Le gobelet vola à travers la pièce pour venir percuter le mur dans un bruit de bois fendu. Qui résonna à peine sous le tumulte verbal déchaîné par son propriétaire. "J'en ai assez, ça me ronge, ça fait mal ! Pourquoi ? Pourquoi ça fait ça ? Pourquoi t'as jamais de solution ? J'en ai marre !" Un derniet mot, soufflé par la porte qui venait de s'ouvrir brusquement, et dont l'encadrement lumineux renvoyait le sillage à peine perceptible du garçon parti en courant.

Un peu trop grand, dans son corps comme dans sa tête, Saen ne correspondait pas vraiment aux enfants de son âge. Mais il l'ignorait, il ne fréquentait aucun autre humain que son mentor et s'en portait on ne peut mieux. Mentor qui soupira, peiné et impuissant, en adressant un signe de tête à l'enfant de Terra qui l'observait. Ce dernier fila aussitôt, marqua un arrêt sur le pas de la porte, humant l'air afin de percevoir la trace de l'odeur du jeune homme, puis se mit à la suivre. Rester à distance, invisible et n'intervenir qu'en cas de danger. Diazon avait l'habitude, et son habilité de macaque lui permettait de se fondre aisément dans le décor des landes.

Danger oui... Mais lequel ? L'enfant s'était éloigné, passant en courant non loin de l'axe routier qui traçait en direction de Rorn, bien plus au nord. Du haut de ses 11 ans, et de son mètre cinquante-six déjà, Saen martelait désormais un rocher de ses poings rapidement ensanglantés. Le fluide carmin s'écoulait au même rythme que les larmes sur ses joues, brouillant sa vue et sa colère. Avant d'être vidé de ses forces... Ou de sa rage ? Quoi qu'il cherchait à purger, cela n'avait pas de mots. Juste des sensations, douloureuses. Un tambour raisonnant en permanence entre ses tempes, un pieu qui lui remuait les tripes. Des éclats de sons, d'odeurs, de lumières, de goûts amers. Son regard se perdit au hasard du paysage alors que le tumulte s'était momentanément apaisé. Son corps chuta. A genoux, il serra les dents, fixant à peine le liquide vermeil qui perlait sur l'herbe devant lui. Son corps fut parcouru d'un violent tremblement puis, se figea.

Il demeura ainsi un temps certain, lorsqu'un bruit dans son dos l'interpella. Un monstre ? Libaung ? Yshaal ? Son regard se durcit avec une froideur perceptible, tandis qu'il obliquait du fief en direction de la source de ce nouveau désagrément.

Non loin dans un arbre, deux billes jaunes fixaient le nouvel inconnu sans intervenir. Son instinct lui intimait de laisser le cours des choses se dérouler ainsi...


« © Halloween » © Image : Imgur

Quelqu'un. La première personne en dehors de Libaung qu'il voyait. Ses iris teintés d'orange détaillèrent scrupuleusement la silhouette humaine de bas en haut, bien qu'il n'accédait qu'à une part de celle-ci depuis son point de vue. Méfiance, excitation, curiosité, surprise, ... Les émotions se bousculaient, le submergeant telle une vague que les barrières de son esprit récemment affaiblies ne pouvaient stopper aisément. Il se ferma, les bruits, les odeurs, le vent sur sa peau, tout s'éteignit pour devenir opaque et la voix lui parvint comme étouffée, émoussée par l'obscurité grandissant derrières les prunelles de Saen. Choisir. Curiosité et méfiance. Un bon mélange, enfin sans doute?

Le jeune garçon se redressa et fit deux pas vers l'inconnu...e? Son regard, bien que perçant, perdit de sa froideur, pour laisser place à une analyse minutieuse d'une tonalité plutôt neutre. Une question s'était posée, à l'allure d'ordre en vérité. Devait-il répondre? Et pourquoi se plier à une demande n'émanant pas de son mentor ou ses amis magiques? Le silence s'instaura, qu'importe si l'autre allait lui laisser de la place. Il y avait aisément une bonne tête de différence entre eux, alors que Saen avait entendu son mentor lui signaler un jour qu'il grandissait plus vite que ceux de son âge. La personne devant lui devait être très âgée en comparaison.

