Au creux de l’écrin immaculé du Temple d’Aer, se trouve une cellule austère, close d’une magnifique et impressionnante porte. Haute de trois hommes bien portant, elle est moins large que grande. Ainsi dirigée et pointant vers le ciel tel le sommet d’un pic neigeux en plein hiver. Finement modelée dans ce qui semble être de l’or blanc, ou une pierre opalescente d’une rare préciosité. Lisse et sans aucune aspérité, sa forme se voûte largement. Pour la décorer, de nombreuses volutes en relief enlacent son encadrement. On pourrait y discerner le symbole d’Aer, mais surtout le vent lui-même. Son contact est plus froid qu’une pierre et moins que la glace. Il suffit à l’ouvrir, car aucune poignée n’entrave sa lisse et inébranlable perfection. Même aucune lame ne pourrait la blesser.

Ainsi, dès qu’on l’effleure d’un contact au moins aussi chaud que la peau, elle tremble légèrement, entrainant le sol autour d’elle. L’instant suivant, un sillon central la sépare en deux parties qui s’éloignent l’une de l’autre dans un silence déconcertant. L’ouverture laisse aisément passer les plus fins, mais force les plus imposants à s’imbriquer de côté. Une fois passée, elle se referme et peu importe que l’on essai, elle ne se rouvre point.

Quand l’humain fait face à la cellule, c’est la véritable qui s’offre à lui. De pierre grise, simpliste, carrée. Pour seul élément dénotant, une aspérité en haut d’un de ses très hauts murs, longue d’un mètre au moins. Comme la branche d’un arbre mort depuis des siècles au moins. Elle semble donner sur une petite ouverture, mais de sa place, l’humain s’étant aventurer jusqu’ici ne discernera rien. En revanche, des effluves macabres s’inviteront à la porte de ses narines. Non loin, un tas de cadavres plus ou moins vieux se tient là. Certains le sont inévitablement. A l’état de squelette, le doute est impossible. Ils forment le linceul des plus récents, dont le placé plus haut à l’air particulièrement frais. Ses blessures laissent deviner de multiples lacérations.

De l’autre côté, un tas de ce qui pourrait être des babioles si l’attention est pauvre. Pourtant, un grand nombre d’objet précieux s’y accumulent. Des bijoux, des pierres, des tsuris, des couverts d’argent, des armes. Il y aussi toutes sortes d’artefacts, faits mains ou non. Difficile de juger sans s’en approcher. Le silence est de mise, l’écho des pas de l’humain aussi. La cellule semble vide de toute vie. Pourtant, si celui-ci s’aventure à toucher quoi que ce soit, il sera projeté violemment ailleurs qu’ici. Et s’il ne fait rien, passé de longues minutes, il le sera tout autant.

≋ Thème ≋

Une force l’entraine, le malmène en tout sens, dans ce qui semble être un néant opalescent. La puissance de cette magie l’attire jusqu’au milieu d’une plaine enneigée. Vaste. Infinie. Et immédiatement à son arrivée, une violente tempête se lève et brouille toute visibilité. Elle est considérablement puissante et ralentis nettement la moindre avancée. Son froid glacial mord la peau et gèle les plus fines. L’hypothermie n’est probablement pas loin pour qui n’est pas suffisamment paré. Il faudra pourtant avancer. Mais vers où ? Quelques arbres endormis ponctuent le chemin. Ils pourront être des alliées de taille quand le souffle sera trop fort. Puis enfin au loin, beaucoup de pas plus loin, une lueur semble embrasée, à l’image des flambeaux providentiels de Kelder. Elle est solitaire, mais bien là à attendre qu’on traverse la tempête pour la rejoindre.

HRP:

La puissance du souffle d'Aer ne désempli guère, voir s'intensifie peut-être, l'instant où Markus aperçoit la lumière. De manière infime dans un premier temps, mais croissante à mesure qu'il avance dans le vent. Le froid, lui, essaye de se faire plus mordant depuis qu'il a avalé une gélule pour s'en prémunir. Sans grand succès, malheureusement.

