La Fille de l'Hiver

22/08/2013

Eté +22.

La Fille de l'Hiver

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Feat Lagertha.

Un court instant j'eu l'espoir de retrouver ma guerrière bien que je n'en comprenais pas la raison. L'idée avancée me semblait astucieuse et en rien désobligeant à son égard. Après tout, c'est elle qui avait énoncée la plan consistant à être captive. Si l'idée que je sois celui la tenant en respect par leurre était la cause de la noirceur de son regard, c'est que nous allions avoir un problème car bien qu'étant de bonne attention, je ne comptais pas perdre du temps à faire des courbettes et mesurer le moindre de mes propos pour ne pas effleurer sa sensibilité excessive.

L'incompréhension gâcha ces retrouvailles et empêcha le moindre sourire de s'extirper. Le point soulevait à la suite était intéressant. Tout d'abord car il continuait d'apporter les preuves que Lagertha affiner les détails de ses planifications, mais aussi car il s'agissait d'un détail pouvant être fatal. Par chance, la situation ne demandait pas une grande concertation et lorsqu'elle portait son regard en arrière, je lui fis part de la chose.

- Parce que je t'ai traqué et naturellement, c'est en terre de non-droit que je viens de te capturer. J'ai perdu de nombreux hommes et je suis sur un territoire davantage enclin à me tuer pour te libérer, plutôt qu'à m'apporter assistance. Ce pourquoi, je me suis hâté de trouver refuge auprès du premier lieu sûr. Et si nous œuvrons de nuit pour obtenir l'avantage de la pénombre, la simple nécessité d'un lit suffirait. Ne penses-tu pas ?

En soit, je me questionnais sur le fait même qu'un Comte du Sud ne soit pas obligé de se justifier de la moindre chose avec un bourgeois du Nord. Si je me souvenais bien, plus on était éloigné de la Capitale et moins nous avions d'influence, ou de considération. Cela étant, il restait préférable de détenir une histoire moins belliqueuse à raconter. La laissant se décider, je tournais mon regard en sens inverse, observant les portes de la demeure principale mais tandis qu'elle me répondait, je réalisais l'endroit où nous étions.

Anecdotique. Mais quelque peu étrange qu'elle se soit réveillée maintenant. Bien entendu le hasard pouvait être la cause néanmoins, je préférais m'en assurer. Mon visage accompagna mon regard jusqu'au siens, puis il fit un aller-retour avec ce qui fut autrefois une table renversée. Serait-ce cela l'objet de son inexistence ? De cet absence émanant d'elle ? Une rancœur pour l'avoir contrainte à se confronter à de nouveaux échecs majeurs. Il me fallait savoir si cela était réel ou non.

- Nous allons affronter le Prince et le Keizer Lagertha. Ensemble. Amorçais-je en me tournant entièrement dans sa direction. Il ne doit y avoir aucun silence entre nous. Dis ce que tu as à dire.

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11/05/2017

La Fille de l'Hiver

Demeurant le regard stratégiquement détourné de lui, je tentais depuis lors de calmer mes ardeurs. Qui d'ailleurs n'en était pas vraiment, ce n'était pas seulement de la colère, même si il y en avait forcément un peu. C'était différent, quelque chose que je n'arrivais pas à analyser, ni à comprendre. Alors pourquoi chercher ? Petit à petit, très lentement, ma respiration haletante devenait plus calme. Bien, j'y arrivais, c'était le principal. Me battre contre de Démon, d'accord, mais sans en connaître l'origine ça ne me paraissait pas des plus judicieux. Il me fallait plutôt passer mon chemin, comme j'avais pour habitude de le faire.

Relâchant un peu la pression autour de mon corps, je libérais ma gorge pour ne plus finir que par les croiser autour de mon ventre, le regard toujours détourné cependant. Son plan me paraissait bon et il l'était sûrement. Mais à nouveau, cela soulevait une autre question qu'une fois encore, je ne pu poser immédiatement. Ma réflexion m'avait fait perdre le fil alors que je m'y raccrochait soudainement quand il s'adressa à moi de manière plus intense. Dans mon champ de vision, je l'avais vu se tourner vers moi, avec une insistance me faisant froncer les sourcils avant que je ne lui offre mon visage. Je ne m'attendais à rien, alors j'essayais de le sonder pendant qu'il annonçait ses paroles. Et je ne m'attendais certainement pas à ça. A nouveau, je m'immobilisais, prise d'un frisson cette fois-ci. La rage s'estompait, par le simple fait qu'il me demandait de l'exprimer et ça, j'avais dis que je ne le referais plus. Alors je m’exécutais, mon regard glissaient machinalement jusqu'à son torse, au travers duquel je le regardais à peine.

❝ Je n'ai rien à dire Maître. Votre plan me convient. Mais il y a encore quelque chose qui mérite une éclaircissement je pense. ❞ Mon regard retrouvait le sien, moins enflammé que l'instant d'avant, plus professionnel sans doute. ❝ Pourquoi vous me traqueriez ? Vous même ? Pas pour la prime, puisque vous me livrerez à d'autres. ❞

En vérité, je doutais que ce fameux clan aille jusqu'à se questionner à propos de tant de détail. Je ne saurais dire pourquoi, mais j'avais l'impression que cette question avait un autre fond, une autre origine. Je savais bien que je n'aurais pas la réponse que je cherchais, la question n'était même pas la bonne. Et après tout, avais-je seulement envie d'avoir une autre explication que celle de mes échecs et mes fautes. J'avais accepté sa sentence, sans m'en défendre, je comprenais donc ses motivations. Alors pourquoi cela me tourmentait encore ? Au fil de ces pensées, mon regard s'engouffrait dans le sien, mon air n'était plus revêche, je sentais mes traits prendre une mine bien différente. Je ravalais ma salive et sentait mes yeux briller d'une étrange lueur. Ma gorge se serrait, comme un étranglement. Une désagréable s'imposait à moi, sans savoir exactement de quoi il s'agissait, tout ce que je savais, c'est que c'était étrangement similaire à une sorte de peine.

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Feat Lagertha.

C'était toujours autant agaçant. Cette manie qu'elles avaient de nous dire qu'il n'y avait rien quand l'évidence appelait au contraire. Je venais de m'intéresser à son ressentie tout en lui soulignant le fait que nous devions être sincère en tout temps afin d'accomplir nos grands projets. Pourtant, elle demeurait avec son secret. Soit. Ma fatigue cumulée depuis le retour de la Nouvelle Ile, ma dégustation quotidienne d'alcool et l'heure avancée ne m'octroyaient pas la patience nécessaire pour jouer ce jeu consistant à insister encore et encore, jusqu'à ce qu'elle finisse par me répondre, nous ayant alors simplement fait perdre du temps inutilement. Sarabi ne pourra pas me reprocher de ne pas avoir essayé sa méthode.

- Je ne t'ai pas mentionné la nécessité que cela soit important, mais comme bon te semblera. Débutais-je en soupirant. Les nobles sont constamment à la recherche d'une meilleure réputation. De nouvelles raisons de se mettre en avant par rapport à d'autres de même rang. Continuais-je avec jugement. Et je suis connu pour être un noble à tendance aventurière plutôt qu'enfermé dans son bureau. De toutes les façons, il me semble qu'il ne soit même pas en droit de me parler sans que je l'y invite.

J'avais terminé dans une réflexion pour rapidement la perdre. Je n'allais pas perdre ma soirée à penser aux lois du Prince bien que celle-ci, pouvait jouer en ma faveur. Mon regard se porta avec plus d'attention sur celui de Lagertha qu'elle daignait enfin garder en ma direction, sans qu'il ne soit plonger pour autant dans un agaçant vide insondable. C'est alors qu'une étrange impression me vint. Une fine expression glissait sur son visage, de celle que je n'avais pas encore vu la concernant. Cela ne pouvait être possible. Après tout, qu'importe la raison de son silence, cela n'était rien d'important selon ses propres mots.

- Si cela te semble trop incertain et que tu trouves plus rassurant que cela soit fait par l'un de tes hommes, il n'a qu'à en être ainsi.

J'avais parlé avec une certaine pointe de détachement. L'idée que je puisse tenir la lame me paraissait être la touche qui rendait sans failles son astucieuse idée. Cependant, je n'y avais aucun attachement particulier et ainsi, son choix pouvait se porter sur un membre de son clan. Après tout, du moment que la victoire était à la fin, je n'avais pas d'intérêts à ce qu'elle suive un plan précis. Avant qu'elle ne puisse répondre, mon regard se décala pour se porter derrière elle où des bruits de pas parvinrent rapidement à ses oreilles. Le Général, suivis d'une femme et d'un enfant qui firent halte en même temps que le Katarydon fermant la marche, lorsque celui l'ouvrant continua pour me rejoindre.

- Après votre passage dans le potager, je me suis permis de vérifier qu'il n'y avait pas de mauvaises herbes.

Son regard se porta alors en arrière avant de se poser sur la nordienne, interrogateur. Cela ne dura qu'un instant car rapidement je lui ordonnais de les mener à l'intérieur, où je réglerai le problème. La femme et le fils du Marquis très certainement. C'était plutôt plaisant de pouvoir compter sur un homme sans avoir à lui donner la moindre instruction. Peut-être devais-je considérer Lagertha comme une Générale. Lui accorder une liberté suffisante pour qu'elle agisse à sa manière. Faire preuve de sympathie et me montrer moins virulent dans mes reproches. A moins que je ne voyais plus que ce qu'il n'y avait réellement. Après tout, il n'y avait rien d'important à redire.

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11/05/2017

La Fille de l'Hiver

Mon regard demeurait toujours dans le sien, le temps de sa réponse à ma question. Comme je m’en était douté, ses mots m’importaient peu tant qu’ils répondaient à de futiles détails d’un plan qui ne m’importait déjà plus autant que tout à l’heure. Tout ce que je voyais c’était Lui, face à moi, me parlant d’une voix détachée et froide. La peine, ou du moins ce que je croyais en être, finit par redevenir crispation. Les traits de mon visage à nouveau troublés et mon regard finalement fuyant vers le sol à la conclusion de ses premières paroles. Je grimaçais quelque peu, mes bras enfermant toujours mon corps. Il finissait alors par me faire entendre que si cela ne me plaisait pas ainsi, il pouvait en être autrement. Malheureusement l’alternative proposée n’était pas aussi bonne et je l’imaginais bien plus apte, que n’importe qui dans mon clan, à feindre un tel jeu. Le visage toujours détourner de Lui, je l’agitais d’une faible négation avant de vouloir entamer une réponse qui, une fois encore fut contrainte au silence.

C’est en entendant des bruits de pas derrière moi, notant son regard s’y diriger que je me tournais moi même vers leur origine. Nouvelle crispation. Elles étaient innombrables ce soir. Mon souffle se coupait et mes doigts se serraient nerveusement sur mes bras. Mes yeux écarquillés voyaient le Général, dernier acteur de ce tableau tourmenteur. La dernière pièce qui me renvoyait à ces tourments qui n’avaient jamais disparu le concernant. J’en prenais amèrement conscience ce soir. Qui plus est, ils étaient de nature bien différente de celle que j’avais imaginé, en tout cas c’était ce que je supposais. Mais cette fois-ci avec le Général, ce n’était plus cette étrange peine qui se faisait ressentir, mais bien l’amertume. Je me sentais sortir de mon propre corps, observant avec stupeur cet homme qui s’avançait à peine vers nous, mon regard pétrifié sautant d’un individu à l’autre, pour finir par se poser sur la femme et l’enfant qui le suivait. Je ne respirais toujours pas et je sentais que mon cerveau commençait à manquer d’oxygène. Entendant ses paroles comme si elles étaient lointaines, je ne pouvais pourtant détacher mon regard du Général et de ses suiveurs, ce même quand il nous quittait pour rejoindre la demeure principale.

J’eus alors un élan instinctif, faible, mais bien présent vers ces trois silhouettes. Je m’arrêtait alors soudainement, j’avais pris conscience de la portée des mots du Général. Le potager, là où nous nous trouvions tout à l’heure. Sa victime. Des mauvaises herbes qu’on doit arracher certainement. Mon cœur palpitait à en rompre ma cage thoracique, je retrouvais malgré tout une respiration terriblement haletante. Je savais de quoi Il était capable, peu importe le genre de la personne en face de lui. J’en avais été le témoin et même la victime. Mon visage se décidait enfin à trouver le sien, se tournant à une allure presque mécanique, le regard quelque peu paniqué.

❝ Qu’est ce que... qu’est ce que vous allez leur faire ? ❞

Ne les tues pas. C’est ce que je voudrais lui dire, mais je ne le pouvais pas. Pour un tas de raison. Parce qu’il m’avait régulièrement reproché de laisser la vie sauve à des témoins, parce que je n’étais qu’un pion qui n’avait pas son mot à dire, parce que si je m’y opposais je craignais d’être la victime. Craignais-je vraiment qu’il les tue ? Après tout je ne les connaissait pas et j’étais loin de pouvoir protéger toutes les femmes et enfants de cette île. N’avais-je pas seulement peur qu’il me démontre en être capable, une fois de plus ? Parce que cela voudrait tout simplement dire... qu’il en serait encore capable avec moi...

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Feat Lagertha.

Les mauvaises herbes furent conduites à l'intérieur de la résidence principale sous escorte tandis que je restais un instant encore à l'extérieur, désireux de poursuivre ma conversation avec la nordienne avant de me charger du nouveau problème. Mon attention revint de fait sur ses fins traits qui se déformaient à l'image d'une émotion que je connaissais fort bien pour l'avoir vu à de multiples reprises, bien que peu assez encore à mon sens. La peur. L'inquiétude. Le refus d'accepter que l'on soit entrain de réaliser notre mort prochaine. Enfin, leur mort. Mon visage se tourna vers la porte close avant de revenir sur le siens.

Lagertha s'inquiétait du sort de ces deux inconnus. Il m'aurait été facile de l'informer que là n'était pas son soucis, que le siens se portait plus au Nord. Mais depuis son arrivée, c'était la première fois qu'elle daignait faire part d'un quelconque ressentie. Enfin elle montrait une réaction sincère. Mettre fin à cela aussi vite serait gâcher une opportunité. Puisque ces deux lambda parvenaient à la faire réagir, j'allais en profiter pour déceler, à ma manière cette fois, le problème dont elle ne daignait pas me faire part.

- Viens voir par toi-même.

