La marche du Démon et de l'Insoumise

Le jour s'était levé sur de glorieux hospices guerriers. Glorieux je l'espérais, meurtrier encore bien davantage. Voilà bien longtemps que cette si particulière adrénaline n'avait coulée dans mes veines. Le matin même au réveil, je la sentait tambouriner dans tout mon corps, l'alourdir comme l'alléger, le faire frémir comme le raidir. J'aimais cette sensation de vibration, comme si Aer grondait lui même dans mes muscles à travers un orage annonciateur d'une tempête foudroyante. Mon âme voulait sourire, mais ma mâchoire serrée l'en empêchait. Sortant alors de ma demeure tout relative, je tombais sur les préparatifs du rituel de notre clan, en vue de la bataille à venir. Mon regard brun se tournait vers le ciel encore assombris, au travers duquel pointait quelques légères brides de rayons soleil.

Il était alors temps pour moi de rejoindre le Démon et ses hommes. La veille au soir, leur Prêtre m'avait informé de leur propre cérémonie, qui se tiendrait avant le levé du soleil. Par respect pour mes invités, mes alliés et surtout par intérêt pour Lui, je me devais d'y assister. M'y dirigeant alors, je conviais, en silence, également le reste de mon clan, qui se devait lui aussi de montrer leur respect. D'un pas leste mais prompt, nous nous dirigions alors vers les remparts derrière lesquels se tiendrait le cérémonial. Dans un silence religieux, chacun de nous se plaçait en ligne, le corps raidit par l'intérêt. Hedda était là aussi et j'avais tout autant invité Galifey et Xion à se joindre à cette observation s'ils le souhaitaient.

Sa garde sombre était là, aussi fière et droite que nous. Le Grand Prêtre était présent, ainsi que de biens malheureux invités accrochés à un piquet dédiés à leur entrave. Ne manquait plus que le protagoniste principal, du moins selon moi. C'était donc à sa simple pensée qu'il apparu, traversant les portes en bois ouvertes, s'agenouillant et attrapant un peu de terre. Ne l'observant que du coin de l’œil, ne souhaitant pas déroger à ma condition de fervente observatrice, mon regard le suivait tout de même jusqu'à ce qu'il prenne sa place. Le silence fut ensuite brisé par les paroles de leur saint homme, que j'écoutais avec intérêt. Les regards furent ensuite invités à se diriger vers ceux dont l'avenir n'avait que peu de chance, je le pressentais, de s'écrire. Le Démon fut le premier à s'avancer vers eux et je sentais lentement mon cœur battre quelque peu plus fort, jusqu'à bondir lorsqu'il vint planter la gorge de celui qui lui faisait face. Je crois que j'aimais ce genre de scène dont il était le Maître et mes pensées me ramenèrent aux souvenirs de cette fois là, à Sirk, où un homme s'était fait vu punir. Qu'il avait été plaisant de le regarder là aussi. Ses hommes le rejoignirent dans son entreprise, mais je devais bien avouer que mon regard, lui, ne décrochait pas de sa silhouette assombris.

Mon clan et moi étions ainsi resté jusqu'à la toute fin, faisant preuve d'un silence plus que nécessaire, alors que le soleil se levait à peine sur le côté, appelant mes yeux à le chercher. Une fois la cérémonie close, chacun de nous rentrait les uns après les autres, fermant moi-même cette marche avant d'accorder un dernier regard au Démon, d'une saveur noire et profonde. Il était maintenant temps pour nous, derniers Skoggandr, de se préparer à notre future bataille. Le Tréant s'attelait à préparer un feu, pendant que chacun des guerriers s'en allaient s'équiper de leur armure et de leur arme, avant de revenir à la place central de ce village de fortune. D'abord silencieux, un large cercle vint se former autour de l'engeance d'Ignis. Xion et Galifey y avait également leur place, le griffon ayant choisi judicieusement de se parer d'une taille plus adéquat. Le silence fit lentement place à des sons gutturaux, réguliers mais légers. Les seuls qui ne prenaient pas place dans ce cercle étaient le Tréant, évidemment et Hedda, qui pour l'occasion avait souhaité l'assister.


