Au rythme des flots incertains

06/08/2018

Au rythme des flots incertains

Rymaïn, Valion & Slavko ⟐ Selmar ⟐ Ignis 59

L'éclat de voix diverses accompagne le pas souple de la nordienne, tandis qu'elle longe les quais de Selmar. Ignis s'éveille depuis peu, mais il n'est jamais trop tôt pour les marchands avides de bonnes affaires, comme d'un emplacement idéal. L'olive balaye sans réelle curiosité les étals alentours. Son but n'est point en ces lieux bruyants, malgré la fraîcheur salée de la Mer Intérieure qui vient plaisamment taquiner ses sens.

Il fait déjà doux, la guerrière ne porte ni cape ni armure pour une fois. Une tunique d'un bleu profond, sans manches, cintrée à la taille, descend sur ses cuisses. Son pantalon de cuir brun est délesté du harnais caractéristique portant ses masses, comme ses bottes des protège tibias qu'elle met usuellement. Sa longue chevelure rousse est libre de toute attache, oscillant doucement dans son dos au rythme de ses pas.

Sa démarche se fait plus pressante, afin de quitter rapidement la foule disparate qui commence à enfler progressivement. En obliquant pour partir dans une allée, l'éclat opalin d'un étal attire son regard, avant de l'accrocher définitivement. Les mèches flamboyantes retombent dans sa nuque lorsqu'elle s'arrête net. Le marchand propose un artisanat varié d'objets fait de corne ou d'ivoire. Ses doigts glissent distraitement sur une fine statuette aux reflets mats.

"Ivoire de Cuirassé Empereur. Un travail peu aisé, mais un résultat des plus élégants." Ses prunelles trouvent le regard sombre du marchand, auquel elle prête à peine attention, revenant aussitôt à la multitude de confections que la table arborait. Son regard fut happé par une gravure, incrustée dans une toute autre sorte de création. Finement ciselée, en corne, semblablement. Sans vraiment réfléchir elle saisit l'objet et le fait tourner délicatement entre ses mains.

"Mmm, corne d'Inako, vous avez l'oeil pou..." "Je le prends. Combien est-ce?" Assez sèchement interrompu, il ne put finir son propos. Une fois la transaction terminée, elle observe encore sa récente acquisition, un rien perplexe quant à ce qu'elle vient de faire, puis la glisse dans son sac sans-fond.

• Ω •

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Dernière édition par Rymaïn Cuchulayne le Ven 04 Juin 2021, 22:57, édité 1 fois

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27/01/2018

Au rythme des flots incertains

۞ Slavko & Rymaïn ۞

Mi-saison d'Ignis

À quelques centaines de mètres apparaissaient les portes de Selmar, port de pêche le plus réputé de l'île. Valion posa un genou au sol et tira une carte de son sac sans fond. Il l'étendit devant lui, sur la terre sèche, pour montrer à son compagnon divin leur cheminement.

« Voilà Selmar, ici. Au nord-ouest s'étend la Plaine Brumeuse, notre lieu de chasse. De là-bas, nous irons à l'est pour atteindre Sirk. Mais d'abord, une pause bien méritée. »

Le voyage s'était déroulé sans encombres, mettant le jeune homme de bonne humeur. L'excitation de l'aventure jouait beaucoup. Un contrat de la Guilde l'avait poussé à entreprendre un tel trajet. La garnison de la Plaine Brumeuse avait repéré un couple de Vermines invasif deux semaines auparavant. La Garde avait donc mis leur tête à prix, préférant récompenser les courageux que risquer la vie de ses membres. Après tout, ils n'étaient pas spécifiquement formés pour tuer des monstres.

Cette cible redoutable n'avait pas attiré de volontaires jusqu'au fils Lameblanche. Il se savait incapable de triompher seul, même avec l'aide de Slavko. Aussi, il comptait profiter de son escale à Selmar pour trouver des partenaires.

Arrivé aux portes, le chasseur se signala directement aux miliciens en poste. Il montra son badge afin qu'on lui indique où se trouvait la Guilde. Les directions données, le duo franchit l'entrée du village côtier. L'odeur du sel marin saisit l'échine de Valion dans un frisson. Elle portait la présence de sa pirate chérie près de son corps et dans son esprit. Ezelya lui manquait tant.

Il inspira doucement pour laisser son odorat s'habituer. Ses pas le conduisirent devant le marché, situé sur le port même. Avant de s'engager, il se tourna vers le demi-dieu, sachant son mal à l'aise dans une foule et parmi les installations humaines.

« Tu veux m'attendre à l'écart, le temps que je fasse quelques emplettes ? »

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Dernière édition par Valion Lameblanche le Jeu 03 Juin 2021, 16:10, édité 10 fois

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01/10/2018

Au rythme des flots incertains

O céan. J'étais content de m'approcher d'un village côtier. Chez moi, dans l'ancien monde, il était en majeur partie gelé, immobile, recouvert d'une épaisse couche de glace. Les humains ont longtemps été persuadé que mon océan ne pouvait abriter la vie, quelle surprise ce fut pour eux de la découvrir. Même si ici il était plus chaud, plus riche, sans glace, je l'aimais. Je nous savais en chasse mais il n'était pas temps de nous inquiéter pour notre proie. Valion était-il au courant de ma gourmandise pour les poissons ?

Je m'assis aux côtés de Valion, observant la carte avec une attention paisible. Selmar... Un nom qui me plaisait. La plaine brumeuse beaucoup moins. Je supposais qu'elle portait ce nom à cause d'une brume épaisse handicapant la vue... cela ne me plaisais pas. Le lieu idéal pour tendre une embuscade, nous pouvions facilement devenir proie. J'étais content que mon frère de meute se décide à demander de l'aide : la force du loup c'est sa meute ; la force de la meute c'est le loup.

Je suivis l'humain jusqu'à l'entrée du port. Je saluais les deux miliciens d'un signe de tête lent et respectueux, nonchalant pour celui qui posera un jugement hâtif. Il se dirigea ensuite vers un marché flottant et me proposa de l'attendre à l'entrée. Mon regard quitta celui de Valion et inspecta l'endroit, m'accordant une quinzaine de secondes de réflexion. L'endroit était moins peuplé que la grande ville mais était étroit : j'allais devoir prendre des précautions pour ne rien abîmer. Je ne serais pas à l'aise, c'est une certitude néanmoins une odeur de poisson flottait dans l'air, même une odeur de poisson cuisiné : l'eau me monta à la bouche.

« Et passer à côté de l'occasion de découvrir l'origine de ce délicieux fumet ? Plutôt affronter à nouveau les manavores ! »

Je réalisais soudain que Valion n'avait pas l'habitude d'un tel discours venant de moi aussi j'ajoutais :

« La force de la meute c'est le loup, montrons à nos futurs alliés que tu n'es pas seul. »

Je ne pu m'empêcher de renifler en l'air. Je n'avais senti une odeur de poisson cuisiné comme celle qui flottait dans l'air ici...

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27/01/2018

Au rythme des flots incertains

۞ Slavko & Rymaïn ۞

Mi-saison d'Ignis

Drôle d'exclamation venant de Slavko, qui tira un sourire incertain à son compagnon humain. Sa voix naturellement posée laissait, en de rares occasions, filer des éclats de malice et d'humour. Cette fois en était une, semblait-il. Après avoir vu le Loup bondir gaiement sur le pont d'un bateau pour attraper des poissons, il savait ce dernier capable de s'amuser, probablement plus que lui. Mais ça le surprenait encore.

La seconde réponse du Chanteur du Nord acheva d'étirer ses lèvres joyeusement. Valion acquiesça avec enthousiasme, puis s'engagea sous les halles. Il acheta du poisson séché et laissa l'odorat divin les guider vers l'étal suivant.

« Dis-moi ce qui te fait envie. Fais-toi plaisir et ne t'en fais pas, j'ai de quoi payer. »

Tant pis s'il lui fallait cent kilos de poisson. Ils n'avaient pas beaucoup l'occasion d'en manger frais. Pourvu que les marchands fassent des prix de gros, si jamais l'appétit du demi-dieu dépassait sa conception.

En rechargeant son stock de tissus et de fioles, il repensa aux paroles de Slavko, sur la force de la meute. N'avait-il pas inversé les termes ? Il y réfléchissait, saisissait tout juste l'idée quand une chevelure rousse fusa dans son champ de vision. Le temps de sortir de ses pensées, elle avait disparu. Presque. Le chasseur se dressa sur la pointe des pieds et la retrouva plus loin. Elle leur tournait le dos.

Il fronça les sourcils et s'approcha, invitant son compagnon à le suivre. Sa vue restait bien meilleure que la sienne, sa mémoire aussi. Son murmure glissa jusqu'aux oreilles divines.

« Tu vois la femme aux cheveux roux devant ? Je crois que c'est celle qui était avec nous sur l'île. Elle ferait une excellente partenaire de chasse, qu'en penses-tu ? »

Mais il n'était pas sûr. Sans son équipement, la guerrière paraissait presque banale. Qu'elle déambule sans armes dans le village l'invitait également à penser qu'il se trompait. Dans son imaginaire, la féroce rouquine dormait sur ses deux masses. Avec un brin d'hésitation, peut-être chassé par l'avis de Slavko, il l'interpella sans hausser le ton.

« Rymaïn ? » Il s'agissait bien d'elle. Le plaisir de revoir cette étrange connaissance gagna doucement ses traits. « Je suis content de te voir. Comment vas-tu depuis l'Île ? »

La conversation n'était pas le fort de la femme, mais il n'y songea qu'après coup. Sa demande restait sincère. Malgré une relation aux débuts houleux, il avait appris à l'apprécier.

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Dernière édition par Valion Lameblanche le Jeu 03 Juin 2021, 15:05, édité 3 fois

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06/08/2018

Au rythme des flots incertains

Rymaïn, Valion & Slavko ⟐ Selmar ⟐ Ignis 59

Tandis qu'elle s'apprête à bifurquer, le timbre d'une voix désagréablement familière l'interpelle. L'inconfort généré se délie en soupir, puis, elle inspire profondément avant de faire volte-face. Lentement. D'abord surprise par sa propre réaction, son esprit marque un temps d'arrêt, alors que Valion l'aborde avec des mots qui la bousculent, et allument une flamme de colère au fond de ses iris.

L'éclat se voit aussitôt tempéré par la présence divine qu'elle remarque à ses côtés. Rymaïn s'incline, saluant respectueusement Slavko, l'enfant des eaux dont elle garde un net souvenir. Ses prunelles olives reviennent sur l'homme qui l'accompagne, la question posée précédemment se retrouve chassée d'un revers de sa pensée. De telles considérations lui échappent, la demande ne fait guère sens à son mode de fonctionnement. Par ailleurs, inutile d'engager une conversation, elle n'est pas ici pour cela.