Mes mots furent accompagnés d'une nouvelle invitation à s'avancer. Rapidement, la porte se ferma derrière nous pour lui laisser l'occasion d'observer un nouvel intérieur. Le parquais était aussi nouveau que la présence d'un piano à sa droite et de trois chaises sur sa gauche. Sous ses pieds, un long tapis finement brodés d'un rouge bordeaux remontait la pièce jusqu'à un autre, rond et bien plus petit, entouré par trois canapés. Se prolongeant en dessous, la trainée rougeâtre se divisait en deux directions. L'une à droite, l'autre à gauche. Tous deux passant devant une porte close avant de bifurquer pour rejoindre des escaliers de marbre blanc permettant l'accès à l'étage.

Sur le canapé rouge faisant face à la porte d'entrée, la femme et l'enfant étaient assis tandis que derrière eux et de chaque côté, se tenait réciproquement le Général et un membre des Katarydons. Je précédais Lagertha qui me suivis alors, pour m'arrêter aux pieds du second tapis. Mon regard les toisa tous les deux. Ils étaient quelque peu inquiet et lorsque la veuve essaya de se lancer dans une menace politique, un geste de ma main la fit se taire aussitôt. Elle n'était pas idiote semblait-il.

- Voici la femme et le fils du Marquis dont tu m'as vu un peu plus tôt, lui faire la leçon d'humilité qui lui manqua lorsqu'il s'adressa à moi durant la soirée.

De sous ma tenue, je sortais une dague similaire à celle qui lui fut offerte avant de me retourner en sa direction. L'instant était à l'épreuve. Ma main vint poser de force l'arme contre son torse, ne lui laissant pas le choix de s'en saisir. Au plus près, mon regard était sombre et fixait le siens, qu'il soit fuyant ou non. Ma voix s'éleva alors. Ferme et décidée. Il était l'heure pour Lagertha de faire un choix.

- Ceux sont des témoins.

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La Fille de l'Hiver

Mon cœur, à nouveau, était pétrit d’un sursaut douloureux. Il m’invitait à le suivre, à être moi même le témoin de ses actes, encore une fois. J’aurais voulu fuir, refuser tout bonnement son invitation, partir dans l’autre sens. Rejoindre Xion et m’en aller d’ici, pour toujours cette fois. Mais il ne me laissait pas le choix, consciemment ou non, il m’imposait sa volonté quelle qu’elle soit. Et moi, en bonne élève, j’acceptais. Dégoûtant. Alors, je le suivais, après un court temps de réflexion que j’avais plutôt intérêt à lui dissimuler. Cependant cette fois ci, je ne me faisais pas prier pour demeurer à sa suite, le laissant ouvrir la marche jusqu’à ouvrir les portes de sa demeure. C’était différent, mon regard vagabondait un peu partout pour m’en rendre compte. C’était loin d’être important cependant, je m’en fichait complément. Mes yeux trouvèrent cependant rapidement la femme et son enfant, son fils. Mon cœur eu un énième rebond et l’inquiétude se trahissait au travers de mes yeux.

D’instinct, j’observais la scène. Ses futures victimes étaient entourées de garde, du Général qui plus est. Je pouvais encore faire le choix d’appeler Xion, mais je savais bien que personne ne m’en laisserait l’occasion. Seule alors ? Aucune chance. Leur sauver la peau me paraissait impossible, pourtant un instant, le regard de la femme trouvait le mien et glaçait mon sang. Serais-je moi même le témoin de leur massacre et ne pourrait rien y faire ? Les mots du Démon m’atteignaient à peine, jusqu’à ce que je n’en ai plus le choix. Comme arrachée à mes songes, je sentait un coup sur ma poitrine qui coupa ma respiration. C’était lui, plaquant là dague jumelle à celle qu’il m’avait offert à mon « anniversaire ». D’incompréhension je voulais me reculer, mais j’étais incapable de le faire. Ou, à nouveau, il ne m’en laissait pas du tout le choix. Je ne pris pas la dague tout de suite cependant, avant cela mon regard trouvait le Sien, en espérant y trouver un répit qui était inexistant. Non, il ne me laissait pas le choix.

Pour seule stratégie, mon âme quittait mon corps, vidait mon regard avant de prendre cette dague, effleurant sa main par la même occasion. Mes yeux d’un néant brun se posaient alors sur la femme, vers laquelle je fis un premier pas. Ils étaient des témoins, ils étaient une menace, un risque. Il fallait supprimer les risques. Voilà ce que je devais penser. Je l’entendais commencer à rétorquer alors que je faisais un second pas. Cette fois ci sa défense changea radicalement. Elle jeta son corps autour de son fils, acceptant sa sentence tout en m’implorant de l’épargner dans des sanglots qui faisaient trembler sa voix. Mon esprit revenait alors, réanimant mon regard qui se posait sur eux. Un choc qui me brisa sur place. Elle était prête à se sacrifier si c’était pour sauver son enfant. Une mère. Comme la mienne. Comme moi je le ferais pour les miens. Mon poings tombait, lentement, jusqu’à diriger la dague vers le sol. Mon cœur tambourinait, je risquais gros. Mais je devais savoir, c’était peut être ma seule chance. D’une voix plutôt basse dans un premier temps, mais parfaitement audible, je commençais mon laïus, tournée vers la femme et son enfant.

❝ C’est simple pour toi... c’est ça ? ❞ Je me retournais alors vers Lui, oubliant que nous étions entouré et ce n’était sans doute pas une bonne idée. Mais ça n’avait pas d’importance, tout comme l’étiquette que j’avais tenté de conserver jusque là. ❝ C’est simple pour toi de tuer, parce que tu n’as pas de raison de ne pas le faire. ❞ Je me tournais complètement vers lui, avançant d’un premier pas. ❝ Tu n’as personne d’assez... important à épargner, ou à protéger. Personne pour qui tu pourrais sacrifier ta vie, comme cette femme avec son fils. ❞ j’avançais encore, n’ayant plus qu’un pas de distance de lui. Mon regard s’était plongé dans le sien, sans défi, sans rage, sans rancœur. ❝ Parce que tu ne sais pas ce que ça fait de perdre quelqu’un... d’important et tu t’en moque. Alors, pourquoi épargner qui que ce soit ? ❞

Je jouais gros, très gros. Mon cœur tambourinait, mon âme tremblait, mon corps restait stable. Mon regard glissait alors jusque la dague que je lui présentais lentement avant de retrouver son regard.

❝ Je suis un témoin, de bien plus qu’elle. ❞

Mes yeux plongeaient dans les siens et je retrouvais le silence. Qu’il essaye de me tuer une fois de plus et j’appellerais Xion, peu importe les conséquences. Mais ce n’était pas ça qui m’importait. Il avait toutes les raisons, selon lui, de me tuer. Alors qu’il essaye encore et je serais fixé, une bonne fois pour toute. Le point de non retour.

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Feat Lagertha.

Après un temps d'hésitation, la nordienne accepta finalement de prendre la dague. Ce geste au combien banal, obligea un court instant l'un de ses doigts à effleurer les miens et tandis qu'elle s'avançait, l'un des miens vint réitérer ce fugace contact. Rapide et pourtant il avait provoqué un sursaut dans ma poitrine en causant une accélération de mon rythme cardiaque instantané, disparaissant aussitôt il fut rompu. Mes pensées ne s'y attardèrent pas au vue de la situation demeurant plus importante. Mes pas se tournèrent alors à sa suite et c'est en laissant plusieurs encore nous séparer, que je m'arrêtais pour observer.

La jeune veuve défier cette criminelle qu'elle avait de toutes évidences reconnues pour finalement supplier en constatant son inflexible marche. Mon attention ne lui accordait qu'une oreille inconsciemment attentive car de cette pièce, mes yeux n'observaient que Lagertha. Sa démarche. Le haussement de ses épaules marquant sa respiration. La poigne sur le pommeau. Elle hésitait. Mes yeux se plièrent, s'intéressant à cette constatation. D'ici une poignée de secondes, je saurais si elle réussirait ce test imposé ou non.

Finalement, elle me fit volte-face à ma grande surprise après avoir laissé résonner un murmure qui avait déjà commencé à me faire déplisser les paupières. Chaque mot qu'elle portait m'atteignait et trouvait une réponse. Interrogateur à ses premiers affirmant que je ne possédais aucune raison de ne pas le faire. De manière générale, c'était le cas. Cette maudite île m'avait pris tout ce auprès de qui j'avais un jour accepter de m'attacher. Pour cela il ne méritait aucune clémence.

Mon regard se durcit et s'assombrit à mesure que ses mots défilaient. J'aurai pu sourire de constater ainsi son réveille mais ses propos étaient bien trop dangereux. Non pas car ils diffamaient mais à l'inverse, car ils étaient criant de vérités. Aucun de ceux m'entourant n'avaient assez de valeurs pour que j'en sacrifie ma vie. Le Général. Les Katarydons. Ce village même pouvait bien brûler que je n'y changerais rien à mes projets. Cette île m'avait retiré chaque attachement, les uns après les autres, jusqu'à ce qu'il ne me reste plus qu'une vengeance. Ce qui c'était produit au large de l'horizon était une exception s'expliquant par une situation particulièrement unique. Si cela était à refaire en aucun cas je ne brandirais l'épée pour ce groupe. Quant à Sarabi, elle était immortelle et de fait, bien que je m'élancerais toujours dans les batailles où elle serait, ne nécessitait pas un sacrifice. Qui plus est cela l'obligerait possiblement à des années d'enfermements.

Mes muscles se contractèrent et mes sourcils se froncèrent à chaque mot. Cette fois elle allait trop loin. Que savait-elle de ce que j'avais perdu ? De qui j'avais perdu ? De ce que cela avait provoqué chez moi ? Que savait-elle, elle qui ne s'était soucié de rien me concernant si ce n'était ma capacité à lui apporter ce qu'elle désire. Je connaissais la raison de son démon, c'était-elle seulement interrogé sur le miens ? Bien sûr que non. Mais cela ne l'empêchait pas de venir jouer les donneuses de leçons sans avoir la moindre information du sujet qu'elle traite. J'avais perdu bien plus qu'elle. Et chacune de ces pertes hantait mes nuits à m'en couper le sommeil. A en perdre la capacité d'aimer. A en devenir le Démon.

Derrière elle, alors que sa main allait à tendre la dague, le Général et celui sous ses ordres s'échangèrent d'inquiets regards. Ils savaient ce qui se passait. Il connaissait le mal qui me rongeait principalement depuis que le bandeau ensanglanté enroulait mon poignet. Lagertha venait d'amorcer un sujet qui la dépassait et dont aucun n'était en droit de l'évoquer. Mais plus encore, elle se disait prête à mourir. A abandonner ce qu'ils avaient entrepris à la moindre occasion et pour tout temps de réflexion, celui de quelques pas. Tout cela allait dégénérer. Du sang allait devoir être versé et mon second doutait sur le fait qu'il y en ait assez dans tous les environs.

Les longues secondes devinrent une minute, ou peut-être deux. Court pour certain mais au combien longues en une telle situation où la tension n'était plus palpable, mais une certitude aussi grande et intense que pouvait l'être l'existence du soleil. Ma main accepta finalement de récupérer la dague d'une poigne ferme qui ne cessa d'aucun instant. Une profonde colère à la limite de la haine se percevait dans mon regard s'enfonçant dans le siens. Il ne lui était pas difficile de comprendre que ses mots s'étaient confrontés à un sujet dont elle ignorait l'existence, mais qui était bel et bien présent. Elle n'était pas la seule à avoir apparemment connu un drame nourrissant sa hargne permanente.

Ma respiration était de plus en plus marquée, gonflant mon torse. Derrière Lagertha, plus aucun bruit ne se faisait entendre. Ni la femme. Ni l'enfant. Ni les hommes en noir. Plus personne ne désirait rappeler leur présence car tous savaient, que le premier à briser le silence périrait. Peu importe qui il était. Contre toutes attentes très certainement, je me contentais de secouer lentement mon visage dont les traits s'adoucirent en une profonde déception, avant que mes pas ne me firent gagner l'étage en silence.

Après un instant où personne n'osait réellement bouger ni prendre la parole, le Général rompit la tension. D'une voix calme et presque silencieuse, il ordonna à son homme de les conduire en cellules avant de rejoindre une petite table pour s'y servir un bourbon. Son regard se porta sur Lagertha toujours présente, et il en fit couler un deuxième qu'il lui porta pour lui tendre lentement. Le verre récupéré, il trinqua sans réellement attendre que ce geste soit partagé et vida d'une gorgée le siens.

- La bonne réponse était ni femme, ni enfant. Lâcha-t-il finalement après une hésitation, avant de sortir à son tour de la résidence.

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11/05/2017

La Fille de l'Hiver

Mon âme était fébrile, tout mon être l'était. Ainsi face au Démon que je savais provoquer, même si ce n'était pas mon intention véritable tout compte fait. Pourtant mon corps restait immobile et petrifié. Le temps s'était arrêté, j'avais encore moins conscience de ceux nous entourant. Mon cœur allait dans quelques instants faire exploser ma poitrine. Je sentais ma main tressaillir quand il se décida à prendre la dague que je lui présentais et même si je n'avais pas décrocher mon regard du sien, j'avalais ma salive difficilement. L'heure fatidique était arrivée. L'avais-je provoqué à tel point qu'il n'y aurait pas de retour possible ? A vrai dire, je ne me posais même plus la question, je n'avais plus aucun contrôle à ce propos de toute manière. Ce qui me proccupait en revanche, c'était ce que je voyais au fond de ses yeux. Une hargne, une colère, différente de celle qui l'avait poussé à lever la main sur moi. Un fureur, instable, profonde que j'avais l'impression de connaître.

Le dénouement était pourtant loin d'être celui que j'attendais, celui que je cherchais. Plutôt que de me cracher au visage, il perdit sa rage en un instant avant de partir, de s'éloigner de moi et de quitter l'endroit. Je sentais alors la tension dans mes muscles se relacher violemment, dans un soupire brusque. Enfin, mon corps se permets de trembler à cause de la tension accumulée, mon regard perdu ne regardant que le vide devant moi. J'entendais alors au loin le voix du Général, mais n'en comprenais rien. Je restais là, silencieuse, ne bougeant pas. Je venais de risquer ma vie, encore. Mes résolutions à ce propos me paraissaient tellement loin. Comment faisait-il pour ainsi me pousser au delà de ce que je voulais ?

Toujours absente, je discernais néanmoins le Général s'avancer vers moi et me tendre un verre d'un alcool que je n'avais pas pris le temps d'identifier. Ne lui accordant qu'un bref regard, je l'acceptais et le prenait d'un air absent avant qu'il ne fasse teinter son verre contre le mien. Mon main levée, quelques instants, le regard toujours dans le vague. Sa voix me rattrapait finalement et attirait mon regard à lui, incertain. Ni femme ni enfant ? Il ne les auraient pas éliminé ? C'était ça qu'il fallait que je comprenne ? Comment... Comment étais-je sensé deviner ça, quand il me reprochait d'avoir épargné Oblivion dont il connaissait le genre ou quand Il levait la main sur moi ? Je fronçais les sourcils, perdant l'ancrage de mon regard sur le Général qui avait fini par quitter les lieux lui aussi. Je restais alors là, devant cette table, l'espace d'un instant que je ne saurais identifier. Long certainement, court peut-être je ne savais pas. Le temps était une donnée qui m'était étrangère à présent.