Ce qu'il pourra noter, en revanche, c'est la distance qui le sépare de la flambée. Elle est également presque inerte, à peine balancée par la force d'Aer, ce qui peut paraître étrange, même pour un œil peu avisé. Ce qui l'est davantage, c'est qu'elle s'éloigne autant qu'il s'avance. Ses pas ne l'en rapproche ni ne l'en éloigne. Un but dont il mettra le temps nécessaire, à saisir l'inaccessibilité.

C'est à cet instant que, dans son dos, apparaît un énorme volatile d'un blanc se confondant avec la tempête. Impossible d'avoir perçu son approche, le silence qui accompagne son vol est absolu. Il notera, cependant, sa présence par une de ses énormes serres qui le saisi brutalement, la courbe de ses griffes transperçant son armure et sa chair sans retenue. A l'état de misérable proie, il pourra bien essayé de s'en défaire, sans succès. Au contraire, sa contrainte n'en sera que plus intense.

Un puissant battement d'aile et le vol prends de la hauteur. Le volatile s'amuse déjà avec son butin. Il le jette en l'air, le rattrape de ses griffes plantées, picore de toute part. Puis recommence. Plus son jeu avance, plus l'armure quitte le propriétaire, par morceau arrachés. Les attaques n'en sont que plus terribles et douloureuses, ainsi à la merci de son bec et de ses griffes acérées. Si quelques morceaux se détachent du corps, ça n'est que par inadvertance. L'intention n'est, ici, pas de tuer.

Si Markus rétorque, cela n'aura évidemment que peu d'effet, si ce n'est quelques cris de l'immense oiseau. Il n'a guère l'intention de le lâcher, pas si vite. On peut supposer que le jeu s'achèvera, quand il l'aura décidé...

Le petit jeu sadique entre le chasseur et la souris perdure jusqu'à ce que la résistance de la victime cède sous les serres de son bourreau. Comme une corde qui s'effiloche à force de la tirer, elle finit par craquer et l'homme, aussi imposant qu'il soit, fini lui aussi par se laisser prendre. Certains résistent davantage, mais meurt plus rapidement. D'autres craquent dès les premiers instants. Pour cette fois-ci, la grande chouette avait pu se divertir suffisamment, mais malgré tout, la fin attire toujours avec elle son lot de mécontentement.

Comme un vulgaire cadavre, la prédatrice dépose sa proie au sol avec bien peu de sollicitude avant de s'envoler au loin d'un puissant battement d'aile, soulevant la neige qui bat le corps inerte. Le froid ambiant n'aidera pas à accélérer son réveil.

Le temps passe. Combien exactement ? Difficile à dire vrai. Le prétendant à la puissance d'un demi-dieu des vents retrouve conscience au milieu d'une pièce chaleureuse, semblant faire partie d'une bâtisse en bois, telle un refuge au milieu d'une montagne enneigée. La tempête s'est à peine apaisée, on l'entend nettement siffler entre les planches. Il est là, allongé sur une table large au centre, défait de son armure et d'un maximum de tissu. Il trouve le confort approximatif d'un linge plié sous sa tête et s’apercevra bien vite que ses blessures étaient particulièrement graves. Son sang nappe la table sous son dos et tapisse le sol. Pourtant, la douleur semble de moindre proportion. Ses plaies ont été lavées, la plupart bandées. Les plus profondes, qui mériterait d'être fermées, paraissent attendre leur traitement.

La pièce dans laquelle il se repose ne paye pas de mine. Une petite cheminée allumée offre un peu de réconfort et la seule fenêtre qui donne sur l'extérieur est glacée. Un établi recouvert d'onguent et d'herbe en tout genre se trouve un peu plus loin. Il n'y a que quelques bruits sourds, passant à travers la porte entre ouverte, témoignage d'une activité probablement humaine. Peut-être la personne qui a pris soin de lui.

