L'éclat de l'ambre

22/03/2018

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L'éclat de l'ambre

Le temps était donc venu. Son nom résonnait dans ma tête, Kris et Akelar. Cependant, j'avais fais le choix intérieur de l'appeler Kris, à moins qu'un jour il ne me demande le contraire. Ceci fait, il était maintenant temps. Je sentais mon cœur s'emballer et ma respiration se rompre. Mes yeux étaient rivés sur lui alors qu'il approchait de la porte d'entrée qui, aujourd'hui, était celle de sortie. Quelques secondes s'étaient écoulées avant que mon arrière train ne se décide enfin à se lever. Mes pas lents suivaient ceux de Kris, ils étaient pourtant hésitants. Comme à chaque sortie, tout me paraissait irréel et je ne pouvais m'empêcher d'observer les murs qui m'avaient entourés si longtemps. J'approchais de la sortie avec une nervosité palpable et m'arrêtais finalement, au pied de la porte, portant un dernier regard en arrière. Puis, prenant une grande respiration, je me détournais enfin de cette pièce qui perdit soudain sa luminosité tamisée quand je la quittais.

Nos pas nous menèrent, dans un long silence, vers la sortie du Temple d'Ignis. Le soleil me parvint brutalement, m'obligeant à fermer les yeux mais que cela était bon. Je m'efforçais d'entrouvrir mes paupières pour profiter de cette lumière aveuglante. Puis enfin sortis, c'était la chaleur qui vint frapper mon pelage. Je soupirais alors d'aise et de soulagement. Qu'il était bon de sentir à nouveau la chaleur de mon Pères. Si elle pouvait être des plus pesantes pour la plupart, elle était pour moins une source de vitalité inconditionnelle.

C'est alors, qu'au détour d'un regard, je voyais Kris, mon humain, monter les marches qui gravissaient jusqu'à très haut le Temple. Je pris alors quelques instants pour l'observer, ce majestueux Temple. Il y a longtemps que je n'avais pu l'observer de l'extérieur et j'y voyais quelques traces du temps passés. Il fallait que je sache dans quel temps nous nous trouvions, mais chaque chose en sont temps. J'emboitais les pas de Kris et montait les marches avec souplesse, profitant de cette puissante lumière couvrant mon corps tout entier.

Arrivé au somment, la beauté de la vue me stoppa nette. Je n'avais jamais pris le temps de me retrouver à cet endroit précis et je ne pouvais que remercier Kris ne m'y avoir amené en ce jour. Je m'approchais alors, distraitement, de mon humain jusqu'à me retrouver non loin de lui, à ses côtés. Je ne pouvais alors détourner mes yeux de cette mer ambrée qui m'avait tant manqué. Je m'asseyais alors avant de me coucher, laissant pendre le bout de mes pattes avant dans le vide. Puis je fermais les yeux, souhait ardemment profiter de l'instant. Je relevais ma tête vers le soleil et la remuais tranquillement, comme pour faire profiter à chacun de mes poils de la chaleur de l'instant.

J'entendais alors la voix de Kris, presque lointaine tant j'étais happé par le confort de ma position. Ouvrant à demi mes paupières, je tournais doucement ma tête et posait avec douceur mon regard sur mon humain.

“ Sarabi. ”

Je l'écoutais ensuite avec intérêt. A ces mots, j'observais à nouveau le Désert, prête à en arpenter le moindre grain de sable; guidant mon regard là où pointait son doigt. Il me questionna ensuite. Ne quittant pas notre objectif des yeux, mon regard était doux, les paupières à demi ouvertes et ma voix était calme, à l'image d'une conteuse.

“ Je l'ai rencontré à trois reprises, en des temps très différents. Ma dernière sortie s'est faite durant le règne du Roi Aspéra, je ne sais combien d'années se sont écoulés depuis. ”

J'orientais alors mon regard vers lui, presque rapidement car la question me brûlais les lèvres. Il me fallait connaitre en quelle année nous étions, pas simplement par intérêt, mais surtout car je voulais savoir ou nous nous situions par rapport à Valion, ce petit lion. J'avais perdu la notion du temps entre les murs de ma cellule, à tel point que même si mon impression me soufflait que j'avais rencontré Valion il y a peu, je ne pouvais en être totalement sûre. Malgré cela, cette intention resterait pour l'instant muette auprès de Kris, le temps viendrait peut-être où j'aurais l'occasion de le revoir, mais pour l'heure, il y avait d'autre choses en jeu.

“ En quelle année somme nous ? ”

J'attendais avec impatience sa réponse et quand elle fut prononcé, je ne pouvais empêcher une certain soulagement de poindre le bout de son nez. Je dirigeais à nouveau mon regard vers la forêt qu'il m'avait précédemment désignée, calme et sereine.

“ J'ai hâte de retrouver les œuvres de Terra. Et merci à toi de m'avoir amené ici, je n'aurais pu espérer meilleure vision pour débuter cette nouvelle vie. ”

Je finissais mes paroles en retrouvant son regard, dans lequel se plongeaient mes yeux cristallins, reflétant la lumière du soleil, les rendant ainsi presque translucide. J'avais hâte d'arpenter le monde, à nouveau et j'étais heureuse à cet instant, d'en avoir l'opportunité.

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Doucement, au fur-et-à-mesure des mes bouchées, je ressentais les effets bénéfiques de ce fruit en rien goûteux. Après quelques minutes, l’étouffante chaleur du lieu devenait presque supportable et je pus me détendre en admirant le paysage, profitant de la légère brise que la prise de hauteur nous donnait. Silencieux, j’observai du coin de l’oeil la divinité s’étant allongée confortablement. De toute évidence, elle savourait l’instant. Retrouver la liberté, mais surtout la douce chaleur des rayons solaires, restait le plus agréables des instants pour un Enfant d’Ignis. Et je lui devais bien. Non pas parce qu’elle m’avait choisie, mais pour ce qui l’attendait à avoir fait ce choix. Sa vie n’allait pas être de tout repos. Beaucoup allait lui être demandé.

De sa voix calme et apaisante, elle m’informa de ses précédentes libérations. La dernière remontait à bien longtemps. Je ne saurai dire combien exactement étant donné que je n’avais pas eu l’occasion d’obtenir l’achèvement de mon éducation, mais l’ère de l’ancien Roi remontait déjà à bien avant ma naissance. Par chance, elle désirait pour seule détail l’année en cours. Je lui fis donc l’annonce de cette cinquante-neuvième années venant tout juste de débuter avec le Festival de Terra une dizaine de jours plus tôt. Cela lui procura une étrange satisfaction avant qu’elle ne me remercie pour cet instant. Un sourire sincère lui répondis, avant que je ne reprenne une bouchée en laissant mon regard se perdre sur l’horizon si vaste. C’est vrai que l’instant était bon. Le temps semblait s’arrêter ici. On était si loin de tout. Oui. Il fallait en profiter, car lorsque nous redescendrons, nous ne serons plus de simples spectateurs.

- Je suis heureux que cette vue te plaise. Nous n’allons malheureusement pas pouvoir y rester longtemps. Si mes informations sont bonnes, le village est à plusieurs heures de marches. Le temps de l’atteindre, il nous sera impossible de reprendre aussitôt la route, étant donné que la nuit commencera certainement à tomber.

Cela était malheureusement vrai. Démuni de montures, nous allions mettre beaucoup trop de temps à franchir les distances. Et traverser le désert de nuit relevait du suicide, même avec une divinité. Si seulement je n’avais pas était idiot à ne pas prévoir davantage de Tsuris pour le voyage. Enfin. Cela n’allait être qu’un contre-temps et nous laissera de quoi faire plus amples connaissances. Mon amer festin terminé, je me redressai et invitait Sarabi à me suivre. Les marches furent rapidement descendu et, une fois passé les marchands cherchant à nous vendre vivres et pendentifs en tout genre, nous nous lancions dans la marche en destination de Skart. Après quelques minutes, je tournai mon regard vers le siens dont la transparence hypnotique perdurait.

- Je vais devoir t’ordonner de tenir au secret ce que je te dirai, et de ne jamais faire quoi que ce soit qui puisse me causer un quelconque tort. L’entrée en matière n’était pas des plus délicates, mais le calme de ma voix tentait de ne pas rendre cela plus potentiellement injuriant que nécessaire Pardonne ces mots, mais j’ai connu nombreuses divinités avant toi et c’est hélas une nécessité. Tentai-je de m’expliquer avant de poursuivre Je pense que nous avons besoin d’apprendre à nous connaître afin d’assurer un avenir à notre Pacte. Dis-moi. Qui es-tu, Sarabi, Fille de la Flamme ?

Dernière édition par Kris le Jeu 12 Avr 2018, 22:42, édité 2 fois

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22/03/2018

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L'éclat de l'ambre

C'était avec grand regret que je l'entendait m'informer que nous allions devoir quitter cette magnifique vue sous peu. Mais c'était à prévoir, il ne m'avait pas libéré pour rester planter là après tout. Alors sans broncher et dès qu'il se leva, je le suivais tout en bas des marches, me calant sur son rythme plutôt rapide cette fois-ci. Mes pas eux étaient toujours des plus silencieux, à presque se demander si j'étais bien derrière lui.

Nous avons alors croisés plusieurs autres humains, paré pour la chaleur de l'endroit. Ils cherchaient visiblement à nous vendre leur marchandises que je ne pouvais m'empêcher d'observer avec curiosité. Voilà longtemps que je n'avais vu denrées et objets humains, je dois dire que ces derniers avaient toujours su gagner ma curiosité. Pourtant, l'heure n'étais pas à ça visiblement car Kris lui, ne leur accorda presque aucun regard. Ma curiosité m'ayant ralentis et creusé un petit écart entre lui et moi, j'accélérais mes pas, trottinant avant de le rejoindre.

Les premiers temps furent quelques peu silencieux, me permettant ainsi d'observer les alentours infinis du désert, le soleil réchauffant mon pelage et lui redonnant un peu d'éclat, trop longtemps terni par l'ombre de ma cellule. Je respirais avec gaité jusqu'à ce que ce petit moment de détente soit interrompu par la voix de mon Libérateur. J'agitais alors ma tête, lui indiquant qu'il n'avait pas à s'en faire.

“ Même si tu n'a rien à craindre de moi, prendre ses précautions reste indispensable, on ne se connait pas encore après tout. ”

Même si j'avais bien l'intention que cela change avec le temps, je ne lui tenais absolument pas rigueur de m'ordonner une telle chose. Même si il pouvait complètement me faire confiance, il m'apparaissait ainsi comme un humain précautionneux et intelligent. Toujours aussi lucide que pendant mon épreuve. Après tout, c'était une des qualités qui m'avait fait le choisir, alors il serait illogique de lui en vouloir d'agir en ce sens.

Puis il continua, me posant une question qui ressemblait étrangement à l'entrée en matière de mon épreuve. Je plissais un peu les yeux, esquissant ce qui pouvait ressembler à un sourire avant de perdre mon regard au loin vers l'horizon. Confronté à la difficulté d'une telle question, je ne pouvais faire autrement que me concentrer pour y répondre, aussi bien que lui il y a quelques temps.

“ Comme tu le sais peut-être, nous autres avons été crée par les Dieux dans le seul but de prendre soin de la nature, par tous les aspects possibles et inimaginable. Pour ma part, j'étais la "Veilleuse des Délaissés" aussi plus simplement nommée "mère nourricière". Je prenais ainsi sous mon aile les félins abandonnés par leur troupeau, qu'il soit trop fragile, malade, déformés ou même trop vieux. Je les soignais, les éduquais, les nourrissais et les renforçais. Jusqu'à leur permettre de retrouver leur semblables, au sein desquels je me glissais le temps que tout le monde s'adapte à la situation. ”

Je marquais alors un léger silence, laissant mon regard retrouver celui de Kris quelques instants avant qu'il ne se perde à nouveau dans l'horizon, davantage froncés.

“ Tu ne vois peut-être pas où je veux en venir, mais en réalité mon être et mon existence tournent autour de cette ancienne vérité. Pour répondre à un tel rôle, il faut être doué d'un certain caractère qui seront simples à deviner. Mes vies dans ce Nouveau Monde se sont fait également écho de mon ancien rôle. Car c'est là ma nature, la raison pour laquelle j'ai été créée et celle qui m'a forgée. ”

C'était la simple vérité. Nos pères nous ont façonné pour répondre à un rôle en particulier. Le mien nécessitait de la bienveillance, de la patience et du dévouement. Mais aussi des talents de chasseuse et d'éducatrice. Et cette simple phrase pouvait résumer ce que j'étais. Elle aurait certainement suffit à répondre à sa question d'ailleurs, mais la profondeur de mon âme ne s'y serait pas manifester.

