(évent) Voyage vers l'île Inconnue
Un silence trop éphémère...
Rymaïn & Valion ° Première nuit sur le bateau

L'embrasement du ciel lors du déclin de l'astre solaire n'avait rien de comparable sur terre ou sur mer... Il y avait quelque chose de particulier, dans cet évanouissement, aux coloris parfois intenses, de la lumière d'Ignis dans les eaux d'Aqua. Un spectacle dont la sérénité nocturne du navire permit à Rymaïn de profiter pleinement.

Accoudée au bastinguage, face au couchant, la nuit l'avait encore privée de son sommeil, menant ce dernier en un lieu inaccessible. Quelle importance? Il faisait calme, après cette première journée à bord relativement mouvementée... Et assurément pénible. Bien des pensées s'emmêlaient, sans qu'elle sache comment les détailler. Elle aurait aimé rencontrer ces enfants divins en d'autres circonstances et prendre la peine de les découvrir et les connaître plus à son aise. Son regard se porta sur la houle, l'avancée du bateau y laissant un léger sillon le long de la coque... Lykoï devait être auprès de la cabine de Nathan ou dans les profondeurs.

Elle baissa sa capuche, laissant le faible vent nocturne s'engouffrer dans ses mèches rousses, ainsi que l'air salé et vivifiant envahir ses poumons. Sa main gauche glissa délicatement sous son col, pour en retirer un objet relié à un lien de cuir. Une broche dorée, sertie de vermeil, qui étincela par le prisme de la mer de feu devant elle. Rymaïn l'observa un instant... 'Le feu et la glace...' songea-t-elle, avec un certain apaisement qui fit naître un réel sourire sur ses lèvres. Mais la présence dans son esprit s'évanouit soudain à un bruit derrière elle. Sa main se referma sur le bijou, l'autre glissant sous sa cape, dans son dos, venant affleurer le manche de sa dague.

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[Event] Expédition sur l'Île Inconnue

Que d'agitations pour cette première journée d'expédition. Même s'il appréciait la plupart des retrouvailles, Valion fut ravi de trouver le calme dans sa cabine. Beaucoup de choses lui trottaient en tête, et la majorité n'était même pas liée à l'Île Inconnue. Un demi-dieu mystérieux. Le comte Katar. "Rymaïn". La présence de Sarabi, Nathan et Slavko étaient plus que bienvenue pour contrebalancer tant d'incertitudes. Finalement, seule la dénommée Lykoï le laissait sur un terrain neutre. Elle était cependant bien trop loin pour être une véritable source de conversation. Et elle ne semblait avoir d'yeux que pour son invocateur. Et peut-être la sauvageonne ?

Valion se redressa. Il n'arrivait pas à dormir. Trop de pensées. Il n'était pas toujours doué pour les gérer, et il savait encore moins comment les chasser sans aide. Et la seule qu'il désirait en cet instant était celle d'Ezelya. Le chasseur se leva et tira la cape en laine de son sac sans fond. Désormais, il connaissait pertinemment la fraîcheur du vent marin une fois la nuit tombée. Il saisit la pierre de télépathie par son lien de cuir rouge, l'attacha autour de son cou et quitta la cabine. Certes, il aurait pu y rester pour contacter la pirate, mais à la pensée de cette dernière, il ne pouvait que se sentir attiré par la mer.

Le pont était agréablement silencieux. Un matelot seulement montait la garde. Il y en avait probablement un deuxième sur le nid-de-pie. Non, il semblait y en avoir un troisième finalement. Mais la silhouette encapuchonnée ne correspondait pas au profil. Valion s'en approcha d'un pas naturel, pour mieux la distinguer. Il reconnut la femme à la chevelure flamboyante, plus à son attitude qu'autre chose puisqu'elle lui tournait le dos. Il crut même discerner un mouvement sous sa cape. Vu le personnage, ça ne l'étonnerait pas qu'elle dissimule une arme là-dessous. Lui n'avait rien. Faisait-elle preuve d'une méfiance injustifiée ou lui pas assez ?

« On ne va quand même repasser par-là ? J'espère que c'est l'une de tes masses, ce serait moins traître qu'une lame. »

Cette réplique légère aurait pu être amusante s'il y avait mis l'intonation. Mais n'y croyant pas lui-même, pourquoi piquer le mordant instinctif de la rousse ? Son timbre n'était toutefois pas désagréable ni accusateur, plutôt blasé. Il s'accouda également au bastingage, à deux bons mètres d'elle. Une distance de sécurité. Son regard gris-bleu se porta sur l'horizon noyé dans les couleurs d'un soleil prêt à disparaître. Sa brève conversation avec la capitaine de la Reine devrait attendre. Il tenait là l'un des nombreux sujets de ses réflexions nocturnes.

