Incognito. Le mot d’ordre de ce voyage était de ne pas se faire repérer. Ou tout du moins, que personne ne se rende compte de qui elle était vraiment. Il aurait été plus facile de faire de cela en plein hiver, couverte de capuche et autre couche de vêtement pour la dissimuler. Mais on était en plein été, et il aurait été bien plus suspicieux de se balader couverte de multiples tissus.
Au contraire, Evanna avait adopté pour le contrepied. Se montrer tant et si bien que personne ne pourrait penser que c’était elle, qui se baladait ainsi aux vues de tous, avec si peu de protection.

Ainsi donc, leur « caravane » était composée d’une seule charrette tirée par deux variquans, où se trouvait leurs vivres et de quoi camper; de 6 gardes, dont seulement 4 en armures non dorées, et 2 autres habillés tels des chasseurs, et elle. Eux tous étaient à cheval, et la pupille princière en avait profiter pour enlever de son apparence, tout ce qui pourrait évoquer son haut rang. Les cheveux tressés, un pantalon de lin rentrer dans des bottes de cuirs, et une chemise à manche longues qui laissait apparaitre un certain décolleté qui aurait été incongru dans d’autres circonstances. Elle se sentait libre et aventurière, et adorait cette nouvelle vie sans manière. Elle ressemblait à un chasseuse, une femme du peuple ou autre pirate des eaux d’Arcane. Avec son manque de bijoux et de matières nobles, ses cheveux pleins de poussières et ses vêtements fatigués par le voyage, elle ressemblait à n’importe quelle femme de ce pays qui n’évoluait pas dans les hautes sphères.
Le plus dur, dans tout cela, avait été de laisser Lightning à la maison, de crainte que quelqu’un ne finisse par la reconnaitre à cause de son compagnon à quatre pattes, qui l’accompagnait toujours partout. Trop de coïncidences pouvaient se révéler dangereuses.

Toutefois, pour ajouter à leur sécurité et ajouter à l’effet, son petit groupe avait finis par se joindre à une autre caravane, qui transportait justement un couple de noble en direction d’Al’Hazred. Ces derniers n’avait vu que du feu à sa fausse identité, ce qui avait finis de rassurer ses gardes.
C’est ainsi qu’ils firent le voyage jusqu’à Al-Hazred, d’où, après une nuit de repos dans une auberge de la ville, ils prirent la route vers le Temple de Feu.

Au fur et à mesure qu’ils avançaient et que l’immensité du Temple apparaissait sous ses yeux ébahis, elle sentit le stress monter. Non pas à l’idée de risquer sa vie, car curieusement, cela ne l’inquiétait pas vraiment. Cette éventualité faisait parti intégrante des épreuves, et puis soyons honnête, cela restait relativement flou jusqu’à ce que ça vous tombe dessus.
Non, elle stressait à cause d’un potentiel échec. Elle refusait de rentrer à Lüh sans une invocation, et si elle ratait la première, il lui faudrait en tenter d’autres. Cela rentrait-il en conflit avec l’injonction du Prince de ne pas risquer de trop sa vie..? Probablement. Cela l’empêcherait-il de le faire ? Assurément que non.

Une fois au pied du temple, la jeune femme mis pied à terre, laissa les rênes de sa monture à ses gardes, et entreprit de gravir lentement les escaliers jusqu’à l’entrée, tentant par la même occasion de faire baisser son rythme cardiaque. Les battements de son coeur étaient si forts qu’ils l’assourdissaient.
Une fois arrivée en haut, elle inspira à fond puis entra dans le temple, dans lequel il faisait curieusement frais. Certes, les pierres maintenaient le soleil en dehors, mais elle s’était presque attendue à ce qu’il y fasse très chaud, même à l’intérieur.

Ses pas résonnaient curieusement, comme si une matière recouvraient les murs et absorbaient les sons au lieu d’en faire l’écho. Son regard ambré dériva sur les portes encore fermées, jusqu’à être attiré par une gravure. Evanna s’approcha doucement, embrassant l’ensemble des portes en bois du regard, le dessin confirmant ce qu’elle avait perçu de prime abord. Un renard, assis, entouré de flammes. Elle leva les yeux pour lire le nom qui s’y étalait en larges lettres d’une jolie calligraphie : Soka’Okara’Kanira.
Elle arqua un sourcil avec un léger sourire en coin. Eh bien, voilà qui serait bien pratique pour l’invoquer tiens. Le temps qu’elle finisse de prononcer son nom, on avait bien le temps de la tuer dix fois.