Mon regard se dirigeait à nouveau vers lui et je l'observais alors, pensive. C'était un humain prometteur et pourtant, je n'avais aucune idée de notre avenir ensemble. Mais soudainement, une question piqua mes pensées.

“ Mais dis moi ? Tu n'a pas l'air de subir la lourdeur du désert. Est-ce que ça aurait quelque chose à voir avec ce que tu as manger tout à l'heure ? ”

Entre curiosité et inquiétude, mon interrogation était toute naturelle et pleine de bonne volonté. J'attendais alors sa réponse qui ne manquerait certainement pas de me surprendre. Quoique, les humains avaient tant de ressources finalement que l'existence d'un aliment les préservant de la chaleur ne serait pas étonnant.

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Akelar Katar

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Le calme de sa voix apportait une certaine sérénité à parler avec elle, à l’instar des discussions que je pouvais avoir avec Shanimir. Ses mots, quant à eux, amenaient un sagesse tant recherchée chez les Enfants d’Aqua. Il n’y avait en elle aucun égo mal placé, qui se laisserait séduire par une mauvaise interprétation des faits. Bien au contraire. En écoutant son récit, je commençai à mieux cerner l’esprit qui sommeillait depuis des années et que je venais de libérer. Durant l’Epreuve, j’avais mal interpréter sa bonté. Ce n’était pas une Invocation du Bien, mais une protectrice. La différence étant, qu’elle pouvait être la plus douce des Subalternes comme devenir la plus féroce en un instant, si l’un de ces « Délaissés » venait à se retrouver menacer. Une nuance fortement appréciée. Si un jour, elle venait à m’accorder le même désir de surveillance, alors je ne craindrai plus aucun homme. Peut-être même, aucune divinité.

Si elle semblait en rien affectée, mes pas eux se trouvaient de plus en plus difficiles à faire. Le terrain plat entourant le Temple trouvait sa fin, nous obligeant à grimper l’un des milliers de vagues de cette mer asséchée. Alors que nous atteignons le sommet, je profitai de la hauteur pour vérifier notre cap. Se perdre au sein de cette région était un suicide assuré. D’après l’axe solaire, nous n’étions pas sur une mauvaise route, bien qu’elle restait grossièrement tracée de base. C’est à cet instant qu’elle me posa une question fort étrange, qui me fit esquisser un sourire. Ses précédentes vies l’avaient menées hors de sa Cellule, mais beaucoup lui restait à apprendre.

- Il s’agit de.. De.. Machin noir. Répondis-je après avoir vainement tenté de me rappeler le nom compliqué de ce fruit en le sortant Il est récolté et vendu pour sa capacité à réguler la température de notre organisme. Ne me demande pas le procédé, je n’en ai aucune idée. Mais ça parvient à nous faire supporter les grandes chaleurs, ou les plus bases. Du moins. Ca aide.

Je rangeais le fruit après lui avoir montré, récupérant à la place ma gourde que je venais récemment d’acquérir afin de la vider de deux gorgées. L’étouffante atmosphère était certes plus supportable, mais elle n’en perdait pas sa dangerosité. En n’ayant pas les bonnes habitudes, il me serait facile d’oublier d’hydrater correctement mon corps ou de me protéger des rayons. Déshydratation et insolation, voila qui étaient les fourbes ennemis mortel du Désert. Je remis donc ma capuche sur ma tête après avoir rangé ma seule source d’eau. Reprenant la marche pour ne perdre aucune précieuse minute, je tournai mon regard vers le siens.

- J’aimerai que tu me racontes tes vies passées L’informai-je avant de préciser Qui furent tes Libérateurs et ce que vous avez accomplis ensemble jusqu’à votre séparation.

Dernière édition par Kris le Mar 17 Avr 2018, 16:12, édité 1 fois

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22/03/2018

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L'éclat de l'ambre

Nous entamions l'ascension de la première dune, je sentais le sable grimper sur mes pattes. La chaleur de ses grains parcourant mon pelage était un petit bonheur fort agréable auquel je ne pu pourtant me vouer complètement. J'observais discrètement mon Libérateur peiner à gravir cette vague. L'inquiétude pouvait alors se lire au plus profond de mes yeux, mon âme souhaitais à l'instant me positionner derrière lui et l'aider à surmonter cette dune, mais j'avais alors un énorme doute. Je craignais de l'offusquer, d'une quelconque manière. Je ne le connaissais pas assez pour savoir si il était du genre à accepter une patte tendue. J'en apprendrais suffisamment plus tard, je l'espérais, pour l'heure, j'essayais de réfréner mon ardente bienveillance.

Une fois ses explications donné, à propos du "machin noir" qu'il avait précédemment ingurgité, Kris me questionna sur mes vies passées aux côtés des humains. Comme tout à l'heure, je sentais le pacte œuvrer, rien qu'avec cette demande insignifiante. Ce n'était pas une contrainte de lui répondre, mais il ne faisait aucun doute que je ne pourrais pas m'y refuser. Alors, continuant sur notre lancée, je lui répondais tout en continuant de le surveiller du coin de l’œil. Je n'étais jamais trop prudente.

“ Mon premier Libérateur se nommait Néïm. Natif du peuple du Feu, je m'en suis remise à lui durant la Rébellion Ardente. Il faisait parti des orateurs galvanisant les rebelles avant une bataille. Mais il était aussi un idéaliste très peu prudent. Nous avons combattu le Peuple de l'Eau à maintes reprises, mais comme tu le sais peut-être, nous avons échoué dans la reconquête de nos Terres. Notre pacte fut aussi intense que bref dans de telles conditions puisqu'il succomba durant sa dernière bataille. ”

Je prenais douloureusement conscience que ces vies, bien que très anciennes, m'appartenaient tout autant que celle qui je m'apprêtais à vivre avec Kris. Je parlais de "nos" Terres comme si j'y étais encore. Mais ce n'était que le reflet de l'investissement dont j'avais pu faire preuve. Pourtant, l'évocation de la perte de Néïm me fit baisser la tête. Il était clair pour moi que j'avais faillis à mon devoir de protection. Marquant un court temps de silence, laissant mes souvenirs vagabonder entre mélancolie et culpabilité, je me redressais pour poursuivre.

“ J'ai ensuite choisis de servir Joham plusieurs décennies plus tard. Il était un fabuleux père de famille, autoritaire, aimant et juste. Lui et sa famille était originaires du Désert. Il m'a libéré juste avant de quitter la région pour trouver des terres cultivables et subvenir convenablement aux besoins des siens. Nous avons rejoins un petit village près de la Rivière Blanche où j'ai œuvré pour lui presque entièrement comme je le faisant dans l'ancien monde. Je chassais et cuisait leur nourriture, les protégeait du froid l'hiver, repoussais les monstres qui menaçaient le village et soutenais sa femme dans l'éducation de ses enfants. Nous avons vécu une belle et longue vie jusqu'à ce que la vieillesse l'emporte. ”

J'inspirais profondément repensant à ce que j'avais accomplis pour Joham. A contrario de ma première vie, au cours de celle-ci j'avais plutôt bien fait mon travail, lui permettant de vivre une vie aussi longue que possible. Je me rendais alors compte qu'ils me manquaient tous, j'avais noué avec eux un lien aussi particulier que ce que mon ancien rôle m'offrais. Très différent de la suite.

“ Mon troisième et dernier Libérateur, avant toi, répondait au nom de Bore. Il était un des sous-fifre du Roi Aspéra. C'était un "chef de guerre" impitoyable, une main de fer dans un gant de fer. Bien que ses méthodes étaient parfois discutable, il n'en était pas moins un chef respecté et doué, près à faire de lourd sacrifice. Je suis resté à ses côtés, faisant régner l'ordre, jusqu'au soulèvement du peuple contre le Roi. Là, nous avons défendu avec férocité ce qui avait prit tant de temps à s'installer. Jusqu'à ce que Bore succombe à des blessures durant une violente altercation. ”

Nouvel échec. Bien que je ne m'étais pas pris d'affection pour Bore qui était un homme froid et dur, je ne lui devais pas moins qu'à Néïm et Joham. Il avait été mon Libérateur durant une vie et moi, je n'avais pu le protéger d'un mort violente. Cette grande frustration que de n'être plus aussi puissante qu'avant, freiné par les règles, incapable d'agir autant que je le voudrais. C'était peut-être l'aspect le plus terrible de la Punition Divine à mes yeux, ne plus être capable d'autant d'assistance que dans le passé. A cette simple pensée, je sentais une douloureuse crispation tirer mes babines, montrant subtilement mes crocs. Je souffrais de mon impuissance, dans une mesure que je n'avais jamais réellement sondée jusqu'à maintenant.

Mon regard se portait alors vers Kris. Quant était-il de lui ? Il m'avait bien soutenu la nécessité d'une demi-divinité chasseuse. Mais était-ce là le seul rôle qu'il m'accorderait ? Dans quelle mesure pourrais-je l'aider à atteindre ses objectifs ? Et surtout, quels sont-ils ? Tant de question dont il me tardais de découvrir les réponses, mais ma curiosité attendrait qu'il soit prêt à me les révéler.

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Nous devions en être à plus ou moins une demie-heure de marche lorsque l’effet du Tubernacle Noir fit enfin effet, aidé par la distance devenant suffisamment grande avec le Saint Temple. La température de mon corps se trouvait moins victimisée par la chaleur constante du Désert Ambré. Cela était précieux car je devais être en mesure de rationner plus efficacement mon eau désormais. Un gorgée toutes les vingts minutes suffirait certainement. En sachant qu’il nous restait trois bonnes heures, et une vingtaine tout au plus dans la gourde, je devais être en mesure de rejoindre Skart sans en manquer. En espérant néanmoins que ce village abandonné dispose d’un puits pouvant encore être utilisable. Sans quoi, le retour vers Layanne s’annoncerait des plus compliqué. Mais ces préoccupations allaient attendre, car mon attention se focalisa sur les paroles de Sarabi lorsqu’elle répondit à ma demande.

Comme à l’habitude qu’elle semblait prendre, elle m’apporta une réponse des plus précises et complète. Trois libérateurs, pour trois informations utiles. Le premier laissait entendre que combattre au sein d’une rébellion contre un pouvoir en place n’était pas chose difficile à accepter pour la féline rosée, de même que porter l’attaque sur l’un de ses semblables. Après tout, ce « Peuple de l’Eau » devait certainement avoir des divinités dans ses rangs. Une hypothèse hasardeuse mais probablement vraie, en dépit du fait que je n’y entends rien en ce qui concerne l’histoire. C’était sans doute là un point qui pouvait jouer en ma défaveur. Des révolutions, des guerres et des changements de pouvoirs avaient déjà eu lieu par le passé. Connaître les méthodes employées et les causes des échecs ne pouvaient être qu’une corde utile à mon arc. Il me faudrait visiter la Grande Bibliothèque. Ou demander directement à la Subalterne marchant à mes côtés.

Je remarquai alors que son visage trouvait souvent la direction du sable chaud, comme ces enfants fixant leurs souliers de culpabilités. Je voulu alors lui dire qu’elle n’était responsable en rien des fins tragiques de mes prédécesseurs. Mais cela aurait été mentir. Son devoir était de les protéger, alors comment justifier qu’elle n’en avait pas la moindre responsabilité ? Non. Je n’userai pas de mots vides de sens. Il était important d’admettre ses fautes pour en tirer des leçons. Surtout si celles-ci l’amenaient à me garder en vie. Alors qu’elle continuait de me répondre, évoquant un dénommé Joham, je visualisai dans le lointain ce qu’avait dû être cette vie, avec grande facilité. Cela ressemblait grandement à mon enfance. Et à la vie que j’étais sans doute destiné à avoir. Une vie simple, faite de quelques chasses. Une vie longue et paisible. Et alors qu’elle inspirait, c’est un souffle qui s’échappa de mes lèvres. Dommage.

