La lettre arriva ce matin à la Garnison. Permission et autorisation accordées. La capitaine Lù se mit aussitôt en route, ravie de quitter cette ville dont les artères grondantes l’empêchaient de réfléchir sur un plan strictement personnel. Qilin n’avait guère plus le temps de méditer quotidiennement, aussi les pensées s’amassaient. Il lui fallait s’accorder un moment pour les délier et se reconcentrer. Rorn ne suffisait pas.
La cité, où subsistaient encore les décombres de l’hiver, se jetait dans le froid hurlant de la mort. Les habitants ne prenaient pas conscience de la violence des nordiens, de leur rage et de leur bestialité. La garde chassa ces pensées, qui se teintaient peu à peu d’un reflet carmin qu’elle souhaitait justement omettre pour l’instant. Elle talonna sa monture, accélérant d’un même mouvement l’allure de tout leur petit groupe.
Son calis de combat avait pris de ses propres congés pour l’accompagner. Elle savait son goût pour l’adrénaline à l’origine de cette décision, et non un quelconque affect. Il aurait probablement payé cher pour assister à l’épreuve à venir. Et donné volontiers tous ses tsuris pour qu’elle prenne la forme d’un affrontement.
L’ombre d’un sourire se peignit sur ses lèvres, souvent closes depuis le début de leur chevauchée. Seul Gavhort s’évertuait à la maintenir dans un semblant de conversation, de temps à autre. Ses mots ne suffisaient pourtant à couvrir le bruit des pattes simiesques foulant la terre avec agilité. Les divers échanges entretenus avec le demi-dieu lui revinrent en tête, comme une flamme dansante qu’elle ne parvenait à saisir.
Qilin se crispa brièvement. Son visage, fermé par la résolution, se leva vers l’horizon où se découpait la silhouette du Temple de la Terre. Le noble derrière elle ne manqua pas de ponctuer cette bonne nouvelle verbalement. Elle ne répondit pas, focalisée sur les flancs du Mont Olympe.
Arrivés aux pieds de la bâtisse sacrée, la capitaine remit les rênes de son variquan à son subordonné. Elle réajusta son armure puis observa les deux individus qui l’escortaient. Ses iris ébène s’ancrèrent un instant sur le faciès semi-divin. Elle l’avait informé qu’elle passerait une nouvelle épreuve, guère plus. Ils le quittèrent vivement, et Qilin s’engagea vers l’édifice. Elle s’immobilisa sur le seuil et prit discrètement une longue inspiration. Le haut de son corps pivota pour qu’elle puisse entrevoir ses compagnons.
« Soyez prudents. »
Sa dernière pensée fut pour Amko, avant qu’elle ne s’engouffre dans ces profondes ténèbres.
La brune s'enfonça à l'intérieur de l'antre sacrée. Sa silhouette gracile s'évanouit dans les ténèbres des lieux clos, et avec elle la tension qu'ils s'étaient traîné tout au long du voyage. Gavhort laissa échapper un long et bruyant soupir. Il fit rouler ses muscles pour se décoincer les articulations puis cligna également des yeux, chassant la lourdeur qui pesait sur ses épaules. Il émit un grognement en faisant craquer sa nuque. Puis il secoua la tête pour libérer toute cette pression. Voilà qui était mieux. Sa supérieure avait la capacité de glacer l'ambiance mieux qu'Aqua parfois.
Le colosse défit l'un des sacs en cuir attaché à la selle de son variquan et le passa sur son épaule. Son job consistait à monter la garde maintenant. Les Quatre savaient pour combien de temps. Heureusement, la capitaine avait choisi le Temple dédié à Terra. Il y avait pire comme endroit pour camper. Le Désert Ambré par exemple. Il aurait peut-être passé le flambeau à Spencer si ça avait été leur destination. Mieux valait Heilan à la rigueur, même si l'odeur de la poiscaille et l'humidité lui déplaisaient fortement.
