Archibald avait passé ses deux jours de repos entiers à s'entraîner à l'arc. Il avait trouvé un cul-de-sac. Il avait bloqué l'entrée de la ruelle avec des palettes et il avait pris un sac de pommes pour manger et pour viser. Il fit quelques tirs qu'il loupa, d'autres qu'il réussit. Il ne voulait pas arrêter tant qu'il avait des flèches et de la force pour tirer. Il organisa son entraînement.
Le premier jour il voulut s'entraîner à la précision et distance. Il se plaça à quelques pas de la cible et visa la pomme, une fois cet exercice réussi, il recula et recommença, et ainsi de suite jusqu'à ce que le soleil se couche. Il avait réussi à s'éloigner d'une centaine de mètres. Il réussissait la plupart de ses tirs mais il en manqua lorsque des bruits de la ville le déconcentrait.

Le lendemain, il voulut s'entraîner à la puissance de tir et surtout à rester concentré. Il voulut y passer la journée mais à force de tirer sur la corde et de tirer, la corde se brisa et sa dernière flèche également. Il pesta pendant un moment avant de se résigner à aller chercher du matériel en ville. Il se rendit en centre ville, trouva ce qui semblait être l'armurerie et entra dans cette boutique dans laquelle il n'était jamais entré auparavant.

Il ferma la porte derrière lui et s'éclaircit la voix, pour indiquer sa présence.

- Bonjour, il y a quelqu'un?

[Été 59]

Ariez était débordée depuis qu'elle avait pu reprendre son activité. Son voyage suivi de sa blessure à la cheville avait considérablement compliqué son exercice, tout travail de force nécessitant de passer des heures entières debout dans la forge était impossible, elle n'arrivait pas à passer outre la douleur. Ses stocks avaient rapidement disparus et elle avait même du fermer quelques jours. Maintenant qu'elle était pleinement rétablie les commandes abondaient, et voulant vite renflouer ses poches elle acceptait trop de commandes et croulait sous le travail. La matière première se faisant rare en plus en ce moment, avec les conflits au nord pour lequel il fallait alimenter les soldats en armes et armures, le marché était tendu pour l'instant.

Elle était dans l'arrière boutique en train de faire un point sur ses stocks quand elle entendit quelqu'un arriver. Quelques jours auparavant, elle avait contacté la guilde des chasseurs pour signifier qu'elle avait besoin de leur service, aussi fut elle trompée par les apparences. Quand elle vit un jeune homme musclé, bronzé -s’imagina t'elle- par des heures passées sous le soleil à traquer sa proie, un carquois dans le dos, son regard ne prit même pas la peine d'analyser les autres détails, tel que l'arc cassé par exemple, ou les mains abimées de cloque, la peau encore trop fragile par rapport à un entrainement récent.

"Ah ! Bonjour ! Je ne vous attendais plus j'ai cru ne jamais vous voir."

Elle s'avança rapidement vers le comptoir près duquel l'attendait l'homme. Ariez avait passé déjà quelques heures à la forge, elle était vêtu d'un pantalon léger pour supporter la chaleur des fourneaux et d'un débardeur noir, elle avait un peu de suif sur elle et s'essuya simplement les mains pour lui donner une poignée de main sans trop se poser de question et enchaina directement :

"Bon ce qu'il me faut en ce moment c'est vraiment des plumes de Sifflet ou de la Peau d'Agnosaure. C'est accessible même à un débutant... Vous êtes débutant non ? Vous n'avez pas l'air à l'aise... Enfin si ça peut vous motiver je peux payer une partie d'avance !"

(Sifflet et Agnosaure visibles à la rivière blanche)

Son interlocuteur n'avait pas l'air réceptif...

Archibald vit une jeune femme apparaître puis se rapprocher. Elle l'attendait? Archibald ne comprit pas forcément ce qu'elle voulait dire et se demande si elle voyait l'avenir.
La jeune femme s'approcha, une jeune femme aux cheveux noirs et aux yeux verts. Archibald était souvent attentif aux yeux des gens, pour la plupart des gens, ils reflétaient la personnalité de la personne. Les yeux verts de la jeune femme devant lui donnèrent une impression de confiance et de personne gentille. Archibald détendit donc son visage interrogateur en visage souriant. L'inconnue qui était derrière ce comptoir semblait travailler ici au vu de sa tenue et du suif sur sa peau.
La jeune femme lui tendit la main qu'il saisit et répondit à la poignée de main.

Elle commença à débiter des paroles qui n'avaient aucun sens pour lui mais par politesse, il ne la coupa pas. Au contraire, il écouta attentivement ses mots en souriant. Elle parlait de matière premières, de chasse, de débutants. L'avait-elle pris pour quelqu'un d'autre?
Elle semblait autant dans la panade que lui quand un groupe de vingt-cinq personnes arrivait à la taverne. Il ne voulait pas lui donner de faux espoirs, elle avait si sympathique et semblait honnête.

- Excusez moi, je ne suis pas chasseur, je suis serveur, je venais pour mon arc à vrai dire. Mais vous semblez être surchargée de travail. Je n'y connais rien du tout, mais si vous avez besoin d'aide qu'un total amateur peut faire, je veux bien vous donner un coup de main, ça m'occupera. Au passage, je m'appelle Archibald.

Il termina sa phrase par un sourire et une révérence très exagérée pour ajouter un peu de légèreté à sa tirade un peu trop pompeuse à son goût.

"Oh...."

Ainsi donc il y avait méprise... cette personne était un client et non pas le chasseur tant espéré. Les yeux d'Ariez étaient une vrai porte vers ses émotions, un éclair de déception fulgurant passa dans son regard. Elle avait besoin d'aide, et de moins de clients. Elle pensait avoir enfin de l'aide, il lui ramenait du travail... Elle aurait espéré avoir mal compris et qu'il soit bien chasseur, au moins comme hobby les dimanche pour passer le temps, mais l'arc cassé dans ses mains confirma la version que ses oreilles avaient entendu : il n'était pas du tout chasseur il était serveur... Cependant, il semblait avoir bon cœur, parce que la voyant dans l’embarras il proposa quand même de l'aider. Elle retrouva le sourire.

"Et bien désolée pour le malentendu Archibald ! Je suis Ariez, forgeronne et propriétaire de cette armurerie... J'aurais volontiers accepter votre aide malgré tout, mais je ne peux quand même pas envoyer un novice se faire tuer par des monstres de la rivière blanche."