« Rymaïn c'est ça ? Ou est-ce une autre appellation illusoire ? »

Après tout, elle lui était presque aussi inconnue qu'à leur première rencontre. Peut-être pouvaient-ils repartir sur de meilleures bases ? En avait-il seulement envie ? Probablement pas. À vrai dire, s'adresser à l'un des guetteurs serait plus plaisant. Mais il n'aimait pas avoir laissé les choses ainsi lorsqu'ils s'étaient quittés devant Sirk.

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(évent) Voyage vers l'île Inconnue
Un silence trop éphémère...

Rymaïn & Valion ° Première nuit sur le bateau

Décidément, certaines voix s'accrochaient à sa mémoire avec plus d'entêtement que de raison. Bourdonnant presque à ses oreilles tel un insecte indésirable. Moqueur, qui plus est ? Oui, sa lame serait bien plus sournoise, et c'en était presque tentant... Presque, mais inadéquat.

Interrompant son geste, Rymaïn ramena son bras sur le bastingage, tandis que son autre main glissait légèrement le collier sous sa blouse. Que voulait donc cet homme ? Ne pouvait-il dormir, comme à peu près tout le monde, ou vaquer à d'autres futilités que celle de lui adresser la parole ? Son second propos lui arracha un froncement de sourcils et un soupir de dédain aisément perceptible. Son timbre résonna, froid, dur et... Mesquin.

"Crois-tu que j'embarquerais sur un bâtiment militaire, au service du Prince, sous une fausse identité, chasseur ? Pas plus que je ne serais assez stupide que pour le faire en ayant omis de respecter les lois élémentaires d'Arcane." Son allusion à cette histoire de recensement était purement mauvaise. Dans tous les sens du termes, car elle ne supportait guère l'idée qu'un enfant divin puisse subir telle ignominie.

Son regard olive tenta de trouver un dernier éclat de sérénité dans le feu qui mourrait sur l'horizon, mais elle n'y arriva guère. L'homme à ses côtés ravivaient autant de souvenirs que d'inconnues et une agaçante pointe de curiosité. Ramenant une mèche emportée par le vent en arrière, elle hésita un instant, avant de reprendre d'elle même cet espèce... D'échange imprévu et pour l'instant désagréable.

"Que cherches-tu donc ?" Après tout, c'était bien plus simple d'y aller franchement. Elle doutait peu qu'il soit venu parler de banalités en sa compagnie. Intérieurement, sa question se refléta, sans qu'elle put y faire quelque chose, car elle était sienne aussi. Elle croyait cependant savoir ce qu'elle cherchait, mais ne voulais pas l'admettre si facilement. Peut-être lui amènerait-il simplement ? Il savait parler, voire trop par moment... Mais qu'avait-elle envie d'entendre ? Ses yeux demeurèrent fixer sur l'océan, bercé par le crépuscule de plus en plus prégnant, ces questions... Elle aurait aimé ne pas les avoir en tête, ne pas en avoir. Refouler tout cela quelque part, ne pas prendre le moindre risque.

Son visage se ferma un peu plus à cette dernière pensée, à peine conscientisée. Elle allait finir par imploser s'il continuait son jeu stupide sans lui parler de choses intelligentes et intéressantes. Les seules choses qui les liaient un temps soi peu. Avant qu'il ne puisse placer un mot, elle enchaîna, cassante, la voix plus faible cependant : "Si tu n'a rien d'utile à dire, tu peux aussi t'en aller."

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La pique le cueillit sans trop de surprises. Si seulement elle avait daigné lui apprendre son véritable nom, comme tout être humain dénué de caprices, il n'aurait pas eu le moindre doute. La seconde suivit directement la première, empruntant le même chemin avec une cruelle facilité. Les lèvres de Valion s'étirèrent en un rictus. Il lâcha un éclat de rire sec.

« Je l'ai mérité, je suppose. »

Elle avait déjà prouvé sa stupidité à maintes reprises, et pourtant ne manquait pas l'occasion d'y revenir. Quel tempérament de feu. Elle était provoquée si facilement, même si ça n'était pas là son attention. Raviver des flammes aussi agaçantes ? Très peu pour lui. Mais il n'avait pu s'en empêcher. Ce qu'il cherchait ? Les efforts nécessaires à cette conversation. La jeune femme les avait enterré si profondément la dernière fois que les trouver prendrait certainement du temps. Un temps qu'elle ne voulait pas lui accorder visiblement. Guère étonnant.

