La foudre frappant dans la nuit

Si Il m'avait envoyé recueillir des informations sur ce dénomé "Ravageur", heureusement pour moi, il n'avait pas été présent à mon retour, ce n'était pas dans mes projets de le décevoir, ni maintenant ni jamais. Après quelques jours à aller et venir entre plusieurs tavernes, car là était selon moi les meilleurs endroits pour entendre ce que l'on voulait écouter, je n'avais récolté que peu d'informations à son propos. Son alliance avec le Keizer était évidente pour tout le monde, ce serait même grâce à cette dernière qu'il peut compter aujourd'hui parmi ses alliés un enfant d'Aer. Et si son nom n'avait été entendu nul part ailleurs avant ça, c'est son alliance avec le chef du Nord qui lui aurait « donné des ailes », sans mauvais jeu de mot.

Quoi qu'il en soit, j'étais rentré trop bredouille à Sirk, alors la surprise de ne pas savoir le Démon présent dans les lieux avait été plutôt bonne. J'en avais d'ailleurs profité pour repartir presque aussitôt, sans le consulter évidemment, pour rejoindre les miens à Heilan. Pour ne pas faire paraître ça pour un abandon, ou une quelconque fuite, j'avais évidemment laissé Hagen, Astrid, Lothar et Ivar. Ils sauraient s'occuper et se rendre utile. Sirk était encore en travaux et ils prêteraient main forte à sa construction. Concernant mon congé, je ne doutais pas qu'Astrid lui en expliquerait les raisons, sans même que j'ai à lui demander de le faire, puisqu'elle semblait aimer lui divulguer des informations sans ma permission.

En tout cas, c'est finalement là bas que j'ai entendu une histoire étrange qui avait un lien avec le Ravageur, enfin avec son fils de Terra plus précisément. Je ne savais pas vraiment si ça allait se révéler utile, Lui seul pourrait le savoir. Mais ce n'était évidemment pas tout, car mon séjour, d'une semaine au moins, voir plus, n'avait pas été des plus calmes, loin de là. J'avais été ballotté entre tellement d'émotions, de ressentis, tous plus antagonistes les uns que les autres, j'avais littéralement l'impression que j'allais imploser si je ne faisais rien. Je le sentais, au fond de moi, j'étais extrêmement tendue, prête à exploser à la moindre contrariété. Et c'est dans cet état d'esprit que je suis rentré, en fin de journée, sur le dos de Galifey avant de le laisser partir pour m'avancer jusqu'aux portes de Sirk.

Je les fixais et observais parfois le ciel. La journée n'avait pas encore touchée à sa fin, mais l'ambiance était déjà terriblement sombre. On avait beau être au printemps, les nuages que je voyais là n'annonçaient rien d'une nuit claire et calme, bien au contraire. Une pensée étrange me reliait à cette météo capricieuse, j'entendais déjà au loin gronder l'orage comme je l'entendais tambouriner dans ma cage thoracique. Une regard vers ce dernier m'informait qu'il serait là dans un peu plus d'une heure. Peut-être deux.

Mon regard aussi sombre que le ciel revenant aux portes de Sirk, elles s'ouvrirent pour moi, me laissant ainsi entrer dans son enceinte avant de me servir l'accueil habituel. Je laissais alors mes armes à la garde, non sans grogner un peu. Mon visage était barré de mes sourcils constamment froncés, mes mouvements étaient particulièrement nerveux et mes babines avaient la fâcheuse manie de se retrousser un peu, parfois voir souvent.

C'est donc sur le dents que je marchais sur cette terre qui m'accueillait, pour quelques temps, avant que je ne décide que le temps de la vengeance ne soit venue. Si seulement je ne pouvait avoir que ça en tête. Car il y avait, dans mon crâne, les souvenirs de ces derniers jours qui n'avaient de cesse de frapper. La libération de Galifey. Saen. L'allégeance des Anciens Sages et des miens. Sig et Hedda. Erin. Rah, celle là, je sens qu'elle va me hanter encore longtemps. Ce que j'avais pu laisser à Saen aussi d'ailleurs. Un instant alors, mon regard dérive sur le bracelet en tissus, de fortune, qu'il avait noué à mon poignet. Un « objet de focalisation » hein ? Et bien là, si ce n'est me focaliser sur ma propre fureur, ça ne faisait rien de mieux.

Je détournais alors brusquement le regard, marchant d'un pas ferme en vue de retrouver les miens.

