Inutile de m'attendre. Les dernières paroles de Rymaïn tournaient en boucle dans la tête du chasseur. La confiance accordée à leur partenariat, suite à leur discussion, l'avait quitté dans la nuit. Slavko n'était pas rentré. Se trouvait-il toujours en compagnie de Solensil ? Etaient-ils en sécurité ? Allait-il passer toute la nuit à l'extérieur des murs ? Ces interrogations l'avaient tenu éveillé deux bonnes heures avant de succomber au sommeil.
Levé aux aurores, il prépara ses affaires avec zèle, vérifiant le contenu de son sac au moins trois fois. Son petit-déjeuner avalé dans un calme forcé, il gagna les portes de la ville. Il y trouva son frère de meute, visiblement sans aucune blessure. L'explication donnée, ils se dirigèrent vers les quais. Son soulagement fut double en voyant la silhouette à la chevelure flamboyante. Il lâcha un profond soupir. Elle était encore plus en avance que lui.
Salutations écourtées par les soins de la rousse, les deux humains embarquèrent sur un petit bâtiment de transport. Slavko se fit un plaisir de nager à côté. Il approvisionnait le camp de chasse des Haut-Sélène. Malgré sa timidité, Valion fut rapidement mêlé au groupe présent. Il gagna quelques astuces sur la chasse aux vermines, et constata avec joie que ses théories n'étaient pas stupides, au contraire. Rymaïn l'avait déjà aidé sur le sujet, mais une assurance supplémentaire n'apportait aucun tort. Les deux heures suivantes, il somnola.
Une fois débarqués, ils ne s'attardèrent pas une seconde. L'envie ne manquait pas au jeune Lameblanche, devant l'incroyable rassemblement de chasseurs. Mais le malaise manifeste de sa partenaire l'invita à repousser sa découverte. Au retour, avec un peu de chance. Ils progressèrent le long du chemin battu, sinuant hors du camp, jusqu'à ce que la brume l'avale complètement.
La rumeur rendait hommage à la plaine brumeuse. Le brouillard et le manque de luminosité compliquaient énormément l'orientation. Valion réalisa qu'il n'aurait jamais pu s'aventurer seul dans pareille entreprise. Il se serait découragé avant même de se perdre. Du moins, il le pensait. Heureusement, Rymaïn paraissait toujours aussi confiante. Et les sens divins de son frère de meute les aidaient amplement.
« La terre et l'air regorgent d'eau, ici. Est-ce que tu te sens à ton aise ? »
Le chasseur acquiesça à sa réponse. Il retomba dans le silence, pour éviter de perdre le compte de ses pas. Quelques minutes plus tard, yeux rivés sur sa boussole, il s'immobilisa. Sa voix perça la chappe opaque, à l'adresse de la guerrière aux masses en tête du groupe.
« Nous devrions avoir atteint les coordonnées référées par la Garde. Je pense qu'on peut placer les appâts. »
Il attendit que tout le monde valide l'initiative avant de sortir les restes de viandes putréfiées et soigneusement empaquetés. L'odeur nauséabonde lui arracha une moue de dégoût. Ils installèrent chacun un piège avec Rymaïn. Suivant l'idée de cette dernière, il répartit sur les deux le contenant d'une fiole de toxine d'esprit brumeux.
-100 tsuris pour le transport -1 toxine d'esprit brumeux
◊ Pendentif de
céléritéx1
◊ Cristaux de glacex2
◊ Orbe Fuguex1
◊ Graine maléfiquex1
◊ Porte bonheur(100% de réussite pour 2 lancés de dés)
◊ Pierres de télépathie non liéesx1
⟐ Obj. Divers :
◊ Sève de Lueur Nocturnex1
◊ Onguent du sans odeurx1
◊ Lien de tissu ocre(souvenir relié?)
