans mesure, sur son avant bras pour récolter le sang qui s'y était glissé. Elle remonte jusqu'à son poignet, mes yeux ne décrochant pas des siens pour ensuite les délaisser, avant que je ne fasse pivoter sa paume pour laisser se déverser son fluide, telle une coupe, sur ma langue plaquée contre sa peau et au creux de ma bouche. Plusieurs chemins rouges se déversent sur mon menton tandis que de quelques déglutissions, j'avale nos sangs entremêlés, mes paupières s'étant refermées pour profiter de leur chaleur sur mon palais, au fond de ma gorge.

Mes doigts se referment un peu plus sur sa main, dans un tension certaine, mon corps se délasse et se crispe successivement. Je guide sa paume, jusqu'à la plaquer contre ma bouche, mes lèvres se déposant sur sa plaie, absorbant avec avidité le sang qui ne s'en était pas même encore écoulé. Pendant quelques secondes, je reste ainsi, consommant sa peau et son sang, jusqu'à détacher mon visage de sa main, ce visage à présent quelque peu vêtue d'un manteau sanguin.

La bouche encore légèrement ouverte, je me détache presque difficilement, mes yeux trouvant les siens alors que ma langue vient récolter son goût déposer sur mes lèvres. Sans un mot, je lui présente ma paume ouverte, dont le sang jaillissait toujours. La surface de l'eau nous encerclait de sa teinte empourprée. C'était à lui à présent. Allait-il seulement le comprendre ? Voyons, il n'était pas si bête. Face à lui, la paume offerte, les yeux demandeur, il saurait quoi faire. Je venais de lui montrer. Ce rituel devait se faire dans le chant, ou dans le silence, certainement pas avec la moindre explication. Alors qu'il le fasse, qu'il mêle nos sangs, qu'il les boive, qu'il consente à lier nos corps et nos âmes.

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Il se prête au jeu qui n'en est pas un. Car il n'y avait de plus sérieux que ce que je partageais avec lui, en cet instant. C'était de mon allégeance, à son encontre, dont il était question. C'était de ma vie, répondant à la sienne, dont il s'agissait. Cette nouvelle cicatrice qui était venue recouvrir l'ancienne, celle lié à mon ancien père, mort dans trop de souffrance, celle-ci même qui s'élevait dans l'air humide et chaud alors que mon regard brun la suivait. Ou plutôt, trouvait le sien alors que j'avais avidement observé son sang se déverser dans le mien.

Lorsque mes yeux ne contemplait pas sa langue glisser sur ma peau, avec une délectation non dissimulée, ils se plongeaient dans les yeux, desquels je distinguais beaucoup, beaucoup de ce que je désirais. Si une avidité sanglante, affamée m'habitait, il en était de même pour lui. J'en étais certaine. Et alors que je sentais mon corps palpiter d'une mesure qui n'avait rien à faire ici, ma mâchoire se crispe, en une grimace contrainte, bien vite disparu quand je le sentais s'abreuver de mon sang, directement au creux de ma main. La sensation me fait perdre pied, quelques secondes, de me sentir ainsi aspirer. Mes paupières en viennent même à convulser, un instant à peine.

Il finit alors et son regard transperce le mien, d'un appétit sombre qu'il ne valait mieux pas que je vois. Préférant alors les quitter, je laisse mes yeux trouver ses lèvres ensanglantées par mon hémoglobine. Ma main, pas encore tout à fait défaite de son emprise, tente d'emprunter le chemin vers l'eau, jusqu'à s'y immerger si possible. Ma respiration est courte, frappé par les battements d'un cœur animé par des pulsions que je ne saurait ressentir en cet instant précis.

Il ne fallait pas non. Pourtant, les spasmes de mes paupières et de mes lèvres trahissait la frustration. Je ne pouvais plus le regarder dans les yeux, mais les miens trouvaient, sans que je le veuille, son corps bien trop proche de moi. Alors d'un pas vers l'arrière, je lui tends sa dague, pour qu'il la reprenne, pour qu'on en finisse, pour que je puisse partir. Mes yeux trouvèrent ensuite l'étreinte qu'il tenait encore à mon poignet, lui accordant une grimace de dépit, ou d'agacement. Reprenant contenance, je retrouve son regard, dissimulant bien mal ce qui m'animait. J'avale ma salive, encore mêlé à notre sang, tandis que les sillons des coulures rouges, sur mon cou, n'arrangeaient rien. Ils glissent jusqu'au creux de mon cou, avant de plonger dans l'eau toujours chaude. D'un pas encore en arrière, j'essaye de le faire lâcher, consciemment ou non, inspirant profondément.