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La foudre frappant dans la nuit

Alors que mes pas me mènent sans que je les guide, mon regard endurcit par toutes ces tensions se perdait dans le sol. L'électricité dans l'atmosphère n'arrangeait pas mon cas. J'avais la tête ailleurs, empêtré sans une bordel sans nom. C'est alors qu'une douleur à la mâchoire me tire de ma réflexion, j'avais trop serré les dents visiblement. De quelques mouvements, je détends le bas de mon visage, l'accompagnant de mes doigts posés alors que mes yeux finissaient par se redresser en direction du Démon. En voilà une surprise, suffisamment surprenante pour que je m'immobilise un instant à le regarder. Moi qui avait l'habitude de le voir dans son bureau, le croiser ici était assez rare et m'avait suffisamment surpris pour me freiner. Je continu finalement d'avancer alors qu'il se trouve étonnement sur mon chemin, d'un heureux hasard.

Néanmoins, même si mon regard se pose sur lui, instinctivement il suit la direction du sien, porté vers les travailleurs un peu plus loin. Je m'avance alors encore un peu jusqu'à ce qu'il s'adresse à moi. Le timbre de sa voix était bien différent de celui dont je me souvenais, dans ce bain et en un éclair, un flash de ce moment s'immisce dans mon esprit avant que je le chasse en secouant la tête. Je me poste finalement à ses côtés, observant moi aussi le groupe qui s'évertuait à renforcer Sirk. Ivar et Lothar y était toujours. Pas étonnant, ils adorent se dépenser ces deux là. Cependant, sa question me crispe quelque peu.


Je craignais que ça le déçoive évidemment, moi même j'étais déçue, amèrement même. Je ne laissais donc mon regard en coin se poser sur lui qu'une seconde à peine, avant de m'en retourner à observer les travailleurs. M'attendant à des reproches, je préfère continuer sans trop attendre.


Le tonnerre grondait au loin, attirant mon regard vers le ciel qui n'arrêtait pas de s'assombrir. Mon attention distraite par l'orage s'approchant retombe sur Lui et pendant quelques instants, je l'observe, silencieusement. J'avais l'impression d'avoir retrouvé un certain calme, certes léger, ou alors une forme de contrôle. J'en profitais alors, pour lui demander, après avoir détourné mon regard de lui.


J'avais bel et bien quelque chose à lui demander oui, mais aussi d'autre chose à lui dire. Cependant, je ne voulais pas faire trainer les choses concernant mon clan, plus vite ça sera fait, mieux je pourrais me concentrer sur le reste. Néanmoins, des pensées parasites revenaient dans mon crâne, crispant chacun de mes muscles qui, par la force des choses, réveillèrent la chair meurtris dans mon dos. Un rictus tord alors mon visage, quelque instant avant de reprendre contenance.

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La foudre frappant dans la nuit

Il ne tarde pas à vouloir connaître ma demande. Rien d'étonnant évidemment, ce qui me rendait perplexe par contre, c'est qu'il ne m'adresse qu'à peine un regard. Une seconde alors, je le détaillais, plissant les paupières, presque vexée. Alors sans détour, je faisais de même, portant à nouveau mon regard sur les travailleurs et plus précisément, sur Ivar et Lothar qui, je le voyais sans les entendre, se lançait des pics à tour de bras. C'est comme ça qu'ils fonctionnaient ces deux là et c'était ainsi que je les appréciais. Le coin de mes lèvres, opposé au Démon, se lève alors subtilement avant que mon regard se perde un peu, croisant mes bras sur ma poitrine.


Le tonnerre gronde à nouveau, au loin, stoppant une seconde mon plaidoyer. Mon regard alors, comme attiré, se tourne en direction de l'orage approchant, que j'observe une seconde avant de le rabaisser, tombant sur le Démon qui était sur le chemin. Il se pose alors sur lui, d'un air assez neutre mais aussi très sérieux, n'attendant même pas forcément qu'il me le rende.


Évidemment, puisqu'il s'agissait d'un rituel d'allégeance, mon esprit vagabondait jusqu'au souvenir que j'avais de celle que je lui avais prêter. J'espérais surtout qu'il pèse l'importance de ma demande. L'importance que ça avait pour moi en tout cas et qu'il consente à se montrer suffisamment souple pour y accéder. Mais rien n'était sur le connaissant. J'inspire alors profondément, détournant mon regard pour observer à nouveau Ivar et Lothar qui avaient noté ma présence alors que je leur indiquais, d'un hochement de tête, qu'ils pouvaient rester à leur affaire. Je continuais ensuite d'un ton impassible et moins concerné.


Évidemment, c'était envisageable. Mais entre l'odeur de sang et l'absence de Galifey ou de Xion, c'était un risque un peu grand. Même si, bien sûr, je pourrais les appeler une fois à l'extérieur. J'avais quand même une préférence à faire ça ici, histoire d'être tranquille. J'attendais alors, silencieusement, son approbation ou non alors que l'orage gronde de nouveau, au loin. Cette fois-ci, je ne me tourne pas vers lui, préférant attendre le verdict sagement.

