L’entrée de la cellule ressemble à toutes les autres. Deux grandes portes d’un bois sombre et luisant, et un nom gravé en arc en cercle sur le haut : Tusàra.

Si vous décidez de rentrer, attiré par le nom, par le numéro de la cellule depuis votre entrée dans le temple, ou juste par le hasard, vous tomberez sur un autre couloir. Froid. Etroit au point de ne pas pouvoir y tenir à plus de trois humains de front. Un couloir formé d’arbres de chaque côtés, si serrés les uns aux autres que vous n’avez d’autre choix que d’aller de l’avant. Ce sont des sapins, très fournis, et vous distinguez le vert sombre de leurs aiguilles sous l’énorme couche de neige qui les recouvre. Cette neige, elle est partout. Sur le sol, assez épaisse pour que vos pas soient assourdis et ne révèle pas la terre en dessous. Sur les arbres, les branches et les aiguilles. Dans l’air, dans lequel les flocons volent et tombent doucement jusqu’à vous. Et le ciel, d’un blanc duveteux, de ce blanc si particulier que les prennent les nuages neigeux.

L’averse est douce et clairsemée, et il ne vous faudra pas beaucoup plus de quelques pas pour distinguer une brillance en face de vous. Et si vous avancez encore un peu, vous pourrez voir ce que c’est. Une table, elle aussi enneigée, où se trouve de magnifiques objets. Magiques ou non, des pierres précieuses, de l’or, des Tsuris ou toute autre merveille que votre imagination perçoit de plus cher, avec le plus de valeur marchande.
Il n’y a rien d’autre, pas de piège apparent, pas de garde, de cage ou d’énigme. C’est là, à votre portée, sans mirage.

Lorsque vous vous élancerez pour les avoir, les arbres vous sembleront bouger, et se rapprocher de vous. Un compte à rebours est lancé, et si vous ne courrez pas assez vite, le couloir se sera refermé avant que vous ne puissiez atteindre le si précieux trésor.
Lors de votre course, vous entendez un bruit. Pas celui des branchages qui s’agitent pour refermer le passage non. Un son plus aigu, plus vif. Et si vous prenez le temps de tendre l’oreille, et de chercher du regard, vous verrez facilement sur votre droite, une forme colorée, dans tout ce blanc. Vous y voyez du roux, du marron, du noir. Et ça crie. Ca couine plaintivement, enfoui dans la neige jusqu’au museau. Ca tremble de froid, la fourrure trempée. Ca éternue, entre deux glapissements plaintifs.

Mais les arbres eux, ne s’arrêtent pas pour autant, et continue leur mouvement inexorable vers l’intérieur, coupant l’accès au trésor. De quoi vous sortir de la misère et vous mettre à l’abri, ainsi que vos proches pour le reste de votre vie. De quoi nourrir votre famille, vos parents, pour le reste de leur vie. De quoi léguer un héritage à vos enfants à la fin de votre vie. De quoi profiter de ce que l’île à de plus beau à offrir, à manger, à porter, à vivre…

Un autre couinement. Plus faible. S’il reste là encore plus longtemps, le petit renardeau ne survivra pas.
Les arbres bougent. Plus vite. Si vous ne courrez pas plus rapidement, le trésor disparaitra.

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HRP:

Le bruit des lourdes portes de bois s’ouvrant pour se refermer aussitôt sortit Tusàra de sa torpeur. Papillonnant des yeux, elle releva la tête, la secouant pour en faire tomber les flocons et baissa les yeux sur le nouveau venu. Quelqu’un était entré dans sa cellule. Elle ne savait pas depuis combien de temps cela n’était pas arrivé. Des jours, des semaines..? Cela faisait-il déjà des années ?