A cette effet, elle le suivait en tenant entre ses bras un grand récipent en terre, ayant recueillis au préalable l'eau d'Aqua. Le duo vint d'abord se placer devant Amalrik et le Tréant vint plonger ses mains dans le liquide avant d'en laisser glisser deux doigts sur chacune des paupières closes du guerrier. Ainsi, Aqua lui offrait la clairvoyance d'un vision accrue et parer à prédire chaque attaque à son encontre. Il saisit ensuite délicatement son visage entre ses mains, l'incitant à le baisser quelque peu vers lui pour souffler sur chacune de ses oreilles. Par le souffle d'Aer, il lui offrait une ouïe perçante, prête à repérer toute embuscade ou attaque en traître. Puis, à l'image du Démon tout à l'heure, il s'agenouilla et se saisit d'une motte de terre qu'il vint écraser avec force, sur le plastron du guerrier, sur la zone de son cœur. Avec ce geste, il lui offrait la solide résistance de Terra, lui permettant de résister aux coups et à la fatigue.

Voici donc les gestes qu'il répétait, suivis d'Hedda, devant chacun des membres du clan. Arrivant face à moi, il s'attarda un instant à joindre son regard au mien, dans quelques secondes de partage silencieux avant de répéter ses gestes. Je fermais les paupières et récoltait le cadeau d'Aqua, sentant ensuite les mains du Tréant saisir mon visage, que je relevais légèrement pour sentir le souffle d'Aer sur mes oreilles. Rouvrant les yeux, je recevait l'impact de Terra, me faisant à peine ciller. Je remerciais leurs messager d'un bref hochement de tête avant de les observer faire face à Xion, qui s'était tenue à ma droite jusque là. En lui faisant face, le Tréant s'inclina légèrement, avant de procéder à ses gestes avec peu être un peu plus de lenteur, les teintant d'un respect certains. Après en avoir fini, il fit un pas en arrière et s'inclina de nouveau et continuait sa ronde jusqu'à Galifey, à qui il fit les mêmes offrandes.

Puis Hedda posa le récipient au sol, avant que le Tréant n'en récupère un autre vide, se positionnant au centre du cercle. D'une impulsion commune, les humains le rejoignirent un à un, tranchant leur paume d'un trait de couteau ou de hachette, fermant leur poing au dessus du récipient pour lui offrir leur sang. Reculant d'un pas ou deux après l'avoir fait, le cercle finit par se resserrer autour du feu et du Tréant. Nos sangs ainsi mélangés rassemblaient la force de chacun des membres du clan, passé, présent et futur et c'est de celui-ci que nous allions nous parer. Chacun y allait de son envie, plongeant leur doigt dans le liquide pourpre afin de décorer la peau de leur visage. Amalrik traçait un trait au centre de son front, jusqu'à la pointe de son nez. Sig passait deux doigts ensanglantés sur ses arcades et barrait son visage. Pour ma part, finissant cette danse, je plongeais mes index et majeur, les posant sous mes deux yeux, avant de laisser traîner un sillon rouge sur mes joues, mes mâchoires et mon cou en levant à peine le menton pour poursuivre ma course.

Tous avait terminé, pourtant, le rituel ne l'était pas totalement. Restant seule au côté du Tréant alors que tous les humains avaient reculés, j'appelais Xion du regard pour qu'elle vienne me rejoindre. Une fois face à moi, je récoltais à nouveau du sang avant de l'en parer à son tour. Commençant sous ses yeux, je glissais lentement mes doigts vers le bas, avant de passer sous sa mâchoire pour finir par la maintenir, avant de déposer par instinct mon front sur le sien. Cela ne faisait pas forcément parti du rituel, mais j'en avais ressentis l'envie. Finissant en me redressant, je lui accordais un hochement de tête avant d'inviter, à son tour, Galifey à me rejoindre pour faire de même. Toujours à ma place, je fis à nouveau face au Tréant qui se tenait au côté du feu rougeoyant. Brandissant mon épée dans un sifflement significatif, je l'y plongeais et l'y fit rouler quelque instants. Par cet acte, Ignis lui même conférerait à mon arme la toute puissance de sa rage destructrice. A ma suite, chacun de mes guerriers m'imitaient, jusqu'à ce que le cercle se reforme naturellement. Ainsi, quelques secondes s'écoulèrent de nouveau, tandis que les chants s'étaient fait plus imposants. Nous chantions tous, à l'unisson, dans une harmonieuse force brute, à laquelle je me joignais avec une rage non dissimulée.

