Comme à notre habitude, nous survolions ce monde pour nous assurer de son bon fonctionnement et pour garder en mémoire tous les événements qui devaient l'être. Nous étions la gardienne de ces terres, remplissant le rôle que les Dieux avaient décidé d'abandonner, recadrant ces pauvres enfants perdus et incapables de remplir leur devoir correctement. Certes, nous avions abandonné notre propre tâche, mais elle était bien inutile et nous balader au travers le monde pour le voir évoluer, le surveiller, était bien plus important.
Voilà que nos gracieux battements d'ailes nous menèrent vers un grand désert de sable. Nous ne connaissions pas encore l'enfant qui était en charge de cette mer aride. Mais nous ne tardions pas à la découvrir. Pendant un instant qui étrangement nous paru une éternité, nous contemplâmes la beauté et la quiété de cet endroit aux reflets d'or. La lumière d'Ignis traversait chaleureusement nos plumes mais également les magnifiques cristaux qui ornaient le bout de celles-ci, répandant sur le sable fin des myriades de reflets bleus, dansant au gré des dunes et de nos battements d'ailes.

Nous survolâmes une caravane de ces bipèdes que nous avions appelés "Humains" avec nos confrères. Nous nous étions amusée à leur insuffler de notre grandeur, persuadée qu'ils feraient de grandes choses. Ces petits êtres évoluaient vite et il était amusant de les observer nous pointer du doigt lorsque nous leur faisions honneur de notre brève présence. Nous n'avions jamais prit de réel contact avec eux, nous nous contentions d'être cet être mythique que voir apportait chance de bonheur.
Plus loin, beaucoup plus loin, nous percevons l'aura divin de cet enfant du désert. Nous bifurquâmes dans sa direction, soucieuse de savoir s'il remplissait à bien son rôle de gardien de ces sables. Nos fines oreilles perçurent ses mots portés par le vent et nous fûmes flattée par la comparaison qu'il nous donnait. D'un gracieux battement d'ailes, nous exécutâmes un balais pour nous poser dans ce sable chaud qui ne tarda pas à nous envahir de sa chaleur. Enfin, nous étions nez à nez avec cet être engendré par le divin et abandonné par ce dernier que nous nous étions jurée de surveiller.
Un léger sourire naquit sur nos babines, nous donnant cet air mesquin qui par plusieurs fois nous avait joué les tours. L'enfant qui se tenait face à nous possédait une apparence bien similaire à celle des humains, était-il une source d'inspiration directe ?

Notre voix s'élève tandis que nous regardions cet être avec curiosité et intérêt : "Tes mots nous flattent, petit être des Dieux. De qui es-tu l'enfant et pourquoi tes yeux pétillants doivent-ils veiller sur cette mer faite d'or et de multiples pierres précieuses ?" Nos mots étaient choisis avec exactitude pour flatter l'égo de cet enfant divin.

L'enthousiasme dont fait preuve cet enfant pour nous décrire son rôle nous enchante. Nous écoutons, polie mais surtout curieuse de savoir à quel point il menait à bien sa tâche qui semblait être d'un ennui mortel. Nos oreilles bougeaient légèrement, captant ses mots dans le vent qui passait, léger, anecdotique. Nous retînmes une grimace à l'évocation d'Ignis, l'un des quatre qui avaient délaissé par ennui cette planète.
Les rayons de son astre venaient traverser les cristaux qui composaient nos cornes, faisant apparaitre une myriade de reflets bleus au sol. Le mélange des couleurs donnait une arabesque de teintes allant du jaune au bleu en passant par le vert. Notre queue bougeait tranquillement, balayant le sable chaud et agréable. Nous n'étions pas fatiguée, mais notre long voyage était lassant bien qu'il incombait à notre rôle de gardienne. Nous aurions bien aimé nous allonger sur le sable chaud et laisser le vent disséminer les minuscules miroirs de ce désert dans notre épaisse fourrure.

Encore une fois, les mots qu'il employait arrivait à nous flatter. Notre regard sans pupille se pose à nouveau sur cette grande étendue, pareille à un océan d'or. Nous n'aimions pas les déserts en général, ils étaient vide de tout intérêt et de toute vie, ils étaient laids et sans saveur. Celui-ci était une bien belle exception et il restera gravé longtemps dans notre mémoire. Les questions se succédèrent et nos oreilles frémirent légèrement. Nous dévoiler ainsi ? Cela faisait bien longtemps qu'on ne nous l'avait pas demandé. D'ordinaire, les enfants divins se contentaient de grogner et de s'en aller lorsque nous leur rappelions l'importance de leur tâche. Beaucoup s'étaient dispersés depuis la création de cette créature que nous avions décidé d'appeler les Hommes. Les longues plumes de nos ailes trainaient mollement dans le sable, formant des sillons à chacune de nos longues respirations. "Notre tache nous permet de voyager. Nous avons pour mission de garder en mémoire l'Histoire de ce monde, de le surveiller et d'en assurer le bon fonctionnement." Nous avions omis notre tache première qui était de déchainer les vents et créer les tempêtes. Mais d'autres enfants divins faisaient ça bien mieux que nous et cette tache ne les ennuyait pas autant qu'elle assassinait notre âme. "Nous parcourons ce monde et en apprécions la beauté chaque instant. Il est si vaste et l'équilibre qui le régit est parfait. Nous pourrions te conter tant d'histoires à propos de contrées verdoyantes ou bien de déserts de glace, pareils à des miroirs de diamant d'un blanc éclatant." Nous fimes une légère pause, nous installant plus confortablement dans ce lit chaud qu'était le sable. "De temps à autre, nous croisons la route d'enfants divin et nous leur demandons s'ils mènent à bien leur mission de gardien de l'équilibre. Cet endroit ne pourrait pas être si beau sans ton intervention minutieuse et invisible."