Ses iris châtain glissèrent sur le fils d'Ignis lié à Lù. Lui aussi de garde, visiblement. Enfin, il ignorait ses ordres. Sa maîtresse n'avait guère été bavarde pendant le trajet. Il arqua un sourcil et étira un peu les lèvres. C'était l'occasion de faire connaissance. Sans vraiment le regarder, il lança d'une voix enjouée :
« Bon, plus qu’à s’installer. Je ne sais pas toi, mais moi j’ai la dalle. Hanzo ! »
Le prince des flammes apparut à ses côtés. Rien qu'au garrot, il dépassait l'invocation de la capitaine. Le corps draconique s'enroula sur lui-même pour économiser l'espace. Son marmonnement sonnait davantage comme un grondement.
« Enfin. Je commençais à m'ennuyer.»
« Ouais, ben te pose pas de suite et va donc me chercher du bois pour faire un feu. T'iras plus vite que moi et j'ai pas envie d'abîmer ma lame pour ça. »
Le dragon lâcha un grognement râleur mais s'exécuta. Le sol tremblait sous chacun de ses pas lents et lourds. Il n'y mettait clairement pas du sien, ce qui sembla amuser son partenaire. La silhouette vermillon se laissa glisser contre le flanc de la montagne et disparut parmi les arbres en contrebas. Le lieutenant Udnat posa sa cape de laine par terre et s'assit dessus. Il ouvrit son sac rempli de provisions qu'il se mit à lister sur le ton de la réflexion.
« Alors, precius séché, mmm colleret frais, chancros, ouais bon les légumes voilà... » Il s'interrompit soudainement et pivota le fief vers le seul demi-dieu encore présent. « Tu manges, enfant d'Ignis ? »
De l'ombre à la lumière, hein? Grmf, en l'occurrence, c'était plutôt l'inverse. Autant j'aime me jouer des contraires, de l'incertain, du flou, ... Autant cela n'empêche guère mon cerveau de se poser des questions. Ma lancée est fluide, mon pas svelte et agile foule la terre battue qui s'élève en une poussière tourbillonnant dans mon sillage. Le silence règne, à quelques mots près du dénommé Gavhort, ah pour le coup, je cavale vers l'inconnu, j'vais p'tet pas me plaindre, petite humaine. C'en est presque grisant, même si mes prunelles argentées se posent avec une lueur étrange sur la silhouette du temple qui se découpe enfin à l'horizon.
Mes muscles se sont à peine dégourdis grâce au voyage, être divinement endurant n'a pas que ses avantages. Une énergie particulière pulse dans mes veines, parcourt la moindre de mes fibres, un mélange indistinct d’adrénaline et de... Qu'est-ce que c'est, déjà? Cette sensation? J'm'arrête dans un glissement presque subtil, avant de me redresser lentement, le fief tourné vers l'ébène de ce regard impassible qui me scrute brièvement avant de s'éloigner dans les profondeurs du bâtiment, laissant une mise en garde puérile dans son sillage. Prudents? Mais sérieusement? Qui vient de rentrer dans un temple là? Tsaaa!
J'ai à peine prêté attention au petit manège derrière moi, c'tout juste si la présence soudaine d'un frère m'a caressé le poil au contact de son aura magique. Les mots tintent dans mon crâne tandis qu'il se fait diriger par l'homme de la garde dorée. Peu m'importe, grmm, ça grouille au fond de mes tripes, ça rampe, que cette sensation est désagréable, je m'en vais l'expulser aussitôt.
"HRAAAAAAAAAR"
Z'avez déjà vu un gorille de 3 mètres gueuler? J'peux vous assurer que c'est pas spécialement glamour et rassurant... Mes poings ont frappé, simultanément à l'écho de mon cri, la roche qui se dressait un peu plus bas, et la pierre se morcelle dans un fracas sonore. Une multitudes d'éclats d'un brun acier fusent en plusieurs directions, roulant ensuite sur le sol terreux alentour, dans un bruit semblable au grondement qui s'échappe à présent de mes babines. Sensation désagréable évacuée : fait. Mode grognon enclenché : la même.
