La Fille de l'Hiver

Il ne s’était pas jeté sur moi, prêt à me trancher la gorge pour l’affront de m’être ainsi invité dans sa chambre, sans y être conviée, sans même m’annoncer. Même si j’avais bien noté son instinct qui visais à s’armer d’une dague, il l’a reposa en m’identifiant, lentement. Dire que j’en étais soulagé était tout à fait inutile, je disais tout à l’heure que même aux portes de la mort, j’aurais avancé quoi qu'il arrive. Cependant, maintenant que j’étais là, face à Lui, mon regard ne le quittant pas, j’hésitais. C’était simple pourtant, naturel même généralement. Il me suffisait d’avancer, le déshabiller, me mettre à nue et faire ce qu’il y avait à faire. Mais qu’est-ce qu’il y avait à faire, ici et maintenant ? Je n'en étais pas sûr, tout çe me semblait si différent. Il était évident que je le désirais, plus intensément que tous les autres. Mais ce n’était pas tout à fait ça. Ce n’étais pas que ça ce soir, alors comment agir sans savoir ? Finalement, c’est Lui qui me permit d’avancer, m’invitant silencieusement à le rejoindre, dans son lit. J’avais alors une rapide pensée à ce propos, je ne l’avais jamais partagé, son lit. Je n’étais après tout pas vraiment le genre à attendre le confort d’un matelas pour ce genre de chose. Mais là, je ne sais pas, ça m’attirait d’une manière inédite. Comme si je sentais que, justement, j’avais envie d’un certain confort pour cette fois là.


Alors je m’avançais, lentement, à la fois décidé, mais tout autant incertaine. J’avançais dans le flou, dans l’inconnu. D’ordinaire j’aurais déjà foncé tête baissée, ne répondant qu’à des instincts si... primaires. Voilà ce qui ralentissait mon approche, ce n’était pas un instinct animal qui ne désirais que se nourrir. C’était autre chose. Malgré cela je m’avançais vers Lui sans faillir, arrivant jusqu’à son lit, y déposant d’abord ma main puis m’y asseyant avec une volupté que je ne me connaissais guère. Et jusqu’à lors, à aucun moment je n’avais décroché mon regard du sien. Et durant quelques secondes, peut être davantage, j’étais resté ainsi à le contempler, sans un mot, sans un geste. Juste là, à moitié sur son lit à ses côtés, face à Lui à n’être qu’ici, nulle part ailleurs.

Mon cœur battait fort, si fort que j'avais l'impression qu'il pouvait l'entendre. Pourtant il ne s’emballait pas, n'était pas anarchique. Ma respiration était profonde, mais pas haletante. Oui, c’était différent. Cependant à présent, je ne savais que faire, comment agir, j’avais espéré que mon inconscient qui jusque là n’avait fait que m’animer, m’aiderait et prendrait autant les rênes que tout à l’heure. Mais il n’en était rien, j’étais tout à la fois certaine et terriblement fébrile. Alors me fiant à mon habitude, je m’avançais, me glissais jusqu’à Lui. D’un mouvement de concert, je passais une jambe au dessus des siennes, posant une paume sur son torse et l’autre sur son épaule avec l’intention de le faire plier face à moi. Mais je n’avais su déployer aucune force pour l’y contraindre, absolument aucune. C’était troublant, son seul contact m'avait suffit, m'avait satisfaite.

Dans l’élan que je m’étais donné, tendue vers le plafond, j’avais fini par me laisser reposer sur Lui, lentement, mes mains le touchant toujours sans rompre leur ancrage. Tout comme mon regard qui n’avait pas quitter le sien. Sa peau sous mes mains était chaude et douce. Je n’en prenais conscience que maintenant. J’avais la très nette impression de découvrir son corps, sa peau, voir même de redécouvrir le mien dans cette situation particulière, à la lumière de nouvelles sensations encore inconnue. Je m’étais arrêté, encore, le regard ayant quitté le sien pour observer mes doigts sur son torse, un simple moment pour m’assurer que je n’étais pas en train de rêver, que tout cela n'était pas seulement issu de mon imagination. Et puis je revenais à son regard que je sentais ne m’avoir jamais quitté, comme une caresse sur mon visage. J’étais tout à fait bien, mais si fébrile. Je commençais à sentir quelques parcelles de mon corps se mettre à trembler, subtilement. C’était différent, pas comme d’habitude et je ne voulais pas que ça le soit. Je prenais alors délicatement ses mains entre les miennes, vers lesquelles mon regard s’était dirigé. Je les guidais jusqu’à moi, jusqu’à mes hanches et conservais ce contact plusieurs seconde avant de l’inviter sous le tissus de ma tunique, que je voulais ardemment qu’Il enlève lui même, chose que je ne lui avais d'ailleurs jamais laissé faire auparavant. Et ses doigts qui effleurèrent ma peau provoquèrent un frisson, intense, aussi fort que délicieux, à m’en faire presque clore les paupières et soupirer d’aise, me comprimant un peu plus contre lui sous le joug de cette sensation.