Bore quant à lui, n’amena que la nouvelle que Sarabi pouvait servir un homme combattant un Roi, et ce même si ses méthodes pouvaient être discutables. Un léger sourire se dessina sur le coin de mes lèvres. Quelque part, j’étais un peu des trois. Un idéaliste n’aspirant qu’à une vie paisible au sein d’un chaleureux foyer, marchant pour cela contre un Prince en usant de procédés pouvant être discuté. Le problème dans cette histoire, restait que deux d’entre eux connurent une fin précipitée. Deux chances sur trois de mourir au combat. Voyons si nous pouvions défier cette morbide statistique. Une nouvelle fois, je sentis son doux regard se lever dans ma direction. Le miens se pencha sur elle, songeant à cette fatalité qui voulait se dessiner au loin. Parviendrait-elle à me garder en vie ? Ou échouerait-elle ? Etais-ce Ephylix que je devrai prendre pour les batailles ?

- Peut-être pourrons-nous, un jour, passer par ce village de la Traversée. Lançai-je finalement dans un léger sourire. Je pourrai conclure un accord de commerce avec lui. En te sachant à mes côtés, ils auraient plus facilement confiance. Et toi, tu pourrais peut-être rencontrer l’un de ses descendants sur qui tu as tant veillé. Cela te plairait ?

Je ne pouvais pas la rassurer quant à sa faute, l’évidence m’en empêchait. Cependant, je ne pouvais pas plus continuer de la voir baisser le museau sous le poids de sa conscience. Le passé était hors de ma portée, impossible à changer. Mais peut-être pouvais-je lui permettre de faire la paix avec lui en lui faisant rencontrer une descendance reconnaissante. D’autant plus, si cela amenait nos liens à se renforcer et mes fonds pour la fortification à croître. Néanmoins, encore fallait-il qu’elle y soit disposé. Si cela n’avait en potentiel résultat que de creuser davantage sa peine, nous passerons notre chemin.

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L'éclat de l'ambre

La surprise d'entendre de tels mots foudroya mon cœur d'un sensation étrange. Je me stoppais net alors que mes yeux semblaient avoir perdu toute profondeur, quelques secondes. Sa proposition eu l'effet d'un électrochoc. A la mesure de la promesse que m'avait fait Valion en sortant de ma cellule, c'était là le genre d'attention qui m'étais suffisamment étrangère pour que j'en sois profondément touchée. Je pris donc deux courtes secondes pour imaginer cette éventualité, rencontré un descendant de Joham, espérant que la vie que j'ai partagée avec lui fasse à présent parti de l'histoire de cette famille. Une idée bien égoïste, je le concède et qu'il ne me plaisait pas à penser, mais elle me traversa tout de même l'esprit. Cela me permettrait surtout d'avoir davantage de facilité à créer un nouveau lien avec sa descendance et ça, ça n'avait pas de prix.

Alors, remuant vivement ma tête pour retrouver mes esprits, je trottinais sur quelques pas, rattrapant la courte avance que Kris avait prit. La queue levée, je me sentais plus légère et mes pas étaient plus gais. Retrouvant ceux de Kris, je lui répondais d'une voix qui trahissait mon enthousiasme.

“ Ce serait une formidable occasion, dont je ne te serais jamais suffisamment reconnaissante. ”

Il avait réussis à alléger mon cœur qui s'était perdu dans la lourdeur de la culpabilité. Elle reviendrait certainement, comme elle le faisait toujours, mais pour l'heure, je préférais penser à cette belle éventualité. Et si elle venait à se profiler, il aurait effectivement droit à ma reconnaissance la plus sincère. Il y trouverait, certes, son intérêt et il était impossible pour moi de penser que ce n'était là que pure bienveillance, mais ça l'était suffisamment pour me réchauffer le cœur.

Mais cet élan fut mis rapidement de côté par autre chose, une présence. Je m'arrêtais alors soudainement, figée, la tête haute et les oreilles droites, cherchant le détenteur de la magie que je ressentais en l'instant. Ce n'était pas là quelque chose de très puissante, une magie du feu assez faible. Mais cela faisait suffisamment longtemps que je n'avais rien ressentis de pareil, que l'excitation m'envahissait. Un peu plus loin, je voyais un cactus et plissant les yeux, un petit être m'apparut à ses pieds. Un magmapaud ! Cela faisait si longtemps que je n'en avais pas vu.

N'écoutant que mon instinct, j'accélérais mes pas en sa direction avant de les ralentir quand je m'en approchais. Il était en train de manger, alors je m'approchais discrètement de lui, ne voulant pas le déranger. Je me couchais sur le ventre, ma queue battait le sable. Je posais ma tête sur le sol pour pouvoir apprécier la scène. Le petit Magmapaud se tourna une seconde vers moi avant de reprendre son repas. Quel plaisir de retrouver la vie qui parcourait ce Nouveau Monde.

Mais j'en oubliais mes nouvelles responsabilités. Entendant les pas de Kris, mon oreille droite se tourna vers l'arrière, suivit pas ma tête qui s'était redressée.

“ Excuse moi, ça fait si longtemps que je n'en avais pas vu. Je n'ai pas pu m'en empêcher. ”

Je me doutais que me voir ainsi le quitter, si subitement, avait pu éveiller une certaine surprise. Mais j'espérais vivement qu'il ne m'en tienne pas rigueur, je savais pourtant que je ne pourrais rester éternellement à observer ce petit être. Le temps pressait. Alors je commençais à me relever pour rejoindre Kris et le chemin que nous empruntions.

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Un fin sourire se dessina alors que ma proposition semblait avoir eu son effet. La culpabilité ne paraissait plus lui peser, du moins, en surface. J’allais cependant devoir ne pas oublier de faire rechercher ce village en espérant qu’il soit encore debout. Si tel était le cas, une entente commerciale pouvait mériter le temps accordé à la chose. Sans doute ne serais-ce pas la plus lucrative, mais actuellement, toute signature avait son importance. Durant un instant, je me demandai alors si elle agirait de la sorte, lorsque la Mort se sera assez joué de moi et me reprendra ce qu’elle m’a jusqu’ici accordé. Chercherait-elle à retrouver les vestiges de celui que je fus ? Portera-t-elle avec regret, son regard bleuté sur celui ambré du désert ? Ou serais-je pour elle un bien mauvais souvenir tâchant sa grande histoire ? Voilà une réponse qui me serait à jamais inconnue.

Tandis que je me laissai aller à cette pensée, les sens bien plus développés de Sarabi lui firent s’immobiliser. Dans la même seconde, ma main alla se porter sur la garde de mon arme principale. Ce n’était jamais bon signe lorsqu’un Demi-dieu s’arrêtait en plein territoire sauvage pour scruter les alentours. Avec de la chance, cela n’était que des mercenaires ou bandits. Avec moins de chance, c’était une créature comme le Maskur et je ne lui serai d’aucune aide. Pas tant que je ne me serai pas muni d’objets magiques. Et d’une arme à distance, le corps à corps avec ces monstres étant un ridicule suicide. Silencieux, je la suivis du regard avant de mettre mes pas dans les siens lorsqu’elle partait en chasse. Un sourire d’excitation m’envahissait. Le danger. L’inconnu. La traque. Il n’y avait rien de plus mortel, mais paradoxalement, rien qui vous fait vous sentir plus vivant que jamais !

Mais avant que je n’atteigne sa hauteur, elle revenait déjà à moi. Courir dans ce sable me rendait particulièrement lent, à l’inverse d’elle qui semblait glisser dessus avec une aisance déconcertante. Ses mots me firent lâcher prise et après un dernier regard dans la direction qu’elle guettait, où je n’y vis que l’esquisse d’un cactus semblable à ceux que j’eus affronté avec Getanol, je rebroussai chemin. Ce petit détour ne nous avait heureusement pas pris beaucoup de temps, car au final, il n’apportait rien. Une nouvelle gorgée, et nous reprenions la marche. Plusieurs minutes s’écoulèrent dans le silence. Que pouvais-je bien lui dire ? J’avais tant de fois libéré des Invocations et tenu ces mêmes premières discussions, que je m’étais lassé de les poser. Et cette chaleur n’aidait en rien. Certes la fraîcheur de la gourde et l’effet du Tubernacle Noir me permettait de tenir, mais le sable et les dunes rendait mes pas extrêmement lourd.

Après cinq bonnes minutes de mutisme, je finissais par déboutonner le haut de ma tenue de cuir afin dans le but de trouver un peu plus de chaleur. En-dessous, un fin tissu noir protégeait la vue de mon corps. Du noir. Dans un désert. Décidément, j’allais devoir mieux préparer mes expéditions en fonction du lieu et de la faune si je me mettais à apprendre la chasse. Et surtout, ne plus oublier de me munir d’une bourse suffisamment pleine pour faire deux fois l’aller-retour avec imprévus compris ! D’ailleurs, en parlant d’apprendre la chasse, voila qui pouvait être intéressant comme sujet de cette conversation dont j’étais de toute évidence le chef d’orchestre.

- Avant que ton épreuve ne commence, je t’ai parlé de mon désir de chasser. Lançai-je finalement en guise de reprise. J’ai de nombreuses capacités mais celui de la traque des monstres m’est totalement étranger. A peine quelques Bibis, des quadrupèdes inoffensifs, durant mes jeunes années. Et encore, ce n’était pas signe d’un succès assuré. Continuai-je en finissant avec un léger rire retenu Quels seraient tes conseils pour m’apprendre cet art, dans ce monde que tu as déjà exploré ?

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22/03/2018

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L'éclat de l'ambre

Le silence qui s'était installé entre lui et moi, ou plutôt celui qui accompagnait nos pas parcourant ce vaste désert, était loin d'être pesant à mon sens. Il était au contraire chaleureux et réconfortant. Outre le fait de me permettre de m'habituer à la présence de Kris à mes côtés, ou inversement, il m'octroyait également le plaisir d'entendre et d'écouter la Nature qui me manquait tant. La vie dans se Désert pouvait sembler sèche et vide pour un individu lambda, mais pour moi elle était tout aussi riche qu'une forêt tropicale. A l'image de ce tout petit Magmapaud croquant son cactus il y avait aussi la brise chaude qui faisait danser les grains de sable, glissant les uns sur les autres, modifiant continuellement les ondulations des dunes ambrées. Chacun à leur manière et à leur forme différentes, ils reflétaient les rayons du soleil qui baignaient littéralement ce vaste espace, sa chaleur semblant résonner elle aussi sur chaque grain.

Les yeux clos et profitant de cette nouvelle liberté, je glissais un instant mon regard vers mon Libérateur qui ne semblait pas apprécier autant que moi l'instant. L'air plutôt incertain, j'observais sa marche se débattre avec le sable comme si chaque pas était plus contraignant que le suivant. A cette instant, les yeux rivés sur ses jambes, je m'en voulais de ne pas lui avoir déjà proposé mais lorsque que je me décidais à rejoindre son regard, il s'adressa à moi, finissant par une question d'une logique implacable. Il est vrai qu'il m'avait énoncé le besoin de chasser et qu'à cet instant je m'en était trouvé bien choisie, mais je n'avais pourtant pas approfondis le sujet, trop occuper à le savoir capable de me libérer.

Mais cet instant qu'il m'offrait me permettrais de revoir mon erreur et de commencer à lui apporter l'aide qu'il avait quémandé. Prenant alors une inspiration des plus sérieuses, annonçant l'importance de ce court échange, je laissais mon regard cristallin se perdre dans l'horizon en face de nous. Et de ma voix chaude et calme, je lui répondais avec simplicité.

“ La patience. De la patience découle la prudence et de celle-ci, la connaissance. Connaitre le terrain, la proie que l'on chasse, ses habitudes, ses points forts et ses points faibles. En connaissant sa proie sur le bout des griffes, on s'épargne beaucoup de dangereuses surprises. C'est le besoin de prudence qui nous mène à apprendre de nos proies. C'est aussi lui qui guide les pas d'un chasseur, qui le fait se déplacer avec agilité et silence. Qui l'empêche d'agir sans réfléchir et qui le protège de tout un tas de désagréments. Et pour être prudent, il faut savoir être patient. Assez patient pour suivre les traces de sa proie durant des heures voir des jours. Pour attendre le moment le plus opportun pour lancer l'assaut, tapit dans l'ombre d'une cachette offerte par le terrain, prêt à bondir sans jamais s'être fait voir avant ça. ”

Mes mots s'étaient écoulés tel un petit ruisseau glissant sur son lit rocheux. Prenant les respirations là où il le fallait, j'avais débité ces paroles avec naturel. Elles faisaient tellement parti de moi que je n'avait nullement cherché mes mots. Au contraire, ils étaient venu avec aisance et souplesse. Ils me paraissaient évidemment simple pour moi qui était capable de rivalisé avec quelques bêtes de ce nouveau monde. Mais il fallait bien que j'admette que par rapport à l'ancien, la chasse était devenu différente.