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La foudre frappant dans la nuit

A ma demande, je discerne une sorte de tension dans sa mâchoire, ainsi qu'un début de silence. L'appréhension me fait froncer davantage les sourcils, enfin comme si c'était possible. Je suivais alors son regard, quand il se porte à nouveau vers les travaux, pour finalement entendre son consentement qui me soulage quelque peu, sans trop le montrer cependant. Demeurait encore pourtant la question de la lame, car si il m'autorisait à oeuvrer entre ses murs, sans arme à disposition, rien ne pourrait être fait dans les règles.

Ce qui s'en suivit pourtant, était étonnant. D'un regard en coin, je l'observais sortir une dague de son dos, manœuvre qui aurait dû me mettre sur mes gardes, alors qu'en la reconnaissant, je pivotais complètement mon visage vers elle. J'étais assez interloquée quand je le voyait la tendre vers moi, l'observant lui et sa dague, successivement sans vraiment comprendre.

Etait-il vraiment en train de me l'offrir ? Cette dague qui avait marqué ma peau ainsi que la sienne en retour ? Il me faut alors quelques secondes avant de prendre la décision de l'accepter, portant ma main au dessus d'elle avant de la prendre lentement, sans cesser de lui lancer quelques regards perplexes. Une fois en main, je me permets de l'observer plus longuement. Ses mots étaient étranges à entendre, venant de lui de lui en tout cas. Surtout les derniers. Je n'étais pas certaine du sens qu'ils avaient pour moi, mais cette dague était importante. Pour ce que j'en avais fait avec lui. J'entrouvre la bouche une seconde, comme pour dire quelque chose, avant de me raviser, me détournant et la rangeant dans mon dos également, comme lui finalement, tout en répondant presque davantage pour moi même, plus que pour lui.


Finis-je en lui accordant un regard plutôt redevable. J'avais un peu de mal avec les remerciements, ceux fait avec des mots en tout cas, car il n'y avait pour moi rien de plus valables que les actes qui exprimaient la reconnaissance. Je me tournais alors à nouveau vers les travailleurs qui n'allaient pas tarder à finir. Préférant d'ailleurs changer de sujet, je continu rapidement ce semblant de conversation. 


Ma voix se tord un peu. C'était étrange quand même, cette façon que nous avions d'être si distant, mais c'était aussi une manière de conserver un certain détachement aux yeux de tous. De ses hommes, des miens, comme de moi même peut-être bien. J'espérais en tout cas qu'il comprendrait le besoin de retrouver mon clan, après plusieurs jours séparé d'eux. Je sentais d'ailleurs déjà leur regard tourner vers moi, m'attendant presque. Astrid les avait rejoint elle aussi et elle n'avait pas l'air mécontente de me voir. Étonnamment, ça me rassurait et un léger sourire, presque invisible, soulève la commissure de mes lèvres avant de s'évanouir rapidement. J'avais effectivement d'autres choses à lui rapporter, mais pour l'heure, j'avais surtout envie de rapporter les nouvelles à mon clan. Je devais surtout attendre au moins le crépuscule pour le rituel. D'un regard observateur, je balayais la zone pour trouver le meilleur endroit possible, un peu à l'écart peut-être. Puis, si rien de plus ne me retenait à ses côtés pour l'instant, je me dirigerais vers les miens.

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La foudre frappant dans la nuit

Je les rejoignais en bout de table, sur lequel ils avaient élu domicile, à l'écart du reste des travailleurs, dont je sentais d'ailleurs les regards à mon arrivée. A quelques uns, je leur renvoyais avant de m'en détourner comme si de rien n'était, car rien n'était. Du moins, rien d'important. Si ils n'avaient pas l'âme à se montrer accueillant je n'allais certainement pas les en supplier, au contraire. Mais je comprenais tout aussi bien leur appréhension, à leur place j'en aurais autant, voir peut-être même davantage.

Je m'asseyais lourdement après avoir tiré une chaise, avant de m'entretenir avec les miens. Plus je leur annonçais de chose et plus je lisais l'inquiétude au fond de leurs yeux. Hedda avait été malade et même si elle était tiré d'affaire, c'était loin d'être terminé pour elle. Bien qu'ils étaient soulagés de me savoir avec deux nouveaux alliés divins, ils avaient eu, eux aussi, quelques réticences à me savoir y être retourné. Mais qu'importe, nous comptions maintenant Galifey et Xion et là était tout ce qu'il fallait retenir. Puis venait enfin le sujet de l'allégeance des Anciens Sages, là, tous étaient très attentifs. En finissant, Hagen se lève de sa chasse, frappant sur la table. « Il faut le faire ce soir, tu as déjà trop attendu ». Je arquais un sourcil en l'observant. C'était étonnant de sa part, même si ça me faisait chaud au cœur. Un fin sourire étire alors mes lèvres en leur expliquant que j'avais de quoi faire, si eux même étaient prêt à me suivre. Tous acquiescent d'un signe de tête bref, sauf Astrid qui se fait attendre quelques secondes. Ça lui ressemble bien tiens. Elle avait encore Arianna en travers de la gorge et ne savait même pas pour Erin. Il faudrait que j'ai une discussion avec elle, à un moment ou à un autre.