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La Fille de l'Hiver

Ses doigts glissaient, caressait comme du velours, comme une fine brise léchant ma peau. A chacun de ses passages, du plus simple au plus ferme de ses contacts, un frisson trahissait l’effet qu’Il me provoquait. Étrange. Je n’étais pas femme à caresse, je le savais et Il le savait également. Pourtant ce soir, je n’aspirais qu’à cela, je ne désirais que son contact sur ma peau. En de court instant, mes habitudes auraient voulu revenir au galop, ayant parfois des pensées contre, mais finalement rien n’y faisait. Je ne pouvais faire autrement que de me délecter de chacune des ses mains m’enfermant un peu plus contre lui. La chaleur du désir m’envahissait alors, pourtant elle était bien différente. Elle n’était pas venu s’accrocher à mes tripes violemment non, elle apparaissait avec délicatesse, mais également avec une grande intensité, consumant mon corps tout entier. De la caresse de nos corps naissait une proximité inédite, celles également de nos visages ainsi que de nos lèvres. J’entrouvrais les miennes à mesure que les siennes s’avançaient, mais en aucune façon je ne reculais ou quittait des yeux son regard. Je me sentais transportée et légère. Envoûtée par la profondeur de ses yeux, au font desquels raisonnaient mes propres envies, alors que pourtant Il n'en fit rien à ce moment là. Je crois que j'avais alors ressentis une pointe de déception. Pourtant, d’aucune manière je n’avais rétorqué quand Il s’était décidé à me renverser, avec une certaine délicatesse, bien loin de ce qui m’avait provoqué sur son bureau. Comme une valse harmonieuse, nos corps changeaient de place et je ne m’en offusquais pas. Presque au contraire.

Si la lueur de la cheminée ne m’offrait pas les détails des ses lignes, j’eu un grand plaisir à admirer ses larges épaules ainsi au dessus de moi, passant ma langue sur mes lèvres avant de les faire souffrir de ma contemplation. La chaleur commençait à me consumer, à se concentrer en une zone en particulier. C’était différent oui, mais le désir que j’avais pour lui n’en était que plus présent, plus intense, plus palpable et plus profond. Je le laissais s’approcher de moi dans un soupire, le contact froid de son collier me faisant tressaillir, n’ayant aucun mouvement de recul lorsqu’il s’avança encore jusqu’à moi, ne faisant que le contempler sans discontinuer, l'appelant même à répondre de mes envies que je ne savais contenir. Une nouvelle sensation envahissait alors les lèvres, une sorte de picotement, de fourmillement. Bien loin de chercher à comprendre, je ressentis tout de même un petit pincement au cœur quand il se détourna pour rejoindre mon cou. Là encore j’étais face à des attentions peu communes, rarement acceptées, mais ici je ne me sentais pas l’âme de faire autre chose que le quémander ou de les accompagner. Il cherchait un consentement que j’offrais en silence, présentant davantage mon cou quand il s’y aventurait de nouveau. Mes mains rejoignirent alors ses flans, jusqu’à glisser au plus bas que je le pouvais, ce qui n’était pas très loin car il descendait déjà sur ma poitrine. Au contact de ses lèvres, mes doigts se crispaient sur sa peau et un souffle s’échappait de mes lèvres. C’était déstabilisant à quel point une déflagration se déclenchait à chacun de ses baisers. Ma respiration devenait de plus en plus ample et mon cœur d’autant plus battant. Frustrée que mes doigts ne purent se lier à son envie, mes jambes eurent l’instinct de le presser contre la mienne à la limite de vouloir le faire remonter jusqu’à moi, faisant même oublier la barrière de nos vêtements, me délectant de son palpable désir rencontrant le mien. Et pourtant j’étais tiraillée, écartelée entre le plaisir de ses baisers et le besoin de nous lier qui n’avait de cesse de me marteler, s’amplifiant à chaque seconde passé sous ses lèvres et entre ses mains.

Comment avais-je pu, pendant si longtemps me refuser ainsi ? Quelles odieuses raisons m’avaient arrachée à ces sensations ? Ce qu’il y avait de certains, c’était qu’on ne m’y reprendrais plus. Jamais. Une vague de chaleur me fit m’offrir un peu plus alors, cambrant légèrement mon dos alors que l’une de mes mains venait emprisonner l’un des siennes. À nouveau pour la guider, cette fois-ci encore un peu plus bas que mes hanches, contournant son chemin jusqu'à la naissance de ma cuisse, pressant ses doigts sous les miens, l'invitant à marquer ma peau frémissante. J’avais évidemment pour habitude de mener la danse, mais pas ainsi, pas comme ça non. Plus il me touchait, plus j’avais envie qu’il le fasse. Si je devais l’y forcer, je l'y forcerais. Je l'obligerais à ne plus se défaire de ma peau, le garderais captif de mon corps pour que jamais il ne le quitte.

