● Nom: de Val
● Prénom: Sintharia
● Sexe: Féminin
● Age/date de naissance: 20 ans, née le 7 Décembre de l'an 39 de l'ère Lühienne.
● Endurance : 8

Elle avait vécu une vie remplie de brouillons, de ratures et de blancs. On ne pouvait qu'en évoquer les moments forts. Mais quand ils se croisaient dans un couloir le matin de l'une de leurs folles soirées il était certain qu'ils n'avaient rien à se dire.

Infatigable romantique, bercée par ses lectures fleurs bleues, ainsi a-t-elle aimé une fois, et s’est persuadée qu’elle n’aimera plus jamais. Elle porte à présent le deuil chaque jour, puisqu’elle ne se voit pas retrouver quelqu’un, par peur d’être déçue. Souhaitant mourir vierge. Plongée dans une profonde mélancolie depuis ce jour, dont elle ne parvient pas à se tirer, s’enivrant dès que possible, non pas pour oublier, mais à la quête d’un mieux. Elle observe ce qui l’entoure avec un air d’amante éplorée. Voilà tout ce que l’on peut apercevoir d’elle en journée, bien qu’elle ne sorte que très rarement à ces heures, comme s’il était juste impossible pour elle de vivre en pleine lumière. Préférant vivre de manière recluse entourée de ses servantes.

Elle mange peu et boit régulièrement trop - ce qui pourrait être en lien avec sa psyché fragile -, peut aussi danser jusqu’à un épuisement franc. Cherchant sans cesse les limites de ce qu’elle pourrait endurer.

Sintharia vit cruellement isolée, ne parle jamais d’elle-même et ne possède pas vraiment d’attachement en dehors de son métier - qui lui prend déjà trop de temps. Elle semble néanmoins souffrir de cet isolement. Et craint particulièrement de mourir seule, puisque cela signifiera qu’elle n’aura rien fait de positif pour rendre ce monde meilleur - ou moins pire.

La nuit, une autre créature fait son apparition, innomée ou sobrement : le cygne noir ou la courtisane. Elle semble plus ouverte, plus chaleureuse, ou est-ce seulement de façade ? Séductrice, elle l’est, indiscutablement, elle maîtrise parfaitement les arcanes de l’esprit de ses semblables et peut en tirer sans souci le meilleur, pour eux comme pour elle. Elle manipule ses pions avec le plus grand soin, cultive les rivalités, obtient les informations qu’elle désire et les vend au plus offrant. Son attention se mérite et sa confiance se gagne difficilement.

Cependant, elle n’est pas égoïste, elle protège ceux qui lui demandent son aide, ses contractants, tant qu’ils font leurs parts du marché, après bien entendu ce n’est plus vraiment son problème. Elle ne se cache pas de manipuler ses petites mains, dans leurs propres intérêts, et fait tout pour les protéger.

Elle est aussi un esprit savant, se cultivant en permanence, appréciant les débats, la philosophie, sur des domaines variés. Elle possède une langue affûtée quoique régulièrement vipérine. Il vaut mieux éviter de lui demander son avis sur une question, si l’on n'est pas sûr d’entendre la réponse, surtout si vous ne prévoyez pas de faire affaire avec elle. Bien que la plupart du temps, elle parle peu, cultive les silences et ne badine pas - sauf si on lui demande -.

Adepte de l'indifférentisme, elle n’accorde aucune importance aux dieux, puisque se considère de toute façon comme perdue au vu de sa vie de débauche.

Les demi-dieux eux, sont une étrangeté, qu'elle parvient difficilement à cerner, bien qu'elle ait pu être au contact de quelques unes de ces entités - par le biais de ses clients -, elle s'en tient éloignée puisqu'elles l'effraie. Elle n'envisage pas de toute façon d'en acquérir une, bien qu'elle aimerait retrouvé celle liée autrefois à sa mère disparue à sa mort pour la questionner.

Elle avançait vers lui.. Elle était si belle.. De cette beauté à mettre des points de suspension partout.. Et puis, il pensa qu'il ne l'avait jamais vue le jour. Il était presque étonné qu'elle puisse exister à cette heure-ci.