Mon regard soutenant le sien, elle finit part acquiescer elle aussi. Alors soit, ce soir, je serais cheffe pour tous. J'observe alors le ciel s'assombrir, alors que mon regard se met à chercher distraitement le Démon là où il était auparavant, sans le trouver. Petite déception. Je m'en retourne alors à la table, mangeant et buvant ce qu'il y avait à disposition. Les minutes, peut-être une heure ou deux passent et la nuit se présente, les torches du village prenant vie une à une. J'avais fais un aller-retour pour me défaire de mon plastron et être un peu plus à l'aise, avec seulement ma tunique et mon pantalon de cuir. Il était maintenant temps. Lothar et Hagen rejoignent leur chambre à l'auberge, pour récupérer ce dont on avait besoin. Astrid, Ivar et moi quittons la table en silence, pour rejoindre la rive de la Sérénade, en un endroit un peu à l'écart, proche des remparts est. Tous les trois nous disposons déjà en cercle, muets, alors que déjà quelques regards se tournent vers nous. Lothar revient alors avec son tambour accroché par une sangle à son épaule, Hagen avec la coupe en cuivre qu'il me tends. Il rejoint ensuite sa place et ferme le cercle.


Le tambour et la voix d'Ivar commence à s'élever, appelant à la suite, rejoint par le timbre gutural de Lothar. Je me tourne alors, dos au cercle, je soulève ma tunique et leur dévoile mon dos, laissant tomber le tissu au sol. La musique attire des spectateurs intrigués, heureusement pour leur pudeur, j'avais gardé le bandage entourant ma poitrine. Mais ils pourraient voir, aussi distinctement que les miens, la longue cicatrice, fraîche, parcourant ma colonne. Je les entendais marmonner, s'adonnant à quelques commentaires dont je me fichais complètement bien sûr. J'attrape alors ensuite la dague accroché à ma ceinture et là, beaucoup, si ce n'est tous, se taisent. Je m'en retourne alors vers le cercle, mes pas me guidant lentement vers le premier à ma gauche : Hagen. Celui-ci, à une allure solennelle, me tends sa paume gauche au creux de laquelle j'ouvre un sillon du revers de la dague, mon geste étant marqué par une grondement dans les Cieux. Je lui tends ensuite la coupe, mon regard plongeant dans le sien alors qu'il y déverse son sang en serrant le poing. Une fois fini, je lui accorde une hochement de tête lent, auquel il répond par le même.

La brise nocturne crispe ma peau alors que je continu ma route, faisant maintenant face à Ivar avec qui j'opère de la même façon. Plus le rituel avance et plus nous avons de spectateurs attentifs, curieux et sans doute un peu médisants. J'aurais pu en rire, si ce moment ne requérait pas tout mon sérieux et mon implication. Je remerciait Ivar d'un nouveau hochement de tête, pour m'avoir accordé son sang après lui avoir tranché la paume gauche. Je m'avançais ensuite vers Astrid, œuvrant de la même manière, puis faisais face à Lothar qui ne cessait de chanter tout en libérant sa main qui tenait le tambour. Il ne cessait de frapper avec l'autre pendant que je lui tranchais la paume, récolant son sang, comme celui de tout les autres avant lui. Aucun d'eux n'avait tressailli et c'était pour nous tous, une grande fierté.

Reprenant ensuite ma place dans le cercle, j'invitais Hagen d'un regard à continuer. Un éclair de surprise passe dans ses rétines, en même temps qu'un autre grondant dans le ciel. Pourquoi lui ? Se demandait-il sûrement. Je n'avais pas besoin d'une meilleure raison que son entrain de tout à l'heure. Sans réfléchir davantage, il s'avance donc face à moi et récupère la coupe à moitié pleine que je lui tends, ainsi que la dague. J'entends au loin l'averse s'avancer jusqu'à nous, elle serait là dans quelques instants. Plongeant mon regard dans celui du jeune archer, je lui tends ma paume droite, déjà marqué par l'allégeance du reste du clan. D'un geste vif, éclairé par le tonnerre grondant, il rouvre la cicatrice, libérant mon sang de ma chair avant de me présenter la coupe, au dessus de laquelle je serre le poings.