Mes prunelles se posent sur Gavhort qui est resté assis là avec sa question en l'air, je m'approche lentement et sans aucune agressivité, puis je m'accroupis devant son nez en le reniflant plus que la nourriture qu'il me présente. Une énergie sombre et pesante suinte de l'aura que je dégage lorsque le coin de ma babine se soulève sur mes crocs pour lui répondre avec un calme indicible. "Certes, petit homme, je mange. Mais ta chair me sustenterait bien davantage que ces frivolités. Je doute cependant que ton animal de compagnie soit raccord avec l'idée."
Me suis redressé sans manifester la moindre intention menaçante à son égard, cela ne m'intéresse pas d'ailleurs, il m'a donné faim. "J'vais chasser!" Là dessus, je décampe sur mes quatre pattes, j'ai pas envie de rester là à attendre sans rien faire, c'est bien trop ennuyant. Bien sûr que c'est prudent, quand on se fie à son égo et pas à la réalité de sa puissance actuelle, du moins. Oh, et de toute façon, si elle ne ressort pas de ce temple, je vois pas quel risque plus grand je pourrais encore prendre!
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Où sont les bêbêtes à bouffer dans cette verdure environnante? J'n'ai pas couru longtemps, assez pour ne plus voir les détails du temple mais le conserver à l'horizon de mon prisme renfrogné. Les clapotis indécis d'une rivière bercent mes pensées tout aussi insaisissables. J'hume l'air une fois proche de l'eau qui danse et semble traverser la région. J'ai envie de poisson frais et j'peux même pas y fourrer la main sans que ce soit désagréable. Grmf!
Mes oreilles se tendent soudain, bruissements, odeur probablement dissimulée par l'orientation du vent... Prédateur ou proie? Frisson d'excitation, voilà de quoi égayer mes sens. Héhé.
La Capitaine froide et distante, plutôt commun. Même pas inquiétant. Son invocation simiesque toute grognonne ? Ça a le mérite de s'y pencher. Le soldat Udnat ne l'avait pas assez côtoyée pour savoir si c'est une habitude, mais nota que c'était la première fois qu'il la voyait ainsi. Il fronça même les sourcils devant son coup d'éclat. Il y avait finalement peut-être plus de sens dans le comportement de sa supérieure.
La réplique du grand singe lui fit hausser les sourcils avec étonnement. Puis décrocha un sourire. Elle possédait un air menaçant sans en avoir la portée. Gavhort avait l'habitude de ces demi-dieux qui étalaient leur supériorité dans la chaîne alimentaire sans aucune intention de la démontrer. Il laissa la boule de nerfs s'éloigner sans mot dire. D'un, il n'avait aucun ordre à lui donner, et de deux, le fils d'Ignis semblait en avoir grand besoin.
La silhouette draconique sinuait entre les arbres, jusqu'à trouver un spécimen relativement fragile. Lui non plus ne souhaitait pas abîmer ses belles griffes. Ses courtes pérégrinations l'entraînèrent derrière le Temple de son parent. Une odeur salée et humide lui chatouilla les narines, sitôt recouverte par une nettement plus désagréable. Hanzo fut surpris de trouver là un enfant d'Aqua, qui masquait sa présence, un variquan, et un équidé puant. Le prince des flammes releva un sourcil. Pourquoi pas.
Il poursuivit son chemin et repéra sa cible, fendue en quelques précis coups de patte. Il enroula les morceaux de bois récoltés dans sa queue et fit route inverse. Une sombre énergie pulsa non loin. Hanzo crut reconnaître la trace psychique de l'enfant des lumières. Plus par curiosité que nécessité, il le suivit, non sans lever les yeux au ciel. Sans discrétion, le dragon déboula aux côtés de son homologue une trentaine de secondes après qu'il se soit arrêté.