"T'es un vieux? Ou une vieille?" Platement échappée de ses lèvres, la demande revêtait l'innocence comme l'intérêt. Difficile pour Saen de faire abstraction de ce dernier. Soudain, une pensée prit les devants. Y'avait-il d'autres personnes avec? Est-ce que cette présence pouvait s'avérer nuisible à l'ermitage? Si oui, le danger rôdait, mais pas pour le garçon aux poings écarlates. Il ne laissa pas de temps pour répondre, son timbre devenu inquiet et concerné. "C'est dangereux! Tu dois pas rester ici!" Il se rapprocha, sans prévenir, et saisit aussitôt la main de l'individu dans une rapidité qui ne laissait pas le temps de poser le moindre réflexe. Saen était vif et agile, comme imprévisible, et il entraîna la personne à sa suite pour s'éloigner davantage de l'ermitage.

Ils débouchèrent à flanc de montagne et il lui lâcha la main pour venir se poser en tailleur sur un rocher d'une cinquantaine de centimètres de hauteur. En réalité, c'était probablement dangereux partout, mais le jeune garçon misait sur sa chance. Oui, à chacune de ses escapades inopinées, rien ne lui était arrivé, après tout. Certes, il ignorait la présence de Diazon, suffisamment puissant pour éloigner les créatures alentours. "Moi c'est Saen et toi? Pourquoi t'es ici?" La légèreté perçait dans le ton de sa voix déjà grave, bien que demeurait un reste de méfiance à l'arrière. Il continuait d'observer l'humain sous tous ses angles, penchant la tête de plusieurs côtés. Il aurait aimé toucher ses habits ou sa peau, déjà, il sentait bien différemment de Libaung. Une touche plus douce, mais prégnante, comme lorsqu'on a respiré une fleur au parfum ambré, où se mêle la force de la terre et le sel de la mer. Ce devait être encore plus agréable, sans ses vêtements semblablement étreints par plusieurs jours de voyage. "Tu sens bon!"


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Le curieux humain n'a pas répondu à sa première question. D'instinct, Saen opte finalement pour le masculin, pourquoi? Et bien, parce que d'instinct, y'a pas de pourquoi ou de comment dans de telles conditions! Lui, par contre, a offert une réponse en se présentant. Il est Saen, et pas "Con". Attribuait-on une appellation à autrui avant de connaître son identité? Oh! Peut-être est-ce un jeu? Ou bien un qualificatif pour dénommer les étrangers? Le jeune homme au regard orange a connaissance des différences de coutumes parmi les peuplades humaines. Il lui semble néanmoins disposer de trop peu d'informations en général, Libaung se verrait ensevelit de question à son retour, assurément!

Nouvelle interrogation, réponse cette fois! Évidente? Non! Quelle drôle de logique était-ce là? Le faciès de Saen se fit songeur, puis perplexe, alors qu'il se mit à réfléchir."Un dulcius qui détale n'a rien de louche, cela peut arriver pour bien des raisons. N'en pas connaître la cause ne rend pas le fait étrange, voyons! Par ailleurs, en quoi cette première donnée impliquerait assurément la suivante, qui a été de me suivre?" Sa pensée tourne plus pour lui-même que pour le garçon. Obtenir une réponse permettrait sans doute de mieux comprendre le fonctionnement de l'individu sous ses yeux. Puis il se remémore la suite. "Je n'ai pas de problème non, il n'y a jamais de problèmes, seulement des solutions!" Ses prunelles brillent au même titre qu'un fin sourire candide.

Soudain, la réaction de l'autre éveille sa curiosité, sans qu'il comprenne en être responsable par son commentaire suivant. Ses joues rosissent, puis il se met à renifler ses propres vêtements, étrange. "Oh! Comment fais-tu cela?" Saen saute de son perchoir et l'approche, demeurant à un mètre, il penche son buste vers l'avant pour approcher son visage du jeune homme! "Tes joues sont devenues toutes rouges subitement." Il n'avait pas reçu de coup pourtant et le soleil ne colorait pas le teint aussi vite. D'ailleurs, les couleurs s'évanouissaient déjà. Saen tendit sa main et frôla la joue du bout des doigts une seconde, le regard plein d'étonnement. "C'est parti, dommage, j'aimais bien!" Il se redressa aussitôt.

Il est bizarre, a-t-il dit? Oui, son cerveau n'a pas oublié ce petit mot, il le connait bien celui-là, il sait ce que cela veut dire. Avant, lorsqu'il avait appris la définition de ce terme, Saen trouvait tout bizarre. Et chaque fois, Libaung lui expliquait que rien ne l'était, mais que chacun construisait le monde avec ses perceptions pour qu'il colle mieux à leur réalité. Ne pas comprendre et mettre tel ou tel mot sur la chose est parfois plus simple. Ne pas accepter que l'étrange ou le bizarre soit simplement de la différence, de la singularité. Maar devenait bizarre aussi par ce prisme de réflexion, mais Saen ne réfléchit guère de la sorte. Il comprend seulement, qu'encore une fois, quelque chose doit clocher avec lui.