“ Néanmoins, au sein de ce nouveau monde, il ne suffit plus d'être chasseur. Il faut être aussi combattant bien souvent. Car la puissance de bon nombres de bêtes, foulant ce sol, dépasse celle qui nous reste à nous, Demi-Dieux. Une simple chasse pourra se terminer, bien souvent, en un duel acharné. ”

Je finissais cette phrase en tournant mon regard vers cet humain en qui je commençais à entrevoir le besoin de le protéger. Les humains étaient pleins de prouesses mais la difficulté que leur impose ce monde les force à redoubler d'effort pour seulement espérer survivre. Et c'était mon devoir que de lui permettre de survivre aussi longtemps que je le pourrais, que ce soit en chassant pour lui où en le protégeant de manière bien plus littérale. Je plongeais alors mes yeux vers lui, lui portant un regard bienveillant.

“ Même si cela peut relever des devoirs qui me lie à toi, sache que j'accomplirais mon rôle de chasseuse avec implication. ”

Cela induisait mon devoir de lui apprendre les rudiments de cet art, comme il souhaitait que je le fasse, mais aussi celui de chasser, pour lui, si j'en croyais les bienfaits que ça pourrait apporter à ses finances. Bien que ce sujet me tenait à cœur, je ne pouvais m'empêcher mes yeux de redescendre vers ses pieds qui ne cessaient de s'enliser dans ce sable dense. Fronçant mes arcades, je relevais mon regard.

“ Souhaiterais-tu monter sur mon dos pour la suite de notre trajet ? ”

Une simple proposition. Je n'allais pas appuyer sur le fait que j'avais remarquer ses difficulté au risque de l'offusquer en le forçant à les admettre. Je n'insisterais d'ailleurs pas si il refusait mon offre. J'étais certes un peu plus petite qu'un cheval, mais ma taille était bien suffisante pour devenir un monture adéquate le temps qu'il le faudrait.

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Son premier conseil fut ainsi la patience. Celle de connaître sa proie et le moyen d’être victorieux en un minimum de cicatrices ou d’imprévus. Un léger sourire agrémentait mon écoute, renforcé lorsqu’elle s’accapara une expression humaine. L’ignorant encore, elle avait pour Libérateur l’un des hommes les plus propices à l’étonné quant à sa capacité d’analyse et d’attente du moment opportun. Cela faisait presque dix années que j’attendais. Que je guettai le monstre. Que j’analysai ses forces et ses faiblesses, plaçant doucement mes pions en fonction des siens. Sans me presser. Sans me dévoiler. Renforçant mon jeu jusqu’à atteindre une force suffisante afin de le défier au grand jour. Me révéler, lorsqu’il est déjà trop tard pour lui et que le coup mortel ne peut plus être évité. Oui. J’avais déjà acquis cette compétence et l’état d’esprit allant avec. Nous pouvions passer à l’enseignement suivant.

L’évocation de cette autre leçon semblait être la capacité à combattre. Là encore, je me défendais déjà dans le domaine. La dure existence que j’eus à vivre me fit souvent croiser le faire. Suffisamment pour en obtenir les réflexes salvateurs. Outre cela, je m’étais aussi déjà mesuré à des créature tel le Léviathan des profondeurs de la Plage. Cela avait manqué de peu de m’handicaper, m’obligeant à être le prisonnier d’un propre corps que je n’aurai su faire bouger par moi-même. Mais de cela, je ne retenais que ma capacité à faire face à la terrifiante faune, plutôt que de fuir lâchement. Après tout, nous avons tous une dette à payer pour avoir eu le droit d’exister quelques années. Alors régler nos comptes avec panache. Qui sait, cela pouvait nous faire entrer dans une légende.

Je rêvassai un instant sur cette idée. Tout Homme sur cette île, était condamné à l’instant même où il respirait pour la première fois. Pourquoi nous avaient-ils donné la vie, avec la certitude que nous mourrons ? A quoi bon nous faire exister si ce n’est que pour un temps ? Et il était si court. A moins. A moins que l’on devenait une légende. Que notre nom soit inscrit sur l’une des pages des innombrables ouvrages prenant la poussière au sein de la grande bibliothèque de Lüh. Car c’est ce que sont après tout ces livres. L’immortalité. Probablement ne serai-je décris qu’à l’image d’un fou ayant voulu faire chuter l’indétrônable. Un sanguinaire psychopathe dénué de la moindre empathie. Ou peut-être, parviendrai-je à leur faire comprendre, le véritable but de cette longue et complexe partie.

La proposition de Sarabi me fit me stopper, tant physiquement que dans le cheminement de mon esprit songeur. Voilà qui était particulièrement surprenant. Je crois même, que c’était la première fois qu’une Invocation me proposait pareille chose. Mon regard bleuté tendant doucement au grisâtre depuis quelques mois fixa ses cristallines pupilles. Au vue de sa taille, je pourra m’y tenir il était vrai. Et sa capacité à se déplacer comme l’absence de fatigue chez les Subalternes en faisait une monture idéale. Principalement vu notre situation actuelle. De plus, depuis Dreydwiin, j’avais une tendance à démystifier les Invocations que les récits nous faisaient bien trop fantasmer finalement. Pourtant, cette proposition me gênait. Chevaucher une divinité. Non. Ils ne méritaient pas l’éloge que la masse leur vouait, mais n’en était pas à pouvoir être réduit en un simple Variquan amélioré.

- J’apprécie ton offre, mais je vais la décliner. Lançai-je finalement en guise de reprise. Nous avons des chevaux pour cela. Ainsi que des Variquans. Je ne me permettrait jamais de réduire une divinité, toute demie soit-elle, à pareille chose. Particulièrement la mienne. Tu es une chasseuse Sarabi. Continuai-je en hésitant à poursuivre pour finalement garder silence. Reprenant la marche, je me tournai vers elle Je ne manque pas de patience. De même que j’ai pour habitude de ne pas aller à la rencontre d’un adversaire sans en connaître plus sur lui, que lui-même. La patience n’est pas un soucis pour moi. De même que la lutte acharnée qu’elle soit face à un homme, ou un Léviathan. Fis-je avant de laisser un instant s’installer, pour ensuite m’expliquer Il y a quelques temps maintenant, je chassai un homme dont on disait détenteur d’information d’une haute importance pour moi. Il était Capitaine et je suis parvenue à m’infiltrer sur son navire tandis qu’il larguait l’ancre au large de la plage Lilyn. Après un tête à tête mouvementé, une créature gigantesque a heurté la navire et cela à vite tourné au massacre. Je te passe les détails, mais je me suis retrouvé en pleine tempête orageuse, à me jeter du haut de la vigie pour foncer sur la gueule du Léviathan, avec pour seule arme un couteau. M’expliquai-je, le regard perdu vers l’horizon et un sourire témoignant d’une certaine fierté à ce souvenir, s’élargissant avant que je ne remarque l’inquiétude de Sarabi et que je ne me fasse plus sage J’avais été rejoins par Shanimir, un majestueux Sphynx de l’ancien temps. Et je n’étais pas vraiment disposé à le laisser batailler seul pour moi tandis que je resterai caché à attendre.

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L'éclat de l'ambre

Cela ne m'avait évidemment pas étonné. Comme je le pressentais, au vue du peu que je connaissais déjà de Kris, il déclina évidemment mon offre. J'aurais été évidemment agréable surprise qu'il l'accepte, pouvoir répondre au devoir que je me devais envers mon Libérateur est une certaine satisfaction. Mais aller à l'encontre de ses convictions étaient une contrariété suffisamment importante pour ne pas me laisser aller à plus d'insistance, bien qu'à mon humble avis, ma proposition n'en était pas moins justifiée.

Il appuya ses propos par une phrase qui ne manqua pas de me ralentir. Je suis une chasseuse. Il n'avait pas tord évidemment, mais si il ne me considérait que ainsi, j'allais m'en trouver ennuyé. Enfin, quoi de plus normal puisque c'était à priori là ce qu'il cherchait au travers de ma libération : une chasseuse. Je ne pouvais alors m'empêcher de me questionner sur notre avenir, mon regard se perdant à observer mon Libérateur que j'avais laisser me devancer d'un pas, pouvant ainsi me permettra de le regarder sans le troubler. Il reprit alors notre conversation précédente. m’énonçant que visiblement, il avait bien des qualités requises à la chasse. Néanmoins, ses qualités me semblaient avoir eu une utilité tout autre dans son passé, c'est du moins ce que son récit me faisait ressentir. Pourtant, un seul mot me glaça le sang : un Léviathan.

Mes yeux s'écarquillaient soudainement. Je n'avais évidemment jamais réellement pu croiser les griffes avec ce monstre de part son habitat mais, je savais qui il était et de quelle puissance il était capable. Son récit ne m'inspirait vraiment rien de bon. Était-il vraiment suffisamment suicidaire pour se jeter dans la gueule d'un Léviathan et même avec l'appui d'un cousin ? Mon souffle s'était coupé instantanément et mes pas me faisaient défaut, me forçant à m'arrêter. Il avait ainsi réveillé mon instinct de mère inquiète et je m'asseyais alors fermement dans le sable, avant de souffler ma nervosité.

“ Je suis une chasseuse, il est vrai, mais je suis davantage une protectrice. ”

S'apercevant que je m'étais stoppé, j'attendais qu'il se retourne vers moi pour que nous ayons une conversation des plus nécessaire et importante. Mon instinct de mère prenant totalement le dessus, je ne pensais pas à l'affront qu'il pourrait ressentir dans les propos qui allaient suivre.

“ Et je ne suis pas vraiment disposée à te laisser prendre le moindre risque alors que je me dois de les prendre à ta place. ”

Finalement, l'idée qu'il prenne mal ce sursaut de mise en opposition me traversa enfin l'esprit, fronçant mes arcades au passage. Mais je laissais ça de côté, préférant mettre les choses au clair quand à ma volonté de le suivre et ça ne serait certainement pas pour être spectatrice de sa légèreté. Soufflant par les narines, je plantais mon regard dans le sien, un instant très profond et lourd de sens. L'instant d'après je me détendais et arborait une inquiétude bienveillante, me rapprochant de lui avant de m'asseoir à nouveau, lui faisant face.

“ Ta vie est bien plus éphémère que la mienne et je n'ai pas choisis de te suivre pour te voir blesser ou même mort. Je suis une chasseuse, mais ce n'est qu'une facette du rôle que m'a confié Ignis. Mon devoir aujourd'hui est de subvenir à tes besoins, certainement pas de te laisser risquer ta vie, pour quoi que ce soit. ”

L'inquiétude avait laissée place à la mère déterminée que j'étais. L'image de mes précédents invocateurs faisaient forcément échos à mon discours et je doutais qu'il me prenne au sérieux quant à ma capacité à assumer mes mots. Mais ma volonté n'en était pas moins émoussée. J'étais là, face à lui, prête à recevoir n'importe quelle réponse, mais certainement pas prête à lâcher le morceau, à moins qu'il ne me l'ordonne. Mais sans ça, je resterais droite dans mes pattes, ferme et inflexible.

Après ce court échange, je me détendais un peu et reprenais.

“ Visiblement, ce Shanimir à accomplis son devoir de protecteur. Aurais-je la chance de le rencontrer ? ”

J'étais de celle toujours enthousiaste à rencontrer le moindre de ses cousins ou frères et j'avais un certain plaisir à les côtoyer. Peut-être que cette nouvelle vie me permettrais d'en rencontrer de nouveau, ou d'en retrouver d'autre. Inévitablement, quelques uns d'entre eux me revenait à l'esprit et un en particulier.

“ Est-ce que d'autres Demi-Dieux ont choisis de te suivre ? ”

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Notre progressions s’était arrêté sous la directive de Sarabi, apparemment déterminée à m’exposer son opinion. Un léger sourire, sincère, se dessinait sur mes lèvres tandis que je l’écoutai. Une Invocation qui connaît sa place mais possédant tout de même le caractère d’exprimer sa vision des choses, voila qui était digne d’estime. Sans l’interrompre, je la laissai défiler son discours ayant pour fond qu’elle ne resterait pas passive en me voyant aller face au danger. Plus précisément, de ce que je comprenais, qu’elle préférait y allait pendant que je restai sagement loin de tout risque. Finalement, c’était peut-être une bonne chose qu’elle ne se soit pas interroger quant au pourquoi de notre destination. Lui annoncer que nous allions à la rencontre de la plus sanguinaire des femmes que j’eus connu et qui tenta déjà à une reprise de me trancher la gorge, n’aurait pas été pour lui plaire.

