Le jour suivant l’envoi de sa missive, le Comte Katar pourrait en recevoir la réponse, amené jusqu’à son manoir par un serviteur assez jeune. Celle ci l’invitait à se présenter à la bijouterie de Toeni en cette fin de journée ensoleillée. La lettre était signée de la Comtesse Camille de Toeni. Une fois arrivé au point de rendez vous, le Comte serait face à une bâtisse impressionnante, faite de pierres blanches, présentant plusieurs grandes baies vitrées. Les tuiles du toit étaient d’un bleu resplendissant, jouant à se mêler avec le ciel lui même. Deux miliciens étaient postés à la garde de l’entrée, d’autres à chaque fenêtres. Sous ces dernières, des parterres de fleurs blanches et jaunes qui avaient déjà pris leur forme la plus belle.

Une fois entré à l’intérieur de la boutique, tout était semblable. Le sol était fait de grand carreaux immaculés, dont chaque jonction présentait un petit losange noir. Les murs étaient tapissés de tissus bleu roi, présentant quelques volutes dorés venant souligner sa couleur, segmenté par plusieurs piliers ivoires soutenant le haut plafond. Les baies vitrées étaient encadrées par de lourds rideaux marine, brisant la rigueur de leurs carreaux transparents. Plusieurs plantes aussi verdoyantes les unes que les autres apportaient fraîcheur à la pièce tandis que celle ci présentait plusieurs vitrines dans lesquelles brillaient tout un tas de bijoux aux métaux et pierres différentes. Il y avait là aussi plusieurs miliciens qui veillaient à chaque coin de la pièce, tandis que quelques canapés bruns permettaient de patienter quelques instants. Une jeune femme brune aux traits fins et à la robe clair vient alors à la rencontre du Comte, le saluant d’une courte révérence et l’invitant à s’installer sur l’un des canapés le temps que la maîtresse des Lieux vienne l’accueillir. Patientant ainsi, il pourrait observer la grande pièce, plutôt calme à cette heure malgré encore quelques clients à l’allure bien apprêté. Auprès d’un couple, il pourrait noter la présence d’une femme blonde, proche de la cinquantaine, les cheveux relevés en chignon décorée d’une tiare dorée. Sa robe était très belle mais assez simple, aux couleurs beiges. Son regard bruns note alors la présence du Comte et lui adresse une révérence de loin, avant de finir avec ses clients quelques minutes plus tard.

Les ayant accompagné jusqu’à la sortie elle s’approche du Comte Katar, les mains jointes avec délicatesse devant elle. Gracieusement, elle s’incline alors avant de plonger son regard sombre dans le sien. Calmement, elle finit par se présenter.

“ Ravie de vous accueillir Monsieur le Comte. Veuillez m’excusez de vous avoir fait attendre, j’ai à cœur d’accorder à chacun de mes clients le temps qui lui ai dû. ”

Elle s’incline alors une nouvelle fois et lui indique d’un geste de main ample, la direction qu’ils vont prendre, vers une porte située au fond de la pièce.

“ Si vous voulez bien me suivre. ”

Ses talons claquaient sur le sol émaillé, s’assurant que le Comte la suivait bien, elle le guide jusqu’à la pièce plus loin. La servante leur ouvrit la porte en s’inclinant respectueusement, la tenant afin que tout deux puissent entrer. Ici, l’ambiance était déjà moins claire. Au contraire de la pièce principale de la boutique, les tapisseries étaient ici d’un rouge sombre, habillant les murs tout comme le plafond. Les piliers en coin de pièce étaient les mêmes, ainsi que les carreaux sur le sol. Les rideaux ici étaient tout aussi lourds, mais étaient tissés par du fil cramoisi et déjà un peu plus fermés que ceux dans la pièce à côté. Il y avait toujours des plantes, mais surtout au centre de la pièce déjà bien plus petites, une table basse de bois sombres aux décorations violettes. Deux fauteuils et un canapé rouges, visiblement très confortables, étaient disposés autour. La lumière de la fin de journée était encore suffisante pour éclairer l’endroit. La Comtesse invite le Comte à s’installer où bon lui semble, prenant place ensuite sur l’un des fauteuils. D’un geste de la main, elle appelle sa servante à qui elle demande deux tasses de thé, cette dernière quittant la pièce après une courte révérence. Camille de Toeni se tenait droite et instaure quelques secondes de silence en jaugeant le Comte face à elle. Puis elle croise ses jambes et ses doigts sur ses genoux. Sa voix calme et neutre s’élève alors.