Si il essaye, et même si ses blessures ont été pansées, la douleur le clouera à la table. Mais gaillard comme il est, il pourrait peut-être passer outre, si sa force le lui permet. Avant qu'il ne tente quoi que ce soit d'inconsidéré, la porte grince et s'ouvre lentement sur une présence discrète. Un miaulement perce le relatif silence de sa solitude.

Si le prétendant est parvenu à s'asseoir, le félin s'approchera avant de se frotter à ses jambes avant de bondir sur la table d'un saut leste. Si l'homme est encore couché, il y sautera également. Trouvant une place près de sa main, le félin s’assoit avec grâce et fixe le blessée en ronronnant mélodieusement. Ses yeux ronds, d'un bleu gris, semblent amicaux et son pelage crème, à peine tacheté, long et dense appelle à la caresse. Si l'homme ne fait pas le premier pas, il en quémandera en frottant sa tête contre sa main.

Chat:

Les ronronnements du félin percent rapidement le silence ambiant dès lors que l’homme glisse sa main dans son pelage. L’animal semble prendre un plaisir non dissimulé à quémander d’autres caresses, à chaque impulsion qu’il donne à son crâne qui se love au creux de la grande paume. L’instant s’étire sur de longues secondes, chacun profite à son niveau et le chat miaule mélodieusement si la prochaine caresse se fait trop attendre.

A la question du guerrier, il s’assoit gracieusement un instant et ronronne plus discrètement. Il fini par quitter la table d’un bon agile avant de quitter la pièce par l’entrebâillement qu’il avait emprunté plus tôt, l’ouvrant un peu plus alors. De nouvelles secondes s’écoulent, les bruits au-delà se rapprochent et des pas légers se distinguent.

Un main délicate saisie la porte avant de l’ouvrir en plus grand, dévoilant alors une femme à l’allure sérieuse et à la chevelure corbeau ondulante. Les lueurs du brasier caresse sa peau dorée et ses yeux cristallins se déposent sur le blessé. Un fin sourire, d’abord étonné, cueille ses lèvres empourprées alors qu’elle incline la tête avec intérêt. Une voix suave s’en libère.

" Vous êtes réveillé. "

Le regard du guerrier s'attarderait peut-être sur les dorures qui habillent sa chevelure, de facture minutieuse, mais c'était dans sa main qu'elle tenait ce dont il avait envie. Un grand verre en bois rempli d'eau. Elle s’approche alors d’une démarche transpirante de féminité, sans exubérance. Vêtue d’une robe violine qui glisse sur le sol et épouse ses courbes, son décolleté ouvert sur une belle poitrine attirerait des regards même désintéressés.

Quelques pas lui suffisent pour rejoindre la première table sur laquelle elle dépose le verre, avant de rejoindre la deuxième alors que ses yeux se perdent sur le corps saillant et meurtris. Sa main effleure à peine le bras bandé, jusqu’à atteindre une première blessure. La réaction de l’homme lui permettra de jauger la douleur encore présente. Son visage pivote lentement vers celui de son patient avant que son regard ne s’invite dans le sien.

" Je vais finir de panser tout ça. "

Un nouveau sourire ponctue ses mots, accompagné d’une lueur particulière au fond de ses prunelles avant de s'en détourner pour désigner d'un geste de la tête le verre qu'elle venait de déposer.

" Je vous ai apporté de l’eau. "

Elle lui tend alors une main aidante s’il en exprime le besoin pour se redresser et s’il lui refuse, elle irait directement saisir le verre pour lui offrir. L’intérêt dans ses yeux était évident alors qu’ils glissaient sur le guerrier. Il était pourtant difficile d’en cerner la réelle nature, ses prochains mots exprimant un sentiment proche de l’admiration.

" Il est rare de survivre à de pareilles blessures. J’ai l’impression que vous avez croisé les serres du grand oiseau blanc. "