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La Fille de l'Hiver

Tout s'amplifiait, à une allure folle. Ses caresses marquaient ma peau, ses baisers devenaient morsures. Ma respiration devenait enflammée et mon corps s'engageait dans une danse accompagnant chacun de ses gestes. La douce chaleur devenait volcanique, envahissait la moindre parcelle de mon corps pour le brûler de l'intéreur. Ses mains s'était finalement frayé un chemin sous mon pantalon, me forçant à m'exprimer un peu plus encore. Je me sentais défaillir, perdre peu à peu la raison, l'esprit, il n'y avait plus que mon corps sous ses mains et ses lèvres. Ces lèvres qui s'aventuraient bien bas, très bas. Trop bas ?

Les paupières closes tout le long pour en décupler mon sens du touché, je rouvrais les yeux de surprise avant de me redresser sur un coude, alors que l'une de me main attrapait la sienne demeurant encore libre. J'espérais que cela l'arrête dans sa lancée, une espérance bien contradictoire car je n'étais pas certaine d'en être animée. De fait, il ne s'agissait là que d'un inconnu très vaste, si vaste que cela m'avait surprise et avait réveillé des réactions défensives bien ancrées. Ma respiration s'était raccourcis et mon regard le fixait, pleine d'incertitude. Mes doigts entourant sa main se crispaient sur sa peau alors que mon cœur tambourinait. Je n'étais pas certaine, plus sûre de rien. Parce que je n'avais laissé personne s'aventurer jusque là, pas même une femme à qui je pouvais donner bien plus qu'aux hommes. Je ne sais pas pour quelle raison, c'était une barrière que je m'étais imposée sans savoir d'où elle provenait, sans savoir quel chemin elle scellait.

J'entrouvrais alors mes lèvres, sans arriver à prononcer quoi que ce soit. Durant quelques secondes, je ne faisais rien à part serrer sa main. Et puis finalement, ce que je lisais dans son regard finissait de me convaincre, comme l'assurance qu'Il userait judicieusement de cette autorisation, qu'il en prendrait soin même et que je pouvais la lui accorder sans restriction. Alors doucement, je lâchais mon emprise et hochait sensiblement la tête pour lui donner mon consentement. Mon cœur s'emballait alors, avant même qu'il continu à arpenter ce chemin et doucement, je me laissais aller en arrière, mon dos s'allongeant sur le matelas lentement, prête à me délecter ce que je me laissais recevoir.

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La Fille de l'Hiver

J'avais fini par capituler devant ses yeux qui m'assuraient être entre de bonnes mains. Je le savais, évidemment, au fond de moi. Je ne saurais dire pourquoi, mais à ce moment là, je lui avais accordé ma pleine confiance. Et que ce fut une merveilleuse décision. C'était presque indescriptible, j'étais suspendu dans le temps, à ses lèvres, à sa langue. Des éclairs dignes des plus grands orages d'Aer me traversaient de toutes parts quand chacun de ses fracas s'abattaient entre mes cuisses. Si les éclairs demeuraient silencieux, ils pouvaient se satisfaire du tonnerre qui grondait plus loin, en écho à ses attaques, comme résonne l'épée sur le métal du bouclier. Mes doigts avaient alors fait souffrir le draps à m'en faire mal aux phalanges alors que vrombissait mon corps sous tant de tumulte, rendant la brise de mon souffle plus saccadé encore jusqu'à ce que la foudre n'éclate dans l'obscurité de cette chambre.

Malgré ce passage d'Aer, Ignis ne m'avait toujours pas quitté. Enivrée par tant de sensations, je n'attendit pas plus longtemps pour me redresser et de m'avancer jusqu'à lui d'une attitude félin, galvanisée par l'électricité qui m'avait traversée. Oui, il avait réveillé le Fauve, mais un Fauve joueur qu'il avait su caresser dans le sens du poil. Je me sentais incroyablement stimulée et voulais ardemment m'aventurer sur d'autres terres inexplorées. Je l'invitais à se redresser lui aussi d'une main déposée sur son torse, à genoux l'un en face de l'autre alors que nos corps étaient au plus proche. Mes lèvres entre ouvertes venaient quérir les siennes, sans jamais les toucher et pourtant, le bout de ma langue jouait les effrontés en venant les effleurer. Je me délectais alors de l'effet que cela pouvait lui procurer, que je lisais sur son visage et laisser mes mains glisser sur son torse, jusqu'à s'enquérir de sa virilité décuplée. Conservant mon visage au plus près du sien, mon regard se plantait dans ses yeux alors que mes doigts le libérait avec agilité pour s'engouffrer sous son tissu, à ce stade, presque de contention. Un fin sourire vint alors étirer mes lèvres, celui d'une tigresse qui avait plaisir à découvrir la chair épaisse et charnue du repas qui l'attendait.

