L'aube se leva sur le village de la même manière qu'elle se leva sur les figures postées devant l'entrée; paresseuse et douce. Et pourtant, ce fut la panique qui gagna le coeur des sentinelles lorsque la lumière leur révéla la petite délégation qui marchait vers leurs portes. Les azurixs étaient presque invisibles contre la lande gelée, cependant leurs cavaliers apparaissaient avec clarté. Points noircis sur l'horizon immaculé.

En tant qu'institutrice, Ezelya ne fut pas l'une de ces personnes qu'on mit au courant dès que les sentinelles eurent le courage de bouger. Plutôt, elle apprit la nouvelle de l'arrivée de ces gens que lorsque, sortie devant chez elle pour se dégourdir les jambes, elle put apercevoir les têtes rouler contre le sol et tâcher de rouge la neige vierge. Son sang ne fit qu'un tour avant de se figer dans ses veines et son regard ne put se détâcher de l'éclat soudain de violence. Quelque chose en elle s'embrasa aux paroles de l'homme en tête, qui portèrent jusqu'à elle.

Le Keiser.

Elle aurait pu lui rire au nez. Cependant, il y avait une fine ligne entre sa propre témérité et sa volonté de protéger sa femme et ses enfants. Se jeter à sa mort dans un combat inutile n'empêcherait pas d'autres hommes de revenir, plus nombreux et mieux armés.

Lorsque les hommes pénétrèrent dans le village, le regard de l'ancienne noble ne se refroidit pas, toujours animé par la même fureur alors qu'elle les dévisageait ouvertement. Il n'y avait pas la moindre once de crainte dans ses yeux, et c'est peut-être ce qui attira le costaud à s'adresser à elle plutôt qu'à qui que ce soit d'autres.

Discuter tranquillement? Elle ne souhaitait rien de plus que de lui cracher au visage et lui enfoncer son poing dans la gorge. Invoquant toutes les limites de son contrôle de soit, elle inspira profondément et permit à ses envies meurtrières de se terrer loin au fond d'elle-même. Il n'y avait pas de raison de céder à un tel comportement. À la place, elle offrit un sourire à l'homme et désigna la plus grande bâtisse du village.

《 Si vous voulez bien me suivre. 》

Les quelques gardes du village entourèrent la délégation et Ezelya les conduisit dans ce qui servait de maison de justice à leur petit village. Toutes les décisions juridiques se passaient entre ces murs, et c'était aussi là que se rassemblaient les autorités. La jeune femme savait que la salle principale était assez grande pour accueillir tout ce beau monde.

Du coin de l'oeil, elle put apercevoir Eänwen sortir de la maison pour la voir disparaître dans un tournant menant à la bâtisse. Elle aurait voulu lui faire un petit signe encourageant, mais il était hors de question de ralentir le pas. Elle savait ce que ces gens annoncaient.

Il y avait toujours eu cette connaissance générale, comme quoi le Keiser détruisait les clans Pro-Prince. Seulement, cette pensée était toujours côtoyée par celle, très égoïste, que ce genre de malheur n'arrivait qu'aux autres. Personne ne s'attendait à être pris comme cible. Après tout, n'étaient-ils pas tout petit, loin de tout, isolé par le paysage? Pourquoi venait-on leur chercher des noises jusqu'ici? Ezelya savait ces questions parfaitement réthoriques. Il n'y avait aucune bonne réponse, seulement le savoir profond qu'il y avait peu de façon de se sortir d'un tel mauvais pas. Peut-être pourrait-elle les convaincre que leur village n'en vallait pas la peine? Qu'ils gaspilleraient hommes et ressources sur ce petit endroit isolé?

Lorsqu'ils mirent les pieds dans la bâtisse, Ezelya demanda au public qui les observait sans un mot d'amener de quoi boire et manger à leurs invités. Après quoi, elle prit place aux côtés des différentes figures d'autorités du village. En majorité, il y avait des vieillards qui habitaient les lieux depuis plus longtemps qu'elle était en vie. Après quoi venaient les artisans les plus fortunés, et enfin les figures plus ou moins importantes, comme elle. Elle avait mérité sa place ici pour l'implémentation de l'école ainsi que pour son passé dans la noblesse. On la respectait pour son statut dans la société princière, et elle acceptait un tel poste.