“ Alors dites moi, que me vaut l’honneur de votre visite Monsieur le Comte ? ”

Un de ses sourcils se souleva a l’évocation de vouloir mettre de côté les politesses d’usages. D’abord par surprise sans doute, puis le deuxième vint rejoindre son homologue, donnant au visage de la Comtesse un air quelque peu satisfaite sans doute. Ainsi se redressant encore davantage, elle changea le croisement de ses jambes lentement, avant d’y reposer ses mains entremêlées. Elle acquiesça alors d’un simple hochement de tête, l’invitant donc à poursuivre. Son regard brun semblait essayer de sonder les intentions du Comte en face de lui et il y avait là plus que de l’intérêt commercial. Sans doute que les rumeurs courant à son sujet l’intriguait, la rendait curieuse. On ne revient pas de nul part, après des années, sans raison. Mais elle était suffisamment bien élevée pour garder ses questions pour elle même. Et pourtant cet intérêt disparu soudainement, alors que son dos se tendit immédiatement à l’évocation du Nord. D’abord étonnée sans doute, ses sourcils se froncèrent ensuite en une mine contrariée.

“ De quel Nord parlez vous, dites moi ? ”

C’est à ce moment qu’on frappe à la porte, la Comtesse invitant sa servante à entrer de quelques mots lancés. Le silence se fit alors, le temps qu’elle installe le plateau d’argent sur lesquelles deux tasses trônaient, ainsi qu’une théière. La jeune femme brune servit le breuvage brun dans chacune de tasses avant d’en donner une première, avec sa coupelle, au Comte, d’un hochement de tète respectueux. Elle fit de même avec la Comtesse puis disparu aussi silencieusement qu’elle était venue. La Comtesse amena alors la tasse à ses lèvres, soufflant légèrement sur la surface du thé pour l’en refroidir, soulevant une fine brume. Ses yeux se portaient à son breuvage.

“ J’espère que vous n’êtes pas en train de me proposer de vendre ma précieuse marchandise à ces sauvages sans foi ni loi. ”

Ses yeux bruns revinrent alors à ceux du Comte, sa voix étant devenue légèrement plus sèche. Mais sa bienséance lui permit de le dissimuler assez pour ne pas paraître dans de trop mauvaises dispositions. Puis elle sirota une première gorgée du bout des lèvres.

Sa première réponse fit son effet, quoi qu’a retardement. Elle l’avait dans un premier temps toisé silencieusement, d’un air impassible. Puis elle délaissa son regard posé sur lui pour le détourner jusqu’à sa tasse, y soufflant une brève réponse.

Sur ce point, je partage votre avis. ”

Un léger froncement de sourcil marquant le dégoût qu’elle pouvait ressentir à l’encontre de ces sauvageons. Puis elle bu un filet de son thé, avant de le poser délicatement sur la table. Si elle avait paru assez détachée pendant un temps,
la suite des paroles du Comte attira son regard à lui alors que la coupelle de sa tasse touchait le bois de la table. Lentement alors, elle se redressa, ne perdant rien de ses mots, arborant un air des plus sérieux alors qu’elle revint à une position impérieuse. Un haussement de sourcil discret trahit l’effet qu’avait eu ses dernières paroles. Mais une pensée vint assombrir ce furtif intérêt.

“ Ne pensez vous pas qu’en de tels temps troublés, ces familles du Nord n’ai d’autres objectifs pour leur
fortune que de se parer de bijoux ? ”

C’était une question plus anodine qu’il n'y paraissait. L’idée d’étendre son marché n’était pas à écarter, mais la crainte que cela ne fonctionne tout simplement pas était prenante. Sinon, elle aurait déjà développé son commerce jusqu’à ces contrées lointaines.

“ Quelle place souhaitez vous prendre dans cette affaire ? Je pourrais après tout me contenter d’étendre
mes possibilités par mes propres moyens. Qu’avez-vous à m’offrir que je ne saurais avoir ? ”

Si elle avait connaissance de sa personne ? Bien sûr. Qui dans la Capitale n'était pas dans le même ? Elle lui laissa l’opportunité de comprendre qu’elle savait, par un souple mouvement de tête, mais ne l’arrêtait pas quand il commençait à lui conter l’histoire de son retour. Elle l’installa un peu plus dans son siège, déposant avec grâce ses bras sur les accoudoirs, dardant l’homme qui lui faisait face par un regard curieux et intrigué. Oh oui elle était intéressé, mais certainement davantage par la personne que par le marché qu’il souhaitait conclure avec elle. Un léger, très léger rictus illuminait son visage, presque imperceptiblement, à mesure que ses mots fusaient, n’y intervenant en aucune manière jusqu’à leur fin.

Quand il termina sa propre éloge, elle se contenta de lui indiquer de poursuivre d’un geste de la main gracile, croisant à nouveau ses jambes alors qu’elle était confortablement installée à présent. Elle ne manquait rien de ses mots, de ses gestes ou de ses regards. Tout était observé, détaillé et surveillé. Cependant, la Comtesse restait imperturbable dans son observation, quoi qu’il pouvait en penser. Quant il eu finit, elle se permit de lui dévoiler un sourire un peu plus franc, se penchant ensuite vers sa tasse sans plus le regarder.