En plus il fallait certaines compétences pour dépecer correctement un agnosaure ou ne pas abimer les plumes du sifflet donc ces taches semblaient trop fastidieuses. Pour un serveur pourtant il avait l'air costaud, peut être à force de devoir évacuer des poivrots et faire cesser des bagarres ? Ariez était-elle en train de réfléchir à n'importe quel moyen d'exploiter le cœur généreux de ce parfait inconnu ? Totalement.

"Éventuellement... vous pourriez peut être m'aider à faire l'inventaire tandis que j’envoie Ciara faire accélérer la prise en compte de ma demande auprès de la guilde des chasseurs... Mais je ne devrais vraiment pas demander ça à un client, c'est un travail fastidieux il y a beaucoup d'objets lourds à transporter..."

(Ciara PNJ de l'armurerie visible ici)
Ariez faisait un air faussement gêné mais elle espérait qu'il allait dire "mais non gente dame ça me ferait plaisir" ou quelque chose du genre, bien évidemment. Pour s'assurer de son aide elle usa de son dernier atout :

"Évidemment, en échange je m'occuperais de réparer votre arc gratuitement."

Visiblement, elle ne s'attendait ni ne voulait plus de clients. Archibald pouvait totalement le comprendre, des fois quand la taverne était pleine ou presque il lui arrivait de refuser des gens. Il vit l'embarras dans les yeux de la jeune fille qui s'était présentée comme Ariez et il lui répondit par un sourire qui se voulait compréhensif. Gérer une boutique n'était pas une chose facile. Ainsi lorsqu'elle lui demanda gentiment de l'aider avec l'inventaire. Il ne vit aucune raison de refuser. Elle ajouta qu'elle réparerait son arc gratuitement mais Archibald fût gêné par cet ajout.

- Je vous assure que je ne vous aide pas pour avoir une réduction. Je vais bien sûr vous aider à faire votre inventaire mais je paierais pour l'arc et pour les flèches que je prendrais chez vous. Cela me semble juste. Il serait très impoli de ma part d'utiliser mon aide pour déroger à mes obligations de client.

Archibald observa la pièce, il n'avait jamais vraiment eu l'occasion d'entrer dans une armurerie, cet arc était un cadeau de son père pour ses 16 ans et ne l'avait jamais vraiment utilisé depuis. Il se tourna vers Ariez, il se demandait s'il n'était pas en train de se faire avoir mais il se ravisa en se disant que même si la forgeronne l'utilisait, ce n'était pas bien grave, dans le pire des cas il aurait perdu une après-midi, rien de plus. D'un autre côté, si elle était franche et honnête, il gagnerait une connaissance qui semble bien sympathique.
Il sourit à la jeune fille qui semblait avoir son âge et se demanda si elle était propriétaire de la boutique et si elle travaillait seule. Il en doutait car elle venait de mentionner quelqu'un mais il se pouvait que ce ne soit qu'une amie à elle.

- Excusez mon indiscrétion mais êtes vous propriétaire des lieux? et travaillez vous seule dans cette boutique?

Il déclina poliment l'offre de Ariez et proposa son aide parfaitement gratuitement. Cela lui faisait donc de la main d’œuvre bénévole ce mot clignotait dans sa tête... parce qu'il allait en faite lui rapporter de l'argent en dépensant ses sous chez elle après avoir durement travaillé. Du jamais vu dans le monde hostile du commerce. On avait jamais vu un être humain se faire si mal traité depuis l'abolition de l'esclavage, en exagérant à peine.

**Mais... cet homme est un énorme pigeon !**

Cela donna un étrange sentiment d'abuser de lui à Ariez. Etait-ce vrai ? Totalement. En tout cas elle ne se sentit pas fière par rapport à ça c'était une certitude. Il était gentil et altruiste, des qualités que possédaient aussi Ariez quand elle n'était pas occupée à compter ses sous. Certes il avait proposé son aide le premier mais ne s'était-il fait prendre entre les griffes d'Ariez lui demandant d'accomplir des taches pour lesquels il n'avait rien demandé ?

"Je ne doute pas une seule seconde de vos bonnes intentions, mon offre reste valable malgré tout. Dites vous pour vous enlever ce poids du cœur, qu'en travaillant avec moi vous dérogez de toute manière à votre statut de client. Je suis effectivement la propriétaire, j'ai quelques employés et apprenti mais il n'y a que Ciara aujourd’hui"

Et puis même en lui offrant la réparation de l'arc elle était gagnante parce qu'il fallait juste changer la corde, alors que le travail à accomplir pour faire l'inventaire était colossale. Elle n'avait pas de doute sur son honnêteté, mais même s'il n'avait pas été une personne de confiance, elle savait qu'elle pouvait invoquer son invocation Vaea pour la sortir du pétrin.

Elle le conduisit dans l'arrière boutique ou elle retrouva Ciara, son employée, à qui elle confia la mission de partir à la guilde des chasseurs, il n'y avait personne d'autre à la boutique que Ciara et elle aujourd'hui. L'arrière boutique était composée d'un ensemble un peu désordonné d'étagère et de présentoir ou s'entassait les armes disponibles, toute sorte d'armes s'y mélangeaient mais il y avait quand même une certaines harmonies dans ce désordre, on sentait qu'un afflux de commande trop important avait chamboulé une organisation préexistante, mais la lecture du rangement pré établit était encore lisible. Une fois Ciara partie, elle conduisit son escla... son bénévole du côté de la forge qui était en fait à l'abri dans le fond de la cour, les fourneaux étaient encore fumants d'avoir tourné toute la matinée et on y voyait encore la braise sur le charbon de bois et l'enclume et le marteau semblaient encore chaud. Le gros du problème était en fait dans la cour, à coté de la forge, ou Ariez avait reçu en vrac une quantité énorme de matériaux, butins récupéré sur les animaux, cuirs de bêtes, cornes et autres matières premières se mélangeait à des commandes non terminées... le bazar régnant là avait une portée apocalyptique.

"Voila c'est..hum.. c'est un travail assez fastidieux comme je vous le disais..."