« Ah, fils d'Ignis. Enchanté. Navré de ne pas avoir eu l'occasion de faire les présentations là-haut. Je suis Hanzo. »
Le primate ne semblait pas spécialement ravi de sa présence. Le constat n'eut toutefois aucun impact sur son enthousiaste. Hanzo l'observa une seconde. Qu'est-ce qu'il faisait ? Les sens en alerte, le poil limite hérissé, son aura en pagaille. Il chassait là ? L'enfant divin retint un ricanement. Maintenant qu'il tendait les oreilles, il y avait bel et bien quelque chose en approche.
Un Sifflet affolé fila subitement devant eux. Le dragon éclata de rire.
« Haha sacrée proie ! Moi qui croyais qu'elles avaient toutes fui avec ton miaulement. »
Une raillerie sans condescendance. Bon, c'était pas tout, mais il avait du bois à rapporter et nulle envie de chauffer lui-même son invocateur.
Mm, tiens c'pas l'aura d'une simple bestiole du coin ça, l'empreinte magique m'est déjà ancrée... Récemment. Mon fief se lève sur la silhouette longiligne qui évolue devant moi et s'est rapprochée en me saluant. Présentations, moui, éventuellement, à voir. Mes prunelles d'argent glissent sur son visage avec une neutralité impassible, ce qui fut plus tôt n'est pas une chose qui lui sera accessible. J'penche la tête à son second propos, vu qu'il m'a pas laissé l'temps de me présenter au passage du petit sifflet qui vient chatouiller mes oreilles de son timbre chantant. J'esquisse un sourire au coin de mes babines.
"Faut croire que non, puisque t'es là aussi, huhu. J'me doutais bien qu'un miaulement t'aguicherait davantage que la force brute, mon p'tit chou, j'voulais pas t'effrayer." Ah, ces divinités... Tiens, il m'a pas donné son nom au fait? J'vais répondre, pour la forme. "Amko'Unn, fils de la lumière." Nan mais la lumière c'est encore une autre catégorie, faut rendre au macaque ce qui est au macaque! Bon, cela-dit, les fanfaronnades, ce sera pour plus tard... Enfin, peut-être, va savoir, héhé! Serait-il venu me chercher? Ou me trouver? Parce que dans tous les cas, il va falloir mieux creuser avant de mettre la main sur quelques chose.
"Que me vaut ta compagnie, dragounet? La mienne te ferait-elle défaut?" Ok, j'avoue, je vais ptet m'arrêter là quand même... Cela dit, il n'y a aucune intonation dans mon verbe, et bien malin celui qui voudra en mettre une réellement adéquate. Son point de vue ne m'appartient pas et j'ignore, jusqu'à maintenant, si les reflets de son prisme m'accrocheront ou non.
Je m'étire en bâillant avec nonchalance, attendant une réaction de sa part, l'esprit morcelé en divers lieux de réflexion. Le temple, Qilin, Gavhort, Hanzo, la rivière, le grouillement qui a disparut, l'écho d'un état d'esprit qui s'évapore... Mes opales grises s'égarent momentanément. Je grommelle tout haut, bien que cela n'a rien à voir avec l'enfant du feu devant moi. Je tourne la tête en levant les yeux au ciel et je me gratte le menton distraitement... "Bon, tu t'amènes?" J'ai repris ma course vers le temple, à une allure plus modérée, sans même l'attendre, t'façon il doit aller aussi vite que moi.
Hé ! Est-ce que le primate divin venait de sous-entendre qu’il était une proie ? Puisqu’il ne connaissait pas son caractère, Hanzo se posa réellement la question. Mais il n’eut pas le temps d’y réfléchir plus en détails, la suite de ses propos éclairant la répartie d’un trait proprement farceur. Le dragon fronça les sourcils et ses lèvres s’étirèrent légèrement. Curieux personnage. Complètement décalé de la statue de glace impériale qui leur servait de cheffe. Ce demi-dieu lui était réellement lié ?