“ Vous êtes un bon orateur Monsieur le Comte. Habile des ses mots et charmant qui plus est. Prometteur en somme et rien que pour cela je pourrais placer mes intérêts entre vos mains. ” dit elle en finissant sa phrase par une légère gorgée de thé avant de reposer sa tasse. “ Mais j’ai une réputation à tenir comme vous l’avez soulignez et bien que vous me fassiez bonne impression, je ne tolérerais aucun échec, qui plus est rattaché à mon nom. ”

Elle délaissa définitivement sa tasse pour se redresser dans son siège, arborant une posture des plus droites, ayant abandonné son sourire pour un air sérieux et impassible. Elle croisa alors ses doigts à nouveau, posant ses mains sur ses genoux avant de poursuivre.

“ Admettons que j’accepte, il me faudrait prévoir et assurer mes arrières. Notamment en proposant une gamme différente de celle de la Capitale. Les goûts du Nord sont certainement différents, vous en conviendrez. Ainsi, nous procéderions à un premier essai sans que mon nom n’y soit associé. Il est évident cependant qu’en cas d’échec, je ne vous reprendrais pas la marchandise invendue ni ne couvrirais le manque que vous y aurez perdu. ”

Elle laissa un temps de silence s’installer. Ainsi, elle s’évitait des pertes pour son commerce, car après tout elle aurait accomplis sa part du marché. Fabriquer et fournir la marchandise, dont elle s’occuperait d’amortir le coup via son « intermédiaire ». Ainsi, elle poursuivit.

“ Si première collaboration il y a, elle sera restreinte pour vous éviter un maximum de perte. Cela
nécessitera du temps pour penser à une nouvelle gamme. Le temps suffisant sans doute, pour que je réfléchisse à accepter ou non une collaboration avec vous. C’est seulement à ce moment que nous pourrons discuter de chiffre. ” Elle le laissa ensuite répondre si il s’en sentais capable ou avais quoi que
ce soit à y redire. “ Auriez vous quelques contacts qui pourrait m’aiguiller sur l’esthétisme à donner à mes bijoux ? Mieux. Vous, qui avez savamment étudié la question, devez bien avoir un avis sur la direction à prendre ? ”

La Comtesse semblait maintenant réfléchir. Ses yeux bruns se détachant enfin de son interlocuteur pour tenter de trouver une réponse à une question visiblement. Elle posa ensuite son doigt sur sa bouche, tapotant ses lèvres en signe de réflexion.

“ Bien, alors ce sera de l'or blanc qui habillera le cou de ces riches fortunes du Nord. ”

Là était davantage une reflexion personnelle qu'un dialogue avisé. Néanmoins, l'intérêt qu'elle portait à cette nouvelle reflexion était visible. Cette femme aimait son travail à n'en pas douter et un nouvel objectif avait sans doute quelque chose de revigorant. Il y avait aussi ce regard en coin, vers ce Comte qui en plus d'être un fin orateur, semblait avoir du goût. Alors en portant ses yeux à lui, un fin sourire en coin vint trahir l'intérêt qu'elle s'était découvert pour sa personne. Puis elle s'en détourna, croisant ses jambes dans l'autre sens à nouveau, se réinstallant dans son siège. Retrouvant un air sérieux, elle commença à lui énoncer quelques chiffres.

“ Pour vous donner une idée, la valeur d'une bague en or blanc sertie d'un saphir s'élève à cinq-cent tsuris environs, pour un ouvrage assez simple. Pour un collier sertie de diamant, cela peut monter jusqu'à deux milles. Néanmoins, vous vous doutez bien que je ne me contente pas de simple ouvrage et mes prix sont souvent plus élevés. Mais je pense qu'il serait peut-être bon de commencer avec des œuvres plus abordables, pour sonder les possibilités. Cela m'éviterait un surplus d'investissement pour quelque chose qui pourrait ne pas... ”

On frappa à la porte. La Comtesse s'arrêta alors immédiatement, visiblement un peu contrariée par cette interruption pendant ce dialogue plaisant. C'était sa servante, qui arrivant en s'inclinant, l'informa que son mari était là. La Comtesse se permit un léger soupire avant de demander à ce qu'on le fasse entrer. Elle reprit alors une allure plus professionnel, dressant son dos alors que celui-ci avait prit un peu ses aises. Au loin, dans la salle d’à côté, on pouvait déjà entendre les cliquetis d'une armure lourde, s'avançant jusqu'à eux. L'homme passa l'encadrement de la porte d'une largeur qui ne laissait que quelques millimètres libres, s'arrêtant pour observer la pièce. La Comtesse se leva et le salua d'une brève révérence, à laquelle il répondit avant de porter son regard au Comte. Une seconde de silence s'écoula avant qu'il ne s'incline également, à son égard. Le colosse de plus d'un mètre quatre vingt dix s'avança, d'un pas lourd, faisant à nouveau tinter son armure. La Comtesse, toujours debout, le présenta alors.

