« Je dois régler quelques affaires à la garnison avant de partir. J'en ai pour une heure. Je te laisse m'attendre ici, Amko'Unn. »
Le regard sombre de la Capitaine se posa une dernière fois sur le visage simiesque de son compagnon. Ça ne se voyait pas, mais elle qui était habituée à donner des ordres à tout va, faisait d'incroyables efforts pour ne pas restreindre la liberté du fils divin à chaque parole. Et sur ces mots, elle quitta le manoir des Lù en talonnant son variquan. Son allure pressée et son air déterminé incitaient rapidement la foule à se pousser. Peu lui importait le cri des quelques nobles choqués, il y avait plus urgent.
Après être sortie du Temple du Feu avec l'un de ses prisonniers, Qilin était rentrée à la capitale sans difficulté notoire. Elle lui avait présenté ses fonctions dans ce nouveau monde, et son domicile familial, qu'ils partageaient désormais. Elle souhaitait qu'à son instar, Amko'Unn y trouve un havre paisible où se poser. Puis les événements s'étaient enchaînés.
La rumeur du mécontentement des rorniens courrait dans les rues de Lüh. Elle avait assisté à une soirée de la haute et noble sphère de la ville, où le sujet était sur toutes les lèvres. Suite à quoi, elle n'avait pas hésité à se présenter devant son commandant et lui demander l'autorisation de partir pour Rorn avec son équipe. Elle était déjà prête. Une fois la permission accordée, elle prit connaissance des derniers rapports et donna plusieurs directives en son absence. Comme prévu, elle fut de retour une heure après son départ. Son invocation et ses traqueurs l'attendaient devant la résidence des Lù.
C'est ainsi qu'elle se trouvait actuellement à une demi-heure de la ville en reconstruction, fief délaissé de la royauté au milieu de terres en conflit. Le sérieux n'avait pas quitté ses traits depuis la nouvelle, même durant son sommeil. Tenant fermement les rênes de sa monture, elle pressa à nouveau le pas, quitte à la fatiguer. Ses quatre camarades suivirent le rythme. Ils étaient dépêchés sur place pour évaluer la situation en temps réel. Sachant que l'étincelle avait déjà pris, il n'y avait plus une minute à perdre.
Au fond, il n'était guère surprenant que la situation s’envenime de la sorte. Le peuple ne pouvait être dupé longtemps. La Garde n'était plus assez nombreuse pour fournir l'effectif nécessaire à la population ainsi qu'au combat. Et le choix nécessaire avait naturellement été fait. La plupart des gens à la capitale ne s'attendaient pas à ce que les habitants du Nord prennent les choses en main. Il y a quelques années, elle n'y aurait pas songé non plus. Mais depuis qu'elle se battait contre la Confédération sur le front, elle avait suffisamment côtoyé ces gens pour cerner un peu leur mentalité.
Ils ne faisaient pas partie de ces pauvres, résignés, à l'abri dans l'enceinte de Trare ou de Lüh. Ils étaient des gens du nord, débrouillards, habitués à un climat rude, à une vie souvent martiale, et attachés à leur terre. Alors non, elle n'était pas étonnée de cette tournure. En revanche, elle était inquiète. Nul ne savait quel chemin pouvait emprunter leurs idées de reconquête. Une chose demeurait certaine, la mort les attendait patiemment sur le bas-côté, à l'affût de la moindre imprudence. Malgré leur combativité, personne ne devait oublier qu'ils n'étaient pas des soldats.
Son regard dur se posa au loin, où se découpait la silhouette de leur destination. Sans se dérider, elle souffla une perspective audible seulement par son compagnon.
« De nouveaux reflets nous attendent. »
Puis elle reprit sur un ton normal, même si elle s'adressait toujours et uniquement à Amko'Unn.
« Excité à l'idée de voir l'imprévisibilité et la bêtise des hommes au premier plan ? »
C'est à peine si j'eu réellement le temps de me poser depuis la sortie du Temple, que déjà les affaires du cycle de la vie actuelle d'Arcane avaient happé mon invocatrice. Nos échanges récents m'avaient cependant permis de mieux cerner sa place ainsi que ses... devoirs, en ces temps d'aujourd'hui. Troubles, en l’occurrence. De l'action dès le départ, que demande le peuple? Haem, faudrait ptet que j'évite un tel humour vu la situation... Ou ptet pas, depuis quand je me pose la question?
Je sors de la bâtisse, grande et assez délicatement entretenue où elle réside, bien qu'elle m'ait offert de l'attendre là où je me trouvais. Quatre humains me tiennent aimablement compagnie sur le pas de la porte, d'ailleurs. Deux hommes, deux femmes... Avec elle et moi cela pouvait donner un équilibre particulier, d'un certains point de vue. Mmm, il est temps que ma puissance revienne, j'ai un creux de la perception, trop de stéréotypes s'immiscent de façon malsaine, les ressentis humains me manquent cruellement! J'observe chaque individu, sans réellement interagir avec eux, le temps de voir. Leurs propres regards, leurs attitudes, ces froncements de sourcils par instant, cette nervosité ou cette impatience à d'autre... Le tout teinté d'une grande touche de sang froid, héhé. Ces olibrius ne sont pas aux côtés de Qilin pour rien.
