Entre les crocs du Roc

13/08/2020

⩈ Entre les crocs du Roc ⩈ En porte à faux?

Braith

Sintharia
de Val

Aer, an 59 ⩈ Roc d'Eluan, taverne

J'crache de dépit. Comme de douleur. La neige s'empourpre, empoisonnée par une bile sanglante. Putain de chimère. J'avance lentement. Passe l'entrée du Roc. Putain de Rao. J'veux pas revoir sa tronche de sitôt. J'traîne un peu la patte. Ma paume droite se gorge de liquide vermeil. Suintant et poisseux. La pression exercée sur ma clavicule gauche maintient un flot qui régresse. Le tissu intermédiaire est fortement imbibé.

L'outremer de mes prunelles a viré aux profondeurs abyssales. Autant dire que ça décourage les couillons alentours. Même blessée, il se risquent pas à approcher. Déjà qu'ils me prennent sûrement tous pour un homme. Le poids de regards malsains pèse tout de même. Un animal agonisant reste une proie intéressante. Mon épaule écharpée m'empêche guère de tenir ma lance. Vaudrait mieux pas que quiconque s'y frotte... Au risque de s'y piquer. Ah, ah, "kof, kof!" P'tin Braith. Comme si l'heure était à l'humour.

J'grogne. D'un parce que j'ai mal. De deux parce qu'un type s'approche. Il voit bien mes dents là. Vient plus près connard, essaye. Ah, non. Il s'arrête. Reste à un bon mètre de moi. Ouvre la bouche. S'il m'emmerde, j'fais apparaître ce gros tas de poils ambulant. Quitte à défoncer ce trou perdu et putride. Qui s'en plaindra?

Hargne, méfiance, rage. Le propos fuse direct. "...Qu'est-ce tu veux?!" Il lève ses deux bras, en signe pacifique. Ah ouai? Jamais y'a des gars de ce genre ici. Dépêche toi, je vais pas rester là à m'vider de mon sang non plus!

"Quelques tsuris, en échange de ... Ceci?" Il tire lentement une fiole de son manteau. Du Curaga à la couleur. Ou n'importe quoi d'autre qui y ressemble. Et vaut ptet que dalle. J'crache à nouveau. Devant lui cette fois. "Pas b'soin de ça, bouge de là!"

Il remballe sa potion. Un fin sourire ourle le coin de ses lèvres. D'accord, je sens que les emmerdes sont pas loin. Tant pis, j'y penserais plus tard. Pour l'instant je poursuis vers l'auberge. Le gaillard s'est tiré. Où qu'il soit allé, c'pas bon signe pour ma gueule.

⩈

Une fois le battant de bois passé, j'range mon arme. Elle disparaît dans le sac sans fond à ma ceinture. J'avise le comptoir, les badauds alentours qui me dépècent des yeux. J'avance vers le tavernier. Le regard fixé devant moi. Le pas plus assuré. J'préfère me violenter en forçant sur ma jambe amochée, que de donner l'impression que j'suis vulnérable en plusieurs endroits.

Avec un rien de brusquerie j'pose une bourse de cuir sur l'comptoir. Les pièces résonnent gaiement et l'homme me sourit. Il me confie une clé. Ainsi qu'une bouteille d'alcool fort. J'monte du mieux que je peux. En serrant les dents. Le couloir enténébré apaise indirectement la tension qui me tiraille depuis un moment. Mes muscles retrouvent plus de souplesse. Mon pas aussi. Un souffle lent s'extirpe, longuement. Puis j'me dirige vers ma chambre.

La clé tourne pas bien. C'quoi ce bordel? Je force. Nope, ça veut pas. Oh merde, j'en ai ras l'cul. Mon épaule valide cogne avec brutalité le panneau de bois. Il grince. Mes dents aussi. Au second heurt ça craque, la serrure, pas forcément solide, pète. Bof, j'ai encore de l'or, c'pas très grave.

Je détache mon sac, le balance sur la seule table présente. Chope un broc d'eau claire qui repose pas loin. Aveuglée par la douleur et l'urgence de me soigner, je prête guère attention à la chambre en détail. La chaise est tirée sans délicatesse. J'pose mon cul dessus. C'est parti... Je lâche le tissu. Qui vient colorer gracieusement la surface boisée. J'enlève plus délicatement mon haut. Avec des soufflements et des grognements de douleur.

Le froid m'atteint pas trop pour le coup. Malgré l'unique bande qui recouvre ma poitrine quasiment inexistante. Elle est tâchée aussi, mais intacte. Le précédent bandage de ma blessure rejoint le tissu ensanglanté. C'pas parfait, les griffes sont allées en profondeur vers la fin. Moche la plaie. Surtout à la lumière de la fenêtre... Les avantages du grand nord. Une bête lucarne pourrait éclairer une pièce de dix mètres carrés. Mais la pression du linge, combinée à la prise de Ravebulle a eut son petit effet. Je saigne moins, et moins vite. Assez pour nettoyer avant de tenter de désinfecter et foutre un pansement coagulant.

Le liquide carmin dégouline le long de mon bras. Quelques petites secondes. Le temps de m'avaler deux bonnes rasades d'alcool. J'attrape ensuite un morceau de tissu propre dans mon sac. Le plonge dans l'eau, puis décrasse toute cette merde. Pas agréable mais nécessaire, hmpf. Bon... J'ai plus de quoi faire pression à part une blouse de rechange. Allez, on s'en fout. Hop, roulée en boule, j'la plaque contre ma clavicule. Me semble que ça devrait plus saigner encore longtemps.

Les minutes passent. Un peu trop lentement quand même. J'ai le cerveau un poil anesthésié... Aurais-je perdu plus de sang que je ne crois? Non. La boisson? J'pense pas, j'ai bu que deux p'tites gorgées. J'observe la bouteille, aux trois quart vide... Ah.

Un mouvement me tire de ces réflexions existentielles. La porte vient de bouger non? Le regard vissé sur cette dernière, je tends mon bras amoché sur la table. Mes doigts glissent dans le sac sans fond. Se referment lentement sur la hampe de ma lance...

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08/10/2022

Il y a un certain plaisir à ne pas faire les choses dans les règles.

Il y avait deux choses qui l'agaçaient profondément en ce moment, son frère qui la livrait sans un regard aux vices immodérés de cette ville et les habitants de cet autel de la décadence. La messe était dite, elle passait ses journées à esquiver les locaux et n'avait finalement pas porté son exploration davantage qu'aux alentours de l'auberge. Et pour l'heure, hormis cette sensation de liberté, elle ne trouvait aucun charme au Roc.

Sintharia n'était pas dans son élément, elle grinçait des dents en évitant les remarques et les regards toujours dans sa livrée de servante dissimulée sous sa cape et montait les escaliers menant à l'étage et aux appartements deux par deux, ses talons marquants le rythme qu'elle s'imposait. Elle plissait en remarquant que la porte de leur chambre n'était plus tout à fait comme avant. Et en poussant cette dernière, elle s'attendait bien plus à retrouver un frère au choix ivre mort où aux prises à la lutte avec une quelconque ribaude. Mais certainement pas ça.

Elle scrutait en silence la situation de ses yeux d'argent, retirant délicatement ses gants, opposant à l'étrangeté de cette situation un sang-froid de rigueur et espérait avec un geste aussi banal désamorcer la potentielle agressivité de l'individu qui était après tout aussi tendu qu'elle. La courtisane était une petite chose sans importance, minuscule si elle n'avait pas ses talons, trop frêles pour être réellement une menace et à l'air plus jeune que son âge. Bien qu'elle tentait de se faire passer pour une servante, la comédie était facile à mettre à jour, trop droite, trop d'élégance.