◊ Broche de Nérée
◊ Tenue de rechange
◊Cape de voyage
◊ Cape chaude
◊ Petit couteau
◊ Corde solide(10m)
◊ Carte d'Arcane
◊ Longue-vue
◊ Couverture légère
◊ Lanterne
◊ Carquois de bois(5/15) [2 fl. perfo./3 fl. lumineuses]
◊ Lot de flèches[xx]
◊ Nécessaire d'entretien armes
◊ Nécessaire soins corporels Masque de mort
◊ Pendentif de
céléritéx1
◊ Cristaux de glacex2
◊ Orbe Fuguex1
◊ Graine maléfiquex1
◊ Porte bonheur(100% de réussite pour 2 lancés de dés)
◊ Pierres de télépathie non liéesx1
⟐ Obj. Divers :
◊ Sève de Lueur Nocturnex1
◊ Onguent du sans odeurx1
◊ Lien de tissu ocre(souvenir relié?)
◊ Broche de Nérée
◊ Tenue de rechange
◊Cape de voyage
◊ Cape chaude
◊ Petit couteau
◊ Corde solide(10m)
◊ Carte d'Arcane
◊ Longue-vue
◊ Couverture légère
◊ Lanterne
◊ Carquois de bois(5/15) [2 fl. perfo./3 fl. lumineuses]
◊ Lot de flèches[xx]
◊ Nécessaire d'entretien armes
◊ Nécessaire soins corporels Masque de mort
C'était une bien mauvaise idée. La nordienne se tourna une centième fois dans ce lit qui ne lui appartenait pas, le sommeil fuyant chaque parcelle de sa psyché comme de son corps. La rage qui l'avait menée chez la noble, pour finalement se tarir dans l'espoir d'évacuer ce qui la pesait, sourdait toujours quelque part. En voulant se débarrasser des obstacles et autres désagréments qui la tenaillaient, leur conversation l'avait forcée à y plonger totalement et les confronter.
Une idée absurde, après l'échange avec le chasseur deux heures plus tôt. Comme si les remous causés ne suffisaient guère, elle en avait cherché d'autres... Inconsciemment?
La couverture fine vola par terre et la jeune femme se redressa pour aller farfouiller dans ses affaires. L'aube n'avait point encore percé le voile nocturne, mais une pensée nette fit jour en son esprit. La chasse, le combat, l'adrénaline... Les éléments nécessaires à une purge concrète de sa colère, se trouvaient à portée de mains. Malgré son refus de la veille. Peu importait, l'homme ne pouvait s'en sortir seul. Surtout sans mettre en danger le lupin à la puissance encore affaiblie.
• Ω •
Le silence salé des quais infiltre doucement son corps. Les embruns emplissent ses poumons avec sérénité. Un vent léger glisse sur le cuir durci, revêtu en conséquence. Ses cuisses sont cintrées du harnais caractéristique portant les deux masses qui l'accompagnent. L'arc, décordé, siège patiemment dans le sac sans fond. Et une cape d'un bleu céruléen recouvre le fief à la chevelure ardente, nouée pour l'occasion.
Elle adresse un signe bref au chasseur qui la rejoint. Une attention plus respectueuse à l'égard du loup bleue se manifeste. Inutile de s'attarder en palabres cependant. Chacun s'en contente, et le trio embarque dès que possible sur un petit bâtiment qui doit rallier un camp de chasseurs, situé sur une rive de la Plaine Brumeuse. Rymaïn ne prête nulle écoute aux dires environnants. Les pensées aussi brumeuses que leur destination.
• Ω •
Alors que leur groupe quitte la sécurité relative du campement fortifié, la jeune femme extirpe Bywiog, une fois accordé, l'arc prend place dans sa main. Le carquois de cuir déjà ceint dans son dos arbore différent types de projectiles, dont elle aura possiblement l'usage. De sa main libre elle retire une longue hampe de bois du sac arcanique. Elle y accroche une fiole, portée à sa ceinture depuis leur départ, emplie de sève de lueur nocturne. Ainsi, la perche offrira une luminosité minimale pendant deux ou trois heures, susceptible de percer l'opacité brumeuse auprès d'eux.