A ce propos, son visage me revient quelques secondes, son regard était plus sombre que ses prunelles... Quoi qu'il en soit, j'me démerderais pour que ça ne dure pas longtemps. Pis s'il faut être sérieux, ... mmm ... bon on verra la suite, ne spéculons pas tant! Sa silhouette se découpe à l'horizon, pressée, attendue. Moi aussi je l'attends? Ah, c'est bien possible!
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J'ai pas besoin de bestiaux pour aller vite, au moins. Et c'est avec satisfaction que je constate ne pas être trop rouillé pour partir à sa suite. S'pratique d'être souple et agile avec de si longs membres, limite, mes foulées sont plus régulières et fluides que celles de leurs montures. Bon, elles se crèvent un poil là aussi les pauvres. Bah c'est leur boulot, au fond, non? Une voix tinte à mes oreilles, dans un souffle qui m'est uniquement perceptible. Un sourire en coin relève brièvement une babine sur mes canines acérées. Elle s'est approprié mon monde, tout comme je m'assimile au sien. "Héhé..." Mon murmure ne s'adresse qu'à son oreille également.
Quant à la suite... Voilà une perspective qui m'enchante tout particulièrement. Ces hommes, va, maaais pourtant... Ma voix résonne à nouveau normalement, teintée d'une excitation palpable mais aussi de curiosité grandissante et énigmatique. "Allons creuser après les plans inférieurs."
La cité qui nous tient lieu de destination s'approche à grandes foulées de nos moyens de déplacement respectifs. Bah mazette, j'ai encore du souffle... C'est pas rien d'être d'essence divine, tout de même. Faudrait pas que j'me force trop non plus cela dit, je pense que je vais avoir besoin de toute mon énergie dans ce bazar qui se profile. Parce que plus on s'avance, plus les relents d'un truc pas net me lèchent les narines. Fin, ça m'aurait pas dérangé en d'autres circonstances, j'pense même que je serais venu ici rien que pour admirer le spectacle et donner un coup de main si y'avait du boxon supplémentaire à mettre. Sauf que là, j'ai une étiquette à respecter...ouai... ouai... Ben le pire c'est que ça m'plait, quand j'y pense deux minutes.
Mes griffes dérapent sur quelques centimètres devant les portes de la ville... C'est pas de l'architecture de haut vol, dis donc, sauf si le but était d'obtenir un rendu 'effet à moitié en ruine'. Un demi tour, un poil de poussière dans mon sillage, et je me redresse devant Qilin qui vient de ralentir également. L'argent de mes iris se focalise soudain sur les siens avec une intensité particulière. J'suis pas encore très puissant, et ça me démange d'être comme un nouveau né qui à le cul-nu face au danger. Mais! Je suis là et je démembrerais le premier qui la touche. Mes épaules tournent un moment alors que j'étire mes muscles, sans arrêter de la fixer.
"On y va en douceur, ou...?" Si je perçois un peu mieux son rôle et son fonctionnement, vu qu'on est pas loin de l'urgence, j'attends de savoir ce qu'elle préconisera. T'façon je m'adapte, tranquille, je fais tout ce qu'on veut, j'me plie en quatre! Hop là! ...
... Si elle me dit qu'on se sépare j'lui en colle une.
Il rit doucement. Au moins, il y en avait un qui pouvait s’amuser de la situation. Cette relativisation était toute semi-divine, mais avait son importance. Elle s’apparentait à la distance que mettait Qilin entre elle et chaque chose, malgré sa grande implication dans les affaires de ce monde. Il fallait savoir garder une vision d’ensemble, et l’étudier avec calme. Ne pas céder aux caprices de l’émotion. Ainsi elle ne s’offusqua nullement de l’attitude légère du demi-dieu. Non, elle s’y habituait, curieusement.
Tout le contraire de la traqueuse à l’air aussi sérieux que le sien. Lectra faisait non seulement partie de son équipe de traque, mais officiait également en tant que l’un de ses Lieutenants. Parmi ses quatre équipiers, son caractère strict et fermé était le plus similaire à celui de leur supérieure. Il lui manquait toutefois l’éducation intellectuelle et la finesse d’esprit de cette dernière. Ce qui l’empêchait clairement de percevoir Amko’Unn dans sa multiplicité. Toutefois, elle ne se permettrait jamais plus qu’un regard en biais sur l’incarnation de cette allégresse qui la dérangeait.
Les lèvres de la capitaine s’étirèrent en un sourire discret. L’enfant des lumières avait hâte. Et au fond, elle partageait son excitation. Elle voulait décortiquer ce qui résidait sous les agissements de ces gens prêts à défier l’autorité et risquer leur vie. Les portes de la ville n’étant plus qu’à quelques mètres, elle freina la course de sa monture, et chaque humain fit de même. Son invocation, la seule du lot conviée à la fête, se tenait devant elle. Elle répondit avec un calme et une autorité naturels, et fit pivoter sa monture pour embrasser leur petit groupe du regard.
« Oui, doucement. Nous sommes ici pour observer, et rendre compte. Toutefois, je vous fais confiance pour agir, si la situation l’exige. »
Ils acquiescèrent en silence. Rien de nouveau pour eux. Mais c’était la première fois que le demi-dieu voyait quel reflet miroitait en présence de son équipe. Qilin trouva son regard argenté. Son ton à l’instant neutre s’emplit d’un brin de chaleur lorsqu’elle lui indiqua leur démarche protocolaire.