Le cygne noir avait assez appris de sa courte existence pour savoir que parfois les femmes peuvent être bien plus dangereuses que les hommes. Elle se tenait suffisamment à l'écart longeant le mur, retirant ensuite sa cape pour la laisser choir sur une des chaises. Elle observait du coin de l'œil, comme une biche guettant le danger. De ses pas légers et mesurés, elle cadençait le temps, finalement cet endroit avait son charme, les tapis étaient le meurtre de la sensualité, seul, le bois et la pierre pouvaient lui rendre hommage. « Je crains qu'aucun d'entre nous ne soit tout à fait à sa place. » Et elle parlait d'un mélange agréable d'accent du sud et du nord, typique des familles suderonnes vivant dans le nord, mais de celles qui ne se mêlent pas aux locaux.

Elle ne posait pas de question, les faits parlaient d'eux-mêmes, la porte avait été défoncée et demander ce que faisait une personne pratiquement nue ici lui paraissait hors de propos. Elle craignait que cela soit une ruse du fils de Val pour la mettre dans l'embarras ou pire se jouer d'elle. Et quand bien même, elle n'était pas en capacité d'exiger quoi que ce soit.

Sintharia remarquait ensuite le sang au sol et son empathie naturelle s'allumait comme une bougie. « Peut-être pourrais-je vous aider ? » Délicate attention de la part de la noble.

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13/08/2020

⩈ Entre les crocs du Roc ⩈ En porte à faux?

Braith

Sintharia
de Val

Aer, an 59 ⩈ Roc d'Eluan, taverne

Malgré mon état, l'évidence apparaît. Une femme. Le couvert de sa cape dissimule en rien ce fait. Petite. Fine. La gestuelle... J'arque un sourcil. Qu'est-ce que cette bonne femme fout là? Voilà qu'elle rase les murs. D'accord. C'moi l'animal sauvage. Sa prudence m'ôte un poids. Elle représente aucune menace. Pour l'instant.

La cape choit sur une chaise. J'avise le visage finement dessiné. En d'autres circonstances, j'aurai trouvé la situation très plaisante. Son propos s'infiltre bizarrement dans mon crâne. Bien sûr que t'as rien à foutre dans ma piaule, ma p'tite dame. Aussi bien foutue sois-tu, j'ai pas commandé cette distraction. Mon bras se rétracte. Quitte le sac magique. La douleur s'estompe simultanément à la tension exercée.

C'est qu'elle semble pas vouloir se bouger. J'comprends rien. Ma lucidité altérée aide pas du tout. En vrai, j'en viens à m'demander si j'hallucine guère. Surtout lorsque la proposition pointe spontanément. D'accord, la méfiance se réapproprie du terrain aussi sec. Mes doigts se crispent en un poing. Posé sur la table. Ce trou peut pas être fréquenté de la sorte... Quelque chose cloche. Mais est-ce que j'ai réellement envie d'y réfléchir plus?

Non.

Bref soupir, semblable à un râle."Pfffraaa... P'tet bien oui." Mon timbre rauque et pas des plus féminin demeure assez neutre. Je me méfie à moitié. Mais j'pourrais aisément lui briser le cou avec ma main libre. Aouch. Ma paume vient accueillir mon front. Mon bras me tiraille à ce mouvement incontrôlé et stupide. Mais j'ai le cerveau qui tambourine contre les parois de mon crâne...

"... J'crois que j'aurai pas du boire." Evidemment, Braith, pauvre tâche. J'repose ma main sur la surface boisée. Penche le fief en arrière avec un nouveau râle teinté de douleur. La vision morcelée et vague de mon ancien instructeur s'imprime momentanément sur ma rétine. 'Continuez à boire ainsi quand vous pissez le sang Caelum, et vous allez vous vider plus vite que votre bouteille. J'le dirais pas deux foix et je me fous bien que vous y restiez.'

... Erf, c'tait quoi la suite déjà? Le médecin à parlé d'une histoire de dilatation des vaisse... Oh putain, arrête de réfléchir!

"Vous êtes qui?... Et pourquoi... vous êtes entrée dans ma piaule?" J'suis un rien mordante. Davantage à cause de ma condition que sa présence inexpliquée. Je l'observe davantage. Maintenant qu'elle est plus près. De haut en bas. Un poil perplexe.

J'montre mon sac d'un geste de la tête. "Désinfectant... et... pansement coagulant." L'écoulement rougeâtre s'est enfin arrêté, je crois. Bien. J'retire le tissu qui faisait pression en douceur. Mon œil scrute les trois lacérations qui partent de mon épaule et s'étendent jusqu'à la limite de ma bande. Je sens mes forces me quitter. J'oublie vite qu'on est au nord de l'île et que j'suis à moitié nue. Voire à moitié saoule. Heureusement que j'tiens bien. Mais là quand même...

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08/10/2022

La soumission désarme le conflit.

Elle observait quelque temps encore, de son air de proie guettant le premier geste de son prédateur, avant d'enfin oser s'avancer une fois qu'elle estimait la tension passée.

« Ce n'est pas votre chambre, c'est pour cela. » Simple constatation, il n'y avait qu'à ouvrir l’œil, aucune agressivité ou supériorité dans le timbre de la voix de la courtisane, juste un simple fait. Mais elle semblait presque s'excuser de ce contretemps. Elle réfléchissait quelques secondes les yeux mi-clos, le regard bas à la manière la plus appropriée de se présenter, elle optait finalement pour la simplicité. « Sintharia. » Les titres étaient inutiles ici.

Elle écoutait attentivement les instructions, commençant tout d'abord par se désinfecter les mains avec l'une des bouteilles qui traînaient dans la chambre - puisqu'elle partageait la même passion que son frère pour la boisson, pour une fois cela servirait, faute de mieux -. Elle récupérait ce dont elle avait besoin dans le sac, sans fouiner, tirait une chaise pour s'asseoir en face de l'inconnue et ses mains se mirent à l'ouvrage sans plainte ni dégoût, pas plus que de jugement, prendre soin des autres était tout ce que l'on attendait d'une femme de sa condition, et ayant eu six frères, elle en avait fait des pansements et soigner des blessures. Quelques dizaines de minutes plus tôt la plaie aurait pu être recousue, mais cette dernière avait gonflé avec le froid et le temps. Il faudrait se contenter du minimum cette fois-ci.

Ses gestes étaient précis et délicats, dénués de toute ambiguïté au vu de la partie touchée.. Ses doigts lisses et tièdes réussissaient sans difficulté à parvenir à leur fin. Elle prenait tout de même soin de faire un bandage compressif pour que la plaie se referme plus rapidement, par simple prudence, mais aussi pour le confort de la femme. Et elle s'écartait ensuite poliment, avec toujours cette élégance naturelle. « Vous feriez bien de vous allonger maintenant, pour vous reposer. » Il était inutile de préciser qu'elle ne pourrait la ramasser, son corps parlait pour elle.

Elle se levait de nouveau les mains à l'alcool et entreprenait de se débarrasser des épingles qui retenaient son chignon tressé, les boucles sombres s'effondraient jusqu'aux creux de ses reins. Ses cheveux lui paraissaient lourds et douloureux, et elle se questionnait de l'intérêt de s'encombrer des apparences dans un taudis pareil. Mais savait-elle seulement faire autrement ? Percluse dans ses pensées de sa main gauche, elle délassait légèrement le corset de sa robe, lui tournant le dos, ne pouvait retenir un soupir de soulagement d'enfin respirer à nouveau ou du moins en partie.