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La marche du Démon et de l'Insoumise

Debout sur ses quatre pattes, Xion hume l'air brumeux. Longuement. Aujourd'hui il porte une fraîcheur singulière. Plus épais et plus sombre, curieusement distinct. Une forme de clairvoyance qui dégage les sens et les voies respiratoires. L'aube d'une bataille.

Elle suit son clan jusqu'à l'endroit où se tient celui du Démon. Silencieuse, elle observe chacun des membres de sa famille. Fière, elle admire leur stature de glace et la détermination dans leur regard. Attentionnée, elle guette les signes de fatigue.

Aucun mot n'effleure sa conscience au départ. Ces affaires sont celles d'humains, autres que les siens. Mais la notion des Six se répète jusqu'à se frayer un chemin dans son esprit. Ses iris dorés s'agrandissent. Elle écoute. Un frisson glisse le long de ses écailles. Il la démange et grignote son aisance.

La cérémonie s'achève rapidement. Un souffle sec sort de ses naseaux. La créature des abysses fixe les corps se vider de leur sang. Puis rejoint la marche des Skoggandr. Son corps illuminé chasse les ombres et guide leur pas. Elle se poste à côté de son élue. Sa volonté est sienne. Son cœur donne la mesure du sien.

Xion s'incline devant le Tréant. Le vieil humain possède son estime, tant les témoignages de respect sont multiples à son égard. Les prières appellent ses Parents, chacun leur tour. Elle accueille les marques de sa Mère avec une profonde révérence. L'une de ses moustaches effleure Hedda avec tendresse, et un amusement réciproque, quand l'enfant lui passe devant. 

L'appel silencieux de Lagertha déclenche un frisson d'excitation. Elle avance lentement vers elle, sans quitter ses iris boisés. Ses paupières se ferment pour recevoir son don. Plus précieux que les autres à ses sens, car de sa main, et de leur sang. Un faible ronronnement émane de sa gorge. Une réponse à la douceur de tels gestes en cet instant privilégié. Ses mandibules enserrent la taille de la jeune femme pour prolonger leur brève étreinte.

« Nous vaincrons. »

La parole devenue grognement s'évanouit dans la certitude. Ne manque plus que la bénédiction d'Ignis. Xion inspire profondément. Chaque guerrier imprègne ses crocs de la chaleur divine. Un sourd grondement retentit, menaçant. Puis elle brave les flammes et attrape les braises dans sa gueule. Elles s'éteignent aussitôt. L'enfant d'Aqua les mâche dans un férocement avant de les engloutir. Elle domine cet élément. La puissance du feu faiblit devant son essence aqueuse. Elle ne doit pas oublier. Elle ne doit plus céder.

Le chant des humains galvanise son être. Une véritable énergie en parcoure les fibres, telle une onde magique. Ses muscles se gonflent. Ses griffes sortent. Sa queue fouette l'air. Elle expire, prête à déchirer la chair de ses ennemis. 

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Crédits Image - Irina Nordsol Kuzmina

La marche du Démon et de l'Insoumise

Les mots de Xion avaient résonné en moi comme un tambour de guerre retentissant. L'onde sonore, qui n'avait pourtant rien d'un cri, avait fait vrombir tout mes muscles et un frisson délicieux parcouru ma colonne. Oui. Nous vaincrons. Cela ne faisait aucun doute et les Dieux comme les Anciens Sages m'en soient témoins. Eux qui avaient douté de moi si longtemps comprendraient enfin la teneur de leur choix, me choisir en tant que chef du clan Skoggandr serait, pour l'avenir, un grand pas et un gage de succès. Je l'espérais et j'en étais, à cet instant précis, convaincu.