Une agréable sensation d’émerveillement lui parvint de la part de l’humain et cela suffit à la rendre alerte. Il ne pouvait pas la voir, mais elle pouvait voir et ressentir tout ce qu’il se passait pendant son épreuve. Et la première réaction de cet humain au paysage et à ses flocons était plus que positive.
Il se mit rapidement à courir lorsque les arbres commencèrent à bouger. Pourtant dès que ses oreilles perçurent le bruit du renardeau en détresse, il bifurqua pour le trouver. Il n’y eu aucune hésitation de sa part, aucun regard vers... Vers la table. Celle-ci était restée vide, et c'était bien la première fois que cela arrivait. Il n'y avait donc rien qui représentait pour cette humain de la richesse matérielle ?
Il tomba à genoux et sauva le renardeau, ramenant l'esprit de Tusàra sur l'épreuve, l’enroulant dans une couverture qui sembla sortir de nulle part. Sa voix douce emplit les oreilles de la fille d’Aqua à travers celle du bébé renard. Elle pouvait également sentir les vibrations du coeur de l’humain contre son corps gelé à travers la couverture.

Il était doux avec l’animal, et semblait se diriger tout droit vers la porte pour ressentir, comme si plus rien d’autre que la santé du renardeau ne comptait. Elle faillit le laisser faire. Après tout, il n'avait renoncé à rien pour sauver ce renardeau, donc son épreuve était biaisée. Mais s'il s'apprêtait maintenant à sortir, sans un regard en arrière, c'est qu'il était prêt à abandonner la possibilité d’avoir une invocation pour ce petit être… Et cela lui suffisait amplement.
Il était donc grand temps de passer à la suite, car elle ne comptait pas vraiment le laisser s’arrêter là, et lui laisser le choix.
Les arbres bougèrent à nouveau et l’accès à la grande porte de bois disparut. Place à la deuxième partie de l’épreuve. Elle n’en était pas forcément fan, et la trouvait même un peu extrême. Malheureusement c’était parfois le seul moyen de voir au fond d’une personne, d’en apercevoir la vraie teneur. Quand les enjeux étaient grands, et les choix restreints.

Les arbres reformèrent un chemin vers un abri en pierre où le Saen pourrait trouver un feu réconfortant à la chaleur bienvenue, une gourde avec de l’eau potable et un peu de viande séchée. De quoi sortir du danger de mort immédiate le petit être à quatre pattes.
Devant cet abri, se trouvait un autel en pierre sombre, simple et élégant, décoré d’une simple gravure de quelques mots.

« Pour passer à l’étape suivante, tu dois faire un choix.
Choisis bien, et tu me rencontreras. Choisis mal, et la possibilité de me délivrer tu perdras. »

Lorsque cette phrase serait lue, un être cher au candidat apparaitrait alors. Tusàra n’avait aucune idée de qui c’était, et en fonction des humains qui tentaient leur chance, cela variait. Parfois elle voyait apparaitre un père, une mère, une soeur, un compagnon, une amante ou toute autre personne qui tenait dans le coeur de celui qui tentait son épreuve une place toute particulière.
Face à cet être si cher à leur coeur, se trouvait le petit renardeau, encore faible, mais les yeux emplis de reconnaissance pour l’humain qui l’avait sauvé d’une mort glacée et cruelle.
Pour continuer, il était temps de choisir…

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HRP:

Le bruit sourd des lourdes portes en bois qui s’ouvrent et se referment agitèrent les oreilles de Tusàra qui se redressa. Un autre humain ?
Sa vision se dédoubla pour laisser place à une seconde épreuve, pour un autre candidat. Ca alors.. elle pouvait passer des mois sans voir personne, et voilà que deux humains se présentaient pour la délivrer. Bien sûr, aucun des deux ne sauraient que l’autre était présent, mais de son côté, elle pouvait suivre les deux épreuves en même temps.

Le nouvel humain était petit et frêle. Mais la joie que lui procura son paysage enneigé enchanta la fille d’Aqua. En voilà un autre qui appréciait les bonnes choses. Elle l’observa avancer, et regarda un magnifique livre apparaitre sur la table. Oh, la connaissance était son plus grand trésor ? C’était très sage de la part d’un si jeune humain, et encourageant pour la suite. Ses yeux opalins suivirent le candidat alors qu’il comprenait l’enjeu et se mettait à courir.
Celui-ci eu beaucoup plus de mal à se décider, et sa tête fit de nombreux aller-retours entre la table et le pauvre renardeau avant qu’il ne choisisse, non sans mal.