Quoiqu’il en soit, drôle d’humour. Drôle quand même. Les fins et longs appendices du prince des flammes s’agitèrent brièvement. Le changement d’attitude le fit tiquer sans qu’il soulève. Ça ne le regardait pas. Il appréciait les commérages mais se gardait bien de les initier et de mettre son nez dans les affaires des autres. Qui plus est, cette créature était liée à la femme dorée et il ne connaissait rien de lui. Un grain de méfiance subsistait malgré l’idée sympathique d’avoir enfin un compagnon semi-divin qui parlait. L’autre clébard était d’un ennui souvent létal. M’enfin, c’était là son pauvre but. Hanzo ricana aux dernières questions.
« Tu vas vite en besogne, mon chou. »
Vraiment curieux. Amusant au premier abord. Bien ! De toute façon, c’était bien connu –et surtout de lui-même, les enfants d’Ignis figuraient parmi les plus beaux et les plus funs chez leurs pairs. Le dragon un poil narcissique sur les bords de la moustache leva les sourcils, observant son homologue glandouiller sous la verdure. Ce dernier s’élança, d’un mouvement inattendu. Le dragon secoua la tête et le suivit en grommelant. Pas si évident de le suivre avec son grand gabarit et les ridicules morceaux de bois occupant sa queue.
Le duo retrouva sans peine le chemin du Temple. Il n’y avait qu’à suivre l’étrange onde magique emplissant les lieux jusqu’à sa source. Désagréable sensation, si on lui demandait son avis. La tête chevelue de son invocateur apparut rapidement dans son champ de vision. Hanzo fit glisser sa cargaison non loin de lui, l’informa avec un ton supérieur.
« Tiens, voilà ton bois, humain. »
« Je te remercie, ô puissant dragon. »
Le saluant d’une courbette et d’un sourire amusé, le garde se leva et entreprit de faire un feu. Il était à une dizaine de mètres des portes et n’avait vu personne rentrer ni sortir depuis. Impossible de rater qui que ce soit d’ailleurs. Loin de pousser la chansonnette en sollicitant le feu de son compagnon quadrupède, Gavhort usa de deux silex pour parvenir à ses fins. Hanzo s’installa à nouveau près de lui, enroulant son corps.
« Ah, il y a un enfant d’Aqua qui attend derrière avec deux montures. »
La remarque nonchalante fut notée attentivement dans un coin de son esprit. Les flammes gagnaient tranquillement de l’ampleur. Une fois la viande de Colleret grillée, il en fit des brochettes avec sa dague et des piques de bois prédisposées, puis en proposa au grand singe. Le dragon se glissa sur le dos, ramenant sa gueule vers son invocateur.
« Tiens, nourris-moi donc. »
Gavhort émit un râle et leva les yeux au ciel. Il lui fila pourtant un morceau sur deux, à intervalle irrégulier, dégustant le volatile à son rythme. Repus, le prince des flammes se retourna dans des mouvements trop compliqués pour tout autre corps moins longiligne. Il sembla alors seulement remarquer les traces de l’éclat de son confrère auparavant.
« Mais c’est que tu as fait un gros trou quand même. T’as de la puissance dans les pattes ! Tu ne redoutes pas la colère de Terra à ainsi malmener sa précieuse terre si près de son antre ? »
Sa question ondula avec malice. Hanzo leva un sourcil intrigué, curieux d’entendre un peu la position du grand singe quant à leurs chers parents et leurs prisons.
Echo... Parfait, héhé. Voilà qui pourrait étirer mon intérêt dans une nouvelle direction. Oh, plusieurs même, en vrai, qu'importe, si tant est qu'intérêt il y a, n'est-ce pas? Oui, j'me pose la question, j'aime bien, que rien ne soit certain ou établit, quel dommage sinon, quel ennui... Vas-y Amk'o, fait des rimes dans ta tête que tu dodelines bêtement dans ta course vers le temple, au rythme de ta propre musique psychique. J'vais pas vite en besogne, dragounet, je teste simplement, action-réaction, multiplicité d'interprétations et de compréhensions. Quels sont les liens d'une nature autrement magique et qui te mêlent à l'homme qui t'a offert la liberté?