Les chants circulèrent d'une grande intensité eurent besoin de temps pour s'effacer, jusqu'à la disparition. Je sentais une énergie telle qu'elle ne me quittait plus, même en l'absence de bruit. Ce silence ne demeura pourtant que peu de temps. Je sentais l'impatience de mes guerriers, en particulier Ivar et Lothar qui étaient tout aussi impatients de faire tinter leurs armes contre le fer de nos ennemis, tout comme entendre leur lame trancher la chair et briser les os. Un sourire vint orner mes lèvres, ce genre de sourire annonciateur de cataclysme. Mon souffle était court et profond, ma respiration était pesante et n'attendait que de se libérer sur le champ de bataille, mais à mon grand regret, cela ne serait dans l'immédiat. Instinctivement, mon regard se mit à chercher le Démon que je trouvait un peu plus loin, seul et les bras croisés. Mes yeux pesèrent sur lui l'espace de quelques longues secondes avant que je ne m'en retourne auprès de mon clan pour les dernières directives.

Ils allaient nous suivre, de très loin, en compagnie de Galifey et Xion comme garde, pendant que je m'avancerais au côté du Démon comme otage. Le signal de l'attaque serait mon appel de Xion. Ici resterait le Tréant et Hedda, en compagnie de Svaarnelg que j'avais rappelé à cette occasion. Le peu que je savais de lui ne me paraissait pas spécialement enclin à mener des batailles, mais l'optique de veiller sur les plus faibles avait été bien perçu par le fils d'Ignis. Ce qui avait de quoi me rassurer quant à la sécurité de notre passé et de notre avenir. Je m'avançais devant chaque membre de clan, nous attrapant mutuellement le crâne pour faire se joindre nos fronts. Je refis la même chose avec Xion, en dernière avant de me diriger vers le Démon, toute armée.

Mon pas était leste et pourtant si lourd. Je marchais vers lui comme l'on marche vers la victoire et une fois arrivé à ses devants, je le regardais après avoir emplis mes poumons de sa présence.

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Ses mots, ses deux seuls mots, avaient eu un effet indéniable. Une trouble sensation, indéchiffrable dans ses premiers temps. Relevant dans un premier temps un sourcil, mon corps s'était raidit sous la crispation provoquer. Mettait-il en doute mes capacités ? C'est ce que j'avais perçu dans les premier temps, mais bien vite, ma fierté prit le dessus. Oh, ne t'en fais pas Démon, tu verras. Mon visage se détendait et mes lèvres s'étirèrent lentement. Tu verras à quel point je suis prête, avec quelle hargne je planterais nos ennemis et leur ôterais la vie. Mes lèvres s'étiraient encore, en un sourire carnassier alors que mes yeux le dévorait, en un allé retour, de haut en bas. Je sentais l'adrénaline de la bataille à venir, emplissant mes veines, les faisant tambouriner sous ma peau. Se mêlait à tout cela un étrange désir pour lui, mal avisé, assez peu propice, mais le goût que j'avais pour la guerre s'entremêlait à mon goût de sa chair. Quelle étrange sensation...

Plantant mon regard dans le sien je fis un pas sur le côté, commençant à décrire un cercle autour de lui. Je soufflais alors dans un murmure aussi épais que la brume nous entourant, nous enfermant dans un cocon intimiste, m'approchant quelque peu de son oreille.


M'écartant à peine, mon regard plongeait à nouveau dans le sien, lui adressant un nouveau sourire carnassier avant de m'éloigner davantage, me dirigeant vers ses forces qui nous attendaient à la porte. Le cliquetis de mon armure ne faisait défaut qu'au silence nous environnant et que ce son, timide, était délectable. Il n'était que les prémices du fer s'entrechoquant à en briser des tympans. Ayant fait plusieurs pas, d'une allure tout aussi déterminée que celle qui m'avait menée jusqu'à lui, je ralentissais significativement, avant de me retourner lentement, à peine, juste pour pouvoir l'observer à nouveau, de bas en haut avant d'arriver à son visage qui commençait à se troubler, souriant encore. Une invitation silencieuse à prendre ma suite, à me rejoindre et à marcher à mes côtés. Pourtant, je n'attendais pas sa réponse, reprenant ma route en silence.