“ Monsieur le Comte, permettez moi de vous présenter le Colonel Allister de Toeni, mon mari. ”

Ce dernier s'avança jusqu'au Katar, le toisant une seconde à peine avant de lui présenter sa main pour serrer la sienne. Une poigne franche et ferme, mais aucunement écrasante. Le Colonel vint alors s'approcher de sa femme, qui se rassie sur son fauteuil en continuant d'observer le Comte devant elle, d'un air déjà bien moins avenant. La voix rauque du Colonel s'éleva alors dans la pièce, à mesure que ses pas le rapprochaient de sa femme.

“ Veuillez m'excusez de vous interrompre dans cette entrevue. Ce commerce appartenant à la famille de ma femme, elle en est la décisionnaire cependant, son nom étant rattaché au mien, j'aime à m'assurer de la nature de ses possibles associés. ”

A ces mots, il se posta au côté de sa femme, sans s'asseoir pour le moment, dardant le Comte de son regard brun. Il posa ensuite sa lourde main sur le dossier du fauteuil sur lequel elle se tenait avant d'entamer la discussion.

“ Alors dites-moi Monsieur le Comte Akelar Katar, j'ai cru comprendre que vous revenez d'une longue absence. Et vous n'avez pas chômé depuis, on parle de vous dans tous les coins de rues et même que vous comptez prendre pour épouse la fille des El'Galas. ”

Ces mots n'avaient visiblement pas pour but d'avoir une réponse puisqu'il se détourna, simplement, passant de l'autre côté du fauteuil, lentement, s'approchant de celui qui était non loin. Il s'y dirigea en continuant sans plus poser son regard sur le Comte.

“ Mais il y a une chose qui demeure un mystère et qui m'intéresse. ” Dit-il en s'asseyant sur le dit fauteuil, posant son dos sur le dossier en laissant ses coudes reposer sur les accoudoirs, portant à présent son regard sur le Comte. “ Qu'avez vous bien pu faire pendant votre absence ? ”

Sa femme, la Comtesse, n'avait pas quitté son mari du regard pendant tout son petit manège. Mais la question était intéressante et sa curiosité n'était pas à démontrer. Son regard à elle aussi se porta sur le jeune Comte, à la question formulée.

Le Colonel l'écoutait avec attention, jusqu'à même arquer un sourcil, rapprochant son buste de son interlocuteur, les coudes reposant toujours sur les accoudoirs. Sa tête commençait même à se pencher légèrement sur le côté. L'aventure. Voilà qui devait manquer au Colonel de Lüh, sans doute plus souvent cloitré entre les murs de la Capitale plutôt qu'à l'extérieur. Et pourtant, l'aventure ne lui était pas étrangère. Simplement lointaine. Cependant, si il avait envisager s'intéresser davantage à ces fameuses histoires, leur conteur ne lui en laissa pas l'occasion puisqu'il souhaitait amener un retournement de situation. Le Colonel se redressa alors, observant le Comte s'asseoir, le visage soudainement plus refroidis.

“ Je vous en prie. ”

Il ne s'attendait sans doute pas à la question qui allait suivre, mais ne lâchait rien de son regard porté au Comte Katar. Et à la question, une bien brève réaction, imperceptible pour les plus novices d'entre eux. Ses paupières tressaillirent, légèrement. Il resta bien en place, arborant la droiture de son poste avant de froncer les sourcils d'un air interrogatif.

“ Un mystère dites-vous ? Je ne crois pas avoir connaissance de quelque chose de la sorte. ”

Ses yeux se portèrent jusqu'à sa femme, forçant sa mine interrogative, qui était restée stoïque. Son regard n'était, à ce moment, plus celui du Colonel, mais du mari. Une seconde à peine il l'observa, elle et son visage avant de revenir au Comte. Levant un sourcil, il s'adressa à lui d'une voix assez légère.

“ Auriez vous une mystérieuse information à me rapporter Monsieur le Comte ? Je suis assez friand de ce genre de chose, d'autant plus si elle me concerne et que je n'en ai pas connaissance. ”

Il s'installa un peu plus confortablement dans son fauteuil, visiblement moins sur la défensive. Il sentit alors la main de sa femme se poser sur son avant-bras, attirant son regard à elle. Cette dernière lui accorda alors un sourire, se tournant de temps à autres vers le Comte Katar.

“ Allons, nous avons assez abusé du temps de ce cher Comte. Vous pourrez très certainement apprendre à le connaître en d'autres circonstances. Je vais de toutes façons bientôt devoir fermer boutique. Léanne doit vous attendre. ”

A ces mots, elle se releva gracieusement, le regard de son mari sur elle tandis qu'elle le lui rendait, couplé d'un sourire. Il fronça alors légèrement les sourcils avant d'inspirer profondément en baissant les yeux, se relevant de son fauteuil. Son air était étrangement désolé, mais disparu quand il s'approcha du Comte en lui tendant à nouveau sa main.

