Nimuë naquit pour être une messagère auprès des enfants d'Aqua. Elle devait informer ses congénères des fluctuations de l'eau et des glaces, afin qu'ils puissent adapter leur propre travail.
Cette mission de régulatrice l'ennuya rapidement : elle voulait créer, pas encadrer les productions d'autres demi-dieux.

Elle participa activement à la création des Humains, y voyant la possibilité d'inculquer son éthique personnelle à des êtres vierges de tout savoir. Elle ne s'appesantit pas sur les détails de l'apparence de cette nouvelle race, mais voulu déposer son empreinte au sein des rouages de leur esprit. La petite Nimuë voulait que les mortels ne soient que loyauté, générosité, dévouement, courage et courtoisie.

L'enfant d'Aqua, peu appréciée de ses pairs pour des raisons compréhensibles, ne fut que peu écoutée. Comme une punition à peine voilée, la bonté ne fut l'apanage que d'une partie de l'humanité, les autres étant gangrénés par des sentiments négatifs au cours de leur évolution. Trahison, jalousie, perfidie, sournoiserie et méchanceté s'immiscèrent alors doucement dans le cœur de certains Hommes, au grand malheur de Nimuë.

Qu'à cela ne tienne, si les mortels n'étaient pas parfaits, ils pouvaient le devenir. La créature divine décida de se révéler aux mortels sous les traits d'une Dame éblouissante, aux pouvoirs miraculeux, qui guiderait les humains vers son idéal de bonté. Dans cette optique, l'enfant d'Aqua fonda notamment son propre corps de chevalerie aujourd'hui disparu, "l'Ordre de Givre", qui était constitué des membres de l'humanité jurant de protéger les plus faibles et de lutter en tout temps contre le mal, tout en ayant une conduite irréprochable.

Détails concernant l'Ordre de Givre:

Elle ne s'impliqua pas outre mesure dans cet Ordre, se contentant d'accompagner ses débuts pour se focaliser par la suite sur d'autres projets.

La blanche hermine ne tenait en effet pas en place et aimait parcourir le monde à la recherche d'âmes bien nées, pour les porter vers l'honneur et la gloire. La demi-déesse aimait marquer d'un sceau particulier ceux qu'elle considérait comme étant l'élite de chaque génération; en leur offrant l'usage temporaire d'une épée enchantée par l’élément de glace, qu'ils porteraient alors jusqu'à leur mort. A une exception près, que nous étudierons plus tard. Cette arme était un présent d'un de ses premiers protégés, Blaiz Lailoken.

Une fois les technologies implantées, cet artefact se fit bien moins utile, mais attachée à ses traditions, elle continuait d'amener Claiomh Oighear à l'élu de chaque génération, sous son apparence humaine. Les mortels étaient en effet particulièrement désagréables lorsque la demi-déesse empruntait sa forme originelle, la grattouillant de toutes parts sans son autorisation.

Et les années passèrent, les mortels devenant plus perfides à mesure que la nature devenait moins généreuse. La petite créature des neiges dut bien admettre avoir participé à la chute de l'humanité, en justifiant moralement certaines guerres et poussant indirectement à un extrémisme religieux dévastateur. Cependant, pour elle, la déchéance de l'Homme était surtout la conséquence du fait qu'elle ne fut que très partiellement écoutée à l'époque de sa création. Dès lors, elle ne s'allia pas aux demis-dieux protégeant leurs territoires face à l'invasion humaine. Les autres enfants divins étaient à son sens plus coupables de ce déchaînement de violence que les principaux intéressés, car ils avait refusé de prendre acte de ses paroles lors des prémisses de la race née de la poussière.


La demi-déesse continua de conseiller les humains, espérant les voir revenir à la raison alors que ses forces s'amoindrissaient. Elle réalisa finalement l'immensité de la dépravation humaine en se trompant lourdement dans le choix du dernier dépositaire de Claiomh Oighear. La femme qu'elle instruisait alors, répondant au nom de Beruna Amsyl, avait détruit des hectares de terre au nom du progrès, semant le chaos à perte de vue. Nimuë tenta de s'interposer mais ne fut pas écoutée, et tua finalement sa disciple pour briser cette course funeste. Elle ne se pardonna jamais le rôle prépondérant qu'elle avait joué dans l'évolution de cette humaine dévastatrice, qui piétina la nature pour réaliser ses technologies jusqu'à la fin de sa vie.


La demi-déesse récupéra son arme enchantée des mains sans vie de Beruna, avant de disparaître des yeux mortels, la dissimulant dans les glaces de l'ancien monde. Elle ignore à ce jour si quelqu'un a remis la main dessus.


L'enfant d'Aqua s'enferma dans un mutisme assourdissant, maudissant son incapacité à mieux conseiller les mortels et la bêtise de ses congénères.
Peu avant sa mise en cellule, elle pleura à chaudes larmes en contemplant ses chères étendues de glace flétries. Nimuë abandonna sa mission originelle, ne voulant plus croiser ses frères et sœurs responsables de ce gâchis.


Elle vécu la perte de ses pouvoirs et son enfermement comme une punition salutaire : il lui était plus aisé d'expier ses fautes si une sentence était prononcée.
Cela ne lui semblait cependant pas suffisant : pour être entièrement lavée de sa culpabilité, il lui fallait se racheter en offrant au monde un bienfait au moins équivalent au malheur qu'elle avait autrefois causé. Pour cela, il lui fallait trouver un héros doté des plus belles qualités chevaleresques. Au fil des années, aucun prétendant ne trouva cependant grâce à ses yeux. La peur de réitérer la même erreur de jugement qu'autrefois paralysait la demi-déesse, qui trouvait toujours un motif pour refuser le pacte, malgré son irrépressible envie de fouler de nouveau la glace.