L'arrière boutique était sens dessus-dessous. Archibald n'en croyait pas ses yeux, comment une boutique pouvait autant devenir un bazar pareil, rien ne semblait rangé, rien ne semblait organisé. Archibald ne se considérait pas maniaque, et n'importe qui le connaissant approuverait mais il voyait dans quoi il s'était engagé et eut des regrets mais il chassa son envie de partir car il avait donné sa parole. Il avança dans la boutique, et vit la dénommée Ciara. Il la salua d'un mouvement de main et lorsque cette dernière fût partie, Archibald se concentra sur Ariez qui l'emmena dans l'arrière cour. Dans cette cour s'entassaient beaucoup de matières premières. Il regarda, il était à la fois inquiet et fasciné. Cela changeait de sa taverne et il aimait particulièrement la chaleur de la forge. Il posa son arc, son carquois, son sac.

- Ça devrait le faire, il ne faut pas s'en faire, avec un peu d'organisation et de technique, cet endroit pourrait être rangé de façon plus qu'acceptable. Vous avez une préférence de rangement? Par date de commande, par type de matière première? les deux?

Il s'approcha du tas de peaux et plumes et autres butins. Il sourit à Ariez et pointa le sac.

- Au fait, si on va bosser ensemble, il y a des biscuits que j'ai fait cette nuit dans mon sac, servez vous.

Il se retourna vers le tas de bazar et commença à trier les objets par leur nature.

Elle avait eut peur qu'en voyant l'ampleur de la tache il finisse enfin par réaliser, et par renoncer... il lui proposa des biscuits pour rendre le travail plus doux. Ariez en resta un instant prostrée. Comment un homme comme ça pouvait ne pas s'être déjà fait broyé par cette société égoïste ? Comment avait-il, une fois passé l'enfance, réussit à conserver cette bonté pure et désintéressée ?

"Euh... merci c'est gentil. Peut être plus tard."

Sa réponse était hésitante parce qu'elle n'en croyait tout simplement pas ses oreilles. Mais heureusement pour lui que Ariez avait une conscience et dans une certaine mesure un sens de la moral, un homme aussi doux tombant dans les griffes d'une personne trop malintentionné finirait forcément mal. Il commença à se mettre au travail immédiatement, elle lui donna les consignes :

"En fait il y a deux grosses commandes qui sont arrivées en même temps et se sont mélangées. Voici le registre avec les items commandés dans chaque liste. Il faut vérifier que les deux commandes sont complètes en faisant le tri. A chaque objet, il faut le cocher sur la liste, et trier par type d'objets. Il y a des objets magiques alors faites attentions ils sont fragiles. Pendant ce temps là, je vais faire de la place et du tri dans l'arrière boutique pour pouvoir y ranger les matériaux."

Les consignes lui semblèrent claires, elle lui laissa les deux registres de commandes et de quoi écrire, tandis qu'elle partait s'affairer dans l'arrière boutique. L'arrière boutique donnant directement sur la cour, ils pouvaient se parler sans crier. Quelques minutes passèrent et voyant que tout avait l'air de se passer bien elle engagea la conversation.

"Et Alors, Archibald, votre cicatrice sur le bras... si vous n'êtes pas chasseur, quel monstre terrifiant s'est donc frotté à vous ?"

Bon, Ariez semblait quelqu'un d'organisé, elle avait juste été prise par le temps et la surcharge de travail. Archibald posa les yeux sur les registres et les posa sur la table. Comme il l'avait dit, il voulait être méthodique. Il prit une caisse non loin de là pour s'en servir de siège. Il ne voulait pas se briser le dos en aidant la jeune femme aux yeux verts. Il commença à trier les affaires, il comptait en avoir pour un moment mais rien de bien effrayant. Il continuait de ranger les objets par leur nature et se rendit compte que les différents tas s'étendaient sur le sol. Ils allaient se remélanger s'il ne travaillait pas plus méthodiquement. Il marqua une pause, se leva et se dirigea vers Ariez qui était en train de lui poser une question sur sa cicatrice. Il ne l'avait pas eu à cause d'un monstre, il aurait aimé cela lui aurait donné une histoire intéressante à raconter, mais rien ne l'empêchait de mentir et dire qu'il s'était battu contre un monstre assoiffé de sang, il sourit à l'idée de raconter une histoire incroyable. Mais il préféra dire la vérité, enfin... une vérité modifiée à sa sauce. Il prit son bras et montra la cicatrice à la jeune forgeronne.

- Je l'ai eu en me battant contre un verre de vinus. Je tenais le monstre et sa famille d'une main quand j'ai trébuché et l'horrible est tombé, me coupa le bras au passage.

Il eut un léger rire qu'il voulut cacher pour avoir l'air sérieux et continua.

- Je ne veux pas changer de sujet mais je ne serais pas contre quelques caisses et un tabouret ou une chaise pour continuer le rangement de manière plus propre.

Il regarda la jeune fille en souriant, allait-elle lui permettre de s'asseoir et lui donner des caisses pour l'aider ou allait-elle lui dire de se débrouiller?

L'histoire semblait tellement rocambolesque par rapport à la taille de la cicatrice que le cerveau d'Ariez se refusa à comprendre son humour, pour elle ça ne pouvait être que la griffe acérée d'un monstre.

"... Un verdevinus ? Qu'est-ce que c'est ? et ils étaient toute une famille ? Vous vous en êtes bien sorti, j'imagine"

Il changea de sujet alors elle n'insista pas pour connaître la suite de l'histoire, il voulait des conditions plus agréable pour travailler proprement. Ariez était rassurée, au moins il osait demander, elle aurait imaginé que ce soit le genre de personne à souffrir avec le sourire sans jamais se plaindre. Il était plus humain qu'elle ne le pensait.

"Oui bien sûr, je dois avoir ce qu'il faut dans la cuisine. C'est à l'étage."

Ariez habitait au dessus. Elle était actuellement sur un escabeau pour attraper plus facilement les épées et haches rangées en hauteur. Elle avait déjà bien avancé dans son rangement et une fois les épées bien agencées c'était incroyable la place qu'elle avait déjà récupéré en moins d'une heure. Elle descendit de l'escabeau une marche à la fois, elle avait tellement peur de se retordre la cheville qu'elle y mettait autant de précaution qu'une grand mère qui a peur de se casser la hanche.

Elle prit les escaliers et disparu quelques minutes à l'étage, elle revint avec deux chaises, une sous chaque bras.