Pas une seule seconde elle n'avait levé les yeux dans ceux de son interlocutrice. De la soumission ? Baisser les yeux était un signal primitif pour souligner que l'on était pas une menace, après tout, même dans le règne animal. Puisqu'elle semblait être de celles n'ayant pas d'autre possibilité pour survivre dans un monde soumis à la violence et aux mains des hommes, mais elle semblait s'en accommoder au point de sortir admirablement son épingle du jeu.

« Votre journée semble avoir été particulièrement rude. »

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13/08/2020

⩈ Entre les crocs du Roc ⩈ En porte à faux?

Braith

Sintharia
de Val

Aer, an 59 ⩈ Roc d'Eluan, taverne

Comment ça pas ma chambre? J'hausse un sourcil, tandis qu'elle se présente. Un prénom? J'vais pas aller loin... Je tourne le regard. Opère un demi cercle là où j'ai un accès dégagé. Avise les bouteilles. Les pleines, comme les cadavres. D'accord, même où j'pionce y'en aurait moins. Drôle de donnée concernant cette dame. Elle tient bien sur ses jambes. Ptet qu'elle boit pas à toute heure du jour comme de la nuit? Boarf. J'expulse un râle léger. Chacun ses déboires, hein, ah ah. Kof!!

"Moi c'est Braith. Chasseuse." J'ajoute, la voix affirmée. Moins hachée. Comme si l'ego prenait le pas sur la douleur. "Grande chasseuse en devenir. Plus précisément!"

Bienveillant, elle s'attèle à mes soins. J'la regarde faire d'un œil perplexe. Même si j'ai le cerveau un peu loin... J'trouve toujours ça étrange. Après une fine grimace, arrachée par l'application du désinfectant, j'ourle le coin d'une babine. Pour poser plus de questions. Pis j'me ravise aussitôt. Pourquoi j'la ferais chier alors qu'elle s'occupe de moi?

Mes prunelles outremer glissent de ses doigts agiles à son visage... Fermé? Fuyant? Pfff, j'comprends rien aux bonnes femmes par moment. Au moins l'travail est bien fait. Mes muscles sont plus détendus. La blessure proprement bandée va vite se refermer maintenant. Encore heureux que je possède quelques objets magiques utiles. J'grogne de satisfaction en captant mon épaule.

"Merci, z'êtes plutôt douée." Le propos qui s'échappe. Enfin, le soi-disant conseil, m'ôte une nouvelle grimace. Et quoi encore? Elle s'éloigne. Mon timbre un poil railleur demeure des plus sérieux. "Ici? J'fermerais pas un œil dans cet endroit. Même en charmante compagnie."

Mes yeux tombent sur les mains habiles. Le soupir attire une réflexion désabusée. Toujours étonnée. Elle continue, une question au bord des lèvres. Ah. Hé, minute. Je fonctionne au ralenti moi, d'accord? Pas tout à la fois.

D'abord... Bon, c'pas une vraie question. Sauf si elle a une vraie réponse? "Pourquoi est-ce que les bonnes femmes tiennent tant à s'engoncer dans des trucs pareils? To-ta-le-ment et i-nu-tile-ment désagréables."

Puis, comme j'suis pas certaine d'y être vraiment intéressée, j'enchaîne. Récupérant de l'aplomb. Mes iris pétillent. "Fin bref! Ouai, clairement j'ai pas eu une belle journée, et pourtant... J'traquais une créature féroce. Un monstre comme vous en avez sûrement jamais vu. Si haute la bestiole. Et ça s'passait bien. Sauf que mon abrutie d'invoc..."

P'tain. Non. Stop. D'abord j'ai l'impression qu'elle m'écoute qu'à moitié. Alors qu'elle a demandé. Ensuite, c'est quoi ce comportement là? J'me redresse en grognant de douleur. Franchit les deux mètres qui nous séparent. Et... Ouah, qu'elle est minuscule. J'baisse la tête.

Ma main droite, à moitié refermée, se glisse en douceur sous son menton. La forçant délicatement à redresser le fief. Mon ton est ferme, mais pas élevé. Ni mauvais, que du contraire. J'comprends pas. Voire je suis presque heurtée. "R'gardez-moi. J'vous fais peur?"

Mes prunelles sont maintenant plantées dans les siennes. Ah ben voilà. J'esquisse un fin sourire en coin. Mieux ça. J'lui laisse pas trop le temps de répondre. "Vous allez vous faire bouffer toute crue ici, avec cette attitude. Ouai, la provocation c'pas mieux, certes. Mais quitte à prendre cher, autant que ce soit pour avoir afficher sa fierté!"

Braith et ses conseils toujours au point! Veuillez ne pas les reproduire à la maison...

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08/10/2022

C'est des hommes et d'eux seulement qu'il faut avoir peur, toujours.

La courtisane prêtait attention au moindre détail que lui livrait la guerrière, chacun trouvait sa place dans sa mémoire. « Il y a des endroits plus confortables pour faire escale que cet endroit. Vous êtes donc sur les routes ? » À vrai dire, elle ne voyait pas du tout pourquoi un chasseur pouvait se rendre dans cette capitale du crime et de la débauche et quand bien même elle aurait une réponse, cela ne la regardait pas vraiment.

Sintharia remerciait humblement le compliment. « J'ai six frères aînés particulièrement bagarreurs, cela oblige à disposer de quelques talents. » Elle lâchait un éclat de rire franc à sa remarque, dormir rendait vulnérable et une charmante compagnie n'était pas le signe d'une quelconque sécurité, parole de courtisane. « Je n'ai rien de mieux à vous proposer. » Elle haussait les épaules, tout avait l'air d'un taudis dans cette ville battue par les vents salins.

Ayant l'habitude qu'on la plaigne pour ses artifices qu'elle s'imposait, elle ne pouvait qu'accorder un air parfaitement admis au sujet des corsets. « Tout le monde ne peut pas devenir un farouche guerrier, il faut aussi quelques dames dans ce monde. Pour le reste, ce n'est qu'une question d'habitude, tant que l'on n’oublie pas de respirer. » Elle avait l'habitude de ce genre de remarque et même en tant que courtisane, elle y allait peut-être un peu fort sur les corsages, le pire étant certainement ses tenues de bal, comme si dix kilos de tissus de suffisaient pas.

Une invocation ? Voilà qui était intéressant. A quoi pouvait bien ressembler l'invocation d'une chasseuse ? Elle-même n'avait connu que celle de sa mère, et pourtant elle l'avait craint, comme toutes celles qu'elle rencontra par le passé. Quant aux monstres, elle n'en fréquentait pas davantage, tous ces voyages étaient particulièrement calmes.. Et puis elle était une femme et pas la plus en quête de sensations fortes.

Elle reculait d'un pas à son approche, espérant que cela suffirait à faire abandonner cette idée à son interlocutrice. Que l'on brise sa bulle, elle y était accoutumée, mais dans un cadre où elle maîtrisait les codes et où elle avait les pleins pouvoirs. Elle cherchait ses mots, mais elle prenait sur elle et ne fléchissait pas, le corps tendu et prêt à s'enfuir au moindre signe d'hostilité. Néanmoins étonnée de la délicatesse du geste, bien plus habituée à la brutalité. « Aurais-je tort de ne pas avoir peur ? Vous me dominez en tous points ! » Sintharia avait été élevée dans du coton et éduquée à l'idée qu'elle serait inférieure en toute circonstance, se taire et la soumission avait été des armes de survie idéales pour sa vocation. Le conditionnement est une chaîne solide et il faut bien plus que quelques rencontres pour s'en détacher.