D'instinct à nouveau, j'avalais cul-sec mon verre, que je reposais sur la table avant de me diriger vers la porte de sortie. J'étais en danger ici, je l'avais provoqué c'était certain. Il n'y avait aucun intérêt à ce que je reste, dans cette demeure ou même à Sirk. Quelque chose s'était passé, je ne savais pas vraiment quoi, mais j'en avais trop fait pour croire qu'il pourrait passer outre. J'allais donc jusqu'à trouver la porte, poser ma main sur sa poignée, mais quelque chose me stoppa net. Je n'arrivais pas à l'enclencher, je ne pouvais pas sortir. J'en étais incapable. Plus que de l'avoir provoqué, j'avais eu l'impression d'avoir ouvert une plaie, une de Ses plaies. J'étais allé loin pour savoir si il était encore capable d'essayer de me tuer et finalement, j'avais eu des réponses à d'autres questions, que je n'avais même pas conscience de m'être posé. Mon corps se tourna vers les escaliers, accompagnés de mon regard alors que ma main demeurait sur la poignée. Il n'était pas que le Démon. Je l'avais vu, je l'avais rencontré cet autre Lui, ce soir là devant la cheminée. Lui avait libéré le Fauve de sa cage, pour connaître ce qu'il protégeais. Avait-je fais cela moi aussi, avec Lui ? Je n'avais pourtant eu aucune réponse, seulement la certitude qu'il était blessé, quelque part et que j'avais appuyé sur sa plaie sans en connaître la profondeur. Idiote.

Oui, je me sentais coupable et les Dieux savaient à quel point j'étais incapable de négocier avec ma culpabilité. C'était ça qui me retenait de partir, de l'abandonner après avoir fais ce que j'avais fais. Je ne pouvais tout simplement pas partir. Alors pourquoi lutter encore ? D'un long soupire, je me resignais à rejoindre la table et son alcool, me servait un deuxième verre que j'avalais à nouveau d'une traite, suivit d'une grimace. J'étais folle, ça devait être ça oui. Complètement folle pour ainsi vouloir le rejoindre après ce qui s'était passé. Folle à lier. J'attrapais alors les deux verres entre mes doigts, la bouteille et rejoignais les escaliers que j'avais rejoins avec détermination, mais une fois à mi-hauteur, elle disparue soudainement.

Je montais les dernières marches lentement, silencieusement. Arrivée à l'étage, je cherchais du regard un indice sur sa position. Pour peu que je m'en souvienne, je n'avais pas entendu de porte claquer et il n'y en avait qu'une d'encore ouverte. J'étais cependant dans l'inconnu, cette nouvelle disposition me faisait défaut. Pourtant je m'avançais, d'un pas sur le qui-vive jusqu'à rejoindre cette fameuse porte à moitié ouverte, ou à moitié fermée selon le point de vue. Dans son entrebaillement, je discernais sa silhouette et sa vision me fit reculer d'un pas, prise à nouveau d'un sursaut écrasant mon cœur. Il se mit à battre, à nouveau, plus fort encore peut-être. Non, je ne ferais pas marche arrière, pas maintenant. Alors je m'avançais, inspirant profondément, poussant lentement la porte avec mon épaule pour pouvoir y pénétrer.

Il était là devant le foyer de la cheminée allumée. Il était là et à la fois pas vraiment. Immobile, silencieux, même mon entrée ne l'avait pas fait réagir plus que cela. J'avalais alors ma salive, certainement bruyamment avant de repérer la table sur la droite sur laquelle j'allais poser la bouteille et les deux verres, avant de les remplir. Pourtant, je restais là, à nouveau incertaine observant le liquide qui venait de couler. Que faire ? Que dire ? Je n'en avais aucune idée. Qu'est-ce que je cherchais en venant là ? Je le savais encore moins. Je m'étais engagé sur une chemin duquel j'avais refusé de me détourner, alors j'allais simplement l'arpenter, même sans savoir comment et combien de temps. Je reposais la bouteille, silencieusement, le regard toujours perdu dans les petites vagues d'alcool qui avaient fini par s'aplanir.

❝ Je n'arrive toujours pas à... accepter que tu ai voulu me tuer, la dernière fois... je ne sais pas pourquoi. ❞

Amorçais-je la discussion, même si je doutais qu'il arrive à y prendre part. Je répondais finalement à retardement à sa demande de taire les silences entre nous, espérant qu'il le verrait comme un pas vers lui, sincère et désintéressé, si ce n'est de son état.

❝ Tu n'es pas le premier et tu ne seras pas le dernier à essayer et je me fiche bien de tous les autres. Mais venant de toi, je ne sais pas... je n'y arrive pas. ❞

J'attrapais les deux verres, du bout des doigts, avalant une gorgée du mien avant de m'avancer, lentement jusqu'à Lui. Son visage était alimenté par les flammes, mais je n'arrivais pas à maintenir mon regard vers son visage, Plutôt que de lui tendre le verre, par peur qu'il le refuse, je le déposais sur le rebord de la cheminée. Et maintenant ? Que devais-je faire, ou dire ? Je n'arrivais pas à le regarder, alors mon regard le fuyait jusqu'au sol.

❝ Je... je suis désolée. ❞

Laissais-je entendre dans un souffle. Cela ressemblait très clairement à ce que nous avions vécu lors de cette putain de nuit. Même si à ce moment là j'avais à peine entendu ces mots, je m'en souvenais maintenant. C'était étrange d'ailleurs, comme si ils avaient été toujours là et que ce n'était que ce soir que je les entendais, en écho aux mienx. Je me sentais impuissante à arranger quoi que ce soit, comme toujours. Alors de dépit, j'amorçais une retraite, d'un pas en arrière.

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22/08/2013

Eté +22.

La Fille de l'Hiver

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Feat Lagertha.

La danse des flammes se reflétait dans mes yeux fixant le brasier crépitant. Etrangement, je ne ressentais aucune colère, mon esprit étant presque calme. Je n'éprouvais pas de hargne envers elle. Mon ressentie était plutôt comparable à une déception. Différente cependant de celle suivant un échec ou son visage connue de tout le Sud de l'île. Celle-ci était plus profonde. Ce n'était pas le Démon ou encore le Comte voire le Maître qui était déçu. C'était moi. Ses mots rebondissaient encore contre les parois de mon crâne. Tout ce que j'attendais, était qu'elle se refuse à obéir à un ordre qui réclamerait la mise à mort d'une femme et d'un enfant, qui plus est pour seule raison que le mari m'ait mal parlé. Quelle soit mon garde-fou pour que jamais je ne franchise la limite imposée.

Hélas, elle eut opté pour me cracher au visage ce que j'étais à ses yeux. Un homme incapable de protéger qui que ce soit. Un homme incapable de s'attacher à qui que ce soit. Un homme n'étant rien d'autre qu'un corps enveloppant un vide absolu. J'aurai aimé lui hurler son erreur mais aucun mot n'était sortis. Ma main vint dénouer le bandeau pour le faire glisser entre mes deux mains le maintenant devant moi. Mon visage baissé vers lui, je l'observais dans un parfait silence. Et si tout cela était vrai ?

Rien de mieux qu'un regard extérieur pour connaître notre réelle identité. Après tout, je n'avais toujours pas vengé mes parents. Un seul des Huit était mort et c'est par le hasard que je me retrouvais à l'affronter pour une toute autre raison. Loriade s'était laissé disparaître et je n'avais pas cherché à la retrouver. Luce. Une fois les portes franchies je ne m'étais pas assuré qu'elle soit en sécurité. Je n'avais pas cherché à la retrouver. A ne serait-ce que m'inquiéter à son sujet. Tout ce qui m'importait, était qu'elles m'aient quittées. Egoïste réaction. Peut-être étais-je finalement incapable d'aimer. Incapable de ressentir quoi que ce soit. Un homme élu pour apporter la mort et ne connaître que cela.

Luce se trompait en s'imaginant percevoir en moi quelque chose de bon. Quelqu'un de meilleur. Le prix de cette erreur fut sans pitié. Aujourd'hui, Sarabi empruntait le même chemin fait d'illusions. Voila pourquoi il m'était si facile de me faire le Comte Akelar ou encore le Démon. Car il n'y avait rien à effacer pour jouer ces rôles. Je ne suis personne. L'ai-je seulement été un jour ?

Mes yeux transperçant le bandeau ne s'en détournèrent pas lorsque la présence de Lagertha se fit ressentir. Avec le recul, il m'aurait été possible d'émettre des hypothèses sur sa présence. Probablement aurais-je misé sur le fait qu'elle venait achever son laïus. Apporter le coup de grâce du rejet éprouvé envers la personne que j'étais réellement avant de quitter Sirk une nouvelle fois. Définitivement sans doutes. Pourtant rien de cela ne traversa mon esprit. Je ne pensais pas. Je ne pensais plus. Pour la première fois d'aussi loin que remonte ma mémoire, aucune pensée ne s'agitait.

Je restais ainsi dans cet état presque végétatif aussi longtemps que le silence régnait. Il fut néanmoins rompu par la nordienne avec des propos lâchaient avec une sorte de délicatesse. L'échange semblait être un autre, celui d'une confession. Car enfin elle révélait le trouble qui m'avait valu sa mine au combien joyeuse ce soir. Accepter que je puisse avoir voulu la tuer. L'avais-je voulu ? Non. Du moins je n'en avais pas le souvenir. Notre conversation s'était emportée certes, mais je ne l'avais pas menacé. L'avais-je fait ? Finalement, ça ne m'étonnerait pas. C'était tout ce dont j'étais capable.

Lorsqu'elle stipula que de tous, j'étais celui dont la menace ne passait pas, mes yeux glissèrent sur le côté en sa direction, bien que mon visage demeurait plongeait vers le bandeau. Des mots plaisant qui ne trouvèrent malheureusement aucun autre forme de réponses. Tout comme ses excuses qui durent se contenter d'un immobile silence. Être désolé ne changeait rien au tableau duquel elle me peignait. Finalement, ce n'était pas d'être perçu ainsi qui me dérangeait. C'est vrai, je n'avais aucun ressentie quant à ce que l'on disait de moi ou la manière dont on parlait de moi. Que l'on me voit en héro ou en ennemi de l'espèce, cela ne changeait rien au fait que je continuerai d'agir selon mes opinions. C'était elle le problème. Ou pour reprendre ses mots qui me firent doucement réaliser cela, venant d'elle, je ne sais pas, je n'y arrive pas.

- Lorsqu'il s'agit de tuer je n'essaye pas. Je réussi.

A la suite de cette réponse quelque peu tardive, le silence s'éternisa aussi longtemps qu'elle restait là. Il y avait plus simple pour lui expliquer que si l'envie de la tuer avait été réel, son corps serait sous terre. Mais j'étais blessé. Oui. Je l'étais. Alors je lui répondais avec une pointe d'agressivité dans mon choix des mots. J'usais d'une formulation insinuant au passage qu'elle n'avait pas été capable de comprendre. Pourtant la seule importance dans mes mots, était qu'en dépit de toutes ses erreurs, de mon énervement sanguin, jamais je n'avais eu le désir de la tuer. Mais c'était là une formulation bien trop simple. Abruti.

L'absence de toute réaction à la suite lui fit finalement prendre le chemin de la sortie. On ne pouvait pas l'en blâmer. Lorsque l'on avance vers quelqu'un qui n'accorde ni regard, ni parole, ni même réelle écoute d'apparence, on fini par le laisser à sa solitude. C'était ce que je voulais. Être seul. Je l'étais depuis toujours et cela me convenait. Être seul. Aller me coucher. Oui, c'était ce que je voulais. C'est pourquoi cette nuit là, je ne m'expliquais pas qu'à l'instant où elle se rapprochait de la porte pour la franchir, je lâchais ces mots :

- Gaël.

Avec le temps, je sais aujourd'hui que je désirais sans me l'admettre la retenir. Mettre fin à nos tensions car celle de ce soir une fois encore, prouvait qu'elles n'étaient dues qu'aux non-dits. A ces questions que l'on se pose sans les demander. A ces réponses que l'on garde pour soit. Ce soir là, je ne pensais plus. Plus aucune réflexion sur d'éventuelles conséquences ne bourdonnait en mon esprit. J'étais là en même temps qu'ailleurs. C'est cet état qui permit à mon inconscient de s'exprimer.

- Mon véritable nom. Gaël. Kris Gaël. Avouais-je avec plusieurs semaines de retard dans un soupire de soulagement. Mon visage se leva en direction du plafond alors qu'un large sourire déformait mon visage. Kris Gaël. Cela fait si longtemps que l'on ne m'a pas nommé ainsi, que j'ai presque l'impression qu'il appartient à un autre.

C'était le cas d'une certaine manière. Ce nom appartenait au passé, tout comme celui qui le portait. En y pensant, plus aucun le connaissant n'était en vie. Et depuis ces dernières années, personne dont il fit la rencontre ne le connaissait. Pas même Sarabi qui de souvenir, n'avait que son prénom. Gaël. Lagertha était désormais la seule à connaître mon véritable nom et ainsi, ma véritable identité. Complète. En était-elle seulement consciente à cette instant ?