Nous nous concentrons en premier lieu sur la partie immergée de l’iceberg, la courtisane, la première idée que l’on peut se faire de cette femme est sa silhouette fine mais athlétique, élancée, une démarche sûre et élégante propre à la noblesse. Une morphologie plutôt commune, une taille un peu petite - à peine plus d'une mètre soixante - peut-être il est aisé de reconnaître les personnes qui ont souffert à un moment de leur vie, plus maigre qu'athlétique, ses jambes finement musclées. Loin d’être dépourvues de formes avantageuses sans tomber dans l’excès. Une peau pâle presque translucide sans défauts visibles, typique de la vie en intérieur ou de ceux errants la nuit.

Car en effet la dame appartient à la nuit, puisqu’il et si rare de la voir en journée. Concentrons nous sur son visage, la première choses qui pourrait vous frapper sont son sourire et ses yeux et comme l’on dit : un visage d’ange et des yeux de serpent, un sourire à en faire pleurer les dieux, mais un regard assez froid, distant et mélancolique, de ceux privés de l’être aimé. Cependant elle semble encore avoir un pas dans l’enfance, les traits du visage encore un peu rond, parfois mi-enfantine mi-moqueuse, elle sait jouer d’ailleurs parfaitement de cet aspect encore peu adulte tout comme elle a conscience de sa beauté et sait parfaitement en user. Le corps et ses expressions sont des armes aussi sûres que de véritables lames.

On pourrait aussi parler de ses yeux, véritables fenêtres de l’âme, d’un argent, de teinte changeante, le genre de couleur qui vous donne l’impression de traverser votre âme, très expressifs ils lui permettent de passer par toute une palette d’émotion, calme, froideur, colère, tristesse..

Ses cheveux quant à eux sont d’un noir zain, pratiquement lisses, aucune trace d’une autre couleur parmi eux si ce n’est les reflets argentés, soigneusement entretenus, souvent attachés en chignon en les tressant et les rassemblant avec une pince, coiffure qui a tendance à la vieillir un peu et à lui donner plus de sérieux ou laissés totalement libres et dans ce cas ils tombent jusqu’à son creux des reins.

Ses tenues sont généralement des robes noires, ou de couleurs froides, de satin ou de soie, bien que la fourrure lui convienne aussi pour l’hiver, qui font ressortir à merveille ses yeux, généralement bustier, assez lourdes, très évasées et avec un peu de bouffant ou bien des robes plus légères qui marquent la taille et qui sont plus fluides, des chaussures à talons pour se grandir puis quelques bijoux d’argent, un peu de maquillage et la voilà parfaite pour son rôle.

Il lui arrive aussi d’être grimée en voyageuse, lorsque qu’elle quitte la capitale pour rejoindre le fief familial, mais peu de gens peuvent se tromper hormis les plus basses classes sociales, tout en elle respire la noblesse. Si bien qu’il est pratiquement inconcevable qu’une fleur pareille puisse pousser autant dans le nord.

Elle n’est clairement pas le genre de femme que l’on peut oublier facilement, elle marque les esprits par sa beauté et son charisme naturel. Chaque geste est calculé, toujours droite, soignée, apprêtée, comme une chose précieuse.

Sa voix elle est mélodieuse, typée avec un accent sucré mais qui fait étranger et hors du temps à la capitale.

Vous me demandez ce que je pense de moi ? Infiniment plus de bien et infiniment plus de mal que vous.

Sintharia était née dans une forteresse au nord, Svartal, isolée régulièrement par la neige, tout près de Petit Bois, construite lorsque les tensions dans la région étaient plus importantes bâtie lors du règne de Sahen de Lüh, par son grand-père. Une incroyable forteresse, bien que trop isolée, mais la garnison était aussi conséquente. Profitant des forêts environnantes pour faire commerce du bois, l'endroit servait occasionnellement de lieu de passage pour les chasseurs. Son père, Nicholas de Val, comte, tenait les Autres (j’appris plus tard qu’il s’agissait des nordiens) à distance et protégeait la région de ce qu’il estimait être une engeance. Trop orgueilleux pour laisser un intendant gérer le domaine familial à sa place, il imposait aux de Val la rigueur de l'hiver septentrional.

Sa mère, Elide de Val, elle, était une délicate fleur du sud, une mère attentionnée en plus de cela. Sintharia fut leur dernier enfant - la septième - et unique fille au plus grand dam de son géniteur, sa mère, elle, la couvrait.