Ses bras se croisent sur sa poitrine, son ton se veut mesuré, mais elle ne peut empêcher une certaine froideur de s'y glisser. La guerrière ne se montre pas inamicale pour autant, juste moins désagréable qu'à l'accoutumée.

"Que veux-tu, chasseur? Je n'ai guère beaucoup de temps à t'accorder."

Un fait qui n'en n'est qu'à moitié un, en réalité. Son but, en se rendant ici, est ailleurs. Complexe... Compliqué... Elle hésite intérieurement, ignorant ce qu'elle préfère éviter. Valion, ou elle-même? C'est probablement à cause d'une telle hésitation, qu'un petit mot de trop s'est faufilé dans sa phrase. Plutôt que de l'envoyer balader prestement, déclarer ne pas avoir une once de temps, et s'en retourner aussitôt.

• Ω •

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Dernière édition par Rymaïn Cuchulayne le Ven 04 Juin 2021, 22:57, édité 1 fois

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01/10/2018

Au rythme des flots incertains

J e n'ai jamais été très à l'aise au sein d'un marché. L'endroit est souvent étroit, de mon point de vu, surchargé et les mouvements entravé par une foule humaine. Le marché de ce village ne faisait pas exception : je devais faire attention à chaque de mes pas et plusieurs fois je failli sauter à l'eau pour retrouver un confort de mouvement. Je laissais ma truffe me guider jusqu'à l'étal d'un pêcheur. À gauche du poisson frais, à droite une grille installé sur deux pierres situées de chaque côté d'un feu, au centre du poisson grillé avec des épices. Le pêcheur me salua respectueusement, salut que je lui rendis. Avec ma légendaire politesse, je lui demandais comment obtenir un de ses poissons grillés. Le visage de l'homme s'illumina, il mit une main sur son cœur et s'inclina :

« Avoir un client divin est beaucoup trop d'honneur, je ne pourrais plus jamais me regarder dans un miroir si je vous déçois en vous demandant un prix trop élevé, permettez moi de vous en offrir un.

-Oh c'est très généreux mais je ne peu accepter, tout travail mérite salaire.

-... Alors accepteriez vous de prendre ma petite fille sur votre dos quelques instants en échange de ce poisson ? »

Cachée sous l'étal, une timide petite fille d'environ 7 ans se tenait là et me regardait. Son visage s'illumina de joie quand j'acceptais. Son père fit le tour pour me rejoindre et la hissa entre mes épaules, plusieurs personnes s'étaient arrêtés pour observer la scène. Je fis quelques pas pour faire plaisir à l'enfant dont le visage était illuminé d'un immense sourire, j'échangeai même quelques mots avec elle puis je revins jusqu'à son père qui la récupéra :

« Papa c'était trop bien ! Son pelage est doux et il super gentil ! Il faut que je le raconte à maman ! »

Et la petite s'en alla en sautant de joie et le pêcheur m'offrit un poisson grillé que je dévorais en une seule bouchée. Ce fut un pure et véritable délice... Je le félicitais chaleureusement pour sa cuisine. L'homme s'inclina, fier de son travail. Aussitôt après que je me sois éloigné avec Valion, une dizaine de personnes s'agglutinaient déjà à son étal pour passer commande.

Je reconnu bien sur Rymain qui nous avait accompagné sur l'île. Je lui rendis son salut avec autant de respect qu'elle m'en apporta. Cependant je n’appréciais pas la manière dont elle répondit à mon Valion. Il s'agissait de problème d'humains, je n'avais pas à m'en mêler. Aussi je m'assis aux côtés de Valion, patientant paisiblement...

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27/01/2018

Au rythme des flots incertains

۞ Slavko & Rymaïn ۞

Mi-saison d'Ignis

Le tranchant acéré des mots de la rousse coupa court à toute possibilité de discussion. À force d'expériences, Valion accusa le choc plus rapidement. Il se râcla la gorge pour prendre contenance et remettre de l'ordre dans ses pensées. Cette femme avait le don de les éparpiller avec le fracas du tonnerre et de le laisser ramasser péniblement les morceaux.

« Et bien… »

Son regard bleu acier partit à la dérive, cherchant désespérément un point d'ancrage. Il trouva la figure lupine. Son calme immuable lui inspira courage. Après quelques secondes d'hésitation, le jeune homme reprit :

« Nous cherchons des partenaires de chasse. En te voyant, j'ai pensé que ça pourrait t'intéresser. » Face aux traits particulièrement fermés de la rousse, il ajouta une répétition certainement inutile. « Peut-être. »

La modération ne donnait généralement aucun résultat avec Rymaïn. Devant son silence, il se passa nerveusement une main dans les cheveux. Maintenant qu'il avait exposé la raison de sa présence, autant détailler le motif. Valion se râcla de nouveau la gorge et croisa les bras sur sa poitrine. Ses doigts s'accrochèrent fermement, et nettement plus haut que sur ses coudes.

« Il y a un contrat récompensant l'élimination d'un couple de Vermines, dans la Plaine Brumeuse. Deux mille tsuris par tête. On pourrait partager ? »

Inconsciemment, le chasseur retint sa respiration. Puis il se fustigea intérieurement en forçant son souffle à s'extirper de ses poumons. Certes, la sauvage pouvait encore le pousser à l'eau pour avoir osé s'adresser à elle. Mais elle ne le ferait pas, ils avaient dépassé ce stade. Non ? Au moins, l'eau de la Mer intérieure s'avérait moins froide que celle de la Téthys nord.

Valion se renfrogna discrètement. Il devait arrêter de craindre la moindre de ses réactions. Tout comme il devait arrêter de craindre les siennes, au moment de leur rencontre. Si la guerrière aux masses n'était pas intéressée, elle lui mettrait un vent digne d'Aer. Il n'y avait pas de quoi être traumatisé, ni se noyer.

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06/08/2018

Au rythme des flots incertains

Rymaïn, Valion & Slavko ⟐ Selmar ⟐ Ignis 59

Comme éparpillées par le souffle d'Aer, les prunelles d'acier s'égarent momentanément. Est-il donc toujours aussi mou? Reprenant contenance, le visage du chasseur s'arrime plus fermement au sien. Rymaïn prête une oreille à demi attentive aux dires de l'homme. Partenaire de chasse, avec elle? Par les Quatre, comment cette idée a pu lui traverser l'esprit? Ne garde-t-il jamais rancune? Son obstination, similaire à celle de la duchesse, vient la troubler de façon imperceptible.

Cependant, telle perspective éveille une autre réalité dans son coeur. Pendant quelques secondes, l'olive se perd distraitement sur le pelage bleuté, puis le profil lupin, de la divinité assise auprès d'eux. Elle l'a côtoyé si peu jusqu'alors. Chasser aux côtés d'un enfant d'Aqua représente une opportunité et honneur particulier à ses yeux. Susceptible de la faire fléchir? Les mots de Valion sont réduit à un simple bourdonnement bordant l'arrière de ses pensées. Seuls certains d'entres eux se détachent nettement du lot 'Plaine Brumeuse' et 'deux mille tsuris'. Elle l'interrompt, alors qu'il n'a pas vraiment terminé sa phrase.

"Soit!" La nordienne décroise les bras. Son attention se détache aussitôt de l'acier vif, pris au dépourvu. Afin de se porter sur la déité. Le timbre, plus respectueux, plus doux, s'adresse davantage à Slavko qu'au duo qu'il forme avec le chasseur. "Je serais honorée de chasser en vôtre compagnie."

Lorsqu'elle se détourne, l'acidité revient dans sa voix. Plus légère, un rien ironique peut-être? Mais pas foncièrement mauvaise. "Suffisamment pour supporter la tienne." Un sourire extrêmement discret ourle un coin de ses lèvres. Bien qu'elle ne donnera pas davantage au grand brun. C'est déjà là presque trop. D'un geste de la main, elle vient glisser ses doigts dans sa longue chevelure, pensive.

"Allons ailleurs. Il ne faut pas se préparer à la légère pour affronter ces créatures. Ou se rendre simplement dans cette plaine..." Ce n'est guère de la prudence qui teinte son timbre de voix, mais une forme d'amertume finement palpable. Depuis quand n'y a-t-elle guère remis les pieds? Sans parler des souvenirs liés à ces monstres que sont les vermines... Remuant brièvement la tête, elle chasse ces pensées parasites. Dans l'immédiat, quitter ces quais bruyants et peuplés devient une réelle urgence.

Ses pas amorcent une retraite bienvenue à l'ombre et au calme de la ruelle qu'elle souhaitait emprunter plus tôt. Il peuvent se rendre dans une auberge, ou sur une place peu peuplée du village pour discuter plus en détails de cette future chasse. Projet qui l'éloigne de son but initial, avec, un soulagement étrange...

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27/01/2018

Au rythme des flots incertains

۞ Slavko & Rymaïn ۞

Mi-saison d'Ignis

Foudroyé sur place, Valion marqua un temps d'arrêt. Rymaïn venait d'accepter sa proposition. Il n'hallucinait pas. Sans surprise, elle adressa une grande déférence à Slavko. Sans surprise, le jeune homme n'obtint rien de la sorte. Une nuance indicible laissait pourtant espérer que leur bonne entente durant l'expédition n'était pas qu'un vague souvenir. Bien qu'incertain, le chasseur émit un petit soupir satisfait. Aucun bain forcé ne l'attendait.

L'initiative de la rousse se teinta d'un éclat pénible. Valion le nota en silence. La connaissant, mieux valait ne pas s'y attarder. Il lui emboîta le pas en mûrissant sa propre réflexion. Avoir la guerrière aux masses comme partenaire offrait un réel avantage. Malgré son air grognon, elle assurerait ses arrières. En plus de représenter l'élite guerrière à ses yeux, Rymaïn s'avérait digne de confiance. À cette pensée, un sourire amusé étira ses lèvres. Qui eût cru qu'ils en arriveraient là après leur première rencontre ?

Une fois dans la ruelle peu fréquentée, le chasseur glissa une main dans le pelage du demi-dieu. Son état s'était amélioré depuis leur dernière aventure, mais il ignorait à quel point précisément. Quoiqu'il en soit, le jeune homme veillait toujours à lui épargner un maximum le chaos des villes. Déterminé, il prit les devants de leur petit trio. En continuant à s'éloigner des quais, ils resteraient certainement au calme. Aucune indication contraire ne l'arrêta.

Une petite place verdoyante finit par s'offrir à eux. En face se trouvait une auberge. Étant donné la taille de la porte, ils se contenteraient de l'extérieur avec Slavko. « Parfait. » Valion ne lui laissa guère l'opportunité de se défaire leur compagnie. Certes, Rymaïn supportait sa présence, mais un tête-à-tête restait trop risqué. Il défit son plastron de cuir dans un grognement satisfait, et le fourra dans son sac sans fond. Il déposa le contenant magique contre un muret, où il comptait bien poser ses fesses.