Il avait choisit le petit animal en détresse, et c’est le visage plein de larme qu’il s’était agenouillé près du bébé renard, le protégeant de son corps et s’adressant à lui d’une voix douce qui fit frémir les oreilles de Tusàra. Son hésitation et sa déception quant à sa décision étaient une bonne chose. Il venait de lui prouver qu'il ne prenait pas de décision à la légère, mais surtout qu'il en mesurait toutes les conséquences. Son émotivité la touchait, elle trouvait ça rafraichissant. A condition qu'il ne soit pas non plus un pleurnichard...
Dans tous les cas, le comportement de cet humain lui plaisait bien pour l'instant, et il lui hâtait de voir la suite. Elle laissa donc le petit être roux se blottir contre le candidat, et à ce dernier le temps de reprendre ses esprits avant de lancer la deuxième épreuve.

A genoux d’où il était, Nathan verrait les sapins ouvrir un nouveau couloir, un chemin enneigé vers un abri de pierre, où se trouvait un feu flamboyant et chaleureux, une gourde d’eau potable, et de la viande séchée. De quoi redonner des forces bien nécessaires au fragile renardeau, et pourquoi pas au candidat.
Devant cet abri se trouvait un autel en pierre sombre, simple et élégant, décoré d’une simple gravure de quelques mots.

« Pour passer à l’étape suivante, tu dois faire un choix.
Choisis bien, et tu me rencontreras. Choisis mal, et la possibilité de me délivrer tu perdras. »

Lorsque cette phrase serait lue, un être cher au candidat apparaitrait alors. Tusàra n’avait aucune idée de qui c’était, et en fonction des humains qui tentaient leur chance, cela variait. Parfois elle voyait apparaitre un père, une mère, une soeur, un compagnon, une amante ou toute autre personne qui tenait dans le coeur de celui qui tentait son épreuve une place toute particulière, qu’il soit mort ou vivant.
Face à cet être si cher à leur coeur, se trouvait le petit renardeau, encore si faible, mais les yeux emplis de reconnaissance pour l’humain qui l’avait sauvé d’une mort glacée et cruelle.
Pour continuer, il était temps de choisir…

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HRP:

Il n’y eu pas de surprise. A peine un peu de méfiance, probablement dû à des réflexes de survie, mais c’est tout. Ce mâle humain semblait d’un calme à toute épreuve, d’un sang froid inébranlable, et sans vraiment savoir pourquoi, cela l’énervait. La boule d’énergie et de sentiments qu’était Tusàra supportait bien mal ce quasi-vide émotionnel qui emplissait son candidat.
Pourtant elle continua d’observer, car c’était l’étape cruciale qui lui révèlerait si ce vide était bien réel… Et il ne l’était pas.

A l’instant où l’être cher apparu, le renard enneigé se redressa vivement, les oreilles droite, aussi surprise que l’humain. Ca alors, une invocation ! L’être le plus cher à ce candidat était une invocation ?! L’image de l’enfant d’Aer lui donna un bref frisson. Elle n’était pas une grande fan des insectes, encore moins lorsqu’ils étaient aussi grands.
Mais cette apparition avait eu l’avantage de briser ce calme si agaçant jusque la présent chez l’humain. Il était surpris, puis embrouillé. Elle l’observa combattre le flux de ses pensées, de ses souvenirs et de sentiments, alors qu’une tempête se levait à l’intérieur de lui.