Gavhort est tout à son affaire lorsque le fils des flammes lui rapporte quelques éléments d'observation. Un enfant derrière le temple, oh, si j'allais saluer cet autre qui n'est pas moi-même? Toujours accroupis depuis mon arrêt non loin du duo mes pensées hésitent, c'est très tentant, et j'pourrais p'tet causer de choses sympas. Pour les deux ici, je risque pas de manquer d'occasions, celui derrière, qui sait... Hop, disparu dans l'ombre de quelques minutes ou quelques heures, raaah, Am décides toi donc bête macaque!
J'me redresse en m'étirant nonchalamment, puis mes pas se déportent lentement vers l'arrière du temple. Cela serait le premier enfant d'Aqua que je croise depuis ma sortie. Le propos du dragon m'interpelle, alors qu'il demande sans cérémonie à son libérateur de le nourrir et mon corps s'arrête pour obliquer vers eux afin de les observer. Tiens, tiens, amusant. La seconde phrase m'est destinée, de quoi? Mm, oh, ça, un sourire se dessine sur mes babines, sans émotion précise, pas besoin, ma réponse devrait suffire.
"J'doute que ma modeste colère attire le seigneur des Terres, huhu, sinon ça fait longtemps que beaucoup des nôtres auraient déverser bien plus de rage pour appâter leur papounet afin de se lamenter sur leur sort." Triste monde tragique... Ou paaas! Peuh, je me secoue la tête comme si je m'ébrouais en levant les yeux vers l'astre d'Ignis. Mon paternel, il m'a abandonné pour me créer, c'est bien trop inhérent à mon existence pour me soucier de tout ce qui s'est ensuivit... La présence divine dans mon dos s'écarte de mon esprit pour l'instant, alors que d'autres pensées l'effleurent avec taquinerie. J'me rapproche et vient me coucher de l'autre côté de la flambée, en me prélassant sur le dos comme un bien-heureux. Ma tête se penche vers le haut, scrutant les prunelles de l'homme comblant notre trio.
"Racontes-nous une histoire, Gavhort, s'il te plaaait."
Hanzo lâcha un éclat de rire amer. C’était pas faute d’avoir tenté pour certains. Et tout ce que ces imbéciles avaient gagné était de nombreuses années avec la certitude de ne plus sortir. Idiots. Le fonctionnement de ce nouveau monde n’était quand même pas si compliqué à saisir. La rage embrasait légitimement les esprits, mais de là à renoncer à toute étincelle d’intelligence... Pas facile d’être enfermé oui, alors pourquoi prendre le risque de retourner dans leur cellule ?
Grommelant dans son coin et dans sa tête, le prince des flammes cessa de s’intéresser à ses compagnons. Le fils de baron avala sa dernière bouchée avec satisfaction, puis essuya ses doigts graisseux sur un tissu tiré de son sac. Il observa distraitement le demi-dieu qui prenait finalement place autour du feu. Loin de passer inaperçu, son éclat de colère lui revint en tête, confirmé plus tôt par ses propres dires. Sa réflexion fut brève, interrompue par une demande qui agrandit ses traits de surprise.
Il n’allait pas s'y mettre non plus ? Qu’est-ce que la capitaine avait été dénicher comme spécimen ? Vu son relatif mépris pour son fils d’Ignis, difficile de l’imaginer s’entourer d’un rigolo pareil. Évidemment, l’autre se réveilla.
« Oh oui ! Raconte-lui la fois où tu t’es fait botter les fesses par ta cheffe. »
L’homme grogna. Il lâcha finalement un petit rire provocateur, pas si gêné que ça à l’évocation de cette histoire.