La jeune fille fut élevée comme l’exigeait une enfant de son rang, on fit venir des professeurs de la capitale pour lui apprendre les arts, la danse, choses dans lesquelles elle excellait. Mais au plus grand malheur de son paternel, et malgré toute la bonne volonté de Sintharia, elle était incapable de tenir une épée ou ne serait-ce qu’une dague correctement. Elle n’avait ni la volonté ni la combativité de sa famille et semblait bien trop fragile pour poursuivre ce but, qu’importe, l’homme vieillissant avait déjà six fils qui étaient promis à de brillantes carrières dans l’armée. Et elle n’était qu’un contretemps, une étrangeté, probablement parce que trop couvée par sa mère.

Sa première rencontre avec un demi-dieu fut celui de sa mère, une créature semblable à l'eau et à l'apparence de jument blanche, particulièrement douce et attentionnée avec l'enfant, Sintharia en gardait une certaine crainte - et continuera à se méfier de ces créatures toute sa vie. L'étrangeté de leurs existences, étaient particulièrement difficiles à appréhender pour la jeune enfant, qui était des plus peureuses, des forces contre lesquelles elle ne pouvait rien, tout comme les monstres. Et même bien plus tard, elle s'en garderait le plus éloignée possible.

Sa mère était une femme forte, qui rêvait de liberté et qui avait été brimée toute sa vie par un monde en proie aux mains des hommes. Òrfhlaith puisque tel était le nom de la créature, fut la seule excentricité de toute son existence, mais cette dernière ne semblait pas vraiment s'en plaindre, une vie de paix était certainement préférable à la captivité. Et longtemps le patriarche lui rapprocha la présence de la créature, et continuellement la jument se plaçait entre la violence des mots prononcés et sa maîtresse, ne répondant que par un cruel sang froid et le silence.

Elle grandit loin du vacarme de la capitale, entre les imposantes murailles, avec bien en tête les histoires des sévices que pouvaient infliger les Autres - des fables bien entendu, mais à son jeune âge tout avait l'air d'être réel -, surtout aux jeunes enfants qui sortaient loin de la protection des hauts murs de pierre, mais avec les années, elle en connaissait chaque pierre par cœur. Elle s’enfuit discrètement avec son cheval à sa suite - puisque toutes les autres montures avaient été déclarées trop dangereuses pour elle -, profitant que tous étaient occupés aux travaux d'entretien de la bâtisse avant l’hiver, bien que la neige était déjà là. Passant la grande porte et se mettant rapidement en selle, elle fit aller sa douce monture au trot en direction de la forêt de conifère. Une bonne partie des arbres ayant été abattus autour de la forteresse pour une meilleure visibilité.

Sintharia était jeune de ce temps-là, à peine plus de douze ans, minuscule sur son destrier d’un gris pratiquement blanc, et déjà, on commençait à voir poindre la beauté de la fille de Val. Ses grands yeux gris découvraient l’extérieur, qu’elle n’avait eu que trop rarement l’occasion de parcourir.

Son cheval n’avait aucun mal à avancer malgré la neige qui lui montait jusqu’aux genoux, la poudreuse était légère et fluide. Mais à l’entrée de la forêt, l'animal refusait d’avancer davantage, manquant de la mettre plusieurs fois à terre, alors elle descendit, sermonnant le hongre comme savaient si bien le faire les enfants. Elle tomba nez à nez avec un des Autres, devant tout de même lever la tête pour voir l’intégralité de cette personne, elle se taisait, avec le regard des naïfs ayant connu bien peu de choses dans leurs vies. Comment ne pouvait-elle pas être impressionnée ? On ne la remarqua pas tout de suite, il n’était pas seul, mais pas si différent d’eux, si ce n’est quelques détails mineurs, comme cette carrure qu’aucun de ses frères arboraient et ces barbes hirsutes. Elle n’eut pas l’occasion d’en apprendre plus sur ces curieux hommes, déjà l’on sonnait la corne, son absence avait dû être remarquée. Les Autres s'éloignèrent rapidement tandis qu’elle entendait le fracas du galop des hommes de son père - certainement accompagnés de ses aînés.