- Je comprends. Cependant, je ne suis pas de nature à rester sur un fauteuil pendant que d’autres s’attellent à batailler pour des combats étant les miens.

C’était un fait. Depuis presque toujours, j’étais seul. Si bien, que je n’ai jamais pu compter sur l’assistance de quiconque et de fait, me charger moi-même de croiser le fer était devenu une doctrine. Sans doute voulait-elle bien faire, et c’était réconfortant d’entendre de telles paroles. Mais elle allait devoir comprendre que c’est ensemble que nous marcherions vers l’ennemi et certainement pas juste elle. Du moins, si nous en arrivions là tous les deux. Car à l’instant, je ne lui accordai comme estimes que celles d’être une chasseuse et une enseignante prometteuse. Trop de fois j’avais fait l’erreur d’estimer trop rapidement un Demi-dieu. Je ne la commettrai plus. Désormais, c’est eux, qui devront me démontrer leur efficacité dans le domaine en question pour être reconnu dans ce-dernier.

- J’espère que tu parviendras à ne pas mal interpréter mes propos. Tu dois savoir, que je ne suis pas comme tous ces Libérateurs devenant le plus grand ami des Demi-dieux à peine les marches descendues. Pour moi, ce n’est là qu’une relation faussement solide. Cela fait une heure, peut-être deux, que l’on a conscience de l’existence l’un de l’autre Sarabi. On ne se connaît pas. Et de fait, on ne peut s’estimer l’un l’autre avec sincérité car tout ce que l’on a comme argument, ne sont au final que des mots et des promesses. Mon regard soutenait le siens, sans pour autant être teinté de dureté. Bien au contraire J’ai trop souvent fait l’erreur de placer aveuglement ma confiance chez un Subalterne pour au final n’avoir que déception. Je ne veux plus. Je ne peux plus, me le permettre. Mon espoir est que tu sois celle qui sera différente Sarabi. Mais d’ici à ce que je puisse l’observer, je me dois de te donner comme tâche principale ce pour quoi je suis venu à toi, et dont je t’ai informé dès notre premier échange. Ceux sont tes talents de chasse et ton enseignement de la discipline que je te reconnais. Pour l’instant. Alors.. Ne prends-pas inquiétude de ma survie.

Je m’étais retourné et avait repris la marche, n’étant pas convaincu de pouvoir tenir plus longtemps son regard. Il avait quelque chose de particulier. Au début, cela n’avait aucun effet sur moi mais à force de le croiser et de m’y plonger avec sincérité, j’avais l’impression qu’il provoquait quelque chose en moi. Un peu comme, un souvenir lointain. Très lointain. Une douceur pure. L’aimante inquiétude. L’irrépressible envie de protéger quitte à devoir encaisser des coups à sa place. Irrépressible, au point qu’elle continua à évoquer le sujet tandis que nous marchions et ce ne fut qu’à l’instant où je lâchai un « Ma décision est prise. » que le sujet fut clos. Probablement d’une manière simplement temporaire.

Les pas qui suivirent furent dans un silence quelque peu pesant de mon point de vue. L’envie de me reprendre commençait à brûler ma langue. Cependant, je me devais de tenir. Bien trop de fois je m’étais leurré quant aux promesses hâtives. Aujourd’hui, je ne ferai plus l’erreur. La partie elle-même par ailleurs, ne me le permettait plus. Nous en étions à un moment où je devais agir avec efficacité et discernement pour ne pas tout perdre bêtement. Tandis que je me desséchai la gorge d’une nouvelle gorgée, Sarabi rompit le silence.

- Il te faudra pour cela le croiser. Lançai-je en regardant machinalement les cieux dans un vain espoir Il est le seul Demi-dieu à avoir gagné mon estime. En cela, il a gagné une totale liberté le temps d’une vie d’Homme. Aucune restriction ne le contraint. Et je me refuse à troubler ses instants en lui donnant celui de venir à moi. Lui expliquai-je, un peu perdu dans mes souvenirs et avec une pointe de regrets dans la voix Oh. Nombreuses furent les divinités sous mes ordres. Voyons voir. Fis-je en prenant un instant pour réfléchir. Je n’étais pas du genre à faire de grands monologues, mais dans notre situation, au milieu du Désert, il n’y avait pas grand-chose d’autre à faire pour occuper le temps Il y a d’abord eu Quarylia. Ma toute première. Une Subalterne d’Aqua pas très amicale dont l’épreuve nécessitait de la ruse. Ensuite, Shanimir, le majestueux Sphynx d’Aër. Il me fallut intelligence, ruse et maniement de l’épée pour lui. Après quoi, cela doit être Hio. Un Léviathan d’Aqua. Intelligence et imagination furent de mise. Quelques temps après, j’ai délivré un squelette enflammé répondant au nom de Gétanol qui testa ma connaissance des équilibres. Mais avant lui j’avais fait face à Berkadus, une sorte d’arbre squelettique lui aussi, descendant de Terra. Pas vraiment l’âme protectrice de son Père en revanche. Après quoi ce fut Old Georgie de Terra à l’épreuve particulièrement intense psychologiquement, et Dreydwiin d’Aqua, à l’épreuve semblable. Résumai-je, me rendant moi-même compte de tous ces Demi-dieux desquels j’avais triomphé Comme tu peux le comprendre, j’ai été mis à l’épreuve par les Quatre Éléments. Le combat. L’intelligence. L’Imagination. L’intensité psychologique. Je suis passé par toutes les différentes épreuves divines qui doivent exister. Et j’ai toujours triomphé d’elles. Tu n’as donc pas à t’inquiéter pour moi, je ne suis pas homme à échouer. Concluais-je avant de rajouter à la suite L'un de ces noms te dit quelque chose ?

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Instinctivement, je renâclais suite à sa soudaine fermeture du sujet. Autant part le fait qu'il ne me permettait pas de poursuivre que par celui qui le faisait être en désaccord avec mon avis. J'étais évidemment contrariée, je n'allais pas obtenir si facilement gain de cause auprès de lui, du moins, à ce sujet. Et en même temps, en y réfléchissant, ses mots restaient tout de même justes. Quel dirigeant serait-il s'il, comme il le disait, si il restait sur un fauteuil pendant que d’autres s’attellent à batailler pour ses combats ? N'étais-ce pas là ce que j'avais vu en lui et qui m'avait fait le choisir ? Sa faculté indéniable à assumer le rôle de dirigeant, tant auprès des autres que de moi. Car finalement, je n'étais qu'un autre de ses subalternes et je le savais. Pourtant, bien qu'il en dise le contraire, pour ma part, choisir de lier ma vie à la sienne durant cette nouvelle libération était déjà un lien particulier qui s'était installé entre lui et moi, pas un autre. Et ainsi, bien qu'il me l'interdisait à demi mots, en mon fort intérieur, je ne pouvais que m’inquiéter pour sa survie.

Malheureusement pour la mère que j'étais et le pacte se faisant, je ne pouvais plus continuer sur ce sujet, mon inquiétude ne pouvant plus s'exprimer comme elle le souhaitait. C'était même là peut-être un ordre inconscient qu'il m'avait donné, pourtant le « mal » était fait et, pour le moment, je n'étais pas en mesure de revenir en arrière. Renâclant à nouveau durant ce silence pesant, je poursuivais sur un autre sujet qui m'étais, cette fois-ci, accessible. Un peu en arrière je calquais les pas de mon Libérateur, je penchais la tête en l'observant me répondre, intriguée. Je ne connaissais pas ce Shanimir, mais j'avais à présent la nette envie de le rencontrer. Si il avait su gagner l'estime de cet homme qui me paraissait inaccessible, il méritait que tout être vivant le connaisse. Mais s'il avait gagné sa liberté, toute relative cependant, il ne serait sans doute pas facile à approcher. Et alors que je détournais mon regard de Kris, une pensée me traversa l'esprit. Cette liberté dont disposait Shanimir était tout de même directement reliée à la survie de...

Je secouais frénétiquement ma tête, ayant eu l'impression de perdre le fil de ma pensée. Je rejoignais donc la conversation par une autre question dont je ne tardais pas à entendre la réponse. Mes yeux s’écarquillaient à mesure qu'il m'énumérait le nom de tous mes semblables qu'il avait sortit de leur cellule. Était-ce vrai ? Avait-il été triomphant autant de fois qu'il le disait ? N'avait-il aucune peur pour sa vie pour ainsi la mettre en danger à autant de reprise ? Non. Il n'y avait pas d'inquiétude à avoir, si il triomphait à ce point c'était sans doute la volonté des Dieux. Cette pensée me rendait perplexe et interloquée, observant dans le vide, comme si je cherchais à comprendre mes propres songes. Pourtant, une question de Kris m'extirpa de tous ces tourments, me faisant presque sursauter. Ramenant mes yeux vers lui, je lui répondais.

“ Malheureusement, pas suffisamment. J'ai croisé beaucoup d'enfants des Dieux dans ma vie, ancienne ou nouvelle, mais n'en ai réellement connu que trop peu à mon goût. ”

L'Ancien Monde était trop vaste pour ça et le nouveau n'avait que trop peu de mes frères et cousins foulant son sol. L'enfermement n'avait en ce la rien de bon. Certain me manque, assurément. Mais pas le temps de m'émouvoir, plusieurs présence me firent me stopper une secondes. Je fis ensuite une court saut pour rattraper Kris et tendre ma patte en travers de sa route, le forçant à s'arrêter. J'étais aux aguets, une fois de plus, mais cette fois-ci pour différente raison. Je relevais mon museau et humais l'air chaud du désert, jusqu'à trouver une direction un peu sur la gauche. J'enfonçais alors mon cou dans mes épaules et fléchissais mes pattes, arborant une démarche des plus souples et silencieuses. Lançant un regard rapide à Kris l'invitant à se montrer lui aussi discret, je commençais à gravir la dune qui nous faisait face. Arrivant rapidement en haut, nous pouvions observer au loin et en contrebas un groupe d'impas. Ma posture s'affaissait encore, jusqu'à me retrouver presque couchée. Mes arcades se fronçaient, il y avait quelque chose qui n'allait pas. Un groupe d'impas n'est jamais bon signe. Je m'attelais plutôt à observer les environs et c'est là que je les vis, au loin, prêt à bondir sur leur proie. Un couple de Maskurs, comme ils se plaisaient à se déplacer et à chasser. Je me mis alors à chuchoter d'une voix très basse à Kris.

“ Mieux vaut ne pas les croiser, je ne serais pas en mesure de les affronter. ”

Je fis un pas en arrière, puis deux, jusqu'à ce que la dune nous cache leur présence pour enfin me permettre de me retourner. Voilà une première leçon sur le tas, la posture et la discretion. Toujours à voix basse, j'informais Kris qu'il valait mieux détourner un peu notre route. Ca risquais d'ajouter un peu de temps, mais c'était une manœuvre nécessaire, sans trop que je sache pourquoi.

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D’un regard distant j’observai la féline repartir en chasse. Fléchissant les genoux je gagnai sa hauteur une fois qu’elle prit place au sommet de la dune. Une nouvelle odeur avait dû lui titiller les sens et j’allais enfin pouvoir observer la prédatrice dont elle se vantait être. Après m’avoir testé durant plusieurs épreuves, c’était moi qui allait pouvoir juger quant à la véracité de ses prétentions. Assez intrigué et plutôt enthousiaste à la chose, je parvenais enfin à ses côtés, ne laissant que mes yeux dépasser du sable brûlant. Quelques gibiers au cuir renommé se prélassait au soleil mais c’est davantage poussé vers l’horizon, que son regard cristallin se focalisait. En plissant le miens à l’ombre de ma main, je remarquai vaguement deux formes qui, au vue de leur taille malgré la distance, devait faire plusieurs fois celle d’un homme. Voilà qui serait épique comme bataille et à la hauteur d’une divinité. Du moins, je le pensai jusqu’à ce que ses pas ne se mettent naturellement à reculer.

Un sourcil se releva lorsque le replis que j’imaginai dans le but d’énoncer une stratégie n’était en fait qu’une fuite. Pour une chasseuse, elle se montrait bien propice à contrôler son instinct de prédatrice. Voilà trois créatures que nous croissions. La première elle se contenta de l’admirer paisiblement, la seconde de ne pas broncher et la troisième, de la fuir en allant jusqu’à préférer exécuter un détour plutôt que de l’affronter. Certes une chasseuse et une guerrière n’étaient pas chose égale. Mais tout de même. C’est à croire que l’on pouvait la considérer comme bien plus inoffensive qu’une menace. Sans répondre réellement, j’acquiesçai silencieusement de la tête avant d’entreprendre le détour qui allait certainement me causer un manque d’eau avant d’atteindre notre destination. Après quelques pas l’un à côté de l’autre, je pris le temps de me renseigner avant de porter une appréhension qui commençait à raisonner dans mon esprit.

- Ces créatures au loin, celles qui t’ont fait partir et nous contraindre à un détour. Qu’est-ce que c’est au juste ?

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22/03/2018

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L'éclat de l'ambre

Une fois notre détour engagé, je n'avais de cesse d'observer Kris du coin de l’œil, aussi discrètement que possible. La chaleur ne cessait de l'accabler et moi, tout ce que j'avais trouvé de plus judicieux, c'était de lui imposer de supporter le désert bien plus longtemps que prévu. Pourtant, rencontrer ces Maskurs n'aurait été bon pour personne et vu mon état, je n'aurais pu leur tenir tête, surtout face au couple qu'ils formaient. Pourtant, de mon côté, je sentais la chaleur d'Ignir m'emplir et me caresser davantage. De quelques profondes inspirations je sentais son feu raviver ma flamme. C'était enivrant et réconfortant. Au moins suffisamment pour me permettre de protéger, de ma magie, mon Invocateur des troubles du désert.

Fermant alors quelques secondes mes paupières, me concentrant, je lui insufflais de quoi s'alléger considérablement du poids de la chaleur. Il le sentirait d'ici quelques instants et j'espérais qu'il jugerait cela comme un simple gain d'énergie plutôt qu'une intervention de ma part. Une initiative que j'espérais favorablement appréciée si elle était découverte.

Quelques pas plus tard, suffisamment éloignés du danger, nous permettait de reprendre une conversation plus sereine. Kris s'empressa de me questionné sur la nature des créatures que l'on venait de rencontrer. S'il ne les connaissait effectivement pas, il ne se doutait sans doute pas de la menace qu'ils représentaient. M'attelant à lui répondre comme il convenait, j'observais un instant derrière moi comme pour les désigner du regard, avant de parler, observant tour à tour Kris et l'horizon.

“ Ce sont des Maskurs, une des plus redoutables créatures du Désert. Ils chassent et traquent en couple, ce qui rend leur menace doublement dangereuse, leur lien les rendant plus farouche encore qu'ils ne le sont déjà. Tu n'es peut-être pas sans savoir que certaines créatures de cette île rivalisent voir nous surpassent, nous enfants de Dieux, par leur puissance. Ces Maskurs en font parti et à peine sortie du temple, je suis encore moins en mesure de les affronter. ”

Le moment était opportun pour enchainer sur un enseignement que la chasse inculquait. Puisque c'était là son désir, apprendre, je prendrais toutes les occasions de lui conter mon savoir.

“ Connaitre ses opposants ne sert pas simplement à savoir comment les défaire. Cela sert aussi et surtout à savoir où sont les risques et parvenir à les éviter quand ceux-ci se révèlent inutiles ou trop grands. ”

Je posais un regard doux et apaisant sur le visage de Kris. J'espérais que mes mots allaient résonner positivement dans sa tête et qu'il comprendrait ce que je cherchais à lui enseigner. Néanmoins, il ne me semblait pas être totalement inconnu à ce genre de stratégie, en tout cas, il me paraissait suffisamment lucide pour l'utiliser à bon escient.

Mes yeux revenaient à l'horizon et surtout à notre objectif encore trop éloigné. La curiosité m'envahissait alors soudainement. Fronçant mes arcades de manières interrogative, je ne parvenait pas à la refréner.

“ Dis moi Kris, pardonne ma curiosité mais... Qu'est-ce qui nous attends dans ce village et qu'allons nous y faire ? ”

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Dernière édition par Sarabi le Mar 10 Juil 2018, 19:00, édité 2 fois

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22/08/2013

Akelar Katar

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Une nouvelle fois, ma gourde vint faire couler l’agréable fraîcheur d’une eau des plus déshydratante à l’intérieur de ma gorge. Les minutes s’accumulaient et se trouver en nombre suffisantes pour employer le terme d’heures. Ce désert était réputé comme l’une des régions les moins franchissable et il semblait aujourd’hui vouloir tenir sa réputation. La gueule de Sarabi, à hauteur de la mienne, laissa de nouveau s’échapper une douce voix qui, étrangement, parvenait à me faire garder mon calme bien que la chaleur désagréable avant pour habitude de me le faire rapidement perdre. Son explication éclaira les causes de sa retraite bien qu’il n’en demeurait pas moins agaçant de ne pas avoir encore pu jauger des promesses émises. Un léger sourire finit cependant par étirer mes lèvres alors que je rêvasser sur l’horizon vers lequel nous marchions tous deux.

Sans doute pensait-elle qu’il était une réponse à l’évidence qu’elle énonça quant au fait de connaître son adversaire. Ne lui avais-je pas moi-même dit cela plus tôt ? Il faisait si chaud que ma capuche redressée n’y changeait rien. Le soleil tapait directement sur mon crâne et je commençai à perdre le fil de notre discussion. Quoi qu’il en soit, mon sourire était la conséquence d’une toute autre pensée. Après avoir attendu qu’elle termine de m’interroger, je me tournai vers elle, continuant notre marche, le même sourire aux lèvres. Mes yeux se posèrent avec plaisir dans les siens, et je laissai échapper cette amusante et prometteuse idée.

- Ils chassent et traquent ensemble. Ce qui rend leur menace doublement dangereuse. Les Maskurs. Voilà qui ferait un bon surnom pour notre.. Couple.

Mes lèvres se firent davantage amusées par la suite, reprenant l’horizon comme ligne de vue. Deux menaces distincts, qui ensemble, en devenait une si grande que tous la connaissait et que même les Demi-dieux, optaient pour contourner leur chemin. Un couple de chasseur efficace et craint. Voilà qui laissait de quoi rêver. Mais étais-ce là notre destinée ? Sans pouvoir l’expliquer, je n’arrivai pas à faire autrement qu’en douter. J’y aspirai et pourtant, une voix muette murmurer à mon oreille que ce n’était pas là mon avenir auprès de Sarabi. Une intuition. Ou un inquiétude. Même de cela, je n’en avais pas la certitude.

Nous fîmes plusieurs pas avant que je n’en revienne à sa question. Légitime et assez tardive lorsque l’on y pensait. Voilà plusieurs fois que je lui répétai que nous devions aller dans ce village et ce en dépit de notre situation compliquée. Enfin, ma situation. Et la curiosité ne lui avait pas fait m’interroger à ce sujet plus tôt. Oublie. Indifférence. Volonté de ne pas harceler de questions. Allez savoir. C’était assez intriguant cependant. Il me fallut encore quelques secondes d’hésitation, n’étant pas certain de la réaction qu’elle pourrait avoir, avant que je ne finisse par lâcher les mots.

- Nous allons à Skart. Il s’agit bien plus en réalité d’un cimetière de ce que j’ai compris, plutôt que d’un village. J’ai espoir de retrouver là-bas une certain Meiro. La femme la plus sanguinaire que j’ai croisé jusqu’à présent. Hargneuse. Haineuse. Extrêmement douée pour tuer sans le moindre remord. Ainsi que son Invocation. Aslan. Une divinité faite pour tuer. Répondis-je finalement avec sincérité, avant de me tourner vers elle pour tenter de la rassurer Ne t’inquiètes pas. Elle a déjà tentée de me tuer. Et je suis toujours là.

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22/03/2018

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L'éclat de l'ambre

Cette idée de nom me fit sourire, de manière aussi invisible que mon aspect me l'imposait. Néanmoins, il pourrait lire quelque chose de positif dans mon regard, quand celui-ci rejoindrait le sien. Pourtant, cela faisait jaillir quelques questions dans mon esprit. Aspirait-il réellement à une renommée si menaçante ? Je doutais à ce moment que ma présence à ses côtés avait quelque chose à voir avec ce désir quelque peu déconcertant. Je ressentais ses aspirations, elles étaient profondes et puissante, suffisamment pour qu'un frisson me parcours le dos, dressant un instant mon pelage avant que la chaleur ne le fasse retomber.

Il répondit ensuite à ma question et je l'écoutais d'un air intérrogatif, la tête penchée. Tout ça ne m'inspirait évidemment rien de bon, mais s'il me disait ne pas m'inquiéter, je ferais sans doute mieux de m'exécuter. Pourtant, mas curiosité elle ne désemplissait pas, évidemment. D'autant que le nom d'Aslan m'évoquait quelque chose de très lointain. Une idée fugasse traversa mon esprit. Est-ce qu'au travers de la chasseuse que je représentais à ses yeux, cherchait-il également une divinité « faite pour tuer » ? Cette question resterait en suspends, bien enfouie jusqu'à ce que, peut-être un jour, elle refasse surface.

“ Pourquoi vouloir trouver cette femme qui a voulu ta mort ? La veut-elle peut-être encore d'ailleurs... Au devant de quels risques nous allons ? Je ne doute pas qu'ils en vaillent la peine si tu les prends mais, j'aimerais savoir... ”

Plus j'en saurais et plus je serais en mesure de le protéger si c'était nécessaire. De cette femme ou de du Demi-Dieu lié à elle. J'étais consciente que je lui demandais beaucoup sur ses objectifs immédiat, mais il me paraissait utile et nécessaire que j'en sache plus. Nos vies étant à présent liés, je ressentais le besoin de m'investir dans le pacte que j'avais signé avec lui. Sinon, pourquoi l'avoir choisi...

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A l’image du Tubernacle Noir faisant soudainement son effet avec une incroyable efficacité, je remarquai de plus en plus cette gêne chez mon Invocation qui semblait la contraindre à se brûler la gorge pour chaque question qu’elle osait me poser. Je ne pouvais m’empêcher de m’interroger quant à la raison. Lorsqu’une question nous hante l’esprit, seul le fait de la poser permet d’obtenir une réponse rapide nous permettant de passer à autre chose. Peut-être lui avais-je laissé entendre que je n’étais pas disposé à être questionné. Si la chaleur s’était dissipée au point que je puisse de nouveau fermer ma tenue protectrice, il m’était encore difficile de me rappeler ce qu’il en était quant à notre discussion dans le détail. Je laissai néanmoins cela de côté. Rien ne me donnait de certitude quant à cette constatation. Et cela n’était pas encore dérangeant après tout.

Sa question me laissa quelque peu songeur. Pourquoi aller à la rencontre d’une telle femme ? Devais-je être sincère auprès de Sarabi, ou ne pas lui dévoiler l’entièreté des faits ? Cette dernière option m’avait guidée tout au long de mes périples auprès de divinités. Aujourd’hui, j’en voyais les conséquences. Aucune d’utiles. Pas une seule. Et tandis que je songeai à cela, l’image que nous avions dans sa fictive vision me revint. Tous deux, siégeant côte à côte. Un sentiment de puissance. Mais aussi un lien étrange que je n’avais encore jamais ressentis, même auprès de Shanimir. Tout comme une impression que cela était dû à une parfaite franchise. Entre nous, il n’y avait aucune mensonge. Aucun inconnu. Pas le moindre doute de l’autre.

- Je t’ai déjà dis que je disposai d’un village n’est-ce pas ? Officiellement, il s’agit de commerces. Mais il n’en est rien. Je compte en faire un véritable bastion, regroupant une armée des plus grands tueurs de cette île. Et elle en fait partis. Un silence se posa, avant que je ne le brise en premier Il me semble être capable de savoir ce que tu en penses. Mais tu dois comprendre. Notre monde est en perdition. Possiblement moins apocalyptique que l’Ancien, mais tout autant au bord de la déchéance. Le Bien aujourd’hui, représente un tyran imbu de pouvoir et d’or au point qu’il n’accepte pas de ne pas gouverner tout ce qui existe sur notre île. Et le Mal, sont des hommes et des femmes voulant simplement ne pas être gouverné par un avare égoïste ne faisant pour son peuple qu’augmenter les taxes et donner de véritables droits qu’aux plus riches. Ce, Prince, est le véritable ennemi. Dans le sens où ses actes infâmes crées des monstres. Assoiffés de vengeances. Déterminés à mourir si il le faut. Et parfaitement insensibles aux remords. Je le sais, pour en avoir rencontré plus d’un. C’est pourquoi je veux détrôner ce Mal se peignant en Bien. Et pourquoi je veux le faire en regroupant sous mes ordres ces monstres. Car ainsi, je contrôle ce qu’ils font. Évitant les massacres un peu partout qu’ils feraient en étant livrés à eux-mêmes. Canalisant leur rage pour quelque chose qui vise à créer un monde meilleur. Je m’arrêtai un instant, me rendant compte de la conviction que j’avais mis dans ces mots, ainsi que pour prendre le temps de maintenir le regard de Sarabi Comprends-tu?