Valion soupira bruyamment en se redressant. Il se tourna sensiblement vers Rymaïn, n'ayant plus qu'un seul coude appuyé contre le bois. Avant de se lancer, il adressa un dernier regard à la mer et ses couleurs solaires, espérant y apercevoir un reflet, un soutien.

« Je suis désolé. Je ne voulais pas t'agacer. » Il soupira à nouveau. « Tu crois qu'on peut repartir sur de nouvelles bases ? »

Elle ne répondit pas immédiatement. Et comme il ne lui faisait pas confiance là-dessus, il préféra enchaîner pour éviter toute réplique de la même branche que les précédentes.

« Moi oui. Mais avant ça je voudrais te remercier d'avoir pris ma défense. Tu sais, pour essayer de palier à ma stupidité. Rien ne t'y obligeait. »

Il sourit avec auto-dérision. Il l'avait déjà brièvement remercié juste après l'incident, mais l'avait-elle seulement écouté ? Quoiqu'il en fut, mieux valait deux fois qu'une.

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Un silence trop éphémère...

Rymaïn & Valion ° Première nuit sur le bateau

Mérité...? Quelle étrange perception. Rymaïn se fichait bien de cela, cet homme, à un ou deux détails près, ne valait pas plus la peine de son mépris que d'autre chose, en réalité. Le fait de lui être redevable la rendait particulièrement amère, ne rien réellement savoir de lui aussi, malheureusement. L'excuse qui vint juste après ne la surpris guère, à défaut de bien le connaître, il manifestait avec évidence un déplorable penchant pour l'amabilité et la gentillesse excessive. Personne ne se serait excusé, en s'accrochant bêtement au lieu de déguerpir, comme elle venait de lui suggérer.

La suite lui arracha cependant une exclamation étouffée, avant qu'elle ne pince ses lèvres. Faire quoi? Repartir sur de nouvelles bases? Des bases à quoi? Qu'est-ce que ce type espérait d'elle exactement? Elle obliqua légèrement la tête dans sa direction, le regard empli d'une froideur qui dissimulait parfaitement son incompréhension. Mais elle n'eut guère le temps d'exprimer quoi que ce soit, qu'il s'était déjà à nouveau avancé. Pour... La remercier, cette fois-ci. Après les excuses, les remerciements, la belle affaire! Pour une futilité, qui plus est.

Rymaïn reporta à nouveau ses prunelles olives sur l'océan, sa voix se voulut neutre, mais une touche de cynisme s'y était glissée sans mal. "Je n'ai pas oublié ma dette chasseur. Mais il serait plus judicieux pour moi d'attendre une opportunité qui l'efface intelligemment. Cette île m'offrira probablement de telles perspectives, j'espère néanmoins ne pas... Réagir trop tard à ce moment-là." Sans réellement éclaircir son propos, il demeurait évident qu'elle parlait de lui sauver -ou non- la mise, plus ou moins rapidement s'il devait se trouver en mauvaise posture. L'espérait-elle... Peut-être un peu?

Elle était agacée, son attitude stupide à vouloir repartir sur de nouvelles bases, comme il disait, évoquait chez elle une situation presque similaire, qui s'était déroulée sur un autre navire... Elle se tourna complètement, et s'adossa à la balustrade, les coudes posés sur cette dernière. "Pourquoi t'accroches-tu ainsi? A des éléments qui te repoussent sans détours? As-tu le besoin de te prouver quelque chose?" Elle ramena ses bras devant elle et les croisa sur sa poitrine, fixant à présent l'autre horizon qui se présentait à ses yeux. Décidément, elle ne serait pas étonnée qu'il s'entende bien avec Nérée. Il l'approchait, elle, malgré tout, sans raison logique. Sa voix se fit moins désagréable, cependant. "Qui es-tu ?"

Vague question, elle ne tenait pas à une précision quelconque, mais plutôt voir ce qu'il choisirait dans toutes les façons dont un être humain pouvait disposer pour parler de lui.

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[Event] Expédition sur l'Île Inconnue

Ses sourcils semblaient légèrement froncés, comme si elle était continuellement agacée par sa présence. C'était sans doute le cas. Ses traits demeuraient impassibles mais son attitude était loin d'être aussi subtile que la composition de son visage. La fin de sa réponse fut en revanche plus énigmatique.

