La maison qui se présentait était modeste, très modeste. Elle était faite de brique assombris par la saleté. Les rares fenêtre étaient bouchées par des tissus faisant office de rideau sans doute. Il y eu quelques longues secondes de silence après qu'Anna ai frappé à la porte. Rien ne semblait se passer à l'intérieur de la maison jusqu'à ce que le loquet se fasse timidement entendre. La porte commence à peine à s'ouvrir, millimètre par millimètre. Il fait assez sombre à l'intérieur et aucun individu ne se présente à hauteur des deux humains. Dans l’entrebâillement, c'est plus bas que Anna pourrait peut-être voir quelqu'un, un enfant visiblement, dont les petits doigts tenaient succinctement le bois alors que ses grands yeux tout ronds pointaient vers l'humaine rousse.

« Fermes cette porte ! »

Plus rien, à part le claquement du bois contre l'autre, brusquement. La porte s'était refermée si vite, sans prévenir, soufflant un peu d'air sur son passage. A nouveau, le silence, moins long cette fois-ci. On entendait cette fois-ci des pas se rapprocher, assez lourd, pas par le poids de la personne mais plutôt par son manque de légèreté dans sa manière de marcher. La porte s'ouvre une seconde fois, moins timidement mais pas complètement non plus. Là, c'est une femme de taille moyenne qui l'ouvre, scrutant de haut en bas les deux personnes se présentant à elle. Elle avait l'air plutôt mauvais de prime abord, ça ressemblait tout aussi bien à de la méfiance si on faisait un peu attention.

« Qui vous êtes ? Vous voulez quoi ? »

Sa voix était éraillée par le temps, peu chaleureuse voir par du tout. Elle continuait à observer d'un œil méfiant ces deux énergumènes qui venaient l'importuner.

La première réponse de la femme vu une réaction plutôt agressive, elle grimaçait levait les yeux au ciel. Un comportement somme toute assez réfractaire à l'aide que voulait lui apporter le duo. Elle tenait fermement la porte entre ses doigts, toujours pas ouverte en grand, prête à la refermer. Son petit garçon s'avança un peu, restant derrière elle, jusqu'à la toucher avant que celle-ci ne se retourne brusquement faire lui pour lui ordonner de reculer.

Elle était méfiante, c'était certains et passait le plus clair de son temps à scruter le duo qui s'était présenter à elle. Particulièrement la jeune fille qui avait une manière étrange de se présenter, ce à quoi elle leva un sourcil. Elle n'était pas touché par leur proposition, loin de là, elle leur répondit même par un rire narquois.

« Vous savez combien de gens ont « pris en charge » cette affaire avant vous ? Si c'est pour le refiler à quelqu'un d'autre d'ici deux jours, je préfère autant pas perdre mon temps encore une fois. J'moccuperais moi même de ces petits idiots qui s'amusent à tabasser mon gamin ! »

Elle grognait, mais ses traits vieillis et fatigués trahissait la lourdeur du fardeau qu'elle portait. Cette histoire durait depuis longtemps déjà et personne ne leur était réellement venu en aide. Elle était agacée, frustrée et surtout n'avait pas grand moyen d'agir si ce n'est protéger son enfant. De dépit, elle soupira longuement avant de pointer son regard sur le Geoffrey.

« Vous n'allez qu'à allez voir aux égouts, paraît que c'est là que tout nos gamins s'font tabasser. Mais ne venez plus nous embêtez avec ça avant d'avoir trouvé quelque chose ! »

Elle claqua alors la porte dans un fracas lourd, laissant le duo avec ces seules informations pourtant utiles.

Le soldat interpellé par la jeune rouquine s'arrête et la contemple un instant avant d'être clairement surpris par sa réponse. Haussant les sourcils, il ne répond d'abord que par un son incertain avant de prendre la plainte en mains. Tout était plus clair à présent.

« Ah ça ! Je me demandais ce que vous pouviez bien avoir à faire là bas. Alors voyons. »

Il commençait à se frotter le menton en signe de réflexion, le regard un peu en l'air en essayant de diriger son esprit vers l'entrée la plus proche des égouts. Il indiqua alors la direction d'un doigts tendu vers celle qu'il pensait être la meilleure. S'ensuivit ensuite des explications directionnelles pour qu'ils puissent trouver rapidement. Il rendit ensuite la plainte avant de continuer son chemin comme si de rien n'était. Il faut croire qu'il avait plutôt l'habitude d'être ainsi interpellé pour des choses telles qu'une simple indication de chemin. Pour autant, il ne tenait clairement pas à s'attarder et avait probablement mieux à faire.