Bien remplie, je la récupère, ainsi que la dague que je range dans son fourreau à ma ceinture. Il reprends sa place dans le cercle et je le rejoins ensuite, lui tendant la coupe dans laquelle il boit une gorgée alors que l'averse se joint enfin à nous. Je lève alors légèrement le visage, tout en l'observant, me délectant de la pluie sur la peau de mes épaules nues. Il me rends la coupe et je refais alors le même chemin que tout à l'heure, présentant nos sangs mêlés à chacun d'eux, avant qu'ils n'en boivent une gorgée. Mon cœur battait à l'unisson avec le tambour, accompagné de l'orage qui s'harmonisait à merveille, comme si Aer avait décidé de nous accompagner.

Concluant mon tour, je revenais à ma place, coupe en main, l'élevant devant moi, lentement, avant de la porter à mes lèvres. Je bu son liquide précieux, basculant au fur et à mesure ma tête en arrière alors que plusieurs larges sillons fuyaient au bord de mes lèvres, marquant mon menton, glissant dans mon cou et rejoignant le tissu blanc couvrant ma poitrine, ce dernier s'en imbibant. Volontairement, j'en laissais s'échapper davantage en buvant jusqu'à la dernière goutte de mon breuvage. J'étais alors repus et laissais tomber mes bras sur mes flancs, ma main droite conservant la coupe. La musique continuait encore jusqu'à toucher à sa fin. Mon menton et mon poitrail était rougis, la pluie diluant quelque peu le liquide sur ma peau, l'aidant à en trouver davantage de recoins.

Et sans me l'expliquer, mon regard s'élève, cherche, se tourne jusqu'à sa demeure, son balcon, où il se trouve, comme si je l'avais sentis, lui et ses yeux posés sur moi. Même si j'étais loin de lui, je m'en sentais transpercé et lui rendait les honneurs alors qu'un nouvel éclair gronde, éclairant le ciel et notre échange. Ma poitrine se soulève, en un longue et profonde inspiration, laissant s'échapper l'air en ouvrant légèrement mes lèvres. Je me sentais vivante, puissante et fière. Et j'aimais qu'il me contemple en cet instant si particulier.

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La foudre frappant dans la nuit

Mes mâchoires se serrent l'une contre l'autre, alors qu'à ses côtés se tenait une femme à l'allure familière. Si j'avais ressentis une plaisance à le sentir m'observer, celle-ci s'était évanouit en un éclair en notant cette seconde présence à son balcon. Mon regard la darde alors, tentant de deviner son origine. Si j'étais persuadé de l'avoir déjà vu dans Sirk, je n'avais pas encore pris la peine de m'intéresser à son identité. Chose que j'aurais dû certainement faire et qui aurait pu m'éviter cette crispation.

Quelque chose crépite alors dans mes entrailles et je détourne brusquement mon regard de ce balcon bien investis. Sentant alors le regard des miens se poser sur moi, mon attention en est rappelée et ainsi, je retrouvais ma lucidité. La pluie frappait encore mes épaules nues sous le ciel plein de rage, quelques mèches de mes cheveux se collaient à mon visage alors que le sang continuait à s'écouler, toujours plus rapidement, balayé au fur et à mesure par l'eau glissant sur ma peau. Le tambour de Lothar concluait notre rituel suivit par un silence de plusieurs minutes. Puis, sans se concerter davantage, nous nous affairons à bander chacune de nos nouvelles plaies. Après quoi, je revêts ma blouse humide dont le tissu se colle immédiatement à ma peau. Un léger tiraillement vient alors meurtrir mon dos, qui n'avait pas souffert avant ça, surement grâce à l'adrénaline du moment précédent.

Si par la suite, tous s'affairent à ranger ce qui avait été utilisé, le public se détournant du spectacle terminé, mes pensées ne cesse d'aller vers de balcon, m'efforçant de ne pas faire suivre mon regard. Après quoi, j'informe tout le monde que je dois aller m'entretenir avec le Comte, pour un compte rendu de ce qui s'est passé pendant mon absence. Comme au revoir, marquant l'importance de ce qui venait de se dérouler, j'attrape la nuque de Hagen et pose mon front contre le sien, œuvrant de la même manière avec tous alors qu'ils me rendent chacun cet échange. Tous se dirigent vers l'auberge alors que ma direction prenait le sens inverse. Les yeux rivés sur le Manoir vers lequel je me dirigeais, mon regard était sévère et une pointe de détermination le faisait pétiller.