Une fois que tout le monde fut installé, les étrangers d'un bord, les villageois de l'autre, elle se permit de prendre la parole malgré les regards désaprobateurs que cela lui attira.

《 Allons droit au but. Pourquoi êtes-vous ici? 》

La jeune femme les regarda consommer les maigres ressources de leur village. Elle avait demandé à ce qu'ils soient nourris pour qu'on ne puisse pas les accuser d'hostilité. Autant mettre toutes les chances de leur côté, n'est-ce pas?

L'homme qui l'avait interpellé à la base, imposant même lorsque assis parmi ses compatriotes, se tourna vers le conseil. En réponse à la déclaration de l'institutrice, il leur expliqua que la mort du doyen les avait attiré ici. Ezelya aurait du s'y attendre lorsque le vieillard avait rendu l'âme. Après tout, un tel débalancement de pouvoir ne pouvait que piquer l'intérêt des hommes du Keiser qui vivaient dans le coin. À l'instar de vautours, ils se ruaient sur la proie agonisante pour terminer le travail et se repaître du cadavre. La jeune femme serra les poings, décidée à ne pas les laisser faire.

Lorqu'un autre homme, tout aussi impressionnant, posa sa question, c'est cette même rage qui alimenta la véhémence qu'Ezelya mit dans ses paroles.

《 Jusqu'à ce que quelqu'un ait quelque chose à y redire, alors oui. 》

Une dizaine de regards entendus répondirent. Elle pouvait lire dans le léger tremblotement des différents villageois que la situation les effrayait. Eux aussi avaient compris que cette petite discussion sur leur position martiale pouvait avoir de graves conséquences. Elle avait espoir qu'en jouant leurs cartes de la bonne façon, leur petite communauté pourrait s'en sortir sans conflit.

De retour à la parole, le plus costaud se présenta sous la bannière de deux clans dont elle n'avait jamais entendu parler. Pas qu'elle ait appris quelques noms que ce soit quand il en venait à la Confédération... Par politesse, elle se présenta à son tour, certaine que son nom serait inconnu à toutes ces oreilles.

《 Nous sommes ravis de vous recevoir ici. 》 Certes, c'était une exagération. Cependant, elle ne pouvait se détâcher de cette politesse factice inculquée par un apprentissage au sein de la noblesse. 《 Seulement, comme vous pouvez le voir, notre village opère plutôt sous un groupe que sous une seule personne, et nos vues sur la guerre n'ont pas changé. Nous nous tenons dans une position de neutralité depuis des années, et ça ne changera pas. 》

Elle avait croisé les bras en parlant et son regard avait toisé l'homme. Il n'avait pas donné son nom, seulement celui de son clan. Était-ce pour signifier que son individualité navait rien à faire dans la discussion? Ou était-ce simplement un oubli? Dans tous les cas, la jeune femme se permit de ne pas faire la même gaffe.

《 Ce sera un honneur de discuter avec vous de cette situation. 》 Avec un sourire aimable, elle compléta. 《 Appelez-moi Ezelya. 》

Sur ce, elle tendit une main amicale vers l'homme qui lui faisait plus ou moins face. D'une certaine façon, elle rendait ainsi la conversation plus personnelle. Elle espérait qu'il agissait aussi en tant que chef de son groupe et que se centrer sur lui ne lui attirerait pas de problème. Derrière elle, les villageois attendaient silencieusement de voir comment la situation évoluerait. Tout comme elle, ils ignoraient quelles étaient exactement les demandes du Keiser et de la Confédération. Évidemment, leurs maigres forces ne leur pemettraient pas de résister à une quelconque attaque si leur population venait à déplaire. Ezelya était prête aux compromis, pour le bien de son entourage.

Car si ça ne tenait qu'à elle, toute cette histoire ce serait finie dès la première gorgée de la boisson qui leur avait été servie.