Valion reporta son regard sur l'horizon. Il en avait assez de ne pas savoir où poser ses pieds avec cette femme. Quoiqu'il dise ou fasse, elle restait imprévisible et impossible à raisonner. Elle le poussait à l'eau puis revenait le sauver lorsqu'il était en danger. D'après ses dires, les événements seraient susceptibles de se répéter. Le chasseur faillit rétorquer que sa dette était envers Ruinn. Peut-être qu'au fond cela revenait au même. S'il mourrait, le Griffon céleste retournait dans sa cellule. Valion soupira. Il ne chercha finalement pas à en débattre, les choses étant assez compliquées ainsi.

Ces questions ramenèrent son regard sur le pont. La frustration de la rouquine était vraiment dirigée contre lui ? Il n'arrivait pas à comprendre ce qui l'embêtait autant. Il n'avait pourtant rien fait cette fois. S'il avait dit quelque chose de déplacé et qu'il demandait quoi, ou qu'il s'excusait, elle ne lui répondrait probablement pas et s'énerverait davantage. Quelle personne compliquée, franchement. Il haussa les épaules. Son ton était neutre et ses mots sincères.

« Je n'ai rien à me prouver en te parlant. »

Pourquoi s'accrocher alors ? Sa question n'était pas dénuée de sens, ni aujourd'hui ni à Oagran. Il avait eu le temps d'y réfléchir depuis leur rencontre. Et s'il avait quelque chose à lui prouver, à elle ? Qu'est-ce qu'elle faisait encore là d'ailleurs ? Rien ne l'empêchait de rejoindre sa cabine. Ni de le jeter par-dessus bord, puisqu'elle semblait préférer cette technique.

Sa dernière interrogation lui tira un rictus amusé. Il songea à un certain philosophe errant, qui aurait accueilli la réflexion à bras ouverts. Valion secoua sensiblement la tête, son regard basculant entre l'horizon et la figure de Rymaïn. Sa réponse rejoignait les précédentes demandes.

« Je suis juste quelqu'un qui tient à la même personne que toi. C'est probablement pour ça que je m'intéresse à toi. En quoi c'est si grave ? »

Il ne voyait pas pourquoi il aurait besoin d'une autre raison. Cette logique suffisait amplement à le pousser vers cette femme. Ceci dit, et comme celle-ci l'avait souligné, plus elle le repoussait, plus il tenait l'impression qu'autre chose l'attirait vers Rymaïn. Quelque chose qu'il devait faire ou dire, pas pour lui, pour elle. Mais que pouvait-il offrir à cette nordienne, qui ne voulait ni de son aide ni de sa présence ?

Par les Quatre, comment avait-il fait pour ne pas le comprendre avant ? La seule cohésion dans toute cette inconstance. Leur seul point commun. Valion leva les yeux au ciel. Nérée. Ce serait mentir de dire que leur lien ne l'avait pas travaillé, mais dans une raison plus égoïste cette fois. De cette jeune femme ne lui restait que des souvenirs. De cette duchesse un passé, et de ses yeux vairons un simple écho. Rymaïn la connaissait au présent. Il aurait aimé qu'elle lui parle d'elle. À n'en plus douter, le contraire était réciproque.

« J'ai rencontré Nérée quand elle était enfant. À Layane, d'où elle vient. J'avais de la famille là-bas à qui je rendais visite de temps à autre. »

Il se tut, comme si c'était là toute l'histoire. Il n'allait pas faire tous les efforts non plus.

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Rymaïn & Valion ° Première nuit sur le bateau

Et bien, s'il n'avait rien à se prouver et ne semblait pas savoir que réellement chercher, qu'il s'en aille ! Rymaïn était dérangée par son attitude, le fait qu'il demeure aussi aisément posé dans sa façon de s'adresser à elle la contraignait. Comme s'il n'existait plus de prétexte valable à éprouver une forme de rage ou de haine et la diriger contre lui.

Elle n'avait plus l'envie de le supporter, contrairement à lui, de toute évidence. Si bien qu'elle s'écarta légèrement de la rambarde, prête à rejoindre sa cabine, mais la réponse qu'il lui donna stoppa son geste. Son regard fixa un instant ce visage non loin d'elle, ne pouvait-elle pas dire la même chose? Il serait idiot de nier que le minimum de considération que la nordienne lui portait dépendait de ce point. Il tenait à elle... Pourquoi? Elle secoua légèrement la tête en levant les yeux au ciel, avant de ramener en arrière une de ses mèches qui s'était égarée devant ses yeux.

