La foudre frappant dans la nuit

Étrangement, je perçois une différence. Dans son comportement. Et même sans savoir de quoi il retourne, ça se répercute, ça me crispe et je l'observe s'éloigner le regard tiraillé. En y réfléchissant le lendemain, à tête reposé, je me dirais sûrement que c'est compréhensible. Il m'avait parlé de quelque chose qui semblait lui tenir énormément à cœur, aux tripes même. Et j'avais réagit avec une certaine distance. Mais ça, je n'en avais pas conscience pour le moment. Tout ce que je savais c'était qu'il s'éloignait. En avalant deux rasades d'alcool, ce qui me rassurait encore moins.

Il revient avec un tissu imbibé d'alcool, que j'observe le visage crispé. Ca allait faire mal, je le savais. Moins qu'au moment où cette marque avait été faite, mais quand même. Avec la fatigue, ça risquait d'être inconfortable. Je tends alors la main et d'un regard lui demande la bouteille, avant dans avaler deux longues gorgées, lui présentant mon dos. Il me demande alors de me coucher pour plus de facilité. Me tournant à nouveau légèrement vers lui, je l'observe un peu incertaine. Pouvais-je lui faire confiance et lui tourner le dos en toute quiétude ? Il avait peut-être raison après tout. J'hésite cependant, mais sa question appelle mon attention et tranquillement, je consens à m'installer tout en lui répondant.


M'installant sur le ventre, je croise mes bras devant moi avant d'y poser ma joue, mon visage tourné vers les flammes dansantes. C'était assez hypnotisant et mes paupières, face à leur lumière, se baissaient légèrement. Ma voix était alors calme, assez basse, proche d'une histoire raconté au coin du feu à un enfant que l'on voudrait endormir.


Un instant, mon regard revient sur lui, un peu avant qu'il ne se décide à désinfecter ma plaie. J'essayais de trouver en lui la force de ne pas grogner dans l'instant qui suivrait, mais le pourrais-je seulement ? Je n'avais plus envie de paraître affaiblie devant lui, c'était dérangeant. Je reviens alors vers le feu de la cheminée, les flammes dansants sur la surface de mes yeux.


A cette dernière phrase, mon regard revient à lui, intensément. J'avais l'impression qu'il m'avait laissé parler, la douleur dans mon dos m'aurait certainement arrêté dans cette lancée trop proche de la confession. Ça avait été si facile pourtant, de tout lui dire, s'en était déstabilisant car je prenais conscience, au même instant, de la portée de mes mots. J'observe alors une fois encore son linge imbibé d'alcool avec une nouvel appréhension, mon corps se crispant avant de revenir au foyer dansant.

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La foudre frappant dans la nuit

Un royaume hein ? L’idée était tentante et m’arrachait un léger sourire. Si mon esprit avait pu voguer, en cet instant, vers le futur qu’il me décrivait, son contour n’en était que flou mais pourtant très plaisant. J’étais fatiguée physiquement, épuisée moralement mais je ne pouvais cesser d’imaginer mes ennemis périrent au fond des flammes qui dansaient devant moi. Mon regard s’assombrit alors quelque peu avant de lui répondre dans un simple murmure.


A dire vrai, dans l’état où j’étais maintenant, l’âme apaisée, le corps endoloris mais détendu par son souffle sur mon dos ainsi que par la chaleur de la cheminée, le regard hypnotisé par le spectacle devant moi... J’aurais pu tout accepter. Ma vision était de plus en plus floue et mes paupières commençaient à devenir lourdes. L’instant me berçait et je ne tarderais sûrement pas à capituler tant les dernières heures avaient été éreintantes.

Pourtant, avant de sombrer, il y avait quelque chose que je voulais savoir et qui me raccrochait encore à la réalité, me maintenait en éveil. Un coup d’œil vers lui, œuvrant sur mon dos qui a mon plus grand étonnement, me faisait à peine souffrir. Je le contemplais, du coin de mes yeux, ramenant mon menton sur mon épaule pour mieux le voir. Cette vision me rappelait à celle que j’avais eu tout à l’heure, à sa silhouette marquée par les braises dans son dos. Si cette fois là sa présence m’avait fait frémir, ici et maintenant, tout était différent. Si j’étais venu en quête d’un Démon sanguinaire, je l’avais rencontré, admiré et même subit. Mais ce soir, il ne l’était pas. Et même si ce moment était propice à la confession, je doutais nettement qu’il accède à ce que moi, j’allais lui demander. Le visage légèrement tiraillé par le doute, je le fixe, cherchant ses yeux si il consentait à me les offrir. Et à nouveau dans un murmure, je demande.


Le vrai j’entendais. Car même si j’avais eu connaissance de celui d’Akelar, par Arianna qui semblait connaître ce noble assez pour l’appeler par son prénom, j’avais un doute ou peut-être une intuition que ce n’était pas ça, le vrai. Sinon il ne m’aurait pas raconter cette histoire comme quoi on ne s’en souviendrait plus. Avec ce qu’il faisait on allait se rappeler du Démon, mais il ne le faisait pas sous le nom du Katar. Alors, mon regard tentant de sonder le sien trahissait mon envie de le connaître.

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La foudre frappant dans la nuit

Je lui avais répondu naturellement, parce que je m’en souvenais et que je n’avais pas particulièrement de raison de m’en cacher. Ma voix était toujours basse cela dit, même si elle était aussi très nette. Je reviens alors à ma position initiale, retrouvant l’ondulation du feu devant le regard.


Si je m’en souvenais, c’était sans doute simplement pour me rappeler d’où j’étais parti et surtout où je ne voulais pas revenir. Il s’assoit juste à côté, collant son dos au niveau du mien, attirant à nouveau mon regard sur lui. Il finit par me dire que le sien il ne s’en souvient plus. Honnêtement ? J’avais des doutes et je les montrais pas une mine déçue, qu’il ne verrait pas parce que, malgré l’angle, je discernais ses yeux clos. Ça me décevait oui, mais c'était son choix après tout. Qui étais-je pour lui demandé sa sincérité ? Alors je m’en détourne, à nouveau, concluant cette conversation dans un murmure.


Lentement, mes paupières se ferment, bercée par la chaleur du foyer dansant sur la peau de mon visage. Mon corps se détend à la même mesure, avec pour toile de fond de mon esprit la naissance de son visage baigné lui aussi par les flammes. Et voilà longtemps que je ne m’étais pas endormis si vite et surtout si paisiblement. Je Lui devais, c’était certain...

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