« Nous allons d’abord rejoindre le quartier général de la Garde. »
Bien sûr, ses soldats savaient pertinemment qu’elle entreprendrait à un moment de trouver la ou les sources du ralliement. La donne variante concernait les invités à ses côtés. Sous l’impulsion de la capitaine, le variquan couleur vermeil s’élança, dépassant rapidement l’entrée de la ville pour s’insinuer en son cœur. Rorn n’était pas très grande, surtout comparée à Lüh, aussi ils atteignirent rapidement leur nouvelle destination. Normalement, elle aurait dû faire un détour par la Milice pour signer le formulaire de déclaration d’invocation. Néanmoins en cet instant, elle préférait largement se taper une amende que s’enfoncer dans les démarches administratives au risque de succomber à l’agacement.
Qilin mit pied à terre et confia les rênes de sa monture aux gardes qui l’accueillirent, aussitôt imitée par ses adjoints. Elle demanda à s’entretenir avec le colonel Regnar, pour s’enquérir des dernières nouvelles. En attendant qu’il soit informé de leur arrivée, elle se tourna vers le fils d’Ignis. Tout ceci ne lui laissait guère le temps de s’entretenir avec lui. D’autant qu’elle se fermait davantage lorsqu’il n’était pas sa seule compagnie. Est-ce qu’elle s’en souciait ?
« Ça te dérange si j’utilise plutôt la dénomination Amko ? Ton nom me plaît, mais il instaure une certaine distance. J’aimerais quelque chose de plus familier. »
Elle s’était révélée dans toute son intimité au cours de son épreuve, alors, elle pouvait bien se permettre, non ? Quant à sa propre personne, s’y référer par son simple prénom était déjà une fleur en soi. Hormis sa famille, nul n’y était autorisé. Toutes ces considérations si inédites... Et dire qu’initialement, en rentrant dans le Temple du Feu, elle n’en avait prévu aucune. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas eu de surprise dans sa vie. Amko était loin d’en être une désagréable, pour l’instant.
Mais est-ce qu’elle voulait que Rorn soit une surprise ? En voilà une réelle question.
Mon regard brillant d'enfant divin se pose alternativement sur chacun des traqueurs qui nous accompagnent et l'écoutent limite religieusement. Am, stram, gram... Toi tu obéis , toi c'est la même, toi aussi et toi pareil ! Y'a qu'moi qui ne reçoit pas les données de la même façon en fait. Un sourire simiesque s'étire presque imperceptiblement sur mon faciès, avant que je ne reporte toute mon attention sur Qilin. Hochant la tête, j’acquiesce à ses propos... Probablement avisés.
"Certes, c'est une idée!"
Si j'me préoccupe en vérité peu de ses comparses, j'ai rapidement saisi la scission entre son attitude au sein du temple, puis en ma compagnie et celle qu'elle adopte en public, ou même avec certains proches. C'pas compliqué, d'ailleurs, je suis clairement privilégié, quoi de plus normal, huhu.
Mon égo à part, j'pense qu'on déploie plus aisément son potentiel lorsqu'on a pas à faire preuve de retenue, façade, ou... Que sais-je encore de ce qui, jusqu'à présent, m'échappe toujours un peu. Cela se révélera, à notre gré, sans aucun doute. Pour l'instant, ce léger flou teinté d'une part de relâchement en ma compagnie m'est purement et simplement agréable.
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Allons donc au quartier général et voir ce que d'autres avaient probablement à nous dire. Je m'élance à sa suite dans les rues de la cité dégradée, prêtant une attention fine à tout ce qui m'entoure. Si l'on doit évoluer en ce lieu quelques temps, je tiens à imprimer le moindre détail dans ma chair mnésique. Cela pourra servir en temps voulu.
Nous y sommes, je la sens tendue et concernée... Mais par quoi exactement ? Mmh, cette petite humaine regorge d'inconnues qui chatouillent ma curiosité. Sa voix me tire soudain de mes réflexions, me ramenant à un certain pragmatisme.
"Amko' c'est aussi bien, court, fluide, pratique... Familier, oui." Puis ça sonne bien à mes oreilles... Où est-ce sa voix quand elle l'utilise? Sens et sensations, j'ai besoin de plus prégnant, mais cet aperçu sous forme originelle éveille tout de même une très légère interrogation à mon propos.
Je penche la tête deux secondes en l'observant, avant de reposer mon attention sur le décor de ce bâtiment devant lequel on patiente et ses alentours. Mes doigts frôlent les murs, la porte, leur textures, ... Mes ressentis humains me font défaut, j'oscille entre la frustration et... L'indifférence à ce propos que requiert la situation actuelle. Est-ce que le type va s'amener? Et amener quoi que ce soit de réellement intéressant? Et que va-t-elle en faire? Pas du type, évidemment, de son blabla.
