La créature était solide mais pas assez pour résister à la puissance de l'invocation autrefois proche du divin. Il n'y avait pas besoin de magie ni d'aide pour s'occuper de cette chose, il suffisait de l'empêcher d'agir et de la briser de plus en plus, visant chacun de ses atouts avec une précision chirurgicale au moment où elle songeait à peine à s'en servir.

Projetés au sol face au groupe, les deux adversaires continuaient leur combat. Gozuitl, dans son pragmatisme destructeur, écrasa la tête de l'animal en se servant de la force de la chute comme tremplin pour réaliser un nouveau bond.

Un humain s'approcha. Galifeu le protégerait, ainsi avaient été répartis les rôles dès le début. S'il réussissait son coup, il espérait pouvoir lui planter par la suite ses doigts filiformes dans les orbites pour aveugler la bête. S'il arrivait avec son saut à lui briser la mâchoire contre le sol, il pouvait estimer que l'action était une réussite.

Les humains braillaient sans agir, tous aussi inutiles les uns que les autres. Les deux autres invocations, pire que tous, donnaient à l'insecte l'envie de les faire renvoyer en cellule pour quelques siècles supplémentaires. Stupides créatures dignes de la punition des divins, faibles enveloppes humaines en terrain hostile qui prétendent pouvoir sauver d'autres humains dans ces conditions. La voix de Gozuitl était un râle féroce guttural encore méconnu, même par Saen.

"Débrouillez vous pour protéger qui vous voulez, je ne peux honorer davantage mon serment."

Contre lui, dans sa pince gauche, il tenta de serrer Nathan et Saen qui étaient déjà très proches. De l'autre, il tenta d'attraper Edwin et Aënaelle qui étaient également très proches l'un de l'autre - d'autant plus qu'Ellebore serait plus utile à ses côtés en pleine forme pour lancer des sorts en cas de besoin.
D'un puissant coup au sol, il s'envolerait alors avec ses deux paquets qu'il aurait malgré tout embarqué en pensant un minimum à leur confort, assis sur les faucilles et penchés sur ses épaules. Ils ne verraient donc pas devant eux mais par dessus les épaules de l'insecte qui avait déployé sa chitine pour se donner plus de consistance et ainsi former plus de prises.
A deux mètres au dessus du sol, il s'avancerait alors vers Valion qu'il agripperait aux épaules avec ses deux pieds insectoïdes, dans le sens de la marche cette fois.
Prenant de la hauteur avec les six individus qu'il transporterait peut-être, il ne laisserait au sol que les deux inutiles et l'invocatrice stupidement dangereuse de l'un d'entre eux. Prenant de la hauteur, il tenterait d'ignorer les propos de tous les individus autour de lui pour se concentrer sur les forces vitales des créatures environnantes. Où était la plus forte, la plus grande, la plus colossale ? Un Zan, un roc, un oiseau géant des légendes d'Arcane ou d'autrefois, il cherchait de toutes ses forces à localiser toutes les énergies vitales, conscient uniquement de la voix de son maître, seule personne dont les propos avaient un intérêt modéré à ses yeux clos.