“ Comment pourrions nous survivre sans nos femmes. Ravi de vous avoir rencontré Monsieur le Comte. ”

Sa voix était nette et claire, certainement sincère qui plus est. Son visage était resté neutre mais ne semblait en aucune façon ironique. Leur salutations faites, ils s'éloigna des deux potentiels associés, se retournant vers eux en s'inclinant, avant de sortir de la pièce. La porte se refermant sur lui par la servante qui disparue derrière elle, la Comtesse se tourna vers le Comte, les lèvres pincées dans un sourire gênée.

“ Veuillez l'excuser, c'est un homme protecteur qui a à cœur de veiller sur sa famille. ”

D'un air déjà légèrement plus chaleureux, la Comtesse lui accorda un fin sourire, accompagné d'un bref hochement de tête pour montrer son accord. A la suite du Comte, elle se redressa également, avec toute la grâce que lui octroyait son rang et son nom.

“ Faisons comme cela, oui. J'en discuterais dès demain avec mes artistans, vous aurez de mes nouvelles bientôt, soyez en sûr.”

D'un geste, elle l'invita à se diriger jusqu'à la porte du petit salon où il s'était entretenu. La soleil avait effectivement bien décliné et la pièce était déjà plus sombre que tout à l'heure. Accordant ses pas aux siens, elle l'accompagna jusqu'à la dite porte avant de lui ouvrir. Elle s'inclina alors, se relevant avec un fin sourire, qui en disait peut-être plus long qu'il n'y paraissait.

“ En tout cas, ce fut un réel plaisir monsieur le Comte. Passez une agréable fin de soirée.”

Le Comte fut ensuite raccompagné, jusqu'à la sortie de la boutique, par la servante. On lui ouvrit la porte avant de le laisser quitter l'endroit, étant salué par cette dernière comme par les miliciens sur son chemin.

C'est donc deux jours plus tard qu'une seconde lettre lui fut adresser. Dans celle-ci, on pouvait lire que la Comtesse de Toeni souhaitait le revoir pour discuter à nouveau de leur futur affaire. Elle lui donna à nouveau rendez vous à sa boutique, cette fois-ci un peu plus tôt dans la journée, en début d'après-midi. Le décor n'avait pas changé évidemment, les miliciens étaient toujours bien à leur poste et le Comte Katar fut à nouveau accueillis par la même servante, dont le détachement et le professionnalisme lui donnait l'air presque absente. Cette fois-ci, on l'informa que la Comtesse l'attendait déjà dans le salon et il y fut accompagné.

Ouvrant la porte pour le laisser entrer, la servante la referma derrière lui. La Comtesse, qui était assise sur son fauteuil, se redressa alors pour le saluer d'une courte révérence avant de l'inviter à s'installer sur le même siège qu'il avait utilisé la dernière fois. Les lourds rideaux rouges avaient été fermés cette fois-ci. Après tout, il y avait une affaire à mener et les regards indiscrets ne seraient pas les bienvenus. Sur la table basse, qui séparait les fauteuils, se trouvaient quelques parchemins ainsi que deux plumes et un encrier. Après que le Comte se soit installé, la Comtesse pris place dans le troisième fauteuil, qui avait été installé non loin du premier, n'ayant comme séparation que le coin de la table.

“ Une bien belle journée que celle-ci Monsieur le Comte. Comment allez-vous depuis votre dernière visite ?”

La Comtesse jeta, à son tour, un regard vers les rideaux fermés. Effectivement, cela pouvait être à déplorer au vue de la sublime journée au dehors. Mais ils allaient tout deux parler affaire, il lui avait semblé bien normal de les fermer. Mais elle n'eut même pas le temps d’apprécier un peu d'échange avec le Comte que celui-ci amena la raison de leur nouvelle rencontre sur la table. Un air surpris vint à tendre légèrement les traits de la Comtesse, avant qu'elle ne se laisse aller à un sourire amusé.

“ Toujours aussi peu conformiste.”

Elle ne pu alors se retenir, durant une seconde à peine, de contempler ce jeune Comte qui était venu à sa rencontre. L'allure sombre, la présence agréable, le franc parlé, les traits charmants. Mais elle était aussi suffisamment professionnelle et consciencieuse pour ne laisser paraître que très peu le fond de ses pensées, revenant à la table devant eux. Elle glissa une feuille de parchemin où étaient annoté plusieurs choses, qu'elle s'en allait lui expliquer.

“ Avant toute chose, vous devez connaître le prix de revient de ma marchandise. Il équivaut à 40 tsuris le gramme, pour de l'or. Le prix comprends les différentes étapes pour obtenir le produit fini. Je suppose que les détails vous seront superflus. Pour exemple, un collier simple en or pèse environs cent gramme. Ainsi, mon investissement pour sa fabrication est de 4000 tsuris.”

