La mort prend. La vie continue, l'ennui reste.

Rymaïn, Revna, Ezelya & Nephylim
Temple d'Aqua ∴ Aer 59

La divinité n'est guère avare de silence. Cela ne dérange pas réellement la nordienne, elle sait, cependant, s'avérer piètre interlocutrice. Discourir n'est ni son fort ni son habitude, les maladresses verbales sont fréquentes, en général, lorsqu'elle interagit avec autrui. Ce qui lui importe peu, si la présence est humaine.

Mais il en va tout autrement ici, la question qui s'immisce au cœur de la cellule l'interpelle. Contracte son estomac. Par défi? Elle ne comprend pas, l'olive de son regard continue de fixer la pierre froide du sol. Encore une erreur dans sa façon de s'exprimer? A l'évidence. Pour le reste... Elle ne doute aucunement des conséquences de chaque action. Par ailleurs, c'est précisément pour faire la connaissance de la déité qui l'observe qu'elle souhaite échanger avec elle.

Peut-être est-ce là une erreur? Croire... L'image de la renarde abyssale se désagrège dans sa pensée. Les mots qui s'ensuivent renforcent ce sentiment désagréable qui l'étreint avec douleur. Son impuissance. La stupidité d'entretenir un idéal qui n'aurait jamais effleuré son esprit quelques temps plus tôt. Rymaïn perçoit un tumulte sourdre au fond d'elle-même. A sa propre encontre.

Sa volonté vacille. Ils sont tout. Elle n'est rien. Comment a-t-elle pu un instant envisager de modifier sa ligne de conduite? Xion est la seule exception. Jamais un autre ne jugera utile de lui accorder considération ou estime. Et c'est bien normal. Sa main se crispe sur le cuir qui couvre son genou.

'Humain, humaine...que ne puis-je être 'autre', pour m'affranchir de cette appartenance qui révulse  mon  cœur?'

Elle redresse le fief, ses iris plongent dans le regard aquatique qui lui fait désormais face. Empreints d'humilité. Son ton demeure respectueux, plus affirmé dans sa dévotion, probablement... "Nul défi ne siège en mon intention, divin enfant. Pardonnez-moi si je vous ai laissé croire que de futiles motifs me poussent en ces lieux."

La nordienne fini par se relever complètement. Laissant quelques secondes à un fin silence pour emplir le berceau caverneux. Avant de poursuivre. Son objectif à présent dépourvu de failles si pathétiquement humaines.

"Je ne souhaite rien de plus que vôtre liberté. Je n'ai d'estime et de respect qu'à l'égard de vos semblables et vous-même. Seul m'importe le bien-être des enfants divins." Une brève interruption suit ses paroles. La rouquine reprend presque aussitôt.

"La punition imposée pas les Quatre..." Elle hésite, une fraction de seconde. La dernière fois qu'elle s'est ouvertement exprimée aux sujets des Dieux, Baphomet s'est emporté. Pourtant. Elle ne peut s'empêcher de se montrer pleine et entière dans ses déclarations. "... Est à mes yeux totalement arbitraire et injuste. Je n'éprouve aucune considération, à l'endroit des entités qui vous tiennent responsables d'avoir crée une race, intrinsèquement vouée à la perversion et la bassesse d'âme."

C'était dit. Dans la plus pure et simple authenticité. Bien que cette dernière pouvait s'apparenter à un manque total de respect envers les Quatre. Là n'était pas l'intention volontaire.

"Je n'ai rien de particulier à vous offrir. Seules ma volonté et ma sincérité à défaire vos chaînes. Et si vous avez des attentes, quelle qu'elles soient, sachez que je m'attèlerais à y répondre du mieux qu'il m'est possible."

Patiente, elle demeure à présent silencieuse. Accordant à peine l'oreille à l'échange qui s'effectue avec l'autre humaine.

Ce n'était pas judicieux, finalement, mais il est bien trop tard pour y songer. La mort peut la prendre ici-même, elle l'acceptera sans hésiter. Avec, néanmoins, une pointe de regret... Jamais elle n'aura pris les bonnes décisions.

'Je suis désolée.' Une pensée unique. A l'adresse des divins qui lui sont liés, pour l'instant encore.

Codage par Libella sur Graphiorum
Crédit img : Michal Kváč

La mort prend. La vie continue, l'ennui reste.

Rymaïn, Revna, Ezelya & Nephylim
Temple d'Aqua ∴ Aer 59

La réaction ne se fait guère attendre, mais est attendue. La cellule se voit priver d'échappatoire. Soudain, l'atmosphère s'altère progressivement. Des variations lumineuses, qui ne permettent pas vraiment au regard de la nordienne de s'accoutumer, tant les changements se perpétuent. Une bonne façon de les rendre plus vulnérables, affecter directement leur sens... Peu importe.

Les propos résonnent, il se font écho d'une réplique plus envolée de Baphomet. Mais moins virulente que celle qui lui fait face. La menace sourde des babines de la créature d'Aqua, comme de sa démarche et de son aura en général. La perspective de mort a-t-elle jamais été un problème? Non... Enfin, pas jusqu'alors.

Pas la mort... La perte. La perte d'un rire qui l'enveloppe d'une chaleur réellement vivante. D'un voile ébène, qui couvre chacune de ses failles. De l'or, qui accompagne ses pas et désir la revoir, elle, qui est humaine. Ses paupières se ferment un bref instant, ses traits se crispent légèrement. Il existe, après tout, une solution.

D'un geste lent et souple, la nordienne se redresse. Le visage peu expressif, mais teinté, toujours de respect. Elle a retrouvé sa détermination. Colorée différemment, peut-être. La déité lui fait face, comme à l'autre humaine, dont elle se soucie peu des réponses. Son timbre est toujours empreint de révérence. Dépourvu de crainte. Elle a trop d'estime à l'égard des semi-divin pour remettre en cause leur décision et leur attitude. Tout cela, pour elle, n'a rien d'anormal.

"J'ose privilégier la sincérité de ma pensée, au mensonge intéressé. Mon souhait n'est aucunement le blasphème, enfant d'Aqua, mais je comprends qu'à vos yeux, il puisse résider au cœur de mes mots. Et si cela vous blesse, j'en suis désolée.

Un bref instant d'hésitation l'étreint, quand sa spontanéité finit par prendre le dessus. En dépit des risques, quels qu'ils soient. Ses souhaits n'ont point changés. Les questions se délient avec calme et lenteur. Une profonde bienveillance les imprègne.

"Êtes-vous heureux? De ce sort qui vous enchaîne? De l'absence de vos pères? De subir les hommes, capables de briser vos fers pour mieux vous en imposer d'autres?"

Puis, finalement, elle expose une dernière demande. Sans attentes, sans désir réel de réponse. Sans droit de l'obtenir, au fond. Et probablement encore moins celui d'en solliciter une.

"Quels sont vos désirs et vos envies? ...En quoi est-ce utile de savoir ce dont nous sommes capables pour honorer ce pacte, si nous ne sommes guère en mesure de les comprendre, et de vous offrir ce qui vous apporte joie et plaisir?"

Codage par Libella sur Graphiorum
Crédit img : Michal Kváč