Et s'il ne voulait pas décrocher sa main de mon bras, j'allais l'y forcer, d'un mouvement brusque pour m'en défaire.

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C'était évident que, non, il ne me laisserait pas partir après ça. Aussi évident que l'ardeur que je lui inspirais et que je pouvais lire dans ses yeux. Mais alors que je sens son etreinte se refermer, ses paroles me poussent à grogner. Lui n'en avait pas fini et j'allais bientôt pouvoir m'en nourrir. Pourtant d'un grognement d'une bête contrainte, je ne ressentais rien d'autre que de la satisfaction. Malgré mes babines retroussées et mes crocs dévoilés, mon regard n'en était pas moins affamé, de lui et des pensées qu'il m'inspire. Et si il m'affirmait avoir d'autre chose à accomplir avec moi, il serait peut-être surpris par mes manières de l'y aider.

Tandis qu'il me rend la dague tout en m'invitant à lui trancher la gorge, c'est presque ce que je fais puisque, je suis et resterais une bête qui était contrainte en cette instant. Et une bête acculée se défends alors, en tentant de me défaire de son étreinte, il s'avance pourtant et la dague se pose sur cette fameuse gorge qu'il voudrait que je tranche. Mes lèvres se tordent dans un rictus bestial, celui d'une chimère qu'on approche de trop près et alors qu'il me trouve peut-être paralysée par son approche, je ne suis qu'en train de l'observer avec avidité.

Il a alors délaissé mon poignet pour attraper ma hanche et me rapprocher de son corps. Si prendre l'ascendant l'intéresse, il allait être déçu car si je consentais à lui laisser pour quelques secondes, il n'allait pas devoir en prendre l'habitude. Mon regard carnassier suit son visage qui vient caresser ma peau et s'abreuver du sang s'y étant glissé. Je le laisse faire sans broncher, mais si il avait l'audace de s'aventurer jusqu'à mes lèvres, j'allais lui en faire passer l'envie. Celles ci n'aimaient pas recevoir de l'attention alors sans sommation, la pointe de la dague vient se poser sous sa mâchoire, juste avant le faux pas. Profitant alors de ce malaise, je me détache subtilement de lui pour lui faire voir ce que mes lèvres avaient à lui dire. D'une simplicité déconcertante.


Un léger rictus semblable à un sourire vient étirer mes lèvres. Un sourire carnassier et affamé. Je n'étais pas certaine qu'il soit le genre d'homme a accepter un refus. Mais je n'étais pas le genre de femme à accepté d'être contrainte non plus. Si je délaisse la dague que je laisse couler et toucher le fond dans un bruit sourd, c'est de la main la tenant que je viens attraper sa mâchoire avec fermeté. Mes doigts pressent sa peau et d'une poigne contraignante, je le force à me présenter son cou quand ma bouche s'aventure à se délecter de son sang ayant coulé jusqu'à son torse. Si sa taille me force à stopper le plat de ma langue au milieu de son cou, j'y plante mes crocs avant de le repousser jusqu'au bord sur lequel il reposait avant que je le rejoigne ici. La fermeté avec laquelle je l'avais mené blessera peut-être son dos, quand il rencontre l'angle du bain.

Je détache mes lèvres de son cou alors que mes muscles se délassent, ma poigne n'ayant pourtant pas quitté sa mâchoire. D'un rictus carnassier, je l'informe en rapprochant ma bouche de son visage, autant que je le pouvais et m'exprimais dans un souffle.


Et alors que mes yeux dévore sa peau, je l'emprisonne d'une jambe repliée contre le plat du bain sur lequel il repose. Je ne doutais pas qu'il inviterait la seconde à renforcer la cellule de mon corps autour du sien et je me plaisais à l'envisager.

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Contraint, forcé et scellé contre ce mur dans son dos, il me laisse mener la danse comme je l'entends. Et même si je doute qui me la cède ainsi bien longtemps, je n'allais certainement pas lui faire l'affront de ne pas en profiter. C'est avec un certain rythme que la houle de l'eau frappait par vague successive avant qu'il ne décide que son temps était venu et c'est mon dos qui finit par rencontrer le dit rebord qui dans un fracas, vint frapper ma colonne vertébrale. La vive douleur m'arrache alors un grognement et à partir de cet instant, je laisse le fauve prendre sa place, face à toute tentative d'humanité dont je n'étais plus du tout capable.