Légèrement penchée sur la table pour guider son doigts entre chaque information donnée, elle jetait de temps à autres son regard vers le Comte, s'assurant qu'il suivait convenablement ses explications.

“ Pour ce même collier et en vente directe, je le cède à hauteur de 5200 tsuris à mes clients. Une paire de boucle d'oreille me coûte 240 tsuris, je les revends 312. Un diadème m'en coute dans les 8000 tsuris et je le revends à hauteur de 10 400. Il y aussi la valeur des pierres à sertir qui s'ajoute à ce prix final, qui défère selon leur taille et leur nature. Pour exemple, un petit saphir coûte 300 tsuris alors qu'une émeraude de la même taille vaut 700 tsuris.”

Après ce flot d'explication, visant peut-être à le perdre au milieu d'information pas plus utile que ça le concernant, elle s'aventure une fois encore à l'observer, tout en se redressant lentement sur son siège, croisant ses jambes à la même allure, en y déposant ses mains aux doigts entrelacés.

“ Ce que vous devez surtout savoir c'est la marge que je m'en fais, soit trente pourcent. N'ayant aucun intermédiaire, elle représente du bénéfice net pour moi et mon commerce.”

Son regard, il y a quelques minutes plus tôt chaleureux, redevient neutre et vissé dans celui de son interlocuteur.

“ Je peux consentir à n'en obtenir que 25 pourcent. En revenant à l'exemple du dit collier, je vous le cèderait donc pour 5000 tsuris. Ce qui vous accorde un bénéfice net de 200 tsuris, si vous vous contentez de le vendre aux prix que je pratique évidemment. Libre à vous d'en demander davantage auprès de votre clientèle.”

Elle avait bien observé son manège, restant stoïque face à lui, malgré un sourcil arqué de temps à autre, notamment à l'évocation de ses réussites. Un peu plus au nom de la Duchesse. Ses yeux bruns ne l'avaient pas quitté, jusqu'à ce qu'il termine son éloge et surtout, sa négociation, s'étant rapproché d'elle. Inspirant lentement par le nez, elle se fit plus grande avant de se pencher délicatement vers lui également, réduisant considérablement l'espace entre eux. Plantant son regard dans le sien, elle répondit simplement.

“ Mais je ne suis ni la propriétaire de la Grande Arène, ni même la Duchesse.”

Son regard était à la fois taquin et froid, un mélange dont seule cette femme semblait avoir la faculté. Elle se redressa alors, se détournant du Comte pour se tourner vers la table, attrapant un papier et une plume, en ajoutant.

“ Avec tout le respect que j'ai pour elle, évidemment.”

Elle se mit alors à griffonner quelque chiffre. Apparaissait les 4500, les 9000 et quelques autres chiffres qui, ainsi tourné vers elle, ne dirait sûrement rien au Comte. Elle finit donc ses calculs sur le chiffre 13, qu'elle souligna d'un trait vif. Puis dans un soupir, elle se redresse et se tourne vers le Comte, d'un air neutre.

“ Vous me demandez donc de me contenter d'une marge de 13 pourcent, alors que je pourrais continuer à profiter de mes 30 pourcent sans votre aide. Qui plus est, ce n'est donc pas les 54000 tsuris promis qui entrerons dans mes caisses, puisque souvenez vous, dans ce prix il me faut rembourser la fabrication de ma marchandise. Ce n'est donc pas ce montant que j'obtiendrais, mais 7000... Histoire d'avoir un compte rond.”

Là, sa tête se penche légèrement sur le côté, en signe de rétorque à ses propres mots. Elle croisa les alors ses jambes, qu'elle avait décroisé avant de griffonner d'autres chiffres pour elle même. Ses avants bras se posèrent l'un sur l'autre, sur sa cuisse la plus haute. Son port était altier et d'une droiture impressionnante.

“ Votre discours est charmant, mais je n'ai aucun intérêt à être moins gagnante que vous dans cette affaire. Si 5 pourcent ne vous suffisent pas, je vous en donne 10. Ainsi pour... ” Elle griffonne à nouveau, marmonnant pour elle même. “ 50000 tsuris de mon investissement, j'obtiendrais un bénéfice de 10000 et vous 5000. Voir plus selon vos qualités de négociateur.”

A cette fin de phrase, elle se tourne vers lui, la main tenant toujours entre ses doigts la plume, attendant sans doute son assentiment.

A la suite du Comte, la Comtesse se redressa, quelque peu interloquée sans doute par une entente si rapide, quand quelques minutes auparavant, il avait tenté de négocier le non-négociable. Néanmoins, l'accord lui convenait, c’était tout ce qui comptait. Elle lui tendit alors sa main, à la suite de la sienne et ainsi, il conclure par la symbolique cet accord. Elle lui accorda un léger sourire avant de se rasseoir pour commencer à ratifier, sur un parchemin vierge, les termes de leur accord. C'est alors que le Comte l'informa ne pas être en mesure de conclure dans l'immédiat, elle fronça donc les sourcils et se tourna vers lui d'un air étonné, ne saisissant que par la suite où il voulait en venir. Un sourire amusé et elle répondit.