La révolte de Rorn - quartier général de la Garde Dorée
Le colonel Reignar était assis à son bureau, songeant au sujet le plus épineux : la révolte des habitants de Rorn. Il restait calme, comme à son habitude, mais ne pensait qu'à ça ces derniers jours. Il ne fallait pas se hâter dans la prise de position qu'ils allaient devoir prendre. ll redoutait un peu de la réponse de Lüh. Mettre sous le verrou, même si cela n'a pas duré, les deux initiateurs du conflit, cela avait été une bien bête erreur des miliciens, ce qui n'avait fait qu'accentuer la séparation entre l'autorité et la volonté populaire de justice. Une séparation bien dangereuse, pour tout le monde.
Le colonel fut interrompu dans ses pensées. Une capitaine dépêchée de Lüh venait d'arriver et souhaitait le voir. Tout le monde s'affolait, là-bas. Pour lui, cela n'avait rien d'étonnant, connaissant bien la ville et ses habitants.
Il accepta de rencontrer la capitaine, et quelques temps plus tard, on frappa à sa porte. Il invita la personne à rentrer. Le colonel n'avait jamais vu cette femme, Qilin Lù. Charmante.
« Rompez. »
Le colonel leva son nez de ses papiers débordants de son bureau.
« Que me vaut votre visite ? »
C'était maintenant que Lüh se réveillait. Peut-être un peu trop tard.
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Amko. Ce serait donc Amko. Qilin redressa légèrement la tête. Elle ne sourit pas, mais ses traits respiraient la satisfaction. Le demi-dieu reporta son attention sur les alentours. Il tâtait la pierre, le bois, sans l'éprouver comme elle. Il regardait l'architecture simple, sa composition avant tout pratique, sans la voir comme eux. Cette différence, seulement apparente pour ses iris sombres, faisait écho à la conversation qu'ils avaient eu au manoir. Il essayait pourtant. Le chercheur de reflets. Mais il restait là, incapable d'atteindre son but. Quelle frustration.
Elle l'observa faire, de son habituelle impassibilité, et s'interrogea sur la récupération progressive de sa puissance. Dans combien de temps serait-il capable de revêtir la forme qui l'attirait tant ? Le garde parti annoncer leur arrivée refit apparition. Il indiqua que le Colonel était prêt à la recevoir. Bien sûr, cette invitation martiale excluait l'enfant des Lumières. Les demi-dieux n'avaient jamais eu leur place dans cette chaîne de commandement. Au mieux ils étaient des soldats comme les autres, attendant les ordres. Si Qilin pouvait faire preuve d'un peu d'excentricité pour attiser l'intérêt des nobles, la Garde interdisait tout écart.
Elle s'engagea à la suite du militaire, puis s'interrompit juste avant de disparaître à l'intérieur de la bâtisse. Rien ne l'obligeait à s'occuper du demi-dieu. Pourtant, elle pivota légèrement, lui adressant un regard en biais. Il savait très bien qu'elle allait revenir. La jeune femme ne dit mot, et pénétra dans les bureaux de la garnison.
Arrivée à destination, elle se présenta devant le haut gradé après y avoir été encouragée.
« Colonel Rikwold. »
La capitaine s'inclina respectueusement, puis quitta sa posture de salut quand l'homme lui en donna la permission. Ses quartiers possédaient un aspect plus froid et rude que les siens, mais cela correspondait au climat du Nord. Et probablement à cet homme. Sa réputation et son caractère étaient appréciables. Qilin ne l'avait jamais rencontré, malgré ses batailles contre la Confédération. C'était surtout son père qui lui avait dressé les nombreux succès d'antan du "Dragan Blanc".
« Messire, aucune mesure n'a encore été décidée à la capitale, mais j'ai eu l'autorisation de me rendre sur place avec mon équipe pour observer la situation. »
Certes, elle avait consulté les derniers rapports juste avant de partir. Mais après 6 heures de voyage sans lien avec la capitale, il avait pu se passer d'autres choses. La ville lui avait semblé relativement calme en arrivant, mais elle ne pouvait fonder son jugement sans autre renseignement.
« Pouvez-vous me dire s'il y a eu des évolutions en ville depuis ce matin ? Des mouvements au sein des clans rebelles ? »
Même si l'humeur de la population restait importante, la position du prétendu Keiser et de ses forces l'était tout autant. Cette petite mise au parfum effectuée, elle posa une question d'un tout autre ordre. Après tout, même si elle aurait souhaité enquêter en ville, elle demeurait soumise à la hiérarchie de Rorn.
« Avez-vous besoin de mes hommes et moi à un poste particulier ? Nous restons à votre disposition. »
Alors comme ça je ne suis guère invité à l'accompagner? Bien, voilà qui me donne une idée supplémentaire du fonctionnement et de la mentalité de certaines... Cases. Mes iris argentées se posent un instant sur les abysses de Qilin, nul besoin de mots pour comprendre ce regard, l'échange bref et tacite nous suffit.
Là dessus, j'me retourne en levant les bras au ciel vers son groupe, dans un long soupir à mi-chemin entre le dépit et un air totalement surfait de semi-dieu outré. Qui ne l'est pas du tout en réalité. Bien, c'te bande, maintenant. Un, deux, trois, quatre... Hé, eux non plus sont pas montés après tout. Ma voix lance une réflexion teintée de sagesse un peu trop théâtrale. "Nous voici donc, frères dans la douleur, sur le même pied d'égalité... Fit des essences divines ou humaines, je mêle mon affliction à la vôtre!" Quelle affliction, Am? Ils en ont sûrement pas plus que toi, mais les réactions, par contre...
La jeune au teint clair lève un sourcil, presque dédaigneux, avant de se détourner simplement. Le type aux cheveux ras n'a pas bronché, ni même tourné la tête une seconde dans ma direction pendant que je parlais. Le bouclé en revanche, semble amusé, bien que silencieux. Quant à la dernière, son sourire à peine perceptible m’apparaît bien mystérieux.
"Héhé!" J'pense que je vais bien m'amuser tiens. Autant occuper ce moment d'attente intelligemment. Oh, j'dis pas que ce sera de l'avis de tout le monde, mais je leur demande pas, leur avis. Je me suis rapproché du type qui semble à peine faire comme si j'existais, assis sur un muret de pierre, et j'me pose juste à côté, pattes avant entre les pattes arrière sur la pierre. "Voilà un moment propice pour faire de..." Mon faciès se penche soudain juste devant le nez du gars en question. "...Sympathiques présentation! Huhuhu!" Oh, hé, il se barre? Mazette, celui-là ce sera mon préféré, c'est décidé! Une voix féminine m'interpelle soudain. Sèche et tranchante comme de l'acier.
"Mon nom est Lectra et c'est la seule chose que tu dois connaître, à moins que la Capitaine Lù en décide autrement."
D'accooord, mémorisé, cheffe! Fufu, tu vas voir si j'ai pas déjà appris un paquet d'autres choses rien qu'avec ce que tu viens de me donner. Mais ce sera pour plus tard, tiens, le type chevelu s'approche et me tend une main avec un sourire franc. Il me fait penser à quelqu'un... Genre... moi? Mais pas en tout à fait moi. Faudra que je creuse un peu là derrière...
"Gavhort, lieutenant de la Garde Dorée." Sa tête montre le type qui s'est éloigné. "Je ne parlerais pas en son nom, mais... Ne t'occupes pas trop de lui veux-tu."
Conseil? Menace? Protection? C'est bien aimable, mais je fonctionne comme je le sens, si je le sens bien, mon cher. Ma face de macaque se tourne d'ailleurs vers le gars en question. J'crois qu'il vient d'émettre un son entre le grognement et l'exaspération. "Moi aussi j'grogne très bien, voilà un moyen de communication qui peut nous servir." J'ajoute d'un ton badin. "J't'appellerais Tristan, en attendant, ça te va? Même si ça ne te va pas, note bien..." Pis ça durerait pas longtemps, Qilin finirait bien par le prononcer son fichu nom. J'me gratte le menton, songeur, un sourire en coin. Mais! Ptet que je continuerais quand même à dire Tristan pour la peine!
"L'humour et la sagesse sont d'intéressants traits. A condition de savoir judicieusement les doser." Sa voix est calme, mesurée, ajoutant aimablement. "Tu peux m’appeler Shanwen, enfant d'Ignis."
Voilà qui fait déjà pas mal de détails, en réalité. Cette dernière petite touche m'arrache un sourire sincère, et nullement moqueur. "L'humour... Qui sait ce qu'il en est? Mes propos pourraient s'avérer des plus francs, et alors, peut-être serait-ce vous, qui ne vous prenez guère au sérieux?" Moi j'ai compris, eux, qu'ils se débrouillent pour y réfléchir un moment. Bon, il me fait quoi ce colonel avec mon précieux diamant là?
La révolte de Rorn - quartier général de la Garde Dorée
Le colonel regarda un moment sans rien dire la capitaine présente devant lui. Il la jaugea, n'ayant pas entendu beaucoup parlé d'elle. Ici, on se concentrait surtout sur la problématique nordienne. La femme lui détailla la raison de sa venue, puis lui demanda davantage d'information sur la situation actuelle. Observer la situation était bien mignon, mais cela n'allait pas rallonger le temps qui leur était maintenant compté. Le gradé posa sa plume, se relevant tranquillement. Il fit quelques pas pour atteindre la fenêtre de son bureau, joignant les mains dans son dos tout en regardant la ville, à l'extérieur.
« Ce matin non plus, personne n'a bougé. Ils nous observent tout comme nous les observons. »
Mais qu'en serait-il du lendemain ? Le Nord était au courant de ce soulèvement, mais les informateurs étaient encore bien silencieux. Il songea un instant à l'aide que pouvait apporter la capitaine, se souvenant d'un rapport qu'il avait lu quelques heures plus tôt. Le colonel n'allait pas refuser les renforts, même s'ils étaient pour le moment minimes, de la capitale.
« Puisque vous êtes là, oui, j'ai peut-être quelque chose pour vous. Mais dites-moi avant toutes choses. Quelle est votre avis sur cette révolte ? »
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Humain
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Rang : Sanza Royal Crédit Avatar : 4steex Date d'inscription : 05/01/2019 Messages : 333Double Compte : Valion, Xion, Markus, Rao Liens vers la fiche : Naissance d'un dragon Notes personnelles Elément : Métier : Capitaine de la Garde Dorée / Fille de Marquis Invocation(s) : Amko'Unn ₪ Sobki Ѧ Qualri Ϟ Inventaire : 7457Ŧ ٠٠٠٠٠٠٠٠٠٠٠٠٠٠٠٠٠٠٠٠٠٠
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Donc, rien de nouveau depuis ce matin. Les nordiens et les lühiens s'accordaient au moins sur ce point : l'attente. Quelle ironie. Des plus compréhensibles, ceci dit. Avec un peuple aussi agité, les conséquences de chaque décision, même les moindres, étaient imprévisibles.
Le colonel lui demanda ensuite son avis sur la révolte, sans lui donner plus d'informations sur ce qu'il avait à proposer. Typique des gradés. Elle-même jouissait de cette méthode pour évaluer les soldats dont elle faisait la connaissance. Une occasion qui s'était présentée il y a peu avec la jeune El'Galas, d'ailleurs. Une autre incertitude. Décidément, il y avait bien trop de variables dans son quotidien, actuellement. Ce qui expliquait pourquoi elle était aussi tendue.
Que répondre à cet homme ? La carte de l'honnêteté semblait la meilleure. Les natifs du Nord et les vétérans avaient tendance à moins s'empêtrer dans les jeux politiques qui sévissaient au sein de la capitale. Un court instant, son regard sombre dériva au-dehors, à travers la fenêtre. Il revint se poser avec respect sur le militaire. Qilin joignit les mains dans son dos.
« Le peuple n'aime guère les problèmes qui durent longtemps, surtout quand ils sont directement concernés. » Et ce, indépendamment de la tendance de chacun à aimer se plaindre.
« Avec l'attaque de cet hiver, il n'est pas surprenant que leur mécontentent ait gagné en intensité. Si une révolte était loin d'être prévisible, leur prise d'initiative n'est à mes yeux pas si surprenante. Les gens ici sont plus conscients du danger qui menace leur ville, et de notre effectif en baisse. »
Sa voix était calme, son maintien sévère. Mais il y avait un brin de chaleur plus humaine dans ses mots. Ils étaient sincères. Tout comme son inquiétude. Elle marqua une courte pause pour qu'il assimile ses premières paroles.
« Je crains toutefois qu'il y ait beaucoup de pertes civiles si leur révolte, quelle que soit la forme qu'elle prendra, n'est pas encadrée par l'autorité du Prince » Et donc la Garde.
Quelle que soit la tâche que Rikwold déciderait de lui confier, elle espérait que ça ne nécessiterait pas un éparpillement de son équipe. Ses instincts appelaient à une méfiance extrême avec cette situation. Et aujourd'hui, elle souhaitait garder les siens à proximité. Amko, surtout.
La révolte de Rorn - quartier général de la Garde Dorée
Le garde doré regardait tranquillement par la fenêtre, cette ville paisible. Il écoutait cependant d'une oreille attentive la réponse de Qilin, qui lui donnait son avis sur cette révolte. C'était en effet une bonne manière de la juger. Après tout, même si elle venait de Lüh, rien ne montrait qu'elle comprenait les tenants et les aboutissements de cette gronde populaire. Le nord était bien différent sud.
Le colonel fut agréablement surpris de partager les pensées de la garde. Lui non plus, cette révolte, cela ne l'étonnait guère. Et les craintes étaient partagées. Il ne souhaitait pas voir la population de Rorn réduite de moitiée par une expédition suicidaire, ou parce que la garde dorée avait fait le mauvais choix. Plus que leurs vies, c'était aussi la réputation du Prince qui était en jeu. Et qui allait être impactée, quoi qu'il arrivait, pour le meilleur ou pour le pire.
« Très bien. »
Il ne pouvait affirmer que son analyse était la meilleure, et n'allait pas non plus partager la sienne. Pas pour le moment. Il se retourna vers Qilin.
« Si vous souhaitez observer la situation, j'ai une mission qui pourrait vous convenir. »
Il retourna alors à son bureau, fouillant dans ses papiers un court instant. Il sortit un petit rapport, avec un croquis plus ou moins détaillé d'un homme.
« Nous avons eu vent qu'un homme du Keiser se trouve en ville. Ce ne sont que des rumeurs cependant, et nous n'avons que peu d'information le concernant. »
Le colonel fit le tour de son bureau pour se planter devant Qilin. Il lui tendit le rapport, qu'elle aurait le temps d'examiner plus tard.
« Il est difficile de chercher un homme dans toute une ville. Et nos brigades sont pour le moment bien occupées. Si vous souhaitez enquêter sur cet homme durant votre séjour en ville, vous le pouvez. »
Le colonel ne souhaitait guère donner quelque chose de plus important à cette garde dorée, malgré son grade. Si elle avait été envoyée ici en tant qu'observatrice, lui donner une réelle mission compromettrait sûrement sa première. Elle était ainsi libre de faire comme bon lui semblait, pour peu qu'elle réussissait à avoir quelques informations en plus auprès des habitants.
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Que le colonel partage son opinion ou non, il ne broncha pas durant son court monologue. Il ne l'avait pas regardé, son attention tournée sur les rues de Rorn en contrebas. Difficile pour la capitaine d'en déduire quelque chose. Mais le fait qu'il conclue le sujet était plutôt bon signe. Étant son supérieur, il l'aurait probablement remise à sa place s'il avait jugé sa déclaration inappropriée.