Toujours l'un en face de l'autre, je quittais presque à contre cœur le souffle de ses lèvres pour venir arpenter sa peau de baisers enflammés, ne lâchant rien de ma prise. Une main plus libre vint guider son pantalon jusqu'à ses genoux, puis je l'invitais à prendre la place qui était mienne l'instant d'avant. Trop bien armée pour l'abandonner, je le laissais à sa guise retirer ce qu'il lui restait de protection quand je venais réitérer mon affront à l'horizontale, à genoux à ses côtés. Je me découvrais joueuse, très joueuse, à un ainsi venir chatouiller ses lèvres du bout d'une langue, d'un souffle avant de traverser les dunes de ses muscles bandés. Un désert chaud, brûlant, qui n'avait de cesse d'enflammer ma gourmandise encore davantage sous chacune des bouchées que je prenais. Mon lame de mon arme en main demandait à être aiguisée par la délicatesse d'une pierre bien humide et c'est avec une certaine envie qu'en bonne forgeronne je m'y attelais.

En tout cas, j'espérais me découvrir des aptitudes en cet art que je ne connaissais finalement que peu. Mais on dit bien que c'est en forgeant que l'on devient forgeron, alors ce soir, il serait le premier à qui j'offrirais mes talents, travaillant le métal chaud avec finesse et assiduité. La lame prenait d'autant plus forme sous mon marteau pourtant délicat. Un travail de précision, qui demandait toute mon attention pour modeler mon œuvre à ma guise, avec application et dévouement.

Une œuvre que je lui dédiais évidemment et que j'espérais appréciée à sa juste valeur. Un frisson me parcourait alors que je sentaient ses doigts glisser dans mes cheveux, appelant mon regard au sien. Ce n'était pas une habitude, mais il était sans doute normal qu'il veuille s'assurer du bon déroulement de mon travail. Je lisais en lui la satisfaction d'une commande bien traitée, alors en bonne commerçante, j'apportais les quelques détails la rendant unique et à son image. Je la délaissais ensuite, non sans penser qu'il était trop bon client pour que je le laisse filer entre mes doigts et que je répondrais à chacune de ses demandes par la suite, si d'aventure il était aussi satisfait de ma prestation qu'il me semblait voir. Avec une certaine tendresse, je déposais quelques baisers sur sa peau réchauffée, remontant le chemin que j'avais arpentée à l'allée. Une traversée accompagnée de quelques regards lancés vers son horizon, mes yeux s'ancrant dans les siens retrouvant la profondeur et l'importance de cet instant.

Nous nous étions abandonnés tout deux à des échanges endiablés, car le désir qui nous animait était criant de vérité. A mesure que mes lèvres remontaient son torse, mon corps venait recouvrir le sien, sans pourtant s'y ancrer. D'une attitude mesurée et douce, mon visage venait rejoindre son semblable avant que mes yeux ne plongent dans la profondeur des siens. Ainsi au dessus de lui, je finissais par trouver un certain immobilisme. Ma respiration était haletante depuis nos batailles, mais j'avais retrouver un certain calme à ainsi revenir à l'essentiel, à revenir à Lui. J'étais là, face à lui, me noyant dans ses yeux et je sentais à nouveau mon cœur tambouriner, frapper ma poitrine et envouter mon âme. Mon regard glissait jusqu'à ses lèvres durant un instant et les miennes s'en rapprochaient inlassablement. Nos souffles se mêlaient et je sentais des tremblements venir troubler mon corps.

Une seconde d'incertitude me fit nous guider jusqu'à nous redresser, l'invitant à retrouver une position assise quand je ne l'étais pas tout à fait pour être à sa hauteur. Ainsi un peu plus à l'aise, je tenais son épaule alors que mes yeux ne quittaient plus ses lèvres. Mon autre main vint alors s'inviter à l'instant, la pulpe de mon index venant les caresser avec tendresse. Oui, j'avais envie de partager avec lui un baiser, je le savais, mais une certaine anxiété me traversait. Dans son regard, je me m'y à chercher la force, la conviction que c'était là un désir qu'il partageait. Moi qui lui avait tant refusé, j'attendais ce soir que ce soit lui qui me l'accorde.

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La Fille de l'Hiver

Toutes notions de temps m’étaient inconnues, complétement. J’étais là, face à lui, entièrement dévêtue, mise à nue et ce n’était pourtant pas ce à quoi je pensais. Je le contemplais, je l’admirais. Je plongeais dans son regard comme dans l’océan, avec ampleur, intensité et dévotion. Et comme pour un plongeon, mon souffle s’était coupé à son approche. Et alors que sa main se glissait jusqu’à ma joue, l’enveloppant de la douce chaleur de sa paume, la mienne glissait jusqu’à la naissance de son cou. Les secondes devenaient éternité quand elle me séparaient de ses lèvres et pourtant, bien que mon désir de les rencontrer pétrissait mon cœur, je n’avais pas l’âme à nous hâter. Plus que le désir d’un baiser, c’était celui de m’offrir à lui, dans mon intégrité qui me consumait.