“ Bien sûr, ce serait un honneur et un plaisir de vous compter à notre table ce soir. ”Elle se redressa alors, pour lui faire face. “ Je m'occuperais de finir d'écrire notre contrat, nous le signeront ce soir à ma demeure. Souhaitez-vous que j'envoie des hommes vous chercher où vous saurez vous y rendre sans mal ? ”

Cette question solutionnée, elle le guida d'un geste gracieux jusqu'à la porte du salon qui s'ouvrit d'elle même, ou plutôt pas la servante certainement alertée par le bruit de ses talons claquant sur le sol. Puis elle l'accompagna jusqu'à la sortie de la boutique, le laissant quitter l'endroit après une brève révérence, lui intimant que ce fut un réel plaisir de parlementer avec lui.

Le rendez-vous était donc donné, ce soir pour l'heure du souper. Le soleil commençait à décliner quand le Comte se présenta au grand portail de fer forgé, qui s'ouvrit par l'aide de deux gardes postés là. L'accueillant d'une courte révérence, un servant habillé sobrement, mais par du tissu de très bonne facture, vint à sa rencontre et le guida jusqu'aux portes de la demeure. Traversant un grand jardin, pavé d'un gravier très fin, encadré par des haies de fleurs colorées par la saison printanière, de grands arbres décoraient l'étendue verte. La demeure se présentait face à lui, grande et imposante, faite de pierres blanches. Un grand escalier, nacré lui aussi, les menait à une ligne de piliers soutenant une grande terrasse à l'étage du dessus. La porte d'entrée s'en trouvait juste en dessous et fut ouverte par deux autres serviteurs.

Une grande pièce s'ouvrait à lui, de pierre blanchies et polies. Un long tapis sombre marquait son arrivée et courait jusqu'aux marches d'un grand escaliers, central à la pièce. Décoré relativement comme la boutique de la Comtesse, avec de grands rideaux aux baies vitrées, des plantes vigoureuses, quelques chandeliers au mur pour éclairer. En haut de cet escalier se trouvait la Comtesse, les mains jointes devant elle, vêtue d'une robe aux teintes chaleureuses. Elle accorda un sourire à l'arrivée du Comte. Son mari arriva à sa suite, défait de son armure cette fois-ci, arborant un vêtement sobre, de grande qualité, dans des tons bleus profonds.

“ Soyez le bienvenu Monsieur le Comte. Rejoignez nous, nous allons prendre l'apéritif dans la salle à l'étage. ”

A ces mots, le Colonel s'inclina respectueusement, avant que le Comte n'ai monté ces grandes marches. Il semblait déjà moins suspicieux que la dernière fois, ou du moins, plus discret. S'accordant un simple « C'est un plaisir de vous revoir » il emboita le pas de sa femme, aux côté du Comte, le menant jusqu'à cette fameuse salle dont elle venait de parler. Un servant leur ouvrit la porte, donnant sur un salon fait des mêmes pierres, portant un tapisserie rouge, ainsi qu'un grand tapis réchauffant le sol. Sur le côté, une grande cheminée avait été allumée, devant laquelle était disposé un petit salon, semblable à celui de la boutique dans lequel ils avaient convenu d'un accord.

De l'autre côté de la pièce, une grande table, quoi que moins que ce qu'on aurait pu imaginer. Tenant place pour huit personnes tout au plus, quelque chose d'au moins plus intimiste qu'une grande tablée, trop pour seulement trois personnes sans doute. La Comtesse invita les deux hommes à s'installer à la table basse, accompagnée de deux canapés. Le couple de Toeni s'installa sur un et laissa l'autre au Comte. Le Colonel était définitivement plus calme et ne disait pas grand chose, quand sa femme prit la parole.

“ Alors, par quoi commençons nous ? Un verre, ou la signature de notre accord ? ”

Un serviteur fit son entrée, la marquant d'une révérence, avant de traverser la pièce pour se diriger vers une armoire de l'autre côté. En quelques instants, un plateau avec trois verres fut disposé sur la table basse entre le couple et leur invité. La Comtesse prenant acte des préférences de boissons du Comte, avant que son verre ne lui soit servit.

L'odeur de viande cuisant à petit feu remontait déjà les escaliers, prenant sa source dans les cuisines aux rez de chaussée. Si la porte du salon était close, les effluves ne manquaient pas de passer en dessous. Le bourbon du Comte lui fut servit, la Comtesse opta pour un sobre verre de vin quand on servit à son mari un rhum ambré. Le servant avait agit avec la plus grande des discrétions, adresse et politesse. La Comtesse invita son futur associé et son mari à trinquer ensemble, dans un sourire plein de mesure mais néanmoins sincère. Ainsi, quand elle porta son verre à ses lèvres, c'est un regard soutenu qu'elle porta au Comte. Mais le colonel était observateur aussi et du coin de l’œil, il nota cette attention sans y répondre quoi que ce soit cependant. Il se contenta de s'affaisser lourdement dans le coin de canapé gauche sur lequel il trônait, y laissant reposer son bras tenant le verre.