« Et pourquoi on lui raconterait pas tes conneries à toi, hein ? Comme la fois où tu as accidentellement enflammé un hectare de la Forêt de Jade. »
Le prince des flammes se renfrogna. Sa queue et ses moustaches fouettèrent l’air. Vexé, il rétorqua sur un ton hautain, assuré d’avoir raison.
« Ça n’est pas du tout intéressant. Je suis certain que l’anecdote avec son invocatrice l’intéresse davantage. »
Les deux paires d’yeux se tournèrent vers le concerné. Elles attendaient avec insistance et impatience que le troisième parti tranche ce concours d’ego qui risquait de se finir par un dragon obligé de se taire momentanément.
Mm, alors comme ça, les deux font la paire, hein ? Huhu, rien de surprenant, au fond. Si j'attends d'être saisi, ce ne sera pas sous cette forme, j'le crains. Mais qu'importe, je peux ici composer avec toutes les couleurs à disposition et les déclinaisons mutiples de ces dernières.
Voyons voir, un choix, bah quelle idée, pourquoi choisir ? C'est qu'ils me fixent tous deux ces corniauds ! Je me prélasse d'un mouvement ondoyant sur le sol sans répondre de suite, héhé. J'aime faire languir les gens. En plus, ces deux-ci me semblent plutôt prompts à réagir au quart de tour. Mais ne joues pas Am, il est temps pour une berceuse cocasse. Je cesse subitement tout mouvement dans une position grotesque et les observe les chevilles dans les mains et la tête entre les mollets...
"Les deux me seront agréables, huhu, mais j'vais trancher pour donner l'honneur à Gavhort. Serait pas tant que vous vous chamaillez." Bah, bien sûr qu'ils ont déjà commencé. P'tet même qu'il n'ont jamais arrêté ? Je reprends une position confortable, glissant mes mains croisées derrière ma nuque. La voûte céleste se pare de points scintillants de plus en plus nombreux et un large sourire fend mon visage. Quoi de plus approprié que l'éclat lointain de lumières sur un ciel d'ébène pour entendre parler de ma libératrice ?
L'attente tissée par le silence du primate de lumière maintint une petite pression dans l'air. Son frère par nature crispa sa mâchoire sous l'impatience, un trait curieux pour sa divine immortalité. Son compagnon humain leva les yeux au ciel, songea que la créature devait se rire de la situation sans même chercher à la trancher. Amko'Unn lui donna tort.
Gavhort fronça les sourcils, bon joueur sur ce coup. Un fin sourire étira ses lèvres tandis qu'une lueur résignée mais fière brilla au creux de ses iris. Les chamailleries attendraient donc. Les babines de Hanzo se fendirent plus largement. Il se souviendrait de cette fois où le singe avait pris son parti. L'homme soupira sans réelle peine. Il se rapprocha du feu. Son regard suivit le mouvement, comme aspiré par la chaleur et la danse des flammes. Il se releva brusquement sur le faciès simiesque.
« Est-ce que la Capitaine t'a parlé de la constitution de notre équipe ? »
Il doutait que la jeune femme ait déballé leurs histoires personnelles mais préféra demander, afin de cerner où elle situait son invocation. Chose qui intriguait discrètement chacun de ses traqueurs. Qu'il ait l'occasion de tâter le terrain en premier lui plaisait particulièrement.
« Nous sommes tous ici pour différentes raisons. Lectra c'est du copinage, les Lù en devaient une à la famille de Shan', Iwan j'en ai aucune idée, probablement une conversation bizarre, et moi... »
Un sourire carnassier illumina son visage charmeur.
« Et bien, elle m'a provoqué. »
Les joyeuses larmes d'Aqua, au sommet de sa puissance cette saison, inondent les rues de la capitale. Elles martèlent les pavés froids et les rendent glissants. La plupart des lühiens s'abritent et cherchent le confort loin d'un crépuscule masqué par les nuages. Une silhouette encapuchonnée se faufile le long des hautes bâtisses, se gardant de la pluie au possible. Elle s'engouffre derrière une épaisse porte de bois. À l'intérieur, l'ambiance feutrée l'invite à se détendre. Une charmante jeune fille vient lui ôter sa cape trempe et lui demande gentiment de déposer ses armes avant de la fouiller pour confirmer leur absence.