Mon cœur battait à tout rompre, il me semblait même sentir le sien sous mes doigts. Mon autre main vint alors rejoindre sa nuque pour l’accompagner dans sa chute, celle qui le menait jusqu’à moi. Une seconde s’écoulait et il m’accordait enfin la douceur de ses lèvres sur les miennes. Mon corps se mis à trembler, une onde de choc provenant de la liaison de notre baiser, la moindre parcelle de mes muscles se voyait secouée. Comme si la sensation était trop forte, trop lourde a supporter, je me sentais glisser, perdre pied. Alors mes mains s’accrochaient. Sur son torse mes doigts se crispaient. Contre sa nuque ma paume se pressait pour lui rendre son présent. Je l’embrassais. Je l’embrassais langoureusement et mon corps épousait d'autant plus le sien. Je l’embrassais encore et mes doigts s'engouffraient à la cime de sa chevelure, comme on s'aventure dans l'inconnu, lentement, mais surement.

Ma respiration s’accélérait, des fourmillements venaient envahir mon crâne, mes lèvres, ma peau contre la sienne. Je l’embrassais intensément, avec envie, avec désir car oui, lorsqu’il m’embrassait, un volcan jaillissait de mes entrailles et me consumait d'une savoureuse sensation. Entre coupé par quelques respirations vitales, je ne pouvais me résoudre à me dissocier de lui davantage que pour ma survie. Je sentais ses mains se presser contre ma peau et un long frisson, profond et intense la fit frémir. Mon corps trépignait d’impatience, il l’appelait, il n'attendait plus qu'à se résigner, à accueillir le sien. Ce n’était plus seulement mon cœur qui battait, mais mon corps tout entier.

Un instant de lucidité, de folie plutôt, je me détachais de ses lèvres pour retrouver la profondeur de son regard, comme une grande inspiration avant l'ultime plongeon. Au fond de mes yeux alors, il verrait une envie brûlante et nouvelle malgré son écho à d'autres, celle de lier nos corps, de nouveau et pourtant si différemment. Ne lâchant rien de son regard qui me dévorait, me réchauffait et amplifiait toutes mes sensations, ne faisant qu’accroître ma faim, je me laissais glisser contre son corps, lentement, jusqu’à le trouver, jusqu’à ce qu’il comble le mien. Je sentais alors la vie me quitter, mon âme s’élever, prenant une inspiration salvatrice après une apnée, comme un corps que l'on pourfends pour lui arracher l'âme. Prise d’une foi divine, le ciel appelait mon regard fébrile avant de retrouver celui pour qui ce soir j’étais en vie.

L’implorant du regard, ce n’était pas vraiment silencieusement que je l’incitais de mes confessions à se joindre à ma danse invocatrice de mon Démon. A chaque prière, j’exprimais ma foi et le suppliais de mes complaintes de venir quérir l'âme pervertie qu'était la mienne. Je l'implorais de bien vouloir m'accorder pénitence. Le corps fébrile, c’est avec véhémence que je retrouvais ses lèvres pour appuyer mon plaidoyer, étouffant mes gémissement parfois, les laissant s’échapper à d’autres, mais toujours j’y revenais. Toujours je m’y perdais, sans jamais vouloir en revenir, savourant l'instant comme si c'était le dernier de toute une vie.

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La Fille de l'Hiver

C’était là une éternité et à la fois le temps d’un battement de cils. En mon âme et conscience, j’aurais pu demeurer ainsi jusqu’à ma mort, tout à la fois, je savais que ce moment allait se terminer et qu’il n’aurait pu que le goût d’un souvenir. Je ne voulais pas que cela finisse, jamais, en aucune manière. Je ne saurais dire à ce moment là qu’elle force m’avait poussé jusqu’à Lui, ce soir là, mais je savais que c’était pour ça. Pour cet instant avec Lui, si particulier, si nouveau, si étrange et pourtant si naturel. Si savoureux. Si c’était les Dieux qui avaient dessinés ce chemin, je crois bien que j’allais devenir fervente prêtresse pour les en remercier. Si ce n’était rien d’autre que nos âmes qui s’étaient appelées, alors jamais plus je ne m’y refuserais. Oui, à cet instant j’étais certaine de la dévotion que je Lui vouais. Aussi certaine que les sensations que nos corps s’offraient, aussi certaine que ce cœur qui battait une chamade atrocement délectable.