- J'étais un gamin souriant tu sais. Rieur. Amusant. Je t'assure. Continuais-je plus que de besoin, sans y prêter attention. Mon père. Mon père était un chasseur. Pas assez bon pour la Capitale. En fait, je crois bien que je ne le prendrais même pas à l'essais pour Sirk. Disais-je en échangeant le bandeau sur le rebord de la cheminée, contre le verre s'y trouvant. Il n'était pas mauvais. Il n'était pas bon non plus. Expliquais-je en finissant dans un léger rire. Il n'avait pas besoin d'être davantage talentueux cela dit. Il chassait pour nourrir sa famille et cela lui suffisait. Parfois pour des amis qui n'avaient plus de quoi se payer la viande à la Capitale. Ma mère elle..Continuais-je avec une intonation davantage marqué par le sentiment. Elle était dans le domaine de la médecine. Herboriste peut-être. Quelque chose comme ça. Ses connaissances n'étaient pas assez grande pour avoir son commerce à Lüh mais il suffisait à soigner son gosse, son mari lorsqu'il se faisait plus aventureux qu'il ne le devait et à l'occasion, des voisins n'ayant pas le luxe de faire venir un homme de médecine. Ne m'arrêtais-je pas, continuant de ne pas réaliser ce que je faisais, étant presque mon spectateur plus qu'autre chose. Une famille fort modeste. Sans avenir. Destinée à être oubliée dès le lendemain de sa mort. Mais heureuse. Déclarais-je en pivotant légèrement vers la porte avant d'en revenir à la danse crépitante. Oui. J'étais heureux en ce temps là. Me rappelais-je dans un murmure. Et puis cette île m'a tout pris. Résumais-je avant d'avaler le bourbon, non sans déformer mon visage d'un spasme. Je n'avais rien. Je n'avais personne. Juste cette colère. Plus les années passaient et plus elle devenait une rage. Contre tout. Contre tous. Jusqu'à devenir une haine. Une haine qui ne m'a jamais quitté depuis. Ma main vint déposer mon verre et reprendre le bandeau que je nouais de nouveau à mon poignet avant de reprendre. Je me suis attaché Lagertha. A des femmes. A des Demi-dieux. A des espoirs. Je les ai protégé. J'ai risqué ma vie. Mon corps en est encore marqué des preuves. Expliquais-je sans fierté. Mais cela n'a jamais été suffisant. J'ai échoué. Admis-je avec regret en baissant le visage. Tous ceux envers qui je m'accorde l'envie de m'attacher, d'une manière ou d'une autre, meurt ou me fuit. Lâchais-je avant de lentement relever mon visage en prenant une lente bien que profonde inspiration. Cette île m'a forcé à changer mon destin. A devenir bien plus fort et plus puissant que je ne le devais. Le prix en fut la condamnation à la solitude. A la violence. A la haine. Terminais-je avant de conclure. Voila pourquoi mes gestes ne sont pas les meilleurs et mes paroles sont les plus dures. Cela n'a rien à voir avec toi. Autrement il en serait au combien différemment. C'est simplement mon monde depuis que l'innocence de la jeunesse me fut arrachée. Je ne connais rien d'autre.

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11/05/2017

La Fille de l'Hiver

Le silence m'avait fait reculer d'un premier pas. Sa réponse agressive m'avait poussée à réitérer et son nouveau mutisme avait fini par me faire abdiquer. Baissant les yeux, je contournais les canapés jusqu'à rejoindre la table où je déposais mon verre encore presque plein. Il me poussait vers la sortie à nouveau et je ne comptais pas me battre contre ça. Alors je m'en approchais, attrapais la poignée sans conviction alors que sa voix m'arrêtait. Dans mon souvenir, les portes n'étaient pas si difficiles à ouvrir, mais ce soir, elles étaient toutes infranchissables. Gaël. Kris Gaël. Il m'offrait son nom dans un souffle, tant de temps après lui avoir demandé. Je demeurais pourtant face à cette porte, sans me retourner, incapable de l'ouvrir. J'avais fini par me retourner, un peu, sans conviction alors qu'il se mettait à m'offrir bien plus. Sa vie passée, son enfance. J'écoutais avec attention, sans me retourner. Son père chasseur. Sa mère guérisseuse. Oui, comme il le disait, son enfance avait l'air d'avoir été heureuse. La mienne avait mis du temps à le devenir, mais ce n'était pas l'important en cet instant. Ce qui m'avait rappelé à lui, qui m'avait convaincu de me retourner pour observer son dos le regard troublé, c'était l'île. Elle lui avait pris bien des choses, comme à moi. Elle avait fait de nous ce que nous étions avec pour seul échappatoire notre colère. Notre haine.

Je baissais à nouveau les yeux, lâchant du bout des doigts cette poignée avant de retrouver la table pour y boire une gorgée du verre que j'avais délaissé. J'écoutais toujours, avec attention malgré mon détournement. Ce que j'avais dis tout à l'heure était faux. Il avait déjà perdu des personnes importantes, il s'était déjà attaché. Au fond de moi, c'était ce que j'avais espéré. Même si en prononçant ces mots tout à l'heure je pensais les croire, ça n'avait jamais été le cas réellement. Une stratégie, difficile à mettre en place, douloureuse pour les deux parties, comme cela avait pu l'être cette fois là dans la Vallée. Le verre froid entre mes doigts, je me retournais à nouveau plus vivement vers lui alors qu'un battement de cœur blessa ma poitrine. Étions-nous si semblable pour que j'en perde le souffle et mes moyens ? Ils meurent ou le fuient, lui aussi... Je me sentais faiblir, alors dans un élan de survie, je rejoignais le canapé derrière lui, me retenais à son accoudoir avant de m'y asseoir, le regard perdu dans l'immensité de mes troubles et mes songes. Je repensais à mes parents, à mon clan que je n'avais su protégé de la mort. A Saen, que j'avais voulu repousser, pour n'être pas du même monde que le mien, pour ne pas pouvoir me comprendre ou m'accepter. Lui avais-je seulement accordé la possibilité ? Ou Erin que j'avais chassé, poussé à me fuir parce que je la savais en danger avec moi, parce qu'elle réveillait certaines choses que je ne savais pas contrôler. Arianna, avec qui j'avais essayé de faire de même sans même avoir de réelle raison, juste pour ne pas la mettre davantage en danger. Astrid que j'essayais de repousser inlassablement. Mes gestes n'étaient pas les meilleurs non plus, ni les plus doux à leur encontre, mais cela dans un but précis. Je me laissais vaguement tomber en avant, les coudes sur mes cuisses, emprisonnant mon verre entre mes doigts en l'observant avec détachement. Notre monde était le même, ou au moins similaire. Je n'allais pas jusqu'à prétendre que nous étions pareil, même si notre colère était semblable. Mais si c'était le cas, peut-être que je pouvais me permettre de parler avec Lui, le cœur un peu plus ouvert que d'habitude. Je ne sais pas. Je n'étais pas sûr, ça me paraissait si invraisemblable. Mais avais-je seulement quelque chose à perdre de plus ce soir ? Alors ma voix s'élevait, difficilement, faiblement.

❝ Parfois... peut-être souvent... ils nous fuient parce qu'on les pousse vers la sortie. ❞

Comme lui avec moi la dernière fois ou ce soir. Enfin, non, je ne pensais pas avoir suffisamment d'importance pour lui pour qu'il use de ce genre de stratagème. Et puis finalement, après ce qu'il m'avait dit, peut-être que si, mais je n'y croyais pas de toute manière. Incertaine, ma voix se portait à nouveau, sans grande conviction.

❝ On les chasse, avec nos gestes et nos paroles les plus dures, parce qu'on sait qui on est, et ce dont on est capables. On ne veut pas qu'ils le voient, mais on leur montre pour qu'ils comprennent qu'ils ne doivent pas rester. Avec pourtant... l'espoir qu'ils l'acceptent et qu'ils ne fuient pas. Mais ils le font, presque toujours...❞

Pour ma part, le concernant, j'avais eu envie de fuir, plus d'une fois et pourtant j'étais là, derrière lui sans savoir où je voulais aller ni vraiment pourquoi. Enfin si, ce soir je comprenais un peu mieux pourquoi. Parce qu'Il pouvait peut-être comprendre, peut-être pas, allez savoir. Avais-je cet espoir, avec lui aussi ? Je secouais légèrement ma tête, avant d'avaler une longue gorgée d'un coude levé. Il retombait, lentement sur ma cuisse, mais mon regard restait vers le plafond un instant, songeant à tout cela. Un soupire me fit baisser les yeux vers lui, puis mon visage. J'étais vidée de toute la force dans laquelle j'avais puisé l'instant d'avant. Je me sentais fatiguée, moralement. Mon regard était vers lui, sans intensité, mais je le conservait ainsi jusqu'à ce que peut-être, il se retourne vers moi et le trouve. J'avais envie de ce contact, pour y trouver une résonance à mes propos. Peut-être qu'il n'y en aurait pas cependant, je n'étais sûre de rien. Alors je finissais par baisser les yeux, sans savoir quoi dire de plus.

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22/08/2013

Eté +22.

La Fille de l'Hiver

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Feat Lagertha.

L'alcool venant s'accumuler à celui encore présent dans mon organisme et au sommeil manquant, je ressentais déjà les effets s'emparer de mon corps, attisé par la proximité du feu. Une légère vague de fourmillement me parcourant soudainement depuis les pieds jusqu'à la tête. Les contours devenant quelque peu flou pour ne laisser en net que l'objet de mon attention étant pour sa part ailleurs que dans cette pièce, tout en étant nulle part à la fois. Ni dehors, ni dedans. Ni dans le passé, ni dans le présent. Délicieuse sensation que d'être imbibé.

Sa voix tenta de me ramener à elle, telle une bouée de sauvetage que l'on lancerait au hasard de la nuit en se fiant à l'écho du cri. Son action fut un succès bien qu'il me fallut une demie dizaine de secondes à observer autours de moi pour prendre conscience de mon retour. D'après sa pensée, nous étions la raison de leurs départs. Je ne savais pas en ce qui la concernait, mais la chose n'était pas aussi aisé en ce qui était de mon cas. Je n'avais pas cherché à faire fuir mes parents. Ma vie d'autrefois. Mon destin anonyme et sans envergure. Je n'avais pas cherché à faire fuir Loriade. Je n'avais pas cherché à faire fuir les divinités délivrées.

En me forçant à penser, je reconnaissais m'être montré à la suite des premiers abandons et morts dont je n'étais en rien le fautif, moins enclin à laisser qui que ce soit m'approcher. A l'image des Saints Temples, c'était devenu une véritable épreuve digne de la délivrance d'un Subalterne. Long et mortel certes, mais si on y parvenait, on obtenait tout autant. Au départ je les accueillais. On pourrait même dire que je les cherchais. Puis je me suis rendu de moins en moins acceccible à mesure des trahisons et des pertes. En étais-je venu à les repousser désormais ? Ca ne m'étonnerait pas finalement.

- Peut-être. Admis-je finalement d'une voix à moitié étouffée avant de poursuivre après un instant de silence. Tu as aperçu le Démon. J'ai rencontré l'Indomptable. Résumais-je nos dernières rencontres avant de me retourner vers elle. Pourtant tu es là. Et je suis là.

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11/05/2017

La Fille de l'Hiver

Il n’était pas totalement en désaccord avec moi. Il avait même fini par se retourner, une petite victoire sans doute, malgré le fait que j’avais déjà les yeux baissés quand il l’eut fait, un peu troublée par ses mots. Oui, nous avions chacun vu ce dont l’autre était capable et encore, me concernant il n’avait pas encore tout découvert. Moi même je le découvrais encore parfois, notamment avec ce mercenaire qui m’avait marqué la gorge. Une main vint alors glisser jusqu’à la cicatrice, alors que je m’accordais une seconde gorgée, étouffant un rire fin, de fatigue mais assez sincère.

❝ C’est vrai. On est peut être pas si repoussant que ça finalement. ❞

Cela pouvait ressembler à de l’humour, ça n’en était pourtant pas complètement, un moyen comme un autre de sortir de tout ça. C’était aussi une lueur d’espoir dans l’obscurité qui nous entourait. Je sentais alors les effluves de l’alcool monter le long de ma gorge, puis de mon crâne. Mes pensées commençaient à perdre en réflexion, ou plutôt à devenir simple. Il n’y avait pas que moi pour Lui, oui Lui pour moi. J’avais mon clan, même si pour eux, c’était encore différent. Ils étaient ma famille, avait évolué en même temps que moi et puis, ils n’étaient pas encore tout à fait au courant de tout ce que j’étais, ou ce que je pouvais être. Xion l’était par contre et elle n’avait pas fuit, au contraire. Peut-être étais-je même encore davantage en sa présence.

A cette pensée un peu plus légère, je laissais voguer mon regard jusqu’aux flammes de la cheminée, le brun de mes iris se mêlant à la chaleur de leur couleur. A nouveau un peu perdue dans ce vague obscur, je laissais une nouvelle fois mon verre se porter à ma bouche, sirotant presque du bout des lèvres une énième gorgée.

❝ Xion a accepté, plus que n’importe qui. Et, je pense que Sarabi en a fait de même pour toi. En tout cas je l’espère. ❞

Mon regard trouvais le sien dans cette pénombre chaleureuse. Plus que le trouver il s’y plongeait, intensément et sans réserve, comme lesté d'un poids qui m'attirait inlassablement vers le fond, vers le fond de son être. Presque inconsciemment, le corps et l'âme envouté par une force incompréhensible, je me levais, lentement, le verre à la main bien qu’elle fut tenu basse, au bout de mon bras aligné à mon corps. Je m’approchais de Lui, d’un pas, plongeant toujours plus profondément dans son regard. Pourquoi est-ce qu'il était toujours aussi captivant ? Un murmure vint à alors accompagner mon attraction, délicat, presque suave.

❝ Mais, ce n’est pas... tout à fait pareil, si ? Que toi et... moi ? ❞

Mes yeux quittaient une seconde les siens, pour se porter jusqu’à ses mains, ou je notait la présence d’un bandeau rouge qui n’était pas là auparavant. Cependant, je n’en fis pas mention et n'y fis attention que par mon inconscient. Au lieu de ça, ma main libre s’avançait jusqu’à l’une des siennes, pour s’y poser, délicatement. Pour l’enlacer de mes doigts. J’observais mon geste, comme simple spectatrice d'un corps acteur sans aucune entrave. Malgré tout ce qui s’était passé, malgré ce qu’il avait pu faire, ce que j’avais pu faire, il y avait toujours cette force que m’attirait à Lui. Incontournable. Plus puissante que mon corps, que mon âme ou ma volonté. Comme une marionnette entre les doigts de cette force. Je relevais alors le visage, vers le sien, à nouveau intensément, profondément, ancrant mon regard brun dans le sien clair. Mon cœur commençait à s’emballer, à faire vrombir ma poitrine. Qu’est-ce ce que je faisais ? Je le touchais, presque affectueusement, avec douceur. C’était déjà impensable, incroyable. Et pourtant. Pourtant. Je voulais faire plus, pour Lui. J’avais... envie de plus, pour moi. Mes lèvres se relâchaient, s’entrouvrant à peine, ma respiration se faisait plus haletante, tout en étant d'une étrange harmonie, à la sienne peut-être. Mon visage commençait à s’avancer. Et puis...

Un bruit, en bas, crispa mes doigts et me fit lâcher prise brutalement, douloureusement. Rompant le lien de nos regards, papillonnant des paupières nerveusement, reprenant pas respiration après cette apnée et conscience après ce malaise. Qu’est ce qu’il m’arrive bon sang ? L’alcool sûrement.