Ses yeux d'argent scrutaient avec attention ceux de son interlocutrice, cherchant à deviner les intentions qui se dissimulaient derrière la lazurite. « Peut-être est-ce là le but ? Tout le monde ne peut pas affronter des monstres, quels qu'ils soient et les humains sont les pires, ce sont les seuls à nuire sans raison. » Au fil de ses rencontres, elle saisissait sa punition et son utilité. Elle avait prétendu être capable de se débrouiller seule face à un monde qu'elle ne comprenait pas et voilà le résultat, non content d'être ingrate, elle avait démontré son manque de jugement.

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13/08/2020

⩈ Entre les crocs du Roc ⩈ En porte à faux?

Braith

Sintharia
de Val

Aer, an 59 ⩈ Roc d'Eluan, taverne

Non, j'fais pas escale. J'suis blessée, et même ce trou est moins dangereux que l'extérieur. Elle a pas l'air très dégourdie dites-donc. A croire qu'elle met jamais le nez dehors... Sauf là où les emmerdes sont purement humaines. Baaah, pourquoi je m'en soucierais? Ses remarques suivantes me font hausser un sourcil. Des dames, j'en connais, et qui s'encombrent pas d'la sorte. Mmrmm... Ouai. D'accord, c'pas le moment pour penser à ça Braith.

Mon approche la fait reculer. C'bien ce qui me semblait... Juste besoin d'une réelle confirmation. Celle qu'elle m'offre est pas à mon goût. Je retire ma main. La fixe toujours. Ses réflexions idiotes m'arrachent un rire bref et blasé. Je me détourne et m'éloigne. Inutile de la faire trembler davantage si c'est vraiment le cas. En me dirigeant vers mon sac sans fond, ma voix grave perce. Avec fermeté.

"C'pas une raison pour avoir peur. Quelqu'un qui vous domine, vous veut pas forcément du mal. Par ailleurs, y'a pas que la force et la carrure qui compte. J'aurai pu perdre l'usage de mon bras avec mes conneries et sans vos soins..."

Faut arrêter d'croire que tout est question de force brute ou d'apparence. Sûrement que sa position lui donne de fausses idées sur le monde. Qu'est-ce que j'sais? Quant au reste... J'ouvre le sac de ma main droite et tâche d'en extirper un truc assez volumineux. Tout en poursuivant. Sans changer d'intonation. Comme si on papotait d'la neige et du mauvais temps.

"Vous voulez crever?" Honnêtement, c'pas une question. Je laisse aucune place à quelconque réponse. "J'pense pas non... Ce serait déjà fait sinon." J'suis pas d'accord avec beaucoup de choses qu'elle me renvoie. Mais on est clairement pas du même monde à priori. Après, c'pas pour autant que la vie est différente. Les autres. Les monstres. La place qu'on a. Celle qu'on nous donne. Celle qu'on prend.

L'image vaseuse de ce qui me sert de géniteur, puis de génitrice, flotte un instant aux abords de mon esprit.

"Les humains nuisent toujours pour des raisons précises. Derrière ces raisons, y'a des besoins à combler. Sans besoins insatisfaits, y'aurait pas de mal spontané."

Après plusieurs grognements et efforts qui finissent par requérir l'aide de mon second bras. Aoutch. C'que ça fait mal putain! Je crispe les traits, retire un gros morceaux de cuir du sac. Roulé en deux. Je pose avec un bruit sourd le plastron sur la table. Il s'ouvre platement. Maintenant qu'mon bras est soigné, pis relativement protégé, faut que je me couvre. J'ai plus de haut, mais le cuir m'tiendra chaud. Avec une cape par dessus ça fera l'affaire. Juste un léger problème.

Les sangles côté gauche ont été tranchées. Je farfouille dans la besace magique. Une bobine de fil solidement tressés trouve place sur la table. Ensuite un petit couteau.

"Pouvez encore m'aider?" J'enfile dans un râle de douleur l'armure. Les sangles sur le flanc droit sont toujours bien fixées. Puis j'montre le matériel à la demoiselle. "Faudrait rafistoler le côté gauche. Pouvez percer le cuir si besoin. Et passer le fil pour relier les deux pans du plastron ensemble."

J'me pose à nouveau sur la chaise. Le bras à l'épaule écharpé étendu sur la table. Histoire de laisser d'la place au niveau de mes hanches. Puis j'ajoute, sur le ton de la conversation. Avec un sérieux réel.

"Vous savez Sintharia. Pour s'promener ici, même pour mourir, il faut une vraie paire de couilles. Y'a d'autres façons. Bien plus douces. D'autre endroits aussi. Bien plus beaux. Quelles que soient les raisons de votre présence, z'êtes toujours là. Et en vie pour l'instant. Alors croyez moi, vous en avez un bonne paire. Et vous dominez déjà bien plus d'gens que vous pouvez imaginer. Rentrez-vous ça dans l'crâne."

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08/10/2022

C'est grâce à l'échec que cet homme est devenu meilleur.

Sintharia refrénait un soupir soulagé quand elle fut libérée, mais ne reculait pas plus, peut-être plus apaisée. « J'ai peur parce que je suis hors de mon cadre de vie, dans un lieu inconnu rempli de personnes que je ne suis pas en mesure de comprendre. Et vous vous avez fait une erreur imprudente, rien de plus. » Il n'y avait plus de crainte, juste une humilité et une douceur naturelle, pas de supériorité ou de jugement, simplement le fait. Elle réfléchissait bien plus que ce qu'elle donnait à penser aux premiers abords. « Je n'ai pas honte de me tromper, ce sont des erreurs qui ont mis ce monde en marche. Demain tout ira mieux, vous aussi. »

« J'ai appris à me satisfaire de cette position et aussi des avantages qu'elle offre. Personne ne fait jamais attention à ce qui n'est pas une menace, je peux tout observer et l'on me dit tout. » Disait-elle dans un souffle, vaquant à remettre de l'ordre dans la pièce, comme s'il s'agissait d'une banalité alors qu'elle se livrait au fur et à mesure de leur échange.

Et comme son interlocutrice se trompait, bien que la période était moins propice qu'il y a quelques années, la mort était toujours présente, mais était-ce ce qu'elle désirait ? Sintharia ne prit pas vraiment la peine de répondre, c'était un non-sujet, et inconvenant en plus de cela. On l'avait constamment considérée comme une romantique qui un jour finirait par se jeter du haut d'une tour croyant s'envoler, mais était-ce bien la réalité ? Le suicide est une mort qu'on ne donne pas à l'ennemi, lui avait-on répété toute sa vie.« Êtes-vous aussi rustre en temps normal ? » Sa voix était devenue plus sévère, mais un brin mutine, un pli soucieux barrait le front de la jeune femme, elle endurait sans difficulté d'être secouée, malmenée. Il y avait de ces sujets que l'on n’abordait pas et encore moins avec une étrangère. Il y avait une certaine bienveillance derrière tout cela, les mots et le regard se contrariaient un instant.

L'argent de ses yeux scrutait, mais plus de la manière d'une proie, il y avait une forme d'intérêt curieux, perplexe face à quelque chose de nouveau. « Je ne crois pas qu'il faille en vouloir aux gens méchants, ils sont comme ça c'est tout. » La pensée était simpliste, presque enfantine, de ceux qui n'ont jamais expérimenté la haine viscérale. La haine ne pouvait être innée, il fallait l'apprendre, ce n'était pas un trait de caractère.

Bien sûr, qu'elle accepterait volontiers de l'aider. « Je vais faire un peu plus proprement, je ne voudrais pas prendre le risque de vous abîmer davantage. » Délicate proposition, surtout quand on connaissait ses capacités avec quoi que ce soit de dangereux. Et puis en tant que noble demoiselle elle avait toujours sur elle son nécessaire à couture. Mais retrouver quelque chose dans une malle de voyage n'était si facile, mais même si ces dernières étaient d'une simplicité étonnante et avaient vécu, le contenu en était plus remarquable, des étoffes riches, une multitude de boîtes tout autant luxueuses. Un non-sens dans une telle ville.

Elle tirait presque triomphalement, un coffret de bois rare, gravé, sur son couvercle, son emblème, le cygne noir taillé dans l'ébène se hissant hors d'une eau de bois blanc et d'ivoire. L'intérieur n'en étant pas moins fabuleux, des aiguilles, aux ciseaux et même aux épingles était d'or et d'argent orné de motifs d'oiseaux. Elle en tirait une aiguille épaisse, mais conservait le fil de la chasseresse, elle n'avait rien d'aussi solide. Et, elle se mettait à l'ouvrage, concentrée dans sa tâche pour faire quelque chose qui durerait un peu plus que quelques heures.

Un frémissement courrait sous l'étoffe simple de sa livrée de servante, elle écoutait avec une réelle attention, tentant de se trouver dans les mots de la combattante. « Vous me surestimez énormément. Ne confondez pas le courage et la résilience, ce n'était pas mon choix de destination, nous aurions dû aller à l'ouest. » Elle livrait des informations importantes, le choix des mots avait son importance. Résilience, la capacité à retrouver un équilibre après un choc. Les choses qui l'avaient conduite jusque là n'étaient peut-être pas si heureuses. Et puis ce nous qui en disait long, elle n'était pas seule, elle avait toujours utilisé ce terme pour décrire son frère et elle. « J'ai espoir de partir de cet endroit au plus vite, une fois que j'aurais accompli ma tâche. » Préférant rester évasive sur ce point, puisqu'elle-même ignorait ce qu'elle devrait faire.

« Et vous que ferez-vous ? Vous resterez dans le nord pour l'hiver ? » Deux mondes s'opposaient et elle n'avait jamais eu autant l'impression d'être déphasée par rapport au monde qui l'entourait.

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13/08/2020

⩈ Entre les crocs du Roc ⩈ En porte à faux?

Braith

Sintharia
de Val

Aer, an 59 ⩈ Roc d'Eluan, taverne

Bha c'est très bien de sortir de sa petite bulle de confort! C'comme ça qu'on se forge le caractère. Et pas que! La peur c'est bon pour avancer. Ouaip. J'hoche le fief pour moi-même. Puis m'interrompt soudain, outrée, à l'entente de la fin de sa phrase. Quoi?! Quelle erreur? J'ai aucune idée de ce dont elle parle. Je ne fais ja-mais d'erreur. Sûrement mes oreilles qui me jouent des tours.

J'embraye pas plus sur l'allusion suivante. Ouai, la punition divine ou j'sais pas quoi, c'est ça? Bof, tout ce fatras d'histoire ça m'intéresse pas. Mais j'reconnais volontiers que certains évoluent mieux après s'être plantés. Moi ça me concerne juste pas, tsss.

Mmm. Ouai, pas bête. Je suppose? M'enfin, j'supporterais pas de passer inaperçue. D'ailleurs c'est juste pas possible. Où que j'aille, on m'remarque héhé. Une étincelle brille dans mon regard fier. Mais chacun son truc, hein. Je respecte. La question qui vient me prend de court. Je bombe légèrement le torse. Ma voix assurée je réplique en me montrant du pouce.

"Rustre? Moi? Pfoua. N'importe quoi voyons."

J'baisse le bras, en soufflant. De dépit et de douleur un peu. Ah, les femmes! Toujours compliquées. Je suis quasiment pas bourrée ET je ne la drague même pas. Irréprochable. Situation limite improbable pour la seconde affirmation. J'suis tout sauf rustre. Ce truc sur les gens méchants qu'on peut pas blâmer me sort de mon indignation intérieure. Sur qui suis-je tombée?? Trop fatiguée pour continuer à répondre à tout je laisse doucement couler.

Puis la regarde s'affairer avec une certaine expertise. Elle utilise un matériel sorti tout droit d'une malle apparemment remplie de machins que je suis pas en mesure de me payer. L'éclat doré attire mes iris outremer... J'écarquille des yeux ronds comme des œufs de Croc-rouge. Nan mais, sérieusement? Mes billes bleues roulent vers le plafond. Accompagnées de mon fief. Qui se penche vers l'arrière. Un soupir ahuri s'extirpe de mes lèvres. Tout en longueur.

J'dis rien de plus. Je sais même pas quoi dire. Pas besoin. Elle cause pour deux. Répondant parallèlement à ma dernière tirade. Pas confondre courage et résile... rélisi... résili... Oh merde. Je connais pas ce mot. Enfin. Ah! Si. Jie m'en a déjà parlé. J'crois. P'tain c'était pour quoi encore? Oh mais oui! Il parlait de moi, en bien! Comme toujours héhé. Comment parler autrement de moi? Et son histoire me semble pas différente. Dans ma mémoire.

"Boarf. Pourquoi les gens trop cultivés séparent toujours des mots qui vont ensemble? Si on arrive à se relever après s'être cassé la gueule..." Ah oui voilà! J'me souviens maintenant. Hou, la belle soirée. J'ai fini bien éméchée, au bas des escaliers d'une auberge à Heilan. Jie en perm' avec moi, à mon cul. Il se bidonnait comme un con. 'Tu vois Braith, c'est ça la résilience. Face à trois petites marches qui te mettent à terre, t'arrives encore à te relever, bourrée de surcroît'.

"Bhé voilà!" Que je m'exclame inopinément, en revenant plusieurs crans sous mon épaule. Le regard face à la demoiselle. "Avoir le courage de se relever c'est de la résili-machin-truc. Pareil. C'pas compliqué. Vous savez pourquoi les choses ont pas l'air aussi simples? C'est juste parce que vous les compliquez. On rajoute des mots. On pose des concepts élaborés, blablabla. Franchement, moi j'dis : faut faire au plus court. Hop. Emballé c'est pesé."

Un sourire satisfait fend mes traits. Héhé. Ce que je peux dire comme choses intelligentes parfois. Malgré l'état bancal dans lequel j'me trouve. Un râle grognon se couple au rappel douloureux de ma blessure. Mon esprit a escamoté une partie des informations. Pourtant... Elle aurait pas parlé de choix de destination et de...

"Nous?" Mon timbre sérieux se pose avec une certaine dureté. Dans le tas, j'oublie totalement la suite ainsi que sa dernière question. C'est trop pour ma petite tête cette conversation. Finalement j'aurai du m'allonger. Pioncer un coup et plus réfléchir. J'ai presque mal au crâne. Mais là ça m'réveille un brin. Elle est pas seule. Sa compagnie dirige leur trajectoire. Et les a mené dans ce foutu trou à épaves, aussi humaines que fluviales. La partie 'instinct' de mon cerveau vient de se relancer. Probablement la seule qui fonctionne en l'instant. Et bloque momentanément le reste.

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08/10/2022

Les mots n'ont pas toujours besoin d'une destination.
On les laisse s'arrêter aux frontières des sensations.