L'homme se leva dans un large mouvement bourru qui fit presque reculer Ezelya d'un pas. Si elle fut secouée par le soudain d'un tel geste, elle ne le montra pas sur son visage, et seul le faible tressautement de ses muscles aurait pu la trahir. Cependant, ce sursaut ne fut rien face à l'horreur pure qui s'empara de son corps à la question de l'homme.

La panique s'engouffra dans chacune de ses veines et son esprit se mit à tourner à cent à l'heure. Idiot était celui qui ignorait la haine que vouait la Confédération aux alliés du Prince. Si elle avouait être de sang noble, l'exécuteraient-ils sur le champ? Non, ce serait trop soudain, trop agressif. Malgré cette pensée rationnelle, elle ne pouvait empêcher la crainte de submerger ses sens. Le sentiment de danger était trop présent, trop imminent, et elle ne souhaitait rien d'autre que fuir.

Lorsqu'elle tenta de s'éloigner, ou de lui faire lâcher prise, elle réalisa que sa main -et une partie de son bras- était prise au piège dans la poigne massive de l'homme. D'un coup, elle avait l'impression d'être une souris prise entre les griffes d'un ours. Toute sa confiance s'était évaporée d'un coup.

Pourtant, malgré la terreur ayant pris contrôle de son corps, son visage fut encore une fois le seul à rester neutre. Même si son corps entier tendait vers la sortie, même si un imperceptible tremblement la secouait, même si sa voix n'était pas plus qu'un murmure, son visage restait impassible. Elle en remercia son héritage, qui était en ce moment autant une malédiction qu'un don. Si l'homme en face d'elle sentait à coup sûr sa faiblesse, ses alliés ne voyaient sans doute pas la peur qui circulait à travers elle. Elle voyait en cela un faible avantage. Minime, certes, mais sur lequel elle basa son renouveau de courage.

《 Lâchez-moi. 》 Elle avait donné son ordre, en autant qu'elle puisse l'appeler ainsi, dans un grondement sourd. Sa voix avait beau ne porter que peu de force, elle avait réussi à s'exprimer sans que son tremblement se porte jusque dans ses mots. 《 Mon passé ne vous regarde pas. 》

Son regard se ficha dans celui du colosse et elle fit de son mieux pour le garder droit et fixte. Lorsqu'elle eut reprit de son mordant, l'ombre d'un sourire se réinstalla sur ses lèvres et sa voix monta d'un ton, s'adressant maintenant au reste de la salle.

《 Qui je suis n'a que peu à faire avec la raison de votre venue, non? Alors pourquoi tourner autour du pot? 》

Et de cette manière, elle retourna sa veste encore une fois, se fondant dans cette fausse amabilité comme un serpent change de peau.

Le regard de l'homme la fit frissonner encore une fois. Elle se sentait prise au piège, et son aisance à peine revenue lui échappait de nouveau entre les doigts. L'homme était un monstre, un ours qui venait maintenant d'abattre ses griffes sur ses épaules et qui la fit valser jusqu'à une place assise, perdue au milieu des guerriers ennemis. Leurs regards la terrorisaient. Avec une grande inspiration, elle se redressa, le dos droit et le regard fixe. Elle n'était pas là pour se laisser intimider, si? Elle avait conscience de la situation dans laquelle elle était et du manque d'autorité qu'elle avait sur les événements. Sa vie ne tenait qu'à un fil, et ce fil oscillait de plus en plus aux paroles de l'alpha de la meute de barbares. Pourtant, un excès de rage la poussa à aller ficher son regard dans celui de chacun des hommes la détaillant de haut en bas avec un mélange d'appétit et d'hostilité. Elle leur donne sa meilleure imitation de la plus grande des indifférences. Pas de mépris, pas de dédain, seulement un ennui profond. Suite à quoi elle se permit de mimer un soupir pour retourner son attention sur l'absence de réponse du conseil.