C’est ainsi que je sentais la rythmique changer, parce que n’importe quel changement était perçus à sa plus grande puissance. Parce que je sentais la crispation de sa mâchoire sous la pulpe de mes doigts, parce que son corps et sa houle n’avaient pas de secret pour moi à ce moment là. D’abord intriguée, il finissait pas rompre l’étreinte de nos lèvres et la frustration naissait au fond de mon regard. J’aurais pu l’en torturer pour un tel affront, des heures durant, mais au lieu de cela ces changements m’inquiétaient. Au début sans ralentir ma course, j’essayais de comprendre au fond de ses yeux et puis finalement je me décidais, le cœur serré après avoir sentit une contraction de sa jambe sous ma cuisse, de me laisser à m’affaisser complètement. J’en profitais pour reprendre un peu de mon souffle qui s’était emballé à une mesure proche de l’asphyxie, mais je sentais surtout son inconfort. Je le sentais comme si c’était le mien, parce que nous ne faisions qu’un à cet instant. Et je m’inquiétais, j’étais préoccupée vraiment, comme il y avait longtemps que je ne l'avais pas été, pour quelqu'un d'extérieur à ma vie nordienne. Le regard craintif, je rompais le silence omniprésent d’un murmure à l’encontre de ses lèvres, à la naissance difficile tant j’avais l’impression de n’avoir plus parlé depuis des années.


Il était cependant hors de question de le laisser me quitter, je pouvais bien en être blâmée. Alors toujours enlacée à Lui, je le suivais dans sa chute. Tout comme il était hors de question de le tenir en respect, j’invitais nos corps à se tourner, à s’installer sur le côté, ne lâchant rien de l’emprise qu’avait ma cuisse autour de ses reins. Ainsi plus à l’aise, plus confortable, je ne l’embrassais plus durant quelques instants, plongeant mon regard dans le sien sans mesure et ainsi pouvoir continuer, jusqu’à notre déchéance future, l’harnachement que j’avais à ma monture. En terminant la course dans une dernière ligne droite endiablée, je liais une ultime fois nos lèvres, nos langues, nos soupires, nos mains à nos peaux et les battements de nos cœurs, marquant de mes crocs la pulpe de ses lèvres quand je franchissais la ligne d'arrivée.

Voilà, le moment tant redouté était là, la conclusion de cet échange, la fin d’un instant suspendu dans le temps. Pourtant je demeurais là, à ses côtés irrémédiablement apaisée comme si plus rien ne pouvais m’atteindre, comme si rien d'autre ne comptait. Reposant ainsi à ses côtés, mon enlacement ce fit plus doux et surtout, je reprenais conscience de ce moment si crispation entre nous. Incertaine, mes sourcils se fronçaient d’une sincère inquiétude à son encontre, une culpabilité certaine se mêlant à mes songes.


Les tremblements de ma voix trahissaient mon état d’esprit que je ne voulais cependant en aucune façon lui dissimuler. Ce soir, je me sentais libre de parler avec Lui, à cœur ouvert et sans crainte, sans retenu parce que nous étions là l’un pour l’autre et c’était la seule chose qu’il me fallait pour me sentir libre de tout.

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La Fille de l'Hiver

Sa réponse était celle d’une plaisanterie quand bien même amusante, ne me faisaitt aucunement rire. Mon inquiétude à son égard était trop envahissante pour me laisser à aller à cette légèreté alors j’attendais, avec une certaine impatience qu’il m’offre une réponse satisfaisante. Mon regard ternis par des sourcils froncés le fixait sans un mot, le laissant à son aise m’envelopper au creux de son bras, sans même que je ne m'en rende compte tout à fait finalement. Cette inquiétude était évidente à ce moment là, même si en y repensant plus tard je la trouverais dérisoire. Jusqu’à maintenant je n’avais pas envisagé une seule seconde qu’il quitte ce monde, ça me paraissait évident qu’il n’était pas le genre d’homme à se laisser tuer. Et pourtant, ici entre ses bras, sa sécurité m’importait comme jamais et surtout, comme si je pouvais y faire quelque chose, bien que je savais pertinemment qu'il n'en était rien.

Alors avec un certain intérêt, j’écoutais son aventure. Celle sur la Nouvelle Île. J’en avais entendu parler oui, plutôt en tant qu’île inconnue, mais je pourrais aisément assumer que je n’avais pas grand intérêt pour son existence. Pourtant, quand il me racontait ce qui s’y trouvait, ce qu’il y avait rencontré, ce qui s’y était déroulé, je dois bien admettre que je l’écoutais comme une enfant face à un conteur. Laissant un peu plus reposer ma tête sur l’oreiller, je me détendais de seconde en seconde, bercer par la mélodie de ses paroles, mes paupières s'alourdissant quelque peu. Ma main vint alors se poser délicatement sur son torse pour achever notre douce étreinte. Lorsque ce fut le temps d’un petit pic, je détournais les yeux de son visage de manière significative, comme pour fuir sa petite provocation l’air de rien, faisant mine de ne pas comprendre où il voulait en venir. Mais bien vite, la suite me rattrapait et mon regard le retrouvais avec une anxiété renouvelée, me redressant prestement sur les mains pour observer la cicatrice qu’il m’indiquait.