La Comtesse, après une seconde gorgée, déposa son verre avant de se relever pour se diriger vers la commode à l'arrière. C'est donc le Colonel qui ouvrit la conversation avec le Comte, par des excuses qui plus est.

“ Je vous prie de m'excuser pour la dernière fois, je quittais à peine mon poste et je crois que les mécanismes de la Garde ont eu raison de votre première impression me concernant. ”

Il inclina légèrement la tête et s'avança quelque peu, afin de tendre son verre à ce Comte si mystérieux. Cherchant ainsi à faire oublier ses maladresses, il n'en paraissait pas moins sincère. Mais dans quel but cherchait-il à se faire pardonner ? Rien n'était moins sûr. Cela semblait être simplement une question de courtoisie envers le futur associé de sa femme, qui avait dû certainement lui en toucher deux mots. En parlant de cette dernière, elle revint avec le parchemin et son sceau, quand le servant revenait successivement avec de l'encre, une plume et une bougie de cire rouge. Tout à disposition sur la table basse, elle glissa le parchemin jusque sous les yeux du Comte pour qu'il puisse en lire le contenu. Celui-ci stipulait l'exacte marché qu'ils avaient conclu verbalement, à savoir, que la Comtesse lui vendrait ses marchandises avec vingt pourcent de marge, lui laissant ainsi disposer des dix restant sur les trente habituels. Il faisait également mention de sa qualité d'intermédiaire sur le marché qu'ils allaient ouvrir au Nord et qu'il pourrait ainsi se présenter en tant que tel auprès de leur futur client.

“ Si tout vous conviens, je vous laisse apposer votre sceau et votre signature. ”

Quand ce fut fait, elle fit de même en récupérant le parchemin, après quoi elle le récupéra pour le ranger dans la commode, le servant faisant de même avec le reste de ce qui était resté sur la table, pendant que la Comtesse rejoignait sa place. Ainsi, elle leva son verre à nouveau, vers le Comte, pour trinquer alors que son mari se contentait de lever le sien, leur laissant cet échange. Elle demanda ensuite à son servant de disposer et de revenir avec le dîner quand celui-ci sera prêt.

Durant ses paroles, le Général avait les yeux rivés sur la main du Comte tenant son verre de bourbon. Sans faire le moindre commentaire pour l'heure cependant, il se contente de siroter son rhum silencieusement, assis dans ce coin de canapé. Sa femme reste égale à elle même, les jambes croisés gracieusement faisant face à son interlocuteur, se penchant même légèrement durant leur échange, approchant son verre à ses lèvres régulièrement. Elle se contentait de sourire quand un premier compliment se fit entendre. Puis un second, qui rendit son air déjà plus complice. Mais à la question concernant « leurs filles », le Colonel resta stoïque même si le regard du Comte était vissé dans les siens. Il se redressa alors lentement, rompant ce contact visuel en asséchant d'un seul trait le fond de son verre pour commencer à s'en servir un autre. Pendant ce temps, c'est sa femme qui reprit la parole, cherchant le regard du Comte en se penchant légèrement entre lui et son mari, d'un air légèrement embêté.

“ Je crains que vous ne soyez mal renseigné Monsieur le Comte. Je n'ai mis au monde qu'une seule fille et je crains que mon âge ne me permette pas d'en offrir une seconde à mon mari. ”

Elle se tourna vers ce dernier, lui adressant un léger sourire qui se voulait affectueux. Il y répondit rapidement par un similaire, toujours aussi silencieux mais déjà plus droit dans son coin de canapé. Se contentant toujours d'observer, sa femme repris.

“ Et malheureusement non, elle ne sera pas des nôtres ce soir. J'espère que l'intérêt que vous lui portez n'est que de la simple curiosité. Il me semble que vous êtes déjà promis à la fille des El'Galas.  ”

Il n'y avait rien de sérieux dans cette remarque, son sourire amusé en témoignait. Elle porta alors à nouveau son verre au breuvage sombre à ses lèvres rougies pour l'occasion. C'est à ce moment que son mari décida de rejoindre la conversation, désignant la main du Comte d'un doigt de sa main tenant son propre verre.

“ Votre main est blessée monsieur le Comte ? ”

Son air était assez soucieux. Il savait après tout quelle genre de douleur pouvait provoquer une fracture, qui plus est à la main. Sa femme en profita alors pour enchérir, d'un air bien plus étonné et concerné.

“ Oh, c'est vrai ?! Que vous est-il arrivé ? ”