"Voila j'espère que ça fera l'affaire. J'ai bientôt fini de faire de la place ensuite je pourrais vous aider... mais dites moi, vous apportez souvent vos services à de parfaites inconnues ?"

Il ne savait pas si elle continuait la plaisanterie ou si elle était sérieuse. Dans le doute, le jeune homme intensifia sa blague.

- Oui toute une famille, il y avait des verapié, des verdevin et même des chopdebièr.

Il eut un léger rire et regarda la jeune fille partir. En l'attendant, il se dit qu'elle était sympathique et qu'elle ne semblait pas abuser de sa gentillesse. Pour ne pas perdre de temps pendant qu'elle était absente, il retourna près du tas de matières premières et il continua de les trier. Il ne lui restait plus grand chose à trier, donc il voyait le bout de sa tâche se rapprocher. Il était content d'avoir aussi bien avancé et il espérait que la qualité de son travail serait appréciée par la dénommée Ariez.

Il commençait à se dire que c'était une chance que son arc se soit brisé, cette mésaventure lui avait permis de faire la connaissance de la forgeronne aux yeux verts.

Il entendit des pas se rapprocher donc il supposa qu'elle revenait. Il se retourna, l'approcha et prit une chaise.

- Merci beaucoup, Dites, je voulais vous remercier, vous êtes sympathique, accueillante, vous ne semblez pas abuser de ma gentillesse. De nos jours, les personnes trouvent toujours des moyens de manipuler les gens pour arriver à leur fins. Donc merci d'être aussi gentille et d'être une personne respectable.

Archibald sourit, il posa la chaise près du tas de matières premières qui avait bien diminué depuis le début et se dirigea vers Ariez, il fit cependant un détour pour prendre son sac de biscuits, il prit un biscuit et tendit le sac à la jeune fille, un sourire traversant son visage.

- Envie d'un biscuit?

Ariez rit de bon cœur avec lui en comprenant que le terrible monstre qu'il l'avait attaqué pouvait être localisé principalement... dans une taverne, elle ne posa pas plus de question sur l'accident mais s'imagina qu'il fallait vraiment un gros manque de chance pour s'entailler le bras ainsi en travaillant dans un bar.

La forgeronne constata qu'il avait bien avancé, l'énorme bazar qu'il y avait auparavant dans la cour commençait à ressembler à quelque chose d'organisé. Il s'installa avec la chaise qu'elle venait de lui ramener et lui sortit une tirade qui aurait pu la pétrifier sur place au point qu'elle se demanda même si il parlait au premier degré ou s'il l'accusait de quelque chose. Ce qu'elle faisait était-il respectable ? N'avait-elle pas abusé de sa gentillesse en l'embarquant pour l'aider dans une tache logue et pénible ? En plus entre temps, Ciara avait pu revenir à la boutique et pouvait donc entièrement s'occuper des clients pendant que Archibald et Ariez s'affairaient à leurs taches, il était donc là au mettre titre qu'un employé, le salaire en moins. Ariez ne lui répondit rien sur le moment, et il revint avec un biscuit. Elle était si surprise qu'elle ne parvint pas à décliner et en prit un, le gardant comme figée dans sa main.

"Je ne sais pas si je suis une personne respectable, tout ce que je sais c'est que vous n'êtes forcé à rien et que je vous ai proposé une contrepartie. Vous en parlez comme si vous aviez déjà été manipulé par le passé, ou peut être l'avez vous été sans vous en rendre compte. Je vous suggère de vous méfier du genre humain, je ne pense pas que je vous exploite, mais d'autres l'auraient certainement fait."

Quelque part elle voulait l'aider à ouvrir un nouveau regard sur le monde, un regard plus froid et sévère, au risque qu'il se fasse broyer par une personne malhonnête qui aspirerait jusqu'à la derrière goutte de gentillesse et de bonté en lui s'il n'ouvrait pas les yeux. Ariez finit par croquer dans le biscuit elle n'en mangea pas souvent et l'apprécia une petite bouchée à la fois. Elle prit l'autre chaise et s'assit avec lui pour faire une petite pause encas.

"Vous aviez bien avancé, pour l'instant vous n'avez pas vu d'erreur de commande ?"

Le tri était terminé, ou presque, Archibald se leva le temps de fouiller dans la réserve de la boutique, il cherchait tout en écoutant ce que disait la forgeronne. Il fouilla chaque étagère, chaque recoins, il écoutait le jeune fille sans lui répondre et une idée lui vint en tête. Et si elle se demandait ce qu'il faisait, peut-être allait-elle l'accuser de voler quelques choses dans la réserve donc il décida d'hausser le ton de sa voix.

- Je ne réponds pas mais je vous entends, je suis juste en train de prendre quelques caisses et j'en ai trouvée, j'arrive.

Archibald réapparut devant la jeune fille une dizaine de caisses dans les bras.

- Me revoilà, et pour vous dire, je ne pense pas que vous m'exploitez, je vous ai proposé mon aide et vous l'avez accepté, rien de mal à cela.

Archibald s'assit sur une chaise et plaça les tas d'objets dans leurs caisses respectives.
Il se tourna vers Ariez qui venait de s'asseoir à côté de lui, une nouvelle fois il regarda ses yeux verts et sourit.

- Parmi toutes les personnes que j'ai pu voir, vous êtes la seule ou l'une des seules à avoir des yeux verts. Ne dites pas ce que je n'ai pas dit, je savais que les gens pouvaient avoir les yeux verts, je n'en ai juste jamais croisé.

Il tenta un sourire amical après la tirade inutile qu'il venait de faire en guise d'excuses pour fixer les yeux de la forgeronne.

- Pour être franc... je n'ai pas encore regardé les registres, je triais les différentes matières premières pour former les commande de manière plus rapide.

Il se leva pour aller chercher les registres et entendit du bruit dans l'arrière boutique.

- Je ne veux pas me débarrasser de vous mais il semblerait que votre employée soit de retour, si jamais vous voulez lui demander comment s'est passé ce que vous lui avait demandé.

Archibald se rassit et prit une grosse boîte qu'il commença à remplir en suivant la commande.

Ariez voulait se poser quelques minutes avec lui pour manger les biscuits, mais pendant ce temps il s’affairait à fouiller dans l'arrière boutique. L'idée d'un vol ne lui traversa même pas l'esprit et de toute façon il était assez difficile de voler discrètement une hache ou une épée comme il y en avait la bas. Cependant elle s'interrogeait sur ce qu'il faisait, il finit par revenir avec des grandes caisses pour commencer à organiser les piles d'objets qu'il avait trié.