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Je suivais en silence le chemin tracé par ses hommes, le sentant à quelques pas dans mon dos, prenant goût, au fil du temps, à ce petit manège auquel il s'adonnait si souvent, comme une ombre à la fois salvatrice et menaçante. Cette corde tendue et et lancinante sur laquelle je me trouvais à chaque fois en ces circonstances avait le don de faire frissonner. Mais le moment n'était pas opportun pour ça, plutôt que de s'adonner à des désirs que je saurais contrôler pour le moment, j'arrivais à hauteur du cortège. Restant un instant sur mes positions le temps d'observer ses hommes s'affairer, ou le Démon trouver sa monture, on m'en apporta une. Je n'aurais sans doute pas eu de pensées négatives à ce moment là, si Il ne m'avait pas stoppé dans cet élan. Mon visage se tourna vers lui instantanément, le regard fermé et les sourcils froncés. Il me fallut quelques secondes de silence pour saisir ce qui se jouait avant de détourner le regard, tendant à nouveau ma paume pour y recevoir la bride qu'on m'avait tendue l'instant d'avant.


Rien de plus qui ne trahissait pour l'instant la vérité, sans plus de regard pour le Démon, je m'installais rapidement sur la selle avant de tourner à nouveau mon visage vers lui, la mine aux allures à la fois cernée par la colère et le doute. Perçant son regard, j'essayais de comprendre. Cela ne m'aurait pas interpellé en d'autre temps, mais la ponctuation de sa question n'avait rien d'anodin à mon sens. Était-il au courant ? Cela ne serait pas étonnant, mais comment ? Je lui avais déjà fait mention de ma défaite au temple de Terra, sans spécifié ce détail qui était loin d'en être un pour moi. Pour le moment pourtant, je ne souhaitais pas abordé le sujet, bien trop torturée par l'émotion que cela me provoquait.

Détournant alors le regard, j'attendais que le cortège se mette en marche avant de donner un léger coup de talon sur le flanc de ma monture, prenant place à ses côtés, quoi que légèrement en retrait. La tête avait pris place assez loin, tout comme la queue de peloton. Préférant m'en assurer, je les observais l'une après l'autre avant de déposer à nouveau mon regard sur le Démon non loin. La gorge serrée, je laissais échapper mon questionnement.


La culpabilité et la honte m'envahissait, sans les laisser s'exprimer ni se voir pour autant. Mon air était seulement grave et quelque peu fermé, un peu plus que d'habitude certainement.

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Rien dont tu ne sois au courant ? Hm, un peu prétentieux tout ça Démon, non ? Néanmoins, un fin sourire étirait mes lèvres, l'espace d'une seconde à peine. Sans penser à quoi que ce soit en particulier, je serais bien évidemment capable de le croire. Du moins, pour ce qui le concernait lui et son entourage. Est-ce que j'avais à m'en faire alors ? Peut-être, mais loin de moi l'idée de devoir m'en méfier, du moins pour l'instant. Car pour l'heure, mon esprit n'était ni à l'humour ni à la défiance, non, j'étais un peu trop préoccupée par la condition de Gyllir qui m'était, à moi, complètement inconnue. Néanmoins, la suite m'interloquait allègrement.

Haussant un sourcil, mon visage se tournait vers lui alors que le sien m'avait quitté. Demeurer en vie était le principal ? Pour nos plans ? Ou pour lui ?... Mes yeux le balayaient de haut en bas, tout à fait incertaine de la manière dont il me plaisait à recevoir ces mots. En espérer quoi que ce soit ne me serait d'aucune utilité, au contraire même, peut-être. Pourtant, je sentais une sensation étrange en mon ventre, comme une sorte de chaleur, plutôt agréable si je devais me positionner à son propos. Mais trêves de suppositions grotesques, je n'avais pas que ça à faire ici et maintenant. Me détournant de lui, je secouais rapidement la tête pour évacuer tout ça pourtant, aucun répit ne m'était accordé en cet instant.