Si le fauve était à présent accablé et acculé, il n'en était pas moins rugissant, montrant les crocs à chaque coup de fouet visant à réprimer sa sauvagerie et sa bestialité. Ou à la réveiller. De mes griffes alors, je marque la peau de ses épaules qui entre repousse et maintiens, le tenait suffisamment éloigné de moi pour pouvoir admirer ses attaques. Ainsi, il pouvait cerner les deux tours, comme il le souhaitait, tandis que mes yeux embrasés n'avaient de cesse de le supplier, tout en le sermonnant d'agir avec tant d'insubordination.

Ma main blessée, dont le sang ne cesse de s'écouler, vient rejoindre le bord, s'y posant du plat de ma paume. Ainsi, je n'étais pas un poids mort, par manque de conviction ou d'implication et pouvait m'atteler à combattre tout autant que lui, malgré sa prise de pouvoir flagrante. Non, je n'étais pas guerrière à abandonner sans me battre. L'instant me semble alors suspendu dans le temps. Aussi sombre que le fluide qui continu de couler, aussi noir que mon regard, tandis que par quelques bougies lointaines, leurs lumières viennent marquer la peau de nos corps respectifs. Mes crocs n'en finissent pas de se montrer car c'est bien un bête affamée qu'il est en train de nourrir. Et elle se nourrissait avec appétit.

Pourtant, en une seconde, d'un regard particulièrement vif, je décide de changer la donne, car si j'avais accepté de m'offrir, il fallait aussi qu'il le mérite. Et le Fauve n'aimait pas rester sans défense, ni réplique. Sans prévenir, sans indiquer quoi que ce soit, mon autre main quitte sa peau pour trouver, elle aussi le rebord et d'une impulsion, pendant une sorte de trêve, je m'élève, offrant mon corps nu à ses yeux ébahis. Mais si il pourrait le contempler une seconde, de quelques mouvements souples, aidés d'appuis bien placés, je me hisse complètement jusqu'à me retrouver face à lui, en position féline et agressive, le sommant de se stopper d'une main agrippant à nouveau sa mâchoire.

Le silence, le malaise peut-être, l'immobilisme surtout. Si il me voulait, qu'il vienne me chercher. Mon regard se plante dans le sien, d'une babine retroussée je dévoile des crocs proches d'un sourire plus carnassier que jamais, la bouche ouverte prête à le dévorer. Mais plutôt que l'achever maintenant, j'allais lui offrir l'illusion de me gagner. Les pattes au sol, je me recule légèrement, ne lâchant rien de la défiance dans mon regard. Je me recule encore, mon buste en première ligne passant en dernière, l’appuie de mes mains guidant mon corps jusqu'à le présenter entièrement à ses yeux désireux de le retrouver.

Ma suffocation se mêle aisément à la brume de la chaleur aqueuse, à l'humidité de la pièce comme à celle de mon corps. Mais c'est un piège que je tends au Démon, car si je lui suis offerte, ce n'est que pour mieux le trahir, le renverser et l'achever. Cependant, j'allais lui laisser le plaisir de mener à nouveau la bataille car je ne pouvais me le cacher, j'aimais me battre avec lui. Alors d'un geste de la tête, je lui ordonne presque de me rejoindre et en bon guerrier, il ne saurait se défiler.

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C'est sans grande hésitation qu'il consentait à se laisser guider, jusqu'à moi et mon regard que n'avait de cesse de le narguer. Et c'est avec la plus grande des évidences, que dans mes yeux il pourrait déceler la satisfaction d'une connivence. Si il s'était élevé de ce bain sanglant tout aussi rapidement que je l’eus fais, ce n'est pas sans m'en délecté que je l'observais. Car voilà enfin que je pouvais le voir entièrement alors que l'instant d'avant, je ne pouvais que l'imaginer regrettablement. Et ce ne fut pas étonnant de constater que ce que j'en avais vu n'était que la parfaite entrée avant une dessert sucré détonnant.

Mais voilà qu'il s'aventurait à des caresses dont je n'étais pas demandeuse, car celles-ci n'était pas de celles que mon corps se plaisait à recevoir. Aucune d'entre elles ne l'étaient, mais puisque que je m'étais offerte, qu'il agisse et me parcourt de la façon dont il le souhaite. Étrangement et avec une certaine surprise, je ne déplorais pas qu'il le fasse car mon corps et ma peau y réagissaient à leur guise. Pire encore, quand j'aurais voulu le repousser ou le frapper, c'est en y étant davantage ouverte que j'y répondais. Mais bien que mon être s'y laissait prendre, mon esprit lui n'avait en tête que la réprimande. Car c'est bien un regard assombris qui l'observait, celui du reproche et du mépris qui grandissait. Et de fait, il me forçait ainsi à fixer le plafond pour ne plus avoir à l'en incommoder, par pur charité, ou était-ce les vagues de frissons qui commençaient à déferler ?