La pluie battait encore un peu mais ne tarderait pas à s'arrêter. L'orage lui continuait sa route de la même manière alors que quelques éclairs illuminaient mon chemin. Mon pas était rapide, saccadé, jusqu'à me mener au pont que je traverse, sous le regard des Gardes qui, cette fois-ci, avaient été prévenu de ma venue. Qu'elle ne fut pas ma surprise de trouver à la porte ouverte de sa demeure, la femme de tout à l'heure. Si un instant mes pas hésitent, je m'en rapproche tout de même alors que son regard clair se pose sur moi. L'évidence de sa beauté exotique me crispe légèrement, mais j'avance encore jusqu'à lui faire face. Elle est à peine plus petite que moi et se dégage d'elle un aura notable. Elle semble me barrer la route et alors que je lui rends un regard tendu, sa voix s'élève.

❝ Plus de sang pour ce soir. Si, comme la dernière fois, les effluves de celui du Comte viennent à mes narines, je me verrais obligé de te faire entendre raison à la manière de la fille d'Ignis que je suis. ❞

Mes yeux s'écarquillent de surprise face à cette annonce et étrangement, mes muscles se décontractent alors que son regard ne montre aucune espèce de légèreté. Il s'agirait donc de son Demi-Dieu, le félin qui s'était tenu à ses côtés lors de notre première entrevue. Ça faisait sens en effet, si j'en croyais les souvenirs des villageois la saluant avec respect sur son passage. Je baisse alors les yeux, me sentant un peu bête d'avoir imaginé tout autre chose avant de revenir à elle.


Ma voix était semblable à un murmure quand je lui réponds, malgré ma sincérité. Si elle consent à me laisser passer en s'écartant de mon chemin, je sens encore son regard se poser sur moi alors qu'elle s'éloigne doucement. Je l'observe faire, mes yeux se posant dans son dos, un instant pensive à son égard et au mien aussi sans doute. Puis je pénètre dans la demeure et mes pas me guident, comme bien souvent, jusqu'à la porte de son bureau sous bonne escorte. On me demande alors de patienter le temps que l'un des gardes m'annonce, après avoir frapper. Les sensations de tout à l'heure me revenaient à son approche, pire que ça, je sentais les battements de mon cœur être plus puissants. Mes poings se serrent alors, avant qu'on m'invite à entrer, accompagnée par le grondement d'un éclair brisant l'obscurité de la pièce, que je lui connaissait si bien.

Face à lui, j'avale ma salive et serre les dents, mon regard le fixant sans ciller alors que je sens des crépitement commencer à traverser la moindre parcelle de ma chair.

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La foudre frappant dans la nuit

Mes yeux le scrutent, le poursuivent, sans jamais ciller, d'un air impassible, le calquant sur le sien. Pourtant, mes entrailles crient, crépitent à sa venue, davantage encore quand il tourne autour de mon corps qui s'immobilise de force. Mes doigts se serrent davantage alors que je perds sa vue, sentant maintenant sa présence dans mon dos, aussi disctinctement que s'il se tenait devant moi. Malgré mon apparente impassibilité, un rictus vient soulever une babine alors que sa main commençait à glisser dans mon dos, sentant le souffle de son murmure au creu de mon cou. J'inspire profondément et fixe le bureau devant moi, silencieuse, alors que l'orage dans ma chair foudroie ma peau. Une sorte de décharge d'adrénaline en réponse à une provocation digne du combat à venir. Il me provoquait oui et il n'allait pas être déçu de ce qu'il tentait de réveiller. A l'image d'un futur combat, c'était maintenant une certaine excitation qui m'envahissait.

Il me fait à nouveau face et mes yeux ne retrouvent pas encore les siens, le laissant venir au plus près de moi. Mes muscles se contractent un à un et mes dents se serrent. J'ai l'impression de me battre contre moi même pour... quoi déjà ? Si son corps cachent rapidement la vue à mes yeux rivés droit devant, ils demeurent ainsi, alors que je commence à lui répondre, du même ton qu'il emprunte.


Mon regard se lève alors lentement, le reste demeurant immobile, parcourant ce corps dont la seule silhouette prenait de plus en plus sens, plongeant ensuite dans le sien sans mesure.


Mes lèvres s'entrouvrent, lentement, laissant mon inspiration s’imprégner de sa présence, alors que le bout de ma langue se pose instinctivement derrière mes dents, finissant en les dévoilant d'une babine retroussée. Ainsi posté devant lui, sans broncher, je ne bouge toujours pas, à l'image de la guerrière nordique qu'il commençait peut-être à connaître, les yeux rivés dans les siens alors qu'il pourrait y voir le brasier en leur sein.