Vraiment ? Manquer de se faire tuer par un monstre n'était pas une erreur ? La jeune courtisane faisait sans cesse des erreurs, d'appréciation, d'alliance, et elle se faisait même les pires ennemis.

Sintharia se heurtait comme rarement à une montagne de confiance qui confinait presque à l'orgueil, et qu'elle était désemparée de ne pas savoir comment répondre à tout cela, levant les mains au ciel dans un signe de supplique face aux reproches qu'elle ne comprenait pas. Elle soupirait franchement et déclamait qu'elle était bien trop sobre pour endurer tout cela. D'un air désabusé, elle se servait un verre d'absinthe, aux quatre enfers la dilution de rigueur. Et sans lui laisser davantage le temps de réagir, elle levait son verre comme pour porter un toast. « Vivre est très compliqué. » Finissait-elle par dire avant d’avaler d'une traite le liquide vert. Décidément elle avait une façon bien à elle de faire face aux problèmes et une étonnante descente pour une noble dame. Autrefois deux coupes de champagne suffisaient à la faire tituber et même l'ivresse était devenue compliquée à atteindre. Il lui faudrait deux verres de plus pour moins réfléchir et s'échapper d'elle-même, se condamnant petit à petit à la lucidité. Il y avait toujours les drogues pour apaiser son âme, mais son herboriste avait été clair que le mélange était dangereux.

Elle laissait tomber définitivement le masque de la jeune noble, ici ça ne servait à rien de sauver les apparences, la ville aura tôt fait de dévorer le peu d'innocence qu'il lui reste. Elle posait son verre et faisait les cent pas, elle perdait le contrôle sur sa propre vie et ne le supportait pas. Elle ne souriait plus vraiment. « Regarder la réalité dans les yeux est la seule chose héroïque que je puisse faire pour le moment. » Elle finissait par s'arrêter près de la guerrière, trop prêt même, à distance de souffle, il aurait fallut d'un rien pour que les corps se touchent, son cœur ratait un battement, les yeux ne se quittaient pas. Laissant une fine tension s'installer. Elle baissait les yeux un instant avant de s'asseoir à ses pieds, s'accoudant sur la jambe de la guerrière, comme si c'était un geste naturel, elle gardait ses yeux argentés plantés dans les siens, elle cherchait des réponses à ses questions muettes. Ce n'était jamais une position qu'elle prenait innocemment, mais qui pourrait savoir ce qu'elle avait en tête ?

Elle était attentive au moindre signe, bien qu'elle ne pouvait s'empêcher d'observer plus en détail la femme. Sintharia avait bien sûr perçu le sérieux de sa question, et choisissait d'y répondre à présent. « Vous n'avez rien à craindre. Ce nous n'a plus vraiment d'importance. » Et elle en était persuadée, il lui avait menti en prétendant qu'ils rentreraient à la maison, puis il l'avait laissée là, lui ordonnant de réfléchir à sa punition, puisqu'elle avait désobéi par deux fois. Combien de fois avait-il promis qu'il l'abandonnerait ici ? Et cette fois-ci elle était persuadée que c'était définitif. Daciana aurait dû veiller sur elle, mais libérée de l'emprise de son mari, la nordienne avait mis les voiles.. Pour un temps. Et elle n'avait pas encore le courage de se laisser mourir passivement. Privée d'espoir, elle n'avait plus qu'à se jeter dans un acte désespéré.

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13/08/2020

⩈ Entre les crocs du Roc ⩈ En porte à faux?

Braith

Sintharia
de Val

Aer, an 59 ⩈ Roc d'Eluan, taverne

Sa gestuelle et son soupir se voient confirmés par une simple déclaration. Trop sobre pour endurer quoi? J'hausse un sourcil. Perplexe. Moi? Mais qu'est-ce que j'ai encore fait? Décidément je la cerne pas du tout. Mais alors, royalement pas du tout.

Hé... Ha. D'accord. Elle vient de s'enfiler d'une traite un verre d'alcool. Vu la couleur, c'est clairement pas de la flotte. Pourquoi pas. J'peux en avoir, moi aussi?

Note que sa remarque m'a fait tiquer. Ouai, vivre c'est compliqué. Elle va pas me l'apprendre. Mais je suis passée outre cette étape. Et on la traverse pas sans rien. Evidemment que c'est héroïque. Et non, c'est pas tout. C'est même beaucoup! Je rétorque en la voyant s'approcher.

"Bien la preuve qu'il faut du courage pour vivre et être encore là!" Confirmation de mon point de vue. Hop, ça, c'est fait! Je savais que j'avais raison. J'ai toujours raison, et ceux qui sont pas d'accord ont tort. Et...

Mes réflexions s'arrêtent soudain. Lorsque je perçoit la proximité extrême de son corps près de moi. Ses prunelles ancrées dans les miennes me bâillonnent littéralement. J'ai pas saisi. La situation m'échappe doucement. Et un fin silence tendu s'étire entre nous. Puis son regard disparaît et son corps le suit. L'outremer également.

J'observe sa nouvelle posture. Le contact sur ma jambe tend tous mes muscles. Qu'est-ce qu'elle fait putain? C'est pas que ça m'déplaît d'avoir une femme aussi bien foutue à mes pieds, maaaais... En d'autres circonstances quoi. J'suis pas certaine que la sensation soit si agréable. C'est, je sais pas, particulier? D'autant plus qu'elle réaccroche l'argent de son regard au mien. Mon cerveau tourne comme pas permis. Qu'est-ce que je fais? Fais quelque chose Braith. Fais quelq...

La réponse me sort momentanément de cette situation d'inconfort. Ah. Oui, bordel, j'avais déjà oublié. Mais je crains rien, voyons! Je suis juste prévenante! Peuh, tant mieux. Faut être un sacré connard - ou une - pour emmener volontairement quelqu'un comme ça ici. Et la laisser seule. Je soupire. Une forme de soulagement palpable dans ce souffle léger.

Bien. Bien, bien. Pourquoi est-ce qu'elle me regarde toujours? J'me sens scrutée en détails. Et du coup je peux pas m'empêcher de faire pareil. Oui, bon. Je sais. J'ai pas besoin d'aide, en temps normal, pour regarder une femme sous toutes ses coutures. Là, c'est juste, différent.

Mon bras opposé à la jambe sur laquelle elle s'appuie approche son faciès. Mes traits sont calmes, ma voix un rien plus hésitante. Mon regard possède cet éclat nettement perturbé. Je pose ma main sur la ligne de sa mâchoire avec délicatesse. Incitant d'une pression légère son menton à se redresser davantage.

"S'il vous plaît, relevez-vous. C'est... herm... Gênant."

J'aime pas qu'on me prenne au dépourvu. Ni qu'on se mette volontairement plus bas qu'moi. Surtout sans que j'sache comment interpréter ce qui se passe.

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08/10/2022

Tu noies tes chagrins dans l’alcool ?
Méfie-toi, ils savent nager.

Ce contact la tirait de ses pensées nébuleuses, elle obéissait, cédant à la pression du geste. « Gênant, vraiment ? Quelle déchéance. » Elle se relevait donc, un sourire léger aux lèvres, avec une souplesse étonnante pour son carcan, non sans laisser traîner quelques secondes sa main, l'air de rien. Sous sa robe, elle sentait la pointe de son arme s'enfoncer dans sa cuisse, comme un rappel à l'ordre. Une fois debout, elle grimaçait en tâchant de remettre un peu d'ordre dans ses jupons, chassant ses pensées en même temps que la poussière.