"Il parait que ce n'est pas courant, pourtant toutes mes sœurs ont les yeux verts."

Elle se sentait gênée quelque part qu'il la fixe ainsi, pour elle ses yeux n'avaient rien de particulier. Une idée étrange lui traversa l'esprit... et si Archibald avait accepté ces basses taches pour mieux se rapprocher d'elle et la séduire ? Cette idée ne lui avait même pas traversé l'esprit avant, cet homme n'était pas du tout un énorme pigeon, c'était un fin stratège avec un plan machiavélique ! Il s'engouffre dans le besoin d'aide d'Ariez, se fait passer pour un bon samaritain pour gagner sa sympathie, lui fait manger des biscuits peut être drogué et complimente son regard ! Bon, vu les sourires innocent qu'il lui faisait c'était fort peu probable, mais Ariez se sentait d'un coup très gêné et méfiante, et aussi un peu rouge, une petite teinte rosé venait s'ajouter sur ses joues. Elle pensa immédiatement à Meslial.

"Seriez vous en train de m'aider sous le seul prétexte de pouvoir fixer mes fameux yeux verts à votre guise ?"

Elle lui fit un regard suspicieux en attendant sa réponse, le pauvre venait de passer de son statut d'esclave à un statut de goujat.
Elle réalisa en même temps l'erreur qu'il était en train de faire, Archibald devait penser que les commandes étaient des commandes à envoyer, parce qu'après avoir pris un temps fou à tout trier, il était en train de tout remélanger dans les caisses, ce qui faisait qu'il faudrait tout ré déballer ensuite pour le ranger dans la réserve. Ariez eut un gros doute : est-ce qu'il faisait ça exprès pour perdre du temps et passer plus de temps avec elle ? Elle ne le connaissait pas après tout, entre son coté trop gentil, sa cicatrice improbable... cet homme cachait forcément quelque chose, elle préféra lui donner congés.

"Archibald... vous avez suffisamment travaillé pour aujourd’hui, repassez donc demain j'aurais réparé votre arc."

Ariez venait de poser une question intéressante, suffisamment intéressante pour attiser la curiosité d'Archibald. Pourquoi aurait-il accepté de travailler dans l'arrière boutique s'il voulait admirer les yeux de la jeune fille. C'était ridicule, il trouva une façon de mettre sa pensée en forme et lui expliqua.

- Ariez, vous vous rendez bien compte que si mon objectif était d'admirer vos yeux, il aurait été stupide de ma part de me proposer dans l'arrière boutique. Je ne savais pas ce que vous me demanderiez de faire, et je m'était attendu à ce que vous soyez en boutique. Et si vous voulez vraiment une information en plus, si j'avais voulu passer du temps à admirer vos yeux, je serais du côté client du comptoir à vous parler pendant de longues minutes.

Il sourit, regarda la jeune fille dans les yeux, sourit en remarquant ses joues rougir légèrement.

- Mais c'est vrai qu'ils sont très jolis vos yeux verts si vous voulez mon avis.

Il se retourna et continua de ranger par commande et il se rapprocha de la fin quand il se demanda comment elle pouvait gérer tout ce magasin toute seule. Il allait lui poser la question quand la jeune femme lui dit qu'il pouvait partir. Archibald se dit qu'il avait trop parlé et s'en voulut car cette nouvelle connaissance était très sympathique.
Il posa la caisse qu'il tenait, et eut un rire gêné. Si quelqu'un pouvait voir dans son esprit, cette personne verrait que le jeune serveur se maudissait d'avoir tant parler et d'avoir été si indiscret. Il ne voulait pas vraiment partir car malgré le travail, il avait vraiment apprécié le moment passé. Mais ce n'était pas à lui de décider s'il restait ou partait.

Il se dirigea vers Ariez.

- D'accord, excusez moi si j'ai été malpoli ou indiscret, loin de moi cette idée. Vous n'aurez qu'à garder les biscuits, j'en fais chaque nuit donc ils ne vont pas forcément me manquer. Bonne fin de journée.

Il eut un léger rire, regarda les yeux verts de la forgeronne, eut un sourire et lui tourna le dos en commençant à partir.

"Bonne journée Archibald, repassez demain en fin de journée."

Archibald finit par partir en laissant derrière lui ses biscuits, Ariez ne sut plus trop quoi penser de lui. Finalement elle passa quand même une bonne partie de l'après midi restante à le maudire, car comme il avait re-mélanger les commandes pour les reconstituer dans les caisses, elle dut tout ressortir pour le ranger dans la boutique, mais cette tache fastidieuse lui laissa le temps de réfléchir. Elle s'était fait des idées et maintenant Archibald devait s'en vouloir de quelque chose qu'il avait dit innocemment et qu'elle avait mal interprété. Pourquoi les relations humaines étaient toujours si difficile ? En plus Ariez se rendait compte que son rapport avec les hommes avaient changé. Auparavant elle savait jouer de ses atouts, elle arrivait en usant de ses charmes à gonfler les commandes de ses clients masculins et à se faire plus d'argent. Tout était différent depuis qu'elle avait rencontré Meslial, elle ne voulait plus en charmer qu'un à présent et tout autre intrusion dans son intimité se heurterait à ce mur qu'elle était en train de dresser inconsciemment entre elle et les autres. Mais au point de devenir agressive parce qu'un homme remarquait qu'elle avait les yeux vert ? Elle avait peur de devenir paranoïaque.

La fin de journée à l'armurerie se passa tranquillement, quand elle put enfin se poser, elle prit délicatement l'arc que Archibald avait laissé à la boutique. C'était un arc basique, plutôt propice à l'entrainement. Elle ne lui avait même pas demandé pourquoi un serveur avait besoin d'un arc...
Elle s'en voulait un peu de l'avoir malmené, elle décida d'équiper son arc avec une corde plus puissante que celle de base, ainsi même s'il insistait pour payer malgré tout la réparation, il aurait quand même l'avantage d'avoir gagné en puissance gratuitement. Elle ne comptait pas lui dire et fit ça en secret, il était sans doute trop novice en archerie pour s'en rendre compte il fallait quand même avoir l'oeil pour distinguer les différents types de corde. Cette petite attention soulagea sa conscience, elle put finir ses biscuits le cœur plus léger.

(Arc d'Archibald
Arc simple :
Résistance ● ● ● ○ ○
Puissance ● ● ○ ○ ○
Légèreté ● ○ ○ ○ ○
Précision ● ● ● ○ ○
>>>>> UPGRADE
Arc simple amélioré
Résistance ● ● ● ○ ○
Puissance ● ● ● ○ ○
Légèreté ● ○ ○ ○ ○
Précision ● ● ● ○ ○)

Le lendemain une journée chargée les attendait à la boutique. Elle s'interrogea sur le genre de facétie qu'Archibald allait faire aujourd'hui, elle était sûr qu'il viendrait. C'était un étrange personnage mais finalement elle le trouvait sympathique, et il fallait bien qu'il revienne pour qu'elle s'excuse.

Archibald était rentré chez lui, pensif, il se demandait s'il allait retourner à l'armurerie le lendemain. Cette find e rencontre le faisait douter. Tout se serait si bien passé s'il n'avait pas été impoli et indiscret. Faisait-il inconsciemment du charme à la forgeronne? Même lui n'en savait rien, il n'était pas un expert en relations humaines et encore moins sentimentales donc il préféra ne pas trop y penser. Il était de repos mais il voulut travailler le soir même pour se changer les idées. Ça ne changea pas grand chose, il servait en pensant à la jeune femme, il essayait de trouver ce qu'il avait fait, ce qu'il avait dit, peut-être qu'il avait eu un comportement suspect et la commerçante avait préféré le congédier. Il travailla de façon distraite pendant toute la soirée et une bonne partie de la nuit. Il termina son service vers 2 heures du matin. Il n'arrivait pas à dormir car l'esprit trop occupé, par les regrets, les remords, les doutes. Il alla sur le toit de la taverne pour admirer le quartier sous les lumières nocturnes. Il observait les étoiles, les nuages, les toits, il finit même par s'endormir sur le toit.

Le lendemain matin, il se réveilla tout endolori, le travail de la veille et l'inconfort du toit pesait sur son corps. Il était visiblement trop tard pour prendre un petit déjeuner car le service du midi allait commencer. Il se lava, s'habilla et se rendit en salle pour travailler. La taverne ne reçut pas beaucoup de clients ce midi-là donc il pût terminer sa journée assez tôt.

Au moment où il quitta la taverne, il ne savait pas encore s'il allait se rendre à la boutique d'Ariez ou non. Il avait honte, il n'osait pas mais il avait envie de retrouver son arc. Il était vraiment partagé. Il avait décidé qu'il allait la voir pour lui présenter ses excuses, payer la réparation de l'arc et repartir. Il n'allait plus importuner la jeune fille.

Il se promena donc en ville jusqu'à trouver la boutique et entra, bourse accrochée à la hanche et sachet de biscuits dans la main droite.

- Excusez-moi, il y a t-il quelqu'un?

Beaucoup de client avaient afflué aujourd'hui, le travail avait été si dense qu'Ariez n'avait pas vu la journée passer, elle ne se souvenait même pas avoir eut le temps de manger, heureusement qu'ils avaient rangé un peu le bazar de la veille avec l'aide d'Archibald. Ses employés et elle avaient pu gagner en efficacité pour s'y retrouver dans les stocks. Les commandes des gros clients avaient été livré et tout s'était au final bien passé. Le calme revenait peu à peu dans la boutique alors que l'après midi se terminait.

La cloche à l'entrée sonna une nouvelle fois, Ariez était au comptoir prenant des notes sur un petit calepin, elle releva la tête doucement et c'est Archibald qu'elle aperçu. Un petit sourire éclaira son visage ; elle savait qu'il allait venir, elle l'attendait, et elle était contente qu'il soit venu.

"Pas de doute cette fois ci, c'est bien vous que j'attendais, bonjour."

Ce petit rappel de sa méprise de la veille, qui avait d'ailleurs conduit ensuite Archibald dans un enchainement d’événement incontrôlable, avait pour but de détendre un peu l'atmosphère, ils avaient tous les deux des choses à se dire après tout.

"J'ai réparé votre Arc, je vais le chercher."

Elle passa rapidement en arrière boutique et revient quelques minutes à peine après avec l'objet tant espéré, muni d'une nouvelle corde plus puissante que la précédente, mais évidemment elle se garda bien de faire le moindre commentaire sur ce petit détail. Elle ne voulait même pas évoquer d'histoire de prix pour le moment, il fallait d'abord mettre les choses au clair. Elle lui tendit son arc doucement

"Écoutez pour hier... je voulais m'excuser d'avoir été excessive."

Le ventre de Ariez gronda légèrement, c'est là qu'elle se souvenu de n'avoir rien englouti de la journée, son instinct de survie dirigea son regard instinctivement vers les biscuits qu'il tenait dans la main.

Ariez était au comptoir et le salua, elle fit référence au malentendu de la veille et Archibald ne put s'empêcher de sourire. La forgeronne partit dans l'arrière boutique et revint avec l'arc du serveur. Elle lui tendit et Archibald le prit d'une main et le posa sur le comptoir. Il fut surpris d'entendre la commerçante s'excuser pour son comportement, il n'avait rien à lui reprocher.

- Mais vous n'avez pas à vous excuser, au contraire, je venait avec des excuses et un sac de biscuits pour vous.

Liant le geste à la parole, il posa le sac de biscuits sur le comptoir et le poussa vers Ariez.

- Je tenais à m'excuser pour ma fixation sur vos yeux, j'avoue qu'ils sont très jolis et rare donc j'ai parlé sans retenue. Veuillez m'en excuser.

Il eut un sourire gêné accompagné d'un rougissement sur les joues. Il regardait son interlocutrice, elle semblait fatiguée également, la journée avait dû être difficile pour elle aussi. Il espérait vraiment avoir pût être utile la veille, il aurait détesté faire perdre du temps à la jeune fille. Il regarda la jeune fille en souriant, il ne savait pas trop quoi dire et ne savait pas comment elle allait réagir à ses excuses. Il voulait qu'elle le pardonne et que la gêne disparaisse pour que la discussion reprenne de plus belle dans la joie et la bonne humeur. Il regarda l'arc, la regarda.

- Merci pour l'arc au passage.

Finalement Archibald présenta aussi ses excuses alors qu'en toute objectivité il n'avait rien fait de mal, Ariez n'osa pas le contredire de peur qu'il ne revienne tous les jours avec des biscuits jusqu'à ce qu'elle accepte ses excuses. Elle se contenta de hocher la tête.

"Si je peux vous donner un petit conseil, Archibald, ne complimentez pas une femme si vous ne souhaitez pas la draguer. Elle aura forcément l'imprechion que vous cherchez à obtenir quelque choche d'elle, parce que ch'est che que les hommes font en chénéral. Vous pacherez bien malgré vous pour un gouchat"

Ariez piochait dans le sac de biscuit et elle était tellement affamée qu'elle n'avait pas attendu d'avoir finit sa tirade avant de parler quitte à mâcher un peu ses mots, le message du coup ne passerait sans doute pas de la même façon... on est mal placé pour donner une leçon de manière en parlant la bouche pleine, après tout. Elle s'essuya doucement le coin des lèvres.

"Ils sont vraiment bon ces biscuits, vous en faites pour votre taverne ? Ça ferait un malheur... enfin bref. J'ai simplement changé la corde de votre arc, cette réparation coute 50 Tsuris. Vous vouliez des flèches aussi non ? Elles sont juste ici si vous voulez regarder. Les flèches simples sont à 5 Tsuris pour 5 flèches, c'est l'idéal pour l'entrainement"

Elle le conduisit devant un présentoir ou tous les arcs et toutes les flèches vendues ici était mis en avant avec leurs caractéristiques affichées à coté.

"Vous venez de commencer le tir à l'arc, n'est-ce pas ? Je doute que ce soit pour faire une attraction pour les poivrots, vous comptez partir à l'aventure ?"

Ariez le regardait avec curiosité, ce personnage était tellement atypique, elle espérait que son trop bon caractère ne le conduirait pas dans des aventures trop périlleuses.

Archibald écoutait attentivement la pseudo leçon de savoir-vivre donnée par la forgeronne qui était en train de s'empiffrer déguster les biscuits du serveur. Archibald souriait, il avait un sourire de façade, un sourire amical qui cachait un plus grand sourire de satisfaction intérieure. Il avait deux certitudes, la commerçante aimait ses biscuits et elle le pensait naïf et simple d'esprit. Il décida de ne pas répondre et de la laisser continuer.

- Non, je ne les sers pas à la Taverne, je les gardes pour moi et mes proches... En général.

Il avait marqué un temps d'arrêt pour regarder Ariez et le sac de biscuits alternativement puis, le sourire aux lèvres, il écouta la forgeronne parler de l'arc et des flèches. Il la suivit jusqu'au présentoir et fit rapidement son choix.

- Je vais prendre 10 flèches simples s'il te plait. Je m'entraîne au cas où, on ne sait jamais. Et toi? Tu manies une arme ou plusieurs?


Il avait opté pour le tutoiement pour plusieurs raisons, déjà, ils avaient passé une après-midi entière ensemble à discuter et travailler, puis elle semblait de son âge et enfin il avait l'impression qu'ils s'entendaient assez bien. De plus, dans le pire des cas, elle lui demanderait de repasser au vouvoiement mais de ce qu'il pouvait observer, il en doutait.

Il était en train de se demander ce que la jeune femme pourrait lui apporter autre que des armes. Il n'en savait encore rien donc il mis cette idée dans un coin de sa tête et lui sourit.

Archibald venait encore de dire quelque chose de bizarre, ainsi donc il ne donnait ses biscuits qu'à ses proches... pourquoi lui en rapportait-il alors ? S'il se sentait déjà proche d'elle, c'était étrange. Ariez commençait à se rassurer en se disant que c'était juste un problème de compréhension entre elle et lui, qu'elle voyait des sous entendus là ou n'y en avait probablement pas... mais cela se corsa un peu quand il commença à la tutoyer... peut être pour se rapprocher encore plus d'elle. Comment fallait-il réagir ? Aucun des codes sociaux qu'on lui avait appris au cours de sa vie ne semblait convenir à la situation. Quelle étrange personnage, mais elle le trouvait sympathique après tout alors pourquoi pas, elle voulait voir ou cela allait les mener.

Elle prit les 10 flèches simples qu'il lui avait demandé et se tourna doucement vers lui

"La réparation plus les 10 flèches... ça fera 60 Tsuris Archibald."

Ariez était en plein stratégie de "non"voiement, ni tutoiement, ni vouvoiement, n'arrivant pas à se décider intérieurement si cela était adapté ou pas. Elle ferait son choix plus tard, le tutoiement ne venait pas naturellement car elle le considérait encore trop comme un client. Bon, un client qu'elle avait exploité toute une après midi, mais un client quand même.

"J'ai de bonnes connaissances sur un peu toutes les armes c'est essentiel dans ce métier. Ma préférence va quand même vers les épées, et je me débrouille convenablement avec un arc. Ma sœur est la meilleure archère que je connaisse, elle m'a appris le tir à l'arc mais je ne pratique pas suffisamment..."

Ariez encaissait les sous quand une idée saugrenue lui traversa l'esprit.

"Pourquoi ne pas s'entrainer une fois ensemble ? Je suis sûre d'avoir quelques astuces à partager, en échange de hier après midi."

Le vouvoiement avait l'air de gêner la forgeronne. Archibald se décida donc à rester avec le vouvoiement.Il avait été trop loin, une fois de plus. Il évita de croiser le regard de la jeune femme aux yeux verts. Il paya, le prix juste, et prit ce qu'il venait d'acheter. Il plaça les flèches dans son carquois et l'arc dans son dos pendant qu'Ariez lui parlait de sa sœur qui était douée pour l'archerie. Il n'écoutait qu'à moitié. Il était occupé à bien replacer son carquois dans son dos. Puis elle lui proposa de s'entraîner ensemble. Mais cela semblait étrange, d'un côté elle disait que les gens utilisait les autres, puis lui proposait un entraînement pour l'aider. Elle cachait quelque chose où elle avait quelque chose à y gagner. Cette proposition plus l'ambiance étrange du moment, Archibald ne put s'empêcher mais demander. Il devait lui demander mais il ne voulait surtout pas froisser son interlocutrice, donc il marqua un temps d'arrêt. De l'extérieur, il pouvait avoir l'air d'un esprit simple qui avait été figé sur place mais son cerveau était en ébullition. Il finit par trouver ce qu'il voulait. Tout en évitant de croiser le regard de la forgeronne, il commença à parler d'un ton calme et distinct.

- Mais dites moi, qu'avez-vous à y gagner? Je veux dire, vous m'avez fait travailler pour vous hier, vous me faîtes des leçons de vie, visiblement vous me prenez pour un être simple et fragile qui donne des biscuits à la première venue qui a d'assez beaux yeux pour les mériter. Je suis désolé si je parais malpoli mais pourquoi voudriez-vous m'aider à l'entraînement? Qu'est-ce que cela pourrait vous apporter?

Il termina sa tirade en la regardant finalement dans les yeux, sourire aux lèvres.

- Et oui, vos yeux reviennent souvent dans la conversation car ils en valent la peine. Croyez moi.

Ariez le trouvait quand même gonflé car tandis qu'elle répondait à la question qu'il venait de lui poser, il n'écoutait pas la réponse ! Si c'était juste pour faire la conversation il aurait pu s’abstenir de lui faire perdre sa salive pour rien, un merci au revoir auraient suffit. Cela agaça déjà Ariez mais qu'après il retourne complètement la situation pour l'accuser d'avoir proposé de passer du temps ensemble uniquement par intérêt, c'était le pompon. Il finit d'amorcer son lynchage sur la place publique (enfin dans l'armurerie) en en remettant une couche sur ses yeux.

"Mais pour qui est-ce que vous vous prenez ?"

Ariez commença à lever la voix et son regard avait complètement changé, elle ne plaisantait pas. C'était le genre de regard qu'elle faisait, petite, quand elle était sûre d'avoir le dernier mot sur ses sœurs, quand elle était sure d'avoir raison, et sure de gagner.

"Que ce soit clair, je ne vous ai pas fait travailler, vous avez proposer votre aide et j'ai accepté. Je ne vous ai pas fait de leçon de vie, je vous ai donné un conseil. Peut-être auriez vous du être plus attentif pour vous éviter cette scène. Vous n'avez rien à m'apporter Archibald"

Ariez se mit à sa hauteur de l'autre coté du comptoir, malgré sa carrure il était un homme petit et elle était aussi grande que lui, elle le foudroyait du regard.

"Vous m'avez entendu ? RIEN. Si vous ne croyiez pas être simplet, vous êtes à coups sûr un naïf et un fragile, pensant acheter la sympathie des gens avec des sucreries avant de finalement montrer votre vrai visage. J'étais prête à vous donner de mon temps sans arrière pensée. Simplement pour apprendre à faire votre connaissance. Mais vous vous ne souhaitez pas me connaitre. Vous posez des questions sans écouter les réponses, vous faites obsession sur mes yeux car il n'y a que mon physique qui vous intéresse. Vous soufflez le chaud et le froid, j'en ai rencontré des tordus dans ma vie mais alors dès comme vous c'est une première."

Ariez se dirigea vers la porte de l'armurerie, l'ouvrant avec poigne d'un mouvement sec.

"J'ai assez perdu mon temps. Partez."

Bon, il l'avait vu venir de loin mais fût quand même surpris d'avoir l'enfer se déferler sur lui. Il ne put placer un seul mot pendant le temps qu'Ariez s'énervait à raison contre lui et son comportement. Il se sentait mal, vraiment, il avait mal agi avec cette personne qui était si gentille. Il aurait pût être plus sympathique. Donc il rétrécit son sourire, ne sortit pas mais s'approcha d'elle. Elle était en furie et Archibald était presque sûr que la jeune femme n'hésiterait pas une seconde à utiliser les armes dans son magasin puis a le brûler dans la forge pour faire disparaître les preuves. Il n'était pas en position de force et il devait l'avouer ne l'avait jamais vraiment été. Il posa son carquois et son arc sur le comptoir et fit face à Ariez, il s'approcha d'un pas, puis de deux mais garda une bonne distance. Il savait que ce qu'il allait dire ou faire pouvait signer son arrêt de mort, il en avait déjà eu des moments comme ça à la taverne, où il avait trop ouvert sa tronche face à des clients et certains clients n'appréciaient pas les remarques parfois déplacées du serveur. Il prit un morceau de papier plié en 4 dans sa poche et le fit glisser aux pieds de la forgeronne.

- Je vais tout vous expliquer. Je ne m'intéresse pas à vos yeux pour vous draguer ou user de mes charmes, d'ailleurs quels charmes? Je m'entraîne à dessiner et si je me suis concentré sur vos yeux c'était pour essayer de les dessiner. Vous trouverez sur ce papier à vos pieds mes croquis, mes tentatives de dessins des yeux de clients de la taverne et en bas, les deux ronds verts, c'est le début pour dessiner vos yeux.

Il fit quelques pas en arrière et s'assit sur le comptoir. Sans attendre de réponse il poursuivit.

- J'ai conscience que j'ai proposé mon aide et il est toujours disponible si vous en avez besoin, je ne voulais pas sous-entendre que vous m'utilisiez mais je voulais voir si vous faisiez partie de la majorité des gens que j'ai pu croisés, qui auraient détourné la question en me disant ce qu'ils m'apportaient. Donc, je vous remercie de votre franchise. Et finalement, je n'achète pas les gens avec des sucreries ou autres, je me dis juste que dans une ville où la plupart des gens sont isolés dans leur coin, dans leur cercles d'amis, dans leur famille, un biscuit peut être un passage vers un certain partage. Vous m'avez demandé si je les vends à la taverne, non mais j'ai comme projet d'ouvrir une sorte de boutique ou de biscuiterie où je les vendrais avec des boissons chaudes. Je suis désolé j'ai vraiment été malpoli, je suis parfois vraiment maladroit dans le choix de mes mots. J'espère que vous accepterez de passer au delà de ce triste événement et non pas me pardonner mais me laisser une seconde chance. Je vous ai agressé sans vous répondre mais, j'ai écouté ce que vous avez dit, votre soeur est douée à l'arc tandis que vous êtes douée à l'épée. Si vous ne me détestez pas, sachez que j'apprécierais de m'entraîner avec vous, les seules lames que je manie sont celles des couteaux de cuisine.

Il tenta un sourire, il voulut s'approcher pour lui tendre la main mais hésita, donc il leva juste la main en faisant le signe de victoire.

- On fait la paix?