Mes yeux alors glissent, lentement, jusqu'à son entre-jambe alors que mes mains rejoignent ce même point d'ancrage. Par un doigté habile, je commence à ouvrir son pantalon alors que d'une impulsion brusque, je le pousse en arrière amorçant son recule, que je poursuis jusqu'à son bureau. Sur le chemin, du coin de l’œil, je note à peine la présence d'un fauteuil qui n'était pas présent par le passé. Mais très franchement, il m'importait peu. Quoi que... ça aurait pu être une bonne idée si je lui avais laissé sa chance.


Nos pas nous mènent jusqu'à l'obstacle de bois, sur lequel il se heurte, stoppant notre marche alors que d'une geste, j'envoie son pantalon à ses chevilles. Reculant légèrement mon buste, un de mes sourcil se soulève, plutôt satisfaite de mon œuvre. Mes pupilles retrouvent alors les siennes, qu'un éclair orageux me permets de discerner aisément et, surtout, d'y lire ce qui n'a aucune chance de me retenir. Puis je m'en détache et retire mes bottes à l'aide de mes pieds, commençant à défaire mon pantalon, à son tour, le laissant tomber sur le sol, libérant complètement mes jambes d'un geste ample.


Mes yeux trouvent alors le bureau, sur lequel je nous imaginais déjà lancer les hostilités. Penchant la tête sur le côté, je le trouve subitement un peu trop encombré cependant. Je me rapproche alors du meuble, touchant malencontreusement, de mon corps, celui du Démon, suffisamment pour pouvoir, d'un geste ample d'un bras puis de l'autre, libérer l'espace sur ce bureau de bois. Reprenant ensuite ma place, mes yeux retrouvent leur homologues et leur indique bien vite, d'un mouvement joint de la tête, l'endroit sur lequel je voulais le soumettre cette nuit.

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La foudre frappant dans la nuit

Les crépitements devenaient éclairs et les éclairs, un orage sans précédent. La surprise m’avait étreint la gorge alors que je sentais mon corps ployer face aux forces d’un Démon plus puissant que dans mes souvenirs. Tellement même qu’il parvient à m'emprisonner dans une délicate situation, après m'avoir confronté dans une bataille cinglante. Étonnement, si j’étais contrainte et forcée, l’ardeur déployée ne manquait pas de m’arracher toute envie de répliquer. Ce qui m'avait dans un premier temps presque choqué, pour finir par me faire entrevoir mon abandon. Était-ce bien toujours de moi dont il s'agissait ? Étais-je réellement sur le point d’abdiquer alors que je n’avais jamais, jusqu’à lors, subis pareil mise à mort ? Même essayer de réanimer ma volonté semblait vain, commençant à perdre pied alors que mes yeux, contraint de fixer le plafond, s'y laissaient déjà aller. Mais c’était sans compter la vicieuse tentative d'infiltration et son offense qui réveille brutalement la sauvagerie au fond de mes entrailles qui, comme il l'avait souligné, s'était tapit trop profondément.

L'esprit que j’étais sur le point de perdre reprends alors les rennes, annonçant sa sentence d’un grognement sans précédent. Mordant sa main de mes griffes acérées, je le bouscule et romps notre étreinte avant de lui faire face, ma peau nue caressant le bois maintenant chaud du bureau. Plantant mon regard dans le sien et sans sommation, je l’attire dans une valse furtive, lui donnant fin quand son dos aurait rejoint le plat du meuble bientôt brûlant. Aussi fluide qu’un rapace fondant sur se proie, le voici maintenant prisonnier de mes serres, tandis que ma main ferme sur son poignet, qui l'avait guidé, demeurait. L’autre attrape sa mâchoire, marquant sa peau de mes griffes alors que mon visage se rapprochait lentement du sien, crocs dévoilés, jusqu'à presque rejoindre les siens. Étant à présent à même de respirer son air dès sa sortie, je réponds enfin à sa provocation dans un murmure ardent.


Lentement je me redresse, le surmonte, de la prestance qu’ont les félins, accompagnée d’un nouvel éclair brisant l’obscurité. Mes doigts glissent alors, dans le même temps, jusqu'à son torse toujours vêtu, imaginant ses coutures de leur pulpe. Je le jaugeait du haut de mon perchoir quelque seconde avant de lui faire ravaler sa condescendance part l’usage d’une mécanique bien huilée, ne quittant pas son regard  même si il venait à m'implorer. Usant et abusant des rouages, ma tunique trempée ne l’était plus que de la pluie fraîche de la nuit.