Oh, allez! Elle se retint de sauter dans une explosion de rage face à leur stupidité et leur manque de soutien. Pourquoi la laisser porter à elle seule le poids de l'homme et de sa prise atroce?

Ainsi, seule au milieu de l'ennemi, opposée à ceux supposés l'assister... La terreur la quitta. Elle ne pouvait compter que sur elle-même, et cette réalisation fit disparaître la peur. Elle n'avait pas le temps pour ça. Lorsque l'immense bête revint à elle, toutes dents sortis et le regard dévorant, elle n'avait pas abandonné son sourire. Seulement, cette fois-ci, une flamme de détermination dansait dans son regard.

《 Répondre à ta question? Très bien. 》 Elle écarta les bras comme pour dévoiler un secret face à elle. 《 Je souhaite parler de ce que vous êtes venus chercher. 》

Elle inspira profondément et pria pour se remémorer la façon dont sa mère conduisait ses rencontres d'affaires. Le marchandage, elle était supposée connaître.

《 Notre position de neutralité est loin d'être un désavantage pour la Confédération. Que cherchez-vous? Contrôle sur les landes, ressources? Nous pouvons vous fournir l'un des deux pour sûr. Nous sommes d'honnêtes ouvriers et ne serait-il pas plus avantageux d'avoir des fournisseurs plutôt que des esclaves? 》

Elle haussa les épaules comme pour lui laisser la décision. Elle jouait un jeu très dangereux, et elle décida d'adoucir un peu les coins.

《 Et puisque le sujet semble vous tenir tant à coeur, mon cher, je viens du Sud. J'ai le marchandage dans les veines, si on en croit mon héritage. Alors pourquoi ne pas vous installer et me dire ce qu'il pourrait bien vous manquer? 》

La sensation de regagner contrôle cotôyait celle de patauger sans espoir dans un lac gelé. Elle jouait aux dés et le sentiment de ne pouvoir qu'espérer la détruisait de l'intérieur. Si seulement elle avait été plus charismatique, plus intelligente, ou même assez forte pour tous les tuer. Pourtant elle n'était rien de tout cela, et elle devait se contenter des maigres cartes qu'elle avait en main.

À nouveau, le monstre-homme s’adressa à la foule plutôt qu’à elle. Elle ignorait à quel point une telle technique pouvait porter ses fruits; elle voyait bien les plus peureux se recroqueviller, et les plus téméraires se fâcher. Elle voyait dans leurs visages l’ampleur d’une loyauté qui collait à leur peau. Une loyauté envers leur village et leurs confrères, certes, mais surtout une loyauté envers leur train de vie actuel. Personne ne voulait changer la façon dont se faisaient les choses, et surtout pas pour le monstrueux sourire de quelqu’un ayant amené le sang comme première offrande.

Ezelya tenta d’invoquer en un regard toute la compassion et la confiance dont elle était capable; puis elle tourna celui-ci vers la foule. À son tour, elle tentait d’offrir plus que ce que ses paroles pouvaient faire passer. Elle essayait de tendre la main vers ses voisins, dans une supplication muette.

Faîtes-moi confiance. Restez calme. Nous nous en sortirons.

Elle croisa le regard dur d’un de leurs anciens, l’air renfermé de leur boulangère, l’insulte sur les traits d’un des soldats, le deuil et la peine dans le visage d'une connaissance d'une des victimes d'aujourd'hui... Les plus vieux du conseil ne semblaient pas vouloir se déloger de leur position de confort, ancrés dans leur neutralité comme un bateau en pleine tempête; croyant dur comme fer que leur immobilité au sein des flots pourrait les sauver. Ezelya redoutait la vague qui viendrait les faire chavirer.

Les paroles du monstre aux traits humains eurent, cependant, un impact sur les artisans et les marchands, qui hochèrent la tête à ses idées. Oui, leur village était éloigné. Les convois y passaient rarement, et les ressources étaient difficiles à obtenir de façon régulière et constante. Il y avait toujours cette incertitude, cette crainte de ne pas pouvoir mettre la main sur le strict nécessaire. Les moindres besoins demandaient un voyage jusqu’aux villes les plus proches, demandaient de risquer le courroux des monstres des plaines. Même pour Ezelya, de tels mots vendaient du rêve.