Perdu dans les tréfonds de son esprit, le regard vide, il n'entendit guère la justification apportée par le fait que ce soit louche de détaler ainsi. La question du garçon s'est effritée au delà des abords de sa conscience et seule sa dernière demande vient frôler les rives d'une perception plus acérée. Saen baissa les yeux sur ses mains, qu'il releva un peu. Les brumes alentours se dispersèrent complètement pour le ramener au présent, après un moment de décrochage avec le réel où il a du sembler totalement ailleurs et inexpressif. Maar se préoccupe de ses blessures? Le visage de Saen rayonne, même bizarre, il lui porte une forme d'attention bienveillante et son sourire reprend sa place sur ses lèvres. "Je veux bien! C'est gentil à toi, merci."

Il prend les bandes tendues et s'emballe avec des gestes précis et habitués les mains. Un lavage préalable aurait été pratique, mais il ne possède pas de gourde sur lui, tant pis! Finalement, sa mémoire auditive régurgite le propos antérieur à la vue de ses mains bandées et un rien engourdies. Sa voix déjà un peu grave résonne, un rien plus lentement et moins enjouée. "Y'a pas de danger, t'en fais pas. La seule chose que je fuyais, je peux pas y échapper et ça ne veut de mal qu'à moi-même!"

Son regard se déporte sur le ciel des prunelles de Maar, qui s'était élancé à sa suite en pleine nature. Il est courageux, il n'a pas peur de s'aventurer au milieu de nulle part alors que d'horribles monstres rôdent partout sur l'île. "Tu es fort, toi. Comment tu fais? J'aimerais être fort, n'avoir peur de rien... ou de personne." ... Ou de moi.


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L'enchaînement de réactions et mimiques diverses le passionne et l'interpelle, tant il trouve cela intriguant et enrichissant à découvrir. Rien ne lui échappe, bien qu'il ne relève pas tout. Posséderait-il quand même un tant soit peu d'instinct social ou d'instinct pur et simple? Lorsque le jeune garçon à crispé les poings et que l'un d'eux a approché Saen avec vigueur avant de s'interrompre, ce dernier est resté perplexe. Avait-il fait ou dit une bêtise? Peut-être pas si le geste n'avait pas suivi son cours? De toute façon, il n'aurait eu le temps de questionner son vis-à-vis, son attention déjà tournée sur sa proposition.

Les mains désormais enrubannées, il l'observe ouvrir de grands yeux après sa remarque. Pourquoi? Pas de réaction plus vive cette fois cependant. Mais c'est amusant, on dirait que la moindre petite chose peut provoquer des remous chez l'individu devant lui, pourtant Saen n'a pas l'impression de faire n'importe quoi. Il l'écoute attentivement, puis fait une moue tout en hochant négativement le fief, c'est bête de penser un truc pareil, quelle drôle d'idée.

"P'tet qu'ils savent que tu peux t'en sortir par toi-même, justement! Que t'as les ressources pour! Mon mentor fait souvent ça. Il me laisse en plan dans des situations pas possibles, pour que je creuse au fond de moi et que je trouve les solutions tout seul, car je les détiens, même si je ne les vois pas! Puis si je n'y arrive pas, il n'est jamais loin, il attend que je reconnaisse mon échec avec lucidité et que je l'explique, mais pas que j'abandonne bêtement." Saen souri en allant se percher de nouveau sur son rocher et penche la tête de biais avant d'ajouter un truc. Parce qu'au fond, il se dit que c'est peut-être pas pareil pour lui, vu qu'il ne vit pas comme Maar.

"Si ce n'est pas pour ça, alors ils ne tiennent pas beaucoup à toi. Et, des êtres qui pensent ainsi à propos d'un des leurs ne valent pas la peine, ce sont eux qui sont dispensables. T'as qu'à pas y faire attention."

Le reste le prend un peu au dépourvu. De quoi il a peur? C'est à la fois simple et complexe. Est-ce qu'il doit détailler, ou dire platement la chose? Est-ce qu'il veut en parler? Il n'en a même jamais touché mot à Libaung, au fond. Le front un rien plissé par la réflexion, sa pensée dépasse alors largement le seuil de ses lèvres sans qu'il le réalise, comme si c'était la chose la plus naturelle à faire.