Avant d'amorcer pleinement la relaxation, il se tourna vers son frère de meute. « Tu as besoin de quelque chose ? » Son éventuelle requête satisfaite, ce fut au tour de la guerrière aux masses. « Qu'est-ce que tu bois ? »

Réponse notée, Lameblanche se dirigea vers la taverne avec légèreté. L'expérience solidifiait son armure contre le manque de conciliation de sa partenaire. En pleine matinée, l'intérieur de la bâtisse restait peu animé. Sa commande servie, il retrouva ses compagnons, délesté de quelques tsuris. Enfin assis, il put déguster une première lampée sans retenir un soupir plaisant. Sa main libre tira une poignée de petits fruits de ses affaires. Chacun était libre de saisir cette collation. La pulpe craquant sous ses molaires, il demanda avec sérieux et curiosité :

« Tu as déjà affronté des Vermines ? »

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06/08/2018

Au rythme des flots incertains

Rymaïn, Valion & Slavko ⟐ Selmar ⟐ Ignis 59

La petite place aux coloris naturels apporte une bouffée d'air frais aux sens de la nordienne. Tandis que le chasseur se départi des son armure, elle observe distraitement les alentours. Leurs pas les mènent auprès d'une simple auberge. La présence divine impose une installation en extérieur. Quoi de plus arrangeant pour la guerrière, malaisée en société, qui s'adosse à un mur les bras de nouveau croisés.

Valion s'enquiert de leurs souhaits, un grognement vague lui fait écho. Demandant une boisson fraîche et non alcoolisée, peu importe la sorte. Les iris olives parcourent le pelage bleuté non loin d'elle, croisent furtivement les pierres miroitantes. Réfrénant une certaine curiosité, elle relâche un souffle calme et paisible. Au fond, cette perspective de chasse tombe bien mieux qu'elle ne l'aurait pensé. Une traque, mobilisant son attention et ses réflexes. Un défouloir, probablement plus sain que d'autres.

Elle hoche du fief en remerciement, le verre tendu saisit par sa main gauche. D'un mouvement, Rymaïn porte le godet à ses lèvres, absorbe quelques gorgées du liquide qui s'avère agréable au palais. Dédaignant les fruits offerts, son esprit s'engage dans des méandres mnésiques. La question fait résonnance à une part lointaine de sa vie. Un soupir bref s'échappe bien malgré elle. Puis, sa voix se pose avec une étrange mélancolie. Demeurant sérieuse dans les courbes de son timbre mesuré.

"Une fois, oui. Il y a de nombreuses années." Des bribes d'une chasse chaotique lui reviennent en mémoire. Une réminiscence floue de sa colère, comme de sa rage, tend un rien ses muscles. Mais cela est dérisoire, face à la vague qui la submerge l'instant d'après. Son faciès fait de marbre ne laisse suinter aucune trace de la marée qui vient de l'engloutir. Deux diamants noirs brillent dans l'obscurité d'une nuit glacée... Non.

Elle ferme les yeux et hoche le fief de gauche à droite afin d'extirper ces pensées parasites. Puis s'en retourne à Valion. Sans s'attarder sur son visage. Le vert indécis se pose sur la place faiblement animée.

"En plus de manier la magie du vent, ils possèdent une carapace particulièrement difficile à percer." Elle porte son verre à sa bouche une nouvelle fois, avant d'ajouter. "Idéalement, réussir à abîmer leurs ailes permet de les handicaper. Les maintenir au sol rend le combat plus aisé..." Mais l'idéal rencontre peu souvent le réel, surtout dans ces conditions.

"Si l'on trouve de quoi les appâter efficacement, on pourrait envisager de les affaiblir. Même brièvement... Malheureusement, je n'ai pas toutes les ressources nécessaires à ce type de chasse en ma possession... Hormis une fiole de Lueur Nocturne, et de l'onguent du sans odeur, possiblement utile. Qu'as tu emmené avec toi?"

Inutile d'aller plus en avant sans savoir le contenu de leur attirail respectif. Certes, Slavko constituait un atout inestimable, mais ils leur fallait des connaissances préalables afin d'harmoniser aux mieux leurs actions futures. D'autant que le lupin avait, à sa souvenance, souffert des affres de l'Île Inconnue... A-t-il seulement recouvré toute sa puissance depuis lors?

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27/01/2018

Au rythme des flots incertains

۞ Slavko & Rymaïn ۞

Mi-saison d'Ignis

Valion se forçait à ne pas prêter attention à la rousse. Il craignait de remarquer un semblant de vulnérabilité. Aussi, il évita de regarder la jeune femme plongée dans son épaisse réminiscence. Son timbre ne l'avait pas alerté, mais le faible silence suivant ses propos, oui. Une seconde perle fruitée demeurait entre ses dents, suspendue entre la vie et la mort. Il n'osa croquer qu'à la rupture de cet instant.

Rymaïn se révélait à peine, toujours malgré elle semblait-il, et sous un spectre si complexe qu'il ne savait jamais quoi en penser. À chaque rencontre, cela l'effrayait de moins en moins, peut-être parce qu'il apprenait à connaître et gérer ses propres émotions. Un autre sentiment remplaçait la peur. Il lui était impossible de le partager avec la jeune femme. En le sachant inquiet, elle l'étriperait.

Pourquoi un tel égard à son sujet ? Lameblanche se secoua mentalement. S'attarder sur la question l'amènerait inévitablement à s'exprimer. Qu'il s'agisse d'un pressentiment ou d'un instinct de survie, tout son être considérait la chose comme une mauvaise idée pour l'instant.

Les informations filèrent plus vite que son esprit. Le chasseur tira précipitamment carnet et crayon de son sac sans fond pour y transcrire les précieuses données. Magie du vent déjà notée, mais la carapace gagnait sa place. Un vif acquiescement ponctua sa prise de notes.

La guerrière enchaîna sur les objets à sa disposition. Le jeune homme releva enfin le nez de son carnet. Parfait, il comptait y venir. La liste mémorisée, il passa mentalement en revue ses propres possessions, du moins ce qui pourrait les aider, avant d'organiser sa pensée. Afin de l'exposer au mieux, il prit le chasse-monstre et défit le linge épais l'entourant. Une faible odeur nauséabonde s'en dégageait.

« J'ai acheté ces algues. Je n'ai pas encore testé, mais en brûlant, elles sont sensées éloigner les monstres de catégorie intermédiaire. Ça pourrait déjà nous éviter de tomber sur ce qu'on ne cherche pas. »

Échangeant un regard avec chacun de ses compagnons, il remballa l'étrange végétal violacé. « Et en achetant des appâts frais, on pourrait essayer de les attirer. »

L'opération s'avérait assez hasardeuse, mais traquer sur la plaine brumeuse ne serait de toute évidence pas une mince affaire. Valion croisa les bras. « J'ai demandé à la Garde l'itinéraire de leur patrouille afin de se faire une idée de l'endroit où les trouver. Mais… ils n'ont pas voulu me le communiquer. »

En tant que chasseur affilié à Lüh et ex-milicien, il s'attendait à plus de souplesse. Enfin, cette dernière occupation lui avait peut-être causé du tort. Cette rivalité lui avait toujours semblé ridicule et contre-productive. Il rebondit sur un faible soupir. « Sinon j'ai une graine maléfique et trois petits bombos. Ça devrait leur causer quelques problèmes. J'ai aussi un pendentif de célérité. »

La stratégie proposée lui revint en tête. Ça lui plaisait. Il se tourna brièvement vers Slavko : « Peut-être que tu pourrais concentrer ta magie pour les mettre au sol ? Et nous pourrions finir le travail sans utiliser plus de ton énergie. Si tu le sens, bien sûr. »

Il attendit une forme d'assentiment ou de contraction avant de poursuivre la réflexion. Diviser l'affrontement pourrait fonctionner, mais restait très dangereux. Les autres options nécessitaient de la précision, voire un peu de chance. « Une fois cloués au sol, on pourrait essayer d'en immobiliser un complètement avec la graine, et ainsi se concentrer tous les trois sur l'autre. Il faudra veiller à sa magie, à moins qu'on ne parvienne à s'éloigner pour affronter le second… »

Malgré l'objectif létal de cette réflexion, Lameblanche ne pouvait empêcher l'excitation de gagner son être. Ses gestes se joignaient davantage à la parole, et l'acier de ses iris pétillait vivement. Le réalisant, il força son calme. Tuer ne l'enchantait aucunement. Subir l'adrénaline du combat lui paraissait normal, mais planifier une traque et y éprouver du plaisir le dérangeait. Son frère de meute lui rétorquerait qu'il s'agissait d'un fonctionnement naturel pour un prédateur.

Le grand dragon blanc avait raison, tuer pulsait dans leur nature humaine. Une moue crispa ses traits durs et son regard tomba sur les dalles claires.

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06/08/2018

Au rythme des flots incertains

Rymaïn, Valion & Slavko ⟐ Selmar ⟐ Ignis 59

Sans prêter une réelle attention visuelle au chasseur, ses iris fixent la place peu animée, tandis qu'elle écoute patiemment son déversement d'informations et d'idées. Ses prunelles passent brièvement sur les algues violacées, elle accorde que c'est là une idée judicieuse d'un hochement de tête appréciateur. Les appâts, quant à eux, lui semblaient évidents, si pas cruciaux. A moins de vouloir déambuler dans la dangereuse plaine pour une durée plus étendue que nécessaire. Si bien qu'elle ne relève pas la chose, retenant à peine un souffle dépité.

L'allusion à la Garde Dorée la tire soudain de ses réflexions stratégiques, détournant sa concentration. L'olive devient vague, les mots percent faiblement la barrière de sa conscience. Puis, le commentaire abrupte et acerbe fuse dans une direction qu'il ne lui est guère destiné. "Ces crétins de la Garde Dorée. Ils ne laisseraient une miette de leur superbe tomber par terre pour rendre service à autrui."

Sans plus se soucier d'une réaction quelconque, elle tâche de reléguer cette pensée à l'arrière de son esprit. Ou, plus précisément, le désagrément qui y est associé. Sa mémoire reprend le fil d'un plan enfin dessiné. L'idée des bombos lui plaît modérément. Efficace, certes, mais bruyant. Quant à la graine... Elle s'était imaginé une autre alternative, mais leurs ressources ne le permettent guère, à l'évidence.

Songeuse, ses prunelles se tournent vers la divinité, qui souligne n'avoir pas recouvert une partie de ses forces. Cette idée crispe brièvement les traits de la nordienne, peu encline à mettre l'être de l'eau en danger dans une chasse de telle ampleur. Pourtant, son lié ne semble pas trop s'inquiéter de ce point qui lui paraît, à elle, crucial.