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22/03/2018

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L'éclat de l'ambre

Voilà donc ce qui l'animait, ce qui faisait battre son cœur, ce qui guidait ses pas. Des convictions profondes, criantes et puissantes. Je la discernais parfaitement, aussi intense que l'intonation de ces mots voulaient bien le faire croire. Aussi sincère que le regard qu'il me portait quand il eut finit de m'expliquer. M'expliquer ce pour quoi il vivait aujourd'hui, ce pour quoi il se battait. Quand je lui renvoyait son regard, je lui renvoyait son intensité mais rien d'autre. Pas de sentiment palpable, ni d'air inquiet ou frileux. Je pesais tout le sens de ses mots et surtout le poids dans son cœur.

Il n'y avait pas la l'âme d'un simple bon samaritain cherchant à équilibrer les droits, les richesses et les chances. Il n'était pas un homme qui avait seulement vu ou entendu l'injustice. Non. Il l'avait vécu et certainement bien plus intensément que la plupart des humains qui foulaient cette île. Elle était déjà bien difficile et cruelle sans s'acharner sur certain en particulier, dont il faisait parti, ces monstres comme il les appelait. En était-il un ? C'était donc cela que j'avais ressentis, ces grands et sombres desseins, cette noirceur qui entourait son cœur. Il y avait là un goût de vengeance certains et d'amertume face à ce qu'il me décrivait. J'aurais aimé être à ses côtés à chaque moment difficile de sa courte vue, chaque blessure, chaque faille ouverte. Son cœur m'avait l'air affaiblit et pourtant si... dur.

L'échange silencieux que nous partagions à ce moment là, les yeux dans les yeux, se fit pendant quelques secondes, lourdes de sens. Je voulais qu'il sache que, oui, je comprenais, mais je comprenais surtout au delà des mots. J'inspirais alors, lentement avant d'expirer avec douceur, baissant ma tête, l'inclinant de ce qui ressemblait à une courte révérence.

“ Je comprends. ”

Y avait-il autre chose à dire que cela ? Je n'en étais pas sûre. Pour cette raison je laissais à nouveau le calme s'installer, laisse un silence presque réconfortant nous envelopper. J'espérais l'avoir été, réconfortante. Reprenant la route doucement, je continuais néanmoins sur le sujet, lui donnant mon avis sur la question, aussi vaste que mes vies me l'accordaient.

“ J'ai vécu plusieurs vies dans ce nouveau monde et j'y ai appris que rare sont les dirigeants qui méritant réellement de guider la population, avec dignité et justice. Le pouvoir s'acquière par la force, il passe de main en main ou par le sang, sans même se soucier de la légitimité profonde de chacun. On m'a dit un jour que le pouvoir n'est mérité que par ceux qui ne le désirent pas. C'est une idée qui me semble juste. ”

Je doutais que lui, Kris, ne veuille pas le pouvoir. Mais je n'en avait que faire, là n'était pas les raisons qui m'avait fait le suivre.

“ C'est une idéologie assez lointaine pour que, malgré mon grand âge, je ne l'ai jamais connu. ”

Me tournant vers lui, je lui transmettait un sourire invisible qui dissimulait une certaine amertume quant à cette vérité. Mais je voulais être certaine qu'il soit sûr d'une chose, j'avais choisis de le suivre pour le meilleur et pour le pire. Quelque soient ses idéaux, je les suivrais. Quelques soient ses méthodes, je les observerais et quelques soient ses ordres, je les suivrais.

“ Même si ce n'est pas le rôle que tu cherches en moi, sache que je me ferais un plaisir de prendre soin de chacun de tes petits monstres. ”

Là, mon regard était espiègle. J'avais eu l'envie maladroite d'alléger notre conversation, comme si je sentais que son cœur s'était alourdis d'un seul coup. Il comprendrait, et je l'espérais, que bien que faisant de l'humour j'étais en effet disposé à suivre cet idéal qu'il m'avait conté. Les injustices étaient innombrables. Elles l'étaient dans l'ancien monde et elles l'étaient dans celui-ci. Cela faisait des décennies que je n'avais pas foulé cette terre, mais je doutais que le moindre changement significatif s'était opéré. Peut-être que ce changement, c'était lui qui allait l'apporter, ou peut-être pas. En tout cas, il avait les convictions et la détermination pour. Au moins, il essayait et c'était bien là le principal. Tout ce que je désirais à cet instant, c'est qu'il soit en paix avec lui même, avec le temps qu'il faudrait. J'espérais pouvoir l'accompagner jusque là.

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C'était étrange. Cette sensation. Crier des mots gardés au secret depuis tant d'années que j'en avais oublié leur existence. L'explication accordée sur toute une vie de meurtres, d'assassinats, de complots et d'alliances. Ce long et périlleux chemin me laissait enfin entrevoir la fin du chemin. La concrétisation était si proche. D'ici quelques semaines au plus tard, je disposerai d'une forteresse suffisamment solide. De l'or en quantité pour armer en assez grand nombre pour la tenir. Et une influence telle, qu'ils préfèreront mourir dans une bataille perdu d'avance que de vivre en m'ayant déçu. Les fondations de mon Destin étaient désormais battis et solides. Le reste quant à lui, allait dépendre d'une divinité au regard aussi profond qu'il n'est bleuté.

L'esquisse d'un sourire se dessina faiblement sur le coin de mes lèvres, tandis que j'écoutai avec attention ses mots. Sages et pertinents. A la hauteur de mes espérances mis en elle. Il était vrai que les dirigeants se faisant d'eux-mêmes devaient passer par les manigances et le sang. Bien trop. Nul doute que je ne serai plus jamais l'enfant innocent, naïf et plein d'espoir. On ne pouvait en ressortir que méfiant, fataliste et intransigeant. Je n'accepterai jamais qu'un autre que moi gouverne Sirk. Dirige cet Ordre que je bâtissais. Hors de question. Mais.. Être le Prince de Lüh. J'avais beau restait silencieux, marchant en songeant, la réponse était parfaitement claire pour moi. Je ne le serai jamais.

Tout ce que j'entreprenais depuis des années n'avaient jamais eu pour but de prendre sa place. Je laissai ça aux nobliaux dans le besoin d'un titre de plus en plus pompeux pour se sentir puissant. Enfermé dans un Palais. Contraint d'écouter les lamentations de chaque misérable. Constamment observé par une plèbe d'hypocrites à chaque inspiration. Non. Cela n'avait jamais été un but pour moi. Mon avenir consisté à mettre un mort la déification d'un tyran. Et très certainement, à en payer le prix fort.

Tournant les yeux vers Sarabi en continuant notre marche, je soulevai un sourcil. En une seule phrase, elle venait d'infantiliser ceux que je décrivais comme les plus redoutables et impitoyables tueurs de toute l'île. Désormais, ils n'étaient que des enfants manquant d'une belle claque pour les remettre rapidement sur le droit chemin. Silencieux, je ne répondais rien dans l'immédiat. Ne prenait-elle pas cela au sérieux ? A moins qu'ils ne soient, tout terrifiant que je dise, bien inoffensif pour elle. Ou alors étais-ce là une allusion à l'Epreuve, lorsque je lui donnai pour tâche de veiller sur l'enfant devenu orphelin. A moins que.. Non. Les divinités ne faisaient pas d'humour.

- Je suis heureux de te savoir à mes côtés. De grandes choses nous attendent. Nous allons changer cette île. Il y aura un avant, et un après Kris et Sarabi. Les Maskurs. Finis-je par lancer avant de rapidement reprendre En fait, non. Ce surnom n'est pas si bien. On peut trouver mieux.

Il n'allait plus nous falloir bien longtemps maintenant que l'effet des Tubernacles se faisait sentir. Sans la chaleur étouffante, seule la hauteur des dunes ensablées était un problème. Ca, et les éventuelles mauvaises rencontres. Ne restait plus qu'à savoir si c'était l'une d'elles, ou le village que l'on apercevrait en premier.

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L'éclat de l'ambre

Un sourire, imperceptible au travers de mon physique animal, réchauffa mes traits, laissant l'espièglerie de l'instant passé s'évaporer dans le même temps. Ainsi donc il était heureux de me savoir à ses côtés ? Voilà des paroles que réchauffaient mon cœur et mon âme car j'avais la prétention de croire qu'elles étaient sincères. Et comme je l'avais lu au travers de son âme assombris, il avait réellement de grandes ambitions. Rien de moins que celle de changer l'île dans son entièreté.

J'étais à la fois enchantée et incertaine face à de si grands desseins. Toutefois, si en marchant à ses côtés j'avais l'opportunité d'apporter ma pierre à l'édifice du changement, voilà qui me ravissait. Notre possible surnom me fit glousser une seconde tant que je le trouvais inapproprié. Les Maskurs étaient un couple soudé et solidaire, lié par des instincts primaires et charnels. Bien que je saisissait l'allusion à leur férocité, je n'en était pas moins en désaccord et heureusement pour moi, cette idée lui déplu à lui aussi finalement.

“ Un surnom s'obtient à la suite d'action mémorable. Ne nous précipitons pas, la postérité saura bien nous nommer et ainsi saisir toute la force de notre duo d'elle même. Ce serait bien plus gratifiant ainsi ne penses-tu pas ? Laissons nos actes parler pour nous. ”

Mon regard bienveillant et encourageant demeura quelques secondes sur le visage de Kris, observant sa réaction à mes mots. Il avait la fougue d'un jeune homme plein d'entrain. La complexité de son âme en était d'autant plus fascinante et mon regard cristallin essayait de la sonder, distraitement.

Une dune nous faisait face et je la gravis rapidement, en quelques foulées souples. Parvenant à son sommet je distinguais un village en contre-bas, sans savoir pour autant si c'était celui que nous cherchions. Mais il me semblait bien que oui. Surplombant ainsi l'horizon, les rayons et le vent caressant mon pelage, je me tournais vers Kris qui mettait un peu plus de temps à gravir cette montagne de sable. J'aurais voulu l'aider évidemment, mais il me semblait que sa fierté m'en empêcherait. Alors je l'attendais patiemment.

“ Je crois qu'on touche au but. ”

Lui dis-je avec douceur et enthousiasme.

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Un sourire amusé s'échappa tandis que je constatai la réelle sagesse pouvant possiblement se cacher derrière ces compatissantes iris. Sans un autre mot, nous continuâmes notre périple dans cet océan asséché. Ainsi semblait se construire nos échanges. Des paroles rares mais précises, sans le moindre dispensable ornement. Les vagues nous faisant face continuèrent de varier, d'une à peine ressenti à la haute décourageante rien qu'à la vue de sa taille. C'est au sommet de l'une d'elle que décida de s'arrêter la divine féline. Sans doute espérais-je qu'elle y redescende pour n'avoir qu'à la contourner.

Mes pas s'enfoncer dans cette vase sableuse, rendant particulièrement longue et pénible son ascension. A plusieurs reprises, mes mains durent m'aider à me stabiliser tandis que mes pieds glisser sur plusieurs centimètres en arrière. Si nous étions dans le territoire du Zan, nul doute que cela m'aurait déjà coûté la vie. Après de longues minutes, je parvenais à rejoindre la Subalterne. Une légère brise m'accueillis en même temps qu'une croyance loin d'être fausse.

Une fois l'instant pris, je décidai de m'asseoir au sommet de cette vague afin de prendre le temps d'observer l'objectif de cette interminable nage : Notre Atlantis. Avec surprise, je me rendis compte que la satisfaction laissa rapidement place à la crainte. Ce village d'assassins à la bonne réputation, n'était plus qu'un amas de ruines. Un village oublié de tous à moitié recouvert par le sable. Le Temps lui-même semblait s'en être détaché. Durant un instant, ce n'était pas Skart, mais Sirk. Ce qui était arrivé ici, pouvait fort bien arriver là-bas. Et si c'était cela, qui resterait après ma mort ? Si tout cela, ne servait à rien.