La suite des événements alla également dans ce sens. Regnar Rikwold, dont le maintien restait impressionnant malgré son âge, se posta devant la capitaine, avec explications et papiers en mains. Sans révéler sa curiosité naissante, Qilin saisit le dossier tendu. Elle le feuilleta brièvement en écoutant les dires du colonel. Trouver une aiguille dans une botte de paille ? Hmm. Une mission vraisemblablement dans leurs cordes.
« Merci Colonel. Je vais prévenir mon équipe. Nous allons nous renseigner. »
La capitaine salua respectueusement cette figure emblématique de la Garde rornienne puis se retira, satisfaite. Alors qu'elle revenait vers la cour intérieure, elle examina le rapport. Son père avait raison. Ce Regnar avait beau être avare de mots, il possédait un esprit fin, qui justifiait son grade. D'une pierre deux coups. Il ne pouvait évidemment pas déployer ses hommes en ville, surtout avec la situation actuelle. Son groupe attirerait déjà moins de soupçons dans ce climat agité.
L'air du Nord la cueillit dès qu'elle mit un pied dehors. Cinq visages se tournèrent dans sa direction. Qilin croisa un instant les iris argentés de la figure simiesque. Les deux nobles s'intéressaient un minimum à son demi-dieu. Le nordien s'était isolé et sa seconde n'avait guère l'air enjoué. Rien de surprenant. D'un signe de tête, elle les invita à se rassembler pour leur expliquer la situation.
« Aucun mouvement à signaler chez les forces du Keiser. La ville est agitée, mais rien de concret. Lectra ? »
L'interpellée décroisa les bras et se tint droite.
"Rien de nouveau non plus sur les deux leaders identifiés de la révolte. Le premier, Jones Georeli, arpente la ville pour recruter des sympathisants. L'autre, Gilles Wigdas, est retourné travailler dans sa forge."
"Il doit en avoir du travail s'il faut équiper tous ceux qui se croient capable de tenir une épée correctement."
Sans ignorer son intervention, ses compagnons restèrent silencieux, parfaitement conscients qu'il marquait un point. Ils étaient là pour ça. Le regard triste de la jeune femme à la peau d'ébène souhaitait les empêcher de commettre une erreur. Les sourcils de la lieutenant se fronçaient en songeant à leur idiotie, dont il fallait les protéger. Les pupilles sombres de la capitaine connaissaient ces réactions par cœur. Elle reprit sur le même ton, en leur tendant le rapport.
« Il y autre chose. Un homme suspect, potentiel espion des rebelles, traîne en ville. »
Iwan sortit un crayon et un carnet de sa besace. Il prit quelques notes et reproduit le croquis. Shanwen avait une bonne mémoire visuelle, et la rigueur de Lectra ne laisserait pas échapper les détails. Quant à Gavhort, il ne serait clairement pas concerné par cette mission. Ses réflexions faites, Qilin rangea le rapport dans son sac de cuir, puis donna ses ordres.
« Iwan. C'est le moment de solliciter tes contacts. Trouve-moi cet homme, et reste à l'affût d'autres informations sensibles. Lectra, Shanwen. Renseignez-vous auprès des habitants. Je veux tout savoir sur la famille et la routine de Georeli et de Wigdas. Gavhort, tu restes ici. J'ai besoin d'être informée en cas de changements. Sois disponible. »
Le fils de baron se renfrogna sensiblement. Il détestait la paperasse, surtout quand il était le seul à être mis de côté. Mais, il n'argumenta pas. La vraie action, si elle survenait, se passerait avec la Garde.
« Soyez prudents. Ce genre d'agitation attire souvent les mauvaises intentions. S'il y a du nouveau, retrouvez-moi ici dans deux heures. »
Gavhort s'éloigna après un bref salut, aussitôt imité par son homologue. Iwan portait une armure légère, où les armoiries du prince étaient dissimulées sous son écharpe. Il observa silencieux ses pairs avant de s'engouffrer dans les rues de Rorn. Shanwen partit récupérer ses affaires, posées le temps d'en savoir plus. Lectra dévisagea Qilin, puis la nordienne au teint chocolat, comme si elle attendait quelque chose. D’ordinaire, c'étaient les deux nobles qui s'occupaient d'amadouer le peuple. Elle, n'était guère douée pour établir un contact avenant.
Mais elle incarnait à merveille la figure d'autorité qu'était censée représenter la Garde. Et même si leur image souffrait actuellement, la population avait besoin de les voir dans les rues, et non cloîtrés dans leur garnison. Mieux valait les entendre clamer leur inutilité que leur absence. Et le bellâtre du groupe avait beau être charismatique, son arrogance n'était ici pas la bienvenue. Ni son égocentrisme. Shanwen ne pouvait être laissée sans surveillance, surtout avec la rumeur de l'espion. La capitaine acquiesça en silence, répondant aux interrogations muettes de sa seconde. Lectra s'éclipsa à son tour. Son dernier regard fut pour le demi-dieu.
Une main sur la hanche, l'autre sur la poignée de Horus, Qilin observait son petit monde s'agiter. Enfin seule avec la déité, elle laissa glisser sur ses lèvres un petit sourire. Lentement, elle reporta son attention sur l'enfant des lumières, se demandant ce qu'il avait appris de ces quelques instants sans elle.