Elle remarque à peine le changement de conduite de Valion. Son timbre, empreint d'une excitation particulière quelques secondes plus tôt, à l'évocation d'une finalité relativement efficiente, retombe platement, au même titre que son regard. Rymaïn grimace intérieurement. Sa difficulté à décoder les comportements humains vient ici poser problème. Cette attitude ne paraît guère résulter de l'état du loup bleu. Quoi, alors? Est-ce important? Chassant ses interrogations futiles d'un bref mouvement de la tête, elle fini de boire son verre, se redresse et vient poser le contenant sur le petit muret. Juste à côté de l'homme qui s'y trouve appuyé. Son visage se penche un rien, le souffle de sa voix frôle à peine l'oreille du grand brun. Impérieuse, voire menaçante, malgré la bassesse du murmure.

"J'espère que tu ne perdras pas ta concentration de la sorte une fois là bas."

Reprenant une posture droite, elle s'éloigne de deux pas et croise les bras sur sa poitrine. Observant sans les voir les divers va-et-vient d'individus lambda. "Il faut nous assurer davantage de contrôle sur ces créatures. Les affaiblir plus efficacement dès le départ... Empoisonner les appâts au préalable offrirait une garantie supplémentaire." Elle réfléchit quelques secondes à peine, avant d'ajouter.

"Il doit bien y avoir un herboriste, ou quelque chose de ce genre dans ce village. Je vais essayer de dénicher de la toxine d'esprit brumeux avant que nous n'y allions." La rouquine possède également une graine maléfique, qui pourrait servir si il faut immobiliser à nouveau la première créature. Ce dont elle leur fait part brièvement.

Le réel problème se situe dans les brumes nébuleuses de l'imprévu. Tout peut arriver, quel que soit leur plan et leur stratégie. Alors autant mettre toutes les chances possibles de leur côté. Evidemment, en cas d'extrême nécessité, Rymaïn dispose... 'd'alliés' divins. Mais cette solution ne lui plaît en aucune manière. Un fin soupir relâche la brève tension qui s'est emparé de ses muscles pendant une seconde. Et maintenant?

"Quand voulez-vous partir?" Il est encore très tôt, si elle peut éviter de passer la nuit ici...

• Ω •

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01/10/2018

Au rythme des flots incertains

Ce sont toujours les femelles qui mènent la danse. Même si je n’appréciais pas la manière dont Rymain traitait Valion, je dois avouer que j'en retirais un certains amusement. Les mâles sont tous les mêmes finalement : devant une femelle, ils perdent la face (ou font semblant de ne pas la perdre). Que ce soit par l'attrait sexuel ou la politesse. Je n'étais pas épargné par ce phénomène : après tout, n'avais-je pas tout abandonné pour les beaux yeux d'une femelle ?...

Rymain me traitait avec beaucoup de respect. Quand elle s'annonça honorée de chasser en ma compagnie, je baissais respectueusement la tête en fermant les yeux de manière brève. Dans le même temps, elle manquait clairement de respect à Valion marquant ainsi sa claire et net domination. Néanmoins elle ne dépassait pas les bornes, ne s'en approchait pas. Je n'avais aucune raison de lui envoyer un avertissement pour protéger mon Valion, je le laissais donc se débrouiller.

Je fus heureux de m'engager avec eux dans cette ruelle, quittant ainsi le marché désagréable à mes yeux. Elle était un peu étroite à mon goût mais je savourais son calme. C'est en dernière position que je fis mon entrée sur cette place, d'un pas aussi calme que la danse des icebergs. C'est sans discuter que je suivis jusqu'à la terrasse de cette auberge. Je remerciais Valion, je n'avais besoin de rien. Je me retrouvais, assis à côté d'une table, seul avec Rymain. Je la regardais, paisiblement. Sans autorité, sans négativité ni positivité. Je la regardais, simplement. Un chien fit alors son apparition, il s'approcha de moi, me renifla longuement la queue haute, le poil hérissé. Je pris une inspiration pour dire quelque chose à Rymain mais soudain le chien me cloua le bec. L'individu canin se mit à aboyer bruyamment. Je le regardais, en silence. Ses aboiements finirent par se tarirent et il s'éloigna. C'est à ce moment que Valion revint.

Est-ce de la lenteur que de prendre le temps ? Quand mon regard se posa de nouveau sur Rymain, mon frère de meute posa sa question, m'empêchant involontairement de dire ce que je souhaitais exprimer. Je me couchais et laissais les deux humains discuter. Quand Valion déballa les algues nauséabondes, j'éternuais et me relevais en position assise, déclenchant les aboiements du chien. Je le regardais de nouveau, visiblement irrité, jusqu'à ce qu'il fasse silence. Je me recouchais, écoutant les humains réfléchir à la meilleure stratégie. Le piochais quelques fruits que je posais entre mes pattes pour les grignoter sans me presser. Après quelques minutes, le chien s'approcha. Il n'était pas agressif et en dehors de son poil hérissé, il se comportait bien. Il me renifla brièvement puis soudain, d'un geste rapide, il prit le dernier fruit entre mes pattes et s'en alla précipitamment. Un véritable vol. Je fronçais les sourcils. Mais ma patience, bien que grandement mise à l'épreuve, tenait toujours.

Quelques instants plus tard, à la question de Valion, je répondis :

« Ma magie ne... »

Dès mon premier mot, le chien aboya de nouveau. Le voleur de fruit me chargea, s'arrêtant à une poignée de mètres. Je lui lançais un regard et j'émis un grondement sourd. Cela suffit à stopper les énervantes vocalises. Grognant, le poil hérissé, il s'éloigna. Je repris la parole mais mon ton apaisant n'était plus là, remplacé par une profonde irritation.

« Ma magie ne s'est pas encore complètement régénérée. Je sens que je manque de puissance et chaque goutte dépensée est difficilement récupérée. Je pourrais l'utiliser mais je suis limité. »

Quelques instants plus tard, deux battements de queue trahirent mon amusement quand Rymain déposa quelques mots à l'oreille de Valion. Je notais de m'éloigner un peu lors des bivouacs. Ils discutèrent encore quelques minutes puis elle demanda quand nous voulions partir. Content de quitter cet endroit, je répondis, du moins commençais-je à répondre :

« J'aimerais m'éloi... »

Aussitôt, la tempête canine se déchaîna, très agressif et crocs découverts. Il chargea de nouveau, s'aventurant plus près encore. Un grondement prit naissance dans les profondeurs de mon corps et...

« ASSEZ ! » Aboyais-je brusquement de toute la puissance de ma voix et claquant des mâchoires.

Je réduisis au silence toute la place. J'avais fais un pas en avant. Mes crocs étaient découverts, menaçants sous mes babines froissées. Mon regard était fixe et ma queue relevée. Celle du chien s'écroula entre ses pattes, il écarquilla les yeux, baissa la tête et recula sans ranger ses crocs. Il n'était pas besoin d'être un expert des animaux pour comprendre qu'il avait peur désormais. Il ne quitta pas la place mais lorsqu'il fut assez loin, je baissais la queue, rompit le contact visuel et rangeais mes crocs mais mes babines restaient froissées d'irritation, mon regard était glacial, arctique.

« Je vous demande pardon pour cet incident. Je pense qu'il est préférable de m'éloigner de ce malotru. »

Le chien avait battu en retraite à l'autre bout de la place qui retrouvait son animation. Je pris une grande inspiration, fermais les yeux et lentement j'expirais une quantité d'air de très loin supérieure aux capacités des poumons humains. Lorsque j'ouvris les paupières, une dizaine de secondes plus tard, j'avais retrouvé mon calme. Un calme fragile, comme la surface de l'océan.

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06/08/2018

Au rythme des flots incertains

Rymaïn, Valion & Slavko ⟐ Selmar ⟐ Ignis 59

Alors qu'elle attend une réponse, Slavko semble émettre un souhait. Littéralement interrompu par une tempête d’aboiements vindicatifs et irritants. Le cabot qui tournait autour de la déité depuis un petit moment, peut-être.... dérangé? perturbé? ... Par la nature de cette dernière, peu importe au final, a opté pour une réelle agression au lieu de s'éloigner concrètement.

Le loup divin a tôt fait de réduire l'insignifiant animal au silence. Ainsi que toute la petite place, par la même occasion. D'un éclat de voix tonnant et impérieux. Les muscles de la nordienne se crispent légèrement. Guère à cause du semi-divin, davantage des risques que ce son attire la milice. Tandis qu'il formule des excuses, qu'elle ne juge en aucun cas nécessaires, elle répond rapidement, bien que d'une voix posée.

"Je pense qu'il serait préférable de s'éloigner tout cou..." Un éclat de voix tonitruant la coupe dans son élan. Il résonne sur la place, comme celui de Slavko précédemment, mais l'écho est guilleret, emporté, désinvolte.

« Ouiiiiiah! Des z'oiseaux, des z'oiseaux!! »

L'être céleste, à l'allure féline, bondit au milieu d'un cercle de volatiles qui s'est ré-aventuré sur le pavé une fois le calme revenu. L'envol, semblable à une bourrasque, a lieu sous le nez de deux miliciens qui viennent de faire irruption sur les lieux. La créature saute dans tous les sens de contentement, puis commence à leur tourner autour.

Solensil ~ Visuel :

Rymaïn porte une main à son front en détournant les yeux sur le côté, une gêne presque perceptible colore ses traits rarement affublés de la sorte. Elle incite les deux autres à bouger, pour emprunter une large allée attenante. "Eloignons-nous avant que la milice ne tourne son attention vers notre groupe."

Fort heureusement, ses deux futurs acolytes semblent comprendre l'inutilité de s'attirer des bricoles avec la milice et la précèdent volontiers. Alors qu'ils débouchent sur une rue principale, peu animée, par chance, la rouquine stoppe son pas. Il est temps de se séparer avant de partir en cha...

« Mrraaaw, voilà un loup bien élégant. »

Le timbre suave, la créature frôle innocemment Slavko, sans l'envahir davantage pour la cause. Lui tourne autour, le regard pétillant, un léger sourire au coin des babines. Avant de porter son attention vers la chasseuse.

Rymaïn se tend quelque peu, sans réelle discrétion, pour une fois. Les questionnements affluent, chacun à leur tour, sans début de réponse. La nordienne amorce une phrase, à l'adresse de la fille d'Aer. La voix teintée d'un respect étrange et incertain. "Solensil..."

« Chut. Pas de courbettes, Rymaïn, nous en avons déjà parlé! Présente-moi plutôt à ce divin mâle. » Mais Sol lui tourne le dos, ayant déjà changé d'avis. « En fait. Non. Si vous nous laissiez seuls un instant, mmh? Nous ferons connaissance à nôtre aise. »

Le regard olive monte légèrement au ciel, dépité, avant de retrouver les prunelles de Valion. Sans oser regarder Slavko ou Solensil. Préférant attendre que l'un des deux réagisse. Ou juge bon de ne pas perdre de temps en bavardage de la sorte. Seule, elle va les laisser, incapable d'interférer entre deux divinités. Mais peut-être le loup bleu ne manifestera pas d'intérêt à cette rencontre inopinée.