Cependant, le duo avait maintenant une direction à suivre. Pourtant, quelques instants plus tard, ils pourraient entendre une petite voix les héler la main en l'air, s'agitant pour capter leur attention.



« Madame, madame ! Monsieur ! »

Courait vers eux un enfant, pas très grand et à la tignasse blonde. Si de prime à bord il pouvait être n'importe lequel, le duo pourrait sans doute s’apercevoir rapidement qu'il s'agissait du garçon qui leur avait ouvert la porte tout à l'heure. Il arrivait jusqu'à eux avant d'arrêter sa course, posant ses mains sur ses genoux avant d'essayer de reprendre sa respiration. Il avait visiblement mis beaucoup d'énergie à les retrouver. Une fois ses esprits retrouvés, il se redressa, s'adressant à eux de sa petite voix.


« Vous allez pas les trouver, il y sont que l'soir. C'est encore trop tôt et pis s'ils vous voient arriver, ils vont partir. Dès qu'ils voient un adulte ils s'en vont t'façon. »

L'enfant sursaute grandement quand la grande main du vieux bonhomme devant lui s'abat sur sa tête. Mais la surprise passé, il lui accorde finalement un sincère sourire après s'être recoiffé succinctement. Puis c'est avec une seconde d'immobilisme qu'il accueillis la petite pièce au creux de sa main, avant de révéler dans le fond de ses yeux un éclat nouveau et émerveillé. N'ayant à présent d'yeux que pour sa pièce, il lui fut difficile d'en décrocher pour répondre à Geoffrey.


« Euh, oui... Enfin, non ! J'veux dire... Disons que c'est par les égouts qu'ils s'en vont, mais ils attendent à l'entrée pour attraper les ptits qui passent par là... »

Il grimaçait avec insistance, plutôt déçu de ne pas avoir pu aider plus que cela. Mais finalement, la douceur de la main de la rouquine lui fit relever le fief. D'un air déterminé, il serra le poing et regardait tour à tour les membres du duo.



« J'compte sur vous ! J'espère qu'vous allez les attraper ! »

Puis il se détourne avec joie avant d'entamer sa retraite, qu'il stoppe brusquement avant de se retourner.


« Euh... Est-ce que... Hm. Maman va m'gronder si elle me voit rentrer tout seul. Est-ce que vous pouvez me raccompagner ? »

Ses petits yeux passent de l'un à l'autre des deux enquêteurs. Il a sans doute une préférence pour la rouquine, mais le grand et vieux monsieur serait peut-être du meilleur effet, alors son attention se porte plus lourdement sur lui.

Finalement, Geoffrey daigne accéder à sa requête en demandant à la rouquine de rester sur place, au cas où il se passerait quelque chose. Finalement, de longues minutes passent et il ne revient pas, peut-être appelé par d'autres obligations, tandis que le crépuscule commence à colorer chaudement le ciel.

Un long moment de silence accompagne la solitude de la renarde. Les rues au loin s'apaisent et la lune éclaire maintenant les pavés.

Au fond des égouts, l'écho d'un bruit répétitif cogne sur les parois des murs de l'entrée des égouts. Quatre pour être exact. Tout s'arrête l'espace d'une seconde puis de l'ombre surgissent lentement six silhouettes encapuchonnées. Leur taille, pour la plupart, dépasse celle de la renarde métamorphosée d'une dizaine de centimètre, parfois plus ou mois pour certaine. Chacune tient dans sa main un épais bâton de bois, fermement tenu. Aucune possibilité de discerner leur apparence. Leur cape est sombre, épaisse et longue. Camouflant de leur visage jusqu'à leurs pieds. Sous ses traits enfantins, la renarde est rapidement cernée par les six invités nocturnes. L'un d'eux s'avance, la tête basse pour cacher son identité.


« Tu n'en a pas eu assez la dernière fois ? Tu en veux encore c'est-ça ? »

Son timbre est menaçant mais sa voix semble délicate. Davantage hautaine peut-être. Elle appartient visiblement à un jeune garçon dont la mue vient sans doute de se terminer. Ses comparses rient discrètement, il s'agit là aussi d'enfants visiblement plus âgés que la renarde déguisée. Tous se rapprochent et réduisent le cercle autour d'elle. Celui qui a parlé s'avance un peu plus.