- Mon aliment m'a protégé de la chaleur, mais pas de la fatigue. Faisons une courte halte. Me présenter face à elle dans le moindre état de faiblesse pourrait être une erreur fatale.

C'était vrai. Pourquoi suivrait-elle un homme fatigué, alors qu'elle pourrait utiliser cela à son avantage en profitant de mes réflexes affaiblis ? Bien entendu, Sarabi veillerait sur moi. Mais si cet, Aslan, était toujours à ses côtés, je doutai que la Sagesse puisse se faire victorieuse face à la Férocité même. Deux grandes gorgées vinrent adoucir la sécheresse de ma gorge avant que je ne laisse mon regard aller et venir autours de nous. Aucun prédateur. Aucune proie. Probablement l'aura divine de ma comparse qui tenait à distance ces redoutables mercenaires de la mort. A moins que ce ne soit l'odeur de la Mort elle-même, se dégageant du cimetière abandonné de tous, nous faisant face.

- Cela ne devra pas nous arriver, Sarabi. Lâchai-je finalement avec une certaine fermeté. De longues discussions seront nécessaires. Des anticipations sur plusieurs semaines devront être réalisées. Le repos nous manquera certainement. Mais en aucun cas, Sirk devra se retrouver dans cet état. Pas tant que le Prince gouvernera. Continuai-je à la suite, gagnant en conviction dans ma voix Dis-moi, quelle serait ta première idée, pour éviter ce destin ?

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22/03/2018

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L'éclat de l'ambre

Il parvenait envie au sommet de cette grande vague de sable et pourtant je ne pouvais refréner ce regard inquiété et concerné qui l'avait observé tout du long. Évidemment, je n'avais pas réagit contre son gré, malgré tout, j'y avais éprouvé quelques difficulté, me retenant toujours in extremis de lui venir en aide. Néanmoins il paraissait satisfait d'avoir accomplis son ascension seul, voilà tout ce qui me fallait pour apaiser mes tourments. Je le gratifiais d'un sourire invisible sur mes traits félins avant de m'asseoir à sa suite, observant le village qui nous faisait face en contre bas.

Du moins, ce qu'il en restait. Y a avait-il vraiment encore la moindre trace de vie humaine là bas ? J'en doutais. Il n'y avait là que ruines ensevelie sous le sable qui commençait à les engloutir de toute part. J'étais perplexe et inquiète. Qu'allions nous trouver là bas ? Si nous devions effectivement y rencontrer quelqu'un, sa nature me tourmentait soudainement, d'autant que les mots de Kris ne me rassuraient pas davantage, au contraire. Mon regard cristallin s'était vu ombragé d'un trouble angoissant alors que je fixais inexorablement notre but.

L'une de mes oreilles se tourna vers Kris quand il reprit la parole. J'écoutais le moindre de ses mots avec une attention pleine et entière, pourtant je ne parvenais pas à détacher mon regard de ces ruines. Non, Sirk ne finirait pas comme cela, pas tant que je serais à ses côtés en tout cas. Mon regard se durcit alors d'une pointe de détermination et de hargne protectrice envers cet humain que j'avais choisis.

Ma première idée, très pragmatique, se fit entendre très simplement sur un ton des plus neutres.

“ Ne pas s’installer dans le désert. ”

Je guettais du coin de l’oeil la réaction de l’humain à mes côté. Ma dernière tentative humoristique n’avait pas été vue d’un bon œil ou du moins de celui que j’esperais. Aussi, j’etais assez frileuse quant à cette deuxième tentative qui n’avait de tentative que le nom puisque je l’avais dis très naturellement et sans idée derrière la tête. Mais sa question n’en demeurait pas moins sérieuse, aussi me fallait-il y répondre avec la même intention. Alors, que faire pour nous éviter ce destin ? Je n'étais pas une oracle, je ne connaissais ni notre futur ni le passé qui avait sonné le glas de ce village.

Alors, le regard vissé sur l'horizon basse, je lui répondait dans un souffle clair et calme.

“ Connaitre tes ennemis et encore davantage tes amis. ”

Je laissais un temps de silence s'installer avant de reprendre.

“ Car dans une guerre, il faut connaître les forces et faiblesses de ses opposants pour mieux y répondre. Mais tout autant, voir plus, les qualités et les vices de ses alliés. Car c'est bien la trahison qui surprend le plus face à l'attaque de front. ”

A nouveau, le silence s'installa. J'avais plus à dire, d'autres conseils à lui prodiguer, mais je préférais les taire. De part le fait qu'ils évoquaient sa propre personne et que je n'étais pas certaine qu'il était complètement disposé à recevoir ce genre de conseil, ou moi à les lui faire entendre convenablement. J'avais de ce fait surtout besoin d'en savoir davantage sur lui avant de pouvoir le conseiller sur des choses plus personnelles que celles animant une guerre. Si il avait une réponse à me donner, je l'écouterais, les yeux toujours rivés sur notre destination. Alors la question qui me brûlait les babines prit s'énonça enfin.

“ Qu'est-il arrivé à ce village ? ”

@ pyphi(lia)

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22/08/2013

Akelar Katar

Rp Précédent:

► Chronologie: Terra + 10
► Endurance: 10 [+3]
► Etat: Sain

Equipements:

Inventaire actuelle:

Un faible rire bien que sincère, sans doute que sincère, sans doute pour la première fois depuis des années, s'échappa aussitôt la répartie de Sarabi lancée sur le choix quant à l'implantation de la future forteresse. Lorsque je retirai la capuche protégeant mon crâne de la lourdeur d'un soleil réputée mortelle dans cette contrée, je savourai la légère et presque imperceptible brise naissante d'une soirée qui ne tarderait pas à arriver. Le sourire amusé toujours présent, je continuai d'observer la mythique citée ensevelie. Silencieux, j'appréciai la pertinence des réponses du Félin assise à mes côtés. La sagesse qu'elle prétendait plus tôt posséder, à l'instar de tous ses semblables, semblait être pour une fois véridique.

C'était là un fait que les années m'avaient enseignées. Connaître autant ses ennemis que ses alliés. Là était par ailleurs la base de toute la stratégie mise en place pour la plus importante partie d'échec d'Arcane. En étant à la fois Kris et Akelar, Maître Assassin et Comte de Lüh, je pouvais connaître tant mes alliés que mes adversaires. Cela m'avait déjà beaucoup servis. Sirk étant actuellement l'apogée de ce double jeu. Avoir pris possession d'un village par le massacre de ses habitants, et avoir légitimé cela au point qu'aucune force princière ne m'en est tenu rigueur. Leur première erreur.

- Aucune idée. Lui répondis-je finalement sur le sinistre destin J'admets ne pas avoir cherché à savoir à l'époque. Seule sa férocité m'importait.

Quelques secondes s'écoulèrent, un peu pensif, avant que je ne me redresse finalement. Il était temps. Lentement je remis mon visage dans l'obscurité, le regard retrouvant la flamme d'une détermination apaisée depuis trop longtemps. Ce n'était pas Akelar qui devait s'avancer, mais bel et bien Kris. Aucun Comte n'avait une chance de ressortir. Le Maître Assassin, lui, une petite. Doucement, je descendais la haute vague en m'assurant de la présence de Sarabi, que je fis se stopper une fois les portes gardaient par deux tours de gardes dont l'une d'elle fut la victime des flammes.

- Garde tous tes sens en alerte. Nous ne sommes pas les bienvenues ici.

Lentement, faisant grand usage de ma vue, mon ouïe et mes présentiments, je posai le pied sur un pavé à moitié fêlé. Il était le prémices à bien d'autres, dont l'état n'était pas plus glorieux. Néanmoins, cela faisait du bien de ne plus avoir cet épuisant sable sous les bottes. Mon regard passait d'une de ces demeures mitoyennes à une autre, prenant garde de vérifier chaque ouverture qu'un terrible affrontement avait de toute évidence causé. Des portes portant à l'aspect solides étaient brisées ou enfoncées lorsqu'elles n'étaient pas tout simplement absentes. Je devais en être à peu près au milieu de la rue principale, lorsque je portai la main à mon pommeau, fixant l'épaisse obscurité d'une des rares vitres ayant encore un peu de verre en ses coins. Un bruit étrange s'y dégageait en plus de l'impression d'une présence malsaine. Léger. Sifflant.

Après quelques secondes, je compris qu'il ne s'agissait que du vent allant et venant à travers toutes ces brèches. Je repris alors ma marche, sous les murmures d'outre-tombe des morts loin d'en avoir fini avec cette vie. Après avoir passé plusieurs tombes où résonnait l'écho d'un effroyable passé, dont l'entrée était marqué d'un symbole de fer représentatif de différent corps de métiers, j'arrivai à celui indiquant de toutes évidences une taverne. Evidemment. Assise auprès d'un homme probablement aussi âgé que mon majordome, une silhouette féminine s'abreuvait tranquillement. Pour en avoir détaillé de mes mains chacune de ses courbes, je ne doutais pas qu'il s'agissait du siens. Et avant que je ne puisse l'atteindre, sa voix s'élevant me le confirma.

- Tu es bien loin de chez toi. Me lança-t-elle avant de terminant avec un "Akelar" sur lequel elle appuya, masquant avec clarté des non-dits n'en étant pas moins fortement pensés.

La neutralité de sa voix me laissait perplexe. Autant elle pouvait être rassurante dans le sens où elle ne semblait pas me tenir rigueur quant à la manière dont on s'était séparé la dernière fois, tout comme menaçante de par sa formulation. A moins que cela ne soit qu'indifférence. Qu'importait la bonne analyse, il me fallait répondre et prendre garde aux mots. Elle pouvait apparaître calme et sereine, mais j'avais vu la sauvagerie sommeillant en elle. Si cette dernière avait décidé de faire une sieste, voilà qui me convenait. Et je ne comptai pas la réveiller. Pas encore.

- J'ai fait un long périple pour te retrouver Meiro. Répondis-je après m'être arrêté lorsqu'elle s'était adressé à moi, la main loin du pommeau mais prête à s'y lancer. J'ai une proposition à te faire. Lançai-je avant de chercher la formulation adéquate, pour finalement trouver une idée ne m'ayant pas encore traversée l'esprit, mais qui était pourtant fort prometteuse. Redonner sa grandeur à Skart.

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22/03/2018

L'éclat de l'ambre

Ainsi donc et avec le plus grand des plaisirs, j'entendais le rire de Kris. Au fond de moi, j'étais fière de l'avoir provoqué mais tout autant ravie de savoir qu'il existait encore, dans son âme assombris, la force de rire. Mon visage s'éclaira d'un sourire invisible, m'abreuvant de la légère brise qui venait balayer mon pelage subtilement. Pourtant, ce court ainsi ne demeura pas, mon regard cristallin se posant sur le village en contre-bas. Malheureusement, Kris me forçait à imaginer ce qui avait bien pu se passer là bas. Quelques images me vinrent, toutes plus insupportables les unes que les autres.

Et puis, sans un mot je l'observais se redresser et amorcer notre descente, le suivant à la trace et l'ayant laisser prendre la tête cette fois-ci. J'avais l'intuition que c'était à lui de prendre les devants, je n'étais après tout qu'un soutien en cette situation. En quelques instants, nous nous retrouvions en bas, face à ces deux tours de guets en piètre état. Presque arrivé, il me stoppa d'un geste et je m'exécutais dans l'immédiat, silencieuse et déjà en alerte, avant même qu'il ne me l'ordonne.

Puis nous pénétrions l'enceinte, à une allure mesurée et discrète. Mes oreilles se dirigeaient en tout sens, captant le moindre bruit suspect. Mon regard balayait la zone et détaillait avec intensité les restes de cet endroit. Sans connaître son histoire, je n'en étais pas moins peiné. J'y sentais la souffrance, les dernières effluves du sang versés et sec, j'entendais presque les cris qui avaient habités ses murs.

Mais je n'en restait pas moins concentrée, calquant mes pas sur ceux de Kris, souples et silencieux, sur ces pierres en bien mauvais état. Kris, lui, s'arrêta à l'entrée de ce qui avait l'air d'être, jadis, un lieu de passage et de partage florissant. Je m'asseyais souplement derrière lui, montrant ma présence sans aucun air menaçant, me contentant de fixé la femme qui lui avait adressé la parole, ou plutôt son dos. Je pouvais déjà noté que sa musculature était ciselée, marqué et entretenue. Je captais aussi le vieil homme à ses côtés.

Je demeurais silencieuse, observatrice et calme, telle une statue gardant les lieux.

@ pyphi(lia)

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