« Un peu d'observation pour nous. Un qui se cache. Deux qui se montrent. Une préférence, mon cher Amko ? »
Enfin, d'abord, et puisque la situation n'était pas aussi urgente qu'elle avait pu le craindre, un détour par le poste de la Milice. Elle avait encore des papiers à signer.
Les fioritures seraient pour plus tard, car Qilin sorti enfin du bâtiment. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, elle donna renseignements et consignes à son groupe, qui lui avait également fourni les information dont il disposait. Bien, ça roule tout ça, comme une fine mécanique dont je perçois les engrenages à peine audible s'agencer et se dérouler avec fluidité...
...Où que je suis dans les rouages, par ailleurs? Elle m'ôte les pensées de l'esprit de ses lèvres fines dans une question toute simple. Voyons, mes prunelles argentées l'observent un petit moment, mon avis? Ah, oui, oui, oui! Bon euh, d'habitude je réfléchis pas spécialement, je le fait comme j'le sens moi, comme ça se présente au mieux. Est-ce important ou embêtant? Hé, tu réfléchis trop mon vieux, c'pas marrant de suivre autant sa raison et son intelligence tactique. La tactique a déjà été déployée, place à l'imprévisible et au hasard. Ooouh, ouai, j'aime les incertitudes.
"Ceux qui se montrent n'ont pas de raisons de s'envoler de sitôt... L'autre olibrius, qui peut savoir?" Mon choix est fait, je sais ne pas avoir besoin d'aller plus en avant pour l'expliciter. Je m'approche d'elle, afin d'engager la marche à ses côtés, plus la peine de faire les coursiers maintenant, limite il faudra jouer à se fondre dans la masse... Attends voir... Le macaque que je suis et la femme qu'elle est peuvent clairement pas passer inaperçu, voyons! Huhu. Sourire en coin, on se débrouillera bien, aucun challenge sinon!
"Ce colonel aurait-il dit... Ou pas-dit, d'autre choses potentiellement intéressantes?" Les non-dits c'est sympa, même si c'est flou, forcément. Pourtant, ça peut regorger de plein d'idées, suffit de voir ce qu'il s'est produit y'a quelques minutes. J'peux pas m'empêcher de commenter d'ailleurs. Le ton posé et un brin enjoué, sans moquerie. "Les non-dit de ton équipe sont particulièrement intéressants. Surtout ceux du p'tit Tristan, héhé." Et elle, que dira-t-elle et ne dira-t-elle pas au fil de notre temps, tiens? Mmh, je crois que cette nouvelle liberté va me plaire sérieusement. Je m'étends de tous mes muscles dans un grognement long de satisfaction et de plaisir indéchiffrable.
Si elle n'était pas d'humeur particulièrement joueuse, la jeune femme fut convaincue par la remarque de son compagnon divin. Elle leva légèrement le menton, laissant son sourire s'effacer au prix de la détermination. À présent, il devait savoir que chez elle, l'assentiment se manifestait rarement de manière verbale. Mais est-ce qu'il l'observait comme elle le faisait ? Est-ce qu'il essayait de percer ses pensées grâce à chaque mouvement de ses traits ?
Qilin prit la direction du poste de la milice. Elle détestait perdre son temps. Alors pourquoi s'engager dans une enquête aussi incertaine ? Suivre les échos lancés par le fils d'Ignis lui donnerait le temps de récolter davantage d'informations sur les deux autres. Elle pourrait les confronter en connaissance de cause. Amko l'interrogea ensuite sur son entrevue avec le Colonel. Elle apprécia, comme souvent, la tournure de sa question. Derrière ces apparentes singeries, il allait directement à l'essentiel.
« Je crois qu'il partage mon opinion. Et qu'il attend impatiemment une décision de la capitale. »
C'était complètement idéaliste de penser que sa propre présence en ville puisse accélérer cette prise de position. Néanmoins, il restait une maigre chance que son rapport puisse l'influencer.
« C'est un homme intéressant, qui valorise l'honnêteté. » Elle avait vraisemblablement misé juste. « Mon Père avait raison. C'est un atout pour les rorniens. Et pour nous. »
La capitaine se présenta au poste et déclara ses intentions. Puis, alors qu'elle remplissait le formulaire, elle leva un sourcil intrigué.
« Tristan ? » Le jeune milicien en face d'elle avait du mal à détourner son regard étonné de la figure simiesque. « Oh, Iwan. » Elle lui rendit crayon et papiers dans un geste sec qui lui arracha une exclamation de surprise. Elle tourna ensuite les talons sans autre considération pour sa personne.
« Ne l'embête pas trop, je te prie. »
Son ton demeurait léger, mais son timbre avait gagné en profondeur. Sa voix, un brin de chaleur. Ça n'avait pas la sonorité d'un ordre. Plutôt celle d'une confidence. À sa connaissance, l'homme n'avait révélé à personne ce qui était arrivé à sa famille, -bien qu'elle ait un doute pour Shanwen. Mais elle en avait une bonne idée. Et elle s'était trop investie pour se retrouver dans une situation désagréable entre son demi-dieu et son meilleur traqueur.