Alors que les brumes alentours exercent une attraction particulière sur la flamboyante guerrière, celle-ci tâche de ne guère sombrer dans ses souvenirs délétères. Le divin en présence suffit semblablement à éloigner les monstres faibles qui rôdent habituellement dans la Plaine. Quoi qu'il en soit, rien de fâcheux n'arrive jusqu'à ce qu'ils aient atteint l'emplacement désigné par les informations du chasseur. En espérant que les créatures ne se soient pas trop éloignées depuis qu'elles ont été repérées.
Sur une affirmation de la rousse, accordés, les deux humains posent les appâts piégés. Cela suffira-t-il? Il leur faut s'éloigner un peu, tout en misant sur le fait que Slavko ne les maintiendra pas à distance de par sa simple présence. Mais les créatures sont coriaces, puissantes et bénéficient d'un avantage aérien... De quoi leur faire pousser une nouvelle paire d'ailes peut-être?
Rymaïn laisse la fiole lumineuse auprès des pièges, après l'avoir imprégnée de l'odeur des restes, puis les ténèbres vaporeuses enserrent le trio qui se fait silencieux en s'éloignant. Une flèche enflammée prend place entre les doigts de l'archère, qui maintient pour l'heure son arc bas. Les sens aux aguets. Elle compte sur les perceptions bien plus précises du lupin pour les avertir de la venue des vermines, dont le vol court n'est pas forcément silencieux. A condition qu'ils approchent par le ciel. Leur odeur sera plus difficilement perceptible avec l'odeur putride des appâts malheureusement. Rien n'est jamais simple...
La nuit était tombée depuis une bonne heure quand je me présentais enfin devant les portes de Selmar. Solensil m'avait quitté depuis quelques minutes : profitant de la nuit pour rentrer dans la ville par les airs. Je gardais d'excellents souvenirs de notre rencontre. Je rêvassais quand le barrage des portes fermées m'arrêta. Calmement, je relevais le museau pour observer ces monuments qui me dominaient et me barraient le passage. Voilà qui était problématique. Je pense que j'aurais pu assez aisément sauter par dessus la muraille mais je pense qu'un tel comportement était interdit. Alors je ne le fis pas. Peut être aurais-je pu déranger les gardes ? Non. Il n'était pas question d'ouvrir les portes juste pour moi. Maître Nitano n'aurait pas fait d'exception : « Si tu rentres après la fermeture des portes, tu attendras le matin. ». J'aurais pu aussi faire appel à Valion mais je me refusais de le déranger à une heure pareille. J'aurais trop honte de me faire remarquer de la sorte. Alors je fis la seule chose à faire : je me couchais devant les portes et je commençais à attendre.
Peu de temps après, je fus interpellé par un garde :
« Hey l'invocation, qu'est-ce que tu fais là ? »
Je relevais la tête pour échanger un regard avec le garde qui se trouvait au sommet de la muraille. Il fut rejoint par un autre.
« Bonne nuit messieurs. Je vous demande pardon : je suis revenu après la fermeture des portes. Je vais attendre le matin ici.
-Tu es déclaré ?
-Oui, mon libérateur se nomme Valion Lameblanche. Et je suis Slavko Mange-Lune. »
Les humains échangèrent quelques mots. Ils me proposèrent d'aller le chercher mais je déclinais poliment : je me considérais en faute. Mon châtiment consistait à attendre le matin... Alors j'attendis le matin.
Je fus heureux de retrouver mon Valion avec l'arrivée de l'aurore.Je lui expliquais que j'étais revenu après la fermeture des portes et que j'avais refusé que l'on se dérange pour ma faute. Je fus docile lors du voyage, suivant les consignes et nageant avec joie. Les eaux d'Arcane était loin de me rappeler mon océan glacial mais j’appréciais cette distraction.
J'avais familiarisé Valion à mon grand calme mais je le fus encore plus dès que nous entrâmes dans le brouillard. Si la zone n'était pas hostile, si nous n'étions pas en chasse, je serais parti à la recherche d'un rocher pour méditer.