« Cette fois-ci devrait te passer l'envie de revenir. »

Il lève son bâton lentement et l'abaisse brutalement vers ce qu'il croit être le même enfant qu'il avait croisé plusieurs nuits avant celle-ci.

Le temps semble gêler autour de la transformation de la renarde. Ses assaillants sont pétrifiés l'espace d'un long moment. Le silence opère, teinté du grondement de l'engeance d'Aqua. Leur instinct de survie est ralentis par la courte expérience de leur jeunesse. Le premier est saisi, le deuxième aussi. Finalement, l'un des autres s'exclame.



« Mais c'est... C'est un criminel ! »

Des éclats y répondent, apeurés. Ceux qui le peuvent s'échappent et s'engouffrent dans les égouts d'où ils proviennent. Celui capturé par sa queue s'agite et quelques sanglots trahissent sa peur. Son corps tremble et se débat comme il le peut. Pour celui qui s'était cru assez fort pour frapper un enfant plus jeune que lui... et bien celui-ci ne se débat pas.

La renarde, plus puissante que lui, pourra sentir qu'il ne s'agit en réalité pas d'un humain, mais d'un cousin métamorphosé comme elle avant cela. Sa capture a dévoilé son visage, délesté de sa capuche. Il semble calme en apparence, mais son corps trahis son incertitude en de faibles tremblements. Par sécurité, il choisi de divulgué une bride de vérité à voix basse. Insuffisante pour que le deuxième adolescent l'entende, de toutes manières trop occupé à chouiner.



« Tout ce que tu as besoin de savoir, c'est que nous le faisons dans ton intérêt. Dans notre intérêt à tous. »

Lui qui n'avait sentit sa nature plus tôt, il savait pertinemment que la renarde était plus puissante que lui et connaissait maintenant sa propre nature.



« Fais moi confiance. »

En revanche, il ne se risquait pas à dévoiler la sienne en présence des yeux indésirables capturés plus loin. Préférant conserver intacte sa supercherie, il commence à mimer l'intention de se défaire de l'emprise de la renarde et à emprunter un jeu d'acteur efficace.



« Laisse le partir ! Je ferais tout ce que tu veux mais laisse le partir ! »

Si cela fonctionnait, l'adolescent véritablement humain prendrait ses jambes à son cou et ainsi, une certaine quiétude serait restaurée.

Le Demi-Dieu encore métamorphosé n'estimait pas utile de reprendre sa forme originelle, mais peut-être que cela lui permettrait de créer un lien qui était quasi inexistant à l'heure actuelle. Il s'assure d'abord que l'enfant qui était avec eux se soit bien évaporé dans l'ombre du tunnel menant jusqu'aux égouts. Son air détendu reprends le dessus, mais après une visible réflexion, il décide de conserver sa forme humaine.

« Pardonnes-moi, il y a si longtemps que j'emprunte cette apparence . Je crains ne pas vouloir faire marche arrière. Toi aussi tu devrais retrouver forme humaine. Ta tête est sur beaucoup de mur et même si elle l'est moins que celle de ta libératrice, tu prends malgré tout un grand risque en te montrant de la sorte. »

Son intention première n'avait pas été de détourner le sujet ou d'esquiver la question. En apparence, il lui prodiguait un conseil sincère et c'était peut-être le cas. Sans doute même, selon ses paroles antérieures. Mais en réalité, il n'allait pas pouvoir lui donner gain de cause.



« Je suis désolé, je ne suis pas autorisé à « t'expliquer ». »

Elle comprendrait aisément que l'ordre de ne rien divulguer de compromettant lui avait été donné et qu'il ne pourrait, même avec toute la volonté du monde, faire autrement. Il avait au moins l'air sincère.



« Tout ce que je peux te dire, c'est que nous agissons pour le bien des divinités que nous sommes, toi et moi. C'est l'essentiel, non ? »

Leur conversation n'allait sans doute pas pouvoir s'éterniser et la présence de Xion non plus. Elle s'était montrée et les enfants apeurés allaient sans doute alerter les autorités. Combien de temps-allait elle mesurer encore sa chance ?