"J'ai peur de moi-même... Fin, disons une partie, dans les deux sens, je pense. Une partie de moi a peur d'une partie de moi. J'ai du mal à les démêler, et souvent je me laisse emporter." Ses yeux se baissent sur ses phalanges bandées, il grogne à son propre égard, comme si un relent de son agressivité et de son énervement traînait encore quelque part dans le fond de sa gorge et de son esprit. Puis il chasse ses pensées de sa tête, bien trop intéressé par son nouveau compagnon et lui retourne sa question afin de pouvoir le découvrir un peu plus à ce sujet. "Est-ce que t'as tout de même peur de certaines choses, toi?" Après tout, il pourrait peut-être aussi l'aider si c'était le cas, du moins essayer !


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Il relâche la légère force qui tend les muscles de ses bras tout en dépliant les genoux et ses fesses tombent sur le rocher. Désormais assis, sans se remettre en tailleur, il observe Maar avec une attention toute particulière portée à ses propos. Comme à sa gestuelle. Il aime beaucoup cet humain! Très expressif, bien que sur des modes dont il ne capte pas aisément le langage, tant pis! Il peut se faire plein d'idées ainsi, autant garder un champ de vision et d'interprétation large.

Le voilà penché vers l'avant, prenant appui sur ses coudes. Pas très pratique comme posture, surtout pour réfléchir. Un dos rond comme ça, le corps aime moyen. C'est facile quand on est petit, ou jeune disons. Libaung lui a expliqué, on se tord comme on veut avec la souplesse de la jeunesse, ce sont ses mots. Mais rien ne vaut de déjà prêter attention aux habitudes dont on nourrit nôtre corps, car plus tard, malgré les efforts d'antan, ça craque. Et ça se sont pas ses mots qui le disent, mes ses articulations! Un sourire benêt traverse son visage à cette pensée, alors que ses sens saisissent une réponse.

Il a l'air de pas savoir, un peu comme lui? Oui, c'est ce qu'il amène en quelque sorte. Le coeur de Saen se réchauffe étrangement. Quelqu'un qui peut plus que comprendre, mais aussi 'savoir', connaître, ce qu'il ressent. Il n'est plus tout seul! Son visage s'illumine, ravi et... Il ne sait pas trop de quoi il retourne, mais la sensation est agréable, assurément. Il perçoit tout de même que c'est dur. Oui, c'est normal, après tout. Le rire à une drôle de couleur, est-ce parce-que Maar est différent? Il résonne sans réelle gaieté aux oreilles du jeune Saen. Il ne voulait peut-être pas en parler? C'est vrai que c'est moche quand il pense à ces choses en regardant au fond de son coeur, sans doute est-ce pareil pour lui?

Tracassé, il dodeline de la tête en se pinçant la lèvre un instant. Il ouvre la bouche, mais les yeux clairs s'accrochent aux siens pour poursuivre. Il ravale son interruption. C'est normal... Oui, maintenant qu'ils sont deux, alors c'est probablement vrai. Sauf si Maar est aussi... Différent que lui? Peut importe, il chasse ses réflexions encore trop alambiquées pour son esprit en se frottant la tête de ses deux mains, ébouriffant sa tignasse comme pour en évacuer des brindilles inconfortables. "Rhalala! Pas la peine!" Puis, il se focalise sur le reste. Les chasseurs? Oui, sûrement ceux chargés de tuer les monstres et ramener de quoi nourrir sa famille. Maar n'a peut-être pas d'amis magiques, comme Libaung et lui? Il hésite un instant, mais se tait. Son maître est intransigeant là dessus, pour leur propre sécurité, on ne parle d'eux à personne. Oh, il aurait pu, son instinct le guide vers la confiance lorsqu'il scrute le visage aux iris bleutés. Mais une parole donnée ne se trahit pas pour la cause!


Il répond d'un ton enjoué, heureux de parler de Libaung et de son apprentissage. "Oh! Plein de choses, ça dépend. D'abord, à maîtriser ce qui se passe dans ma tête et mon corps, ensuite, à utiliser cette maîtrise pour avoir un meilleur contrôle sur ce qu'il y a à l'extérieur, enfin, surtout la façon dont ça m'impacte. Bon Ce n'est pas simple, bien sûr, mais je progresse. Quand je déraille pas comme plus tôt, haha!"

Saen redescend de son perchoir et s'approche du jeune garçon. Il vient s'installer devant lui, en tailleur. "Viens, fais comme moi, j'te montre. D'abord on s'installe, avec le dos bien droit, ensuite on essayera de vider nôtre esprit..." Il sait comme ce n'est pas toujours simple, sa voix n'est pas empreinte d'autorité ou d'une couleur légère et naïve, non. Elle a trouvé un calme déjà un peu grave, plus profond. Il prend le temps de lui expliquer comment bien se positionner, et respirer lentement. "Tu peux fermer les yeux si tu as envie. Les sens sont une grande source de distraction, se couper de certains permet d'explorer différemment ce qui se passe en nous et autour."