❝ Je... je devrais rejoindre Xion, elle va s’inquiéter et je n’ai vraiment pas envie de ça ce soir. ❞

Ça non, tu n’avais pas envie de ça ce soir Lagertha. Mais peu importe, ce n’était plus ce qu’il fallait. J’avalais alors la dernière gorgée de mon verre nerveusement avant de la reposer sur la table. Je rejoignais la porte, attrapant la poignée et, ça ne sera étonnant pour personne, je ne l’ouvrais pas immédiatement.

❝ Je vais... probablement ne pas repartir tout de suite. Entre l’alcool et la nuit. ❞ Je me tournais vers lui, l’espace d’une seconde, mais comme une déflagration, je sentais une chaleur indéfinissable envahir mes joues. Je me secouais alors. ❝ Bonne soirée. ❞ avant de quitter la pièce sans un mot ou un regard de plus.

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22/08/2013

Eté +22.

La Fille de l'Hiver

Chapitre Précédent : Bibliothèque en gestation

Feat Lagertha.

Un sourire amusé écarta mes lèvres. Peut-être n'étions-nous pas si repoussant. L'un pour l'autre du moins. Ce qui était certain, c'est qu'à mes yeux il n'en était rien. Bien au contraire. Sa simple vue assise face à moi, sa pâle peau animée par le mouvement chaleureux des flammes tandis que se portait à ses lèvres son verre, faisait naître en moi une envie opposée à celle de la fuir. Lagertha était une femme qui m'attirait. Plus encore lorsqu'elle laissait s'exprimer l'Indomptable plutôt que de la condamner à se taire comme plus tôt. Mais ce n'était rien, à côté de ce que la vue de cette femme assise aujourd'hui et allongée à moitié endormie hier, provoquait comme sentiments.

Ses paroles évoquèrent par la suite notre lien avec nos Subalternes réciproques. A l'évocation du nom de Sarabi, j'orientais mon visage un bref instant vers la fenêtre. Ma Protectrice était disposée à m'accompagner dans ce sombre chemin. Ma Conseillère était prête à essayer de faire son possible pour que je le franchisse le plus aisément possible. Mais je doutais que Sarabi acceptait ce que j'étais. Ce que je désirais être. Ce que je devais devenir. Quelque chose me disait que si l'opportunité lui était acceccible de me changer, Elle le ferait. Au mieux Elle comprenait et marchait à mes côtés sans m'en faire reproches. Néanmoins, ma certitude penchait pour affirmer qu'Elle n'acceptait pas la fatalité de ma destinée.

Millième de secondes avant que je ne m'en retourne à celle qui n'était plusIndomptable, mais simple Fille de l'Hiver. Moi qui reprochait il y a peu de ne pas rencontrer ma guerrière, je prenais un plaisir nouveau à parler avec sa remplaçante. Nos regards acceptèrent enfin de faire la paix. Ni haine. Ni colère. Ni défiance. Juste, eux. Rien de ce qui m'entourait n'existait alors. Il n'y avait plus qu'elle. Plus que ce regard brun, enflammé par le reflet de la cheminée. Son corps se leva. Le miens ne bougea pas. Il s'avança. Le miens ne bougea pas. D'aucun instant nos regards ne fuir, ne se détournèrent, ne se quittèrent.

Résonnait alors dans ma cage thoracique un bourdonnement régulier s'accentuant. Mon cœur battait. Bien sûr il ne s'était jamais arrêté mais je le percevais. Je l'entendais. Il battait. Non, ce n'était pas tout à fait la même chose, qu'elle et moi. C'était ces mots qui avaient déclenchés ce battement plus prononcé. Elle et moi. Lorsque sa main toucha la mienne, une vague de chaleur envahissait mon corps à tel point que j'eu l'impression de ressentir ce que ces étranges créatures dans les neiges éternelles subirent face à la fureur de Sarabi. Mon rythme cardiaque s'emballait à m'assourdir les oreilles, mon souffle s'entrecoupait et mes sens se résumaient à ressentir sa peau contre la mienne et à fixer son regard s'approchant un peu plus.

Ce n'était pas ma première fois. Ce genre de sensation ne m'était pas inconnue mais d'ordinaire, cela n'arrivait qu'en pleine fougue au sein d'un lit. Pas pour un simple regard. Pas pour si peu que l'effleurement de l'entrelacement d'une main. Pourtant c'était le cas et à dire vrai, l'intensité était encore bien plus forte. En dépit de cela, elle s'accentuait à mesure que j'apercevais ses lèvres s'entrouvrirent légèrement et que de manière imperceptible, nos visages se rapprochèrent l'un de l'autre.

Un bruit. Quelqu'un mettant fin à ses jours pour avoir causer la fin de cet aveux. Car tel était la conséquence. Nos mains se lâchèrent, nos regards se détournèrent et nos lèvres se perdirent de vue. Malgré mon envie, je ne la retenais pas. Son désir allait à s'inquiéter de sa Subalterne et mon état d'esprit consistait à la satisfaire à défaut d'imposer ma volonté lorsque fourmillent pensées et analyses incessantes. Immobile, mon regard ne la quitta cependant qu'une fois la porte refermée.

Plusieurs longues secondes ainsi, je ne songeais pas. Je n'émettais aucune hypothèse. Qu'il était bon d'être alcoolisé et fatigué. Son départ avait marqué l'arrivé d'un vieil ami, étrangement silencieux. Je tournais mon visage vers le coin duquel il se tenait. Pas un mot ne se décidait à sortir de son masque en métal. Probablement attendait-il que je reconnaisse qu'il avait raison. Mais je n'en fis rien jusqu'à finalement laisser échapper trois mots. Simples. Sincères. Evidant.

- Je la veux.

Il resta une dizaine de secondes à jauger de ma détermination avant de disparaître dans la noirceur d'où il se tenait. Je la voulais. Pas comme associée. Pas comme alliée. Pas comme pion. Pas comme Keizer. Je la voulais. Je voulais qu'elle soit mienne. J'aspirais à la voir s'allonger pour moi et aucun autre. Je brûlais de parcourir son corps avec le miens. Je me languissais de goûter à ses lèvres. Je m'impatientais d'entendre de nouveau sa voix. Je la voulais.

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22/03/2018

&

La Fille de l'Hiver

Alors que j'étais en compagnie de Xion, le Général était venu me quérir, m'annonçant une situation impensable, inimaginable. Je décidais alors de la quitter, non sans dissimuler l'urgence de la situation évidemment. C'est donc au côté du Général que je me rendais à la demeure principale, d'abord d'un pas mesuré, puis très pressant quand j'étais à bonne distance de regards indiscrets. Cette femme du Nord, qu'avait-elle donc à ainsi le provoquer si fréquemment ? Je lui accordais souvent le bénéfice du doute et même un peu d'affection sans doute, ou au moins de la considération. Mais là, ce soir, j'étais inquiète. Elle n'avait aucune idée de ce à quoi elle se confrontait, quel genre de porte elle venait d'enfoncer. Je craignais qu'il ne soit trop tard. Je m'imaginais déjà Kris avoir étalé sa cervelle quelque part et puis finalement, l'évidence apaisait quelque peu mes tensions.

J'avais quitté Xion il y a peu, elle était toujours présente, ce qui signifiait que Lagertha était toujours en vie, en tout cas jusqu'à il y a deux minutes. Pourtant, cela ne me rassurait pas pour autant à propos de son intégrité, il pouvait tout aussi bien être en train de la torturer quelque part. J'étais inquiète oui, pour Lagertha évidemment, mais aussi pour lui. Elle avait remué quelque chose de profond, que j'avais moi-même découvert il y a peu. Elle l'avais remué sans savoir de quoi il retournait. Il y aurait des conséquences inévitables. J'avais peur que cela brise quelque chose, ou au contraire que cela renforce les barreaux de la prison dans laquelle il se trouvait. Que cela rende impénétrable la barrière qu'il avait construite autour de son cœur. Cela allait sans doute, inévitablement, rendre impossible leur collaboration, mais il était évident que ça n'avait que peu d'importance face aux autres conséquences possibles.

C'était alors l'esprit apeuré par toutes ses visions possibles du futur, que je me dirigeais vers sa demeure. Étrangement, alors que je m'attendais à en percevoir des cris, de l'un ou de l'autre, je n'entendais rien à mon approche. Je ne savais dire cependant si cela me rassurait ou si, au contraire, cela m'inquiétait davantage. Je finissais par rejoindre les portes, ralentissant mon avancée. Je ne saurais dire pourquoi et par quelle motivation, mais je l'avais ouvert avec une grande discrétion. Sans doute parce que je ne savais pas comme il pourrait réagir si qui que ce soit s'aventurait à le déranger, après ça, le servant qui avait connu une mort violente m'inciterais à être discrète. Alors, la porte suffisamment ouverte pour me laisser entrer, je m'y engouffrais, laissant le Général au dehors.

Sans me préoccuper de quoi que ce soit, si ce n'est de ma discrétion, je les cherchais du regard sans succès. Essayant d'ouvrir mes sens humains et ce malgré leur faiblesse, je percevais les bruissements d'une voix que je localisais à l'étage. Alors sans attendre davantage, je m'engageais dans les escaliers, à pas de velours, suivant le bruissement qui devenait de plus en plus net à mesure que je montais les escaliers. C'était la voix de Kris que j'entendais et contre toute attente, elle était loin de la colère que je l'imaginais exprimer. Plutôt incertaine quant au fait de continuer d'avancer, je le faisais tout de même, pour évidemment m'assurer qu'il n'y avait rien de fâcheux à déplorer. Après tout, c'était sa voix que j'entendais, pas celle de Lagertha. Alors je rejoignais la porte de la bibliothèque d'où provenait ses paroles.

Je demeurais cependant très discrète. Je ne saurais pas même dire pourquoi je n'avais pas repris forme originelle. Sans doute parce qu'en entrant dans la demeure, l'urgence n'était déjà plus aussi flagrante que quand le Général était venu me quérir. Alors, m'avançant suffisamment pour entendre avec discernement ce qu'il se disait, je ne me fis pas voir, et me plaçait sur le côté de la porte pour écouter. Il parlait de Lui, vraiment de Lui. C'était très restabilisant, je ne m'y attendais absolument pas. Ou peut-être que si finalement, Lagertha avait frappé fort, avait foncé tête baissée, peut-être que cela avait porté ses fruits. Et pourtant, rien n'était moins sûr, je ne l'avais pas encore entendu elle. Mais cela venait rapidement. Sa voix à elle aussi était calme et il semblait qu'elle ouvrait elle aussi son cœur.

J'en avais assez pour comprendre qu'aucun d'eux n'était sur le point de mourir, ou qu'il n'y avait pas de risques trop grands pour avoir à intervenir. Alors, soupirant de soulagement, je décidais de leur laisser de l'intimité, celle qu'ils méritaient. Je ne me sentais pas capable d'écouter encore ce qu'ils avaient à se dire, cela n'appartenaient qu'à eux. Si Lagertha avait réussis à trouver une fissure dans sa carapace, elle avait tous les droits d'en récolter les secrets. Je prenais alors sens inverse, toujours lentement et le plus discrètement possible. Par chance, il n'y avait personne ce soir, tous étaient aux festivités ou déjà endormis.

Je descendais alors les escaliers, retrouvant le hall d'entrée avant de m'asseoir sur le canapé, attendant patiemment qu'ils terminent. Mais soudain, le vent s'engouffrant dans la pièce, sans doute appelé par une fenêtre ouverte, vint faire claquer la porte que je n'avais pas fermé en arrivant. M'immobilisant en y jetant mon regard, je le portais ensuite vers les escaliers, ne sachant pas si cela allait avoir des conséquences. Je me questionnais à ce propos, mais rapidement des réponses me furent apportées. J'entendais des bruits de pas, qui manquaient de mesure. Je me redressais alors, ne sachant pas vraiment qui j'allais accueillir. Ce fut Lagertha, qui dévalait les escaliers en trombe, la tête basse. Je m'apprêtais à l'arrêter, mais elle ne m'en laissa aucunement la possibilité, même si elle avait capté ma présence, elle choisis de me passer devant et de sortir sans un mot. Je clignais frénétiquement des yeux avant de la suivre au dehors sans réfléchir.

“ Lagertha ! ”

Elle s'arrêta enfin, à contre cœur certainement. Je ne comptais pas la retenir outre mesure cependant, son état m'importait moins que le sien, même si il m'importait quoi que j'en dise. Je ne savais pas du tout ce qu'il s'était passé, ce qui l'avait fait fuir et surtout je ne comprenais pas ce que j'avais lu sur son visage. C'était un mélange de tellement d'émotions, pour un résultat que je ne lui connaissais en aucune façon. Je m'adressais alors à elle, sans attendre qu'elle daigne se retourner, chose qui me semblait impossible pour elle à ce moment là et je ne comptais pas être celle qui l'y contraindrait.

“ Vous devriez rester ici cette nuit, ce n'est pas prudent de reprendre la route. Cependant, tu ne peux pas te permettre de dormir à l'auberge, tu te douteras des raisons qui t'en empêche. Le Général va t'accompagner jusqu'à ma demeure où tu pourra dormir ce soir, avec Xion si tu le désire. Vous êtres venu seules ? ” Se contentant de secouer la tête en signe de négation, je continuais. “ Bien, alors si ceux de ton clan le souhaitent, ils peuvent vous rejoindre, le Général chargera ses hommes de les prévenir et de les y accompagner. ”

J'accordais un regard de connivence au Général, d'un hochement de tête partagé je m'assurais qu'il allait s’exécuter. Il avait mon entière confiance quant aux dispositions à prendre les concernant. Pour ma part, mon devoir était ailleurs. Retournant alors dans la demeure, je montais à nouveau à l'étage, moins discrètement cette fois-ci, progressant jusqu'à la bibliothèque où il semblait toujours être. J'hésitais cependant à venir le déranger, mais quoi qu'il s'était passé, j'avais de toute manière besoin de m'assurer qu'il allait bien, du moins autant que possible. Je frappais donc, après un court temps de réflexion, m'annonçant avant qu'il accepte que j'entre. Par des mots ou par un silence.

Entrant dans la pièce, il était là, assis sur le canapé, immobile et silencieux. Je fronçais alors les sourcils, plutôt inquiète de la situation qui m'était finalement trop inconnue à mon goût. Cependant, plutôt que d'aborder le sujet immédiatement, je l'informais des dispositions prises.

“ J'ai fais accompagner Lagertha jusqu'à ma demeure, où elle passera la nuit avec l'enfant d'Aqua et peut-être ses hommes. Le Général s'en occupe. ”

Attendant une réaction, peut-être qu'il n'y en aurait aucune, j'observais la pièce, d'un rapide coup d’œil. De l'alcool, deux verres. Voilà un tableau que je connaissais déjà les concernant. Il ne me semblait pourtant ne déplorer aucune blessure, ni chez l'un ni chez l'autre. Je me décidais ensuite à progresser, contournant sur la gauche le canapé sur lequel il était assis. Me plaçant à côté, sans me tourner vers lui dans l'immédiat, j'observais une seconde l’œuvre de mon Père. J'arborais une voix douce, m'adressant à lui avec bienveillance.