"Cela n'a rien de grave." Le ton restait froid et cassant, mais pour d'autres raisons. Étrangement, ce terme associé à la préoccupation qu'ils portaient tous deux à la duchesse la gênait. N'était-ce pas normal? Sans doute bien des gens tenaient à elle... Cela lui paraissait évident. Mais elle n'avait pas oublié la rage qui avait caressé le regard du chasseur lorsqu'il avait saisi son pendentif. Probablement aurait-elle ressenti la même dans la situation inverse? Elle était confuse. Ne souhaitant pas particulièrement partager la même chose à ce propos.

Elle se retourna vers l'océan, hésitante. Réfléchir à tout cela n'était ni confortable ni inconfortable. Elle n'avait de cesse de chercher cette présence, lorsqu'elle n'était pas là, et cet homme... Lui permettait de la matérialiser d'une certaine manière. Ce qui générait à la fois de la frustration comme du contentement.

Soudain, il exprima un simple fait, un début de clarté dans cette histoire. Un morceau de vie qui lui parut particulièrement inaccessible et la troubla quelque secondes. Que devait-elle en faire? C'était bien trop court! Ne pouvait-il pas continuer, alors qu'il avait commencé? Elle ignorait tout de cela, elle avait accès à si peu de choses...

La froideur dans sa voix s'était évanouie à cette pensée, son timbre se fit étrangement calme. Son regard fixant le faible remous des vagues sous la lune alors qu'elle s'était appuyée de nouveau sur la rambarde. Layane...

"Elle est... comme le désert. Ses mouvances insaisissables, ... ses reflets, scintillant sur le sable et indiciblement attirants... Ses mirages, emplis d'espoirs et d'incertitudes..."

La complexité de la sibylle, comme l'univers d'Ambre sablonneux, s'avérait tout aussi belle dans sa singularité. Rymaïn laissa échapper un faible soupir, passant une main sur son visage. Pourquoi donc avait-elle dit une chose pareille à cet homme?

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Décidément, tout était contradiction chez elle. Sa réponse indiquait qu'il n'y avait pas de conflit mais son ton en exprimait l'inverse. Elle ressemblait à un sanza roux, toujours en train de se débattre et de griffer dès que quelqu'un s'accrochait. C'était particulièrement épuisant. Mais, Valion lui avait déjà dit, il n'était pas du genre à abandonner.

Quand il aborda leur point commun, comme s'il détournait leur centre d'intérêt vers cette personne qui leur était chère, la situation sembla s'éclairer. Il trouva Rym étrangement calme derrière cette constante impassibilité. Elle parla sans animosité, sans frustration. Valion esquissa un sourire. Il commençait à comprendre. La situation s'éclairait bel et bien, du moins dans son esprit. Insaisissable, c'était tout à fait l'impression que lui avait laissé Nérée après leurs retrouvailles. Sa déclaration le laissa songeur. Même s'il la trouvait fondée, il savait qu'elle n'avait pas le même écho pour lui que pour Rymaïn. C'était peut-être ce qui posait problème à la nordienne.

Il reprit, sur un ton lointain, observant toujours l'horizon de cette vaste étendue marine.

« Oui. Elle a toujours aimé le désert. » Il sourit doucement, se remémorant leur dernière conversation. « Elle a même un fennec nommé Ambre. »

Un jour, il prouverait l'existence de cette chimère. Peut-être que Nérée s'engagerait dans cette aventure à ses côtés, peut-être qu'il lui montrerait simplement la preuve. Quoiqu'il en soit, c'était quelque chose que l'adolescent en lui souhaitait partager avec cette enfant si émerveillée devant la mer de sable.

« Je l'ai revue lors du festival de Terra. Nous étions dans le même chariot quand la procession a été attaquée. Cela fait des années. Je n'arrive pas à savoir si elle a changé ou non depuis tout ce temps. »

Ses yeux grisés par la pénombre se posèrent sur la figure peinte. Un soupir nostalgique s'échappa de ses lèvres. Il se souvint de la broche, cette fois absente du cou de la nordienne. Il ne posa pas de questions, même s'il en avait envie. La rousse était rarement disposé à lui répondre. Si elle l'était, peut-être qu'elle prendrait à nouveau l'initiative. Il l'espérait, au fond. Mais il y avait plus important.

« Je suis content qu'elle puisse compter sur quelqu'un. »

Il était apaisé, à présent.

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