Il ne se gêne pas pour se relever, lui offrant de se délester des objets inutiles qui peut l'encombrer. Et, avec des gestes précis, doux, modifier légèrement sa posture pour qu'elle soit la plus idéale, mais aussi la plus confortable pour lui. Tant qu'il se laisse faire du moins. Puis il reprend sa position, face à lui et ferme les yeux, avant de poursuivre calmement, en détachant bien ses propos. Comme une onde fluviale qui vibre doucement, paisiblement.

"Parfois, l'obscurité peut être effrayante, car on ignore ce qui se cache dedans. Mais, dis toi qu'elle t'appartient. C'est toi qui décide d'y plonger en fermant tes paupières, mais c'est aussi toi qui décide de l'éclipser en les rouvrant. Tu as toujours la possibilité d'en sortir. Si tu gardes cette idée à l'esprit, tu possèdes une arme pour avancer dans les ténèbres. Tu sais que tu es capable de les faire disparaître. Tu es donc en mesure de t'y confronter. N'oublie jamais que tu dispose de cette force. Elle est là, au fond de toi, et rien n'y personne ne peut te l'enlever, c'est toi qui décide."

Sa voix se meurt dans un silence ou bruissent les feuilles chantant doucement le vent. L'air est calme et agréable. Il laisse un instant à Maar pour se détendre, s'il y arrive. Ou refuser l'exercice, c'est son choix, après tout. Si il l'accepte, il pourra continuer de l'accompagner avec ses mots, d'échanger avec lui aussi. Méditer n'empêche guère d'interagir ensemble. Sinon, et bien, ce n'est pas grave, après tout!


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Maar se prête à l'exercice, avec un manque d’optimisme palpable cependant. Fallait pas demander, non? Pas grave, Saen se réjoui de le voir s'y plier malgré tout. Il essaye, et essayer c'est déjà avancer, quel que soit le degré de volonté qu'on y met. Faire du sur place, c'est mourir doucement, pas de mouvement, pas de vie! Après l'avoir aidé à se positionner au mieux, glissant un sourire discret sur ses lèvres à la vue des joues nouvellement rosies sur le visage un rien crispé, il vient se repositionner face à lui.

L'ambiance se délie calmement, pendant une courte durée, cependant. Le jeune à la tignasse brune, plongé dans son propre état méditatif, sursaute au propos soudain et ouvre simultanément les yeux. Son interlocuteur s'est retiré de ses profondeurs personnelles, après y avoir à peine posé le pied. Trop brusque? Peut-être que Saen n'aurait pas du tenter un exercice de ce genre avec lui? Pas si rapidement? Momentanément rongé par une culpabilité grandissante, le sens des paroles du garçon le tire aussitôt de ses pensées délétères.

Un éclat de rire lui échappe suite à cette réflexion intéressante. "Ahahah! Excellente alternative!" Il penche le fief, songeur, un doigt posé sur ses lèvres avant d'ajouter, tout de même un rien sceptique mais extrêmement sérieux. "Enfin. Pour dormir ce sera moins pratique tout de même."

Le ciel des iris pétillants se confond soudain avec son homologue naturel et le jeune pugiliste observe avec simplicité son compagnon qui embrasse l'horizon de la sorte. Le claquement sonore résonne, le bleu infini passe d'un ciel clair au coucher de soleil qui réside dans les prunelles de Saen. Le brun orangé lui sourit avec candeur, puis répond aussitôt, claquant des mains à son tour juste avant.

"Maintenant! C'est à toi, maître Maar. Échangeons nos connaissances d'accord? Que fais-tu comme exercices chez toi? Tu te bats? Comment sont vos coutumes? Les enfants apprennent quoi exactement?" Saen éprouve du mal à se refréner, envahit par une curiosité dévorante. Peut-être que l'alliage de leur individualité permettrait d'un construire une troisième, là où ils pourraient se retrouver tout deux et s'exercer ensemble, en mêlant chacun leur histoire? Trop emporté, il ne laisse aucun temps de réponse.

"Attends, je sais! Racontes-moi... Juste, quelque chose que tu aimes faire. Une activité qui t'apaise, ou te procure un certain plaisir. Tu me montres et m'apprends, puis après, on cherche des points communs et on invente quelque chose qui nous correspond à tout les deux, tu en penses quoi?"


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