La sensation devient ainsi profondément grandiose. Ainsi, à surmonter le Démon dont j’avais quémandé la puissance, de laquelle mon âme se gorge durant cette danse endiablée, aux mesures marquées par l’orage grondant au dehors. Les lèvres entrouvertes, mes respirations s’enivrent de l’atmosphère si particulier que dégage nos corps, dévoilant de temps à autre un croc susceptible de succomber à la tentation de le dévorer. Mon regard s’abreuve du sien, échangeant la similitude d'une commune noirceur. Et pourtant quelque fois, j'en décroche malheureusement. Malgré cela, si la foudre qui secoue mon corps le frappe sans aucune sagesse, mon esprit quémande davantage que cette simple ivresse. Je me sentais puissante, invulnérable, reposant sur ce piédestal dressé à ma gloire, mais pas encore suffisamment je le crains. Alors autant que me le permets ma respiration haletante, je finis de lui rapporter par une voix saccadée.


Et aussi puissamment que ces mots résonnent en moi, je lui fais goûter à cette déflagration qui me dévore, proche de perdre totalement son contrôle, basculant peu à peu vers les abysses de ma cicatrice. Mais c’était sans compter son audace qui m’arrache à ma divine montée en puissance. Il en vient à caresser l’espoir de deviner ma peau sous ses doigts. Du piédestal sur lequel je voulais demeurer, il me tire et je m’écroule à terre, aussi bas que la faiblesse pouvait me mener. Cette sensation d’être touchée et blessée me renvoie brutalement à l’amertume ressentis dans cette chambre à Heilan, comme arraché à la lumière pour être cloitrée dans les l'obscurité. Ma salive avait subitement un goût horrible, me faisant grimacer alors que mon regard outré le poignarde avec révolte.

J’attrape alors la main de celui qui est en train d’essayer de m’arracher à ma puissance, serrant fort son poignet jusqu’à le plaquer contre le bureau si il le fallait. Il n’était maintenant plus question de s’enivrer, non. Tout ce qui me préoccupait maintenant c’était de retrouver le pouvoir qu’il essayait de me voler, en me soumettant à ses mains effrontées. Si avant ça l’affrontement n’était presque que métaphorique, il était là bien réel et portait un enjeu lourd de conséquence. Quoi qu’il tente à présent, je l’empêcherais d’essayer de me soumettre sous des caresses qui ne révélaient que mes faiblesses. Mon inconscient avait peut être l’impression d'ainsi parvenir à obtenir le pardon pour mes erreurs passées et pour qu'il y accède, j'allais déployer une farouche volonté.

Codage par Libella sur Graphiorum

La foudre frappant dans la nuit

Quelle audace j’avais eu de croire qu'il allait consentir à abandonner ses objectifs pour le mien, même le temps d'une seule nuit. Nous étions de la même trempes après tout, j’aurais été presque déçue du contraire. Mais en cet instant aucune pensée de ce genre ne pouvait percer puisque le Fauve, de ses chaînes, avait été libéré.

Il prend subitement le pouvoir et me retourne comme une poupée de chiffon, comme si je n'étais rien, mon dos heurtant violemment le bois centenaire. Un râle de douleur douleur s'échappe alors de mes lèvres, car véritable douleur il y avait. Un éclair pourfend mon dos, suivant les lignes de ma cicatrice si fraîche encore, me forçant à fermer les paupières sous la douleur. Un déchirement. Il n’y avait plus alors ni réflexion ni tentative de quoi que ce soit. Il n’y avait plus que l’animal en perte totale de contrôle.

Si ses prises pouvaient me faire mal elles aussi, ce n’était rien en comparaison à ce que mon dos avait subit. Rouvrant les yeux brutalement, injectés de sang, je le repousse du genou alors que je n’avais même pas perçu son approche. Je me redresse et me suis vu, comme au ralenti, lui décocher une droite à la mâchoire par pur instinct primaire. Et comme si je n’étais plus qu’une observatrice de mes propres gestes, j’étais tout simplement effarée par ce que je venais d'accomplir.

Mes yeux s’écarquillent devant mes actes, pointent sur sa future blessure avant de trouver son regard qui n'augure rien de bien. Alors, dans un élan une fois de plus instinctif, je m’arrache à lui, reculant avant de retrouver le sol de l’autre côté du bureau que je tenais encore entre mes doigts crispés, comme seul rempart entre lui et moi. Ma respiration était terriblement haletante quand mes yeux ronds trahissaient ma stupeur. Mon cœur tambourinait à m'en arracher les côtes et mon corps entier était comprimé par une tension toute nouvelle. Dans mon dos, je sentais un écoulement chaud et bien plus épais que celui de la pluie. De rouge il était, à n'en pas douter, mais je n'y prêtais aucune attention, celle-ci étant toute droite rivée sur la nouvelle menace qui se tenait là. Je guette alors ses réactions, prête à me défendre si il le fallait, face à ce Démon que s'élevait maintenant contre moi.

Codage par Libella sur Graphiorum