Il parla alors, et la sagesse contenue dans ses paroles étonna à nouveau la fille d’Aqua. Cet humain n’était comme aucun autre qui était déjà venu à elle. Il semblait dissocié de lui même, capable de se détacher de ses pensées, de ses émotions et sentiments, et bien plus âgé que son corps ne le laissait transparaitre. 
Tusàra était intriguée, mais pas forcément emballée pour autant. Sa curiosité la poussait à observer le reste, mais le caractère de ce mâle humain la plongeait dans la perplexité.

Et il fit le bon choix. Elle s’y attendait, évidemment. Ce qui l’embêtait, c’est ce que cela lui paraissait facile. Sur la première épreuve, il n’avait rien abandonné pour sauver le renardeau car rien n’était apparu sur la table de pierre. Et dans cette seconde épreuve, malgré la surprise et la confusion de l’apparition de l’être cher, l’humain n’avait pas paru douter, se poser des questions ou déchiré par l’idée d’un choix. Non. Dans sa philosophie, il était normal et logique que de ne pas choisir. Non pas à cause de loyauté comme l’épreuve était sensé le démontrer pour Tusàra, mais juste parce que sa sagesse logique lui dictait sa conduite.

Voilà qu’elle était perdue. Ce candidat semblait réussir ses épreuves, mais sans les bonnes raisons. Alors qu’elle ne savait plus quoi faire, il décida de la surprendre. De la même manière qu’elle avait décidé de le laisser passer à la seconde épreuve car il se dirigeait vers la sortie, prêt à abandonner le fait de la délivrer pour sauver le renardeau, il fit quelque chose qui l’aida à se décider.
Enfin, il subit quelque chose. Car alors qu’il s’excusait, prêt à perdre la possibilité de la délivrer, un flot de vives émotions le submergea. La fille d’Aqua y distingua de la tristesse, de la trahison, de la colère, un sentiment d’abandon… Ses yeux opalins se fixèrent sur le candidat, soudainement intéressée. Le torrent violent se tarit rapidement sous une forme curieuse de méditation, mais elle savait maintenant qu’il existait sous ce calme vide et imperturbable, un océan prêt à se déchainer.
Et ça faisait toute la différence…

Ses multiples queues s’agitant doucement sous la réflexion, Tusàra prit finalement sa décision. L’être cher disparu, la mère du renardeau vint le retrouver dans l’abri de pierre, et un chemin s’ouvrit à nouveau dans la forêt de sapin, invitant le candidat à avancer.
Il arriverait près d’un lac gelé, dans une magnifique clairière enneigée, quelques flocons virevoltant toujours dans l’air.

La demi-déesse le laissa la, seul, à l’observer pendant un moment. Elle ne sut pas vraiment si ce fut des minutes, ou des heures, la notion du temps étant toute relative dans ce lieu… Puis elle se décida et rejoignit le candidat.
Il pourrait la voir arriver vers lui en courant et bondissant, disparaissant parfois dans la poudreuse dans un éclat de rire, seul le bout de ses multiples queues dépassant de la couverture blanche. Puis quelque chose lui sautera dessus, le faisant basculer dans la neige, pour se retrouver sur le dos, un museau tout près de son nez, de grands yeux bleus opalins fixés dans les siens, et une voix féminine et joyeuse qui se répercutent tout autour.

« Tu viens jouer avec moi ? »

Le jeune mâle humain semblait en paix avec son choix, alors qu’il avançait dans ce nouveau couloir de sapins, le renardeau confortablement blottit dans ses bras. Lorsqu’il trouva le lieu de la seconde épreuve, la fille d’Aqua décela une courte hésitation avant qu’il ne s’avance vers l’autel, où il y posa l’animal qui masqua donc la consigne.
Alors ça, c’était une première !

Avec un petit rire qu’elle fut la seule à entendre, Tusàra observa la suite, curieuse, alors que les deux compères reprenaient des forces en partageant les quelques victuailles à leur disposition. Enfin, la boule de poils roux bougea, et l’épreuve commença.
Ce fut, pour ce candidat, une très jeune femelle humaine qui apparu. Une soeur, qui lui causa grande émotion, et désarroi. Ce qui plut tout de suite au renard des neiges, pour qui les valeurs de la famille et de l’amitié étaient d’une grande importance. Curieux, pour un être qui n’avait nulle autre famille directe qu’elle même n’est-ce pas ..?
Branchée sur les émotions de son candidat, la demi-déesse suivi le cheminement sentimental du jeune humain et fut émue par ses paroles. Son enthousiasme la toucha, ses regrets et sa tristesse lui prouvèrent sa sincérité.