Il sait où elle se trouve. Il sait où se trouve Gyllir. Ma jument. Dont il a compris la valeur ? Oh ? Et de fait, ce n'est que maintenant qu'il m'en informe, à l'aube d'une bataille à venir ? Mon visage se tournait lentement vers lui, les yeux d'abord écarquillés puis les sourcils froncés. Pourquoi ne pas me l'avoir dit avant ? Et s'il avait ses raisons, pourquoi me le dire maintenant ? Des questionnements qui chamboulait mon esprit autant que mon ressentis. En le fixant durant quelques secondes, je ne savais pas quoi penser de ses agissements. Tantôt chaleureux, tantôt calculateur et formel. Le chaud et le froid durant un si court laps de temps. J'en grimaçais quelques peu avant de détourner à nouveau mon visage, assez sèchement. Il y avait d'ailleurs autre chose qui me dérangeait.


A personne d'autre. Pas à lui non plus, peu importe qui il était. Il n'était pas mon père ou une espèce de gardien qui devait veiller sur moi, non. J'étais assez grande pour faire mes propres erreur, je l'étais aussi pour les rattraper. Mes doigts serraient davantage les rennes de ma monture, à m'en faire blanchir les phalanges. Mes mâchoires se serraient et pouvaient certainement trahir la tension grondante en mes entrailles. Préférant éviter qu'il n'ai à le noter facilement, mon regard assombris se portait sur le lointain, réfléchissant à ce que j'allais bien pouvoir faire à celui qui avait eu l'audace de retenir ma jument. Et si c'était toujours cette fichue Vipère, je m'en donnerais d'autant plus à cœur joie. A son souvenir, ma babine se retroussait légèrement, contenant un grognement silencieux.

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Si sa réponse, teinté de consentement, aurait pu me détendre ou même me satisfaire, ce que je cru dans les premières secondes et bien, il m'enleva tout ça durant celle qui suivit. A nouveau, je ne pu retenir un regard en sa direction, animé d'une tension presque palpable. Tout dépendra de ma performance d'aujourd'hui ? Mes babines se crispaient. Etais-je pour lui une enfant à récompenser, à qui il retirerait ce qui lui est dû simplement parce sa "performance" lui aurait déplu ? Hey ! Il ne s'agit pas d'un câlin ou d'un fruit en cadeau là, il s'agit de Gyllir, un être important à mes yeux, pour qui se prenait-il à ainsi me faire miroiter ce genre de chose ?

Je sentais bouillir en moi une colère sombre, à son encontre. Sérieusement, je n'étais vraiment que ça à ses yeux ? Je détournais vivement mon visage pour me retenir de lui sauter à la gorge et de l'obliger à me donner l'information dès qu'il l'aurait et ce que ma "performance" lui ai plu ou non. Je ruminais dans mon coin, jusqu'à ce qu'une idée toute bête me vienne. Ah oui, c'est vrai Lagertha, c'est toi qui a accepté cette situation. Il était le Maître et toi l'apprenti non ? Un court rire sec m'échappa. Quelle bêtise. Etais-je seulement capable de supporter une telle relation alors que je lui avais offert une confiance intime ? Etais-je capable de faire la part des choses ? A cet instant, j'en étais très incertaine, mais mieux valait que je contienne ces émois, c'est moi qui avais cherché ça après tout, non ? Alors assumes, Lagertha.

Cependant, l'idée me venait de me débrouiller toute seule, de ne pas attendre qu'il daigne bien vouloir m'accorder ce qui me revenait de droit. Si ma "performance" ne lui plaisait pas, faudrait-il que j'attende sagement ? Non, impossible, impensable. Mais alors que je réfléchissais à tout cela, à tête absolument pas reposée, il revenait à la charge avec un autre sujet qui me semblait, tout à coup, très épineux. Je revenais vers lui, le visage fermé et les sourcils froncés après avoir dirigé rapidement mon regard vers Xion.