“ Est-ce que tu veux en parler ? ”

De quoi ? Après tout, je ne savais pas. C'était ainsi que j'ouvrais le champ des possibles, il pouvait ainsi me parler de n'importe quoi. De ce qu'il voulait, de rien si c'était son désir.

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22/08/2013

Eté +22.

La Fille de l'Hiver

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Feat Lagertha.

Une nouvelle fois je me retrouvais seul. Pourtant, un sourire étirait mes lèvres à mesure que je me rapprochais de la table après avoir récupéré mon verre au-dessus de la cheminée. Dans un bruit de liquide s'écoulant, je le remplissais à nouveau de son tiers avant d'en prendre une gorgée. Un sourire étirait toujours mes lèvres. Je la voulais. Et elle me voulait. Je l'avais perçu dans son regard. L'envie et non le désir. Je l'avais entendu de sa voix muette prononcée par ses lèvres s'entrouvrant légèrement. Je l'avais ressentie de son corps s'approchant du miens. Je la voulais. Et elle me voulait.

Une nouvelle gorgée avant de rejoindre le canapé central et j'y prenais place, la tête penchée en arrière avec pour appuie le sommet du fauteuil. Désormais j'en avais la certitude, il n'y aurait jamais une soirée calme lorsqu'elle viendrait à Sirk. Un léger rire s'échappa sous cette constatation. Au moins cette fois il n'y avait pas eu de sang versé. Pas encore. Bien que cela s'adressait au responsable du bruit que je débusquerai le lendemain, le lien se fit envers l'aveux de Lagertha. Avais-je réellement tenté de la tuer sans en garder le souvenir ? Cette idée déplaisante m'inquiétait. Non seulement elle traduisait que je dérivais plus loin que je ne me l'accordais, mais elle mettait également en péril sa survie.

Une nouvelle gorgée. Et si finalement elle ne comptait pas assez pour que j'en obtienne l'envie de la protéger ? Car si la menace n'était pas inventée alors c'était la conclusion à en tirer. Je soupirai fortement pour cesser à l'instant cette réflexion. Alcool et fatigue me permettaient ce soir de ne pas réfléchir et je comptais bien garder cet état d'esprit propice à un sommeil peut-être ininterrompu. La dernière gorgée avalée et je posais mon verre aux pieds du canapé avant de m'y allonger.

La pénombre de la pièce faiblement percée par un feu commençant à dépérir tout en continuant d'apporter une agréable chaleur, me poussait doucement à m'abandonner au repos. Une main derrière la tête, je portais mon regard sur mon autre main élevant face à moi le médaillon que j'avais retiré l'instant d'avant. Bien que je ne réalisais pas totalement les propos avoués, ils avaient réveillés en moi des souvenirs n'ayant jamais été évoqué depuis des années, si bien qu'il me semblait les avoir oubliés. Que cette vie appartenait à un autre. Kris Gaël. C'est vrai qu'il avait une vie. Que j'avais, une vie. Une famille.

La porte maltraitée me fit me redresser pour y porter le regard. Un espoir appelait à ce que cela soit la Fille de l'Hiver qui s'en revenait déjà à moi. La peau brunie fut aussitôt reconnue et avant même que le visage de ma Protectrice n'apparaisse, je m'en étais déjà retourné pour cette fois-ci rester ainsi face aux flammes. Sa prévention pour les nordiens n'obtenu aucune réponse de sa position mais un sourire au coin des lèvres s'était pourtant immiscé. Au moins cette maison allait finalement servir. Depuis sa construction en gage d'estime pour Sarabi, je ne l'avais jamais vu y séjourner. Même durant les nuits, Elle préférait siéger non loin de ma chambre à ce que racontaient les domestiques.

L'idée était astucieuse. L'auberge n'étant pas sûre ce soir et le départ durant la nuit une idée suicidaire. Au moins je me savais la revoir, même si cela ne serait qu'un instant de départ. Mon visage se tourna de moitié dans sa direction pour s'incliner. Un geste peu expressif mais suffisant pour transmettre le fait que je l'avais entendu. Voire que d'une certaine manière, je la remerciais. Lorsque ses pas vinrent la mener plus proche de moi, mon attention en était déjà retournée sur le médaillon dans mes mains.

Sa question resta quelques secondes dans le silence. Non pas que je ne désirais pas y répondre, mais plutôt que je n'en comprenais pas la réelle portée. De quoi parlait-elle ? Du médaillon sans doute. De Lagertha fuyant la demeure peut-être, puisque d'après ses propos elle l'avait rencontrée avant de me rejoindre. A moins que ce ne soit l'homme enterré. Ou l'ensemble. C'était sûrement l'ensemble, connaissant Sarabi.

L'une de mes mains lâcha sa prise pour venir délicatement se poser sur la partie gauche du canapé. "Assieds-toi." lui demandais-je avec un début de sourire. J'attendis alors qu'elle prit place, l'abandonnant durant ce temps et un peu plus pour me perdre à nouveau sur l'objet ne m'ayant jamais quitté depuis si longtemps. Sobre et en pleine forme, je me serais sans doute contenté d'une réponse évasive sur un seul sujet. Mais ce soir mon cerveau avait éteint ses feux.

- J'en avais marre de voir son regard vide. Absent. Sans la moindre réaction. Sans la plus petite émotion. Commençais-je avec un réelle agacement pour ce dont je faisais référence. Alors j'ai décidé de faire en sorte que cela ne se poursuive pas. D'abord avec ta méthode. En me montrant encourageant. Mesurant mes propos. Restant calme. Cela n'a pas marché. Alors. Disons que j'ai opté pour ma manière de faire. Continuais-je en alternant ce sur quoi se poser mon regard. Le médaillon. La cheminée. Sarabi. Je lui ai donné une dague en lui disant que la femme et le fils du Marquis étaient des témoins. Lâchais-je avant d'aussitôt redresser une main pour inciter ma Conseillère à ne pas s'inquiéter tandis que je gardais mon regard sur Elle. Ce n'était qu'un moyen de la forcer à se réveiller et à la tester au passage. Si elle le faisait, j'aurai arrêté son bras. Le but était qu'elle refuse de faire couler le sang de femmes et enfants même si l'ordre venait de moi. Un moyen de m'assurer que nous partageons la même vision sur la limite à ne pas franchir tout en m'assurant au passage, qu'elle m'empêcherait de le faire. Expliquais-je avant de laisser une seconde afin de m'assurer qu'Elle avait compris, puis de poursuivre. Mais sa manière de réagir a été tout autre. A la place, elle a fait preuve de franchise. [/color]Révélais-je en portant mon regard sur le bandeau noué. Pour elle je suis incapable de m'attacher suffisamment pour protéger quelqu'un. Incapable de m'attacher à qui que soit. De ressentir quoi que ce soit. Bon qu'à tuer tout ce qui l'entoure. Résumais-je la voix de plus en plus basse et perdue.

Une seconde de silence et je m'allongeais. Mon visage se posa sur les jambes de Sarabi qui devait en écarquiller les yeux. Malheureusement je ne pouvais pas me délecter de cela car les miens étaient portés sur le médaillon que mon bras redressait de sorte à ce qu'il soit proche de mon visage. Je ne les avais pas protégé eux non plus. Je m'étais caché comme un lâche, me dissimulant derrière l'excuse de l'obéissance. Derrière l'incompétence de la jeunesse. Et si cela ne trahissait que le fait qu'ils ne comptaient pas assez pour que je les protège ? Si je n'étais pas devenu insensible par les horreurs de ma vie, mais que je l'avais toujours été ? Seul. Incapable d'aimer. Incapable de protéger. Bon qu'à tuer.

Avant que la Veilleuse des Délaissés.. Tiens. Amusant que l'Invocation la plus apte à mes yeux soit celle qui veille sur les délaissés. Enfin. Avant qu'Elle ne puisse répondre quoi que ce soit, mes yeux se fermèrent et mes mains trouvèrent appuie sur mon corps s'élevant au rythme régulier d'une lente respiration. J'étais fatigué. D'être ce que j'étais. De lutter contre ce que je devais être. De mes rencontres belliqueuse avec Lagertha. De mes erreurs. De mes devoirs. D'être le Démon. D'être le Comte. De ne plus trouver le sommeil. De le chercher. De penser. D'essayer. De réussir. D'échouer. J'étais fatigué. Les yeux clos, il paraissait évident pour toute personne dans la pièce, de comprendre que mon état si particulier était l'unique occasion pour obtenir de moi une parfaite sincérité. Toute question, obtiendrait une réponse aussi franche qu'immédiate. Fini les non-dits. Les demies mesures. Les craintes des conséquences. Les secrets. Les inavouables. J'étais fatigué.

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22/03/2018

&

La Fille de l'Hiver

Ainsi à ses côtés, je pouvais avec plus d'aisance l'observer. Le concernant, ses yeux détaillaient le médaillon qu'il portait à son cou. Il est vrai que je n'avais pas véritablement connaissance de son attache à cet objet, ni même de ce qu'il représentait pour lui. Peu importe ce que cela était cependant, ses gestes nouaient un lien invisible entre ce qu'il venait de se passer et ce médaillon. Tout du moins, un écho y résonnait. J'avais évidemment tout le loisir d'élaborer des hypothèses, mais je décidais de passer outre quand il m'invita à m'asseoir à ses côtés. Ce que je fis évidemment sans me faire prier, pourtant je sentais une atmosphère plutôt lourde se dégageant de cette invitation.

Mon regard trahissait mon inquiétude à son propos, m'asseyant avec souplesse, je l'observais tout du long, davantage encore lorsqu'il m'annonçait les faits. Les débuts n'étaient pas très encourageants. L'origine de tout cela étaient le comportement de Lagertha qu'il avait désapprouvé. Je l'avais vu moi aussi, elle n'était pas comme d'habitude et j'en ignorais les raisons. Peut-être qu'avec « ma » méthode et du temps, j'aurais pu obtenir des réponses de sa part. Car c'est bien là ce qu'il n'avait pas dû prendre en considération avec « ma » méthode, c'est qu'il faut l'associer à beaucoup de patience. Et je ne crois pas me tromper en affirmant qu'il en avait peu la concernant, elle ou qui que ce soit d'ailleurs. J'avais également à craindre de la sienne, ce qu'il m'en dit me fit avoir un mouvement de recule et un air inquiété, ce qu'il tenta d'apaiser rapidement d'un geste. A peine sûre, je restais tout de même silencieuse et poursuivais mon écoute.

Incertaine, il m'offrait l'explication d'une sorte de test. Je grimaçais quelque peu, pas tout à fait satisfaite évidemment. Il avait prit des risques à agir ainsi, en diverses raisons. Pour la femme et l'enfant, pour Lagertha, pour leur entente et j'en passe. Mais peu importe, il m'avait assuré juste avant qu'il ne fallait pas que je m'en inquiète, alors j'essayais de suivre ses indications. Et puis le couperet tomba. Mon dos se tendit d'effroi, le Général avait eu raison. Lagertha avait fait bien plus qu'éviter son test, elle avait prit un chemin sinueux et cabossé. Ma main se posait sur ma bouche comme pour retenir ma stupefaction, détournant mon visage et mon regard écarquillé le temps de ma reflexion. Cependant, c'était tout autre chose qui venait jusqu'à moi. Je sentais un poids se déposer sur mes cuisses, découvrant avec une surprise palpable qu'il avait décidé d'y déposer sa tête.

Je pris quelques instants pour m'assurer de la véracité de ma vision. Les yeux écarquillés, je l'observais dans un mutisme le plus total. Mes paupières clignaient pour essayer d'ajuster l'image. Non, je ne rêvais pas, il s'était vraiment couché sur moi, naturellement, aussi simplement que l'on peut le dire. Une fois la surprise passée, mon corps se détendait dans un soupire léger et discret. Il avait observé encore son médaillon, laissant ensuite ses paupières se clorent. Je l'observais encore, la tête légèrement incliné et le regard attendris, déposant ma main droite sur son épaule avec délicatesse et douceur. Il n'avait pas encore la respiration d'un endormi, mais sa fatigue était palpable et certainement la raison pour laquelle il s'était permit pareil acte à mon encontre. Me permettrais-je de « profiter » de son état pour lui parler, lui poser des questions auxquelles je cherchais des réponses depuis longtemps maintenant ?

Mes paupières se fermaient légèrement, arborant le regard d'une mère berçant son enfant. Non, je n'allais pas faire cela. J'allais me contenter de poursuivre notre conversation, d'en savoir plus sur ce qui s'était passé car après tout, c'était bien là la raison de ma venue. Comprendre ce qu'il s'était passé, pour ensuite pouvoir agir en conséquence. Je ne connaissais pas vraiment les motivations de Lagertha concernant cette « sincérité » dont elle avait fait preuve. Tout ce qu'il me semblait voir, c'est que l'un comme l'autre était incapable d'échanger sereinement, du moins pour l'instant. Un léger rire s'échappa tranquillement de mes lèvres, alors qu'une voix chaleureuse et douce s'en dégageait.

“ Ne pourriez-vous pas rester tranquille tous les deux, quand vous êtes ensemble. Cela m'éviterait beaucoup d'inquiétude. ” Mais pour lui assurer que cela ne représentait pas un véritable problème à supprimer, je laissais glisser ma main sur son bras, avant de la redéposer sur son épaule. “ Tu crois qu'elle était sincère ? Qu'elle pense véritablement cela de toi ? ”

Personnellement, je n'étais sûr de rien. Après tout, leur relation était si complexe, comment être parfaitement certaine de ce qu'ils pensaient l'un de l'autre. Après tout, il avait été régulièrement violent avec elle, même si il n'avait jamais usé de force physique contre elle. Il ne serait pas étonnant qu'elle ai simplement voulu lui cracher au visage la rancune accumulée. Quant à lui, je n'étais pas encore sûre non plus de la manière dont il la considérait. Mais je savais qu'entre ces moments difficiles, ils en avaient aussi partager d'autres plus agréables. Que c'était compliqué, la seule chose certaines, c'était que même eux n'étaient sûr de rien.

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22/08/2013

Eté +22.

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Feat Lagertha.

Un rire à moitié étouffé trahissait mon attention toujours porté sur la Subalterne. Je partageais son opinion sur la chose. J'avais besoin de me confronter à l'Indomptable et la Fauve devait être présente pour les conquêtes à venir, mais quelques conversations avec Lagertha sans avoir à passer par les deux autres n'étaient pas de refus. Elles étaient agréables. A moins que cela ne découlait du fait de nos conflits les précédents. Aurions-nous tant de plaisir dans nos instants privés si ils n'étaient pas la conséquence de cris et de sang ? Après ce soir, cela n'était pas à exclure.