« Oui... et non. Mon corps se sent bien dans cet environnement humide. Mais ce n'est pas la brume glaciale de mon Grand Nord qui est une brume franche. Ce brouillard me semble fourbe, sournois. Il est parfait pour un chasseur en pleine possession de ses moyens... Et je ne le suis pas. »
J'accompagnais les humains calmement mais la position de mes oreilles trahissaient que je n'avais pas confiance en l'endroit : elles étaient en position opposées l'une de l'autre et bougeaient souvent. J'observais autours de nous pendant qu'ils posaient les appâts puis je me plaçais docilement à l'endroit indiqué. L'odeur putride de ceux ci me chatouillait la truffe. Mais je restais immobile, conscient que mes sens étant bien plus aiguisés que ceux des humains ils dépendaient certainement de moi pour repérer nos cibles. D'une infinie patience, j'encaissais l'attente sans me lasser. Les minutes passèrent lorsque soudain :
« Quelque chose approche. »
J'avais murmuré cela, d'une voix si basse qu'elle fut à peine audible pour les humains. Mon museau était pointé dans une direction ainsi que mon oreille gauche, l'oreille droite écoutait en arrière...
Piège soigneusement en place, le trio prit de la distance en espérant effacer leur présence. Peut-être pas assez doué pour repérer une trace de vie, Valion se laissa engloutir dans le silence et l’inquiétante brume. Agenouillé, il modifia nerveusement sa position, puis s’en fustigea intérieurement.
Il anticipa les remontrances de sa partenaire de chasse qui semblait, malgré sa présence, garder rancune de leur dernière discussion. À moins qu’elle ne soit très concentrée. Ou simplement froide et dure, comme à son habitude. Le chasseur avait découvert une certaine vulnérabilité chez la jeune femme, mais restait bien incapable de la sonder.
À peine chassées, ces pensées revinrent à la charge avec en tête, la culpabilité éprouvée à l’égard de Slavko. Le lupus d’Aqua n’avait pas totalement récupéré et voilà qu’il l’exposait à une chasse dangereuse. Avait-il déjà affronté une créature aussi puissante ? L’expédition de Zan différait tellement d’une traque classique. Combien de chasses avait-il mené à son terme, en réalité ?
L'ex-milicien observa les alentours d'un œil vif, main serrée sur la hampe de sa lance. Impossible de percer l'opacité ambiante, évidemment. Les minutes semblaient goutter le long de ses tempes. Il luttait pour ne pas retenir sa respiration. Valion se secoua. Mieux valait ne pas trop réfléchir, il était juste stressé. Paupières closes, il tenta de se concentrer sur la situation présente en redéroulant leur plan d'action.
Le murmure l'effleura. Il lui fallut une seconde pour l'assimiler. La tension saisit ses muscles. Son regard bleu acier capta l'éclat enflammé au bout de l'arc de la rousse. Le souffle court, Valion déposa lentement ses armes au sol. Il chercha la graine maléfique dans son sac sans fond. Puis se reprit. Ils avaient finalement opté pour quelque chose de plus agressif. Mais il ne fallait pas se rater…
Au creux de sa main, les bombos diffusaient une puissante chaleur. Il attendit péniblement que les bêtes se rapprochent. Le bruit de mastication perça jusqu'à eux, lui arrachant un rictus de dégoûta. Encore un peu. Son visage pivota vers Rymaïn. Il attendait son signal. Quand enfin elle acquiesça, ses propres jambes se déplièrent agilement. Il lança l'objet magique sur la cible de gauche, la plus proche. Les deux perles enflammées explosèrent en touchant le sol.
Une sorte de crissement retentit. Valion n'avait pas attendu pour ramasser son arme, il se lançait déjà sur la créature affaiblie en espérant que ses ailes soient touchées. Rymaïn devait le couvrir ou le rejoindre selon les dégâts causés, et Slavko devait s'occuper de l'autre créature. S'il parvenait à l'épuiser, elle se poserait rapidement au sol, la rendant vulnérable. Avec l'effet des toxines, cela devrait arriver rapidement.