Elle fut traînée parfaitement honteuse devant son géniteur, il la sermonnait durement, éructant qu’une jeune fille ne devait jamais s’approcher de ces sauvages, qu’ils pourraient compromettre son avenir ou pire encore, finir esclave de l’une de ces tribus sauvages ! Sintharia était incapable de comprendre la teneur de ces mots, mais elle ne fut pas la seule à être punie ce soir, ses parents eurent une conversation enflammée ce soir-là à table, à propos de mariage qui ne pouvait plus attendre - et trois de ses frères - jugés arbitrairement comme responsable de sa fugue - furent aussi punis.

Il ne fallut pas plus de quelques semaines pour trouver le prétendant idéal - le premier né d'une comte, qui hériterait de son domaine à la mort de ce dernier -, puis attendre que l’hiver passe pour descendre dans le sud. Sa mère lui fit comprendre qu’elle ne vivrait plus ici, qu’elle résiderait à présent dans le domaine de son fiancé - qu’elle n’avait jamais vu -, le nord n’étant pas un endroit pour une fleur si fragile. Sintharia fut incapable de comprendre cette décision, bien qu’on l’y avait préparé insidieusement depuis toujours. Durant les longs mois d’hiver elle ne put que s’abreuver de livres, d’histoires d’amour chevaleresque pour se faire une idée plus précise de ce qui l’attendait et qu’elle ne pouvait même plus sortir du château.

Bien sûr qu’elle était une romantique, bien qu’ayant vécu au milieu d’hommes toute sa vie, elle était une noble qui avait toujours bénéficié de tout en abondance. Elle apprit à quelques jours du départ, que l’un de ses frères - Soren, le sixième fils - se rendrait là-bas avec elle puisqu’il bénéficierait de l’apprentissage du père de son fiancé, l’idée ravissait la jeune fille, elle serait un peu moins seule ainsi.

Le voyage fut particulièrement décevant - de son point de vue -, trop court surtout, et avec une garde bien trop conséquente, une véritable caravane avait été prêtée pour l’occasion. Et plusieurs soldats des deux familles étaient là pour les escorter.

Une fois arrivés, dans un somptueux domaine, bien plus grand que celui de son père, bien plus fleuris aussi - puisque dans le sud non loin de la capitale -. Mais il y avait toujours ces maudits murs et tous ces gardes grouillant, elle qui pensait qu’elle serait plus libre une fois dans le sud, les Autres avaient finalement été troqués contre les monstres.

Puis vinrent les présentations, solennelles. Un jeune noble blond comme les blés - Saeris du Roncier -, fils unique, sans père et d’à peine seize ans, jamais elle n’avait vu un garçon aussi beau et à l’attitude si charmante. Bien entendu, il n’était pas question de les marier tout de suite, elle était trop jeune, elle poursuivra donc son éducation jusqu’au jour où elle sera en âge.

Et que la vie fut plus douce et agréable, en ces lieux. Et elle s’épanouissait, bien qu’elle restait une frêle créature, pratiquant les arts de la peinture, de la musique et de la danse. Les deux jeunes nobles n’auraient pas pu former un couple mieux assorti, d’autant plus qu’ils étaient profondément amoureux et que cette union aurait pu renforcer les positions de leurs deux familles.

Le mariage eut finalement lieu lors de ses quinze ans révolus, une longue cérémonie et enfin un banquet pour clore la soirée. Le printemps était là et le soleil rayonnait, et bien qu’elle se trouvait ridicule dans sa lourde robe blanche, elle pouvait dire sans mal qu’il s’agissait du plus beau jour de sa vie. Beaucoup d’émotions et de tendresse.

À toi mon frère,
Lorsque j’étais jeune, mère m’avait longtemps expliqué qu’elle n’avait souhaité avoir que des mâles, parce que tout était plus simple avec eux, qu’elle pouvait les garder auprès d’elle. Et qu’au final je n’avais été qu’un emprunt, que j’avais été cédée à une autre famille et plus jamais on ne se reverrait. Et elle avait raison, nous ne nous sommes jamais revues..

Et cela me désole.

Et cette lettre ne fut jamais signée, ni même envoyée, comme toutes celles qui suivirent.

Plus tard dans l'après-midi, elle put enfin retirer son carcan pour une tenue plus légère pour le banquet, et la nuit tous la trouvèrent encore plus belle, à commencer par Saeris. Puis tout bascula, les gens s’agitaient, hurlaient. Elle ne pouvait pas comprendre, elle était trop innocente, elle avait probablement dissocié à l’époque, puisqu’elle n’arrivait plus à se souvenir exactement des événements, probablement parce qu’elle dut être gavée d'élixir à base de fruits d’arbre de lune, en premier lieu contre son gré sombrant rapidement dans un sommeil de plomb jusqu’au matin, puis pour les semaines à venir, cette fois-ci volontairement puisqu'elle demeura incapable de trouver le repos sans.

L'on murmurait des théories, certains parlait d'assassinat mais qui aurait pu en vouloir au futur comte ? D'autres parlaient d'une crise d'apoplexie. Une scène véritablement sordide, qui avait mis tout le domaine en alerte.

Ce n’est que lorsque qu’on la prépara en noir, qu’elle comprit réellement, mais elle ne disait rien, ne parvenant pas même à pleurer, un œil avisé aurait su reconnaître un esprit au bord de la rupture, la moindre vibration aurait pu l’achever. Son amour était mort, et avec lui ses rêves, et à partir d’aujourd’hui et pour les mois à venir son avenir était en jeu. Si le mariage avait été consommé plus tôt que prévu et qu’elle se retrouvait enceinte, tout irait bien pour elle. Le contraire serait désastreux. Et il n’y eut rien d’étonnant que son frère vint la sermonner pour ne pas s’être plus avancée dans cette union, par chance elle était assommée par les potions et ne l’écoutait peut-être même pas.

Pendant plus d’un an, elle conserva le deuil, dans sa chambre, pour s'assurer qu'elle n'était pas enceinte ou n'allait pas engendrer un batard pour conserver le mariage, et en réalité elle ne le quitta jamais vraiment, plus jamais on ne la vit arborant des couleurs, seul le noir était de mise.

Et une fois, l’an passé, elle dut se résoudre à retourner à la capitale auprès de son frère, Soren, qui se chargerait de la chaperonner le temps qu’elle trouve un nouveau parti. Plusieurs autres étaient à la capitale, mais ils ne vécurent pas bien longtemps, l’un fut déclaré mort par les monstres, et l’autre mourut naturellement dans son lit, puisqu'il était tout naturel qu’une dague plantée dans le cœur mette fin à une vie. Il fallait croire que sa famille avait plus d’ennemis que ce qu’elle imaginait.

Il la traînait à des mondanités dont elle peinait à comprendre l’intérêt, lui murmurant à l’oreille où étaient ses intérêts, elle n’écoutait pas vraiment, mais n’eut pas le choix lorsque qu’il l’agrippait un beau soir par la taille et la traînait dans la salle de bal. À présent elle ne portait plus que du noir, une couleur qui la mettait parfaitement en valeur, la sublimait, à l’image d’un cygne noir. Il la guidait vers un groupe de jeunes nobles, la présentait et elle ne pouvait que minauder en faisant une révérence. Et quand elle relevait les yeux, elle ne pouvait que se rendre compte du pouvoir qu’elle était en mesure d’exercer sur les hommes. Et ce n’était pas la seule à avoir remarquée.

Elle s’en sortait finalement au petit matin avec un carnet de bal rempli, les pieds lourds et quelques verres de champagne en trop et le satin de sa robe froissée. Elle avait une âme de danseuse et c’était peut-être la première fois depuis son deuil où elle avait pu s’amuser et oublier un peu sa peine.

Après qu’ils furent quelque peu délaissés de leur nuit, il lui posait les questions. Voulait-elle vraiment se remarier ? Non. Voulait-elle revenir dans le nord ? Non. Voulait-elle être ses yeux et ses oreilles ? Oui, pour la famille. Bien, elle devrait donc apprendre. Trouver une courtisane en fin de carrière ne fut pas difficile, elle n’avait pas le choix que de penser à l’avenir de leurs réseaux d’influence.

Elle fut quelque peu surprise lorsque qu’on lui présenta une femme finalement pas si âgée, peut-être avait-elle à peine quinze ans de plus qu’elle, des cheveux d’un blond parfait et des yeux mordorés. La femme malgré une réputation scandaleuse avait sans aucune difficulté trouvé un bon parti, bien qu’à présent elle se retrouvait veuve. La femme croulant sous une robe de velours rouge et des bijoux en or, chassa le frère et observa longtemps la jeune femme, elle n’était pas si mal, mais il y avait un peu à revoir à commencer par ce qui se trouvait sous cette robe qui en cachait bien trop.

Ce fut un apprentissage particulièrement long et difficile, elle connaissait les bases, mais à présent elle devait les maîtriser toutes à la perfection. La danse, la conversation, les correspondances, tous les usages de ce monde si particulier, communiquer avec un éventail, et par-dessus tout savoir ce que veulent les hommes, que pouvait-elle leur apporter, par quel moyen ? Et le tout sans jamais mettre sa réputation en défaut, elle ne serait pas une prostituée, mais simplement une femme connaissant l’esprit humain, faisant de son esprit une arme tout comme son corps dans une moindre mesure, les femmes n’avaient pas grand-chose de plus. Et la femme était une maîtresse exigeante, aux punitions particulièrement sévères.

Et pendant plus de trois ans, elle était peut-être enfin prête, observée par l'œil aguerri de celle à qui elle devait sa liberté, puisque c’était de ça dont il était question. Elle était une femme libre, à tout juste vingt ans.

Sintharia eu des échanges difficiles avec son géniteur, et bien qu'il n'approuvait pas la décision de sa fille, l'âge et peut-être le fait d'avoir suffisamment de fils pour sa succession, le fit flancher. A une condition, elle ne devait pas se déshonorer, d'aucune façon, puisqu'elle œuvrerait pour de Val. Il lui alloua une garde et quelques domestiques, quant aux restes elle n'aurait qu'à se débrouiller et une partie de son argent ira à la famille.

À toi mon frère,

Dans une dizaine, aura lieu l’un des plus grands bals de la saison, aurais-je la chance de vous y voir ? Ou peut-être dans la douceur de l’aube, comme lors de notre dernière conversation ?
Cette voie n’est pas la plus simple ou la plus digne, mais il me semble avoir trouvé un certain équilibre à présent. Ensuite, j’irais dans le nord..

Une nouvelle lettre qui ne fut jamais achevée. Cela devenait habituel.

Ce bal fut la première fois où on l’invita en personne, ce n’était pas quelque chose de gratuit, même si elle débutait, cela coûtait même une somme folle. Bien entendu, elle n’était pas sans surveillance, sa protectrice veillait sur elle à distance. Un homme charmant d’un certain âge, bien qu’il était à peine plus jeune que son propre père, cela ne l’effrayait pas. Certains auraient pu trouver sa tenue indécente, même la grande majorité - surtout chez les femmes, puisque les hommes eux se contentaient de jeter des regards furtifs et gênés -, puisqu’elle livrait une grande partie de son dos, l’entièreté de ses bras, la finesse de sa taille. Tout en volupté. Elle acceptait sans mal le bras de l’homme, affichant un sourire charmeur. Ils philosophèrent sur la religion et les dieux une bonne partie de la nuit dans un salon réservé, sans trop danser puisque le noble n’aimait pas ça. Ce fut indéniablement un très bon moment, et le fait qu’elle soit payée aidait invariablement à rendre les choses plus tolérables.

Elle fit cela un nombre incalculable de fois, se forgeant rapidement sa réputation et un train de vie des plus confortables, dans un hôtel particulier de la capitale, avec ses seules domestiques pour lui tenir compagnie, quand elle rentra à l'aube, elle ne trouva jamais le temps d’aller au nord.. Sa mère fut emportée par une maladie, la nouvelle ne lui parvint que trop tard.

Elle fut tentée de s'installer de nouveau à son bureau, pour finir une de ses lettres, au moins une ! Elle rejeta cette idée et la piétina comme l'on éteint du charbon chauffé à blanc. Était-elle seulement encore la fille chérie de Val ? Ou seulement un monstre à l'image de femme attiré par le pouvoir et l'argent ? Elle était encore dans sa robe de bal, vautrée dans des draps en soie, sans un ami à ses côtés, un confort factice.

Mais les choses changeraient peut-être..

V) Autres

Tranchant ●●●○○
Résistance ●●○○○
Maniabilité ●●●●●

VI) Hors Jeu