- Elle l'était. D'un niveau de croyance ou un autre.

Cela ne pouvait pas être remis en cause. Au même titre que la nordienne était convaincue de ma capacité tout comme de mon envie à la tuer lors de notre dernière rencontre. Mes pensées bien que courtes et fugaces depuis ne la contrediraient pas. Mais peu importait. Je ne lui en tenais pas rigueur. Et finalement d'une certaine manière, elle non plus si je me fiais à l'aveux silencieux de son corps.

- Au moins autant que je la veux. Et qu'elle me veut.

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22/03/2018

&

La Fille de l'Hiver

Je fronçais quelque peu les sourcils en entendant sa réponse. J'aurais préféré qu'il ne croit pas aux mots prononcés par Lagertha. Qu'ils soient sincères ou non, j'aurais vraiment préféré qu'il ne les considère par ainsi. Je m'inquiétais évidemment de la tournure que les choses allaient prendre, étant donné que l'avenir m'était totalement inconnu, encore plus concernant ces deux là. Je détachais alors mon regard de son visage pour laisser mon dos se poser avec un peu plus d'aisance sur le dossier. Observant alors maintenant l'oeuvre de mon Père, belle mais si minime dans cette cheminée, je me mettais à réfléchir. Pourtant, la suite de sa réponse me fit lever un sourcil en retrouvant la vision de son visage.

“ Tiens donc, intéressant. ”

J'avais des souvenirs bien différents au sein des plaines glacées, là où il m'avait affirmé tout autant qu'elle n'était pas sienne, même si je ne tenais pas à lui faire revivre cet épisode. Certes, il est vrai que les affirmations ne traitaient pas vraiment du même thème, mais il semblait déjà un peu plus sur de la voie qu'il voulait emprunter avec Lagertha. Je n'étais pas sûr que cela soit un aventure tranquille ou positive, loin de là même. Mais je craignais tout autant qu'ils ne puissent pas faire autrement. C'était évident qu'il y avait quelque chose entre eux, quiconque les observait pourrait en être convaincu, même si personne ne savait de quoi il retournait exactement. Mes yeux clairs retournaient alors aux flammes, retrouvant une voix calme et douce.

“ Au moins on peut dire que vous vous êtes bien trouvé. Mais... quand elle t'as dis ces choses, comment as-tu réagis ? Ne lui en tiens-tu pas rancœur ? ”

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22/08/2013

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Feat Lagertha.

Les yeux toujours clos, je savourais silencieusement la douceur du contact qu'avait Sarabi à mon égard. Sa main glissant le long de mon bras avant de se poser contre épaule. Ce n'était pas grand-chose, mais ce genre d'attention commençait à remonter en y pensant. La dernière devait être Lucïa avant qu'elle ne parte avec ma bourse en guise de souvenir. Il me faudrait peut-être vérifier mes poches. Amusé, je souriais tant à cette idée qu'à la remarque de la Fille de la Flamme. Oui, en un sens, on s'était plutôt bien trouvé. Ou comme j'avais tendance à le croire, les Dieux nous avaient bien destiné l'un à l'autre.

- J'ai gardé le silence et je me suis isolé ici.

Ma réponse était calme et mes yeux s'ouvrirent lentement. Ils croisèrent un instant l'azuré de Sarabi et un nouveau sourire se dessina. Puis il se porta sur le plafond où il se perdit un peu à l'image de cette déformation des lèvres. Lui en tenir rigueur ? Définitivement non. S'en était assez de réagir de la sorte. La dernière venait à peine d'en perdre les conséquences, je n'allais pas réitérer. Pas aussi rapidement en tous cas.

- Je comprends. Je lui pardonne ses paroles.

Ma main avait tenant le médaillon avait resserré son emprise à mes mots. Toujours un peu perdu, je revenais à son regard en souriant. Elle n'avait pas à s'inquiéter. Ni d'elle, ni de moi. J'allais bien. Nier n'était jamais une bonne chose. Il fallait accepter tant les atouts que les failles. Je n'étais pas en mesure de laisser une personne gagner suffisamment d'importance pour la protéger bien que mon corps était marqué des preuves légitimant de l'inverse. Elles ne comptaient pas assez pour que je parvienne à les protéger, ne me contentant pas seulement d'essayer.

- On va faire la manière où tu n'aurais pas à t'inquiéter. Essayer du moins.

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22/03/2018

&

La Fille de l'Hiver

Sa réponse n'était pas des plus complètes, mais elle me contentait ainsi. A vrai dire, je n'avais aucune envie de le forcer à développer ses réponses. Qui plus est et sans doute étrangement, je n'avais pas forcément le cœur à lui dévoiler que je savais qu'elle l'avait rejoint. Je n'avais entendu que bien peu de leur discussion, mais je ne voudrais pas qu'il se méprenne sur mes intentions. Enfin, était-ce bon de procéder ainsi ? Je n'avais pas que de bonnes expérience lorsqu'il était question de lui cacher des choses, concernant Valion par exemple. Il serait peut-être de meilleure augure que je lui en fasse part. J'allais donc pour lui réveler, mais la suite de ses propos me stoppa net.

Il comprenait et il lui pardonnait ? C'était... surprenant. Vraiment. Evidemment, dans le bon sens du terme, je dois dire que j'en étais soulagée. Que cela soit Lagertha ou n'importe qui d'autre d'ailleurs, qu'il fasse ainsi preuve de compréhension malgré une atteinte plutôt agressive si j'en croyais ce que j'avais entendu à propos de leur querelle, c'était positif, oui. Je lui accordais alors un sourire des plus sincère. Quant aux paroles qui suivirent, un léger rire traversait à nouveau mes lèvres.

“ Oh je crains être tout simplement incapable de ne pas m'inquiéter pour toi. Quoi qu'il en soit, je crois avoir connaissance que vous n'êtes pas resté sur cette querelle, c'est déjà plutôt rassurant. Ne te méprends pas surtout, je ne vous ai pas épié. J'étais simplement venu m'assurer que tout allait bien tout à l'heure et en entendant qu'elle t'avait rejoint, j'ai préféré attendre dehors. ”

J'étais néanmoins plutôt désolé de m'être montré ainsi intrusive, même si c'était pour m'assurer de leur sécurité. J'espérais vivement qu'il ne m'en tienne pas rigueur. Je laissais alors ensuite mon regard glisser jusqu'à ses mains enfermant son pendentif. Évidemment, j'avais noté qu'il ne le lâchait pas depuis tout à l'heure et je devais bien avouer que cela m'intriguait. Alors finalement, j'optais pour lui poser la question directement. Ma voix était douce, lui assurant ainsi que si il n'était pas disposé à me répondre, cela n'avait pas d'importance.

“ Je ne te l'ai jamais demandé mais... que représente ce médaillon ? ”

@ pyphi(lia)

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22/08/2013

Eté +22.

La Fille de l'Hiver

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Feat Lagertha.

Un doux sourire répondait à sa confession. Probablement que cela me posera soucis demain mais ce soir, il n'en était rien. Pas un instant. Il se pouvait même que cela soit une bonne chose par ailleurs. Maintenant elle savait. Elle pouvait comprendre plus facilement les raisons de ma dureté envers cette île. Envers ce village. Envers Lagertha. Envers Elle. Le seul inconvénient pour la soirée résidait à la limite du fait que ma véritable identité n'était plus connue que d'une seule personne. Bien que l'on pouvait précisé que d'une seule humaine, et d'une seule divinité.

Mon visage s'inclina légèrement et mes mains se redressèrent de plusieurs centimètres. Mes doigts effleuraient presque détachés le médaillon. La question à son sujet paraissait simple mais il en était autrement. Pour faire preuve d'honnêteté, je ne savais pas moi-même ce qu'il représentait exactement. Par chance j'étais alcoolisé. Fatigué. Et particulièrement bien ainsi allongé, son tendre regard sur moi et le contact bien que simple, d'une main.

- Beaucoup et peu. Commençais-je après plusieurs secondes de silence. Le passé et l'avenir. Des devoirs. Une limite. Un idéal. Enumérais-je avant de marquer une pause, prenant conscience que cela ne lui suffirait pas. Cela ne me suffisait pas moi-même. Mon père n'était pas vraiment pratiquant. Il ne comprenait pas pourquoi nous devions vénérer des Dieux qui n'étaient plus là. Me rappelais-je sans m'en rendre compte. Quant à ma mère, c'était tout l'inverse. Expliquais-je avec un léger sourire persistant. Elle avait une grande foi dans les Quatre. Un espoir aussi profond que sincère. Sa fortune ne lui permettait pas de rejoindre des processions ou les lieux de cultes de la Capitale. Quant à marcher vers un Temple, disons qu'elle n'était pas une guerrière et que mon père refusait de faire peser un tel risque à sa famille pour des Absents. Parlais-je sans retenir d'inutiles détails. Elle n'en a jamais fait le reproche mais je crois qu'elle espérait un jour, qu'il change d'avis. Quand les temps seraient plus calmes. Un silence dura assez longtemps pour se déposer entre nous avant d'être aussitôt rompu. Alors, comme elle ne pouvait pas rejoindre les Temples, ou la Capitale, elle a fabriqué ça. En venais-je enfin au fait, faisant lentement tourner le médaillon. Un simple bout de fer avec au centre la plus précieuse des pierres qu'elle avait. Quatre branches. Quatre Dieux. En parfait équilibre. Entourant et veillant sur notre monde, qui est ce que nous avons de plus précieux, et que nous leur offrons à l'inverse de nos prédécesseurs. Décrivais-je avant de prendre une profonde et bruyante inspiration. C'est tout ce qui me reste d'elle. Tout. Même son souvenir je l'ai perdu. Je ne sais même plus à quoi elle ressemblait. Lorsque je pense à elle, tout ce que je vois c'est quand..M'interrompis-je, incapable d'en parler librement même dans cet état. Ce médaillon me rappelle ce qu'elle aurait aimé que je sois. Ce qu'ils, auraient aimés que je devienne. Mais aussi ce que j'ai perdu. Ce que je ne dois pas oublier pour devenir ce qu'il faut que je devienne aujourd'hui.

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22/03/2018

&

La Fille de l'Hiver

Conservant ma main sur son bras, avec douceur et une toute nouvelle tendresse, qui n'était finalement pas exactement la même que lorsque que je suis sous forme originelle. Non pas que j'estime ne pas avoir le même lien avec Lui avec mon apparence divine, mais j'avais appris que pour les humains, il était plus aisé peut-être même plus agréable, de recevoir de la tendresse d'un semblable. Ou en tout cas, que cela était reçu différemment. Moi même, je me sentais plus proche d'eux avec mon corps humain. Mes mains humaines qui étaient d'autant plus à même de les réconforter. De fait et pour appuyer ma bienveillance, ma main gauche venait se glisser jusque sur son crâne, délicatement. Si au premier geste cela pouvait s'apparenter à une caresse, je ne persistais et préférais simplement conserver et chérir ce contact.

Je l'observais d'un regard maternel. Je ne pouvais faire autrement, c'était évident. En déposant sa tête sur mes jambes, il m'avait ouvert une porte que je ne refuserais jamais de traverser. Il ne l'avait peut-être pas fait consciemment, ou peut-être que si. Le plus important était que nous partagions ce moment. Lui qui me semblait si loin parfois était ce soir, à ma portée. Alors je l'écoutais avec attention, avec tendresse lorsqu'il m'évoquait la signification de son médaillon. Une signification divine si l'on en convenait ainsi, mais également l'expression d'une mère pour son enfant. Une mère que j'aurais pris grand plaisir à connaitre, rien que pour la remercier d'avoir mis son fils au monde. Oui, j'aurais aimé faire parti de cette famille, qu'elle ai eu la force d'entrer dans mon temple et dans ma cellule. Un désir parfaitement égoïste, je ne pouvais nier que j'aurais ainsi espéré repousser toutes ces épreuves négatives qui ont fait de lui l'homme blessé qu'il était aujourd'hui. Mais je ne suis pas Ignis, je ne suis pas omnisciente ni omnipotente. Quelle cruauté d'ainsi m'avoir fait mère pour n'importe quel individu, sans m'avoir offert la moindre possibilité de l'être dans son essence la plus pure. Je soupirais discrètement, évacuant cette courte sensation désagréable qui disparaissait bien vite quand je reprenais conscience du lieu et avec qui je me trouvais, devant les flammes de mon Père. Sans porter le moindre jugement, ni le moindre avis sur sa confession, je portais ma main droite jusqu'au sienne qui protégeaient son médaillon. Je l'enveloppais moi aussi, avec douceur avant de répondre dans un murmure chaleureux.

“ J'aurais aimé les connaitre. ”

Voilà tout ce que trouvais à dire. Ses mots étaient lourds, autant à porter qu'à partager. D'autant qu'il m'évoquait le seul souvenir qu'il avait de sa mère. Même sans m'en faire véritablement mention, je pouvais comprendre de quoi il retournait. Ou au minimum, que cela était difficile. Ainsi pour cette fois-ci, je ne pouvais me retenir de déposer une douce caresse sur ses cheveux, discrètement finalement, mais je ne pouvais tout simplement faire autrement. Après avoir contemplé encore quelques instants son médaillon, mon regard glissait à nouveau jusqu'au sien.

“ Tu devrais te reposer, retrouver ton lit pour passer la nuit. Si tu souhaites qu'Ignis t'accompagnes, je peux allumer la cheminée dans ta chambre si tu le souhaites. Qu'en dis-tu ? ”

Je reprendrais forme originelle pour l'accomplir et ainsi pouvoir veiller sur son sommeil avec plus de vigilance. Veiller sur mon Délaissé.

@ pyphi(lia)

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22/08/2013

Eté +22.

La Fille de l'Hiver

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Feat Lagertha.

Moi qui le cherchait depuis des semaines, voila que je ne désirais plus de lui alors que l'on m'invitait à le rejoindre. J'étais bien. Ainsi installé, la chaleur d'un feu réchauffant la faible fraicheur d'une nuit d'été, sous les caresses d'une femme aimante. L'une se porta à mes cheveux, provoquant aussitôt la clôture de mes paupières. Voila qui était un plaisir ne me quittant pas. Ils s'ouvrirent de nouveau, pour se porter au plafond et finalement, je capitulais. Difficilement je me redressais, après quoi je lui tendais mon bras à moitié replié sur lui-même une fois debout. C'est ainsi que nous marchions jusqu'à la porte de ma chambre.