Un rire légèrement nerveux lui échappa, et elle poussa la porte malgré la pensée peu rassurante qu’elle venait d’avoir. En fait, dès la vue du renard enflammé elle s’était décidé. Que ce soit ou non la forme de la divinité à l’intérieur de cette cellule, c’était un signe qu’elle ne pouvait ignorer.
Alors qu’elle pénétrait à l’intérieur de la cellule, son paysage se dévoila et la brunette s’arrêta net, interloquée. Elle s’était attendue à beaucoup de chose, mais certainement pas à se retrouver dans l’immense hall d’un Manoir qui semblait appartenir à une grande famille de la noblesse. Pour le coup, elle faisait carrément tache dans ce cadre, et cela lui apporta une satisfaction toute particulière.
Elle souffla une mèche sombre qui encombrait son visage, et avança dans la pièces, son regard enregistrant tous les détails possibles. Cuisine, demi dieu, cave, bibliothèque -elle marqua une pause et son regard s’illumina un instant devant ce mot- musée et entrepôt. Quel curieux mélange de lieux.

Une pancarte de bois au milieu du hall d’entrée lui indiqua donc la marche à suivre. Un cadeau. Il lui fallait trouver un cadeau. D’instinct, elle entra dans la bibliothèque. Les yeux émerveillés, elle découvrit ébahie, les milliers d’ouvrages soigneusement rangés sur de grandes étagères de bois sombres.
Evanna cligna plusieurs fois des yeux, puis s’avança pour en lire les thèmes des rayons, zonant aux alentours sans trop savoir ce qu’elle cherchait. Quel livre pouvait-on bien offrir à un demi-dieu ? Elle savait bien, que rien de ce qu’elle voyait n’était en réalité disponible à la divinité de cette cellule, et cela rendait finalement le choix encore plus compliqué.
Son index tapotant doucement ses lèvres dans une manie de réflexion, le regard de la pupille fut attiré par la couverture flamboyante d’un ouvrage. Elle le tira pour en lire le titre, et la quatrième de couverture. C’était un recueil d’histoires sur les invocations d’Ignis les plus connues. Celles qui faisaient parties des légendes que l’on racontait aux enfants, ou qui donnaient leurs noms à des auberges, des rues ou des fêtes.

Se mordillant la lèvre inférieure tout en caressant la couverture magnifique de l’ouvrage, d’un rouge orangé flamboyant, incrusté d’ambres et de dorures, Evanna repartit vers le hall d’entrée. Elle ne regarda pas l’index pour savoir si elle y trouverait le nom du demi-dieu dont elle tentait l’épreuve non. Qu’il y soit ou pas, cela importait peu à la raison de son choix.

Alors qu’elle s’apprêtait à se diriger vers l’escalier, elle s’arrêta. Après tout, le panneau n’indiquait pas que l’on avait le droit qu’à un seul cadeau n’est ce pas ? Seulement qu’il ne fallait pas se présenter les mains vides.
Posant délicatement le livre sur la première pancarte du hall, la brunette se dirigea vers la cuisine, fouillant le garde mangé du regard avec curiosité. Elle n’était certes pas une cuisinière émérite, mais elle avait souvent aidé Olivia avec les repas en grandissant, curieuse de saveurs qu’elle était. Et après tout, si la divinité qui était ici n’était pas très lecture, quelque chose à manger ne pouvait QUE faire plaisir n’est-ce pas ?

Evanna fouina un moment dans le garde manger avant de se décider pour un poulet, quelques épices, du beurre, et des pommes de terres. Simple, et efficace.
Elle perdit la notion du temps alors qu’elle faisait préparait le plat, faisant rôtir le poulet et les patates avec du beurre et des épices.

Une fois que cela fut prêt, les odeurs exquises qui s’échappait du plat lui donna envie d’y gouter. Elle en salivait presque, et son esprit critique et curieux se demandait si elle serait capable de manger ce qui se trouvait ici. Après tout, tout n’était que magie n’est ce pas ?
Après un court débat intérieur, elle décida de résister à la tentation. Elle dressa une assiette, y mit une cloche en argent pour en garder la chaleur, puis retourna dans le hall et récupéra le bel ouvrage dans son autre main.

Face aux escaliers, le regard fixé sur la pancarte qui indiquait qu’il menait au demi-dieu, Evanna prit une grande inspiration, qu’elle relâcha doucement.
Bien. C’était l’heure de vérité.
Un pas après l’autre, prenant garde à l’équilibre de son assiette, elle se mit à gravir les marches une par une, incertaine de ce qui se passerait ensuite…

Arrivée en haut des escaliers, Evanna tomba face à une baie vitrée qu’il lui facile d’ouvrir pour déboucher sur un jardin magnifique. Enfin, un jardin c’était peu dire. En effet, les terres étaient immenses, pourvues d’une ferme, de bâtiment d’élevage et leurs animaux, d’une grange, de culture, d’une maison et … Des écuries !