Malheureusement, il échoua. Il fit son choix avec assurance et une certaine candeur qui résonna dans le coeur de la fille d’Aqua, elle dont l’enfance ne semblait jamais la quitter.
Elle espérait que sa soeur pourrait le pardonner, car son épreuve elle, ne le ferait pas. Lorsqu’il fit son choix, l’être cher disparu, et la mère renard vint récupérer son petit. Le vent se leva, chargé de flocon, semblant annoncer la tempête, alors qu’un couloir de sapins s’ouvrait à nouveau, menant jusqu’à la grande porte de bois sombre.

La seconde partie de son épreuve avait été conçue pour tester la loyauté, le sens de la famille, de l’amitié, du devoir, l’attachement, et la capacité de sacrifice pour ne pas trahir tout ceci. Ni l’être cher, ni le renardeau n’était un choix viable car il impliquait de « trahir » l’un pour l’autre. Le seul choix possible pour accéder à la suite, était de refuser de choisir. De prendre le risque, de sacrifier la possibilité de libérer une invocation pour rester loyal à ses principes.
Elle avait entendu dans les paroles du jeune homme, et ressenti en son coeur, les raisons qui l’avaient poussé à ce choix… Mais l’influence qu’elle avait sur le déroulement de son épreuve était limité, et elle ne pouvait en changer les réponses nécessaires à chaque passage.

Le vent s’accentuait au point de devenir blizzard, et il était urgent que le candidat accepte son échec et sorte, s’il voulait rester en vie.
Pour Tusàra, c’était une chance de moins de profiter du nouveau monde…

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HRP:

Un rire vif éclata dans la clairière immaculée, et cette fois-ci il était masculin, au grand plaisir de la fille d’Aqua. Cette dernière se fit renverser dans la neige alors que le candidat se prenait manifestement au jeu, se délestant de tous les artifices qui pourraient entraver ses mouvements.
La joie envahit alors l’environnement et Tusàra s’arrêta un instant dans sa cachette de poudreuse, son regard opalin se posant sur le candidat. En dehors du moment où il avait renoncé à choisir, c’était la première fois de l’épreuve qu’une telle force d’émotion se montrait en lui. Une bonne chose, du point de vue de la renarde blanche.

« Es-tu l'enfant qui réside en ces lieux? Quel est ton nom? Moi c'est Saen. »

Toujours cachée, elle observait les yeux curieux et joyeux du mâle qui la cherchait, sur ses gardes. L’enfant ? Comment ça l’enfant ?!
Un jappement vexé retentit alors que Tusàra bondissait à nouveau sur le jeune homme pour le mettre à terre. Sa voix cristalline s’éleva à nouveau, comme le son du vent qui souffle parmi les stalactites. Pure, mais glaciale.

« Enfant ? Est-ce moi que tu appelles enfant jeune humain ? »

Cette fois-ci, elle avait juste bondit sur lui pour le faire tomber, mais sans rester sur lui. Elle était posée sur la poudreuse, face à lui, comme si elle était maintenant assez légère pour ne pas s’enfoncer, ou que la neige avait curieusement durcit sous ses pattes pour la soutenir.