Elle pleurait encore les morts inutiles de ceux qui n’avaient pas pu mettre la main sur des soins assez vite. Les remèdes étaient dispendieux, le voyage dangereux, et peu survivaient aux infections, même celles qu’on savait soigner. S’en voudrait-elle, si elle refusait l’offre de cet homme, et qu’un de ses enfants venait à périr à cause de leur position si recluse? Ses mains se crispèrent contre le bois.

Puis les yeux de l’homme retournèrent aux siens. À nouveau, cette lutte entre monstruosité et humanité. Elle souhaitait désespérément croire à la sympathie que le Hawke avait mis dans son discours…

Ezelya se redressa, observa le beau parleur alors qu’il revenait vers elle. Il vendait du rêve, un marché trop beau pour être vrai. Que gagnait leur chef du Nord, à s’alourdir du poids de leur communauté? Que pouvaient-ils bien leur apporter? La réponse vint d’elle-même, sans qu’elle soit satisfaisante. Un prix serait à payer, et elle se traitait déjà d’idiote d’espérer qu’il soit seulement monétaire.

Les yeux de l’homme balayaient la foule, cherchaient quelque chose, ou quelqu’un, elle l’ignorait. Elle était contente qu’Eänwen ne soit nulle part dans la salle; elle n’aurait pas été aussi calme si le regard de leur ennemi s’était posé sur sa femme. Puis le Hawke s’intéressa au conseil, et Ezelya ne put s’empêcher de suivre son regard. Comme lui, elle épiait leurs réactions. Celles-ci étaient divisées, trop pour qu’une réponse tranchée soit atteinte. Elle se devait de profiter de leur hésitation, renchérir, et leur acheter ce qui semblait de plus en plus à une protection inespérée. Un partenariat qui leur amènerait tout ce dont ils manquaient.

À nouveau, dans un souffle, la confrontation redevint solitaire. Il n’y avait plus de conseil, plus de villageois, et plus de guerriers aux rires gras autour d’elle. Seulement cet homme, et l’espoir gardé qu’elle mettait en lui.  

《 Ce sont de beaux mots. À combien de chefs de villages as-tu récité ce texte? 》Elle ne pouvait tout de même pas lui laisser croire qu’elle allait en son sens en toute facilité. 《 Tu parles de possibilités que personne ne pourrait simplement refuser, alors dis-moi… 》

Elle était encore debout, haute dans sa maigre confiance, et surtout dans la vulnérabilité qu’elle laissa couler dans ses propres paroles.

《 Vous êtes entrés ici avec du sang sur les mains. Combien de nos cousins, frères et fils devront périr, sous votre courroux ou celui du Prince? Combien, avant que l’un de vous deux soit satisfait? 》

Elle savait qu’il y avait de la naïveté, tant d’idiotie, dans de tels propos. Pourtant, face à l’injustice de cette guerre puérile, Ezelya ne pouvait retenir l’impuissance qui grandissait en elle, et qui la tournait en une gamine tout à nouveau. Dans la cour des grands, elle n’était rien.

《 Ton offre est tentante, mais elle se résume finalement à choisir comment nous mourrons; dans un conflit entre humains, ou dans une lutte contre la nature. 》

Elle soupira.

《 Aucune lame ne peut être brandie contre la maladie, le froid, ou la famine.  》

Ezelya se tourna vers le conseil, vers ces citoyens qui partageaient -ou du moins elle l’espérait- un esprit de combativité. Puis, elle retourna son regard dans celui du monstre-homme. Celui qui paradait en l’image d’un futur membre de leur famille. Elle ignorait à quel point ils étaient en train de jouer de sa patience, et elle devait donc lui offrir un peu de ce qu’il était venu chercher. Quitte à s’attirer les foudres du village, au moins elle serait celle à prendre position de vive voix, puisque personne d’autre ne le faisait.

《 Et je préfère mourir ma rapière à la main. 》