Les yeux rivés sur sa plaie, je n’écoutais plus qu’avec détachement la suite de ses propos même en les entendant tous. D’un geste assuré je libérais mon visage d’une mèche de cheveux clair qui, dans ma relevée, s’était glissé devant mon regard. Je sentais alors la douce chaleur de la cheminée réchauffer la peau de mon visage qui en fût privé durant un long moment maintenant que j’y pensais. J’observais sa cicatrice, les traits meurtris d’angoisse, mes doigts s’en rapprochant pour l’effleurer. Et puis après l’angoisse, je sentais une légère mais bien présente colère émerger. Celle qui m’animerait si j’étais face à ces araignées ou plus particulièrement devant n’importe qui ayant essayer d’attenter à sa vie. Et puis à lui aussi, je lui en voulais quelque part, d’avoir risqué sa vie de quelque manière que ce soit. Pour protéger quelqu’un ou par futilité peu importait, alors mon visage se tournait vers lui, le surplombant toujours d’un regard parfaitement sérieux.

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La Fille de l'Hiver

A l’évocation de Sarabi, mon visage commençait déjà à se détendre quelque peu. Je ne savais pas pourquoi, pour quelle obscure raison, mais cette fille d’Ignis avait le don de m’apaiser. En différentes situations, il me semblait que cela était dû à son autorité naturelle, divine, devant laquelle je n’avais aucun moyen de rétorquer. Mais ce soir elle n’était pas présente, pourtant mon rythme cardiaque s’était significativement ralentis. Sans me poser davantage de questions inutiles, je m’en satisfaisais et pouvais ainsi apprécier le contact délicat de ses doigts sur les miens, s’attirant un rapide regard de ma part avant de revenir sur Lui. Finalement, ses propres mots étaient les reflets de mes précédentes pensées. Il ne se laisserait pas aussi facilement avoir par la Mort, je le savais, j’en étais intimement convaincue. Elle ne l’aimait pas. Un fin sourire amusé trahissait ma réaction à cette petite plaisanterie. La crainte s’étant mise de côté, mon regard glissait encore cependant jusqu’à sa cicatrice pour la contempler. Oui, j’avais face à moi l’âme d’un aventurier, d’un homme prenant des risques, même si ce n’était pas tout à fait ce que j’avais pensé de lui au départ. Il n’était qu’un noble aux prémices de notre rencontre, insaisissable et si éloigné. Pourtant, le temps nous avaient dévoilé tout autre chose, de bien plus fascinant.

Je n’eus cependant pas le loisir de me laisser à des souvenirs, arrachés à mes songes alors qu’il fondit sur moi tel un rapace sur sa proie. Il réveilla alors un instinct primaire, qui ne s’exprima pas mais qui me fit ressentir une certaine crispation, un sursaut de surprise, une envie de le repousser. Je m’étais à peine reculé à sa venue que ses mains sur mon visage me forçaient à l’immobilisme. Comprenant avec la même soudaineté ce dont il était question, je le laissais me manipuler pour observer, soupirant quelque peu nerveusement, le visage tiraillé et fuyant le sien.

Ce moment passé avec lui m’avais fait complètement oublié ce récent souvenir, cette nouvelle cicatrice. Elle était là première à cette endroit, d’une longueur évocatrice. Finalement il se décida à me laisser en paix, pourtant de mon côté je ne me résignais pas à lui accorder mon regard, pas tout de suite à part quand il me demanda, m’ordonna de lui donner un nom. Voyant au fond de ces yeux une lueur que je lui connaissais fort bien, il m’était désagréable de la voir diriger vers moi, même si je la savait animée pour quelqu’un d’autre. Mon regard plongeait dans le sien, avec intensité et détermination.


Je ne lui permettrais pas de s’inquiéter pour ça, certainement pas. Même si il était évident maintenant que je comprenais, cependant je sentais comme une pointe de vexation, comme si je n’étais pas capable de me défendre ou qu’il se sentait obligé d’accomplir mes vengeances. Un peu contrariée, je détournais mon visage après L'avoir regardé à peine une seconde, le portant vers la cheminée, plongeant mes yeux noircies dans les flammes.



Cette sensation était toute nouvelle et je n’aurais pas cru pouvoir l’évoquer si vite, mais avec Lui ça paraissait évident que je le pouvais. Il comprendrait j’en étais intimement persuadée, peut être même mieux que moi. Pourtant, cette profonde noirceur qui s’était exprimée, qui avait jaillis de mon être avait quelque chose d’effrayant. Je me redressais un peu plus, finalement pour m’éloigner de lui comme si j’avais peur que cette révélation change tout de même quelque chose, fuyant son regard si jamais il le cherchait. Mes épaules se refermèrent quelque peu et pour l’imiter, je me lançais dans le conte de cette histoire, avec cependant bien moins d’héroïsme.