« Aux dernières nouvelles, malgré les années qui ont pu passer dans ce nouveau monde, c’est toi l’enfant. »

Le ton était froid, et les éclats de rire semblait s’en être évaporée. La voix ne sonnait plus si jeune au contraire, et le poids des années et de leur vécu en alourdissait la légèreté. Probablement que la susceptibilité aussi, mais mieux valait ne pas le faire remarquer à la fille d’Aqua déjà bien offensée des paroles innocentes du jeune humain…
L’air semblait s’être figé autour d’eux, comme si la cellule retenait son souffle, pendu aux lèvres de Saen. Comme si sa simple réponse pourrait relancer le cours des choses, ou au contraire, déclencher une tempête monumentale. C’était ce calme statique qui précédait les orages, ce moment curieux où le monde retient son souffle en attendant la suite…

L’air contrit qui passa sur le visage de l’humain suffit à adoucir l’humeur de la renarde, dont la vanité et la susceptibilité ne penchaient pas vers la rancune.
Elle l’écouta tout de même se justifier, ses multiples queues remuant sous un courant d’air inexistant et le regard fixé sur lui. A nouveau, elle fut surprise de sa sagesse, de son introspection et de ses qualités de réflexion, son éloquence n’était pas en reste. Etait-il spécial parmi les siens, ou les humains avaient-ils finit par murir, grandir et comprendre pendant son absence ? Combien de temps était-elle restée enfermée d’ailleurs ?
N’ayant encore jamais été délivrée, la fille d’Aqua n’avait aucune idée de ce à quoi pouvait ressembler le nouveau monde. Etait-il semblable au sien ? Complètement différent ? La neige y tombait-elle encore toute l’année sur ses zones les plus froides ? Ou ces bipèdes avaient-ils tout recouvert de pierres, de cultures et de villages ..?

Tusàra se rendit compte du silence alors que ses pensées et questionnements se mourraient doucement dans son esprit sans réponses. Cet humain pouvait les lui apporter. Contre son obéissance et sa soumission. En était-elle capable ? En était-il digne ? En avait-elle envie ? Serait-il à la hauteur ?

Malgré le fait que les paroles de l’humain contenaient une question, la renarde n’y répondit pas. Elle laissa le silence s’éterniser, bien que l’air aux alentours semblait bouger à nouveau, comme si le monde avait été relancé de cet état d’attente. La décision était capitale, et donc la réflexion primordiale.
Ses yeux opalins détaillèrent le jeune humain dont le calme ondulait presque autour de lui, comme si la suite lui importait peu. Comme si, qu’importe la suite des évènements, il se contenterait de réagir, de vivre et de continuer sa route. Saurait-elle faire face à tant de calme, elle qui bouillonnait d’émotions, d’envie et de vie ?

Toutefois, il avait aussi réussi ses épreuves. Toutes. Pas de la façon dont elle s’y attendait certes, avec une étrange facilité également, mais il les avait réussi. De plus, sans trop savoir pourquoi -appelez donc ça l’instinct divin- elle ressentait en lui une profonde bonté. Comme si ce trait de caractère était la base de tout son être. Une douceur inébranlable qui guidait son esprit comme son corps au quotidien.
Pas sûr que cet aspect résiste à un lien avec elle… Mais c’était toutefois rassurant. Peu de chance qu’une fois hors de cette cellule, cet humain l’utilise pour avilir la nature, tuer des êtres vivants, et soumettre le monde à une dictature sanglante et cruelle.

Le regard placide de Saen croisa le sien alors même que ces derniers mots se formaient dans son esprit, et attirèrent un léger rire à la renarde. Oui, il y avait vraiment vraiment trèèèès peu de chance.
La fille d’Aqua quitta son candidat des yeux pour en parcourir une dernière fois sa cellule. La où le regard de l’humain voyait un lac, de la poudreuse et des sapins, celui de la renard distinguait des pierres sèches, un haut plafond et une seule et unique ouverture vers le ciel.

Oui. Il était temps.

Tusàra s’approcha lentement de Saen pour s’asseoir devant lui, levant le museau pour le regarder dans les yeux. Il était certes accroupi, mais elle avait la taille d’un bébé Calis. Pas bien grande donc.

«On sort de là ? »

Mh. Tant de tact, d’élégance et de finesse dans un si petit corps… Incroyable n’est ce pas ?

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HRP: