Fort de sa détermination à se montrer digne de cette seconde chance lui étant accordée, c'est sans crainte que le bien jeune dragon s'avança aux côtés de son humaine. Les ténèbres dans lesquels il vécu tant de décennies s'estompaient à mesure qu'il marchait dans ses pas. Au bout de ce long couloir emprunté, émanait toujours la clarté vers laquelle ils se dirigeaient ensemble. L'air s'engouffrait pour glisser sur ses écailles. Les odeurs d'une terre vivante venait réveiller les souvenirs endormis de son museau. Les yeux clos, Sobki continuait sa marche tandis qu'il était plongé dans la contemplation de ce tableau dont les couleurs vives jaillissaient à chaque inspiration.

Un marron clair aux senteurs d'une terre riche dans sa promesse de vie. Plus foncé sous l'écorce ayant eu l'opportunité de vieillir en paix. Du vert à foison à en croire les effluves d'une rosée matinale. Du bleu au lointain sous une nuance salée. Une multitude de couleur par toutes ces saveurs ayant écloses. Quelle magnifique promesse si proche de ce que fus l'utopique dessin des Quatre. Une perspective impensable qui étira un large sourire sur le visage dragonique, avant que celui-ci, toujours volontairement plongé dans l'obscurité, ne se fasse perplexe par le froissement de ses arcades sourcilières. Il y avait comme une odeur parasite gagnant en intensité. Un arôme qui ne lui était pas inconnu bien qu'il lui fallu plusieurs longues secondes avant d'y retrouver la mémoire, tandis que ses yeux s'ouvraient de toute leur globalité.

L'instant suivant, ils se refermèrent par réflexes tandis qu'il était projeté sans bien comprendre ce qu'il en était. D'un geste défensif, il se recroquevilla en une boule juste avant de se retrouver écraser de toute part. Sa mâchoire était crispée au même titre que ses muscles, et il ne fallu pas moins de Sa Grande pour qu'il ne se décide à déplier son corps alors qu'il était déposé au sol. L'esprit aussi embrumé que perturbé, il paraissait agar tout du long où l'échange verbale se fit. Là encore, la voix de sa Libératrice fut un minimum pour le ramener à une réalité déplaisante. Pour un Gardien, il n'avait pas fait montre d'une entrée en matière des plus belles. Lui qui devait veiller à ce que jamais un mal ne lui soit causé, venait de laisser Sa Grande encaisser la plus grande part du choc.

- Sobki.. Être désolé. Sobki être dans la tête de Sobki. Pas être dans attention de dehors. Sobki pas réussir être Gardien de Grande..

Le museau vers le sol, la voix faible et les paupières presque entièrement closes, le Semi-dieu acceptait le résultat de ses premiers pas. Mais il se préparait également à ne pas faire opposition lorsque la femme gradée prendrait la décision de le renvoyer à sa solitude. Après tout, il n'avait même pas réussi à la défendre après deux petits pas en dehors du Temple. Que pouvait-il bien faire par-delà les dizaines de marches ?

Sobki savoir..

Le visage encore marqué par l'acceptation de ce qui est inévitable dans son esprit, l'Enfant relève légèrement les yeux vers la divinité qui après l'avoir protégé vient lui accorder de réconfortantes paroles. Son parlé était plus structuré que celui de notre jeune héro, usant de métaphores parlantes dans sa verve, qui commencèrent à rassurer notre protagoniste principal. Il fallut cependant l'approbation de Sa Grande pour que Sobki concède avoir eu droit à une seconde chance. Un sourire se redessina petit à petit tandis que chacun retournait à ses occupations.

C'est à cet instant que le jeune dragon dirigea avec davantage d'attention ses iris en direction de la première Invocation de Qilin. L'être divin était similaire aux créatures d'autrefois bien que sa taille de neuf fois celle du Reptile l'ostracisait rapidement. Une pilosité tantôt dense, tantôt évoquée, se nichait sur les contours dessinés d'une musculature marquée digne des plus impressionnants hominidés. La pâle rougeur de sa peau différent de la noirceur grisâtre de ses ancêtres, laissait entendre une affiliation avec la Flamme et par ce fait, une prédisposition au combat. De longs et puissants..

Un Hou-hou !

Un membre de la famille des hominidés dont la particularité réside dans..

Un Hou-hou !

Un Hou-hou..
Donc, comme je le disais, Sobki réalisa la présence d'un Hou-hou lorsqu'il suivit Sa Grande jusqu'à un cataclop cataclop c'est ça ?

Non. Ca être cheval.

Tu te.. !? Okay. Sobki donc, se retrouvait face à un cheval à la robe noire ainsi qu'une créature dont il n'avait pas le souvenirs bien que l'équipement sur son dos, similaire à celui sur l'équidé, lui laissait à penser un rôle similaire. Quelque peu intimidé par ce monde l'oppressant légèrement, l'Enfant restait silencieux et immobile, en retrait de cet être divin, ces montures et humains, tous s'afférant.  C'est donc sans mal que Qilin parvint à le récupérer, se jetant presque de lui-même dans ses bras tendus.

Positionné à l'avant, il prit la lanière de cuir entre ses deux petites pattes, son large sourire enfantin remontant littéralement jusqu'aux oreilles reprenant sa place. Son visage se dressa en une parfaite ligne droite partant de son cou à son museau qui pointait vers la Capitaine de la Garde Princière. Il n'attendait plus qu'une chose, que le manège soit lancé.

Un rire sans son étirait les lèvres de notre petit héro lorsque le divin marchant à ses côtés reprenait avec amusement la manière dont Sobki nommait l'espèce par laquelle Ignis s'inspira pour le créer. La Grâce des Dieux semblait être miséricordieuse avec notre protagoniste principal car tant sa libératrice que l'Invocation à son service, semblaient disposés à accepter sa tendre naïveté. Voire même pourrai-je m'avancer, à s'en amuser.

Le manège avait commencé et la petite troupe s'aventurait sur les chemins du Nouveau Monde. La chaleur du cuir se posa sur la douceur des écailles de Sobki et, usant de mots simples, la Capitaine fit leçon au fils de Terra. Bien qu'il ne le traduisait pas par des mots, cela lui fut particulièrement plaisant d'apprendre une nouvelle chose. D'autant plus qu'il s'agissait du maniement d'un cheval. Qui sait si cela ne lui serait pas prochainement grandement utile.

Ses petites pattes tentèrent de choisir une direction, puis l'autre, puis d'étranges. Si on suivait son geste, la monture aurait due monter vers le ciel par un angle de quarante-cinq degré ou alors s'enfoncer au sol dans un de quatre-vingt. Ceci étant, il n'y avait que peu de chances car malgré son implication, la longueur des bras de Sobki était bien trop courte pour que le cheval en perçoit l'indication. Au mieux, c'était une brise qui effleurait la lanière.

Malgré un échec évident, Sobki souriait avec fierté envers Sa Grande, persuadé qu'il guidait avec efficacité la monture. Cela, même si elle allait tout droit et que lui agitait les rênes dans tous les sens. Claquant encore et encore, le regard du Reptile trouve enfin la fleur déposée. Il saisit la tige de ses deux pattes et monte les pétales jusqu'à ses yeux. Son large sourire toujours incrusté dans sa peau écailleuse. Puis, dans un geste inattendu, la mange.