La courtisane ne fit pas plus d'allusions à son précédent geste, le meilleur moyen pour passer à autre chose. Mais sa détresse ne déclinant pas, elle estimait être encore trop sobre pour encaisser sa situation désastreuse. « Un verre ? » Elle ignorait si cela était une si bonne idée, mais plus que d'une réponse, elle avait besoin d'avoir des pensées claires et de la compagnie. Elle servait deux verres du liquide émeraude, prenait le sien avant de considérer le lit qui n'était pas défait. Glissant son verre à peine entamé sur la table de chevet et se laissait presque tomber sur le matelas, fixant le plafond.

Elle laissait les secondes défiler, laissant retomber ses bottines sur le sol et gênée une nouvelle fois par son arme, elle remontait les pans de sa robe, ses doigts glissant sur sa peau tirant la garde du stylet coupable de son inconfort, il était presque effrayant de voir une telle arme bien que finement ornée et d'argent dans les mains d'une femme à peine sortie de l'enfance, surtout quand il était aussi simple de tuer avec si bien qu'en on la retrouvait plus souvent dans les mains des assassins que des adulescentes. Encore plus dissimulée à cet endroit-là, sans étui, parfaitement affûtée. L'outil de la dernière chance en cas de situation désespérée, pour défendre la seule chose qui lui appartenait réellement. « Quelles histoires pourriez-vous raconter à une jeune vierge désabusée ? Vous avez dû voir tant de choses. » Elle en parlait comme d'un fait qui ne devait pas s'achever, si important et vital. Et pourtant il y avait une certaine souffrance derrière ce fait, même beaucoup quelle tentait de dissimuler sous l'ironie. Mais elle n'en parlerait pas davantage.

Sintharia voulait réellement savoir ce qu'une personne diamétralement opposée à elle pouvait avoir à raconter, elle jouait distraitement avec le poignard, taquinant la pointe de son index, les yeux toujours sur le plafond. Désespérée, alcoolisée et armée, ne parvenant pas à retirer de son esprit les mots cruels de son frère, ce n'était pas son premier moment de tourmente et cette nuit elle ne trouverait pas plus le repos que la veille. Elle qu'il y a à peine quelques semaines rêvait de parcourir le monde, l'expérience avait été suffisamment effrayante pour qu'elle ne désire plus jamais quitter la sécurité de sa demeure.

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13/08/2020

⩈ Entre les crocs du Roc ⩈ En porte à faux?

Braith

Sintharia
de Val

Aer, an 59 ⩈ Roc d'Eluan, taverne

Gné? Qu'est-ce que la déchéance vient faire là d'dans? Encore un truc obscur. Mon cerveau est hermétique à cette femme. C'bien la première fois que quelque chose chez moi est hermétique à une gonzesse, d'ailleurs. J'fronce un rien les sourcils. M'apprête à poser la question. Pis m'ravise en voyant un fin sourire. Oh, tant pis. Elle se comprend avec elle-même. J'suppose que c'est l'essentiel.

La demande éveille grandement mon attention. Si je veux un verre? Bien sûr, quelle question! "Assurément!" La boisson aux éclats verdoyant ondule sous mes prunelles avides. Tandis qu'elle s'éloigne, j'achoppe le verre. Renifle un instant. J'ignore c'que c'est. Mais pas de doute, c'est nettement plus fort que de la bière. D'accord. Vu mon état, ça fera ptet passer le reste de douleur. Allez, santé! Et hop, ni une ni deux, je vide cul-sec la quantité dérisoire. Ouf! Pas maaal... De quoi me secouer davantage. Rester assise en papotant, l'épaule écharpée, commençait à me faire glisser à nouveau dans une torpeur désagréable.

J'oblique du fief dans sa direction. Pose mes yeux sur sa silhouette. Jetée sur le lit, le regard perdu. Tiens. Un truc tourne entre ses doigts. Brillant. Comme le fil d'une lame acérée... Mais vachement petite. Est-ce que ça blesse ce machin? Cela dit, c'est à sa mesure. En plus, ça devait être planqué sous ses frusques. Encore heureux qu'elle semble pas mauvaise. J'aurai pu m'faire crever les yeux. Note que y'a pas grand intérêt à me tuer. C'pas comme si elle avait besoin d'or.

Quant aux possessions dans mon sac magique... Pas de risque. Faut savoir ce qu'il y a dedans pour pouvoir y accéder.

La demande qui vient tinter doucement à me oreilles étire un petit sourire en coin. Mes yeux pétillent. Et j'me lève, pis me dresse bien droite. Quelles histoires qui en valent la peine et que j'peux connaître? Bhé y'a que les miennes, assurément. Celles de mes exploits, les seuls dignes d'être relatées et connues, héhé!

"Mmm. Et comment que j'en ai vu des choses! J'suis sûre que vous avez jamais dû mettre les pieds dans un temple! J'vais vous raconter ma première fois, un moment é-pi-que. Les première fois c'est toujours quelque chose, héhé!"

⩈

J'me tourne vers mon sac, en retire ma lance ainsi que mon bouclier. Pas de spectacle sans accessoires! S'iouplaît. La targe assez petite prend place dans ma main gauche. La sangle étreinte avec douceur, pour pas forcer sur les muscles endoloris de mon bras. La hampe d'Andabata au creux de ma paume droite.

Ma voix est mesurée, un rien profonde, sérieuse. Raconter des histoires. Les miennes, qui plus est, avec réalisme et mise en scène... C'est un art dans lequel j'excelle. Comme bien d'autres. Certes!

J'prends position et me déplace dans la pièce comme le ferait un traqueur aux aguets. Mon timbre se délie. "Malgré les affres d'Ignis, j'ai rejoint son temple avec détermination. Après une traversée du Désert Ambré des plus mortelles. J'ai effectivement croisé la route d'une dangereuse créature de l'île... " Mes mouvements et mes gestes accompagnent mes propos, pas d'exagération. Non. Une subtile théâtralisation.

J'opère une simili attaque, avec des gestes modérés pour pas trop amocher mon épaule. "Evidemment elle n'avait pas la moindre chance face à moi! Grâce à la possession de quelques objets magiques, mais, surtout, de la force brute comme de l'intelligence fine de la chasseuse que je suis. La bête, un Zuhu, se croyant supérieure de sa position aérienne, n'a guère vu venir la pointe de ma lame lorsqu'il a fondu sur moi tout bec dehors."

Je mime une roulade agile, avant de redresser d'un geste fluide et agile mon bras armé, un sourire carnassier et satisfait sur les lèvres. " TCHAC! , en plus d'éviter habilement son attaque, j'ai transpercé son aile. Mais pas l'temps de s'asseoir sur un début de victoire. Une chasseuse digne de ce nom ne commet pas telle erreur." J'me redresse, opère avec mon arme un arc vers le bas et la plante dans le parquet. Un bruit sourd retentit, accompagnant mes propos. "Aussitôt, je me suis relevée, j'ai retourné mon arme et l'ai plantée dans le sable. Immobilisant ce monstre, pris au dépourvu. Après, j'ai balayé le sol de ma botte. Une volée de sable dans la gueule pour le déstabiliser. Puis, d'un coup de targe brutal j'ai pété son bec, afin de le sonner. Pour pouvoir l'achever en suivant. A l'aide d'une dague harnachée à ma cuisse."

Je récupère l'arme dont le métal est fiché dans le bois du sol d'un geste sec. Offre un sourire assurée et triomphant à Sintharia. Avant de poursuivre. Cette fois, j'me plante devant le lit à baldaquin et l'encadrement qui le compose. Comme devant une entrée invisible.

