Bien que la nuit fut claire ce soir là, la visibilité à l'extérieur du brouillard n'en était pas simple pour autant. On entendait au loin le cri de guerre de l'adjudant brisant la nuit.

Sylvain Courtois gémissait et grimaçait de douleur. Il avait perdu tout son entrain et semblait souffrir le martyr. Il regarda à peine le jeune soigneur apparaître, s'extripant du brouillard jusqu'à lui. C'était son dos qui le faisait souffrir tant la projection contre le chariot avait été violente.

Quelques instants plus tard, juste après que la centaure ne s'évade du brouillard, un vent venant d'un griffon dans le ciel émoussa le brouillard, n'étant plus qu'à l'état de brume. Une bourrasque, d'où s'était projetté en l'air un dragon venant de l'arrière du convoi, l'avait déjà presque totalement dissipée.

Pendant ce temps, l'un des brigands avait été arrêté, à l'ouest, par le comte Katar. Il gémissa d'abord un instant, bloqué sous les sabots de l'homme. Il tenta de s'extirper pendant un instant, sans grand résultat. Ne pouvant même se retourner pour faire face à son assaillant, il se contenta de tourner son visage un maximum pour se faire entendre. « Je suis un homme mort maintenant. Et je sers Wrath le Ravageur, celui qui fera plier les dirigeants de ce nouveau-monde ! Tue moi maintenant ! Mieux vaut mourir de ta main que de la sienne. » Sa propagande faite, il ne dirait plus rien après ça.

L'oiseau bleu au dessus des têtes n'avait pu éviter complètement la flèche de la centaure, elle avait visiblement touchée sa cible, à l'épaule, qui perdit une instant de son équilibre, fendant l'air de son cri strident de douleur. La seconde d'après, il évita de justesse un éclair puissant et crépitant provenant d'un dragon blanc sans aile, posté dans le ciel. Illuminant la zone, le carnage de l'attaque était évident.

Le chariot du milieu avait reçu le premier mégalith de plein fouet, ayant été complètement détruit au passage. On pouvait voir quelques corps gisants sous l'énorme rocher. Le lion de pierre le tirant était mal en point, pouvant à peine se tenir sur ses pattes. A côté de lui, inquiète, se trouvait la milicienne à la peau brune qui dirigeait le chariot de queue.

Au sol, en dessous du dragon, un faisceau lumineux provenant d'une grande bête se chargeait. L'éclair quant à lui frappa le sol dans un bruit sourd. Le Golem avait disparu juste avant de le recevoir, en un instant. Arrivant sur sa position, l'adjudant stoppa brutalement sa monture de Demi-Dieu, qui hénis bruyamment pendant qu'il cabrait. Tout se stoppa net, pendant de lourdes secondes d'incompréhesion. L'adjudant resta ainsi, immobile et muet. C'est enfin l'oiseau qui le sortit de sa torpeur.

Celui-ci avait accéléré son vol pour retrouver un premier brigand qu'il attrapa entre ses serres avant de se diriger vers un deuxième, avec qui il fit de même. Après quoi il créa une violente tornade  projettée vers le convoi déjà très affaiblis. Puis il entreprit de prendre la fuite.

On entendit alors l'adjudant crier à ses hommes d'attraper le brigands qui courraient encore sur la plaine. Lui se mit à galoper pour rejoindre le convoi avant d'ordonner à son invocation de créer un rampart de ronces entre la tornade et le convoi. S'éxécutant , la tornade se scinda en deux puissants vents qui continuèrent leur route vers l'avant et l'arrière de la procession. Pendant ce temps les Gardes Dorés lancèrent leur variquans sur les traces de celui parti vers le nord-est. Ceux partis au sud et sud-est avait été attrapé par l'oiseau.

La milicienne à la peau brune avait rejoint le chariot de tête. Observant en quelques secondes la situation, elle aida d'abord Jonas Serra à descendre du chariot avant de retrouver Sylvain et le soigneur à ses côtés. S'agenouillant auprès d'eux, elle allait s'adresser au soigneur. Le sifflement puissant de la bourrasque se dirigeant vers eux l'a fit se tourner vers l'est. C'est alors que Sylvain Courtois s'écria :

" Ashur ! Protèges nous !! " "

Des pas lourds se rapprochait rapidement en la présence de l'énorme pachyderme qui était en queue de peloton. Il se plaça alors en travers de la trajectoire du vent, ainsi prêt à protéger le premier chariot dans sa totalité, ainsi que ceux se trouvant derrière lui.

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Les ennuis ne semblaient ne jamais en finir et tandis que tout le monde semblait déserter la procession pour se disperser à la poursuite d'ennemis isolés, Simon grinçait des dents aux côtés des blessés et du guérisseur accompagné de son invocation. Malaise, sa rapière dorée, n'était pas encore dégainée mais sa main semblait prête à tout moment à faire glisser la lame hors de sa protection. Effrayé par les décharnements surnaturels des créatures alentours, il essaya de garder contenance en surveillant les alentours, contemplant avec une horreur grandissante le tourbillon grandissant qui se divisa afin de les prendre en tenailles.

Voyant leur cocher contenir avec son invocation l'une des deux bourrasques, Simon pivota le plus vite possible en direction du chariot en queue de file. Restait-il assez de gens à bord capables de se battre ? De quel chariot venait la femme qui les avait rejoint déjà ? Y avait-il encore des civils non protégés ? Le monstre de foudre et ses semblables étaient ils encore proche du convois ?

Les interrogations le confrontèrent à une conclusion difficile à avaler : il ne serait de toute façon pas assez rapide et ne pourrait rien faire seul pour les aider. Déglutissant difficilement, il chercha en vain le réconfort de Minarîa à ses côtés. Aucune des possibilités d'action ne semblait avoir d'impact face à la grandeur des événements et au contact, il serait moins efficace que l'invocation de glace pour protéger les restes du convois. Se résignant à éviter d'être inutile pour les autres, Simon se contenta de regarder bêtement la scène à la recherche d'une quelconque utilité.