Elle croise les bras avec un malaise moyennement dissimulé. En restant bêtement plantée là. Observant désormais un point indistinct situé un mètre à côté du chasseur.

• Ω •

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27/01/2018

Au rythme des flots incertains

۞ Slavko & Rymaïn ۞

Mi-saison d'Ignis

S'il avait su que mentionner la Garde Dorée agacerait la guerrière, le chasseur se serait abstenu. Il semblait tout aussi probable qu'ils aient refusé par mesure de sécurité, ce qui n'empêchait pas sa déception. Une menace gronda près de son oreille. Cette soudaine proximité le mit mal à l'aise. Il se recula sensiblement. Les mots durs résonnaient sagement, mais aussi injustement. Elle l'avait déjà vu se battre, il était bien conscient qu'une seconde d'inattention pouvait signer sa perte.

Mieux valait laisser glisser que défendre son ego. Avec Rymaïn, c'était aussi inutile que perdu d'avance. Il acquiesça à ses propositions, très intelligentes, entre deux coups d'œil à Slavko. Un calis mal léché avait décidé de l'embêter. Ailes et oreilles s'accordaient pour transmettre ses émotions. Valion ne s'y connaissait guère en psychologie canine. Seule la fréquentation du Mange-lune depuis une saison lui avait apporté quelques connaissances, à force de l'observer.

Sourcils froncés face au flot d'aboiements, le jeune homme décolla son postérieur du muret de pierres. Le claquement de mâchoires du demi-dieu figea toute activité sur la place. Des excuses suivirent le dérangement. Calmement, sa main caleuse glissa dans la fourrure du fils d'Aqua. « Ce n'est rien, ne t'en fais pas. » Le départ initié fut interrompu par l'apparition d'une enfant d'Aer, répondant à l'appel irrésistible de faire fuir des volatiles.

Elle reporta bien vite son attention sur leur petit groupe. Valion chercha une explication sur ses traits malicieux, puis sur ceux de Rymaïn. « Je... Est-ce que... » Son cerveau marqua un brusque arrêt devant la gêne de la rousse. La surprise agrandit ses yeux bleus. La pression dans ces gestes et propos contamina le chasseur, qui s'exécuta sans protester, poussant même légèrement son compagnon à faire de même.

La créature ailée leur emboîta le pas, jusqu'à un passage moins fréquenté. Tandis que Valion s'apprêtait à la saluer, elle fit part de son intérêt unique pour Slavko. Bouche bée, il demeura ainsi en entendant Rymaïn appeler vraisemblablement la divinité par son nom. La situation lui échappait totalement. Sa bouche se ferma et son regard valsa d'un protagoniste à l'autre, incertain.

L'invitation roucoulante le mit étrangement mal à l'aise. L'existence d'Hélène et de l'amour que lui portait le lupus d'Aqua le laissait deviner un refus. Mais peut-être pas, qui était-il pour juger et penser à sa place ? Il ignorait comment cela se passait entre demi-dieux. Et il ne voulait pas le savoir. Sentant le rouge piquer ses propres pommettes, il intervint maladroitement, et très inutilement. « Et bien nous avons... Bonjour... Je... Mon... » Puis tomba dans le plus profond et incommodant des silences en posant son regard fuyant sur Slavko. Il serait le plus à même d'exprimer son opinion. Quel qu'il soit, Valion mourrait d'envie de s'éloigner de cette drôle de situation.

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Dernière édition par Valion Lameblanche le Mer 05 Oct 2022, 21:51, édité 1 fois

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01/10/2018

Au rythme des flots incertains

Un calme fragile comme la surface de l'océan.

J'étais partagé. Ce maudit chien avait agité mes eaux qui, malgré des millions d'années de méditations, avaient du mal à retrouver la paix du lac de montagne, le calme d'une aube sans vent. Une part de moi désirait regagner un lieu tranquille, loin de toute agitation. Un lieu paisible pour retrouver la paix. Mais une autre part souhaitait m'élancer dans une prairie au grand galop comme un louveteau, prendre un bâton, le lancer, l'attraper, le briser. En prendre un autre pour recommencer. Frapper énergiquement la surface d'une rivière au passage d'un poisson en ayant parfaitement conscience que cette technique était sans espoir pour l'attraper... Ou courir au milieu de ses oiseaux comme le fit cette fille d'Aer.

Mais je restais parfaitement calme, maître de moi même en apparence bien que mes eaux étaient agitées. Elle jouait sans se soucier des autres autours d'elle, ne faisait pas attention à la milice. Mieux, son geste détourna l'attention, chassa définitivement le chien et nous permit de nous en aller en toute discrétion. Nous nous aventurions dans une rue peu animée quand Rymain s'arrêta et qu'une sorte de miaulement féminin me qualifia de loup bien élégant. La fille d'Aer me frôla puis me tourna autours avec un sourire que je ne connaissais que trop bien. Immobile, debout, je l'observais avec une tranquille curiosité.

Nos regards se croisèrent quand elle se retourna de nouveau face à moi. Ma tête était légèrement penchée sur le côté dans cette position typique du canidé qui est intéressé, curieux, qui se pose des questions sur ce qu'il se passe. Un petit sourire naquit également au coin de mes babines. Un rire passa dans mes yeux en voyant la gêne de mon Valion : nous avions encore tant à découvrir l'un de l'autre.

« Que le vent vous soit favorable Solensil, je suis Slavko. »

Redressant la tête, queue légèrement relevée qui trahissait mon amusement. Mon sourire s'élargit. C'était celui d'un mâle, un mâle malicieux qui savait jouer :

« Je crains que vous me deviez une faveur chère amie : je mourrais d'envie de m'élancer pour croquer l'un de ces oiseaux, j'avais besoin de me détendre après une petite altercation canine. Vous m'avez prit de vitesse, privé d'un joyeux plaisir et d'une délicieuse gourmandise. »

Oui je l'accusais d'un crime enfantin. Je venais de répondre à sa taquinerie physique à ma manière. J'avais complètement oublié les humains, Valion saurait attirer mon attention s'il avait besoin de moi. J'étais curieux : que me voulait cette divine femelle ?

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06/08/2018

Au rythme des flots incertains

Rymaïn, Valion & Slavko ⟐ Selmar ⟐ Ignis 59

La nordienne tâche tant bien que mal de ne guère prêter attention au batifolage étrange qui se dessine à ses côtés. Elle n'est pas complètement stupide, et perçoit quel autre jeu se forme derrière la pensée divine de l'enfant d'Aer. Soit, elle n'y coupera pas, la déité prendra grand soin d'accaparer suffisamment le loup bleu pour qu'ils ne puissent envisager un départ dans la journée. Inspirant profondément avant de relâcher un soupir, elle se tourne vers le chasseur. Qui tire une bête tête... Un sourcil enflammé s'arque, avant qu'elle ne réfléchisse plus loin. Il n'a pas l'air plus bête qu'à l'accoutumé au fond.

• Ω •

Derrière eux, le dialogue se poursuit. Après ce bref échange. La voix de Sol résonne, chantante et amusée, un brin moqueuse, mais il s'agit davantage de taquinerie que de méchanceté.

« Ah ah! Cher Slavko, je crains que vous ne me soyez davantage redevable. Il n'est guère bon, pour nôtre espèce, de trop attirer l'attention en intimidant, même involontairement, les humains. »

La créature partiellement féline, s'arrête un instant pour observer les prunelles ambre du lupin. L'ensemble du faciès offre un délicieux mélange d'or chaleureux et de bleu hivernal... Innocemment, elle reprend sa marche, d'un pas leste et vient frotter brièvement la fourrure au niveau des côtes de son cousin, lâchant d'une voix bien plus neutre que le sous-entendu qui la compose.

« Mais si vous y tenez, je puis vous offrir un plaisir et une gourmandise autrement délicieux. » D'un revers aussi fugace qu'inattendu, elle tourne son visage et vient achopper l'oreille du loup bleu entre ses dents. Sans violence, d'un geste joueur, provocateur, avant de s'éclipser. L'incitant à la rattraper. Qui veut son dû, doit le mériter.

• Ω •

D'un ton un rien cassant, Rymaïn s'adresse à son partenaire provisoire. "Nous partirons demain, aux aurores. Elle ne le lâchera pas avant un moment." Soudain plus songeuse, l'olive de son regard se fait hésitant, fuyant. La présence du chasseur la rend presque nerveuse, elle la renvoie à des souvenirs qui ne lui sont guère totalement liés. Ses paupières cloîtrent un bref instant les iris verdoyants, offrant à la nuit deux pierres scintillante, d'ambre et d'argent.

"Non."

Elle rouvre les yeux et saisi le bras de l'homme avec une certaine brusquerie. Pour l'entraîner vers un autre lieu du village. "Allons boire quelque chose en attendant." L'agressivité dans son ton semble imprégner tout son corps. Elle le relâche rapidement, prenant les devants, en direction d'un étal. Sans le remarquer, ses pas l'ont ramenée sur les quais.

Le marchand offre une variété d'épices, ainsi que différents alcools et liqueurs. Elle paie une bouteille étroite, au liquide d'une robe claire, d'un blanc cassé plutôt doux. Puis s'éloigne, sans dire merci, cherchant un endroit calme, dépourvu de badauds et de bruits inutiles.

Au bout d'un temps, les effervescences du marché s'estompent. Les étals comme maisons se raréfient. Un petit entrepôt ou deux se dessinent, face à la Mer Intérieure. Un ponton avec une courte jetée l'attire. Non loin, un garde accompagné d'un divin probablement lié à Aqua semble opérer une ronde. Semblablement présent pour protéger les marins qui débarquent en d'autres moments de la journée.

Elle n'y prête grande attention, lorsqu'elle vient s'asseoir au bout de la jetée, ouvrant d'un geste négligent la bouteille, dont elle prend une rasade silencieuse. Les effluves de Pomroze fermentée ne sont pas si désagréables. Mais elle se demande encore ce qu'elle fout ici. Avec Lui.

• Ω •

Solensil, de son côté, s'est évanouie dans le village. Mais n'est guère intraçable pour un fin odorat canin. Si le loup s'est aventuré à sa suite, il en découlera d'abord une première course poursuite le menant finalement aux abords de la plage Lilyn. Vaste étendue sablonneuse, où il est plus agréable pour deux êtres divins d'un certain gabarit de s'adonner à des jeux qui leur sont propres. Mais Slavko se sera-t-il pris au jeu? Ou fera-t-il montre d'une triste pudeur ou d'un trop grand soucis à l'égard de son lié, préférant ne pas le laisser seul?

• Ω •

Solensil ~ Visuel :

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01/10/2018

Au rythme des flots incertains

Quel valeur possède un service rendu ? Je n'ai jamais été capable de comprendre le système monétaire humain. L'évolution du prix en fonction du contexte, c'est au delà de ma compréhension du monde. Mais ce qui m'échappe le plus, c'est le prix demandé pour un service. Pour un homme fort en pleine santé, une charge d'une vingtaine de kilos ce n'est rien. Aussi qu'un homme vienne l'aider à la porter est sans importance, sans valeur... Il refusera certainement de payer. Mais une femme âgée au dos brisé par les années de labeurs sera heureuse d'être aidée par un jeune homme vaillant. Elle sera prête à payer et bien plus que le premier homme. Pourquoi devraient-ils payer le même prix pour un service qui n'a pas la même valeurs pour chacun d'eux ? Non décidément cela m'échappe.

Ainsi Solensil marquait un point : j'avais une petite dette envers elle. Ma queue frétilla brièvement sous le coup de l'amusement. Je lui rendis son regard avec franchise, la laissant guider cet instant de l'échange. Il n'est pas bon pour un mâle de toujours tout contrôler... Et de toute façon ce sont toujours les femelles qui décident et obtiennent le dernier mot. Un sage savait accepter qu'il était entièrement à la merci de celle qui s'intéressait à lui et ne le laissait pas indifférent. Aussi je la laissais se frotter un moi néanmoins sans la lâcher du regard. Un plaisir et une gourmandise autrement délicieuse promettait-elle ? Les voix des moines de l'ancien temps de bousculèrent dans ma tête quand elle m'attrapa l'oreille, un geste d'une très grande intimité. Maître Komatetsu exploserait de rire, Maître Nitano me disputerait que je ne dois pas infliger de gêne à mon Valion, Maître Ya-tso poserait l'affirmation qu'il est important de faire des pauses dans sa méditation, ce qui ne manquerait pas de scandaliser Maître Tarjeti qui me rappellerait qu'il n'est pas possible d'exceller en effectuant deux tâches à la fois.

Pourtant je n'hésitais pas un seul instant quand elle s'éclipsa. Je lâchais un unique ricanement puis je m'élançais à sa poursuite. J'avais eu bien le temps de renifler l'odeur de Solensil et de l'enregistrer dans mes archives olfactives. Fille d'Aer, elle était naturellement plus rapide que moi et m'échappa. Qu'importe, je la traquais à l'odeur tantôt truffe au sol et dans les airs. Je la retrouvais à la sortie du village sans difficulté et acceptais de jouer à essayer de l'attraper. Du moins, je fis semblant sur les premières minutes : le grand chiot qui vivait au fond de moi était heureux de pouvoir galoper librement sur la plage. Finalement la course ralentie et je m'arrêtais. Je lui lançais, joueur et moqueur :

« Voilà une belle injustice ! Mes pattes s'enfoncent dans ce sable qui me ralenti quand vous avez tout ce qu'il faut pour échapper à son piège. »

Et je l'attendis, souriant, malicieux. Je bondis dès qu'elle fut assez proche et roulais avec elle dans le sable puis je me relevais en m'exclamant :

« Oh regardez ! »

Devant nous, à deux cents mètres, plusieurs centaines d'oiseaux blancs tel un tapis blanc sur la plage. Je donnais un petit coup de museau sur la joue de Solensil et m'élançais au grand galop. Quelle joie cet envol de flocons de neige ! L'un d'entre eux me percuta soudain entre les deux yeux, je marquais un écart, percutais l'épaule de Solensil et chutais truffe dans le sable comme un parfait louveteau nouveau né. Elle allait certainement éclater de rire, je lui bondirais alors dessus, l'entraînant dans une petite lutte dans le sable. Généreux en roulades, je la laisserais choisir l'issue de celle-ci...

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27/01/2018

Au rythme des flots incertains

۞ Slavko & Rymaïn ۞

Mi-saison d'Ignis

Finalement, le duo de divinité s'éclipsa. Yeux légèrement agrandis, le chasseur finit par lâcher un soupir. Le souffle étira brièvement ses lèvres au passage et son corps se détendit. Si Slavko n'appréciait guère les foules et modes de vie citadine, son aisance naturelle en dehors le surprenait constamment. Il aimerait faire preuve d'un tel caractère dans certaines situations. Loin d'éprouver de la jalousie, un trait très éloigné de sa personnalité, il l'admirait simplement et se réjouissait de le savoir à l'aise, libre de s'amuser.

Le ton cassant le tira brutalement de ses pensées. L'incertitude l'envahit sur la composition de son duo, davantage quand il apprit que ce dernier durerait certainement jusqu'au soir. Quoique, il n'imaginait pas la rousse s'attarder en sa compagnie plus que nécessaire. Songeant au temps à disposition, sa future partenaire de chasse restant silencieuse, il offrit sa proposition.

« Très bien. Peut-être que nous pourri- » Une poigne et un élan féroces l'interrompirent. Même une fois la prise défaite, Valion fut forcé de suivre la cadence déterminée de Rymaïn. Sa bière à peine terminée, il n'avait pas envie de reprendre de l'alcool. L'aura brûlante de la femme le maintint dans le silence. Des souvenirs plus désagréables de leur rencontre à Oagran refirent surface. Il les chassa mentalement, mais observait toujours le comportement nerveux avec inquiétude.

Il la suivit docilement. Un sentiment, ou une raison, le gardait dans le sillage de la guerrière aux masses. Celle-ci aurait souligné de la stupidité. Lui, ne pouvait se défaire de l'impression d'abandon, s'il la laissait là sur la jetée. Quand elle s'assit au bord du ponton, sa mine se déconfit. La dernière fois, elle l'avait poussé à l'eau, manquant de le noyer. Il craignait de revivre la chose, et ne le souhaitait aucunement. Retenant un soupir renfrogné, il prit place à sa gauche.

Que dire ? Quelque chose semblait la tourmenter, ou pas, tant son instabilité l'empêchait de définir une norme à son sujet. Tandis qu'il réfléchissait, la bouteille atterrit entre ses mains. Avec hésitation, il trempa ses lèvres. Le goût sucré de la pomroze ravit ses papilles. Ses iris bleu acier détaillèrent la bouteille avec attention. Il huma le liquide clair pour tenter d'en mémoriser l'effluve. Ça ne l'aidait guère à dénouer la situation actuelle. S'il aurait pu rester ainsi, il se sentait obligé de parler, de combler un vide.

« C'est quand même curieux, à chaque fois que nous nous voyons, nous sommes dans un port. »

Son sourire amusé s'évanouit rapidement. Il posa la bouteille entre eux et chercha autre chose. Faire parler la plus taciturne et ronchonneuse des personnes qu'il connaissait s'avérait plus ardu qu'un duel. Il faillit demander comment elle allait depuis l'expédition sur l'île puis se ravisa. Elle n'était pas venue à l'entraînement proposé. Son manque de sociabilité pouvait être la cause. Un éclair d'illumination jaillit. Il demanda avec plus de respect que de curiosité.

« Alors, cette enfant d'Aer, Solensil, t'est-elle liée ? »

La gêne ou l'agacement, à moins qu'il s'agisse d'un mélange, éprouvée plus tôt par la nordienne lui revint brutalement en tête. Il aurait peut-être dû s'abstenir sur ce sujet aussi.

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06/08/2018

Au rythme des flots incertains

Rymaïn, Valion & Slavko ⟐ Selmar ⟐ Ignis 59

Le sable accueillit leurs jeux sans détour. Ravie que Slavko l'ait suivie -et n'en doutant pas vraiment une seconde- la féline s'empare aisément de toute son attention, ainsi qu'elle lui rend la pareille. Le sable se presse avec chaleur et douceur sous ses pattes. Le mâle qui vient gentiment relever son désavantage lui arrache un léger éclat de rire.

Mais si le loup est noble, comme sage, épris dans ses jeux, il se montre fin roublard. La surprise l'attend au détour, et Solensil capte trop tard le bond agile qui propulse l'enfant d'Aqua sur elle. Ils roulent sur l'étendue ambrée avec une joie innocente prononcée. Elle lui mordille affectueusement le cou, alors qu'il est étendu sur elle, la maintenant au sol. Puis, il se redresse soudain, saisissant du regard un groupement d'oiseaux au plumage d'une pureté délicate. L'émeraude des iris aériennes, se perd dans l'essaim habillé de neige avec satisfaction.

Elle s'élance à sa suite, la masse s'envole avec une volupté quelque peu perturbée par leur interruption amicale. Son regard avise le loup, qui s'apparente à un grand enfant romantique. Capable d'observer avec candeur la beauté du monde qui les entoure? Peut-être. Intéressant.

Percuté par un volatile, il chute, entraînant un rire cristallin, qui n'a rien de moqueur. Simplement amusé. Nouvel élan taquin, ils se chamaillent sans méchanceté, puis, la divine finit par prendre le dessus et plaque son partenaire sur le sable.

« Nos pères ne nous ont pas intelligemment conçus pour de tels jeux... » Elle frotte son museau à ses apparats fait de glace éternelle, puis se retire, et se métamorphose légèrement. « Voilà qui est mieux. »

L'enfant du ciel s'est délestée de ses longues ailes chiroptériennes. Ne reste que la fine, mais un rien musclée, silhouette des plus féline. A la très longue queue touffue, d'un noir profond strié d'argent. Sol vient tourner autour de son comparse, toujours couché sur le sable, l'incitant d'un sourire malicieux à venir poursuivre leur échange... Avec moins d'innocence. Canin et félin... Cette dualité reliée l'amuse et la charme beaucoup.

• Ω •

La houle percute doucement les pieds du petit ponton. Enfoncés profondément dans les sables. Stables... Guère à son image. Rymaïn observe vaguement l'horizon, sentant à peine le chasseur prendre place à ses côtés. Etrangement, sa proximité ne l'incommode pas vraiment. Elle daigne même lui offrir l'alcool qui repose dans sa main. Générosité? Partage? Ou simple façon d'éloigner ainsi la boisson qu'à moitié désirée? Un haussement d'épaules, suivi d'un soupir léger.

Les mots l'atteignent à peine. Elle n'y discerne aucune utilité. Son verbe, bien que plus calme, se colore néanmoins de sarcasme."Tu veux prendre un autre bain?" Sans attendre de réponse, parce qu'elle n'en désire pas vraiment. Et qu'elle préfère oublier ce passage à Oagran, elle replie sa jambe droite vers elle. Son pied prend appui au bord du ponton, son même bras encercle son genou. Elle revoit le majestueux griffon leur porter secours. Elle ressent à nouveau ce lien si particulier qui nouait les deux êtres. Son cœur se serre, douloureusement.

Ses traits se crispent à la question qui la percute. Quelle stupide idée. "Non. Elle est liée à la baronne de Blanchecime. Les divins que j'ai libéré ne..." Un flottement, une hésitation amère. Elle enchaîne, sur le même timbre, mais empreint d'un peu plus de douceur. "...Ils ne marchent pas à mes côtés."

La présence de Slavko, le rappel de l'île, la submerge avec agressivité. Pourtant, la remarque est plutôt neutre. Voire intéressée. "Slavko semble... Te porter une grande affection." Elle quitte la frontière entre ciel et mer du regard, ses iris se perdent dans les remous, pour s'y éteindre aussitôt. Sa tête se penche au creux de sa main droite, venue la supporter après que son coude ait pris place sur son genou.

Elle fuit maintenant la présence à ses côtés, mais ne peut empêcher les mots sincères de s'échapper. Teintés, non d'amertume, mais d'une tristesse à peine perceptible.

"Que faut-il faire, pour gagner leur considération?"

• Ω •

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01/10/2018

Au rythme des flots incertains

Certains mâles pensaient que pour séduire une femelle il faut toujours avoir le dessus. Être dominant, supérieur, protecteur. Lui donner l'impression de pouvoir se laisser aller contre soit, la possibilité de lâcher prise et de s'abandonner à ce mâle. Qui suis-je pour leur donner tord ? Qui suis-je pour affirmer qu'une femelle ne fonctionne pas ainsi ? Peut être est-ce que certaines recherches... Mais ce n'est pas ainsi que je les traitais.

Je me retrouvais dos au sol, les quatre fers en l'air, Solensil au dessus de moi. À ce moment, je lui offrais presque toute ma vulnérabilité. Je dis presque car je pouvais toujours me défendre si je le jugeais nécessaire... Ainsi nous avions encore un peu de chemin à faire. Je fis une roulade pour me redresser et l'observer se métamorphose. Je devais avouer que la présence de ses ailes dérangeais du point de vu de ma morphologie. J'aurais pu immédiatement saisir l'opportunité de quitter définitivement le chemin de l'innocence pourtant je ne le fis pas. Je lui offris une nouvelle petite roublardise : je m'approchais d'elle par l'arrière avec une grande noblesse, du pas du mâle qui savoure déjà l'instant suivant. Mais au dernier moment je passais juste à côté frottant mon épaule contre sa cuisse, son flanc jusqu'à ce que mon museau chuchote à son oreille :

« Ne soyons pas comme ces jeunes humains : impatients de commencer et pressés de terminer. Je vais te montrer une petite partie de mes millénaires d'apprentissages... »

Valion refuserait que je lui raconte les quelques heures suivantes. Nous fîmes naître en nous de nombreux beaux moments. Par des gestes et des actes plus ou moins doux, je lui offris toute ma vulnérabilité autant que je me saisis de la sienne. Nous fîmes naître en nous des émotions positives plus ou moins fortes. Je passais les heures suivantes à rechercher ce qui lui faisait plaisir puis à l'alimenter et ce de bien des manières. Je lui montrais l'art de créer l'incendie charnel, de l'entretenir au bord de l'explosion, de le laisser redescendre jusqu'à presque l’éteindre pour mieux le relancer... et je fus surpris de découvrir qu'elle l'était tout autant que moi ! Je la laissais me faire découvrir sa malice et me surprendre. Nous jouâmes à nous surprendre l'un l'autre... Il se passa sur cette plage ce qu'un humain ne pouvait comprendre, ce qu'un humain rêvait peut être de savoir sans jamais oser l'imaginer réellement. Ce furent parmi les rares instants que ne partagent pas deux frères de meute...
Quelques heures plus tard, j'étais couché au bord de l'eau contre Solensil. Nous étions apaisés, notre soif de bonheur étanché. Je lui racontais d'une voix rêveuse, tranquille mais pleine de joie, le regard pétillant de bonheur perdu dans le lointain.

« Ma vie est pleine de souvenirs mais la période la plus intense fut ma vie à l'orphelinat des moines, après la perte de notre magie. Quand j'y suis arrivé, j'étais malheureux d'être seul, d'avoir perdu celle qui m'a accompagné si longtemps. J'ai fais la connaissance d'un moine, Maître Ya-tso. Il m'a demandé de le suivre dans la cuisine et sais-tu ce que nous avons fait ? Un gâteau. Moi, Slavko, fils d'Aqua, gardien du pôle nord, le cœur à l'époque malheureux comme une pierre au somme d'un arbre, j'ai fais un gâteau avec un vieil humain dans les profondeurs d'un monastère. Puis nous l'avons mangé ensemble, dans le calme et le silence. Lui me souriait et, par Aqua Solensil je n'ai jamais rien mangé d'aussi bon de toute ma vie. C'est au moment où je dégustais la dernière bouchée que trois enfants sont arrivés. Devant leur déception de ne pas avoir eut de gâteau, j'ai voulu en faire un autre. Mais ils n'ont pas aimés... Je n'ai pas compris : il était tout aussi bon que l'autre. Alors j'ai changé la recette, j'ai cherché. Et j'ai compris. Quand enfin j'ai vu les sourires sur leur visage, les voir heureux de manger mon gâteau. J'ai compris à ce moment là que chercher à tout prix son propre plaisir n'était pas ce qu'il y avait de meilleur dans la vie, c'est même tout l'inverse finalement, sans grand intérêt. Le plus beau, c'est de chercher celui de quelqu'un que l'on aime et le partager ensemble. Trouver du plaisir à provoquer le plaisir d'un être aimé et l'alimenter. Te nourrir du bonheur que tu fais naître dans le cœur de celui que tu aimes. Voilà la leçon qu'un moine et trois enfants humains m'ont donnés et que je tente d'appliquer lorsque j'ai l'honneur de partager l'intimité. J'espère avoir réussi avec toi. »

Je savourais l'instant de paix et de bonheur qu'elle m'offrait. Je lui en étais reconnaissant.

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27/01/2018

Au rythme des flots incertains

۞ Slavko & Rymaïn ۞

Mi-saison d'Ignis

Un frisson glacé parcourut son échine à la réponse de la nordienne. La menace absorba l’esprit du chasseur dans une profonde et vive réminiscence, qui ne dura heureusement qu’une poignée de secondes. Sa propriétaire ne semblait pas vraiment déterminée à l’appliquer. Un rictus tordit ses traits bienveillants. Il laissa couler cette pique ayant manqué de le noyer. Son caractère se spécialisait en la matière, avec la participation de Nagah.

L’amertume dans le timbre de la guerrière l’attrista. Elle l’amena à penser qu’il s’agissait d’un choix subi et non désiré. Sa légère curiosité laissa rapidement place à la compassion. Si d’ordinaire, le jeune homme cherchait à comprendre, ce besoin s’évanouissait progressivement en compagnie de Rymaïn. Il tenait le sentiment qu’il fallait juste être là. Il ne saurait définir s’il le prenait comme une réussite, une chance ou un honneur, mais c’était assurément quelque chose.

La mention de la baronne de Blanchecime occupa ses pensées quelques secondes. Le nom lui rappelait vaguement une idée, celle des combats. Peut-être en avait-il entendu parler durant ses années de service militaire ? Le courant où naviguait la femme l’emporta doucement, loin de ces interrogations. Celle qui émergea le surprit.

À l’image de son fidèle compagnon, Valion prit le temps de la réflexion, le regard porté sur l’onde aqueuse. « Je crois… que pour gagner leur considération, et pas simplement leur intérêt, il faut rester fidèle à qui nous sommes. Ou du moins, ne pas chercher sans cesse à leur plaire. Si ça peut les satisfaire, je n’ai pas l’impression qu’ils nous accorderont leur confiance ni même leur reconnaissance pour autant. »

Il avala une nouvelle gorgée d’alcool avant de tendre la bouteille à la rousse. « Slavko m’a offert un immense honneur en choisissant d’être à mes côtés. Je ne le mérite probablement pas. J’essaie, de le mériter, mais je ne pense pas que suivre ses conseils à la lettre le comblerait. Il me donne l’impression de simplement souhaiter… que je les entende. Je pense qu’il m’a accepté comme je suis, avec mes doutes et mes craintes, et me suivra pour cette raison. Même si je n’arrive jamais à m’en défaire. »

Son air serein se défit en un long soupir. « Ruinn est parti… J’ai… J’ai perdu sa confiance. » Il changea de position avec nervosité. Un poids affaissa ses épaules. Le silence l’enserra une minute avant qu’il poursuive. « Malgré tous nos efforts, on ne peut pas être la solution pour chacun d’entre eux. Ça semble logique, pourtant c’est… très dur à accepter. »

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06/08/2018

Au rythme des flots incertains

Rymaïn, Valion & Slavko ⟐ Selmar ⟐ Ignis 59

La divine rit aux éclats, le timbre délicat, sans nul moquerie. Certes, ils ne sont pas de jeunes humains. Mais ces derniers ne sont guère tous impatients de commencer comme de terminer. Elle non plus... Il importe de saisir pleinement le temps à partager, lorsqu'on trouve partenaire idéal. Mettre fin rapidement aux délices n'aurait aucun sens.

Malicieuse, elle redresse les oreilles, comme un félin à l'affut, et répond. « Montre-moi donc, ainsi... »

La fille d'Aer, portée sur les plaisirs charnelles, n'est pas en reste de son côté. Mais la curiosité a toujours sa place dans les échanges qu'elle peut découvrir, quelle que soit la nature de ces derniers.

Si bien qu'elle se laisse surprendre par le loup bleu... Autant qu'elle déroute ce dernier. Le temps s'étire, délicat, passionné. Au cœur d'élans subtils et nouveaux, car colorés de leur singularité propre. Ils partagèrent la douceur, et la fièvre, l'esprit taquin de chacun, à leur manière, se déclina fougueusement, comme tendrement, dans leur échange.

Le rire et le plaisir de Solensil égayèrent certains de ces précieux moments. Trouver pareil éclat chez Slavko la ravit au plus haut point. Elle aime autant recevoir, qu'offrir. L'un comme l'autre apporta de bien différentes surprises et joies. Ils finirent lovés fourrure contre fourrure. Canins et félins, heureux d'un instant plus éternel que d'autres. Imprimé dans leur mémoire.

La divine demeure silencieuse et à l'écoute, passionnée et intriguée. « Voilà une belle histoire. Et une réalité que je partage, mon doux ami. Y'a-t-il plus grand plaisir, que celui d'en donner? Purement et simplement, sans le désir de prouver quoi que ce soit, ou l'orgueil de mettre en avant ses talents? J'en doute. Et je peux t'affirmer que tu t'es très bien débrouillé pour me l'offrir. » Elle vient pousser gentiment le cou du lupin, du bout de son museau, se frottant à lui. Avant de s'exprimer, le timbre léger, un rien mélancolique peut-être.

« J'ai été révérée par une ancienne peuplade de notre monde originel. Pour mes dons, mon savoir et ma bienveillance. Cela n'était pas déplaisant, mais la valeur de leurs offrandes n'était que peu de chose, comparée à l'étincelle que je pouvais faire naître dans le regard ou le cœur de ceux qui ne possédaient rien. » Elle s'enfonce un peu plus dans le sable d'un mouvement des épaules, puis poursuit.

« Lorsque je n'ai plus été en mesure de les aider... Lorsque plusieurs de mes frères se sont tournés contre moi, pour s'emparer de ces terres, au nom de je ne sais quel idéologie stupide que d'autres civilisations avaient instaurées... J'ai réalisé que nous n'étions rien. La magie, la puissance, notre divinité, ... Des grains de sables dans l'océan de souffrance des hommes et de la force de leurs idées. L'esprit est bien plus dévastateur que n'importe quelle arme, lorsqu'il est doté d'une volonté infaillible et de mauvaises intentions. »

Ah! Pourquoi raconte-t-elle tout cela, exactement? Cela fait si longtemps qu'elle n'y avait plus pensé. Ces souvenirs, comme bien d'autres...

• Ω •

La réponse, telle une houle dévastatrice, vient percuter l'esprit de la nordienne. Pourquoi? Pourquoi lui a-t-il dit une chose pareille? Sans doute vraie... Si cruellement réelle. Ses traits se figent sous une émotion douloureuse, à peine perceptible. Son ventre se noue, et l'olive de ses iris, momentanément tourné vers l'homme, gagne à nouveau l'amer, désireux se d'y abandonner. Les flots qui l'ont étreint dans la cellule de la dragonne semblent lointains. Pourtant, le désir d'y sombrer est si proche.

Elle se tait, incapable de prononcer le moindre mot. Valion poursuit. Ôtant l'espace qui aurait pu accueillir ses sombres réflexions. Celles-ci s'éteindront peut-être?

L'énervement pointe, tandis qu'à ses dires, elle se saisit sèchement de la bouteille. Une réponse abrupte au bord des lèvres. "Si tu ne le méritais pas, il n'aurait pas fait ce choix. Idiot!" Elle prend une grande gorgée d'alcool. Et une seconde juste après. Peu habituée, malgré sa robuste constitution, elle sent déjà la liqueur lui monter à la tête. C'est... Etrange, pas forcément désagréable. Cela l'affecte pas mal, en vérité, bien qu'elle ne le conscientise guère.

Quand l'allusion à Ruinn s'échappe de la bouche de son 'compagnon' d'infortune, elle demeure perplexe. Elle n'aurait pas cru une seconde... Le silence s'étire, à peine, alors qu'il reprend. La main de la guerrière flamboyante se pose distraitement sur celle du chasseur. Probablement une conséquence de l'alcool. Malgré une intention véritable. Laquelle?

"Je connais des enfants divins très capricieux. Peut-être n'est-ce pas toi qui a perdu sa confiance. Mais simplement lui, qui n'a pas su reconnaître à sa juste valeur celle qui tu lui accordais..."

Lorsque la chaleur du contact lui parvient, elle se rend compte de son geste, et retire aussitôt son bras. Cachant son trouble momentané. Le regard fuyant du côté opposé.

Cet instant délicat, ramène l'amertume éprouvée plus tôt. Le timbre froid et dur refait surface. Comme pour évincer ce qui vient de se passer. Mais aussi... Parce-que cela ne s'est pas éteint. Ces pensées se sont ancré au fer rouge dans sa chair. "Jamais je n'ai cherché à essayé de leur 'plaire'. Il m'a toujours tenu profondément à cœur de simplement les libérer, leur offrir mon respect, ma dévotion, pleine et entière... C'est là ce que je suis." Sa voix se brise soudainement. La glace se morcèle sous l'éclat du tourment. Alors, cela ne peut signifier qu'une chose...? "Je suppose que ce que je suis n'en vaudra jamais la peine."

Hésitante, elle aimerait de nouveau partir. Mais son corps n'esquisse pas le moindre geste. Ainsi, elle s'accapare une nouvelle rasade de liqueur. Est-ce que cette chose peut finir par émousser suffisamment son mal-être? Certains l'utilisent de la sorte, après tout.

• Ω •

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27/01/2018

Au rythme des flots incertains

۞ Slavko & Rymaïn ۞

Mi-saison d'Ignis

Pour avoir émis un doute sur sa légitimité, le chasseur fut sauvagement réprimandé. En guise de punition, la nordienne lui arracha la bouteille des mains et l'insulta. D'abord surpris et légèrement crispé face à l'attaque, le jeune homme se détendit. Il se laissa même aller à sourire. Si les termes différaient, Slavko aurait également chassé cette défiance.

En revanche, devant la quantité d'alcool avalée avec zèle, ses sourcils se froncèrent. Ses pensées l'entraînèrent vite ailleurs. Ruinn. Cette fois, la réaction l'étonna plus qu'aucune autre. Valion se raidit de l'orteil à l'oreille. La main de la rousse venait de se poser sur la sienne. La confusion ainsi générée enfouit en partie son tourment. Face aux propos sensés, il s'évanouit doucement. Le jeune homme n'avait jamais considéré leur triste séparation sous cet angle. Cette raison, pourtant logique, le gênait. Il s'avérait peut-être plus simple de se blâmer que d'accepter le refus d'un être bon à qui il avait tendu la main.

Le contact disparut, le libérant au passage. Un petit soupir allégea ses poumons. Le soulagement émanait aussi de leur conversation. Il choisit d'ignorer royalement l'inconfort de Rymaïn afin de ne pas sombrer un état similaire. Le retour sur leur précédent échange attira toute son attention. La personnalité et la motivation de la guerrière s'en trouvaient enfin plus éclairées. Il commençait à conscientiser l'ampleur de son trouble, et se demandait si, comme ça lui était arrivé, elle se sentait impuissante.

Quand sa voix se morcela, un éclat surgit en lui. Le goulot à peine éloigné de ses lèvres, Valion saisit la bouteille et la jeta à l'eau. Son propre corps esquissa un mouvement de recul, trahi par ce sursaut de colère. L'émotion retomba aussi brutalement qu'elle était venue.

« Pardon ! Je ne voulais pas... Enfin, si. Mais... » Il s'interrompit une brève seconde, le regard vissé par la panique dans celui de sa partenaire. Les muscles tendus, il craignait de lourdes représailles. Son cerveau s'activa à toute vitesse, cherchant une explication solide à ce qu'il ne comprenait pas lui-même. « Tu... Il faut que tu sois en forme pour demain ! P- pour la chasse ! Toi aussi tu dois heu... rester concentrée... »

Par les Quatre, qu'avait-il fait ? Il se leva, profondément honteux d'avoir osé lui faire pareille remarque. Il détourna le regard et croisa nerveusement les bras sur sa poitrine.« Je suis désolé, je vais te rembourser... »

Sa réflexion sur le sujet se poursuivit inconsciemment. Lorsqu'elle émergea, il se détendit curieusement et attendit l'occasion de la livrer. Alors, ses bras se décroisèrent lentement.

« Tu ne t'es jamais dit que, peut-être, parce que tu as tellement à leur offrir, ils ne peuvent en comprendre toute la portée ? Si certains n'accordent pas assez de valeur à un gage de confiance, il n'est pas surprenant qu'il en aille de même avec la dévotion, non ? Moi je trouve que n'importe quel demi-dieu aurait de la chance de t'avoir à ses côtés. »

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01/10/2018

Au rythme des flots incertains

Je m'étais très bien débrouillé me dit Solensil. Tout mâle aime entendre ce genre de paroles. Car avant d'être un symbole de sagesse, je restais un mâle. Je ne bombais pas le torse, ne relevais pas le museau, ne paradais pas tel un coq plein d'orgueil... Mais je fus d'entendre de telles paroles. Était-ce la cerise sur le gâteau ? Durant une fraction de seconde, mon esprit fut déstabilisé par cette question. Décidant dès sa naissance qu'elle était bien futile, je la balayais.

Je l'écoutais avec une patience infinie. À mes yeux ce moment de paix au sein duquel nous partagions une autre forme d'intimité était tout aussi sacré. Alors je lui accordais tout mon attention. Je ne laissais pas cette mouette me déstabiliser. Elle était pourtant agaçante à crier devant nous en nous inspectant avec curiosité, se rapprochant peu à peu.

Quand elle termina, je levais une patte devant nous. Recouverte d'une délicate fourrure bleue, des grains de sables y étaient collés. Lentement, tranquillement, je les regardais et dit :

« Seul, un grain de sable n'est rien mais ensemble ils peuvent former une plage aux proportions difficile à imaginer. Pour nous, ce grain de sable n'est rien. Si je ne le mettais pas en avant, nous ne serions même pas conscient de son existence. Mais pour une minuscule fourmi, il est un obstacle à franchir. Pourtant, aussi insignifiant qu'il soit pour un être de ma taille, il n'est pas aussi facile de s'en débarrasser. »

J'agitais la patte, plusieurs fois, démontrant la souplesse de mes articulations. Le grain de sable ne bougea pas, il resta là, collé à ma fourrure. Je la reposais.

« Tout être divin que nous sommes, nous restons de simples invités sur ce monde. Beaucoup de nos frères et sœurs pensent que nous sommes supérieurs aux humains... » Je marquais une pause ici, comme si je me débattais avec un soupir qui ne voulait pas se manifester. Durant un instant, mon regard se fit lointain, plein de regret et de tristesse, plongé dans des souvenirs précieux avant de revenir comme plus tôt. « J'aurais aimé pouvoir te présenter Maître Ya-tso. Il n'était qu'un humain me diras-tu et pourtant... Il m'a démontré que je n'étais qu'un enfant, que je le resterais toute ma vie. Il me dépassait de loin en sagesse... et en malice ! Au temple, je n'étais pas le seul demi-dieu : il était considéré comme tel. Les fidèles et les jeunes moines le vénéraient comme une véritable divinité vivante. Cela ne lui plaisait pas mais il acceptait. Et un bel après midi, il est parti. Si tu avais pu voir ses funérailles... Divines, sans aucun doute. Mais lui répétait qu'il n'était qu'un simple humain. Aujourd'hui je chéri son souvenir. »

Un sourire amusé étira mes lèvres de canidés. Je baissais le museau, ricanais et regardais Solensil dans les yeux avec malice.

« Quel orgueil de nous considérer comme supérieurs aux humains. Après tout, eux aussi recherchent ce genre de moment que nous partageons ensemble. Nous nous sommes comportés par moment comme des ados humains, non ? Loin du fait que nous soyons enfants des dieux, n'avons nous pas rit comme des jeunes découvrant les joies de la vie ? »

Malicieux, je poussais doucement sa joue avec mon museau. Pas assez fort pour la forcer à modifier ses appuis mais bien assez pour l'embêter.

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