C'est sans le savoir que je le laissais parvenir jusqu'à mon cou qui lui fut présenter tel un trophée, avant qu'il ne décide d'essayer de m'achever. Et si à nouveau, je me surprenais à lui laisser le contrôle, c'est tout aussi étrangement que du contact de sa peau sur la mienne, je me délectais avec gourmandise. Et, les Dieux, à cet instant je haïssais, de me laisser ainsi me soumettre à celui devant lequel je n'aurais jamais voulu le faire. C'est bien avec cette pensée que je prends l'initiative de répliquer, d'un croc dévoilé, d'un grognement menaçant, je le renversais sur le côté en le forçant de mes cuisses l'encerclant. Craignant que cela ne suffise pas, je prenais le temps suffisant pour le maintenir au sol. De ma main ensanglantée au creux de son poitrail bombé, de mes yeux le menaçant d'une violence extrême si il tentait de répliquer et de mon autre poigne n'attrapant plus que simplement sa mâchoire, puisque la paume s’apposait sur sa glotte. De ma plaie mon sang nos ne cessait de couler, dégoulinant entre ses muscles jusqu'à mordre le métal du médaillon qui se trouvait sur son sillage.

Je le tenais sans trop de pression cependant, car je m'en voudrais tant de le priver de l'air dont il aurait besoin pour la suite. Car c'est bien celle-ci que je prenais en main maintenant, le forçant par la même occasion à ne rien lâcher de mon regard, dans le sien, planté. Je ne pouvais pourtant retenir mes griffes se frayant sur sa peau, car à cause des tumultes qui n'avaient de cesse de me crisper, c'est mon corps tout entier que ne cessait, sur le sien de danser. Par la suite pourtant, c'est vers une proximité que je naviguais, mon buste se penchant vers l'avant, à mesure que mon cœur faisait avancer le temps de ses battements. Jusqu'à ce que nos visages en soit fort rapprochés, lui laissant le goût de mes babines retroussées alors que dans un grognement, je l'achevais, mon corps se laissant prendre lui aussi à l'abandon de quelques instants comblés.

Et même si la bataille avait touchée à sa fin, c'est encore pendant quelques secondes que je le maintenais, sous ma poigne, sous mon corps et sous mon regard toujours vissé. Si celui-ci s'était glissé jusqu'à ses lèvres un instant, ce n'était pas pour les goûter mais simplement par curiosité, ne laissant cette dernière, en aucune façon rassasiée. Puisque de son corps je me défaisais, sans un mot ni aucun regard, je me relève et commence déjà à m'en éloigner. Mes pas parcourent les dalles humides d'un pas assuré, cerclant le bain remplis, quand de mon sang qui perle je les anime. L'humidité du reste de la pièce vient alors se mêler au gouttelettes sur mon corps, d'autres fluides trempé.

C'est, sans le moindre regard toujours, que je retrouve mes affaires jonchant le sol. J'attrape alors d'abord le bandage qui de ma poitrine faisait le tour, pour en sectionner d'un coup de dents la moitié. Avec le premier morceau je venais cerner ma blessure encore palpitante et dévoilée. C'est dans un léger rictus que je venais serrer son bandage, avant de me rapprocher du bain pour, d'un geste avisé, faire ruisseler l'eau qui vient faire s'écouler la majorité du sang sur mon visage. C'est à cet instant que je me permets un premier regard vers lui, tentant de cerner ce que pouvais de son esprit. Si toutefois je ne m'y accorde pas plus le temps, c'est au devant de mes vêtements que me traînent mes pas plus très avenants. Me rhabillant alors à peine convenablement, d'un air volontairement détaché, je lui demande en bonne employée concernée :


Ma blouse retrouvant mon buste, mon regard s'élève jusqu'au sien, mon visage arborant un air des plus impassibles, quand mes lèvres s'aventurent dans un sourire narquois invisible. Je me tiens cependant fièrement, si loin de lui pourtant et le cœur encore palpitant, attendant mes directives, si toutefois il en avait à m'envoyer. Un instant cependant, après avoir reçu ce que j'avais demandé, mon regard vient glisser jusqu'à la position de la dague immergée. Penchant sensiblement la tête sur le côté, je lui lance ces quelques derniers mots, avant de rompre définitivement notre échange endiablé.

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