"A peine essoufflée, j'me suis présentée devant le temple majestueux. Une entrée démesurée me faisait face. Rien qui soit susceptible de m'intimider, évidemment. J'ai pris une grande inspiration." Mon torse se gonfle, comme j'fais pareil à côté. "Et me suis avancée au cœur de la bâtisse avec un sang-froid et une volonté infaillibles. Un paquet de portes se trouvaient là. De la plus sobre aux plus fantasques, composées d'éléments fait d'une magie éternelle."

Je me déplace à nouveau, comme si je scrutait les alentours. Puis me stoppe devant la porte de la chambre. Qu'un grossier individu a défoncé plus tôt. Et pose une main dessus, après avoir rangé arme et bouclier dans le petit sac.

"Celle qui a attiré mon regard représentait une créature majestueuse. Avec un nom à coucher par terre. Soka Oka... Kaora...Machin... Bref, je sais plus. Soka c'tait bien suffisant!" J'opère un demi tour, fait comme si je venais de pénétrer dans un lieu inconnu.

"J'suis entrée et... Et je me suis retrouvée dans une foutue baraque de bourgeois! Ah, j'ai rien compris. La magie des lieux tentait probablement de confusionner mon esprit... Quoi qu'il en soit, je suis restée sur mes gardes. Pis je suis tombée devant un panneau qui indiquait au visiteur de ne pas se présenter les mains libres. J'ai tout de suis pensé que la créature vivant là se délectait de sacrifices humains. Un divin déchu aspirant à se repaître du cœur de ses prétendants invocateurs... "

Dis-je en faisant semblant de m'ôter le palpitant du torse avec un moue douloureuse.

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08/10/2022

Tu veux de l'aventure puisque tu t'ennuies dans ton quotidien.

« Il n'y a rien de mieux que l'absinthe pour se libérer de soi et de ses tracas. » Se souler avec de la liqueur issue de l'herbe des vierges qui signifiait l'absence dans le langage des fleurs, avait une certaine ironie au vu du vécu de la jeune noble. Elle se carrait plus confortablement sur le matelas, jouant encore avec son poignard.

Oui, elle se comprenait, mais ne comprenait que difficilement le monde qui l'entourait, quelle erreur d'être naïve et d'avoir évolué dans une tour d'ivoire ? Ce n'était pas son fait. Même si elle n'était pas contente de se retrouver abandonnée dans cette ville sordide, cette dernière regorgeait de choses surprenantes et elle pouvait parfaire sa soif de découverte. « C'est la première fois que je quitte la capitale en huit ans et non je n'ai jamais été dans un temple. » N'ayant pas d'intérêt à mentir, elle se contentait du factuel. Elle glissait ses yeux sur la narratrice qu'elle avait désignée, véritablement curieuse. Il y avait quelque chose dans son regard, de l'envie ? La courtisane aurait aimé voyager, découvrir le monde, mais tout lui semblait si dangereux et inatteignable.

La vue d'une arme aurait pu faire hurler n'importe quelle demoiselle issue de la noblesse, mais elle avait grandi dans une famille de combattant et initiée aux armes - sans réussite -. Le spectacle était réjouissant pour ses yeux et elle se montrait captivée et attentive par le récit.

Oh, la bourgeoisie aurait pu être un vaste sujet de conversation, ennemie du peuple et des nobles. Ses pensées à ce fait furent rapidement balayées lorsqu'il lui venait une idée charmante et particulièrement romantique. « Ç'aurait pu être un prince. Il est inconvenant d'être invité et d'arriver les mains vides. » Pas dans la bonne histoire, ni le bon roman, dans le monde réel on n’enferme pas des princes dans des temples. Elle se questionnait sur quel genre de créature pouvait parcourir les temples, elles étaient chacune unique et variée, mais quel genre pouvait aimer le luxe ? Elle imaginait une créature ayant vécu au contact de l'Homme, habitué à ses manières, mais sans être de ce monde-ci, mais au final elle n'en savait pas grand-chose. Le cœur ? Ça aurait été tragique, mais hautement symbolique.

Un éclat de rire spontané lui échappait devant l'attitude théâtrale de la guerrière. Si bien qu'elle dut détourner les yeux pour ne pas céder au fou rire. « Vous allez finir par vous faire mal. »

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13/08/2020

⩈ Entre les crocs du Roc ⩈ En porte à faux?

Braith

Sintharia
de Val

Aer, an 59 ⩈ Roc d'Eluan, taverne

Ah! C'tait pas vraiment une question qui attendait d'réponse. Je me doute bien, vu sa tête, qu'elle a jamais fichu les pieds dans un temple. J'dis rien pour autant. Pas bouger de chez soi ainsi, c'pas une vie, vraiment. Tu m'étonnes qu'elle boit pour se sortir les emmerdes de la tête. Même si pour se sortir de soi... Bha! Je comprends. Je suis passée par là, à ma façon. Une autre histoire. Que j'raconte pas vraiment.

Enfin! Je me focalise sur mon récit et ses réactions. Un prince? Le coureur de poules? Ouai, y'a des princes comme ça, faut dire. Note, je connais pas les mœurs de Reyson de Lüh, tiens. J'me gratte le menton distraitement. La tête qui se remplit d'idées indécentes. Les yeux levés au plafond. Momentanément. Avant de revenir à demoiselle.

"C'tait pas franchement un prince. Mais il avait de la gueule, pour sûr! Un renard trois fois plus grand que les Fulmina. Fait de braises et de flammes ondoyantes. Aaah, il avait la classe! Et, à mes côtés, il aurait brillé encore plus! Mais bon..."

J'repose mon barda près de mon sac. Haussant les épaules. C'pas faux, je dois me ménager. Puis revenir sur cet espèce d'échec, qui en était pas vraiment un. Ha... J'sais pas. Ça me fait bizarre. J'aime pas verser dans l'introspection. J'enchaîne vaguement. Le regard fixé sur la table. Dos tourné à la jeune femme. Ma voix calme au départ, se mue en assurance.

"... Disons que ça n'a pas collé. J'suis quelqu'un avec des objectifs clairs. Je sais ce que je veux. Et j'prends le chemin le plus court pour y arriver quand c'est possible." Mon timbre retombe un peu dans des tonalités plus graves, moins affirmées. "Je l'ai évalué comme étant un détour. Alors je suis ressortie sans lui. Qui avait pourtant accepté de se lier à moi."

Pfoua. J'inspire longuement. Expulse ensuite un bref soupir. Stop réfléchir Braith. C'est jamais bon de ressasser. Ou de se remettre en question. Pis c'est trop tard. Et c'pas toi qui va faire marche arrière. Voire admettre que tu t'es plantée, hein? Ouai. C'pas moi...

J'me tourne. Croise mes bras sur ma poitrine. Appuie mes fesses contre le rebord boisé. Et scrute le visage clair.

"Vous faites quoi ici? Y me semble que vous m'aviez parlez d'un rôle à tenir. Vous comptez rester? Avec l'espèce de branquignol louche qui vous accompagne?" C'est forcément quelqu'un de louche. Non? Même si je connais pas l'individu. Puis j'aimerai comprendre. Tant qu'à faire. Pas sortir le nez de sa baraque pendant tant d'années... Pour atterrir ici? J'ai pas la sensation que ce soit prudent. Ni judicieux qu'elle reste là. Je pourrais l'embarquer avec moi pour repartir. Tiens, ouai, pourquoi pas?

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