Nos oreilles frémissaient encore, captant un étrange bourdonnement emporté par les vents du désert. Il dérangeait notre quiétude et rongeait notre calme. Il était si discret qu'il en devenait affreusement agaçant. Notre regard se posa sur l'enfant du désert. "Y-a-t-il des créatures qui bourdonnent, dans ton désert ?" demandâmes-nous, espérant trouver une réponse à cette curiosité qui nous animait.

Nos yeux se perdirent sur ce minuscule être qui venait d'apparaitre suite aux geste grâcieux de cet enfant des sables. Une bien étrange créature que nous n'avions jamais croisée auparavant. si petite, si délicate et pourtant si bien protégée. elle fila à toute allure, laissant sur le sable de petites traces qui ne tardèrent pas à être balayées par une légère brise. Notre regard était émerveillé, intéressé par les richesses que pouvaient offrir cet endroit à l'aspect si... monotone.
Nos oreilles frémirent de nouveau, captant les explications passionnées de notre cousin. Au fur et à mesure qu'il nous en apprenait plus sur cet endroit et ses occupants, nos yeux s'émerveillaient, brillaient de curiosité, accompagnés par le mouvement lent mais régulier de notre queue.

Beaucoup plus grande que lui, nous nous laissâmes à nous enfoncer un peu dans le sable afin de nous retrouver à sa hauteur. qu'il était agréable se sentir ces petits grains de soleil s'éparpiller entre nos plus et dans notre épaisse fourrure, réchauffant tout notre corps et notre âme. Bien qu'il existait des courants d'airs chauds, aucun n'arrivait à nous apporter une quiétude pareille. La chaleur du désert, bien étouffante pour certaines créatures, était en réalité très agréable et douce pour nous autres, enfants divins. En tout cas, pour nous, il l'était.

Et nous appréciâmes l'effort qu'avait mit cet enfant d'Ignis dans la préservation de cet endroit. D'un lieu terne et sans intérêt, il avait sut le transformer en un paradis mystérieux, secret. Chaque recoin de cet endroit semblait cacher un nouveau secret que nous avions hâte de découvrir. A l'instar de ce bourdonnement qui dérangeait plus tôt notre fine ouïe. L'explication à leur propos nous laissa curieuse d'essayer de croiser l'un de ces fameux scarabées. Notre regard acéré se fixa sur l'endroit du bruit et nous pûmes enfin voir ces minuscules créatures voler dans l'air chaud du désert. A l'instar des multiples cristaux qui nous composaient, leur carapace brillait sous l'astre diurne, laissant un arc-en-ciel de reflets s'évanouir dans l'immensité du désert. C'était beau, très beau, ajoutant à la quiétude de notre âme une pointe d'émerveillement.

Mais les paroles de notre confrère nous ramena sur terre, loin de nos rêveries qui parurent une éternité alors que nous avions dû divaguer une minute, tout au plus.
d'un mouvement lent, nous nous installâmes plus confortablement, déplaçant du sable qui formèrent de nouvelles mini dunes. Nos oreilles s'étaient redressées devant l'intérêt que portait ce fils du soleil dans nos voyages. Nous esquissâmes un sourire maladroit.

- Nous avons vécu mille et une aventure, cher confrère. Si certaines fut magiques, aucune n'arrive cependant à égaler l'expérience que nous vivons à présent dans ton désert. Sauf peut-être un endroit en ce monde qui pourrait être le parfait opposé de ton paradis.

Nous laissâmes une légère brise emporter le silence. D'aucun de nous deux ne s'était réellement présenté. De ce que nous avions remarqué, les enfants des dieux n'éprouvaient pas le besoin de s'accrocher au nom de leur interlocuteur. Bien que nous en ayons tous un, parfois donné par nos créateurs, parfois acquis par nos propres moyens. Car les Dieux n'avaient pu nommer tout le monde. alors parfois, et très souvent même, ce sont les plus anciens d'entre nous qui avions nommé les plus jeunes.

Je repris cependant mon récit avec légèreté.

- Ton désert, notre ami, est d'une beauté à ravir l'âme du plus insensible. Mais il existe un endroit, un seul autre endroit, qui a sut ravir notre âme. Ce lieux magique, couvert d'un blanc manteau, se trouve dans une contrée froide. Si froide qu'elle en est devenue infertile. Du moins, en apparence. Car à l'instar de ton désert, ces terres regorgent de secrets.

Une nouvelle pause s'imposa. Puis nous reprîmes, nous égarant dans une multitude de détails, passionnées par nos propres paroles. Nous racontâmes comment l'enfant qui gérait ces terres nous avait prise pour une intrue. Nous avions essuyé des attaques de glace et même un blizzard avant qu'il ne comprenne que nous n'étions pas une menace. Nous pûmes alors aller à sa rencontrer et discuter autour de ce qu'il appelait une tasse de thé. Quel drôle de breuvage servit dans un drôle de contenant. C'étaient les humains qui lui avaient apprit ça, nous dit-il. Il nous montra ensuite les merveilles que renfermait son lieu si blanc et si... vide.
Nous parlâmes de cette aventure pendant un bon moment parfois ponctué de rires.

Mais il arriva le temp de la fin de notre histoire. Alors, nous inspirâmes doucement, laissant les derniers instants de magie s'envoler dans la chaleur du désert. Notre regard brillait de nostalgie mais également d'une joie non dissimulée de pouvoir raconter nos histoires.

- Et toi, notre ami, n'as-tu jamais voyagé ? Exploré ces terres ? Ton désert doit renfermer des merveilles ! Tu dois bien avoir des histoires intrigantes à nous conter ?