Un père protecteur chassant pour nourrir sa famille et à l'occasion remplir les réserves de voisins malchanceux. Une mère herboriste aux connaissances faibles mais suffisantes pour soigner ses hommes trop aventureux parfois, ainsi que des passants d'occasion, contant ses histoires de héros et de Dieux le soir venu. Un fils n'aspirant à rien de plus, souriant à l'inconnu et cherchant toujours à faire rire ceux l'entourant. Une épouse aussi naïve qu'innocente, trop pure pour la brutalité de ce monde. Une famille sous la protection d'une seconde mère, accompagnant les téméraires durant leurs chasses. Oui. Elle aurait aimé les connaître. Et ils auraient aimés la connaître.

Je trouvais ma place sur le lit tandis que la lumière du feu jaillissant rompit l'obscurité imposée par la nuit. Cette vie aurait été si parfaite. Si plaisante. Il n'en sera jamais rien. Je commençais alors à me dévêtir ce qui fit quitter la pièce à ma Protectrice non sans une dernière salutation que je lui renvoyais en les terminant par un remerciement. Imprécis. Global. J'avais beaucoup à la remercier. Tous mes vêtements furent retirés et jetés sur une armoire, ne gardant qu'un pantalon de lin afin de ne pas être totalement dénudé en cas de problèmes. Ma dague se glissa sous l'oreiller contre lequel je déposais ma tête tandis que mon pendentif retrouvais sa place autours de mon cou pour trôner au sommet du haut de mon corps.

Je ne trouvais pas aussitôt le sommeil mais lentement, la lourdeur de mes paupières les forcèrent à se fermer. Mon esprit était apaisé. Mon souffle régulier. Mes sens s'éteignaient les uns après les autres. Bientôt plus aucune pensée ne tentait de traverser mon esprit. A moitié couvert de la fine couverture propice à la saison, je m'abandonnais doucement au repos. Bien que je n'en savais rien en ce temps, je peux affirmer que cette nuit là, pour la première fois depuis dix longues années, quarante saisons, presque quatre-mille jours, j'étais en paix.

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11/05/2017

La Fille de l'Hiver

Je ne savais pas quelle heure il était, ni depuis combien de temps j'étais dans l'inconfort de ce lit. Pas inconfortable de qualité évidemment, c'était sans doute le meilleur lit dans lequel je m'étais allongé depuis très longtemps. Inconfortable parce que je ne voulais pas y être. Sarabi nous avait offert le logis pour la nuit, avant que nous ayons à repartir le lendemain. Oui, nous devions repartir demain, comme à chaque fois, je devais partir. Il y a des fois où c'était tout ce que je désirais, quitter cet endroit, mais ce soir, j'avais la tête qui tambourinait pour autre chose. Je ne faisais qu'y penser, sans jamais que ces pensées ne me quittent. Qu'est-ce qu'il s'était passé tout à l'heure ? Qu'avais-je fais ? Autant, je comprenais la provocation que je Lui avait lancé, j'étais dos au mur et je n'avais d'autre moyen pour m'en sortir que l'attaque. Mais ce qui s'en est suivis, quand j'ai posé ma main sur la sienne pour... Non. Invraisemblable. Pourquoi avais-je eu cette soudaine envie ? Certainement l'alcool. Et pourtant, en mettant redresser sous l'énervement d'une telle pensée, c'était sur mes lèvres que la pulpe de mes doigts se déposaient. C'était ça que j'avais voulu de lui tout à l'heure ? Par les Dieux non ! Je me relevais d'un bon, non ! Je commençais à faire les cents pas au milieu de cette chambre dans laquelle j'avais tenu à être seule. Cela avait été plus ou moins compliqué à faire comprendre à Xion, mais je lui avais assuré que je lui en expliquerais les raisons à tête reposée. Encore fallait-il que j'ai connaissance de ces fameuses raisons. Mon corps me semblait lourd, pourtant dévêtu de mon armure. Et puis il y avait ce cœur qui ne cessait de s'emballer sans aucune raison valable. Vraiment ? Fais chier, je ne savais pas et je sentais ma respiration devenir courte, ce qui me força à sortir de la chambre pour trouver la fraicheur de l'extérieur, après avoir enfilé mes bottes à la hâte.

Je me rendais alors compte que nous étions bien gardé et si en temps normal cela m'aurait énervé, ce soir je n'avais pas la tête à ça. Je n'accordais qu'un rapide regard à ceux cadrant la porte avant de faire quelques pas pour inspirer profondément l'air nocturne. La saison était agréable durant la nuit, en relevant les yeux vers le ciel je notais qu'elle était plutôt sombre, même si de faibles lueurs de lune au travers des nuages m'informaient que la nuit était bien entamée. La brise s'engouffrait dans ma tunique, c'était agréable, comme une caresse. Je n'étais pourtant pas encore tout à fait sobre, j'avais encore bu après "ça". Pas excessivement, juste pour faire passer ce qui était resté coincé dans ma gorge. Inconsciemment, je faisais quelques pas dans l'allée qui m'avait mené jusqu'à la demeure de Sarabi, me rendant compte que deux gardes me suivaient. M'arrêtant quelques instants, je fermais les yeux en soupirant bruyamment. Soit. Je n'étais pas chez moi, je ne me sentais pas le force de rétorquer ou de combattre. Pourtant, je n'avais de cesse de me battre contre des pensées que je voulais loin et qui pourtant ne faisait que se rapprocher, me marteler inlassablement. Cette cheminée, Lui, moi. J'avais pourtant été déjà proche de Lui physiquement, intimement, mais ça ne m'avait jamais tourmenté à ce point, avec personne. En général oui, je pouvais ressentir cette chaleur me consumer, mais pas une fois terminé. Pas alors qu'il n'y avait rien eu. Pas quand j'étais seule. Jamais, pour personne. Mais pour Lui si. Pour Lui, si... Et puis ce cœur qui n'arrêtait pas de tambouriner sans que je l'y invite ! A m'en donner l'impression d'être au bord d'une crise cardiaque. Il me trahissait, lui à qui j'offrais mon corps en carapace. Crétin. Tu m'empêche de fonctionner normalement. Pire encore, tu m'avais fais avancé inconsciemment jusqu'à sa demeure.

Je m'en étais rendu compte en levant les yeux, mes pas m'avaient guidés jusqu'à Lui, encore, dans la nuit sans que ma conscience ne m'anime. Est-ce que c'était plus fort que ma conscience alors ? Une force si imposante que je ne pouvait faire autrement ? Même avec toute la détermination que les Dieux m'avaient offert, étais-je si impuissante face à cette force ? J'étais là, dehors, face à cette porte elle même gardée par d'autres. Leur présence m'était invisible, mes yeux n'avaient eu de cesse de se poser sur cette porte derrière laquelle je savais qu'Il était. Et puis à nouveau, ce cœur, cette chaleur à ses souvenirs. Plutôt à ces pensées, à ces envies qui se dessinaient dans mon esprit. Des images inédites que pourtant je savais vouloir, vraiment, je n'arrivais pas à m'en défaire et je ne pourrais certainement jamais avant de les accomplir. En une seconde, je me décidais, si j'avais su que c'était aussi simple, je l'aurais fais bien avant. Alors à nouveau, vidée de toute volonté, je m'avançais, mais évidemment on me retenait. L'un des gardes s'adressa à moi en me refusant l'accès. Je lui lançais alors un regard noir. Qui était-il pour me refuser d'accomplir mes envies ? Il n'était personne, personne qui n'avait la force ou la capacité de me retenir, de m'empêcher de prendre ce que je voulais. Mon corps se crispa, mes yeux s'enflammèrent d'une noirceur indéfinissable, j'étais prête à lui bondir dessus... quand finalement les portes s'ouvrirent sur Sarabi, sous forme divine. A sa vue, instantanément, je me calmais, retrouvais une certaine neutralité dans le regard. Je lui adressais également un court salut en m'inclinant légèrement. Je sentais son regard peser sur moi.

" Laissez la entrer."

Un léger éclair traversa mon dos avant que mes yeux bruns ne se posent dans les siens. Était-elle sérieuse ? M'accordait-elle vraiment d'entrer durant la nuit, après tout ce qui s'était passé ? Pour être sincère, je n'avais que faire des ses motivations, tout ce dont j'avais besoin c'était d'entrer et elle me l'accordait, voilà tout ce qu'il me fallait. Presque timidement, incertaine, je m'avançais de quelques pas. Une servante tenait la porte et la tenait toujours sous les indications de Sarabi. En passant à côté d'elle, je l'entendais me souffler la raison de ma venue, l'endroit où il était, l'aboutissement de ma quête nocturne. Surprise, je restais plantée là quelques instants sans savoir quoi faire. Et puis finalement, au bout de plusieurs secondes, mon regard la quitta pour glisser jusqu'aux escaliers vers lesquelles je me dirigeais, presque envoutée. Ma volonté m'avait quitté, j'avais fais le choix de laisser à cette partie de moi, qui ne voulais que le retrouver, prendre toute sa place et me commander. M'animer, guider mes pas. Mon corps lourd l'instant d'avant, s'allégeait à mesure que les marches disparaissaient derrière moi.

J'avançais, inlassablement, personne n'aurait pu m'arrêter ou même essayer, au risque de sombrer dans le trépas. Mes doigts effleuraient les murs, les rambardes des escaliers, comme seule accroche à ce monde autour de moi, qui avait disparu de ma conscience, qui se noyait dans des méandres insondables. Je ne voyais pas les murs, pas le sol, pas les marches, je me sentais simplement transporter dans un univers inconnu, mais pourtant si plaisant. Je me sentais transporté, jusqu'à Lui, simplement. Et puis enfin, j'arrivais jusqu'à sa porte devant laquelle je m'étais arrêté à peine une seconde, le cœur s'emballant de nouveau. Et pourtant, au contraire de ces nombreuses fois tout à l'heure, je n'avais pas hésité longtemps à l'ouvrir, lentement, délicatement, discrètement. La refermant avec autant de mesure, plaquant mon dos contre son bois, mon regard allait d'abord sur le foyer de la cheminée qui déposait une douce luminosité à la pièce. Faible, mais suffisante pour me Le révéler. Mes yeux glissaient jusqu'à Lui, s'ancrant avec une force inconnue jusqu'à lors dans le Sien. Il serait sur le qui-vive en entendant entrer quelqu'un, je me doutais qu'il serait déjà redressé, arme à la main prêt à supprimer l'intrus que j'étais. Mais je nourrissais l'ardent désir qu'il ne le fasse pas évidemment. Même si il avait essayé, cela ne m'aurait pas repoussé, je n'aurais pas fuis. Ce soir il pouvait tenter tout ce qu'il voulait contre moi, ça ne m'arrêterait pas.

Codage par Libella sur Graphiorum

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22/08/2013

Eté +22.

La Fille de l'Hiver

Chapitre Précédent : Bibliothèque en gestation

Feat Lagertha.

Petit à petit la pénombre s'était imposée. A l'inverse de l'habitude, aucun sentiment d'oppression ne l'accompagnait. Un simple voile sombre permettant à l'esprit de s'endormir plus tranquillement. Les minutes défilèrent mais il n'en fallu pas plus d'une vingtaine pour que je m'abandonne au sommeil. Doucement, mon visage chuta sur le côté et avant qu'il ne touche l'oreiller, je m'étais endormis. Sans troubles. Sans tourments. Sans interminable attente. Si facilement.

Contrairement à l'accoutumé, le paysage prenant forme était lumineux, presque d'une lueur aveuglante lorsqu'elle jaillissait d'entre deux cimes des arbres, m'obligeant à me couvrir la vue d'une main tendue vers les hauteurs. Des rires raisonnaient autours de moi sans que je ne parvienne à en trouver la source. Un enfant, probablement au loin ou dissimulé derrière l'un de ces nombreux arbres et buissons. Face à moi mais bien au-delà de ma vue, l'écho d'un nom. Imperceptible. Celui de l'enfant répondant qu'il arrivait.

Je m'avançais alors, doucement, écartant branches et feuillages sur mon chemin. De ces obstacles sortaient quelque fois de petites créatures apeurées ou curieuses de ma présence. Plus je m'avançais, et plus je percevais un échange entre trois voix rieuses. L'une appelait à rejoindre une table pour déguster un repas venant d'être préparé. L'enfantine affirmait être bien meilleur avec l'arc, ce que la troisième réfutait avec amusement. Une vingtaine de pas encore et je découvrirais ces personnes vers lesquelles je me dirigeais naturellement.

Le bruit parfaitement reconnaissable d'une porte se fermant doucement éveilla mes sens tenues au repos jusqu'à maintenant. Aussitôt je repris conscience de ma situation, allongé dans mon lit. Si une milice, une garde personnelle et une divinité particulièrement protectrice veillaient sur moi avec dévotion, la tentative jadis de Meiro m'empêchait de rester totalement décontracté. Ainsi à ce son si particulier, ma main récupéra la dague par la lame avant que mon corps ne se redresse, paré à projeter l'arme vers ce visiteur ne s'étant pas annoncé.

Je restai quelques secondes dans cette posture, attendant que la danse imprévisible des flammes ne daigne enfin porter temporairement son éclat sur mon invitée. Le regard se plissant légèrement dans un premier temps, j'abaissai lentement la lame pour la faire retrouver sa place sans quitter du regard la Fille de l'Hiver. Elle était là. Elle était revenue. Que cela soit pour une nuit. Pour une heure. Par envie. Par désir. Par tradition. Peu m'importait. Je me fichais de la raison ainsi que de la portée à laquelle je pouvais hisser la signification de sa présence. Elle était là.

Une nouvelle fois la douce chaleur prit possession de mon corps, membre après membre. Mon cœur se réveilla pour résonner de manière crescendo. Mes lèvres s'étirèrent doucement. Mes yeux se jetèrent où je devinais être les siens. Cette silhouette tantôt invisible, tantôt rougie par le passage fugace des flammes, captait toute mon attention. Je ne disais pourtant aucun mot. L'envie était présente mais une crainte m'en empêchait. Celle de la faire fuir. Celle de ne pas dire ce qu'il faut. C'était comme, une sorte de trac. Enfin de ce que j'en savais, n'ayant jamais eu à y faire face. Jusqu'à ce soir.

Rendu muet, je me contentais de relever la couverture sur la partie droite du lit. Ce côté vide l'invitait alors à le combler. Nous n'avions encore jamais partagé un lit. Ni fait quoi que ce soit là dedans. Il n'en restait pas moins un lieu de plaisirs sans significations particulières. Mais après nos aveux silencieux, m'y rejoindre imposerait un sens. Peut-être pas pour les Dieux. Peut-être pas pour les autres. Peut-être pas pour elle. Mais pour moi, assurément.

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