(« C'est nouveau cette partie. » « Chut. »)
Une fois ceci fait, la personne est encouragée à s'aventurer où elle le souhaite. Mais ses pas déterminés la conduisent directement auprès d'un homme précis. Son armure dorée étincelle sous la lueur des lanternes. Une coupe à la main, il est attablé avec un homologue et dispose d'une compagnie féminine dont la beauté égale la réputation de l'établissement. Son sourire moqueur s'élargit à la vue de la nouvelle présence
Les joues chauffées par la boisson, il toise la gradée en refrénant difficilement son air défiant. Le soldat qui lui fait face se lève pour laisser la femme s'asseoir mais celle-ci l'interrompt d'un simple geste de la main.
« Félicitations pour votre promotion, garde Udnat. »
« Merci bien. »
Une note chantante soulève la réponse du bellâtre. Ses traits avenants masquent sa réflexion.
« Que me vaut l'honneur de votre présence, si ce n'est pour trinquer avec moi ? »
La capitaine ne répond pas immédiatement. Elle lève délicatement la tête. Ses longs cheveux sombres ondulent dans son dos. Ses iris ténébreux parcourent la pièce.
« C'est tout ? Un ami et deux muses pour célébrer cette importante victoire ? Dans un endroit comme celui-ci ? »
Une pointe de jugement transparaît non pas dans ses mots mais dans leurs conséquences. L'héritier noble sourit et lève ses paumes de façon théâtrale.
« Pour un fils de baron comme moi ? C'est une situation rêvée ! »
« Pour le Lieutenant que vous voulez devenir. »
Cette fois, le grand soldat fronce les sourcils. La situation semble lui échapper. Il n'est même pas sous les ordres de cette femme. Et sa réputation voudrait qu'elle évite de le côtoyer en dehors des heures de service. Son corps se soustrait au confort soyeux du fauteuil et ses bras se croisent sur sa poitrine musculeuse. Son timbre joue avec les notions de fierté.
« Vous dites que je ne suis pas à la hauteur de mon grade ? »
« À vous de me le dire. »
Le noir de ses yeux s'accroche au clair des siens. Plusieurs secondes. Puis Qilin Lù tourne les talons sans rien ajouter.
« Quelle casseuse d'ambiance. » Siffle l'autre homme.
Mais le garde se lève pour la rattraper. Il la retient par le bras dans un réflexe. La femme se tourne et son regard lui fait lâcher prise. Elle n'apprécie pas le contact. Lui apprécie qu'on parle sans détour.
« Qu'avez-vous en tête ? »
« Venez à ma résidence ce soir, quand la lune sera haute. »
Le soldat à la tignasse châtaigne écarquille des yeux, étonné. Son esprit dérive un instant. La capitaine sourit.
« Venez armé. »
Est-ce une invitation à rejoindre son lit ? Ou doit-il vraiment amener sa claymore ? Ses lèvres imitent la forme des siennes. Aucune des deux options ne lui déplaît. Mais l'une s'avère un peu plus décevante que l'autre.
« Il se fait tard les enfants, je vais garder la suite pour une autre fois. Puisqu'on ne sait pas combien de temps l'épreuve va durer, je vais tâcher de roupiller. »
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Gantelets intermédiaires 
Bottes légères 
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Pansement coagulant 
Bandes de tissu
Gélules Anez 
Antigel 
Bouclier miroir [air] 
Bombos 
Carte d'Arcane
Déclaration d'invocations
Nécessaire soins corporels
Flacon d'Envoûtant
Collier coffre x2
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Kuro, variquan
Shiro, sylvebec
Ensemble blanc & violet
Pantalon de tissu noir, moulant.
Bottes noires
Cape blanche
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Anneau des Haleb 