Un sourire éclaira le visage de la jeune femme malgré elle à la vue familière du bâtiment et des têtes équines qui dépassaient par les demi portes des box. Elle n’eut toutefois pas le loisir d’avancer dans cette direction qu’un éclat orangé et des voix enfantines attirait toute son attention.

La pupille n’eut pas le temps d’en placer une qu’elle se retrouvait face à trois enfants et un énorme renard rouge-orangé aux multiples queues… gentiment assis comme un chien bavant devant une friandise.
Elle cligna lentement des yeux, tentant de récupérer toutes les informations qu’on lui avait donné, en les cumulant à celles que ses yeux enregistraient.


« Je.. Euh.. Whoaaa.»

Un petit rire léger lui échappa, et elle secoua doucement la tête, quelques mèches s’échappant de sa tresse. Bien, faisons les choses dans l’ordre.
Elle adressa un doux sourire à ceux qui lui faisaient face.

« Enchantée tout le monde. Je me nomme Evanna. »

Son sourire s’accentua en posant les yeux sur le renard. Soka. Diminutif bien plus pratique pour appeler le demi-dieu que son nom complet c’est sûr. Si elle était un peu perturbée par l’attitude curieusement canine et enfantine du fils d’Ignis, elle n’en montra rien. Après tout, elle avait elle aussi souvent été jugée pour sa spontanéité et son enthousiasme qui n’étaient soit disant pas dignes de son rang.

« Et oui, c’est bien du poulet. J’ai été inspirée par l’image de renard sur la porte. Heureusement que vos goûts s’accordent aux légendes et histoires pour enfant. »

Elle eut un nouveau petit rire, amusée par la complicité débordante entre les enfants et le demi-dieu. Elle décida de ne pas le faire attendre plus longtemps et déclocha l’assiette, révélant son contenu, pour la tendre à Anna.

« Tu m’as l’air la plus à même de faire un partage équitable. »

Elle lui adressa un petit clin d’oeil. Reportant sa seconde main sur le livre, et remarquant ainsi que le plus jeune -et le plus discret !- des trois enfants semblait ne pas le quitter des yeux. Soka, Anna et Kerry étant manifestement occupés avec le poulet, la brunette mit un genou à terre pour se mettre à hauteur de Gibus et lui fit signe d’approcher avec un sourire.

« Tu aimes les livres ? »



Elle connaissait cette lueur qu’il avait dans le regard. C’était facile, elle avait la même déjà à son âge. Embarquée qu’elle était par tous ces caractères expansifs, elle n’en oublia que les enfants, et ce paysage n’étaient pas réels.
Ou l’étaient-ils ..?

Alors que le jeune garçon nommé Gibus lui répondait par l’affirmative, ils mentionnèrent tous une certaine gemme. Qui devait quand même avoir une sacrée importance pour que même le demi-dieu impatient en vienne à refuser le poulet pour l’instant.
Adressant un sourire au petit garçon, la brunette se releva pour écouter avec curiosité ce que lui racontait les différents êtres présents. Une gemme… d’amitié ?
Elle cligna plusieurs fois des yeux, un peu prise au dépourvue. Toutefois, le regard devenu bien sérieux et sans âge du renard de feu, planté dans le sien, lui indiquait sans l’ombre d’un doute que la suite de son épreuve venait de lui être révélée. Bien, c’était donc parti pour récupérer cette gemme.

Avec calme, Evanna rangea les différentes informations dans sa tête avant de poser ses questions dans l’ordre, pour s’organiser.

« Pourquoi vous a-t-elle été confisquée ? Vous a-t-on donner une façon de la récupérer à ce moment là ? »

Cette question s’adressait au demi-dieu, mais les suivantes furent édictées en regardant les trois garnements qui se tenaient près d’elle.

« Savez-vous déjà précisément où elle-est, ou cela reste-t-il à déterminer ? »

La pupille marqua une pause de réflexion puis ajouta avec un sourire.

« J’ai un chien moi aussi… Je suppose que l’on peut, peut être, sacrifier un petit morceau de poulet pour s’en faire un ami non ? »

Elle jeta un rapide coup d’oeil à Soka, qui n’allait probablement pas être ravi de cette idée, puis reporta son attention sur les enfants.

« Quant à la Mère Crouzy et au coq… »

Un air malicieux envahit son visage alors qu’elle finissait sa phrase.

« Ils en pourront rien contre nous si nous sommes trop rapides n’est ce pas ? »

Ses yeux tombèrent sur l’écurie avec un sourire malin. Après tout, s’ils étaient là, on devait bien pouvoir s’en servir pour récupérer cette gemme non ?