Je me décidais enfin à me tourner vers Lui, toujours un peu crispée mais surtout fatigué de toujours rencontrer des hommes comme celui-ci, des agresseurs, des violeurs, des putains de fils de chien. Je devrais tous les traquer, tous les torturer. Mes babines se retroussaient d’une certaine bestialité avant de secouer mon visage pour tenter de passer outre. Toujours tourné vers lui, mon regard tombait lentement jusqu’à sa main sans parvenir à la prendre. Je me sentais chaque fois honteuse dans ce genre de situation, sans savoir véritablement pourquoi. Mais ainsi, en silence je songeais à sa réaction. Il était capable de protéger, même si ça n’avait jamais été pour moi. Il était capable de réagir en m’ayant imaginé en danger. Peut être que... finalement...

Codage par Libella sur Graphiorum

La Fille de l'Hiver

J'aurais dû me douter de ce qu'il allait faire de ma confession, Lui qui avait déjà retrouvé le regard du Démon à la simple vue de ma cicatrice. Il quitta le lit brusquement, attirant mon regard surpris à Lui, prise d'une nouveau sursaut. Je l'observais impuissante, se rhabiller et s'élancer jusqu'à la fenêtre pour crier une rage qui s'était révélée en quelques instants. Écarquillant les yeux, j'eus du mal à comprendre ce que cela me faisait ressentir de le voir ainsi entrer dans une grande rage pour quelque chose qui m'était arrivé. Et puis finalement, était-ce vraiment cela la cause ? Qui étais-je pour identifier et comprendre ses motivations ? Pourtant, une autre évidence se révéla avec violence. Alors à mon tour avec rapidité et efficacité, je me levais du lit, attrapais mes vêtements et les enfilais avant de quitter la pièce sans me préoccuper du fait qu'Il y fasse attention ou non. J'optais plutôt pour un non dans son état, mais là n'était pas le plus important. Je m'élançais jusqu'à la rambarde du palier et voyais déjà Sarabi en bas s'engager dans les escaliers qui l'a mènerait à nous.


Elle s'était stoppé dans sa course, plantant son regard cristallin dans le mien. Je savais qu'elle s'inquiétait, c'était évident qu'elle allait accourir jusqu'à Lui en l'entendant crier ainsi. Elle était incertaine, je le voyais, mais je l'implorais de me faire confiance sur ce coup là. Je n'estimais pas le mériter, ni même en être digne, mais je n'avais jamais autant espéré qu'on me l'accorde qu'en cet instant. Finalement, elle finit par capituler en s'asseyant sur sa position, m'assurant qu'elle ne me laisserait pas de seconde chance. Mais je la remerciais sincèrement avant de retourner dans la chambre, fermant la porte derrière moi. Il était là, sur ce balcon me tournant le dos et je sentais d'ici la rage qui ne désemplissait pas. Je fis alors un premier pas en sa direction, avant de m'arrêter soudainement. Qu'est-ce que j'espérais faire ? Comment ? Le calmer avec des mots ? J'en étais parfaitement incapable, je ne savais pas faire ça, ces derniers instants en étaient les témoins. Je savais seulement nourrir sa colère, de bien des manières. Alors que pouvais-je faire ? Malgré ma profonde envie de le calmer, de l'apaiser, je me sentais parfaitement impuissante, incapable de cela. Je m'apprêtais à m'adresser à lui, à chercher mes mots, mais impossible. Tout bonnement impossible. Je n'avais qu'une solution, qu'une idée, qu'une alternative pour le faire flancher.


Ma voix n'était pas fébrile, au contraire plutôt certaine. Ainsi prononcé son prénom, son vrai prénom, me donnait la détermination dont j'avais besoin. Je m'avançais jusqu'à Lui alors qu'il se retournait nerveusement vers moi. J'élançais mon corps vers le sien, attrapant son visage entre mes mains avant de l'embrasser avec intensité. Langoureusement et malgré tout, même à cet instant, avec envie, y aurait-il seulement un moment sans ? Préférant tout autant mettre toutes les chances de mon côté, je conservais l'une de mes mains sur sa joue alors que l'autre glissait jusqu'à l'une des siennes pour la guider sur mon corps, sans Lui laisser la moindre possibilité de faire autrement. Je la menais d'abord sur ma poitrine avant de la laisser glisser dans mon dos, sous mon pantalon, sur mes fesses avant de le forcer à les serrer, mon corps calquant sa trajectoire en appuyant mon baiser. Quand nous faisions l'amour tout à l'heure, il était évident que j'aimais ça et je savais que Lui aussi. J'espérais que cela serait suffisant pour détourner son attention, le faire oublier, le faire n'avoir d'attention que pour moi. Je me jetais avec dévotion, m'étant mon âme en gage pour espérer apaiser ce Démon que j'avais invoqué, quitte à sacrifier mon corps pour l'exorciser.

Codage par Libella sur Graphiorum