Qu'auprès de moi durant une bataille des plus importantes ? J'espérais réellement qu'il n'allait pas aller sur ce terrain là, sinon qu'en serait-il du futur ? Si sa performance à elle ne lui convenait pas il allait me demander de m'en séparer peut-être ? Par les Dieux, comptait-il sérieusement me dicter le moindre de mes faits et gestes, la moindre de mes pensées ? Je fulminais intérieurement, mais tentais par tout les moyens de me contenir. Après tout, je ne savais pas encore de quoi il était question que déjà je partais dans des élucubrations. Respire Lagertha, peut-être que tu te fais de fausses idées, laisses lui au moins le bénéfice du doute.

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Fixant l'horizon brumeuse, d'un point invisible, davantage pour me détacher de mes sensations désagréable plus que pour discerner la moindre chose dans ce brouillard opaque, mon regard demeurait fermé, mais mes oreilles non moins attentives à ses propos. Je serrais les mâchoires face au constat qu'il me faisait, si ce n'est savoir que la Garde Dorée ne semblait pas aller jusque ce camp, trop loin dans les terres, pour le protéger, il est vrai que je n'avais pas davantage d'information. La faute à mon manque d'informateur, ou d'espion peut-être ? Sans doute aurait-il mieux valu que je fasse appel au Démon pour cela, mais au regard de mes réactions passé, j'en aurais sans doute été incapable.

Il exposa ensuite son plaidoyer et son plan. Pour une fois, très peu de réaction ornait mon visage, je me contentais de détendre ma nuque, voir de la faire quelque peu craquer dans le mouvement, dispersant les tensions accumulées. J'inspirais ensuite profondément, il y avait eu un manque de communication certain. Il m'exposait un plan sans connaitre le mien, dont je ne lui avais fais aucunement mention. C'était donc le moment de se rattraper. Le regard vissé vers l'horizon opaque, je m'exprimais d'une voix claire et sérieuse.


Ils étaient déjà bien en retrait, mais je portais un regard vers eux, ne discernant que leurs silhouettes à travers la brume. Me réinstallant sur ma selle d'un rapide mouvement de bassin, je revenais à mon point vers l'horizon.


Mes babines se retroussaient légèrement et une courte adrénaline perçait mes veines. J'inspirais alors profondément, pensant au fait que ce genre de plan ne coulait pas de source, étant donné que Galifey était toujours au camp et que je n'allais l'appeler qu'une fois que le cortège se séparerait, bien qu'au dessus de la brume, il aurait été difficilement repérable quoi qu'il en soit. Serrant les rênes dans mes mains, mon visage se tournait lentement vers le Démon, d'un air sûr, mais surtout déterminé. J'étais disposé à discuter de ce plan, à le changer, mais pas avant de l'avoir exposé. Alors maintenant que c'était fait, nous allions pouvoir en débattre.


Pour ça, je n'avais pas de problème particulier. Voyons maintenant si lui en aurait avec tout ce que je venais d'énoncer.

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Mes traits se tordaient d'incompréhension. « Soit » ? Vraiment ? Je n'avais pas l'habitude de ce genre d'abdication de sa part et surtout si rapidement. J'aurais pu m'en contenter, mais ça ne me plaisait bizarrement pas. Le connaissant, ça cachait quelque chose et si il voulait que nous continuions sur une entente, il fallait que je sache de quoi il était question. Je le toisais de haut en bas et ce que je voyais me plaisais encore moins. Si son visage m'était difficilement accessible, je voyais la pulpe de ses mains ronger le cuir de ses rênes. Non, je n'aimais vraiment pas cette sensation. Quelque chose ne lui convenait pas, c'était certains et cela venait nécessairement d'une chose que j'avais dîtes, ou faite. Je soupirais alors, mon air se tintant d'une inquiétude étrange.


C'était un grand pas en sa direction, j'aimerais qu'il en prenne conscience. L'élaboration de mon plan n'avait pas pris en compte son avis, certes, mais maintenant que je l'avais exposé j'étais disposé à en discuter. Peut-être qu'il ne l'avait pas compris ainsi, c'était fort probable. Et puis cette situation me gênait, ce qui commençais à doucement m'énerver. J'inspirais profondément avant de relâcher mes épaules dans un nouveau soupire.


Nous venions à peine d'entamer la route après tout et plusieurs heures encore nous attendaient avant d'arriver, discuter d'un plan pouvait largement se faire. Je ne savais pas par où prendre le problème, j'étais tiraillé entre mon ambition à lui prouver que je pouvais diriger l'attaque et mon envie, aussi étrange soit-elle, de lui... convenir. Après tout, c'était ce que j'étais venu cherché en venant à Sirk, la première fois, quelqu'un pour me rendre plus à même d'être chef, même si il y aurait sûrement des points sur lesquels on ne pourrait s'accorder. Étais-je prête à toute les concessions, certainement pas. Mais je pouvais consentir à certains efforts, même si son chantage de tout à l'heure me restait en travers de la gorge. Pour ma peine, je le chassais en m'éclaircissant la voix pour reprendre, dirigeant mon regard vers l'horizon.


Je fronçais des sourcils, une autre sensation me prenait. J'avais l'impression de me ramollir, je n'aimais pas ça, surtout avant une bataille. Ce qui était tout à la fois désagréable, énervant et inconfortable.

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Je fronçais légèrement les sourcils en l'observant ralentir son allure et se mettre davantage à ma hauteur. Je le regardais oui, mais seulement du coin de l’œil, comme si j'avais des doutes sur les secondes à venir. Est-ce qu'il s'apprêtait à m'apaiser comme cette fois-là devant la cheminée, ou au contraire à tenter de m'assassiner comme il l'avait suggéré dans son bureau ? Cette incertitude instable à son propos avait tendance à me perturbée d'une manière que je ne savais contrôler, alors plutôt qu'y perdre du temps, je ne m'en occupais pas pour l'instant. Et étrangement, la validation de ce nouveau plan ne m'avait pas satisfaite, me laissant toujours perplexe face à ses réponses. Cependant, je n'avais pas prévu de batailler davantage, j'avais fais un pas vers lui, si ce n'était pas dans ses projets de me le rendre, je n'allais pas le quémander.

Je détournais alors mon regard emprunt de sévérité sur l'horizon, serrant les mâchoires et ravalant ma salive. Un léger soupire s'échappa de mon nez alors que je sentais mes muscles se tendre légèrement. Non, la situation n'était pas confortable, mais je n'allais pas m'écorcher la voix outre mesure. Il acceptait le plan, c'était tout ce qu'il me fallait. Enfin, ça, c'est ce que je croyais. Ses paroles reprirent de plus belle pour m'exposer son point de vue sur le mérite de Xion. Inévitablement, ces mots me renvoyèrent à mes propres fautes, auprès des miens, ce qui réveilla un sentiment d'injustice à l'égard de Xion. Mes sourcils eux ne déméritaient pas à leur éternel froncement et je serrais les dents pour éviter que mes paroles ne s'emportent.


Une sanction ? Non mais et puis quoi encore, des coups de fouet ? Une tape sur le museau ? Elle n'était ni un calis, ni une enfant dont j'étais la mère. Elle faisait parti du clan, de ma famille, au même titre que les autres. Qui serais-je pour eux si je m'aventurais à les sanctionner parce qu'une bataille avait été perdue ? Ce serait plutôt moi, en tant que cheffe, qu'il faudrait remettre en cause et pas l'inverse. Mais peu importe, ce n'était ni le moment ni l'endroit d'en débattre. Ses hommes autour de moi ne me rassurait pas et je ne comptais pas saper son autorité. Je m'éclaircissais la voix avant de reprendre, cherchant une conclusion à cette conversation qui avec le temps, avait fini par complètement me crisper.


Il n'y avait là aucune once de plaisanterie, mais plus une envie de revenir à une situation claire, quand mes sentiments pour lui avait tendance à brouiller la vision de la place que j'avais auprès de lui. Une disciple, pas même une alliée.

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